Eclipse au Chili en 1994

 

 

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Sur cette page, nous avons rassemblé des informations sur les éclipses de soleil. Vous y trouverez un récit de notre première éclipse totale, des photographies et des conseils ainsi que des liens vers les sites que nous avons trouvés particulièrement utiles sur le sujet.

Sommaire 

Le récit de l'éclipse du 3.11.1994 dans les Andes ou les succès et les déboires de deux astronomes amateurs observant leur première éclipse totale

Nos photos de l'éclipse totale de 1994

Le matériel que l'on a utilisé lors de l'éclipse de 1994

Les conseils, tirés de notre première expérience

Les prochaines éclipses totales

Les liens sur le sujet des éclipses totales

 

 

Le récit de l'éclipse de 1994 dans les Andes

ou les succès et les déboires de deux astronomes amateurs observant leur première éclipse totale de Soleil

 

Le jour J-2

Le bric-à-brac des astronomes à l'aéroport de Santiago

Le 1er novembre 1994, nous devons prendre l'avion de Santiago pour joindre la ville d'Arica, située au nord du Chili proche des frontières péruviennes et boliviennes, au bord de l'Océan Pacifique.

Nous arrivons très tôt à l'aéroport afin d'être sûrs de pouvoir prendre l'avion. Nous savions que sur ces vols, il y avait de l'overbooking (trop de billets vendus par rapport au nombre de places dans l'avion). Le hall de l'aéroport se fait envahir peu à peu de touristes de toutes les nationalités, et d'un bric-à-brac de caisses d'instruments et de matériel optique et photographique.

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Plan de situation, le lieu d'observation était situé près de Putre

Un accueil mémorable

A l'hôtel à Arica, l'accueil est quelque peu surprenant. Quatre personnes du groupe doivent partir loger à la caserne de la ville, car l'hôtel n'est pas terminé et le nombre de chambres est insuffisant pour loger tous le monde. Nous faisons partie des personnes du groupe qui logent à l'hôtel où l'on nous prie de patienter 20 minutes car les chambres ne sont pas encore faites. Environ une heure plus tard, nous comprenons ce que signifiait "pas faites". Les ouvriers sont encore dans les salles de bains en train de poser catelles et robinetterie ! Après quelques heures et moultes discussions avec le gérant et le propriétaire de l'hôtel, nous réussissons à obtenir des chambres dignes de ce nom.

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Au premier plan, la piscine (opérationnelle), au second plan, le restaurant (en travaux !)

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Le parc national Lauca, 2 jours avant l'éclipse, l'aspect du ciel est préocuppant !

Le jour J

2h30... le réveil sonne !

Le 3 novembre 1994, à 2h30 du matin le réveil sonne. A demi-éveillés, nous emportons le matériel soigneusement préparé la veille et nous montons à bord du minibus garé devant l'hôtel. A 3 heure précises, nous quittons la ville d'Arica, en direction de Zapahuira, lieu situé à environ 3500m d'altitude, quasiment sur la ligne de centralité. Le ciel est totalement couvert, mais nous sommes sereins car nous savons que nous allons nous élever au-dessus de cet opaque couvercle nuageux.

Le début de l'éclipse est prévu pour 8h20, mais une seule route - goudronnée pour l'occasion - mène au village de Putre, où de nombreux astronomes amateurs se sont déjà rassemblés la veille et où d'autres doivent les rejoindre le matin de l'éclipse. Des rumeurs circulaient sur l'hypothétique encombrement de la route à cause du nombre important de véhicules et des contrôles de police, c'est pourquoi la décision a été prise de partir très tôt.

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Le groupe des pompiers de la région vendait des autocollants "souvenir"

Pour parvenir à Zapahuira, la route s'élève, longeant le flanc des montagnes, serpentant à travers un paysage aride habité de cactus candélabres centenaires. Arrivés à 1000m d'altitude, nous franchissons le plafond de nuages. Le ciel austral superbement étoilé se présente alors à nous. Le fond du ciel est tellement sombre, que l'on a l'impression que la Voie Lactée nous éclaire. Nous nous sentons alors pleinement rassurés, car les jours précédents la météo n'a pas été très clémente dans la région.

Mais ces taches sombres dans le ciel étoilé, ce sont... des nuages !

A l'approche de Zapahuira, des zones de ciel sans étoile nous surprennent. Il faut malheureusement se rendre à l'évidence, le ciel se couvre peu à peu. Oh rage ! oh désespoir ! cette éclipse de 1994 devait être exceptionnelle à cause de la grande probabilité de beau temps (90%), et voilà que les probabilités nous jouent un mauvais tour et que l'on tombe misérablement dans les 10% de risque de mauvais temps.

Vers 5h, nous arrivons sur le site d'observation réservé par le tour opérateur qui nous a pris en charge. Une tente a été dressée et un feu réchauffe les personnes déjà sur place. Il fait encore nuit.

Le ciel s'éclaircit peu à peu vers l'est. Tendus, nous observons avec attention la valse des nuages. Les gens commencent peu à peu à installer leurs télescopes, trépieds, appareils photo, caméras... Nous recherchons l'endroit idéal afin d'essayer de voir l'ombre lunaire arriver juste avant la totalité. Vers 7h, le soleil se lève.

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Le site d'observation

A 8h20, la lune commence à entamer le disque solaire par le haut (premier contact). L'observation est aisée à travers une feuille de mylar. Le second contact (début de la totalité) est prévu à 9h20. Vers 9h, des nuages s'avancent, menaçants vers le soleil. L'un de ceux-ci va même faire disparaître le soleil au travers de nos filtres en mylar. Jusqu'au dernier moment, le voile nuageux devant le soleil nous fait craindre de ne pas pouvoir voir la couronne au moment de la totalité.

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Le disque solaire est entamé par le bord lunaire

Brusquement, il fait sombre et froid et... Vénus apparaît

Enfin, l'instant tant attendu arrive : le début de la totalité. Jusqu'à l'instant précis du 2ème contact, le soleil est éblouissant et le ciel est encore relativement clair. Puis, brusquement, tout le paysage plonge dans la nuit (pas tout-à-fait noire, sans doute à cause des réflexions de la lumière solaire sur les nuages). Le disque lunaire n'est pas complètement sombre à cause d'un léger voile nuageux. Un point brillant apparaît subitement à environ 6° en haut à droite du soleil, c'est Vénus.

La couronne, de forme allongée, n'est pas très grande, ce qui ne nous surprend pas trop car le soleil est proche d'un minimum d'activité. Le ciel est de couleur gris-bleu crépusculaire et l'on distingue encore bien le relief et les gens assemblés sur la place. Au loin, où le soleil n'est pas encore totalement éclipsé, les montagnes sont encore claires. Jupiter et Mercure demeurent invisibles, masqués par des bandes de nuages. La température de l'air s'est sensiblement rafraîchie.

Un spectacle beau à couper le souffle

Nous avons de la difficulté à prendre des photos, tellement le spectacle est beau, à couper le souffle. Subitement, nous remarquons à l'aide des téléobjectifs, une protubérance de couleur rouge qui se dessine à partir du bord lunaire vers l'auréole solaire. Le spectacle est indescriptible. En train d'observer l'éruption, nous sommes surpris par l'apparition brutale d'un immense spot lumineux qui nous aveugle immédiatement. C'est la fin de la totalité (3ème contact). La totalité a duré un peu moins de 3 minutes. Trois minutes qui paraissent être 10 secondes, à peine le temps d'apprécier la beauté du phénomène.

Au loin, les montagnes qui tout à l'heure brillaient encore au soleil, s'assombrissent maintenant sous l'ombre de l'éclipse qui s'éloigne de nous. Nous n'avons pas eu la présence d'esprit de chronométrer l'éclipse, mais selon les éphémérides, la totalité devait durer 2m59s à Putre, non loin de là, alors qu'à Arica seulement 1m51s. Une flûte de pan résonne à nos oreilles, puis d'autres flûtes, des guitares. Un groupe musical andin fait prolonger l'intense émotion de l'éclipse.

Un retour précipité

Le quatrième contact, nous ne le verrons pas, car nous devons très rapidement abréger la fête et redescendre à Arica à cause du mal de la montagne qui terrasse l'un des membres du groupe. Le mal des montagnes est causé par la raréfaction de l'oxygène qui oblige muscles et cœur à travailler plus vite. Les premiers symptômes sont des maux de tête, une faiblesse générale. Lorsque le mal se manifeste de façon intense il faut rapidement descendre en-dessous de 3000 mètres car dans les cas extrêmes le mal des montagnes peut provoquer un œdème pulmonaire ou une congestion cérébrale. Il n'y a aucun remède au mal des montagnes sinon de redescendre à basse altitude et attendre que cela passe.

 

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Nos photos de l'éclipse totale de 1994

 

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Totalité au 28 mm, film couleur dia Elite 100, 1/2 sec, F/D=4.

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L'éclipse est encore partielle !

Film noir-blanc Ilford FP4 125 ASA, objectif 500 mm, F/D=8, avec filtre mylar, temps de pose automatique.

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Enfin la totalité ! (durée de la totalité environ 3 minutes)

Film noir-blanc Ilford FP4 125 ASA, objectif 500 mm, F/D=8, 1/15 sec (sans filtre).

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Grains de Bailey (3e contact)

Film Ilford FP4 125 ASA, objectif 500 mm, F/D=8.

 

 

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Le matériel utilisé lors de l'éclipse de 1994

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L'observateur et son matériel

 

Nous étions équipés de matériel léger:

2 trépieds.
1 boitier reflex Canon A1 avec zoom 28-135mm, film couleur dia Elite 100 ASA..
1 boitier reflex Minolta XG1 avec téléobjectif catadioptrique (miroir) de 500mm, film noir-blanc Ilford FP4 125 ASA..
déclencheurs souples et piles de rechange.
des filtres au mylar pour les objectifs photo et pour visualiser l'éclipse à l’œil nu. Le mylar est bien connu par les astronomes amateur pour réaliser à faible coût des filtres solaires pour leurs instruments. Le mylar s'achète par feuille.
des jumelles de voyage 8x30.

Nous avions choisi un film couleur diapositives pour les photographies de l'éclipse avec le paysage et Vénus. Le film noir-blanc a été choisi pour l'objectif 500mm, de cette façon il est plus aisé de traiter les photos (nous disposons d'un labo photo noir-blanc).

 

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Les conseils tirés de notre première expérience

 

Les temps de pose

Nous n'avions pas d'idées préalables des temps exacts pour obtenir les grains de Bailey, la couronne interne et externe, les protubérances. Nous avons donc décidés d'essayer une large gamme de temps de poses (1/1000e sec à plusieurs secondes). Cette stratégie s'est révélée payante. En effet, les temps de poses courts nous font voir la couronne internet et les grains de Bailey et les temps plus longs font découvrir la couronne externe. Il faut toutefois faire attention, car les temps de poses dépendent fortement des conditions atmosphériques (diffusion par les nuages).

La préparation d'un programme pour la photo

La totalité dure quelques minutes (ne dépasse jamais 8 minutes) et ce dont on ne tient pas compte lors de la préparation c'est de l'émotion que suscite la vision d'un tel phénomène. Le temps passe beaucoup plus vite que l'on ne croit. A l'avance, il faut préparer un programme pour la photographie (choix du film, de l'objectif et des temps de poses à réaliser).
Ce programme ne doit pas être trop ambitieux, sinon l'on risque de passer toute la durée de la totalité le nez collé à son appareil photo en oubliant de regarder l'essentiel. L'idéal est de balayer une plage de temps de poses (par exemple du 1/1000e à la seconde ou même plus si le ciel est sombre). Pour se donner une idée du programme à réaliser, on peut en préparer un qui nous occupe durant toute la durée de la totalité, puis on le divise par deux ou par quatre.

 

Divers conseils

Durant la totalité, tout changement de configuration doit être évité (objectif, film, etc...), ce n'est que perte de temps et risque de problème.
Ne pas oublier d'enlever le filtre mylar pendant la totalité.
Toujours pour des raisons de temps, mieux vaut avoir le moins possible d'instruments d'observation et d'appareils photo. Plus le nombre d'instruments est grand, plus la confusion sera grande.
Il faut penser à vérifier la pile de l'appareil photo et l'état de fonctionnement du déclencheur souple.
Les probabilités de beau temps (même à 90%) ne sont pas une garantie. Si l'on se rend à l'autre bout du monde pour admirer une éclipse, autant prévoir un voyage touristique de la région. De cette façon, si la météo fait des caprices, le voyage n'est pas totalement gâché.

 

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Les prochaines éclipses totales 

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Courtesy of Fred Espenak's Eclipse Home Page: sunearth.gsfc.nasa.gov /eclipse/eclipse.html

 

L'intérêt scientifique des éclipses de soleil totales

Contrairement aux éclipses de Lune, qui scientifiquement apportent peu, les éclipses de soleil totales sont très suivies par les astronomes professionnels. Ce phénomène permet une étude poussée de la couronne solaire, laquelle habituellement n'est pas visible à cause de l'éclat de la photosphère. Cet événement étant rarissime, les scientifiques ont inventé un appareil que l'on nomme coronographe afin d'étudier la couronne du soleil. Cependant, cet appareil ne peut simuler une véritable éclipse, car il ne peut obscurcir le ciel. Les conditions d'une éclipse totale sont donc uniques et irremplaçables pour faire progresser les connaissances sur le soleil.

 

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Les liens sur le sujet des éclipses totales

En Français

Le site du BDL (Bureau des Longitudes)

Le site de la SAF (Société Astronomique de France)

Un site perso consacré aux éclipses (M. Tlouzeau) avec des liens vers d'autres sites sur le sujet

Le site d'Emmanuel Lesieur dédicacé à l'éclipse du 11 août 1999

En Anglais

Le site de la NASA (F. Espenak) avec des cartes et une foule de renseignements.

The Earth View Eclipse network

En Allemand

Le site suisse d'astroinfo

 

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