Sous-groupe des CHONDRITES CARBONÉES

 

   Les chondrites carbonées représentent environ 4,3 % des chutes. Elles sont considérées comme les météorites les plus primitives, car elles semblent avoir conservé la composition originale de la nébuleuse pré-solaire et de la photosphère du Soleil connue par spectrographie. Elles se distinguent des autres chondrites par leur composition chimique et leur teneur en isotopes de l'oxygène et elles sont riches en inclusions réfractaires. Elles sont de teinte sombre, parfois noires. Les chondres représentent de 10 à 40 % du volume. On observe une très grande variation de leur taille, de 20 micromètres pour les CH à millimétriques pour les CV. Ces chondres contiennent de l'olivine (40 %), du pyroxène (30 %), du plagioclase (10 %). Ce groupe de météorites contient une quantité significative de matière carbonée (10 %), parfois sous forme organique. Dans leurs éléments organiques et minéraux hydratés est conservé une importante quantité d'eau (jusqu'à 20 %). Ces météorites contiennent peu ou pas de fer métal (sauf les CB, CH et CR) ; celui-ci se trouve alors entièrement sous la forme oxydée.
   Les météorites carbonées sont divisées en huit sous-groupes selon leur composition chimique, taille des chondres, abondance des inclusions réfractaires, leur état d'oxydation et surtout selon leur richesse en carbone et en eau. La classification pétrographique basée sur l'altération aqueuse et métamorphique permet d'affiner cette classification.

 

 

 

Chondrites carbonées CI

Météorite type : Ivuna (Tanzanie)

   Ce sont les plus primitives des météorites. Elles sont constituées de silicates hydratés phylliteux (saponite, montmorillonite, septechlorite), de carbonates associés à de la magnétite et des sulfures. Elles sont pauvres, sinon dépourvues de chondres. Le carbone (3 à 5 %) forme des composés organiques complexes (acides aminés). Elles contiennent de 17 à 20 % d'eau qui, pour l'essentiel, est piégée dans les minéraux hydratés. Elles sont très fragiles et friables. Leur composition chimique est similaire à celle de la photosphère du Soleil. Cela signifie que ces chondrites se sont condensées à partir du même matériau que le Soleil. La sous-abondance des éléments volatils est due au fait que ces éléments se trouvaient sous forme de gaz dans le disque d'accrétion et qu'ils n'ont pas été incorporés dans les corps parents lors de leur condensation.


 

 

C'est la météorite type.

Ivuna
Chondrite CI1.
Tanzanie.
Chute le 16 décembre 1938 à 17 h 30.
Fragment.
Dimensions = 11 x 9,6 x 3,5 mm
Masse échantillon = 0,27 g.
Masse totale = 705 g, 2 pierres.


 

Orgueil
Chondrite CI1.
Orgueil, Tarn-et-Garonne, France
.
Chute le 14 mai 1864 à 20 h.
Fragment.
Dimensions = 8 x 7 x 5 mm.
Masse échantillon = 0,152 g.
Masse totale = environ 14 kg, 20 pierres.

 
 
 

   À Paris, on signale le passage d'un éblouissant globe de feu. Le bolide est vu à Gisors, Saintes, Bordeaux, Agen. À Montauban, les habitants le voient passer à l'Est de l'étoile l'Épi de la Vierge, puis exploser « comme un bouquet d'artifice en produisant une poussière étincelante ». Le phénomème dut être impressionant, les témoignages ne manquent pas : « ...la longueur du feu paraissait de plus de un kilomètre et de un mètre de diamètre. Quand le météore s'éteignit, il y eut comme une explosion avec un pétillement d'étincelles, formant étoiles de feu comme dans les fusées d'artifice ».« Plusieurs pierres noirâtres sont tombées, quelques-unes de la grosseur d'un œuf, une assez grosse sur la limite de la commune et qui laissa sur la route sa trace, formant un gros nid d'oiseau. La plus belle est tombée sur la propriété que nous habitons. Elle pèse deux kilogrammes ». Les pierres seront retrouvées principalement sur les communes d'Orgueil et de Campsas, sur une ligne d'une quinzaine de kilomètres.
   Cette chute agita tout le monde scientifique. Les chimistes s'empressèrent d'analyser la météorite afin de vérifier l'analyse du savant suédois Berzelius qui, trente années plus tôt, avait trouvé 17 % d'eau dans la météorite carbonée d'Alais. Chloëz, Risani, Daubrée, Berthelot, mais aussi Pasteur étudièrent cette matière céleste. La météorite est tendre, friable et soluble dans l'eau.

   Le carbone et l'eau, éléments de la vie, qui sont contenus dans ces météorites remettent les idées de panspermie à la mode. Scientifiques et littérateurs s'en donnent à cœur joie. Même Camille Flammarion, futur fondateur de la Société Astronomique de France, y participe de sa plume alerte dans La pluralité des mondes habités : « Le bolide remarquablement tombé sous nos yeux le 14 mai 1864 dans le sud de la France doit être classé... parmi les échantillons les plus précieux que nous ayons sur les autres mondes. Il recelait de l'eau et de la tourbe. Or la tourbe se forme dans la décomposition au sein de l'eau, des végétaux. L'aérolithe d'Orgueil vient donc d'un globe où il existe de l'eau, et certaines substances analogues à la végétation terrestre. N'est-ce pas un fait bien concluant en faveur de notre thèse que celui de pouvoir tenir en main ces traces d'une vie extra-terrestre ?»
   Mais les passions se calment et on n'entendra plus parler de la météorite pendant presque un siècle.

   Bartholomen Naggy, professeur de chimie à l'Université de New-York, ressort la pierre d'Orgueil pour la réétudier et le 16 mars 1961, avec ses collègues universitaires, annonce à l'Académie des Sciences de New-York avoir vu des cellules montrant une masse centrale sombre entourée d'une zone plus claire et avoir vu des cellules de diviser. Le débat est relancé.

 

Camille Flammarion (1842-1925).
Timbre émis par les Postes Françaises en 1956.

   En août 1962 à Chicago (U.S.A.), les chercheurs américains font de nouveau couler l'encre. Ils ont sorti l'échantillon n° 9419 de la météorite d'Orgueil et ils découvrent des particules brun clair qui ressemblent à des graines et des petits morceaux de charbon. L'analyse révèle une très forte teneur en acides aminés. Pourtant cette fraction de roche était conservée sous cloche scellée, à l'abri de toute contamination terrestre. Quelques bonnes âmes médiatiques concluent que la vie extra-terrestre existe. Curieusement, l'échantillon n° 9419 contient dix fois plus d'acides aminés que les autres échantillons.
   En 1963, ce fragment retourne à Montauban (France), où M. Cavaillé identifie les graines comme appartenant à une espèce de roseau très commune dans la région du Sud-Ouest français : Juncus Conglomeratus. Ces traces n'avaient rien d'extra-terrestre. On découvrira l'origine de cette pollution. Peu après la chute, un plaisantin voulant se moquer des savants, introduisit des graines et des poussières de charbon, en collant divers fragment de la météorite. La supercherie resta secrète pendant près d'un siècle.

   Pour expliquer les veines blanches et les efflorescences de sulfates que l'ont voit aujourd'hui dans les échantillons, on proposa une percolation d'eau dans l'astéroïde parent, altérant et dissolvant les minéraux pour déposer ensuite les sulfates. Mais tous les rapports du XIXe siècle nous décrivent les météorites d'Alais et d'Orgueil comme étant extérieurement et intérieurement absolument noires et très friables. Il fallut attendre les mesures de la composition isotopique de l'oxygène pour prouver que cette altération était d'origine terrestre.
   Orgueil est classée CI1. Elle contient 19,47 % de fer total, 20 % d'eau et 11 acides aminés. La météorite ne contient pas de chondres, ce qui est paradoxal pour une chondrite. Est-ce le résultat d'une altération sur ou dans le corps parent ? Plus probablement, il peut s'agir d'un matériau accrété avant ou après la formation des chondres ou dans des régions du disque d'accrétion qui n'ont pas connu ces formations.
   Le Muséum de Paris en conserve 11,312 kg.

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Chondrites carbonées CM

Météorite type : Migheï (Ukraine).

   Très primitives et riches en éléments volatils, elles renferment jusqu'à 3 % de carbone et 13 % d'eau. Elles possèdent des chondres d'olivine à inclusions de fer, riches en chrome et phosphore ; des cristaux d'olivine (forstérite), pyroxène (enstatite), chromite, magnétite, calcite, gypse, des inclusions réfractaires avec spinelle, hibonite, pérovskite ; du diopside, du verre, des silicates hydratés ; le tout dans une matrice de septechlorite, montmorillonite, chamosite, gypse et autres sulfates, calcite et des molécules carbonées complexes. Elles comportent donc 50 % de minéraux hydroxylés et 50 % de minéraux haute température. Elles peuvent avoir de très nombreux acides aminés différents et piégé des composants primitifs, y compris de la matière interstellaire. Ces météorites ont peu été affectées par des transformations métamorphiques mais ont subi une altération aqueuse et une bréchification.


 

 

 

Murray
Chondrite CM2.
Murray, Calloway Co, Kentucky, U.S.A.
Chute le 20 septembre 1950 à 1 h 35.
Talon.
Dimensions = 12 x 9,8 x 7 mm
Masse échantillon = 3,79 g.
Masse totale = 12,6 kg, plus de 5 pierres.

 

   Cette météorite est tombée le 20 septembre 1950 à 1 h 35. Les pierres sont trouvées dans la région de Wilcoat Creek à 15 km à l'Est de Murray. L'analyse a identifié 17 acides aminés dont 11 n'entrent pas dans les protéines terrestres. Son eau est très riche en deutérium. Sa matrice contient des grains interstellaires dont du carbure de silicium. Elle possède 21 % de fer total.


Murchison
Chondrite CM2.
État de Victoria, Australie.
Chute le 28 septembre 1969 à 19 h 45.
Fragment.
Dimensions = 17 x 15 x 7 mm.
Masse échantillon = 2,4 g.
Masse totale : plus de 107 kg.

 

 
 
 

   Après explosion du météoride, les pierres chutent sur environ 10 km2, près de Muchison à 130 km au Nord de Melbourne. Plus de 700 pierres seront ramassées pour une masse de 107 kg. Le plus gros fragment pèse 680,2 g. La matrice de cette météorite est riche en eau (12 %) et en carbone organique, hydrocarbures et plus de 70 acides aminés (dans les deux formes dextrogyre et lévogyre) dont 8 font partie des 19 acides aminés qui constituent les protéines terrestres. Cette météorite a enthousiasmé le petit monde des exobiologistes. En plus des minéraux habituels des autres météorites, elle contient des grains interstellaires : micro-diamants, fullerènes et hibonite. Les scientifiques la considèrent comme un reste enrichi d'une comète défunte.
   La plupart des spécimens, soit 80 %, furent acquis par le Field Museum de Chicago.


 

Chondrites carbonées CO

Météorite type : Ornans (France).

   Elles ont de 0,2 à 1 % de carbone, moins de 1 % d'eau, 13 % d'inclusions réfractaires. Elles sont constituées pricipalement de chondres (25 à 50 %) de petite taille (< 0,5mm) et d'agrégats (10 à 20 %) de micro-cristaux d'olivine amiboïde avec de petites quantités de pyroxène, spinelle, silicates alumino-sodiques, alliage Fe-Ni, troïlite, pentlandite, le tout inclus dans une matrice (35 %) sombre, finement grenue (micro-bréchique) contenant la matière carbonée et des minéraux argileux.


C'est la météorite type.

Ornans
Chondrite CO3.3 (S1)
Ornans, Doubs, France.
Chute le 3 juillet 1868 à 19 h 15.
Tranche interne.
Dimensions = 18 x 17/15 x 2 mm.
Masse échantillon = 1,4 g.
Masse totale = 6,05 kg, 1 pierre.

 
 
 

   Le 11 juillet 1868 vers 19 h 45, les habitants d'Ornans et des villages alentours entendirent quatre détonations semblables à des coups de canon, puis neuf ou dix coups plus faibles qui furent suivis de sifflements. Au lieu-dit La-Raie-de-Courtaule, au Sud-Ouest d'Ornans, deux ouvriers agricoles en train de faucher furent surpris par la chute d'une pierre à une soixantaine de mètres d'eux. Ils découvrirent la pierre brisée en deux morceaux dans un trou d'une trentaine de centimètres de profondeur et d'un diamètre de 20 centimètres. Le bolide allait du Sud vers le Nord. Les deux fragments pesaient 6,05 kg.
   Lors de la séance du 9 novembre 1868 de la Société Géologique de France, M. Jules Marcou présentait à ses collègues la météorite tombée le 11 juillet. Il l'avait obtenue grâce à ses amis d'Ornans, l'artiste peintre Gustave Courbet, le poète franc-comtois Buchon et le docteur Ordinaire. C'est le fils du docteur Ordinaire, jeune chimiste déjà reconnu dans le monde scientifique, qui mena l'enquête sur place. M. Pisani en fit la première analyse. Le Muséum de Paris obtint les deux fragments.
   En plus des caractères généraux des chondrites CO, les chondres de cette météorite sont gris foncé, constitués d'olivine magnésienne (75 %), d'un peu de pyroxène et spinelle dans un verre clair. Elle contient en moyenne 24,5 % de fer total. La roche est friable et poreuse.
Le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris en conserve 2,633 kg.


 

Sahara 99544
Chondrite CO3 (S2, W2).
Trouvée en 1999 au Sahara.
Tranche avec croûte de fusion.
Dimensions = 94 x 74/63 x 3 mm
Masse échantillon = 58,70 g.
Masse totale = 1 360 g, 1 pierre.

 

 

Lame mince en lumière polarisée, chondres, inclusions et cristaux isolés.


 

 

 

 

 

Lancé
Chondrite CO3.4 (S1)
Lancé, Loir-et-Cher, France.
Chute le 23 juillet 1872 à 17 h 20.
Tranche.
Dimensions = 36 x 25,6/18 x 1,4 mm.
Masse échantillon = 2,85 g.
Masse totale = 51,77 kg, 6 pierres.

 

Ci-contre à droite : tranche, face polie

 
 
 

Ci-contre, à gauche : lame mince en lumière polarisée

 

 

Dans l'après-midi du 23 juillet 1872, on entendit près de Tours une forte détonation. À 17 h 30, un habitant de l'Ile-Bouchard vit passer un bolide en feu qui sembla se séparer en deux corps enflammés. Six fragments furents découverts à Lancé, Authon et Prunay. La plus grosse pierre pesait 47 kg. Cet échantillon est au musée de Vienne (Autriche). Cette météorite contient 24,65 % de fer total. Le MNHN de Paris en conserve 1,112 kg.

 

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Chondrites carbonées CV

Météorite type : Vigarano (Italie)

   Elles contiennent moins de 0,2 % de carbone et 0,03 % d'eau. Elles sont principalement constituées de chondres et de matériaux formés à haute température. Les inclusions réfractaires représentent 10 % et sont composées de très nombreux minéraux : mélitite, fassaïte, pyroxène riche en Al et Ti, anorthite, olivine magnésienne. On y rencontre secondairement du corindon, hibonite, pérovshite, chromite, magnétite, spinelle... La matrice des CV est un peu plus grossière que celle des autres chondrites ; son grain est moyen, voisin de 5 micromètres. Sa minéralogie est toujours débattue, mais comporte de très nombreux minéraux. Le fer et les sulfures apparaissent surtout sous forme de grains arrondis dans les chondres, ou d'assemblages piégés dans la matrice. Ces météorites possèdent des xénolithes et des clastes d'autres roches, indiquant une cristallisation en plusieurs étapes et une histoire mouvementée (brèches). Certains scientifiques distinguent deux sous-groupes (réduit et oxydé) sur la base des proportions métal/magnétite.


C'est la météorite type.

Vigarano
Chondrite CV3.3
Vigarano, Emilie-Romagne, Italie.
Chute le 2 janvier 1910 à 21 h 30.
Tranche.
Dimensions = 16 x 14 x 0,7 mm
Masse échantillon = 0,58 g.
Masse totale = 16 kg, 2 pierres.

Tranche, face polie.

 

Vigarano


Lame mince en lumière polarisée.

 

 
   Elle tombe dans les environs de Vigarano, près de Ferrare. Deux fragments furent retrouvés, de 11,5 kg et 4,5 kg. Elle conteint 23 % de fer total. Elle est considérée comme réduite.
   Les inclusions réfractaires avaient été reconnues à la fin du XIXe siècle par Gustave Tschermak du muséum d'histoire naturelle de Vienne, mais elles n'étaient pas comprises et ne pouvaient pas encore être analysées. Leur étude recommencera dans les années 1960, notamment en 1968 par Mireille Christophe, minéralogiste du CNRS, au MNHN de Paris, avec la météorite de Viragano. Quelques mois plus tard, une pluie de météorites près d'Allende, au Mexique, apportera aux scientifiques plus de 2 tonnes de cette précieuse matière qui n'était connue jusque-là que par quelques dizaines de kilogrammes.

Sahara 98044
Chondrite CV3 (S4, W4).
Trouvée en septembre 1998 au Sahara.
Tranche.
Dimensions = 29,8 x 28,7 x 6,6 mm.
Masse échantillon = 16,4 g.
Masse totale = 31,45 g, 1 pierre.

   Du même type que la météorite d'Allende, elle s'en distingue par une matrice plus fine et plus noire, ainsi que par une plus grande richesse en inclusions réfractaires


 

Allende
Chondrite CV3.2
Allende, Chihuahua, Mexique
.
Chute le 8 février 1969 à 1 h 05.
Masse totale = environ 3 000 kg.

 

Ci-contre à gauche :
Talon,1 face polie
Dimensions = 37 x 20,5 x 19,2 mm.
Masse échantillon = 21,2 g.

 

 

 

 

 

 

 

Ci-dessous :
Pierre complète avec croûte de fusion.
Dimensions = 15 x 10,5 x 8,4 mm.
Masse échantillon = 2,194
 g.

 
   Un météore perce le ciel. Une série de détonations réveille les villageois d'Allende qui voient l'objet brillant se diviser, puis une averse de milliers de pierres tombe sur une aire d'environ 450 km2 proche de la frontière nord du Mexique. Un ramassage immédiat permit de recueillir près de 2 000 kg de matière céleste d'un groupe rare.    Cette masse sera portée progressivement à presque 3 000 kg. Le plus gros fragment pesait 110 kg, mais se brisa lors de l'impact. Immédiatement analysée, les scientifiques découvrent dans ses inclusions réfractaires blanchâtres de très nombreuses anomalies isotopiques. Ces dernières sont liées à la composition initiale de la nébuleuse pré-solaire et feront surnommer cette météorite la "pierre de Rosette de la planétologie". En plus des grains interstellaires et de ses inclusions, elle possède quelques dizaines d'acides aminés et des clastes de chondrite CM2. Elle est considérée comme une météorite oxydée.

Chondrites carbonées CK

Météorite type : Karoonda (Australie).

   Elles présentent des similitudes avec les chondrites CO et CV, dont elles pourraient constituer des variétés fortement métamorphisées avec des veines de chocs. Elles sont formées de minéraux anhydres et sont pauvres en carbone (moins de 1 %)


Dhofar 015
Chondrite CK3 (S3, W1).
Trouvée le 21 janvier 2000 à Oman.
Tranche avec croûte de fusion.
Dimensions = 21 x 18 x 2 mm.
Masse échantillon = 1,562 g.
Masse totale = 184 g, 1 pierre.


 

 
   Une pierre noire de 184 g est trouvée dans le désert. Sa croûte de fusion est noire. Ses chondres sont bien distincts. Sa matrice à grains fins est poreuse et friable. Sa minéralogie comprend principalement : olivine et pyroxène 72 %, plagioclase 16,6 %, magnétite chromifère 9,7 %, ilménite 1,4 %, hercynite < 0,5 %. Le fer-nickel est absent.

Dar al Gani 412
Chondrite CK5 (S2, W3).
Trouvée en Lybie en 1998.
Tranche.
Dimensions = 24 x 20 x 2,3 mm.
Masse échantillon = 3,2 g.
Masse totale = 946 g, 1 pierre.

 

Dar al Gani 412. Tranche face polie

 

 

Dar al Gani 412.
Lame mince en lumière polarisée analysée


NWA 7302
Chondrite CK5.
Trouvée au Maroc.
Tranche.
Dimensions = 39 x 24 x 4 mm.
Masse échantillon = 10,4 g.
Masse totale = 2 129 g, 1 pierre.

 

Chondrites carbonées CR

Météorite type : Renazzo (Italie)

   Longtemps on ne sut pas classer cette météorite. D'abord affiliée aux chondrites ordinaires à enstatite, puis classée dans le groupe CI, ensuite dans les chondrites Cungr. Quand leur nombre atteignit cinq, elles formèrent enfin leur propre groupe. Elles sont caractérisées par de gros chondres, la présence de phases minéralogiques dues à une altération hydrothermale avec des phyllosilicates abondants, une matrice opaque avec magnétite, calcite et sulfates, et des cristaux d'olivine et pyroxène. Leur teneur en fer-nickel libre élevée, 8 %, parfois 12 %, incita à la formation d'un groupe particulier.


 

Shisr 033
Chondrite CR3. (S2, W2-3).
Oman
Trouvée en octobre 2002
.
Talon.
Dimensions = 18 x 9 x 4,4/2,8 mm
Masse échantillon = 0,8 g.
Masse totale = 1 098 g, 65 fragments.

 

   Une météorite brisée en plusieurs fragments (dont 5 grands) est trouvée dans le désert en octobre 2002. Les chondres sont grands, millimétriques, et appartiennent aux type PO, POP, PP, BO, RP. Ils sont riches en métal et les grains Fe-Ni sont fréquents. La composition de l'olivine varie dans son taux de fer (fayalite 2,0 à 7,9 %) de même que l'orthopyroxène (ferrosilite 1,2 à 12,1 %). La météorite contient plusieurs fragments de clastes CI déformés. Les phyllosilicates sont riches en lamelles de pyrrhotite et d'agrégats de magnétite.

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Chondrites carbonées CH

   La lettre H signifie haute teneur en fer métal. La météorite type serait représentée par l'Antarctique ALH 8585 qui est constituée de chondres cryptocristallins d'olivine et de pyroxène, d'agrégats de fragments de minéraux dans une matrice sombre opaque, avec des inclusions riches en minéraux réfractaires, d'alliage Fe-Ni et de gaz rares interstellaires piégés. Plusieurs de ces météorites ont une structure bréchique. Elles se sont formées dans un milieu très fortement réduit et sont anormalement riches en fer métal. Elles sont proches des chondrites CR et CB.


 

Acfer 214
Chondrite CH3. Brèche régolithique.
Algérie
Trouvée le 30 septembre 1991
.
Tranche interne.
Dimensions = 7 x 7 x 1 mm
Masse échantillon = 0,21 g.
Masse totale = 612 g, 2 pierres.

 

   Deux pierres sont trouvées près d'Acfer. Après analyse, la météorite Acfer 214 est pairée avec Acfer 182 et Acfer 207. Elles appartiennent à la même chute. Elles contiennent 35,36 % de fer total

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Chondrites carbonées CB

Météorite type : Bencubbin (Australie).

   Leur composition est mixte, à chondres cryptocristallins à silicates (40 à 50 %) alliage métallique de Fe-Ni (kamacite 50 à 60 %) et parfois quelques inclusions réfractaires à Ca-Al. Les silicates sont réduits et représentés par l'olivine magnésienne et des pyroxènes (ortho et clinopyroxène) dans une matrice à feldspath plagioclase et verre à 55 % de SiO2. Le taux de carbone est très faible. Elles ont un caractère bréchique prononcé et sont très proches des chondrites CR et CH


C'est la météorite type.

Bencubbin
Chondrite CBa.
Western Australia, Australie.
Trouvée le 30 juin 1930.
Tranche.
Dimensions = 30 x 27 x 6 mm.
Masse échantillon = 19,40 g.
Masse totale = 118,47 kg, 2 pierres.

 
 
 

   Une météorite de 54 kg est trouvée le 30 juin 1930. Elle a tous les caractères d'une brèche polymicte choquée. Phénocristaux : olivine (forstérite), pyroxènes (orthopyroxène de type enstatite et clinopyroxène). Matériaux bréchiques : clastes métalliques (fer de type hexaédrite à 6,5 % de Ni) et clastes achondritiques. Les xénolites, clastes et inclusions chondritiques sont de type LL. La matrice est métallique et silicatée (plagioclase) à éléments vitreux. C'est un véritable "patchwork", mais sa composition chimique et sa minéralogie sont celles d'une lithosidérite proche des chondrites CR. Le rapport isotopique de l'oxygène est similaire à celui des chondrites CR et CH. Un deuxième échantillon de 64,47 kg est trouvé en 1960 à Mandiga.
   Cette météorite a été pour les scientifiques une grande voyageuse. Décrite jusqu'en 1975 comme une brèche polymicte choquée à alliage métallique et matériel achondritique, puis comme une brèche chondritique (1978-1990), ensuite comme chondrite intermédiaire entre les chondrites ordinaires et chondrites carbonées. Enfin le groupe CB est constitué en 1998.


Gujba
Chondrite CBa (S2,W0).
Yobe, Nigéria.
Chute le 3 avril 1984 à 18 h 30.
Tranche.
Dimensions = 65 x 43 x 2,5 mm.
Masse échantillon = 24,4 g.
Masse totale = environ 100 kg.

 
 
 

   Une météorite conique provoque une brillante boule de feu qui explose. Ses fragments tombent dans un champ de maïs près du village de Bogga Dingare. Les habitants en retrouvent plusieurs morceaux dispersés. La masse recueillie et les calculs indiquent un volume d'environ 20 000 cm3 pour le météoride. Une première description paraît dans "Islam et Ostaficzuk" en 1988. La météorite contient de grands nodules de métal de 1,5 à 8 mm de diamètre avec troïlite et des nodules d'agrégats cryptocristallins de pyroxène avec rare olivine ; 60 % des nodules sont métalliques. L'abondance du fer métal est similaire à celle de la météorite de Bencubbin. La composition chimique globale de ces météorites CB est trop riche en fer pour en faire des chondrites dites primitives. Ainsi, certaines chondrites CH et CB sont probablement issues de corps parents de seconde génération dont les chondres se sont reformés dans des panaches d'impact. Mais alors pourquoi contiennent-elles des inclusions réfractaires ? Pourquoi leurs isotopes de l'oxygène sont-ils semblables à ceux des chondrites CR ? Les CB sont primitives avec une histoire physique évoluée. Beaucoup de travail et de réflexion reste à faire pour comprendre la formation et l'évolution de ces planétésimaux si particuliers. J'imagine la vapeur enveloppant les cervelles en fusion pour apporter des réponses à ces questions.


Hammada al Hamra 237
Chondrite CBb (S3, W2).
Trouvée le 18 octobre 1997.
Lybie
.
Tranche.
Dimensions = 12 x 5 x 2 mm.
Masse échantillon = 0,45 g.
Masse totale = 3 173 g, 1 pierre.

   Cette météorite est hautement métallique, environ 57 % du volume. Ses autres constituants sont des chondres et fragments de silicates. Une inclusion réfractaire a été observée. Sa composition (en % masse totale) est : fer 69,6 %, magnésium 42 %, scandium 4,67 ppm, iridium 2,48 ppm.


Quebrada Chimborazo 001
Chondrite CBa.
Antofagasta, Atacama, Chili.
Trouvée le 8 mai 2004.

Tranche.
Dimensions = 19 x 19 x 26 x 4 mm.
Masse échantillon = 6,412 g.
Masse totale = 592 g, 1 pierre.


 

 
   Cette météorite fut trouvée par Luc et Jim Labenne en 2004, près de la célèbre mine de cuivre de Minera Escondida, dans le désert d'Atacama, au pied de la colline Pasua, dans le ravin creusé par un ancien torrent au lieu-dit Quebrada Chimborazo. C'est une unique pierre complète.
   La météorite est constituée de chondres magnésiens, de morceaux de chondres non porphyriques, de métal Fe-Ni, de nodules de sulfure et de leurs fragments et d'un matériau fondu d'impact. Les chondres d'olivine ont une structure squelettique consistant en lattes d'olivine magnésienne dans une matrice anorthitique (feldspath plagioclase calcique). Le matériau fondu (verre) montre une texture fluidale et consiste en Fe-Ni, sulfures et gouttes de silicate sans fer abondantes.

 

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Chondrites carbonées CC ungr.

   Ce groupe ungr (ungrouped) représente les météorites non groupées ou n'appartenant à aucun groupe. C'est un peu le placard où l'on range provisoirement ce qui gêne, c'est à dire les météorites qui, en plus de leurs affinités à un ou plusieurs groupes, présentent quelques particularités qui les en distinguent. Depuis quelques siècles, l'échantillonage dont nous disposons reste très incomplet. Toute nouveauté ne pouvant entrer dans un groupe constitué est désignée comme anormale en attendant que l'on puisse en réunir cinq pour former un nouveau groupe.

Tagish Lake
Chondrite C2 ungr (S1).
forte affinité CI.
Tagish Lake, Colombie britannique, Canada.
Chute le 18 janvier 2000 à 8 h 43.
Fragment interne.
Dimensions = 13 x 6 x 7 mm.
Masse échantillon = 0,42 g.
Masse totale = 10 kg, 500 pierres.

 
 
 

   Une météorite tombe le 18 janvier 2000 à 8 h 43 dans la région de Tagish Lake en Colombie britannique, Canada. Les habitants du Sud-Yukon, témoins de la chute, virent un bolide aussi brillant que le Soleil "qui faisait tout vibrer dans les maisons" avec bruit et détonations. Le météore fut photographié et filmé. Deux satellites de la Défense des U.S.A. détectèrent son passage dans l'atmosphère et les détonations. Sa vitesse était de 16 km/s et sa masse estimée à 200 tonnes, soit un mini-astéoride de la grandeur d'un camion.
   Les habitants de la station forestière proche allèrent collecter immédiatement des fragments de la météorite qui apparaissaient dans la neige. Le ramassage des pierres se fit avec des gants pour les déposer dans des sacs en matière plastique afin d'éviter les contaminations. Elles furent envoyées à l'Université de Calgary (Alberta). Des scientifiques se déplacèrent pour prélever des fragments dans la glace du lac. Le 31 mai, sept spécimens contenus dans des blocs de glace sont présentés lors d'une conférence de presse à Calgary où la météorite est officiellement reconnue comme une chondrite carbonée de type I. Selon les scientifiques de l'Université de Purdue (U.S.A.), les matériaux la composant n'ont pas été altérés depuis sa formation contemporaine de la naissance du système solaire.
   C'est la plus grosse météorite du Canada. Elle contient une forte quantité d'eau (20 %) contenue dans les argiles et serpentines. Le carbone représente 5 % sous forme de composés organiques complexes et d'acides aminés. Tagish lake est la première chondrite carbonée dont l'orbite fut déterminée.


Sahara 00177
Chondrite C3.8/4 ungr (S4).
Affinité CV.
Trouvée en 2000 au Sahara.
Tranche.
Dimensions = 38 x 35 x 3 mm.
Masse échantillon = 14,3 g.
Masse totale = 312 g, 1 pierre.

 

 
   Elle est similaire aux météorites Coolidge et Loongana 001. Chondres, fragments de chondres et inclusions réfractaires représentent environ 75 % du volume de la météorite. Dans l'ensemble, les chondres sont comparables à ceux d'Allende avec une taille de 500 micromètres. Ils appartiennent principalement au groupe I, type P0P. Les inclusions réfractaires (environ 10 % du volume) sont grandes et atteignent la taille de 1 mm. Le Fe-Ni est surtout de la kamacite avec taénite mineure.

Sahara 00182
Chondrite C3 ungr (S2, W2).
Trouvée en 2000 au Sahara.
Tranche.
Dimensions = 25 x 20 x 1 mm.
Masse échantillon = 2,00 g.
Masse totale = 70 g, 1 pierre.

   Cette chondrite carbonée est riche en métal. Les minéraux olivine et pyroxènes se trouvent en même proportions dans les chondres. Les grains de Fe-Ni forment d'abondantes inclusions dans les chondres et les enveloppent parfois de plusieurs couches.

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2 - les chondrites ordinaires

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