La monture équatoriale Vixen SPDX




La monture azimutale est à bien des points de vue idéale : facile à construire et peu coûteuse, légère, maniable et facile à utiliser. Mais elle a un gros défaut : le mouvement apparent des astres, dû la rotation de la Terre, doit être compensé et bougeant manuellement les flexibles de commandes (voire l’instrument tout entier s’il s’agit d’un dobson). Ce n’est pas rédhibitoire, mais c’est une contrainte de plus et les possibilités d’astrophotographie sont quasiment supprimées. Bien qu’il existe des montures azimutales qui compensent la rotation de la Terre, (à grand renfort d’électronique, souvent fragile et jetable!), la monture équatoriale semble idéale. Son axe de rotation (l’axe dit d’ascension droite) étant rendu parallèle à l’axe de rotation de la Terre (en l’orientant vers l’Etoile polaire, opération appelée « mise en station »), il suffit de la tourner, manuellement ou avec un petit moteur, pour compenser la rotation de la Terre. Si la monture est bien réglée, l’astre observé demeure immobile au centre du champ pendant un long moment. Un second moteur, placé sur l’axe de déclinaison, permet de corriger finement les inévitables dérives du suivi. Il n’est réellement utile que pour les longues poses astrophotographiques.

Il existe de nombreux modèles. Les montures équatoriales allemandes légères de chez Vixen ont ma préférence en raison de leur qualité de construction et de leur facilité d’utilisation : elles possèdent des mouvements lents manuels, utilisables grâce à un astucieux système d’embrayage des moteurs. Il n’a pas besoin de démonter le moteur pour utiliser le mouvement lent manuel. De nombreuses montures, notamment les montures lourde charge, ne disposent pas de mouvements lents manuels et observe donc avec la raquette de commande en main. Les modèles actuels de Vixen (dont la commercialisation pourrait s’arrêter, d’après des rumeurs) sont la GP2 (charge maximale 7 kg) et la GPD2 (charge maximale 10 kg). Elles sont de couleur blanche. Les modèles précédents sont les GP et GP-D (parfois appelée GP-DX) dont les caractéristiques sont identiques, juste la couleur a changé : vert-gris, gris ou noir selon les époques et/ou les importateurs. Les tout premiers modèles (vers 1984) étaient les SP et SPDX (couleur vert-gris ou noir), aux capacités de charge identiques mais disposant de cercles de coordonnées plus grands et donc utilisables dans de meilleures conditions. J’utilise depuis quelques années une SP qui doit avoir mon âge. Elle a très bien vieilli et l’électronique (la raquette de commande des moteurs pas à pas) fonctionne toujours. Sa capacité de charge maximale de 7 kg limite son utilisation aux petits instruments, mais la lunette Vixen de 120 mm qui fait 1 mètre de longueur est à l’aise dessus, même si on sent que la limite n’est pas loin. J’ai récemment trouvé une SPDX, qui permet d’aller plus loin car elle peut porter 10 kg de matériel. Ces montures se trouvent assez facilement d’occasion à des prix assez bas, car la mode est à l’achat d’une monture neuve pouvant porter au moins 20 kg mais dont la qualité (usinage et matériaux) est moindre.


Première étape : la construction d’un vrai trépied!

J’ai reçu la monture sans le trépied. Ceux qui se trouveraient dans la même situation et lorgneraient sur le très coûteux trépied Vixen en aluminium, doivent auparavant s’assurer de la compatibilité. La solution idéale aurait été un trépied en bois de chez Berlebach. J’ai fait ce choix pour monter les jumelles 11X80 et je ne le regrette absolument pas! Je ne sais pas pourquoi cette société n’est pas mieux connue et mieux plébiscitée. C’est sûr que pour les fans d’astro-tunning, l’aluminium fait plus « tendance » que le bois. Pourtant, le bois absorbe bien mieux les vibrations. Mais là il va me falloir rester raisonnable car ce chef-d’œuvre coûte aussi cher que le trépied de chez Vixen. Une fois de plus, le choix de la construction va s’imposer!

J’ai choisi du bois de frêne (Déjeuner au jardin), comme chez Berlebach, car c’est le meilleur matériau pour faire un trépied. La longueur est de 90 cm, afin qu’il puisse rentrer dans le coffre d’une voiture. Dans un objectif de stabilité maximale, il est conseillé de faire un trépied non-réglable en hauteur, mais la mise en station devient alors compliquée car il faut mettre le trépied à niveau à l’aide de cales. Le trépied sera donc légèrement réglable en hauteur (course de 13 cm), selon un ingénieux concept imaginé par Pierre Desvaux. La partie mobile de chaque pied se bloque dans la partie principale, serrée entre des lingots en hêtre. Le bas de la partie mobile au contact avec le sol est équipé d’une cornière en acier inoxydable, afin de protéger le bois. Les montants constituant la partie fixe sont collés et vissés entre eux. Les 3 jambes sont reliées au triangle porte-accessoires par des charnières vissées sur les jambes. Le démontage est instantané grâce à 3 vis moletées placées sous la tablette porte-accessoires. 2 couches de vernis à faible impact environnemental (Ecoplan, chez Coop brico loisirs en Suisse) assurent la protection contre l’humidité.

plan,©Pierre Desvaux.


Le trépied respire vraiment la solidité mais pèse quand même 11,3 kg (le double du Vixen), ce qui porte l’ensemble à 20 kg en y rajoutant la monture (sans les contrepoids). Les matériaux m’ont coûté au maximum une centaine d’euros, soit trois fois moins cher que l’achat d’un trépied pas forcément optimisé à mes besoins.

trepied,©Bruno Thien. trépied,©Bruno Thien. trépied,©Bruno Thien.



Deuxième étape : la motorisation

C’est à priori simple puisqu’il suffit d’acheter! Mais le kit de motorisation Vixen est extrêmement cher. Afin de le vendre plus cher possible, ils ne proposent pas de raquette de commande sur un seul axe. Ne faisant que rarement de l’astrophotographie à longue pose, une motorisation simple axe m’aurait largement suffit, en cas de besoin la raquette de ma monture SP étant déjà équipée pour les deux axe. Pourtant, la motorisation en ascension droite seule existe chez Vixen, elle équipe de série la monture de voyage « Photo guider ». J’ai contacté l’importateur qui m’a indiqué l’impossibilité de me vendre la raquette seule. Si je veux une raquette, il me faut acheter la DD-4, qui et extrêmement chère pour ce qu’elle vaut. A ce prix-là, si seulement elle était équipée des vitesses de suivi lunaire et solaire, et bien non, rien d’autre que la vitesse sidérale. Un tel perfectionnement est pourtant peu coûteux à mettre en œuvre, même chez Skywatcher ils le font maintenant! Me forcer la main pour que j’achète des fonctionnalités dont je n’ai pas besoin, et ne pas être capable de fournir la vitesse lunaire, font qu’ils peuvent toujours de brosser pour que je leur achète leur raquette. Je l’achète donc d’occasion.

J’ai pu trouver une raquette DD-1. Par rapport aux anciennes versions (SD-3, etc), elle est plus ergonomique. A l’usage, on constate qu’après quelques minutes de fonctionnement, elle est tiède! Cela veut dire qu’elle consomme d’avantage d’énergie. Où est donc l’innovation? Autre curiosité, lorsque le sélecteur de vitesse de rattrapage est en position 32X mais que aucun bouton de rattrapage n’est enclenché, le moteur d’ascension droite fait un bruit différent que lorsque les sélecteurs 1,5X ou 2X sont enclenchés! C’est une curiosité, sachant que le moteur tourne pourtant toujours à la même vitesse (heureusement!).

Celui qui voudrait équiper sa vieille monture pense qu’il suffit de choisir les moteurs de la bonne couleur, car il est de notoriété que les moteurs et les montures sont compatibles entre eux. Erreur! Ce n’est pas toujours le cas, certains l’ont découvert à leurs dépends. Tout d’abord, la fixation des moteurs par queue d’aronde semble évident, sauf que sur les SP, il faut une petite platine d’adaptation spécifique pour le moteur de déclinaison. A ma connaissance, c’est le seul cas de non-compatibilité mécanique qui soit. Ensuite, vient le problème des connections : les premières versions des moteurs étaient équipés de connecteurs DIN à 5 broches. Quelques années plus tard, Vixen est passé au 8 broches pour on ne sait quelle raison puisque le câblage est le même (fonctionnement en mode unipolaire). Un moteur à prise 8 broches reste compatible avec une raquette à prise 5 broches, mais une raquette à prise 8 broches n’est pas compatible avec un moteur à prise 5 broches. Une solution est de démonter le moteur et de remplacer la prise DIN. Il faut pour cela dessouder puis ressouder les fils (dans le bon ordre!). Heureusement, le démontage est facile. Il semblerait, mais c’est à confirmer car je n’en suis pas entièrement sûr, que la DD-3 et les versions d’après soient configurées pour commander les moteurs en mode bipolaire. Les anciens moteurs devraient donc être recâblés pour pouvoir être utilisés avec ces raquettes. Attention à la copie de la motorisation Vixen, le kit DK-3. Les queues d’aronde de fixation sont trop courtes, rendant le montage en ascension droite moins fiable (pas de problème pour la déclinaison, du moins sur ma version de la SPDX), mais le réducteur et l’embrayage semblent être au standard de qualité de Vixen. Pour la fiabilité de la raquette je ne sais pas, mais le fabriquant, afin d’empêcher toute tentative de compatibilité avec le matériel Vixen, l’a configuré en bipolaire…avec des couleurs de câblage totalement différentes. Pour utiliser le moteur en unipolaire avec les vieilles raquettes, il faut donc le recâbler.



Le transport

J’ai confectionné sur mesure, des caisses en contreplaqué d’épicéa. De la mousse au fond assure une protection maximale. Afin de ne pas risquer de fausser la vis sans fin de l’axe d’ascension droite, sur lequel peut reposer la monture une fois cette dernière à plat, j’ai fait un simple trou dans la mousse, au bon endroit. Quant à la valise dédiée en aluminium de la marque, vendue à un prix réellement astronomique, je vous fais cadeau de ce que j’en pense!



L’utilisation

La stabilité de cette monture est remarquable. Avec la Clavé 60 (4 kg avec les accessoires), une tape sur le tube ou sur le trépied est amortie en 1 seconde. Le trépied n'y est sans doutes pas pour rien! Encore un grand merci à Pierre Desvaux pour avoir partagé son idée et m'avoir autorisé à diffuser son plan ici. Je ne l’ai pas encore testée en astrophotographie longue pose, mais en observation visuelle le suivi est parfait. Comme sur la monture SP, il est possible d’utiliser les cercles de coordonnées pour pointer les astres. C’est très pratique pour trouver Uranus ou Neptune! Le budget total est trois fois moindre que celui d’une monture neuve. Ce dernier choix demeure toutefois un excellent investissement pour celui qui en a les moyens, malgré le détail rageant de l’absence de suivi lunaire.






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