TEMPETES DE LEONIDES
Novembre 1999
Une pluie d'étoiles filantes est un phénomène astronomique
exceptionnel. Les Léonides sont réputées pour leurs pluies
spectaculaires qui se répètent environ tous les 33 ans. Cette
période est bien connue grâce aux témoignages historiques,
et les illustrations de l'époque montrent en général
un ciel couvert d'étoiles filantes, ainsi que la stupeur voir la
frayeur des spectateurs ...
Balivernes, m'étais je toujours dit ... L'ampleur du
phénomène a volontairement
(ou inconsciemment) été magnifiée !
Pourtant quelques photos commencaient à m'agacer sérieusement ...
Puis vint le mercredi 17 novembre 1999 ...
Selon les spécialistes, une Pluie de Léonides est annoncée
le 18 novembre aux alentours des 3h TU, c'est à dire que les meilleures
conditions pour voir le spectacle sont en Europe !!
Enfin ! Le moment tant attendu allait arriver ! Une PLUIE. Plusieurs dizaines
d'étoiles filantes visibles par secondes ! Et de tous les
côtés à la fois ... Aura elle vraiment lieu ?? Ce n'est pas
un évènement certain, à l'instar d'une éclipse de
Soleil ... et il est très difficile de le prévoir. Quelle en sera
l'ampleur cette année ?? A quelle heure exacte Leo va t'il rentrer en
colère ??
Seulement ... seulement ... mais voici le récit de
l'épopée léonique que j'ai eu la chance inouie de vivre
avec deux amis, Cédric Rouvier et Olivier Vallejo:
"Mercredi soir. Privas (Ardèche). Temps couvert...Nous avons peur
d'un naufrage désastreux... L'ambiance est tendue, la fatigue,
l'énervement contre la météo ...
Manquerons nous encore le max cette année ??
Scrutage anxieux des cartes météo...
Nous décidons de descendre vers un sud qui offre (toujours !) plus de
promesses.
A Montélimar, le temps de prendre Olivier, et un coup d'oeil peureux nous fait
découvrir un ciel assez dégagé ! Une vague d'espoir
et d'excitation me pénètre subitement.
Nous continuons vers St Montant, et bifurquons vers l'Ardèche (profonde).
Déjà les premières flèches filantes du vaillant
félin nous font vibrer dans la voiture. Olivier, profitant de la lunette
(!) arrière est passablement énervant. La tache de conducteur est
des plus difficiles à assumer. La Grande Ourse se fait transpercer par
de belles lances brillantes. DEJA !!
Vite !! Attention au virage quand même ! L'émotion nous gagne... serait
ce enfin pour cette nuit cette pluie tant attendue ??
Nous nous arrêtons après Larnas, sur le bord de la
départementale. Pas la peine d'aller plus loin.
OUF !! Le ciel est dégagé !!! Et même beau !! (mag. 6 sans
problème en visuel)
Froid ! Chacun enfile son équipement de stargazer en vitesse, tout en levant
les yeux (ce n'est pas très facile)... mon dieu ! Ca passe !
Début des observations sérieuses vers 1h30.
Olivier décide de compter. Espoir perdu au bout de 3/4 d'heure...
déjà plus de 500, et il ne compte que celles qu'il voit le pauvre
(soit à peine le tiers...)!
Il en passe de tous les côtés... Nous gueulons comme des putois, des
interjections pas toujours catholiques volent au rythme des étoiles filantes
... il ne s'écoule pas 3 secondes sans qu'une nouvelle Léonide
déchire le ciel. L'ambiance est là, la joie et la bonne humeur
d'assister à un beau spectacle.
Et puis Leo nous terrasse sur le coup des 2h TU (bravo pour la
précision des astronomes qui avaient prédi cette horaire !).
Le ciel se déchire, transpercé par des salves ravageuses.
Parfois une dizaine de Léonides traversent en même temps la
voûte étoilée ... de tous les côtés ...
Le silence s'impose, du moins nous est imposé par la grandeur du spectacle.
Je suis cloué, crucifié sur mon relax. Je n'ai pas envie ni de
parler, ni de bouger. Les larmes me montent aux yeux...je pleure...
Le ciel se remplit de traînées !! Des traces encore
fraîches à droite, à gauche, au zénith ...
L'impression qui m'assaillit est celle d'un passage dans
l'hyperespace à bord du Millenium Condor... Le radiant est évident, vivant
... On a un sentiment de mouvement extraordinaire
...c'est peut être la première fois que je comprends si fortement
que nous sommes embarqués sur un superbe engin spatial : La Terre, qui
file à toute allure sur sa trajectoire ... Je vibre avec la Pensée
Universelle, en harmonie parfaite avec le Cosmos, j'entre en résonance.
Je suis tout petit, là, mais j'ai assisté à cette faveur des Dieux.
Je n'ai pu ressentir cette émotion que trop rarement,
lors des seuls très grands moments cosmiques (lors de ma première
Eclipse partielle de Soleil en 1994, et pendant la Totale de 1999...).
L'activité continue assez longtemps. Puis semble décroître
(Comparativement !!! Toute chose étant égale par ailleurs...)
bien que de nombreuses salves (qui font comme les dents d'un rateau) ponctuent le
ciel.
Complètement blasés, écoeurés, (fous de joie !) nous
décidons de rentrer à 5h30, après une nuit qui n'a
semblé durer que quelques minutes tant le moment a été
intense !
Le temps de replier les affaires et c'est encore plusieurs dizaines de
Léonides qui nous narguent...mais 10 de plus, 10 de moins ...
aprè plusieurs milliers ...
Nous n'avons vu que quelques bolides...(une dizaine), mais beaucoup de traces
restant jusqu'à plusieurs minutes. Deux ou trois bolides en particulier ont
provoqué de fortes ombres, tandis qu'un autre nous a littéralement
éblouis d'un bleu électrique (Mag estimée à -15,
car bien plus brillant que la PL), laissant son empreinte sur nos pauvres
rétines chétives d'astronomes fatigués et une trace dans
le ciel pendant plus d'une dizaine de minutes !!! Même de dos, il était
impossible de louper l'éclair électrique produit par ces gros
météores ... une expérience unique : voir son ombre se découper
sur le sol au passage d'un bolide.
Bref... habitués aux "pauvres" prestations des autres essaims annuels.. il va
être dur de se remettre de cette nuit folle (Décidement cette année
99...après l'Eclipse et ca...)!!!
En espérant de tout coeur que vous avez aussi pu profiter de ce fabuleux spectacle."
Pour plus de renseignements sur la cuvée Léonides 1999 :
La page Léonides 99 de l'IMO
Un autre récit :
Les Carnets de l'Astronome
Si vous aussi, vous avez assisté à ce spectacle 1999 @ Léonides,
envoyez moi un mail, pour faire figurer un lien ici-même.
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