CYGNE




Le Cygne majestueux glisse sur les flots de la Voie Lactée et déploie ses ailes pour prendre son envol.
Le Cygne est une des plus belles constellations visibles depuis l'hémisphère boréale, avec Orion, le Scorpion, le Sagittaire ou encore le Lion. Cette Croix du Nord parfaite vole au zénith de nos nuits d'été, au côté de l'Aigle et de la Lyre. Mieux, prenez l'étoile la plus brillante de chacune de ces constellations, Véga, pour la Lyre, Altair, pour l'Aigle, et enfin Deneb, pour notre cher Cygne, et vous formerez un Triangle d'Eté qui vous accompagnera pendant toutes ces nuits si douces gorgées d'étoiles et de senteurs estivales.



La constellation du Cygne, joyau de nos nuits d'été

Photo Domy Pagnault



Traversé par la Voie Lactée, le Cygne renferme un nombre impressionnant d'objest à visiter aux jumelles et au télescope.

Juste à côté de Deneb, un renforcement un peu plus brillant de la Voie Lactée trahit la présence d'un étonnant nuage de gaz qui a pris la forme du continent nord-américain : c'est la fameuse nébuleuse America (NGC 7000).



America

Photo Seb Muller



Par une très belle nuit et loin des lumières parasites, sa forme caractéristique est visible aux jumelles 7x50. Avec un instrument à grand champ (un T200 avec 2 degrés au moins par exemple), et un filtre OIII, la nébuleuse est féérique. Le gaz apparait gris-blanc laiteux avec une foultitude d'étoiles par dessus. La région du Golfe du Mexique notamment tranche par son contraste. Le fond d'étoiles dans cette partie du ciel couvre incroyablement le champ de l'oculaire, et des voiles de gaz diffus s'étendent autour d'America.
A ses côtés, la nébuleuse du Pélican, est plus faible et moins contrastée, mais bien visible toujours avec le OIII.
Sur les photos, America se pare d'un voile rouge marqué, au milieu d'un fond stellaire dense.


N'oublions surtout pas les arabesques volages d'un reste de l'explosion d'une très ancienne supernova, les Dentelles du Cygne (NGC 6960-6992). Faiblement visibles aux jumelles sous de très bons cieux, elles se révèlent magnifiquement aux T200 et plus équipés de filtre OIII. Ce filtre est un allié irremplacable et unique pour observer les Dentelles. Sans cet accessoire, celles-ci se présentent comme un léger voile ténu pas toujours évident à trouver, alors que le filtre OIII "allume" instantanément cet objet !
Se promener à travers les tourbillons et vrilles de gaz des Dentelles avec un grand dobson (T600-760), toujours avec le magique OIII, est un ravissement que vous ne serez pas prêt d'oublier !

Autre objet perdu au milieu du semis de la Voie Lactée, les nébulosités autour de l'étoile Sadir (Gamma du Cygne) au centre de la croix. Plus délicate à observer, elles montrent leurs effilochements de gaz sur les longues poses photographiques.
Dans le même secteur, la nébuleuse du Croissant est à rechercher avec un T200 ou plus et un filtre OIII (encore lui !).



Nébulosités autour de Gamma du Cygne

Photo Seb Muller



De par la position du Cygne sur la Voie Lactée, de nombreuses nébuleuses planétaires (NP) sont aussi à débusquer dans cette constellation décidément très riche.

A commencer par une NP rigolote au bout de l'aile gauche de l'oiseau, connue sous le nom de Blink Nebula (NGC 6826), en référence à l'aspect de son étoile centrale à l'observation dans de petits instruments. Cette NP est brillante (magnitude 8.8) et son étoile centrale est de magnitude 11 (type spectral O). De ce fait, dans les instruments de diamètre modeste, la nébuleuse parait clignoter si l'on alterne rapidement la vision directe sur la centrale (on percoit alors moins bien la petite nébuleuse alentours) avec la vision décalée (la nébuleuse revient et l'étoile disparait !): ce phénomène est particulièrement marquée sur cette NP (de même que sur la NP du Clown, NGC 2392 dans les Gémeaux).

D'autres NP sont accessibles aux télescopes dans le Cygne, en voici une petite liste :

NomMag.Dimensions
NGC 68268.825"
NGC 7027918"x11"
NGC 70081285"x70"
NGC 70261225"x6'
NGC 70481160"x50"


A noter que NGC 7008 a une forme un peu bizarre, et qu'elle vaut le détour dans un grand instrument.


Il y a évidemment aussi un grand nombre d'amas ouverts dans le Cygne, dont 2 objets Messier : M29 et M39.


Pour conclure, car il faut bien s'arrêter à un moment ou à un autre, il serait inconcevable d'écrire un petit texte sur le Cygne sans parler d'étoiles doubles.
Certainement une des plus jolies étoiles doubles du ciel est caché dans le bec du Cygne : Albiréo (Beta Cyg), qui trouve toute sa beauté dans les petits instruments. Ses 2 composantes (distantes d'environ une trentaine de ") présentent un contraste de couleur saisissant, jaune d'or et bleu (types K3 et G0) : une personne qui observait le ciel pour la première fois à travers un instrument a eu cette réaction en découvrant Albiréo : "Je ne pensais pas que les étoiles pouvaient avoir d'aussi jolies couleurs !!".

Et finalement tournons nous vers une double historique, 61 Cyg, qui fut la première étoile dont on pu mesurer la parallaxe et ainsi en déduire la distance. Bessel lui trouva une parallaxe de 0.29" soit une distance de 11 années-lumière. C'est donc un couple tout proche qui se déplace sur la voûte céleste de quelques 5" par an ! C'est à dire qu'en prenant des photos espacées de plusieurs dizaines d'années, vous verrez le mouvement propre de 61 Cyg par rapport aux autres étoiles plus lointaines !!! Les 2 composantes sont séparées de 24" et montrent toutes 2 une jolie couleur orange.



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