LES TECHNIQUES DE RECHERCHE COMETAIRE

I. SITE ET CONDITIONS D'OBSERVATION

    Nous avons de la chance que les villes de France soient construitent à la campagne. Une large proportion des découvreurs actifs d'aujourd'hui parcourent des dizaines de kilomètres pour atteindre leur site d'observation : Bradfield, les californiens (Maccholz, ...), etc. Il devient rare de trouver un site dépourvu de toute trace de pollution lumineuse urbaine. Bradfield a tourné la difficulté en sélectionnant un site au Nord-Ouest d'Adélaide pour les recherches le soir et un autre au Nord-Est pour les recherches du matin.

    Le lieu sélectionné doit fournir des conditions favorables, les mêmes que pour l'observation des nébuleuses et  galaxies. Par ciel clair il doit etre possible de distinguer des étoiles jusqu'à la magnitude 6-6,5 à l'oeil nu. Nous éviterons les reliefs où se forment diverses nuisances atmosphériques comme le brouillard, la turbulence où bien même le vent glacial. Il faut aussi penser à l'accoutumance à l'obscurité en évitant les lieux de passage (phares de voiture !). Chacun de nous à sa propre expérience de ces problèmes. Le site doit être adapté à la technique employée horizon bien dégagé à l'Est où à l'ouest pour les recherches au voisinage du Soleil, où à l'horizon Nord pour la période estivale sous nos latitudes.

    Quant aux conditions météorologiques, est-il nécessaire de dire que la recherche de comètes est incompatible aver le fog londonien ? Le moindre voile de cirrus compromet les recherches. Attention aux brumes à l'horizon ! Les trainées d'avions sont un autre fléau. La Lune est à ranger dans le même panier. Le calendrier du chasseur de comètes est un calendrier lunaire. Pour chaque moitié du ciel, à l'Ouest et à l'Est du méridien, la Lune est considérée comme genante pendant une dizaine de jours : du 4ème au 16ème jour de la lunaison pour les observations le soir, du 12ème au 24ème jour pour les observations matinales. Il est donc possible d'observer des deux cotés du Soleil huit jours autour de la nouvelle Lune. On peut poursuivre les séances du matin jusqu'au 12ème et reprendre les séances du soir le 16 ou 17ème jour de la lunaison.

    En adaptant son emploi du temps, un observateur sérieux n'aurait que 5 jours d'interruptions autour de la pleine Lune. Cependant le pourcentage de nuits claires est un paramètre important. Un programme de recherche de haut niveau peut difficilement etre mené depuis une région où un observateur disposerait de moins de 50 nuits claires sans Lune chaque année.

    Les chasseurs assidus ont bien souvent signalé qu'ils réalisaient annuellement une centaine de séances (soir ou matin) afin d'accumuler de 100 à 200 heures de surveillance. Il faut tout de même remarquer que certains découvreurs ne bénéficient pas forcément d'un climat californien : Georges Alcock en Angleterre par exemple. Pons et Messier découvraient en moyenne une comète par an depuis le sol français !

    Le genre d'instrument employé dans les recherches visuelles est directement lié à la méthode appliquée et à la région du ciel où l'on observe.

    Nous savons que les comètes sont plus brillantes au voisinnage du Soleil. Nous avons donc plus de chance de découvrir des comètes a l'horizon Ouest le soir ou a l'horizon Est le matin, ces deux zones etant interdites à la photographie.

    Une proportion importante des découvertes sont effectuées à moins de 60° du Soleil. Il est utile de dire que certaines comètes sont détectables en plein jour près du bord solaire (comètes du groupe de Kreutz) qui peuvent très bien ne jamais devenir observables de nuit : Ces comètes peuvent etre repérées à l'aide d'un coronographe solaire ou bien pendant une éclipse de Soleil (comète 1984 XI, le premier novembre 1948).

    En dehors des cas particuliers, le choix de la portion de ciel nocturne surveillé nous permet de définir le type de monture a priori la mieux adaptée : Azimutale pour le balayage au voisinage de l'horizon et du pôle céleste ; équatoriale ailleurs.

Type de monture

    L'instrument du chasseur de comètes doit avoir deux qualités : maniabilité et grand champ. Les mouvements doivent etre extrèmement doux, en particulier celui qui correspond au sens du balayage, par exemple l'azimut pour les balayages à l'horizon. Le mouvement perpendiculaire doit etre bloqué efficacement pour éviter tout décalage intempestif. Il est fondamental que le support de la monture soit stable et si possible peu encombrant. On préférera les pieds colonnes aux trépieds.

    Il faut songer à un certain confort de l'observateur pendant le balayage. Il est extrêmement désagréable de demeurer plié à l'angle droit pendant une observation prolongée, surtout si on doit tourner autour du télescope. En ce qui concerne les télescopes Nevton à monture azimutale, une astuce consiste à positionner le miroir secondaire dans l'axe de hauteur afin que l'oculaire se trouve tout le temps à la même hauteur (système préconisé par R.Austin sur son 200 mm).

    L'idée d'employer une monture azimutale n'est pas à négliger pour les jumelles. Il est. très éprouvant de tenir à bout de bras pendant une demi-heure des jumelles de plus de 80 mm d'ouverture. Les pieds de caméra permettront de les stabiliser en hauteur pendant une passe de balayage horizontal.

    William Bradfield a découvert 10 comètes avec une lunette de 150 mm fabriquée à partir d'un objectif de récupération ; la monture est une azimutale rustique construite sur le même modèle que celui dessiné par Couder et Texereau.

    Pour la recherche en équatorial, l'observateur s'intéressera aussi aux montures plus compactes qui permettent de s'éloigner du pied. Les lunettes et télescopes à fourches sont en général assez ouverts (F/8 à F./5) et sont moins encombrants que ceux installés sur des montures à berceaux et permettent d'observer l'horizon Nord. Le plus gros problème en équatorial concerne le changement de position de l'oculaire suivant l'angle horaire.

Combinaison Optique

    Les réfracteurs ouverts de F/8 à F/15 étaient très répandus jusqu'au début de ce siècle. Les télescopes courts se sont multipliés ensuite quand la technique de fabrication des miroirs et d'aluminisation a été maitrisée. Il faut bien saisir que l'avantage des télescopes Newton provient essentiellement de leur encombrement réduit, ils ne sont pas nécessairement mieux adaptés.

    Que nous utilisons une lunette de 150 mm à F/10 ou un Newton de 150 mm à F/5, une comète sera perceptible de la même manière dans les deux instruments si nous employons le même grossissement. La clarté du fond du ciel est la même. La seule différence se situe au niveau de l'oculaire qu'il faudra employer pour obtenir ce grossissement.

    De la même façon qu'en astrophotographie, la recherche visuelle impose de trouver un compromis entre la surface de ciel controlée et la profondeur du balayage, autrement dit la magnitude de la plus faible comète détectable. Nous devons balayer relativement vite avec un champ le plus large possible. Le grossissement employé est voisin du grossissement équipupillaire, ou un peu plus fort pour augmenter le contraste (D/5 ou D/6). Il est donc tout à fait compréhensible que nous raterons les comètes les plus faibles.

    Le réflexe qui nous conduirait à employer un instrument plus puissant est à contrôler rigoureusement, le nombre d'objets perturbateurs augmentant comme le carré du diamètre, on consacrerait un temps prohibitif à identifier des fausses comètes. Pendent ce temps, la Terre tourne et les vraies comètes s'approchent de l'horizon. Les considérations théoriques sur le nombre de comètes accessibles tendent à montrer que si l'on double l'ouverture de l'instrument, on peut détecter deux fois plus de comètes et non pas quatre fois comme les objets perturbateurs. Par contre le temps de balayage augmente comme le carré de l'ouverture. Ceci veut dire que l'efficacité de la recherche baisse de moitié lorsque l'on double l'ouverture de l'instrument. Nous avons donc deux fois moins de chance de découvrir une comète avec un T300 qu'avec un T150 cette conclusion est tout à fait en phase avec la réalité expérimentale des découvertes visuelles.

    Une ouverture de 150 mm parait un excellent compromis pour balayer une grande surface chaque soir jusqu'à une magnitude intéressante (11, ...). Les amateurs ont découverts des dizaines de comètes avec des instruments de cette puissance (Bradfield ...). Du coté des gros instruments, nous trouvons en particulier des télescopes équatoriaux de 400 mm et plus (Meier, Cernes, Levy,...).

La méthode altazimutale

    Nous nous intéresseront ici en priorité aux zones du ciel où la probabilité d'apparition d'une comète est la plus élevée : à l'horizon Ouest peu après le coucher du Soleil, à l'horizon Est peu avant le lever du Soleil. Nous discuterons de l'utilité de balayer l'horizon Nord en période estivale.

Balayage horizontal

    Les séances de recherche ont lieu en dehors de la période crépusculaire : compter environ lh30 après le coucher du Soleil (soir) ou s'arrêter 1h3O environ avant son lever (matin).

    Il est peu rentable de chercher dans les lueurs crépusculaires, compte tenu de l'intense absorbtion. Il n'est pas souhaitable de s'approcher à moins de 10° de l'horizon.

Balayage du soir...

    Nous commençons à pointer le télescope à 30° ou 40° en azimut plus au Sud que le point de l'horizon où le Soleil a disparu. La première passe est effectuée horizontalement vers l'Ouest et le Nord-Ouest jusqu'à atteindre le point symétrique du point de départ par rapport au coucher du Soleil.

    La technique du zig-zag consiste à faire la deuxième passe dans le sens contraire de la première ; nous décalons en hauteur en nous éloignant de l'horizon d'une valeur égale à 80 ou 90% du champ afin de laisser un certain recouvrement d'une passe à la suivante ; nous repartons vers l'Ouest et le Sud-Ouest jusqu'à atteindre un champ situé à la verticale du point de départ de la première passe.

    Puis nous décalons en hauteur, toujours en nous éloignant de l'horizon ; nous repartons vers le Nord-Ouest et ainsi de suite jusqu'à la hauteur voulue.
 

Le balayage en "zig-zag"

    Si nous tenons absolument à tenir des zig-zags, la solution pour assurer une couverture complète consisterait à ne pas décaler en hauteur en fin de passe, au changement de sens. Le contrôle serait effectué à hauteur constante par rapport à l'horizon : nous laissons à la rotation terrestre le soin de faire défiler le ciel dans les bandes que nous surveillons. Cependant cette technique présente deux inconvénients : le recouvrement est cette fois ci trop important juste aprés le changement de direction: l'efficacité n'est pas meilleure.

    Nous observons dans des conditions uniformément médiocres puisque nous observons à la même hauteur de l'horizon où l'absorbtion y est relativement élevée. Deux principes se dégagent de ces premières remarques :

Les bananes liées au balayage en "zig-zag"

    William Bradfield conseille de toujours balayer dans le même sens (pas de zig-zags), du Sud-Ouest vers le Nord-Ouest par exemple. La fin de chaque passe horizontale est suivie d'un retour rapide au vertical de départ d'azimut constant.
 

Le balayage horizontal

Vitesse de balayage

    Le décalage en hauteur doit tenir compte du temps requis pour une passe et de l'effet de rotation terrestre. Au point cardinal Ouest, le mouvement vertical est de 15'.cos L en une minute, où L est la latitude du lieu. Pour une latitude de 45°, une bande de 10' à 11' de hauteur disparait sous l'horizon chaque minute.

    Supposons que nous décrivons une passe de 60° en 3 minutes avec un champ de 2° de diamètre, le recouvrement vertical est fixé à 15' d'une passe à la suivante. Pendant les 3 minutes, une bande de 30' va descendre dans la bande que nous venons de balayer. Le décalage en hauteur doit donc se limiter à 2°30'15', soit 1°15' afin de ne pas rater une tranche de ciel horizontale.

    Nous voyons alors les effets suivants : si nous utilisons un champ inférieur à 1,5' de diamètre, la zone nouvelle balayée à chaque passe a une largeur inférieure à 1° ; si une passe nous demande plus de 3 minutes, notre éloignement de l'horizon est trop lent. Bradfield se limite généralement à une zone de 50° en azimut qu'il balaie en 2 minutes avec un champ de 2° de diamètre. Il contrôle ainsi 1°20' en hauteur à chaque passe. Il lui faut 1h3O pour monter jusqu'à une hauteur de 60° au-dessus de l'horizon. Le temps consacré à l'analyse des champs est inférieur à 3 secondes, ou moins d'une seconde par degré carré.

    Le fait de la rotation terrestre limite fortement la longueur des passes. Il est déconseillé de chercher à balayer 90° en azimut si le champ de l'instrument à un champ inférieur à 3°. Avec les retours rapides à une même verticale, la zone couverte est balayée rigoureusement et les passes dessinent des bananes liées à la rotation terrestre et qui sont parfaitement juxtaposées grace à la méthode de Bradfield.
 

Le balayage horizontal

    Il parait plus judicieux de rechercher un peu plus loin du Soleil que de s'étendre en azimut un soir donné. Nous explorerons de plus grandes élongations, en suivant l'écliptique par exemple. Les zones contigues en azimut feront l'objet d'autres séances.

Balayage du matin

    La procédure appliquée au matin obéit aux mêmes principes : pas de zig-zags, passes d'environ 60° en azimut si le champ est de l'ordre de 2°. La méthode classique consiste à suivre le schéma inverse de celui du soir : on commence 60° au dessus de l'horizon et on descend progressivement en appliquant la même méthode que précédemment sur le recouvrement en hauteur et sur la vitesse de balayage. Nous devons en principe terminer à 10° de l'horizon aux premières lueurs de l'aube.

    La vitesse de balayage (passes de 2 ou 3 minutes) doit être scrupuleusement respectée pour ne pas arriver à l'horizon trop tôt ou trop tard. Bradfield conseille de procéder différemment. Nous commençons bien sûre 1h3O ou 2h avant l'aube (3h ou 3h30 avant le lever du Soleil). Une première zone est controlée de 15° à 60°, en s'éloignant de l'horizon. Nous avons moins de risque de rater une bande, le recouvrement de 15' peut être réduit, voir même supprimé. Au lieu de controler 1°15', nous contrôlons 1`30', la couverture est plus rapide en hauteur. Quand nous avons atteint une hauteur voulue (60°), nous descendons immédiatement à 15° de l'horizon.

    De nouvelles zones se sont levées pendant la durée de notre première ascension, c'est à dire de 1h à lh30. Nous recommençons à monter jusqu'à rejoindre la première zone controlée, avec un  léger recouvrement. Une troisième et éventuellement une quatrième manoeuvre permettront de balayer plus bas, à environ 10° de l'horizon, en tout cas plus près du Soleil, jusqu'à l'aube.

Réflexions sur l'efficacité des gros instruments à l'horizon

    Supposons que nous utilisons un instrument dont le champ a un diamètre inférieur à 1°, un T300 par exemple. Pour balayer une bande de 40' de hauteur à chaque passe, avec un recouvrement de 10', la durée d'une passe doit être limitée à 1 minute. Une passe de 60° en azimut impose de ne consacrer qu'une seconde au contrôle d'un champ, contre 2 à 3 secondes pour le champ apparent d'un T15O. Dans ces conditions, il n'est pas évident que la puissance de l'instrument soit exploitée pleinement.

    Le champ propre des oculaires est toujours voisin de 45 à 50°. Nous avons besoin d'un laps de temps identique pour analyser un champ stellaire de 1° de diamètre avec un T300 qu'un champ de 2° avec un T15O. Utiliser 3 secondes pour analyser un champ de 1° de diamètre impose de consommer 3 minutes pour une passe de 60° ; or, le ciel tourne de 30' aux points cardinaux Est et Ouest. La hauteur de bande contrôlée à chaque passe devient ridicule ou alors il faut se limiter à des passes très étroites en azimut (30° !) et repousser aux séances suivantes le contrôle des zones adjacentes. Nous nous éloignons donc des conditions optimales qui garantissent le succès des méthodes azimutales.

    Les gros instruments d'un diamètre supérieur à 250 mm sont assez mal adaptés aux recherches à l'horizon. Il faut etre extrêmement rapide. Seuls les observateurs très expérimentés connaissant très bien le ciel peuvent se permettre les gros diamètres. Il faut au préalable avoir étudié la zone que l'on balaiera à l'aide d'un atlas (Uranométria 2000 ; Sky Atlas 2000 ; Falkauer Atlas ; Stellarum ; etc ...) sous peine d'être dépassé par les événements ou rattrapé par l'aube, voir même happé par l'horizon.

Balayage vertical

    Les conseils de Bradfield sont toujours valables, transposés : revenir à un même parallèle (à l'horizon), pas de zig-zags. Il est peut-être critiquable d'employer le balayage vertical sous nos latitudes. Le temps nécessaire pour parcourir 60° en azimut par tranches verticales de 2° risque de nous conduire à rater une comète près de l'horizon à l'autre extrémité de la zone couverte. La méthode horizontale met en priorité le contrôle des zones plus proches du Soleil. Ceci paraît plus fiable.
 

Le balayage vertical

    Le balayage vertical est beaucoup mieux adapté à d'autres régions du ciel, autour du méridien en particulier, là où les comètes ne risquent pas de se coucher dans la demi-heure qui suit. Les gros télescopes de type Dobson de 250 mm et plus trouveraient. bien leur place dans la recherche des comètes plus faibles loin des horizons Est et Ouest.

    Le balayage vertical est bien adapté dans deux autres cas : observations depuis les pays situés en région équatoriale ; le balahage vertical est alors équivalent à un balayage équatorial. Attention, les étoiles descendent verticalement vers l'horizon à raison de 1° en 4 minutes, alors que pour un pays situé à la latitude L, elles s'approchent de l'horizon à raison de 1° en 4/cos L minutes, soit environ 5 minutes et demi sous nos latitudes. Avec une monture du type Brun (celle du T200 de R.Austin !), on tourne beaucoup moins autour de l'instrument. C'est plus confortable pendant une passe puisque la hauteur de l'oculaire ne change pas.

Balayage à l'horizon nord

    Sous nos latitudes, l'horizon Nord est intéressant pendant la période estivale car le Soleil se couche au Nord-Ouest et se lève au Nord-Est. Il y a donc une zone à forte probabilité de comètes nouvelles qui passe en-dessous du pôle Nord céleste ; notons que c'est valable aussi pour l'horizon Sud pendant l'été austral. A 0h TU, le Soleil est à son point le plus bas en dessous de l'horizon Nord. Les régions les plus intéressantes se situent bien sur au Nord-Nord-Ouest entre la fin du crépuscule et 0h TU, et au Nord-Nord-Est entre 0h TU et l'apparition des premières lueurs de l'aube.

    La marge de manoeuvre est assez étroite compte tenu justement du coté crépusculaire des nuits de mai à juillet. L'avantage que l'on aurait de découvrir une comète sous le pôle se situe dans le loisir qui nous est laissé pour vérifier l'observation sans craintes de voir la comète disparaître sous l'horizon.

    Le balayage estival de l'horizon Nord peut se pratiquer en deux temps : une séance le soir, de l'Ouest jusqu'au méridien coté Nord ; une séance le matin, coté Nord jusqu'à l'Est. Les passes horizontales sont centrées sur le Nord-Ouest puis sur le Nord-Est. La zone couverte monte jusqu'à l'étoile Polaire. La couverture est plus complète de chaque coté du Soleil que pendant le reste de l'année.

La méthode équatoriale

    La méthode équatoriale ne présente pas tous les inconvénients typiques de la méthode altazimutale. Dans la mesure où notre monture est correctement mise en station, nous pouvons décrire des passes de balayage le long des parallèles d'égale déclinaison. Après chaque passe nous pouvons sans craintes décrire des zig-zags en décalant en déclinaison l'instrument de 90° du champ voire même de 100% si la monture est parfaitement mise en station. Un entraînement horaire opérationnel à piles ou sur secteur serait l'idéal : le moteur est mis en route, le cercle d'ascension droite est calé sur les coordonnées d'une étoile brillante.

    Si nous détectons un objet. suspect, nous n'avons qu'à lire ses coordonnées sur les cercles d'ascension droite et de déclinaison, puis nous chercherons ensuite sur un atlas s'il y a quelque chose à la position déterminée. Le balayage en déclinaison, c'est à dire à ascension droite constante, le long des méridiens, est tout. à fait valable dans les même conditions (entraînement horaire motorisé) afin d'éliminer tous les problèmes de bananes évoqués dans les méthodes azimuto-verticales du balayage altazimutal.

Les zones célestes à surveiller

    Il faut surveiller partout, bien sur !

    Rolf Meier conseille de balayer le ciel d'un horizon à l'autre. Les recherches commencent, par exemple, à l'équateur céleste, non loin de l'horizon Ouest si l'on observe le soir. On a quand même une chance de découvrir une comète un peu basse. Le décalage en déclinaison, vers le Nord ou vers le Sud, sera choisi en fonction des zones balayées lors des soirées précédentes. De la même manière qu'en azimutal, l'observateur réalisera un recouvrement de quelques degrés du jour au lendemain, de grandeur proportionnelle à l'intervalle de temps entre deux séances.

    Les observateurs de l'hémisphère Nord chercheront plutôt à monter dans les déclinaisons positives, là où la transparence est la meilleure. Si on veut rester seul dans une région du ciel, il vaut peut-être mieux éviter l'écliptique... Mais l'observation visuelle conserve tout de même l'intéret de l'alerte immédiat vis-à-vis de la photographie. Si vous avez contrôlé l'horizon Ouest (Est) avec une technique altazimutale lors des soirées (matinées) précédentes, il n'est pas utile de prolonger les passes équatoriales très bas jusqu'à l'horizon Ouest (Est).

    Le partage du ciel avec les deux méthodes (altazimutale et équatoriale) est sans doute l'idéal pour ne pas rater de comètes. Un programme de recherche 100% équatorial ne permet pas de couvrir rigoureusement les horizons Est et Ouest : il y a des zones non contrôlées qui disparaissent à l'horizon Ouest (10 à 11' par minute) et des zones qui apparaissent à l'horizon Est dans des déclinaison en principe déjà contrôlées.

    Certaines comètes très basses sont manquées compte tenu de la longueur des passes : balayer la moitié du ciel (du méridien jusqu'à l'horizon) à une vitesse de 1° en 2 à 3 secondes demande 3 à 5 minutes. La méthode équatoriale laisse à priori un peu plus de liberté sur la vitesse de balayage mais pas beaucoup plus compte tenu de la longueur des passes (5 à 9 heures d'ascension droite !). La surface balayée en 1h3O avec un champ de 1° est de l'ordre de 1300 degrés carrés : par exemple 90° en alpha par 20° en delta, en 20 passes.

    Le prolongement des passes équatoriales du soir jusqu'à l'horizon Est paraît extrèmement rentable peu après la Pleine Lune, pendant une huitaine de jours. L'évolution rapide de la configuration Soleil-Terre-comète peut faire passer une comète du stade indétectable au stade détectable en moins de 15 jours. Une comète peut ainsi franchir la portion du ciel habituellement surveillée photographiquement (ciel du matin, écliptique) pendant la période qui s'étend de la Pleine Lune au Dernier Quartier. Elle devient alors accessible directement dans le milieu de la nuit (horizon Est le soir) quand la Lune s'en va. Une situation similaire se présente dans les 12-13 premiers jours de la lunaison : une comète rapide a pu traverser le ciel du soir pendant une huitaine ou dizaine de jours autour du Premier Quartier. Les passes équatoriales du matin seront prolongées jusqu'à l'horizon Ouest, environ une heure après le coucher de la Lune.

    Est-il justifié de s'intéresser de l'horizon Nord avec une méthode équatoriale ?

    Si nous suivons les parallèles d'égale déclinaison, nous écrêtons les régions les plus intéressantes situées plus bas sur l'horizon, au Nord-Ouest et au Nord-Est. Il serait plus judicieux ici d'appliquer un balayage en déclinaison, le long des méridiens, en décrivant des passes depuis le pôle jusqu'à l'horizon Nord, cependant, le recouvrement est toutefois redondant au pôle.

    La méthode altazimutale est sans doute moins problématique dans cette région du ciel.

Organisation de la séance d'observation

    Avant chaque séance, le chassseur de comètes doit se livrer à certains travaux préparatoires : on ne se lance pas à l'aveuglette dans le contrôle d'une zone pour se rendre compte sur place qu'elle est surpeuplée d'objets du ciel profond que l'on ne connait pas. Après avoir défini quelle région du ciel on va contrôler, il est déjà utile de consulter une carte mobile (Sirius, Ciel 2000, ...) afin de repérer les constellations qui seront traversées et les étoiles brillantes qui nous serviront de repères. Ceci est d'autant plus important que nous observons près de l'horizon, à la fin du crépuscule (soir) ou avant l'aube (matin). Nous pouvons consulter un atlas du type Atlas of the Heavens de Becvar ou Sky Atlas 2000 de Will Tirion. L'étendue couverte par une carte de ces atlas est tout à fait compatible avec les recherches cométaires.

    Nous pouvons ensuite visualiser les objets du ciel profond (nébuleuses ; galaxies ; amas globulaires ; etc ...) que nous devrons rencontrer au cours des recherches. Si nous manquons NGC 2403 au cours d'un balayage dans la Girafe, c'est mauvais signe pour l'efficacité de notre méthode ! Pour bien saisir l'état d'esprit qui conduit à une recherche fiable, nous pensons que, s'il est souhaitable d'identifier très vite les objets perturbateurs, il est encore bien mieux de pouvoir dire : "je viens de passer alpha UMa je vais donc bientôt rencontrer M 81 et M 82 !".

    Nos chances de découvrir une comète vont devenir très élevées si notre programme de recherche est bien organisé. Certes nous ne maîtrisons pas les conditions météo et il est un peu naïf de trouver qu'il est très stimulant d'observer après une longue période de mauvais temps car la météo n'a peut-être pas été défavorable au Japon ou en Californie à la même époque. Par contre la. Pleine Lune est un paramètre qui affecte toutes les régions du globe de la même manière. Beaucoup d'évènements peuvent se produire dans le ciel du soir entre le 3/4ème et le 14/15ème jour de la. lunaison. Il en est de même pour la période symétrique à la lunaison pour le ciel du matin. En 10 jours, une comète moyennement rapide peut parcourir plus de 30° et sortir de l'éclat solaire. La motivation est donc extrêmement grande pour les premiers soirs ou matins où la Lune devient moins gênante.

    La première séance de la lunaison sera donc consacrée à une recherche altazimutale au voisinnage du Soleil. Si notre technique est infaillible et que nous n'avons rien trouvé, nous pouvons estimer qu'il n'est pas nécessaire d'insister dans cette zone avant une huitaine de jours ! Au cours de la séance suivante. nous pourrons nous intéresser à une zone plus contigüe, un peu plus vers le Sud par exemple. Nous prendrons soin de réaliser un recouvrement d'au moins 5° en azimut avec la zone couverte la veille, plus large si la première séance date de quelques jours. En trois soirs il est possible de couvrir ainsi une zone d'environ 180° en azimut, du Nord au Sud en passant par l'Ouest, sur environ 60° de hauteur.

    Une procédure identique peut être employée le matin en commençant environ 3 jours avant la Nouvelle Lune. Si nous attendons la Nouvelle Lune pour démarrer les séances, il y a bien des chances pour que le ciel du matin ait déjà été couvert par des concurrents. Le but est quand même d'être le premier à découvrir toute comète nouvelle.

    Une fois que nous avons contrôlé le voisinage du Soleil, par exemple avec un T100, T150 ou T200 altazimutal, ou avec des jumelles de 80 ou 100 mm de diamètre, nous n'avons plus qu'à nous tourner vers le reste de la voûte céleste. La jonction entre les deux régions, le méridien Sud, à faible élongation sera réalisé avec un instrument plus important, un T250 ou un T300, et équatorial de préférence par exemple. L'idéal serait bien sûr de balayer toute la voûte céleste en un mois !

    D'après les critères de diamètres de champ et de vitesse de balayage, il faudrait compter entre 15 et 20 heures pour parcourir tout le ciel accessible sous nos latitudes. Il faudrait une dizaine de nuits claires ou de séances (soir/ matin) chaque mois pour effectuer ce type de travail. Pour parvenir à cet objectif il faudrait un groupe d'observateurs, une organisation stricte et un partage des zones à surveiller. La durée moyenne de balayage nécessaire à la découverte d'une comète se situe aux alentours de 150 à 200 heures de travail !

    Il est souhaitable de garder une trace de chaque séance de chasse aux comètes pour préparer les séances suivantes. On pourra utiliser des fiches de recherche personnelles que l'on remplira sur le terrain.
 

Exemple d'une fiche de recherche personnelle

II. PROGRAMME DE RECHERCHE PHOTOGRAPHIQUE
Instrumentation pour les recherches photographiques

    Tous les types de collecteur de lumière ont leur place dans les recherche photographiques. La priorité doit quand même être donnée aux instruments à grand champ. Si une lunette de 200 mm ouverte à F/15 est un instrument formidable qui permet. d'enregistrer des objets très faibles avec des poses très longues, un tel instrument. fera pâle figure devant un téléobjectif de 200 mm de focale en ce qui concerne les recherches photographiques.

    Comparé à l'utilisation des petites chambres de Schmidt, l'emploi de téléobjectifs du commerce a l'avantage de ne requérir aucun apprentissage particulier car il n'est pas nécessaire de découper les films ni d'en manipuler avec délicatesse des petits morceaux. En principe le réglage de netteté est réalisé en usine. On prendra tout de même soin de vérifier le réglage sur l'infini à l'aide d'une étoile brillante avec la méthode de Foucault.

    La gamme des focales de 200 à 300 mm parait optimale. Le champ couvert est important : 6° x 9° utilisables avec un 200 mm (format 24 x 36), 4° x 6° avec un 300 mm. En ce qui concerne le film a employer, la structure granuleuse des films 103 a apporté souvent des confusions dans la recherche des taches faibles, c'est pourquoi il vaut mieux utiliser le Kodak TP 2415 hypersensibilisé. Quel que soit l'instrument utilisé, il y aura toujours des objets à la limite, leur nombre augmente comme le carré du diamètre, deux fois plus vite que le nombre de comètes et les temps de pose maximale sont directement liés au rapport d'ouverture.
 

Focale de l'objectif

Ouverture relative

Champ couvert

Temps de pose maximal

Magnitude limite théorique

Magnitude limite stellaire cométaire

135 mm 2.8 9° x 14° 15' 13 11 - 12
200 mm 3.5 6° x 9° 20' 14 12 - 13
300 mm 4 4° x 6° 30' 15 13 - 14

    Les filtres anti-pollution lumineuse augmenterons peut-être le contraste mais imposeront d'allonger les temps de pose. La fourchette des magnitudes atteintes pour les comètes tient compte de l'aspect plus ou moins diffus de ces objets. Le champ couvert par un Schmidt de plus de 100 mm d'ouverture est plus étendu qu'avec un téléobjectif de 200 mm et les images ont. une autre qualité. Un petit Schmidt de 125 mm d'ouverture à F/2 permet d'enregistrer des ètoiles de magnitude 16 en moins de 10 minutes de pose. Les Schmidt de 200 mm d'ouverture sont des armes redoutables. Peu de comètes ont été découvertes jusqu'à présent avec ces instruments, principalement à cause des difficultés du dépouillement des clichés : un blink microscope s'impose.

    En ce qui concerne les télescopes du type Newton, le champ couvert est généralement situé entre 0,5 et 1 degré carré, ce qui est assez faible comparé au champ d'un Schmidt qui se situe entre 25 et 200 degrés carré ! Qu'il s'agisse d'un Newton à F/6 où d'un Schmidt à F/1,5 de même diamètre donneront la même magnitude limite dans les mêmes conditions de guidage, film, transparence, ... La plus longue focale du Newton autorise de plus longs temps de pose et permet ainsi d'enregistrer des objets plus faibles qu'un Schmidt de même ouverture. Dans ce cas, il vaut mieux utiliser le Newton pour l'exploration du Système Solaire en profondeur.

    Les poses courtes sont optimales avec un Schmidt qui donnera sa magnitude limite en 15 à 30 minutes, mais dans un champ considérable. Il est ridicule de balayer 50 degrés carré avec un Newton : il faudrait 50 à 100 clichés, ce qui prendrait beaucoup trop de temps.

Sélection des champs stellaires à photographier

    Il y a des zones où le photographe a peu de chances d'aboutir et surtout peu de chance d'être le premier :

    La recherche des comètes à longue période ou des comètes dont l'orbite est. très inclinée en général concerne tout le ciel, de l'équateur aux pôles. Lubor Krésàk a dégagé quelques principes pratiques pour la recherche des comètes périodiques plus proches de l'écliptique. Ces comètes subissent fortement l'influence de Jupiter, la plupart d'entre elles passent à un moment ou à un autre à moins d'une unité astronomique de la planète géante. Les comètes qui arrivent et viennent. de subir une telle perturbation sont.découvertes 3 ou 4 ans après avoir franchi l'orbite de Jupiter. Pendant ce délai, Jupiter s'est déplacée de 90 à 120° en longitude. Les comètes périodiques concernées ont un mouvement plus rapide et précèdent donc la planète géante en longitude. Krésak conseille de concentrer les recherches chaque année pendant une période de 3 mois a partir du moment de l'opposition de Jupiter.

    Les recherches commencerons dans la direction de l'apex de la Terre (à 90° Ouest du Soleil, le matin donc) et se dirigeront vers l'Ouest pour se terminer 3 mois plus tard, à l'opposition. Nous visons ainsi les longitudes écliptiques supérieures à celles de Jupiter. Les photographies doivent nous permettre de déterminer immédiatement dans quel sens se déplacent les objets capturés. Il est évident que le guidage est stellaire puisque le mouvement des comètes à découvrir est imprévisible.

    Il y a deux manières de résoudre ce problème...

    La première consiste à doubler les clichés. Nous réalisons deux poses de durées identiques et non pas une de 10 minutes et une de 30 minutes, sinon nous risquerions de photographier un objet faible sur le deuxième cliché et nous ne serions pas plus avancés que si la pose était unique. La pose double est une manière de mettre en évidence les défauts d'émulsion. Il n'est pas certain qu'elle permette d'éliminer le cas du reflet d'une étoile brillante en bord de champ ou juste située à l'extérieur.

    Pour palier à cette difficulté, il serait préférable de tripler les poses,  les deux premières identiques et la troisième en décentrant légèrement l'objectif ou le télescope. Rappelons-nous que tout est possible avec les comètes : mouvement dans le sens direct ou rétrograde.

    La deuxième manière nous autorise à réaliser une pose unique. Elle consiste à interrompre pendant quelques minutes la pose, par exemple aux 2/3 du temps d'exposition. La séquence suivante pourra être suivie :

    La trace de tout objet mobile sera marquée par une coupure aux 2/3 dans le sens du déplacement. Ne commettons pas la naïveté d'interrompre au milieu de la pose !

    Il faut tout de même rester réaliste avec ce genre de procédé car elle est édifiante si nous utilisons une focale supérieure à 1000 mm, mais peu efficace pour les très courtes focales de quelques décimètres. Les deux proportions du segment risquent de se retrouver confondues dans la meure tache de diffusion photographique. Il parait plus valable ici de rechercher un déplacement sur au moins une heure. L'avantage de disposer de plusieurs poses sera décisif lorsque nous voudrons mesurer le déplacement de L'objet. L'estimation du mouvement journalier sera d'autant plus précise que la traînée
est plus longue ou que les poses sont écartées dans le temps.

    L'une des solutions que nous pouvons suggérer est de viser deux ou trois champs par soirée en planifiant les clichés ainsi :

    Deux clichés relatifs de la meure zone doivent etre séparés d'une heure environ. Tout dépendra de la longueur des poses individuelles, de la hauteur des champs par rapport à l'horizon et de la stabilité des conditions météorologiaues. Il est préférable de travailler correctement sur une surface limitée. Quelle que soit la région du ciel surveillée, les recherches seront plus efficaces si l'observateur organise le balayage d'une région bien délimitée.

    Tout d'abord, il parait judicieux de photographier un champ donné en centrant le télescope ou l'objectif sur une même étoile repère qui servira par la suite d'étoile guide. Elle sera recherchée sur un atlas avant les séances d'observation et on préparera un calque représentant le champ photographié par l'instrument. Ce calque servira au cadrillage de la zone à contrôler photographiquement.

    Il est convenu d'orienter les champs : Nord-Sud parallèle à l'un des cotés du 24 x 36 par exemple. Nous pouvons imaginer le programme mensuel suivant : balayer avec un téléobjectif de 200 mm une zone de 25° x 42°. 30 champs sont nécessaires : les clichés sont orientés avec l'axe Nord-Sud le long d'un coté, avec un recouvrement de 1° d'un cliché au suivant (Nord-Sud et Est-Ouest) ; les poses sont doublées. Le travail effectué est comparable à celui effectué en cartographie.

    L'analyse des clichés sera effectuée à l'aide d'un blink microscope. Il est souhaitable que les temps de pose soient égaux sur toute la série de clichés pour garantir l'homogénéité de la couverture en magnitude. Nous devons nous persuader de l'importance de la cartographie régulière d'une zone de 25° x 42° jusqu'à la magnitude 13-14. Si on désire effectuer un contrôle permanent toute l'année d'une même zone, on devra choisir cette dernière parmis les constellations circumpolaires. Sinon il est toujours possible de définir 3 ou 4 zones réparties régulièrement en ascension droite, toute les 8 ou 6 heures respectivement.

Durée des temps de pose

    La durée des temps de pose n'est pas non plus laissée au hasard. Supposons que la résolution donnée par le filma employé soit de l'ordre de 20 µm. Un téléobjectif de 200 mm de focale aurait ainsi une résolution de l'ordre de 20''. Sur une pose de 20 minutes : la plupart. des comètes que nous pouvons découvrir ne présenteront pas un étalement perceptible. Celles qui laisseraient une trainée sur le film sont proches de la Terre, à une distance inférieure à 0,5 UA. Si elle sont trop faibles, elles passeront inaperçues car elles n'impressionneront le film que pendant. les demières minutes, et si elles sont. brillantes, d'une magnitude inférieure à 10, elles peuvent être découvertes lors d'un simple coup d'oeil à l'aide d'une paire de jumelles.

    La conclusion est que pour tous les insstruments à grand champ, nous avons intéret à pratiquer les plus longues poses admissibles de 30 minutes maximum et sans filtre puisque nous faisons de la détection d'objet faible. Tant que la focale est inférieure à 600 mm, le déplacement d'une comète située à plus d'une UA de la Terre demeure peu sensible pendant de telles poses. Il est évident que ce déplacement est d'autant plus perceptible que les images sont fines (Schmidt ...). Pour les autres instruments (Newton, Schmidt-Cassegrain, Lunette, etc ...), les poses de plus de 30 minutes n'apporteront rien de plus pour la détection des comètes faibles avec un guidage stellaire.

    Il est préférable de réaliser deux poses de 30 minutes plutôt qu'une seule pose d'une heure. Même au niveau de la détection des étoile, le gain n'est pas considérable de la 31ème à la 60ème minute. Si une comète venait à imprimer le film, il sera bon de mesurer avec précision ses coordonnées : Les clichés réalisés doivent être de qualité astrométrique.

Organisation de la séance

    Pour chaque séance de recherche photographique, il faut effectuer quatre opérations : hypersensibilisation, prise de clichés, développement et dépouillement. Il est conseillé de développer les clichés et d'effectuer au moins un prédépouillement dans les 24 heures qui suivent la séance photo. La meilleure solution est de travailler en équipe, par roulement. Chacun à leur tour, les membres de l'équipe sont soit au télescope ou au laboratoire.

Développement des clichés

    Le champ d'un télescope Newton étant assez réduit; le dépouillement est relativement rapide. S'il n'y a rien d'éclatant dans le champ nous serons conduit à examiner en détail les objets plus faibles, à la loupe ou en projetant le négatif sur une table à projeter. L'analyse d'un cliché Schmidt est plus longue : les images soit fines mais l'échelle est petite (7'/mm environ pour 500 mm de focale) et la densité des étoiles est très élevée, surtout au voisinnage de la Voie Lactée. Il suffit d'une pose de 10 minutes avec un T200 pour dépasser la limite des étoiles indiquées par l'Atlas Stellarum. Au delà, il y a deux solutions pour confirmer les objets photographiés : Soit nous avons accès d l'Atlas du Mont Palomar, soit nous avons un deuxième cliché du même champ avec le même instrument, il suffisait d'y penser !

    Un atlas détaillé sera nécessaire pour identifier les principaux repères et orienter le bord du film dans la direction Nord-Sud. Un blink microscope permet de mettre en évidence toute modification : variation d'éclat ou objet mobile. La superposition de deux négatifs n'est efficace que pour des objets très rapides ; il faut disposer les clichés sur un verre dépoli violemment éclairé par en-dessous. Si nous découvrons un objet suspect, nous nous assurons qu'il est présent sur le deuxième cliché. Si le mouvement est évident et si les deux trainées sont bien dans le prolongement l'une de l'autre, avec une interruption pour le laps de temps séparant les deux. poses et si l'aspect est diffus, il s'agit probablement d'une comète.

    Il faut donc immédiatement vérifier qu'il n'y a pas de comète connue à cette place et plus brillante que la prévision, pour celà, allez sur le site internet de contrôle de zone céleste de l'U.A.I. Si le mouvement est évident et l'aspect stellaire, nous vérifions qu'il n'y a. pas un astéroïde connu à la position (B.A.A., U.A.I., M.P.C., ...). Beaucoup de comètes faibles ou lointaines paraissent essentiellement stellaires sur les poses de longueur moyenne. Une fois repéré le déplacement de l'objet (direction et vitesse), nous pouvons essayer une nouvelle pose, plus longue, en guidant sur son mouvement. Nous avons plus de chance de mettre en évidence l'éventuelle nébulosité. S'il y a doute sur la nature et que les contrôles ont montré qu'il s'agit bien d'un objet mobile nouveau, nous annoncerons un "fast moving object" sans préjuger qu'il s'agisse d'une comète ou d'un astéroïde.

    Ensuite, l'idéal est de déterminer les positions astrométriques précises pour parfaire le travail. Si l'on ne dispose pas des moyens nécessaires aux calculs de réduction astrométrique, on estimera le plus soigneusement possible les coordonnés des extrémités de la trainée par report sur un atlas et lecture des grilles de coordonnées.

    On calculera ensuite le mouvement journalier de l'objet. Les données à spécifier dans le message destiné à l'U.A.I. seront décrites plus loin. Si un objet diffus est détecté mais que le mouvement n'est pas évident, assurez-vous q'il n'y a pas un problème d'origine photographique : défaut ou grain du film, problème de guidage, reflet d'une étoile, etc ... Il y aura un doute sérieux si les petits traits enregistrés sur les deux clichés sont contradictoires. Vérifiez aussi qu'il n'y ait pas une galaxie ou tout autre objet nébuleux connu à cette position et attention aux couples d'étoiles serrés. C'est ce jour là qu'on apprécie d'avoir trois clichés !

Utilisation des images du satellite SOHO

    Lancée le 02 Décembre 1995 de Cap Canaveral par une fusée Atlas, la sonde SOHO (Solar and Heliospheric Observatory), projet de coopération internationale entre l'ESA et la NASA, a été placée au point Lagrange 1 du système Soleil-Terre, à environ 1.5 millions de km de la Terre, pour étudier la structure interne du Soleil, la Couronne et le vent solaire. Le satellite SOHO a une hauteur de 3.65m, une largeur de 3.65m et pèse 610 kg. Stabilisée selon trois axes, ses instruments restent pointés en permanence sur le Soleil, et permettent donc de suivre à tout instant l'activité solaire, mais aussi de voir l'approche des comètes Sungrazer lors de leur passage à proximité de celui-ci. SOHO s'est affirmé au cours des dernières années comme un fabuleux outil de recherche pour les Chasseurs de Comètes, amateurs ou professionnels. Les principaux instruments permettant la découverte de comètes sont les coronographes LASCO (Large Angle Spectrometric Coronagraph) C2 et C3, et l'instrument SWAN (Solar Wind ANisotropies). L'étude minutieuse des images transmises par ces instruments peut révéler la présence d'une nouvelle comète. L'objet suspecté d'être une nouvelle découverte doit apparaître sur 4 images au minimum pour être considéré comme réel. Mais attention, seule l'étude approfondie des images peut révéler la nature cométaire de l'objet, car de nombreux autres objets peuvent laisser des traces sur les clichés et induire en erreur le chercheur de comète inexpérimenté. On se méfiera particulièrement des traces dues notamment à la présence de planètes, étoiles, astéroïdes ou comètes déjà répertoriées, mais aussi des traces laissées par des débris d'objets d'origine humaine ou stellaire, ou par les particules de très haute énergie en provenance de différentes sources.

 

PROCEDURE A SUIVRE EN CAS DE DECOUVERTE D'UNE COMETE

I. AVERTISSEMENTS

    Cette procédure s'adresse aussi bien aux observateurs visuels, qu'aux utilisateurs de caméras CCD ou encore aux astrophotographes classiques.

    Certains conseils s'adapteront plus à tel ou tel type d'observation, mais dans l'ensemble la démarche est la même quel que soit le type d'instrument.

    Les lignes qui suivent constituent une sorte de guide destiné en particulier à l'observateur non expérimenté qui serait un jour confronté à la question suivante : "je pense avoir détecté un objet suspect de type comète, maintenant que dois-je faire ?"
N.B. : Cette procédure ne prétend être ni exhaustive ni parfaite. Toute remarque sur le sujet destinée à l'enrichir ou à la corriger sera la bienvenue.

    Veuillez s'il vous plait en faire part à Julien Leroux qui transmettra.

    La procédure comporte deux phases bien distinctes :

ATTENTION : Il est IMPERATIF d'effectuer la phase de contrôle AVANT de communiquer sa découverte.

II. PHASE DE CONTROLE DE L'OBJET SUSPECT
LORS DU PREMIER CONTROLE, S'ASSURER QUE L'IMAGE N'EST PAS UNE PSEUDO COMETE
En observation visuelle En astrophotographie En caméra CCD
Phénomène atmosphérique Reflets dus à une étoile brillante (ou planète) située dans le champ, voire juste en dehors du champ Reflets dus à une étoile brillante (ou planète) située dans le champ, voire juste en dehors du champ
Image fantôme Artefact dû à un défaut de l'émulsion (hétérogénéité de la gélatine) Défaillance d'un ou plusieurs pixels
Ballon sonde Poussière Poussière
Reflets Trace de révélateur Rayon cosmique
Objet stellaire Rayon cosmique Objet stellaire

    Vérifier d'abord la nature cométaire de l'objet : Si l'image semble réelle, vérifier qu'il ne s'agit pas tout simplement d'un objet du ciel profond (galaxie, nébuleuse, amas globulaire, petit amas d'étoiles très serrées, ...) à l'aide d'un atlas papier ou électronique.
 

VERIFIER QU'IL N'Y A PAS DE MOUVEMENT PERCEPTIBLE
En observation visuelle En astrophotographie En caméra CCD
Attendre que l'objet ait bougé par rapport aux étoiles proches (cela n'est pas toujours possible pour différentes causes : météo instable, fin de nuit, champ pauvre en étoiles, ...) Comparer (blink microscope ou stéréo-comparateur) au moins 2 clichés pris à 1 heure d'intervalle au minimum (attention au piège du reflet qui peut s'être déplacé si l'appareil a bougé, ou si le cadrage n'est pas rigoureusement identique entre les poses) Comparer avec la fonction blink du logiciel deux ou plusieurs images prises à plusieurs minutes d'intervalle. L'expérience montre qu'on est sûr du déplacement d'un objet à partir de 1 à 2 pixels seulement soit typiquement 3 à 4" sur le ciel avec des échantillonnages courants

    Si aucun mouvement n'est constaté, il y a lieu d'être sceptique. Dans certains cas, la comète peut apparaître quasi-stationnaire. Par exemple si elle se trouve à son point de rebroussement sur sa trajectoire, ou si elle se dirige droit vers la Terre ou encore si elle est très éloignée.

    Si l'objet semble bien réel et qu'il y a mouvement, les choses commencent à être sérieuses, mais tout n'est pas fini.

En astrophophotographie ou CCD

    Vérifier si le mouvement est cohérent d'une pose à l'autre et entre les poses.

    Faire un dessin du champ en complément des informations précédentes.

    VERIFIER enfin qu'il ne s'agit pas d'une comète connue, ou récemment découverte.

Il existe actuellement de nombreux moyens pour effectuer rapidement cette vérification :

Exemple de circulaire U.A.I

Les éphémérides cométaires sur le réseau internet

    ATTENTION : il est recommandé d'effectuer (ou de faire effectuer) un maximun de vérifications avec les moyens dont on dispose afin de ne pas annoncer une comète déjà connue. Il est particulièrement important pour les observateurs CCD, capables de détecter facilement des comètes jusqu'à la magnitude 16, de se tenir au courant de toutes les comètes visibles du moment. Il en va de même pour les observateurs visuels qui peuvent être trompés par le sursaut d'éclat d'une comète. Cela s'est produit en octobre 1995 avec 73P/Schwassmann-Wachmann3 qui est passée brusquement de la mag. 14 à la mag. 6 et qui a été l'objet d'un grand nombre d'annonces de découverte à l'UAI. Tout récemment, la comète 57P/du Toit-Neujmin-Delporte a également connu un sursaut d'éclat important (de mag. 19 attendue, à mag. 12.5).

    Avant toute annonce de découverte, il est recommandé d'entreprendre une confirmation (si vous prévenez l'UAI avant d'avoir tenté une confirmation, cette dernière vous la réclamera, même si vous êtes un observateur connu).

    Cette confirmation doit être faite le plus tôt possible, dans la même nuit si celle-ci est suffisamment longue et que l'objet n'est pas couché (attendre au moins 1 heure ou 2), sinon dès la nuit suivante si la météo est favorable.

    L'idéal est d'obtenir une confirmation de la part d'un autre observateur expérimenté de préférence, utilisant un instrument différent du vôtre. A défaut, il est possible de confirmer soi-même.

    ATTENTION : Pour confirmer, il est préférable de ne contacter que des personnes que l'on connaît personnellement et cela directement. Evitez d'envoyer un mail sur Internet (et encore moins des photos) à des listes de diffusion qui risquent de toucher des centaines de personnes inconnues de vous. Vous risquez de perdre du temps avec des réponses non fiables et de plus de perdre le bénéfice d'une découverte (voir le problème soulevé par la dénomination de la comète C/1997 J2 (Meunier-Dupouy). Vous pouvez également faire appel au réseau d'alerte de la SAF (contacter la SAF pour en connaître les membres).

    En résumé, il ne faut pas se précipiter pour prévenir l'UAI (surtout si l'on est un débutant), mais il ne faut pas non plus réfléchir trop longtemps car on risque alors de se faire doubler par un concurrent. En cas de doute, mieux vaut prendre son temps, mais si on est absolument sûr d'avoir tout vérifié, il faut alors prendre ses responsabilités et alerter l'UAI au plus vite, car c'est le seul moyen de garantir que sa découverte soit retenue.

    Une fois toutes ces vérifications faites, si vous êtes convaincu qu'il peut s'agir d'une nouvelle comète, il est temps de prévenir les autorités habilitées à enregistrer les découvertes, à savoir le Bureau Central pour les Télégrammes Astronomiques (CBAT). Maintenant il faut aller vite si vous ne voulez pas être doublé par un autre observateur. Le plus rapide actuellement est d'envoyer un e-mail par Internet ou d'envoyer une télécopie. Deux solutions se présentent :

Vous communiquez vous-même votre découverte au CBAT

    Ce peut être le cas si vous êtes relié à Internet. Dans ce cas vous pouvez, soit utiliser le formulaire mentionné ci-dessous dans l'annexe, soit envoyer un e-mail ou une télécopie (N° de Fax de l'U.A.I. : 617-495-7231) aux responsables du CBAT, B.G. Marsden ou D.W.E. Green aux adresses suivantes :

    Que ce soit par Internet ou par Fax, mentionnez dans votre message tous les éléments nécessaires à l'identification de l'objet :

    ATTENTION : Si vous êtes un "inconnu" pour le CBAT, il est souhaitable que vous donniez quelques informations (ne racontez pas votre vie !) sur votre expérience d'observateur. Dites aussi les circonstances de votre découverte (due au hasard ou lors d'une séance de recherche volontaire).

    Enfin n'oubliez pas de mentionner la ou les personne(s) que vous avez contactée(s) pour demander confirmation et de spécifier s'il y a eu confirmation.

Vous demandez à un tiers de le faire

    Soit vous n'êtes pas équipé en moyens de communication rapides, soit vous n'êtes pas sûr de vous pour rédiger correctement votre rapport.

    Vous pouvez vous adresser à la personne qui a fait la confirmation, ou à un observatoire amateur ou encore au réseau d'alerte de la SAF. Evitez de prévenir un observatoire professionnel si vous n'y connaissez pas personnellement quelqu'un.

    Dans tous les cas vous fournirez le maximum de renseignements nécessaires à la personne ou à l'organisme qui se chargera de prévenir le CBAT et qui sera votre intermédiaire. Les découvreurs japonais font souvent appel à une personnalité reconnue par le CBAT pour communiquer leur découverte (Nakamura ou S. Nakano par exemple).

    Vous avez communiqué votre découverte, soit par vous-même soit par un intermédiaire.

    Il ne vous reste plus qu'à croiser les doigts ! Mais ne restez pas inactif. Essayez de suivre votre objet le plus souvent possible et tenez les collègues contactés au courant de l'évolution de votre alerte. Consultez régulièrement les circulaires de l'UAI sur Internet. Si c'est un tiers qui a prévenu l'UAI, téléphonez-lui pour savoir s'il a des nouvelles. Il n'est pas inutile non plus de confirmer par écrit sa découverte en envoyant son compte-rendu avec dessins et photos éventuellement.

    Si tout va bien, d'ici quelques jours (ou même sous quelques heures dans certains cas), vous recevrez un mail ou un fax du CBAT pour vous confirmer (ou non) le bien fondé de votre alerte.

    Si la chance vous a souri, bravo, vous pouvez maintenant et seulement maintenant penser à sabler le champagne !

    La procédure complète est décrite (en anglais) sur le Web aux adresses suivantes :

    Vous pouvez aussi vous reporter au chapitre VIII sur les comètes écrit par J.C. Merlin (paragraphe "Que faire en cas de découverte ?") du Guide de l'observateur Tome 1, édité par la Société d'Astronomie Populaire.