Télescope Dobson 300




D = 300 mm
F = 1200 mm
F/D = 4
Magnitude limite théorique = 14,5
Pouvoir séparateur théorique = 0,4"
Poids total = 21,2 kg

J'ai longtemps été un adepte virulent des lunettes "apo". Leur esthétique et le piqué de leurs images sont si séduisants... D'ailleurs, lors des soirées d'observations, ma lunette s'en sortait toujours la tête haute quelque soit l'objet pointé, face aux autres télescopes bien souvent noyés dans la turbulence et les défauts de leurs optiques (de mauvaise facture ou mal réglées) ou bridés par leurs focales démesurées. Cependant, malgré toutes les éloges que je pouvais en faire, le diamètre de la FS limitait toujours l'instrument à 128mm, mais j'en avais fait mon deuil.
Jusqu'au jour où j'ai rencontré des amateurs passionnés par la construction de télescopes, des personnes comme Frédéric Géa, David Vernet, Thierry Ruiz, Jacques Civetta et bien d'autres, qui ont participé à révolutionner le concept de dobson pour le faire passer de soupière à photon en un instrument de haute volée optique et mécanique, seule recette à mon sens d'un plaisir visuel complet. J'ai alors compris, face aux prouesses de leurs dobsons "faits maison", qu'il n'y avait pas forcément de compromis à faire entre diamètre et qualité optique, et qu'un télescope à l'optique bien faite et bien réglée pouvait donner des images aussi fines qu'une lunette apochromatique, le diamètre en plus !
Et parmi tous les instruments de ces amateurs de l'extrême dans lesquels j'ai eu la chance d'observer, il y a eu un certain dobson de 300 mm dont j'ai encore d'excellents souvenirs et qui a remis beaucoup de choses en question dans ma façon de penser... Bon sang, j'ai toujours entendu dire que l'instrument parfait n'existe pas ! Et voilà que je me trouvais face à une bestiole de moins de 20 kg dans lequel j'ai vu la division d'Encke, la tête de cheval et les Pléiades en entier... En d'autres termes, cette chose dans laquelle j'aurais mieux fait de ne pas regarder était un instrument transportable, performant en ciel profond comme en planétaire et avec du champ. J'ai beau chercher, je ne vois pas ce qu'on pourrait demander de plus pour du visuel !
J'ai donc acquis en 2004 un dobson de 300 mm à F/4 de fabrication artisanale, en remplacement de la FS-128. Le choix de cette formule optique résultait de mes goûts d'observateur (j'aime le visuel et les focales avec lesquelles je prends le plus de plaisir vont de 1000 à 1500 mm) et mes capacités de transports en tant qu'observateur nomade. Ce 300 s'inscrit parfaitement dans ce schema avec un bon rapport diamètre / encombrement.


• Sur le plan mécanique :

Le dobson se compose de plusieurs parties :
- la cage secondaire : c'est la partie haute du télescope. Réalisée en bois et de forme octogonale, elle sert à fixer le porte-oculaire (un magnifique Feather Touch qui a toujours soutenu sans broncher les formules optiques les plus lourdes), l'araignée (de forme originale, à 3 branches en forme de T), le miroir secondaire (de 78 mm de petit axe) et son support (avec un système de collimation sur 2 axes hyper confortable), le Telrad et un support pour laser vert.
- le tube serrurier, composé de 8 tubes aluminium reliés en accordéon.
- la caisse primaire, contenant le miroir, son barillet à 9 points (avec 3 triangles de flottaison) et un ventilateur aspirant fonctionnant sur batterie 12 V.
- les tourillons : 2 demi-disques de 180° en bois plus leger. Ils permettent le mouvement en altitude en pivotant dans la fourche par friction (Téflon sur Formica). Ils sont percés d'une ouverture pour faciliter la manutention de l'ensemble.
- la fourche et la base : la partie la plus base du dobson qui se pose directement au sol. La base permet les mouvements en azimuth par le même système de friction Téflon sur Formica.

Le montage est rapide. En quelques minutes on est prêt à observer. Il suffit juste d'emboîter le serrurier dans la caisse primaire et de fixer la cage en haut.
La finition de l'ensemble est soignée. Les mouvements sont doux, fluides et sans à-coups, permettant un suivi sans effort jusqu'à 400X. On ne ressent aucune vibration à l'utilisation, sauf bien sûr en cas de vent fort. Une tape sur la cage est complètement amortie en 2 secondes. C'est un vrai régal à utiliser !


• Sur le plan optique :

Le miroir primaire est un cylindre de pyrex de 300 mm de diamètre et 32 mm d'épaisseur, à surface supérieure parabolique et aluminisée Hilux (97% de reflectivitivé).
Le miroir secondaire est plan, en forme d'ellipse, également aluminisé haute réflectivité, entraînant une obstruction centrale de 26%.

J'utilisais les oculaires suivants :
- Nagler 26 mm (type 5) : 53X pour 1,5° de champ avec le Paracorr visuel
- Nagler 12 mm (type 4) : 100X
- Pentax XW 5 mm : 240X
- Pentax XW 3,5 mm : 340X

Initialement, j'ai essuyé quelques soucis d'astigmatisme qui me dégradait les images en début de nuit. Après enquête, il s'avéra que cet astigmatisme était consécutif à une contrainte lors de la mise en température du miroir secondaire collé à son support. Le problème étant résolu, j'ai obtenu des images d'étoiles bien rondes et j'ai pu exploiter au maximum "la bête".

En planétaire, lorsque la turbulence le permettait, j'ai obtenu des détails que je n'avais encore jamais vus avec la lunette. Sur Saturne, j'ai pu entr'apercevoir la division d'Encke 3 fois en 6 ans. Ma planète préférée, Jupiter, regorgeait de détails certains soirs avec notamment ces petits ovales blancs (détail le plus difficile que j'ai pu observer avec la FS-128) qui là devenaient évidents. Mars y est également magnifique, avec des fins détails comme les 2 petites langues fourchues au niveau de Sinus Meridiani ou les 2 petites digitations à la partie moyenne de Mare Cimmerium.

En ciel profond, les 300 mm font leur effet et les objets sont nettement plus généreux qu'avec la FS-128. Les couleurs sont plus évidentes et on commence à voir les bras spiraux de quelques galaxies. Les grands classiques ne sont plus de simples taches floues. Quant aux taches floues observables, leur nombre est décuplé. Rien de mystérieux, le 300 collecte 5,5 fois plus de lumière que la 128 !
Avec le Paracorr, les étoiles sont fines et ponctuelles, jusqu'au bord du champ du Nagler.

Pour les observations prolongées à fort grossissement, on regrette tout de même l'absence de suivi motorisé qui apporte un réel confort dans ces conditions. En effet, au-delà de 300X, l'objet traverse le champ du Pentax en moins d'une minute ! Et même si les mouvements sont dociles, on perd du temps d'observation à recentrer l'objet fréquemment.

Quant au pointage, c'est un jeu d'enfant. Un petit coup de laser vert pour orienter la direction. On affine dans le Telrad et hop, c'est dans le centre de l'oculaire. Pour les objets les plus faciles à pointer, l'étape Telrad n'est même pas indispensable. À l'inverse, pour les pointages difficiles on pouvait diriger le laser du dobson en observant aux jumelles. Efficacité garantie ! Lors des observations en groupe, je n'utilisais que le Telrad pour ne pas gêner les autres observateurs. Sauf si l'un d'entre eux souhaitait pointer le même objet que moi. Dans ce cas il n'avait qu'à attraper le rayon vert et remonter jusqu'à la cible.


Au total, ce 300 a été un instrument qui m'aura donné un plaisir d'observer sans précédent. Je l'ai amené partout. Avec son montage et son utilisation simples et intuitives, on donne vraiment la priorité à l'observation, sans perdre de temps inutile. De plus, les 300 mm d'ouverture offrent de vastes possibilités d'observation. De quoi se divertir pendant plusieurs années ! D'ailleurs en 6 ans, j'ai observé plus de 1200 étoiles doubles et plus de 2200 objets du ciel profond.
Je garde un excellent souvenir de chaque nuit passée derrière l'oculaire, aussi bien pour redécouvrir une énième fois une vedette du ciel que pour s'aventurer en dehors des sentiers battus. Maintenant, je n'ai qu'une envie, c'est avoir le même en plus gros !


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