Le bino 460 de Jacques Civetta

Jacques Civetta


 

 

Après avoir fabriqué quatre versions de dobson en composite fibre/époxy, j’ai trouvé une forme et des principes techniques qui me satisfaisaient  et qui sont décrits dans le sujet sur le Dobson 465   http://www.astrosurf.com/altaz/465.htm .

 

Je voulais passer à l’étape supérieure, c'est-à-dire "avoir plus de photons"  sans déroger à mon principe de base : pouvoir tout  fabriquer, transporter, mettre en œuvre SEUL .

 

J’ai vite abandonné l’idée d’un 600 car le gain était relativement modeste comparé aux difficultés de fabrication du miroir, de sa manipulation et de la mise en œuvre du scope terminé. La seule solution qui m’est apparue était de doubler les miroirs et donc de me lancer dans l’aventure Bino.

 

Problématique du binoscope

1    Il faut d’abord deux miroirs de même diamètre dont la focale est très proche, voire identique.

      Une tolérance de 5/1000 est généralement admise, au delà c’est le mal de tête garanti car le cerveau ne sait plus coordonner les deux images différentes qu’il reçoit.

 

2        Il faut pouvoir régler chaque oculaire séparément en mise au point  mais également en distance l’un par rapport à l’autre pour que différents observateurs puissent regarder sans gêne. C’est ce qu’on appelle  la "distance inter pupillaire" ou IPD qui varie généralement de 55mm pour un enfant à 70mm pour un adulte "normal".

 

3        Il faut pouvoir régler chaque miroir primaire séparément en X et en Y tout en regardant dans les oculaires, pour la "fusion" des deux images reçues.

 

4        Enfin, il faut concevoir et réaliser une cellule démontable, cause transport, mais solide, rigide et pas trop lourde malgré le fait qu’elle va supporter deux miroirs et deux ensembles secondaire/tertiaire/oculaire.

 

Miroirs

Je possédais déjà un miroir 460 et les outils qui m’avaient servi à le fabriquer.

J’ai donc commandé un second blank pré taillé à f/d 3.9 en BVC chez ASM devenu AJ’S au Canada  http://www.ajstelescopeworkshop.ca/  .

Bien que ce matériau ne fasse pas l’unanimité, je persiste à l’utiliser pour sa facilité de travail et son prix de revient nettement inférieur, port compris, à n’importe quel blank européen.

Je n’ai pas eu la patience de faire un contrôle parfait au début du polissage et le miroir terminé a une focale légèrement différente du premier, 8mm sur 1800 , soit moins de 5/1000 et….ça fonctionne parfaitement à l’usage !

 

Tête

C’est l’ensemble miroirs secondaires/miroirs tertiaires/porte oculaires.

 

                          

 

Quand on consulte l’excellent site de Dave Morhouse, l’actuel "pape" du binoscope http://www.binoscope.co.nz/  ou le forum Binewt http://groups.yahoo.com/group/binewt/  entre autre, on voit que la réponse la plus fréquente apportée au problème du réglage de l’IPD est la fabrication de cages rotatives rendant les ensembles  oculaires/miroirs tertiaires / secondaires indépendants .

Outre que cette solution me paraissait difficile à mettre en œuvre avec mon design, elle me semblait bien lourde pour avoir uniquement à déplacer chaque porte oculaire de 7.5mm au maximum ( la moitié de la différence maxi d’IPD, 55 à 70mm )

A ma connaissance, JMI  http://www.jimsmobile.com/ fabrique des bino sur lesquels l’IPD et la mise au point se font à partir du même ensemble. Aucune photo n’ayant filtré, j’ai imaginé mon système à partir de deux porte oculaires 2 pouces pour chaque ensemble.

 

                                                      

  

J’ai conservé essentiellement la partie mobile et j’ai rogné les cylindres au maxi des possibilités , ils sont assemblés sur un tube en T soudé contenant le miroir tertiaire et une pièce d’adaptation a permis la fixation du deuxième porte oculaire utilisé pour le réglage de la focale.

 

                                                      

 

Le premier porte oculaire est fixé comme sur un dobson normal . Il sert à régler l’IPD

Le deuxième est fixé à l’autre extrémité du T et sert à régler la focale.

Tout ceci ne se fait pas sans limitations, j’obtiens 22mm de réglage total ; 7 sont dévolus à l’IPD et les 15 restants servent  au réglage de focale.

 

Le principe de base de ce bino est l’assemblage de deux mono 460, il en résulte la forme générale, et en particulier celle de la tête illustrée par la photo .

 

 

 

Cette tête est démontable et se transporte dans une caisse «  ad hoc » ; Le système est fiable et très « fidèle », je retrouve les réglages inchangés lors de chaque remontage de l’ensemble

 

 

Réglage des miroirs  primaires

 

Les barillets sont à 18 points flottants et possèdent trois vis de réglage en hauteur.

Pour chaque miroir il y a deux vis normales à réglage manuel qui permettent de faire la collimation en les montant/descendant ensemble ou différentiellement.

La troisième vis est couplée à un petit moteur électrique par l’intermédiaire d’engrenages plastiques et on peut la commander directement du haut du bino pendant l’observation afin de faire fusionner les images.

 

 

 

 

La collimation s’effectue donc en deux temps, d’abord de façon classique mais avec seulement deux vis par miroir.

Ensuite en visant une étoile et en utilisant les deux boutons de commande des moteurs pour faire coïncider les deux images et avoir une vision binoculaire parfaite.

A noter que la collimation d’origine est légèrement modifiée par la deuxième opération, mais celle-ci ne joue que sur moins d’un quart de tour, soit quelques fractions de millimètres en hauteur et c’est peu ou pas perceptible au laser de contrôle.

 

 

La cellule

 

Elle comporte un rocker trois points, une boîte à miroir double, une "aile" supportant la "tête" .

L’ensemble est construit sur les principes expliqués dans le sujet sur le 465 dans ce site.

Il s’agit de noyaux  polyuréthane découpés au fil chaud, collés et mis en forme.

Le tout est recouvert de plusieurs couches de tissus de verre et résine époxy, avec des renforts carbone aux endroits où les contraintes sont fortes.

Le bino repose sur une table équatoriale et le guidage est assuré par un Argo Navis installé prés de la tête d’observation.

 

Le rocker trois points n’appelle pas de commentaires particuliers, si ce n’est une tendance naturelle à se mettre en travers car les points de guidage sont très éloignés les un des autres.

Le problème a été résolu en fabricant des paliers dans du téflon de 10mm et en les ajustant le plus parfaitement possible.

J’ai utilisé ce design pour gagner de l’empâtement  mais je pense que le système classique à deux secteurs et quatre paliers est plus sûr et plus fiable.

 

 

La boite à miroirs supporte les trois patins de guidage et les vis de réglage du barillet 18 points.

Elle est conçue pour que les deux miroirs soient le plus proche possible l’un de l’autre en fonction des contraintes liées à la présence de l’observateur et de l’orientation des porte oculaires.

Ces données sont obtenues grâce à l’excellent logiciel conçu par Eric Royer, précurseur dans le domaine des bino en France. http://astrosurf.com/eroyer/BinewtDesigner/Binewt.htm

 

 

 

 

 

L’aile double.

 

 Alors que sur le 465 elle était partie intégrante de la boite à miroir, les problèmes de transport m’ont obligés à la faire démontable sur le Bino.

Heureusement sa forme particulière, deux tuiles allongées et soudées entre elles , la rend particulièrement rigide et facile à fixer par trois boulons à la boite à miroir.

Elle est munie de trois tiges à son sommet pour y fixer la tête de façon aussi rigide et "fidèle" que la base.

Des fils ont été incorporés pour assurer le contrôle des moteurs de fusion  et le passage des câbles de l’Argo Navis.

 

 

  

L’ensemble du Bino pése environ 45kg, les éléments les plus lourds étant les miroirs de 14kg chacun.

La mise en œuvre demande environ 20 minutes y compris le réglage de fusion.

La vision binoculaire apporte un confort et un "naturel" dans l’observation qui récompensent les efforts passés à la fabrication de cet engin.

Cet article se veut succinct, ceux qui sont intéressés pourront me contacter pour plus d’informations.

 

 

 

 

 

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