La nébuleuse de la Lagune (Lagoon)

Il s'agit de la nébuleuse de la Lagune (Lagoon) de dimensions 90' x 40', une nébuleuse lumineuse située à 5 200 a.l. Elle a une forme irrégulière, est de la taille de la Pleine Lune et est traversée par une large bande de poussière absorbante (d'où son nom). A l'oeil nu, elle a un aspect cométaire. Il faut de préférence l'observer avec un instrument à grand champ. Elle contient des nuages de gaz et de poussière où naissent de nouvelles étoiles et une région HII résultant de la présence d'étoiles très chaudes. La partie Est de cette nébuleuse renferme l'amas ouvert NGC 6530 (d'un diamètre de 10') très jeune (moins de quelques millions d'années) et quelques étoiles T Tauri. A 1.5° à l'Est Nord Est de M8 se trouvent plusieurs nébuleuses irrégulières, probablement connectées à M8 par des liens gazeux faibles.

L'astronome anglais John Flamsteed est probablement le premier, en 1680, à avoir répertorié la nébuleuse à laquelle le français Charles Messier attribuera le n°8 de son catalogue, en 1764. Vers 1890, l'irlandaise Agnès Clerke lui attribue le nom de Lagune, en raison de sa zone foncée reliée au noir du ciel par un "chenal" sombre. Les astronomes contemporains savent qu'il s'agit de nuages de poussière et de gaz, derrière lesquels des étoiles sont en train de naître. D'ailleurs, plusieurs globules opaques de 10 000 U.A. de diamètre ont été observés au coeur de la nébuleuse M8. Ce sont des nuages en train de s'effondrer sur eux-mêmes sous l'effet de leur propre gravité. Ils deviendront des étoiles d'ici à quelques centaines de milliers d'années. Quant aux étoiles de l'amas visible sur la partie orientale de M8 (l'amas NGC 6530), elles n'ont guère plus de 2 millions d'années.

Enfin, en 1997, grâce au télescope spacial Hubble, d'étonnantes "tornades" gazeuses ont été vues au centre de M8. Ces tourbillons résultent de l'intense rayonnement ionisant des jeunes étoiles de NGC 6530 sur les nuages froids.

Visible à l'oeil nu comme une petite tache blanchâtre, M8 est assez aisée à trouver. Pour cela, il suffit d'identifier la constellation du Sagittaire, dont la forme évoque celle d'une théière. La nébuleuse se situe au-dessus du "bec verseur", comme une volute de vapeur. La méthode la plus fiable consiste cependant à prolonger d'une longeur le segment qui relie relie l'étoile Nunki à Kaus Borealis. La Lagune se trouve dans son prolongement exact. Attention, depuis les latitudes boréales moyennes, le Sagittaire ne culmine pas très haut au-dessus de l'horizon sud et la diffusion atmosphérique peut gommer M8.

Aux jumelles, la nébuleuse de la Lagune est bien discernable sous la forme d'une tache pâle assez étendue. L'amas d'étoiles qui l'éclaire est identifiable en son centre comme une zone de plus grande luminosité. Un instrument de 100 mm de diamètre permet de détailler les différentes parties de la nébuleuse et notamment de distinguer sans difficulté la barre sombre qui la traverse du nord au sud. La partie centrale (où se trouve les "tornades" vues par le télescope spacial Hubble) est également bien identifiable. L'amas stellaire NGC 6530, qui illumine la nébuleuse, est aussi résolu en étoiles de l'autre côté de la bande sombre.

Avec un télescope plus puissant (autour de 200 mm de diamètre), des différences de luminosité se révèlent sur toute l'étendue de la nébuleuse. Son aspect se rapproche de celui présenté par les photos à longue pose.

Dans la constellation du Sagittaire, le rayonnement ultraviolet du jeune amas d'étoiles NGC 6530 a creusé une cavité au sein du nuage interstellaire qui lui a donné naissance. Sur les parois illuminées de cette bulle d'hydrogène ionisé (en bleu), les régions les plus denses du gaz interstellaire s'érodent lentement ou bien se compriment en donnant naissance à de nouveaux astres. La splendide nébuleuse qui en résulte, située à 5800 années-lumière de la Terre, a été découverte en 1747 par Guillaume Le Gentil. Elle est bien connue des astronomes amateurs sous le nom de nébuleuse de la Lagune (ou M8).