> Mon éclipse en Hongrie <

Participants de l'expédition : Isabelle ma compagne, Marjan mon cousin, Vita sa femme, et moi, bien entendu.

On décide tous ensemble d'aller en Hongrie pour observer l'éclipse, on part pendant 3 jours, histoire de voir un peu du pays.

La veille de l'éclipse, on campe le soir en Hongrie, ciel étoilé superbe, dégagé de toute pollution lumineuse, je me couche vers minuit, en rêvant à la journée que j'attends depuis 15 ans. Vers 7 h du matin, réveil, et là, horreur : je m'aperçois que c'est la pluie qui m'a gentiment réveillé. Je passe la tête en dehors de la tente, et je vois un ciel bouché digne d'un mois de Novembre à Paris, du gris, du gris, et encore du gris. Bref je commence à être dégoûté, je me dis, j'ai fait le mauvais choix du lieu, c'est comme ça, je joue le jeu, et me dit que l'éclipse du 11 août, ce n'est pas pour moi.

Mais bien sûr, comme la météo n'est pas une science exacte, le temps change, le crépitement des gouttes se fait de moins en moins entendre, je commence à espérer, sort de la tente tel un lapin un jour de chasse, et là, surprise, un ciel bleu, d'une pureté exceptionnelle s'offre à nous. Je réveille mon cousin et sa femme qui nous ont suivi dans cette aventure, on plie tentes, duvet, et linge qui séchait (ha, ha, ha), on court prendre notre petit-déjeuner, et on décolle pour trouver un point d'observation avec un horizon assez dégagé. On passe près de plusieurs villages, cherchant a gagné quelques mètres en altitude. Finalement, on trouve notre bonheur, près de la route, une personne est déjà là, avec son fils, ils viennent de la République Tchèque. On s'arrête, je commence à sortir le matos, les bouquins, les multiples pages imprimés du net, les tableaux d'expositions. On sympathise avec le tchèque, son fils parle parfaitement le Français, ouf !!!!! Je leur donne des lunettes, qui me restaient, et quelques morceaux de feuille en polymère pour leur appareil photo et leur jumelles. Je m'installe, quelques voitures passent, cherchant aussi l'endroit idéal pour participer au rendez-vous céleste. L'heure H approche, mon cousin qui écoute la radio Slovène dans la voiture m'annonce le premier contact chez eux, avec quelques minutes de décalage, et c'est à notre tour de contempler le "repas de la Lune". Crépitement des appareils photos, lunettes sur le nez, pas un nuage pour gâcher le phénomène, le stress me gagne, bref tout va bien. L'ambiance est plutôt "bon enfant", les gens rigolent, les oies de la ferme voisine nous rendent visite, elles n'ont jamais dû voir autant de monde d'un coup : nous étions une dizaine de personnes, je craignais la foule, je suis rassuré.

À 50 % du phénomène, une atmosphère particulière commence à se faire sentir, les ombres changent, la lumière n'est plus aussi intense, je continue mes photos, tandis qu'Isabelle prend des photos d'ambiance. Les oies partent se coucher, mais quelques minutes plus tard, elles recommencent leurs chants, quand elles se rendent compte que la nature leur a joué un tour.

Quelques minutes avant la totalité, le spectacle s'accélère, la nuit tombe à ma droite, j'ai des frissons, stress ou baisse de température ???? Les deux, je pense. Maintenant c'est Vénus qui crève l'écran, tandis que la disparition du soleil continue, il ne reste plus qu'un fin croissant. Je me retourne, admirant l'ombre derrière nous, et en relevant la tête, l'instant magique : l'effet diamant, parfaitement visible, puis les protubérances qui apparaissent à l'oeil nu !!!! Incroyable, je ne m'y attendais vraiment pas. J'enlève le filtre et mitraille à différent temps de pose. Je sais, c'est de la folie, mais je change de pellicule en pleine totalité. Je crie comme un môme, des larmes me coulent le long des joues, tout le monde profite du spectacle, et déjà la fin 2min22 de totalité, qui ont semblé ne durées que 20 secondes. Le soleil refait son apparition, à notre grand regret, mais c'est comme ça, rien ne peut changer le déroulement.

Ça y est, c'est fini, ma première totale, j'ai du mal à me rendre compte de ce que je viens de vivre, avec le recul, ça va mieux, mais sur le coup, c'est dur. Je comprends les "fêlés" qui voyagent à travers les 5 continents pour assister aux rendez-vous célestes entre la Lune et le Soleil, et peut-être que je suis devenu comme eux, cherchant sans cesse à se trouver sous l'ombre de la Lune en plein jour.

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