URANUS




Près de deux fois et demie plus petite et située deux fois plus loin du Soleil que Saturne, la planète Uranus a une magnitude de l’ordre de 6, ce qui est à la limite de la détection à l’œil nu. Un observateur expérimenté peut cependant l’apercevoir par une nuit claire ; elle apparaît alors comme une étoile très faible.


Intro | Sructure générale | Les Anneaux | Les Satellites | Conclusion


Introduction

        Inconnue des Anciens, pour lesquels Saturne marquait la limite du système solaire, Uranus n’a été découvert que le 13 mars 1781 par le musicien et astronome amateur William Herschel qui, observant par hasard la constellation des Gémeaux à l’aide d’un télescope de 16 centimètres d’ouverture, remarqua un objet qui n’était pas ponctuel comme une étoile. Il crut avoir découvert une nouvelle comète, mais le calcul de son orbite révéla vite que cet objet était en fait une planète gravitant sur une orbite circulaire à plus de 3 milliards de kilomètres du Soleil. Son mouvement apparent n’avait jamais été remarqué avant sa découverte, et pourtant Uranus a été porté plusieurs fois sur des cartes du ciel entre 1690 et 1780, ce qui a été très utile par la suite pour déterminer les paramètres de son orbite.
        Uranus est vu depuis la Terre sous un angle de 4 secondes. Uranus apparaît donc, même à l’aide de plus gros télescopes, comme un petit disque bleu verdâtre sur lequel on ne discerne aucun détail. En 1994, cependant le télescope spatial Hubble a obtenu des images détaillées du disque de Neptune, sur lesquelles on distingue les grands traits de son atmosphère.

I. Structure générale

     D’un diamètre quatre fois plus grand que celui de la Terre, Uranus est quinze fois plus massif que notre planète. Plus petit que Jupiter et Saturne, mais plus dense, il est comparable à Neptune.
    
    Comme les autres planètes géantes, Uranus est composé à 99% d’hydrogène et d’hélium. Comme Jupiter et Saturne, il possède un système complet de satellites réguliers. Comme Jupiter, Saturne et Neptune, il possède un système d’anneaux. Sa période de rotation est égale à 17 heures 14 minutes. Contrairement aux autres planètes, l’axe de rotation d’Uranus se trouve pratiquement dans son plan orbital ; le plan équatorial d’Uranus ainsi que le plan orbital de ses satellites connus sont quasi perpendiculaires au plan de son orbite autour du Soleil.
 

     Le 24 janvier 1986, Uranus était survolé par Voyager-2. Ce qui, depuis deux cent cinq ans, n’était qu’un petit point de lumière bleuâtre s’est révélé en quelques heures un monde particulièrement riche avec un environnement d’anneaux surprenants et de satellites beaucoup plus actifs que prévu, en particulier l’étonnant petit Miranda. 

     L’étude des anneaux depuis notre planète par l’observation d’occultations stellaires a permis d’obtenir sur leur structure des résultats que n’a pu fournir la sonde. Inversement, les petites particules détectées par la sonde au sein des anneaux sont invisibles depuis la Terre. 

     Les images ont révélé la présence de nuages, de bandes parallèles à l’équateur et de couches de brume. En particulier, le pôle qui fait actuellement face au Soleil est couvert d’une calotte de brume. Le mouvement des nuages a permis de mesurer la période de rotation de l’atmosphère d’Uranus. L’atmosphère d’Uranus tourne en sens inverse des aiguilles d’une montre et plus rapidement que l’intérieur de la planète ; les vents viennent tous de l’ouest. La haute atmosphère d’Uranus tourne de manière différentielle. Contrairement à ce qui se passe sur Saturne, la rotation est plus rapide vers les pôles que vers l’équateur : la période est de 17 heures vers 25 degrés de latitude et de 16 heures vers 40 degrés de latitude.


II. Les Anneaux

     Le 10 mars 1977, neuf anneaux étroits étaient détectés autour d’Uranus au cours de l’observation de l’occultation d’une étoile par la planète. Alors qu’on ne connaissait auparavant qu’une seule planète - Saturne - possédant un système d’anneaux, la découverte de ces anneaux puis, deux ans après, la découverte d’anneaux autour de Jupiter montraient que l’existence d’anneaux autour des planètes géantes était un phénomène commun. Comparés à leur circonférence - supérieure à 260 000 kilomètres -, les anneaux d’Uranus sont particulièrement étroits : huit d’entre eux ont moins de dix kilomètres de largeur. Trois anneaux sont circulaires, six sont elliptiques et de largeur variable. 

     Les caractéristiques de ces anneaux sont bien illustrées par l’anneau extérieur, qui est le plus large : sa distance à Uranus varie de plus de 800 kilomètres et sa largeur varie entre 20 et 100 kilomètres, linéairement avec sa distance à Uranus. 

     Les images prises par Voyager-2 ont confirmé l’existence de ces neuf anneaux étroits et à bords nets et ont permis la découverte d’anneaux supplémentaires. Deux de ces nouveaux anneaux sont situés à 45 736 et 50 040 kilomètres du centre de la planète. 

     Ceux-ci, moins " poussiéreux " que ceux de Saturne, seraient formés de grosses particules, contrairement aux anneaux de Saturne, qui seraient formés de plus petites particules, à moins que ces résultats ne doivent être interprétés par l’état de la surface des particules plutôt que par leurs dimensions. 

     La comparaison entre les images de la sonde, l’expérience d’occultation radio et les observations d’occultation d’étoile ont révélé un système d’anneaux plus riche qu’on ne le prévoyait. Les nouveaux anneaux baignent tous dans un disque de petites particules ; ils sont étroits, à bords nets, et minces. Les dimensions : une épaisseur de l’ordre d’une vingtaine de mètres, ce qui est bien mince pour un anneau de plus de 100 000 kilomètres de diamètre. 

     Contrairement aux anneaux de Saturne, ceux d’Uranus sont très sombres. Les satellites d’Uranus sont couverts, eux aussi, de matériau sombre. On ne connaît pas la composition de ce matériau qui réfléchit environ 5% de la lumière à peu près uniformément à toutes les longueurs d’onde. Le matériau plus clair trouvé sur les satellites pourrait être un mélange de ce matériau sombre et de glace d’eau. On ne sait pas si ce matériau provient de l’irradiation du méthane par des protons de grande énergie qui auraient arraché les molécules légères d’hydrogène et laissé une couche superficielle de carbone sombre ou bien s’il est formé du matériau sombre primitif qu’on retrouve dans les météorites chondrites carbonées et qui est un mélange de carbone, de minéraux opaques et de matière organique. Le premier cas impliquerait qu’il y a beaucoup de glace de méthane autour d’Uranus. Le second cas est en bon accord avec la densité relativement élevée des satellites d’Uranus.


III. Les Satellites

     Avant le passage de Voyager-2, on connaissait cinq satellites d’Uranus, qui tournent tous dans le sens direct sur des orbites quasi circulaires situées - à l’exception de Miranda - dans le plan équatorial de la planète. Ces objets sont très difficiles à voir depuis la Terre.

- Les deux plus gros, Titania et Obéron, ont été découverts par William Herschel en 1787 ;
- Ariel et Umbriel étaient détectés par William Lassell en 1851 ;
- le plus petit et le plus proche de la planète, Miranda, était observé pour la première fois par Gerard Kuiper en 1948.

   Dix satellites nouveaux, tous situés entre Miranda et la planète, ont été décelés sur les images prises par Voyager-2. Uranus possède donc au moins quinze satellites. Cela confirme bien que l’environnement des planètes géantes est beaucoup plus " encombré " que celui des planètes telluriques.

     À l’instar de ceux de Jupiter et de Saturne, les cinq plus gros satellites d’Uranus se sont révélés beaucoup plus variés et complexes que prévu. En effet, les astronomes s’attendaient à trouver surtout de nombreux cratères d’impact et très peu de traces d’activité géologique sur ces petits corps glacés. C’est exactement le contraire qui a été observé. Plus on se rapproche d’Uranus, plus la richesse des phénomènes augmente pour culminer avec le petit Miranda, qui peut être considéré comme le joyau de la rencontre avec Voyager-2.

     Les satellites des planètes géantes sont formés d’un mélange de glaces (d’eau, de méthane, d’ammoniac et de dioxyde de carbone) et de roches. Plus la densité est faible, plus la quantité relative de glaces est grande. Les satellites d’Uranus sont plus denses que ceux de Saturne, si l’on excepte Titan ; cela indique qu’ils possèdent moins de glaces et que le chauffage par la radioactivité naturelle des roches a dû être plus important au sein de ces satellites.


Conclusion

        Par le rythme de ses saisons, la dynamique complexe de son atmosphère, les processus de chauffage et les réactions chimiques dont elle est le siège, Uranus est un corps beaucoup plus différent de Jupiter ou de Saturne qu’on ne le pensait auparavant.

1996 Encyclopædia Universalis France

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