Ce vendredi soir je suis à Wassy, en Haute-Marne. La journée fut belle sur Paris et la météo prévoit une belle plage d'éclaircie dans la nuit pour l'Est de la France. J'espère cette fois que la météo ne se plantera pas et me permettra d'observer : depuis que je suis sur Paris même, l'observation est plus difficile.

Ce soir, donc, on prévoit du beau temps. Effectivement le temps vers 22h est plutôt bon. Le temps de voir que ça se maintient et de me préparer, je me retrouve dans le jardin, à 23h, prêt à observer avec des jumelles 12x50 (J50x12). Pendant que je sors la chaise longue je me rends compte que le ciel est régulièrement barré de voiles nuageux. Le vent en altitude à l'air d'être assez fort, vu que ces voiles filent et se succèdent à tout allure. Mais entre deux nuages le ciel est bien transparent.

Ne sachant pas comment ce temps mi-figue, mi-raisin va évoluer, je m'attaque aux grand classique pour me rincer l'œil : la grande nébuleuse d'Orion, NGC 1981, les Pléiades, le double amas de Persée,... Lorsque les nuages ne sont pas là le ciel est exceptionnel : H et χ Persei scintillent de milles feux et les Pléiades regorgent d'étoiles. Ce temps à l'air de se maintenir et je profite des belles trouées qui s'offrent à moi pour aller vers des objets moins familiers : NGC 1647 et 1746 (dans le Taureau) sont de vrais régals aux jumelles : grands peu denses, je comprends pourquoi j'ai autant de mal à bien les voir au télescope. Puis je décide enfin de m'attaquer à mon programme de la soirée. Direction NGC 1662 ! Situà dans le prolongement de l'arc d'Orion, vers le Taureau, c'est un petit amas, non résolu à 12x. On distingue pourtant une certaine granulosité.

Ensuite on passe à NGC 1807 et NGC 1817, deux amas ouvert du Taureau, proche de Collinder 65 (Cr 65). En partant de cet immense amas, je me décale vers Aldébaran. Ces deux amas sont durs à identifier. Ils se détachent peu du fond de ciel et sont peu riches. Assez peu intéressant au final. Cr 65 me rappelle que la constellation d'Orion rassemble deux autres grands amas ouverts : Cr 69 et 70. Si Cr 69 est assez esthétique quoique peu peuplé (une dizaine d'étoiles au plus), Cr 70, autrement appelé l'amas du baudrier d'Orion, est magnifique autour de Alnitak, Alnilam et Mintaka, respectivement ζ, ε et δ Orionis.

Tout en effectuant mon petit tour un paquet de voiles d'altitude me masque une bonne partie du ciel, ne me laissant que les amas du Cocher. J'ai juste le temps d'observer le beau triplé : M 36, 37 et 38. On ne distingue plus que les étoiles principales du ciel : Aldébaran, Capella, Bételgeuse, Rigel. Comme je suis motivé pour un dessin de la nébuleuse d'Orion en grand champ, je me déplace car elle est passée derrière les bouleaux. Dans les jumelles les étoiles sont comme des lampadaires dans la brume, phénomène autant dû aux nuages qu'à la buée que je dépose sur les jumelles bien froides. Je prends mon mal en patience tout en réchauffant les jumelles sous le manteau. Je suis sûr que ça va se lever...

Et j'avais raison : quinze minutes plus tard le ciel est complètement dégagé et très transparent. Orion, me voilà !

Ràgion de M 42 (Orion) : J50, 12x, T=2 à 5, P=2, Wassy (52)

Et j'enchaîne avec NGC 1662 :

NGC 1662 (Orion) : J50, 12x, T=2, P=2, Wassy (52)

Je jette un coup d'œil au couple M 36/38 que je vois dans le même champ de mes jumelles mais l'idée du dessin ne fait que me traverser l'esprit : trop d'étoiles, ce serait titanesque. Comme au bout de ces quarante minutes de dessin mes jumelles se couvrent trop rapidement de buée, à nouveau, je décide de faire une "pause photo". J'installe le reflex sur le pied et je me mets à tirer le portrait des constellations du moment : Orion, Taureau, Cocher, Persée, Andromède,...

Maintenant que mes jumelles sont bien réchauffées, je me promène en recherchant quoi dessiner : Mel 20 est superbe mais un peu trop riche, M 31 toujours aussi belle mais j'aurai bien d'autres occasion, notamment avec un télescope... et M 33 ? Elle est bien visible ce soir alors j'en profite. Le dessin commence bien mais assez vite je trouve que le caractère diaphane de cette galaxie est assez difficile à rendre.

M 33 (Triangulum) : J ø50, 12x, T=2, P=2, Wassy (52)

Je finis le dessin assez difficilement car l'humidité ambiante fait que la buée revient très vite sur les oculaires des jumelles. Je me remets donc à faire quelques photos et je finis par pointer la polaire pour essayer de faire un joli filé d'étoiles. Je ressors les jumelles et pendant que j'en suis au chapitre "Galaxies", je me dirige vers NGC 2403. Je n'ai jamais eu un assez bon ciel pour la traquer au télescope mais ce soir elle doit être accessible. Effectivement en partant de ο UMa on la trouve assez facilement.

La galaxie est visible en VI2 comme une petite tache floue d'environ 20'. Je ne distingue pas d'élongation particulière à ce grossissement. Faudra que j'y retourne avec un télescope. Je ne peux pas ne pas aller faire un petit "coucou" à M 81/82 : la première est vu facilement en VI tandis que M 82 ne se montre qu'en VI3. Les Gémeaux étant maintenant bien levés, je jette un coup d'œil à M 35 : un peu plus gros que les amas du Cocher, il convient parfaitement aux jumelles. J'essaie NGC 2420, proche de la nébuleuse planétaire Esquimau mais je n'arrive pas à détecter l'amas. M 44 n'est pas loin et l'amas de la Crèche rempli une grosse partie du champ. Je me dis qu'il mériterait un dessin mais la fatigue commence à se faire sentir. Je continue donc mon dernier petit tour tranquillement.

Vu le ciel je me dis que des objets assez durs doivent être possible. J'essaie M 78 dans Orion mais je pense que l'objet est un peu trop petit pour être vu aux jumelles. En passant je remarque que le Grand Chien est bien levé mais il baigne dans un peu de pollution lumineuse du fond du jardin. Tant pis ! Je pointe quand méme M 41 mais le fond de ciel très clair gâche un peu le plaisir. Je remonte vers la Licorne pour titiller les amas ouverts du coin : M 48 est véritablement superbe, M 46 et 47 se défendent bien ainsi que M 50, un peu plus spectaculaire car plus au-dessus de la pollution.

Il est environ 2h : la fatigue arrive et en plus je dois me lever pas trop tard pour aller demain au festival de la photo de Montier-en-Der. Je range donc le matériel, complètement trempé par l'humidité de plus en plus forte au cours de la nuit : en rangeant mon appareil photo je me demande ce que je vais voir sur mon filé d'étoiles vu la quantité de buée sur l'objectif... Ceci n'augure rien de bon pour le lendemain : effectivement je me réveille 6h plus tard sous de lourds nuages de pluie. Mais au moins j'ai passé une nuit du tonnerre !

Brandobras