AstroShopping.com
Site hébergé par
AstroSurf.com

Test : oculaire grand champ Vixen LVW 17 mm

La gamme grand champ (65°) du fabricant japonais Vixen est souvent présentée comme une alternative moins coûteuse aux célèbres Panoptic de l'Américain Tele Vue (68° de champ), mais aussi aux oculaires nippons de la gamme Pentax XL (et plus récemment XW), dont la diffusion est plus confidentielle que pour les précédents (65° de champ pour les XL et 70° pour les nouveaux XW). L'argument est discutable vu que l'on peut maintenant trouver des Panoptic 15 mm et 19 mm pour un prix équivalent voire inférieur à celui d'un LVW (environ 250 €) ; il reste cependant valable en regard du reste de la gamme Panoptic et surtout de la gamme XL/XW de chez Pentax. Notons que du point de vue coût, les LVW sont également en concurrence avec les Tele Vue Radian, puisque ces derniers ont pour vocation de prolonger la gamme Panoptic dans les focales inférieures à une quinzaine de millimètres (à 5° de champ et quelques différences de conception près).


La première chose que l'on remarque chez le LVW, c'est le gabarit : le poids est à la mesure de la taille de l'objet. Tous les modèles sont au double coulant, et l'encombrement s'en ressent. Cela ne s'arrange pas au fur et à mesure que la focale diminue : si le 22 mm accuse déjà 10 cm de longueur et 430 g sur la balance, la version 3,5 mm affiche 12,5 cm et 510 g, soit déjà l'équivalent d'un beau Nagler ! Il faut dire que la formule de ces oculaires comporte huit lentilles afin de respecter un cahier des charges exigeant : couvrir une gamme de focales allant de 3,5 à 22 mm tout en proposant un tirage d'anneau (« eye relief ») de 20 mm, pour que les astigmates puissent garder leurs lunettes tout en observant. En tout cas la gamme LVW reste relativement homogène quand on la compare à la série des Panoptic dont le tirage d'anneau est compris entre 10 et 27 mm, pour une masse allant de moins de 200 g (Panoptic 15) à plus d'un kilogramme (Panoptic 41) !
Ces dimensions généreuses donnent une impression de solidité que confirme une qualité de fabrication plus que correcte. Près de l'oeilleton, à l'extérieur du carter se trouve une couronne dont la teinte est différente pour chaque modèle de la gamme (jaune dans le cas du 17 mm), afin de pouvoir les reconnaître rapidement en utilisation. En toute honnêteté, il est bien plus facile de lire directement la focale écrite en blanc sur fond noir et en gros caractères sur le côté de l'oculaire : la nuit, tous les oculaires sont gris... Il est d'ailleurs regrettable de voir les caractères s'effacer au fur et à mesure des manipulations : il s'agit d'un simple dépôt de laque blanche à même le carter de l'oculaire. Il aurait été plus judicieux de les graver et des les peindre ensuite, comme c'est le cas pour les accessoires Tele Vue ou Takahashi. Certes, c'est un détail, mais sur un oculaire de ce prix, ça choque un peu, d'autant plus que la finition générale est plutôt flatteuse.
Autre détail curieux : le filetage de la jupe permettant en principe de visser des filtres divers et variés ne semble pas standard. On arrive à visser suffisamment le filtre afin qu'il tienne, mais pas complètement. Le filtre (un O-III de marque Astronomik) a été mis hors de cause puisqu'il s'adaptait parfaitement sur un Takahashi LE et sur un Celestron SMA. A y regarder de près, on voit que le pas de vis n'est pas le bon. Absurde ! Absurde et décevant.

Il s'agit maintenant de mettre optiquement cet oculaire à l'épreuve. Un rapide coup d'oeil montre un diaphragme relativement net et sans bavure apparente. Le contraire aurait été inquiétant sur un oculaire de cette gamme, mais c'est un test qui devient systématique puisqu'il permet d'écarter d'office les brebis galeuses. Second test préliminaire : celui de la neutralité chromatique (à ne pas confondre avec le chromatisme). Il est très fréquent de voir des oculaires, même haut de gamme, introduire une teinte dominante dans l'image. Celle-ci est surtout visible en utilisation planétaire. Si elle existe, elle ne gêne pas tout le monde ; ceci dit, dans un souci de fidélité à la réalité, on préférera des oculaires neutres. Le LVW 17 jaunit donc un peu l'image ; il faut cependant relativiser : il est certes moins neutre qu'un Takahashi LE ou qu'un Pentax XL, mais plus qu'un Tele Vue Panoptic. Il se positionne donc dans la moyenne, ce qui est fort honorable vu le nombre de lentilles mises en jeu : les traitements de surface sont donc a priori de très bonne facture.

Mais c'est sur le ciel qu'on va pouvoir apprécier cet oculaire à sa juste valeur. Les instruments qui ont servi aux tests sont un Maksutov Intes-Micro Alter-M603 (150 mm à F/10) et un Newton de 300 mm à F/4 que l'on pourra tous les deux considérer comme optiquement très bons et bien collimatés. Le Newton n'étant pas en ma posession (je n'avais pas encore mon dobson), je n'ai pas pu effectuer tous les tests nécessaires. Je m'inspirerai donc EN PARTIE de constats d'autres utilisateurs de Vixen LVW avec des instruments à rapport F/D court.

A F/10 :

En ciel profond, l'image distillée par le LVW est lumineuse et bien contrastée sur l'ensemble du champ. Un Panoptic ou un XL sera à peine plus piqué, le XL étant par contre plus lumineux que le LVW et a fortiori le Panoptic grâce à son excellente transmission, ce qui lui donne d'ailleurs l'impression d'être un peu moins contrasté.
En planétaire, la tendance se confirme : le LVW s'en sort également très bien puisque couplé à une lentille de Barlow X2,4 d'origine russe, Saturne montre peu ou prou les mêmes détails qu'un Takahashi LE 7,5 mm pourtant réputé pour une utilisation en planétaire. Il faut tout de même reconnaître que l'image reste plus flatteuse dans le LE 7,5 grâce à des couleurs plus neutres et plus vives et à une image un tout petit peu plus ciselée. Cette légère différence était d'ailleurs un peu plus perceptible pour l'observation de Mars, qui est un objet plus exigeant que Saturne. Un regret cependant : sur des objets très brillants comme les planètes, il apparaît des reflets internes un peu agaçants et qui font parfois, si on n'y prend garde, apparaître de faux satellites (j'ai cru un instant, et à tort, voir Phobos ou Deimos à côté de Mars au cours de l'opposition de l'été 2003). Une étoile brillante produira le même phénomène. En tout cas je pense qu'au niveau de la qualité d'image en observation planétaire le Panoptic et le LVW se valent et que le Pentax XL doit être légèrement au-dessus du lot, toujours grâce à sa très bonne transmission.
Sur la lune, l'image est agréable, mais on s'aperçoit très rapidement que l'oculaire présente des aberrations chromatiques assez importantes à l'extrême bord de champ, qui apparaissent sur le dernier quart du champ (radialement depuis l'axe optique) et qui deviennent franchement gênantes sur le dernier huitième. En comparaison, un XL 21 mm se montrera irréprochable à tous points de vue : le piqué est vraiment excellent sur la totalité du champ, et ce sans la moindre couleur parasite ! Le Panoptic n'offrira par contre pas cette neutralité (la lune prend une teine légèrement jaunâtre), même si les aberrations chromatiques seront réduites par rapport au LVW ; de plus on pourra y détecter une légère distorsion en coussin visible à l'extrême bord de champ (le Panoptic n'est pas non plus irréprochable à ce niveau-là), mais c'est le prix à payer pour son bon comportement vis-à-vis de l'astigmatisme à F/D court (voir plus bas).
Finalement, sur un instrument à F/10, le LVW se comporte relativement bien. On ne voit pas trop ici l'intérêt de choisir un Panoptic plutôt qu'un LVW sur un critère purement optique vu que les deux présentent des défauts, qui ne sont d'ailleurs pas les mêmes. Pour être plus précis, une utilisation principalement en planétaire mettrait assez nettement le XL en première position, suivi du LVW et du Panoptic. En ciel profond, les trois gammes s'en sortent très bien, le LVW étant peut-être légèrement en deçà du XL et du Panoptic, ce dernier étant un très bon compromis dans la version 19 mm en regard de son prix (le 15 mm est un peu moins confortable de l'avis de certains) ; compromis discutable pour les focales supérieures, plus onéreuses et plus lourdes. Bref, pour une utilisation mixte à F/10, le Pentax XL sort du lot, et le LVW et le Panoptic sont au coude-à-coude. A chacun de moduler selon les défauts que l'on est prêt à tolérer pour chacun de ces cailloux.

A F/4 :

En ciel profond, le LVW réserve une bonne surprise : au même titre que les Tele Vue Radian/Panoptic/Nagler et Pentax XW, l'astigmatisme hors axe inhérent à ce rapport d'ouverture est très bien maîtrisé, et l'image reste exploitable même sans réducteur de coma de type Tele Vue Paracorr. Dans l'axe, le piqué est du même ordre que pour un Panoptic, la coma rappelant peu à peu sa présence au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'axe optique. En planétaire on retrouve les mêmes qualités et défauts qu'à F/10, si ce n'est l'introduction d'une aberration de sphéricité qui ferait un peu perdre en contraste (mais le problème serait résolu par adjonction d'une lentille de Barlow ou assimilé). On peut également constater une légère distorsion en bordure de champ (contrepartie de la correction de la coma). Celle-ci est moins visible que dans un Nagler par exemple, comme pour les nouveaux Pentax XW dont l'un deux a su montrer sur cet instrument que la distorsion était également relativement peu marquée. Cela dit les XW sont pour l'instant moins abordables que les Panoptic et LVW dans les focales voisines de 17 mm.
Je précise que je n'ai pas pu essayer de Pentax XL, mais le possesseur du téléscope a vu une distortion catastrophique sur le bord du champ avec un Pentax XL 40 mm. Cela dit, vu que la pupille de sortie était démesurée (10 mm), il est probable que cela ait été dû à de l'astigmatisme introduit par l'oeil de l'utilisateur. La mise au point n'a pas pu être atteinte avec des XL de focale inférieure pour des raisons inhérentes à la conception mécanique du téléscope. Je me garderai donc de toute conclusion hâtive concernant le comportement des Pentax XL à F/D court, dans l'attente de nouveaux résultats. Il semble cependant avéré que dans ces conditions, il apparaît une courbure de champ relativement prononcée.

Somme toute, le Vixen LVW, représente une alternative intéressante et économique aux Pentax XL/XW et aux Tele Vue Panoptic, malgré quelques défauts agaçants. La version de 17 mm de focale a cependant un peu de mal à se justifier puisqu'elle subit la concurrence du Panoptic 19 mm qui est devenu relativement abordable (a fortiori le Panoptic 15 mm, mais celui-ci n'est pas des plus confortables à utiliser), la baisse du dollar aidant. Surtout que la finition Tele Vue est meilleure que la finition Vixen (de peu !) et que la boîte en bristol du LVW est vraiment « cheap » par rapport aux belles et solides boîtes Tele Vue (heureusement qu'il y a un bouchon à chaque extrémité du LVW, seules vraies protections). Un porteur de lunettes aura cependant intérêt à se porter sur le LVW car le Panoptic n'a un tirage d'anneau que de 13 mm (à comparer aux 20 mm du LVW). Si l'on est attaché à la neutralité chromatique (hors aberrations en bordure de champ), on se tournera de même plutôt vers le LVW, mais les Pentax seront sensiblement les plus satisfaisants de ce point de vue. Bilan mitigé donc, même si le LVW reste dans l'absolu un très bon oculaire (ça change des Huygens et autres Kellner !).

On peut trouver les Vixen LVW chez Galileo pour des prix allant de 233 à 252 € selon les modèles. Les Tele Vue Panoptic et Pentax XW sont en vente chez Optique Unterlinden : les Panoptic 15, 19 et 22 y sont respectivement à 229, 262 et 308 € et les XW 14 et 20 à 335 €. Les Pentax XL n'étant plus fabriqués, il faudra les chercher sur le marché de l'occasion (autour de 200 € a priori).

Récapitulatif pour le Vixen LVW 17

Qualités :

  • Très bon contraste
  • Très bon piqué
  • Bonne luminosité
  • Peu d'astigmatisme (bonne image hors axe à F/D court)
  • Distorsions modérées
  • Tirage d'anneau procurant un excellent confort, même pour les porteurs de lunettes après repli de l'oeilleton
  • Construction robuste
  • Double coulant (1,25" et 2")
  • Prix relativement abordable pour du grand champ

Défauts :

  • Dispersions chromatiques en bord de champ (visible sur les objets très brillants, notamment la Lune)
  • Reflets internes sur les objets ponctuels brillants
  • Baisse de contraste à F/D court due à l'introduction d'aberration de sphéricité
  • Poids et gabarit conséquents
  • Filetage interne de la jupe douteux (sur le modèle testé)
  • Inscriptions fragiles
  • Packaging un peu léger
  • Concurrence des Tele Vue Panoptic


Remarque : ce test n'engage que moi, et je ne saurai être tenu pour responsable d'une éventuelle déception faisant suite à un achat de la part du lecteur. J'encourage ce dernier à recueillir un maximum d'avis sur le matériel concerné, ou mieux : à le tester. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires (cliquez sur l'enveloppe dans le menu à gauche).