Éclipse sur la mer de Corail

par Michel SARRAZIN

(d'après une série de trois articles parus dans la Voix Populaire, journal local d'informations de Gennevilliers)

 

Le 23 novembre 1984 au matin, l'ombre de la Lune effleurait la Terre quelque part vers les antipodes de Gennevilliers, en suivant une bande d'Océan Pacifique à 150 kilomètres au large de la Nouvelle-Calédonie.

La Société Astronomique de France avait bien fait les choses en obtenant l'autorisation d'embarquer une vingtaine d'astronomes, professionnels et amateurs réunis, sur une unité de la Marine nationale basée à Nouméa, le « Jacques Cartier ».

Trois membres du club Janus, Roland Caron, Hervé Roy et Michel Sarrazin participaient à cette expédition vers la mer de Corail. Récit de leur chasse à l'éclipse.

 

Les « Éphémérides » sont la bible de tout astronome amateur qui les compulse régulièrement. Il y trouve les chiffres dont il a besoin tout au long de l'année pour situer dans le ciel étoiles et planètes. A la fin de ces éphémérides, un chapitre est traditionnellement consacré aux éclipses et celui de cette année était alléchant à souhait puisqu'il annonçait une éclipse totale de Soleil sur la mer de Corail, tout près de la Nouvelle-Calédonie.

Mais si loin, c'était évidemment du domaine de l'inaccessible : pas question d'y songer, il ne restait qu'à rêver...

Et puis, brusquement, une proposition un peu folle : grâce à la générosité de Roland, le rêve pouvait devenir réalité. Oui, c'était dit, je serais ce 23 novembre, de l'autre côté du monde, au rendez-vous de quelque 90 secondes fixé par le Soleil et la Lune. Oui, nous nous envolerions pour Nouméa en compagnie de douze autres membres de la S.A.F. parmi lesquels une autorité scientifique : Serge Koutchmy, du C.N.R.S., un des meilleurs spécialistes du Soleil, chasseur d'éclipses par profession mais aussi par passion.

La perspective d'un tel voyage est impressionnante. Même pour qui aime voyager, les antipodes paraissent bien loin : vingt-six heures d'avion à l'aller, vingt-huit au retour !

Pourquoi aller si loin ?

Au moment de partir pour une telle expédition, on ressent la nécessité de justifier le projet auprès des parents et amis qui interrogent, parfois avec ironie : est-ce bien nécessaire et utile de faire le tour du globe, de déplacer tant de matériel et de personnes, de mobiliser un bâtiment de la Marine nationale, tout cela pour quelques poignées de secondes d'obscurité ?

Tout paraît hors de proportions et pourtant la réponse, sur le plan scientifique, est incontestablement « oui ». Si courte soit-elle, une éclipse totale de Soleil est un événement majeur car il n'y a que pendant son déroulement qu'on peut observer et étudier la fameuse « couronne » du Soleil, cette sorte d'atmosphère très ténue, chauffée à plusieurs millions de degrés (par un mécanisme qui reste encore à découvrir) et qui s'étend à des dizaines de millions de kilomètres, faisant ressentir ses effets jusque dans la proche banlieue de la Terre.

De Paris à Nouméa, à la rencontre du Soleil.

Monter dans un avion pour plus de vingt-six heures de vol vers l'est, c'est littéralement partir à la rencontre du Soleil. La vitesse de l'avion (près de 1 000 km/h !), s'ajoutant à la rotation de la Terre, provoque une accélération du rythme des jours et des nuits. Ce phénomène, nous le connaissions en théorie : le vivre est une expérience surprenante.

Partis de Roissy vers 21 h 30 le mercredi 14 novembre à bord d'un Boeing 747 d'UTA, nous sommes à 3 h 30 immobilisés pour une première escale sur l'aéroport de Bahrein l'un des émirats qui parsèment la côte du Golfe Persique.

Ce n'est qu'après être passés à la verticale de Zagreb que les nuages se sont écartés et que nous avons commencé à apercevoir de place en place des lumières dans la nuit, chapelets de vie égrénés dans l'obscurité comme autant de bijoux précieux.

Un peu après, un spectacle féérique nous attendait quelque part au-dessus de l'Arabie : sous l'effet d'un orage, les nuages en contrebas sur un côté de l'avion s'illuminaient, clignotaient, phosphoraient ; étrange sensation que le suvol, dans le silence et la sécurité douillette de l'avion, de ce déchaînement de violence.

Nous voici donc à Bahrein pour une escale d'une heure, mais nos montres sont encore à l'heure de Paris et surprise : le jour se lève à 4 heures. Nous avons déjà franchi trois fuseaux horaires.

Une heure s'est écoulée depuis l'atterrissage et déjà se termine l'avitaillement, le remplissage des réservoirs. Nous pouvons repartir pour un saut de puce de huit heures et près de 7 000 km, direction Singapour.

      
Quelque part au-dessus du désert d'Arabie et, à droite, la ville et le port de Mascate, sur le golfe d'Oman.

Au passage au-dessus de l'Inde, entre Bombay et Madras, nous avons la chance de passer une vingtaine de minutes dans la cabine de pilotage du 747. Le commandant et le copilote s'intéressent à l'astronomie, nous nous interrogeons sur le pilotage d'un jumbo : le dialogue se déroule tandis que le plateau du Deccan défile, 10 000 mètres sous nos pieds.

Huit heures de vol depuis le lever du Soleil à Bahrein et nous atterrissons à Singapour... au moment où la nuit tombe ! aux trois cinquièmes du voyage, nous ne savons plus très bien où nous en sommes du jour, de la nuit et des décalages horaires !

Une petite heure et demie de vol depuis Singapour, nouvelle escale à Djakarta et nous reprenons l'air pour une dernière étape de huit heures jusqu'à Nouméa.

Une surprise en survolant la Terre d'Arnhem, au nord-ouest de l'Australie : soudain, dans la nuit totale, sur des kilomètres, s'étalent des coulées lumineuses, flamboyantes, en tout point semblables à de la lave. Pourtant, nous savons qu'il n'existe ni lac de lave permanent ni volcanisme actif en Australie et que, sauf cataclysme brutal, il ne peut s'agir de cela. Mais quoi d'autre ? La ressemblance est tellement frappante ! L'équipage nous livrera un peu plus tard la clef de l'énigme : il s'agit en fait de feux de brousse.

Le jour se lève le 16 novembre (à Paris, c'est seulement la soirée du 15) alors que nous franchissons la côte est de l'Australie et apercevons les premiers récifs de corail entourés de leurs fonds bleu turquoise : c'est le Pacifique.

   
L'arrivée sur la Grand-Terre.
A gauche, la presqu'île Ouano en arrière-plan, l'île Isie et le grand récif extérieur. A droite, les îles Testard.

Peu de temps avant l'atterrissage sur l'aéroport de la Tontouta, à 50 km de Nouméa, nous survolons l'océan là où, dans sept jours, nous sommes censés observer une éclipse totale. Et nous constatons avec inquiétude que la couverture nuageuse est quasi-complète. Pourvu que le ciel se nettoie d'ici à l'éclipse !

      
Les embouchures de l'Ouenghi et de la rivière Tontouta.

En franchissant la porte de l'appareil enfin immobilisé sur l'aéroport, impossible de n'être pas saisi par le contraste entre l'air climatisé dans lequel nous baignions depuis plus de vingt-quatre heures et l'atmosphère de serre, chaude et moite, qui règne ici, sur la Grand-Terre, la plus étendue des îles qui composent la Nouvelle-Calédonie avec ses 50 km sur 400. Nos vêtements de parisiens en automne se révèlent, en ce printemps tropical, une véritable étuve ; en attendant les bagages, nous nous liquéfions.

Heureusement, les douaniers sont compréhensifs. Le badge de la S.A.F. que nous arborons sert ici, comme durant le reste du voyage, de sésame. Les douaniers savent qu'un groupe d'astronomes est attendu pour l'éclipse et laissent passer sans broncher nos deux énormes cantines et la kyrielle de valises qui les accompagnent.

     
L'hôtel, noyé dans une végétation luxuriante, et un flamboyant.

Cinquante kilomètres de car jusqu'à Nouméa et c'est l'installation à l'hôtel. Logés au premier et seul étage d'un petit bâtiment, nous sommes noyés dans la verdure dont nous avons remarqué la luxuriance depuis l'aéroport. L'herbe est grasse et charnue, tout est vert et humide, les fleurs sont partout ; Nouméa, toute en collines, fourmillement de taches colorées semées dans la verdure, a des airs de paradis terrestre malgré les nuages qui la recouvrent pour l'instant.

      

Préparatifs... malgré la pluie.

Après une journée passée à récupérer des fatigues du voyage, nous attaquons sous un ciel maussade les préparatifs sérieux.

L'expérience sur laquelle nous travaillons vise à obtenir des photographies de la couronne solaire au travers de filtres dits « interférentiels » qui ne laissent passer que la lumière émise par un élément chimique précis. La quantité de lumière reçue permet ensuite, par mesure sur le cliché, de connaître l'abondance de l'élément en question dans la couronne. Nous devrons ainsi utiliser, en une minute et quarante secondes, des filtres caractéristiquesde l'hydrogène, du calcium ionisé une fois et de fer ionisé treize fois, la concentration de chacun de ces types d'atomes étant révélatrice de conditions physico-chimiques bien particulières.

L'inconvénient des filtres interférentiels est qu'ils ne laissent passer qu'une quantité infime de lumière, d'où la nécessité de l'amplifier en utilisant derrière la téléobjectif un « tube-image » dont la fonction consiste à multiplier plusieurs centaines de fois l'intensité du signal lumineux reçu.

Malgré cette amplification, la lumière reste faible et la pose requise est de l'ordre du 1/15 ou 1/30 de seconde. Comme il est hors de question de tenir notre échafaudage optique à la main et que nous serons sur un navire en mouvement sur une mer agitée, obtenir une image nette est un véritable défi. Aussi Roland Caron a-t-il mis au point durant les dernières semaines une ingénieuse monture, avec poulies et roulements, laquelle doit nous permettre de nous affranchir des mouvements du bateau. Le moment venu, cette monture sera fixée au pont du Jacques Cartier et l'opérateur, l'œil derrière la lunette-guide, s'efforcera de centrer en permanence l'image du Soleil éclipsé. Mais que seront alors l'état de la mer et l'amplitude des oscillations du Jacques Cartier ? Pour l'heure, il pleut et le vent souffle...

Premiers contacts avec la Marine nationale.

Les contacts sont pris avec la Marine nationale dès le lendemain de notre arrivée. Quantité de questions se posent en effet : il faut déterminer la position exacte du bateau au moment de la totalité, la route à suivre pendant toute la durée de l'éclipse. Que seront nos conditions de vie à bord durant vingt-quatre heures ? Aurons-nous accès en permanence au pont où seront installés les instruments ? Le navire bougera-t-il beaucoup ? Pourrons-nous photographier sans contraintes ? La fumée du bateau ne risque-t-elle pas de constituer une gêne ?

Dès les premiers contacts, nous sommes rassurés car un excellent accueil nous est réservé. Et la première visite à bord permet de déterminer une zone favorable pour l'installation du matériel : la plate-forme d'atterrissage, située à l'arrière du navire. Entourée d'une rambarde de sécurité, cette zone parfaitement dégagée présente au sol des ouvertures munies de croisillons, aussi idéales pour la fixation des instruments qu'elles doivent l'être pour l'amarrages des hélicoptères ; elles répondent au souci de Roland qui demandait quelques minutes avant au commandant s'il pourrait percer des trous dans le pont à la perceuse et n'avait obtenu comme réponse qu'une moue étonnée et manifestement désapprobatrice.

Le ciel est avec nous.

Trois jours avant l'embarquement, le moral de l'équipe remonte en constatant que le ciel se dégage petit à petit. L'anticyclone tant attendu arrive enfin ! Du coup, tout le monde s'active de plus belle. Quel film charger dans tel boïtier ? Quelle focale utiliser ? À quel moment de l'éclipse faut-il prendre tel type de clichés ? À quelle ouverture ?

Au cours de nos réunions journalières de 18 heures sous les paillotes du parc de l'hôtel, les questions se font de plus en plus concrètes.

Le jour de l'embarquement, le ciel est totalement dégagé. Les dernières préoccupations portent sur la vie à bord, les risques de mal de mer et les coups de soleil. Comment faire, si la mer est agitée, pour ne pas être malades ? Les recommandations habituelles sont rappelées : prendre des comprimés en suivant bien les instructions du pharmacien et s'arranger pour avoir toujours l'estomac bien rempli.

Chacun prépare son balluchon, peaufine ses instruments. Le sort en est jeté : le 22 novembre à 15 heures, en rade de Nouméa, nous embarquons sur le Jacques Cartier. Direction : la mer de Corail.

     
Le moment de l'embarquement sur le Jacques Cartier
et les préparatifs sur la plate-forme porte-hélicoptère
en rade de Nouméa.

Le Jacques Cartier est encore à quai que déjà nous sommes au travail. La plate-forme qui nous est réservée ressemble à une ruche. Chacun coupe, boulonne, scie, visse, fixe... Les montures sont enchaînées au pont, lestées. L'essentiel est que le gros de l'amarrage soit terminé au moment où le navire commencera à remuer, à la sortie du lagon. Pour l'instant, entre Nouméa et la barrière de corail, il bouge à peine.

L'accueil reçu à bord, il faut le souligner, est exceptionnel. Du commandant Fores aux simples marins en passant par les officiers et sous-officiers, c'est à qui fera le plus pour nous aider et nous être agréable. Aucune fausse note dans ce concert, la cohabitation durant ces vingt-quatre heures de vie commune sera exemplaire.

Nos préparatifs sont tout juste terminés, vers 18 heures, quand le jour commence à décliner. Une table a été dressée près des instruments et les officiers du bord offrent le champagne. Toutes les conversations tournent autour de l'éclipse et de l'astronomie en général. Ce dialogue durera fort tard puisque certains d'entre nous, à 23 heures, seront encore sur le pont arrière, à parler en admirant le ciel. Pas un nuage, pas une lumière parasite : la voûte céleste est superbe. Vénus est éblouissante et dessine comme une route lumineuse sur l'océan ; les Nuages de Magellan sont là, évidents, comme deux écharpes de lumière ; l'amas globulaire 47 Toucan, visible à l'œil nu, est magnifique dans de simples jumelles de marine.

À minuit, dans les couchettes, nous nous apercevons soudain que le navire a changé de cap. Ses mouvements prennent de l'amplitude et nous serons ballotés jusqu'au petit jour.

90 secondes dans l'ombre de la Lune.

Le matin du jour « J » nous trouve sur le pont dès 5 h 30. Pas un nuage à l'horizon, début de l'éclipse partielle dans deux heures. C'est l'installation des téléobjectifs, le moment des dernières vérifications, des derniers réglages...

À 7 h 43, étroitement surveillée, la Lune commence à mordre sur le Soleil. Ouf ! Nous ne nous sommes pas trompés dans les calculs !

Un exemple entre dix de la prévenance des marins à notre endroit : le filtre du Fer XIV que nous utilisons doit être à 42° C. Nous avons déterminé, lors d'essais préliminaires à Nouméa, que nous pouvions obtenir cette température en le plaçant, avec un litre d'eau à 65°, une heure avant dans une enceinte de polystyrène. Et à 7 h 55 précises, juste une heure avant la totalité, le chef-mécanicien devant lequel nous avions exprimé ce souhait hier soir arrive avec le litre d'eau à la température requise !

      
Juste avant l'éclipse, Roland Caron et Hervé Roy paufinent les réglages du tube-image, en présence de quelques journalistes.

Au fur et à mesure que la Lune progresse sur le Soleil, notre nervosité augmente. Plus que trois quarts d'heure avant la totalité... une demi-heure... un quart d'heure... Chaque seconde compte maintenant. La luminosité baisse sensiblement... Plus que cinq minutes... L'atmosphère s'est refroidie et de petits nuages de condensation courent autour du Jacques Cartier. Pourvu qu'ils n'aillent pas cacher la couronne !

Et, brusquement, c'est l'obscurité quasi-totale. Autour du Soleil soudain devenu noir s'étale le spectacle : la couronne, avec ses jets bleu-turquoise ; les protubérances, sortes de petites flammes rosâtres comme posées sur le limbe de la Lune...


La couronne photographiée depuis le pont du Jacques Cartier
par Christian Nitschelm ©.

Sur le pont, une activité fébrile est déployée. Nous savons que nous ne disposons que de 90 secondes pour réaliser des dizaines de clichés et les changements de filtres. Déclenchements et réarmements vont bon train.

Dans le haut-parleur du bâtiment, une voix égrène les secondes. Soudain, des cris : « Les grains, les grains de Baily ! ».

C'est fini !

Les grains de Baily, c'est la surface jaune du Soleil, la photosphère, qui réapparaît dans le fond des vallées lunaires. Quelques secondes de plus et c'est un croissant éblouissant qui s'élargit rapidement.

Par bonheur, la route du navire était bonne par rapport à la lame et, malgré quelques oscillations, les mouvements du bateau n'ont pas semblé trop brutaux durant ces quelques dizaines de secondes. Mais y avons-nous vraiment prêté attention, occupés et émerveillés que nous étions ?

Sur le Jacques Cartier qui vogue vers Nouméa, c'est la décompression. Le matériel a vite été démonté et rangé, le pont nettoyé, et chacun savoure, posée sur l'horizon, la silhouette volcanique de la Grand-Terre qui se rapproche d'heure en heure. C'est l'heure des bilans, de l'impatience avant le développement des films, des regrets aussi pour tel détail ou ennui qu'on n'avait pas su prévoir.

Une riche moisson.

Les trois jours qui restent à passer à Nouméa sont occupés à étalonner les films, à ranger le matériel dans les cantines, à faire un peu de tourisme. C'est ensuite le retour vers la France, vingt-huit heures d'avion avec au bout du voyage la grisaille et le froid.

Mais nous rapportons une riche moisson, moisson de sensations et de souvenir personnels à laquelle s'ajoute la moisson d'informations scientifiques. Car le bilan est largemement positif : nous sommes riches de dizaines de clichés et de mesures de toutes sortes qu'il va maintenant falloir dépouiller et analyser pour en tirer un maximum d'enseignements.

Et il n'y a pas de temps à perdre pour exploiter tout cela : une indiscrétion nous a permis d'apprendre que le Soleil et la Lune avaient à nouveau rendez-vous en mars 1988 en Asie du Sud-Est. Et il y a de bonnes chances, si le ciel et la S.A.F. sont avec nous, pour que nous soyons présents à cette nouvelle réunion de famille...

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Toutes images © Michel Sarrazin et Christian Nitschelm.

Dernière mise à jour le dimanche 16 janvier 2000.