Test du matériel astronomique du commerce et d’occasion



Le matériel astronomique a la réputation d'être inabordable car extrêmement coûteux. En effet, produire une bonne optique et une bonne mécanique demande des matériaux de qualité et surtout du temps. Il est donc tout à fait normal que du bon matériel soit cher. Que ceux qui en sont offusqués se demandent s’ils accepteraient de travailler gratuitement. Si du matériel n’est pas cher, c’est que des compromis ont été faits quelque part : conditions de travail déplorables des ouvriers, eaux rejetées à la rivière, travail bâclé, matériaux de mauvaise qualité, contrôle qualité laxiste, etc.

On trouve maintenant des instruments produits dans des pays à bas coût de main d’œuvre, qui ne sont pas sans défauts mais qui présentent tout de même un bon rapport qualité/prix. Ils ont le mérite d’avoir permis à des milliers de personnes de débuter en Astronomie. Ils sont également plébiscités par des amateurs avertis car pour un prix raisonnable il est désormais possible d’acquérir de très gros instruments ainsi qu’une panoplie gigantesque d’accessoires.

La tendance actuelle est à la disparition progressive du matériel moyen de gamme. On trouve de moins en moins d’intermédiaires entre le matériel haut de gamme et le matériel d’entrée de gamme produit à bas coût, même si, il faut le reconnaître, la qualité de ce matériel progresse et que certains sont « tombés » sur d’excellents instruments. L’amateur voulant acquérir du beau matériel mais ayant un budget limité serait-il condamné à se rabattre vers du matériel d’entrée de gamme ? Heureusement non, car plusieurs solutions s’offrent à lui. La première est de construire soi-même son propre instrument, çà demande du temps et de la rigueur, mais c’est à la portée de tout le monde. Ce n’est pas l’objet de cette page, donc j’invite les lecteurs intéressés à se reporter aux pages dédiées au bricolage. La deuxième solution est de revoir ses ambitions à la baisse. Contrairement aux idées véhiculées par certains amateurs élitistes qui ont dû fumer de la poussière de comète, une lunette de 80 mm ou un télescope de 100 mm offrent d'énormes possibilités d'observation, surtout s’ils sont de haute qualité. Il n’est pas indispensable d’avoir un gros instrument, ni même de posséder une grosse panoplie d’accessoires, et encore moins d’acheter les derniers accessoires à la mode. Mais tout est une question de goût. Certains préféreront la quantité, d’autres la qualité. La troisième option est d’acheter son matériel d’occasion. Sur le marché de l'occasion on peut trouver une multitude de vieux instruments de bonne qualité à des prix dérisoires, qui ont des fois toutes les peines du monde à trouver preneur! Le marketing a fait son effet, des morceaux de plastique et d’électronique bas de gamme mais flambants neufs dans une belle boite en carton brillant font dorénavant rêver.

Faire de l'Astronomie n'est donc pas nécessairement un luxe. Même en considérant un grand passionné qui voudrait investir des sommes importantes, il est facile de calculer que ce loisir peut coûter bien moins cher que celui de fumer et/ou de jouer au PMU dans un bar. De plus, un instrument dont on prend un minimum de soin peut se garder tout une vie et même se transmettre aux générations futures. On ne peut pas en dire autant de toutes ces daubes (Ifaune, ordinateurs, etc) vendues fort chers et conçus pour tomber en panne dès la fin de la garantie!

Dans cette section je décris du matériel que je connais bien, car soit je l’ai possédé un certain temps, soit j’ai eu l’occasion de l’essayer lors de rencontres avec d’autres passionnés. Mes avis sont quelques fois étayés d’avis provenant de collègues expérimentés. Bien que ces lignes aient été écrites avec sincérité, elles restent soumises à une certaine subjectivité, ainsi qu’aux variabilités de qualité de production. Ces avis ne sont donc donnés qu’à titre indicatif. D'ailleurs je vous encourage à tester par vous-même dès que vous en avez l'occasion, et de partager vos impressions sur les forums Astrosurf et Webastro!



Les lunettes de 60 mm

Il fut un temps où ces lunettes étaient largement vendues, essentiellement pour les débutants. D’abord fabriquées au Japon puis copiées par les chinois, elles ne sont aujourd’hui plus tellement vendues. La qualité de fabrication était variable en fonction de l’origine de production et des contrôles effectués par l’importateur. En raison de leur longue distance focale (entre 700 et 800 mm), l’optique est généralement acceptable. Par contre, les accessoire d’origine (souvent des oculaires montés dans du plastique, des renvoi-coudés de mauvaise qualité, et surtout, l’infâme chercheur chromatique et 5X24 diaphragmé) laissent souvent à désirer et peuvent dans certains cas considérablement diminuer les performances de l’instrument. La monture est généralement azimutale. Elle est plus ou moins agréable à utiliser, selon la qualité. Ces lunettes, malgré leurs performances réduites, ont donné naissance à des milliers de vocations d’astronomes amateurs et professionnels! Elles permettent de découvrir les merveilles du Système solaire : les tâches solaires (avec un filtre adapté ou par projection), les phases de Vénus, les détails du relief lunaire, la voisine d’en face, la calotte polaire de Mars et quelques vagues « continents » (lors des périodes d’opposition favorables), les bandes nuageuses de Jupiter et son cortège de lunes, ainsi que l’anneau de Saturne et sa plus grande lune Titan. Il est également possible d’observer quelques étoiles doubles et amas d’étoiles. Une dizaine de nébuleuses et galaxies sont accessibles (voire plus si le ciel est bon) mais demeurent faiblement visibles.

Mais il existe aussi des lunettes de 60 mm de qualité supérieure. Certains amateurs éclairés les apprécient malgré leur petit diamètre, car elles sont transportables, peu sensibles aux turbulences, et rapidement mises en œuvre. La Zeiss 63/840 (Telemator) fait partie de la légende, ainsi que la Clavé 60/723, quoique moins bien connue. A noter que certaines lunettes de marque Perl-Vixen ou Mizar (ne pas confondre avec les nouveaux Mizar, qui n’ont plus rien à voir), sont à peine moins intéressantes mais plus accessibles en raison de leur plus faible notoriété. Ces optiques ne sont malheureusement plus fabriquées, il faut donc les rechercher sur le marché de l’occasion. Takahashi produit encore une fluorite de courte focale (la fs 60/355). Elle n’est pas totalement apochromatique, mais demeure de très haute qualité optique. Elle est deux fois plus courte qu’une lunette de 60 mm traditionnelle, et permet la photographie du ciel profond. Ces lunettes permettent de mieux détailler les planètes que les lunettes d’initiation. Sont notamment bien mieux visibles, la Grande Tâche Rouge de Jupiter et la division de Cassini dans les anneaux de Saturne.



La lunette Meade 90/1000

Ce modèle succéda au début d’années 2000 au fameux modèle 395 qui était une excellente affaire à l’époque : 3000 francs français, sur monture équatoriale. Notons que cette époque marque le début de la fin de Meade. Les bons instruments d’initiation made in Taïwan ont tous été remplacés par des modèles de qualité encore moindre, made in China, certes un peu moins chers, mais aux qualités douteuses. J’ai acheté le tube seul, d'occasion à l'Automne 2006, pour 70 euros seulement! Il s'agit d'un ancien modèle qui n’est plus fabriqué, de la série ds (digital systeme) de Meade. La monture azimutale informatisée en plastique ayant fait long feu le propriétaire mis le tube seul en vente. A noter que le transport par la Poste ne s'est pas fait délicatement, le miroir du renvoi coudé est arrivé en miettes et la bague du porte-oculaire était littéralement défoncée. Etant donné la finition pitoyable du porte-oculaire, ce n’était pas une perte énorme. Je me suis empressé de remplacer cette pièce (d’ailleurs fort lourde pour du plastique, les chinois y auraient-il mélangé du plomb?) par une crémaillère Vixen ainsi qu’un bon chercheur Skywatcher de 50 mm (oui, les chinois savent aussi faire de bons produits, mais çà deviendrait la norme si on les payait au juste prix), achetés dans le surplus d’Optique Slotte à Bruxelles. Ces derniers m’ont coûté plus cher que la lunette ! Etonnement cette crémaillère présentait un léger jeu (shifting) que j’ai pu annuler en enlevant au White-Spirit la colle d’origine et en la remplaçant par de la graisse au lithium. Le barillet de l’objectif (tout comme le pare-buée) est en plastique, sa fixation au tube en aluminium souffre d’ailleurs d’un léger jeu. Les 2 lentilles du doublet achromatique sont séparées…par un anneau en plastique!
J’ai monté la lunette sur l’excellente Vixen Super Polaris (ancêtre de la GP mais avec des cercles de coordonnées plus grands), avec des colliers de marque Kepler. Le renvoi coudé est un Takahashi à prisme en 31,75, il ne dégrade pas l’image. Les oculaires utilisés sont principalement un Baader Eudiascopique de 25 mm (40X), un Celestron Ultima de 7,5 mm (133X), ainsi que des plössl Meade S3000 de 9,5 et 5 mm (105X et 200X).

La bête,©Bruno Thien. La bête,©Bruno Thien. L'objectif,©Bruno Thien.

Optiquement la lunette est bonne, surtout pour le prix. Et ce malgré que la correction chromatique soit imparfaite, à f/d 11 je m’attendais à un peu mieux! Lors de la première prise en main, en voyant les irisations violacées sur Vega, je m’attendais au pire! Avec un grossissement de 133X les étoiles doubles epsilon de la Lyre sont clairement séparées, signe que l’objectif est bon. A 40X la Lune est vraiment agréable à contempler, il n’y a quasiment aucune trace de chromatisme. Le chromatisme est par contre bien visible à 105X et plus, sous la forme d’un liseré bleu autour du disque. La diffusion est loin d’être négligeable. Par contre l’image est bien détaillée et supporte un grossissement de 200X. Saturne montre la division de Cassini dans les anses des anneaux ainsi qu'une bande équatoriale à 105X et plus. 133X semble être le meilleur compromis, l’image est très agréable et le chromatisme peu perceptible. De nombreux détails dans les bandes de Jupiter sont bien visibles, même en 2007 où elle était assez basse par rapport à l'horizon. 133X est encore le meilleur compromis, mais 105X est préférable en cas de forte turbulence. Mars présentait de nombreux détails lors de l’opposition de 2010, lorsque la turbulence n’est pas trop forte 200X devient le grossissement de croisière. Le petit disque d’Uranus est déjà bien défini à 105X, il est magnifique à 200X. Enfin, avec la protection du filtre Baader Astrosolar la granulation solaire commence à être visible.
Le ciel profond n’est pas le domaine de prédilection de cette lunette en raison de son diamètre de « seulement » 90 mm. Toutefois les possibilités sont énormes si le ciel est assez noir. Le chercheur de 50 mm (sans commune mesure avec celui d’origine!) est un véritable traqueur! Les galaxies M81 et M82 de la Grande Ourse ne lui échappent pas! Outre la possibilité d’observer quasiment tous les objets du catalogue Messier, il est également possible de s’attaquer au catalogue NGC. Par exemple, la galaxie NGC 7331 située dans Pégase a environ 60 millions d’années-lumière de distance, est visible sous la forme d’une faible tâche ovalisée à 40X.

Cette lunette fait un très bon instrument secondaire plutôt orienté vers l’observation lunaire et planétaire, beaucoup moins contraignant à installer et à mettre en température qu'un gros télescope. L’optique n’est pas ce qu’il se fait de meilleur (contraste légèrement inférieur à celui d’une Orion 80 ED, testé sur Jupiter), mais elle est tout à fait convaincante (attention, Meade n’est pas connu pour sa régularité dans la qualité de fabrication…). Mécaniquement c'est de la Mearde, mieux vaut procéder aux améliorations nécessaires même si à f/d 11 les jeux n’ont que peu d’importance sur la qualité finale de l’image en observation visuelle. La focale de 1000 mm est très intéressante pour la photographie lunaire et planétaire. Depuis l’acquisition d’une lunette de 120 mm, je n’utilisais plus du tout cet instrument. Ne réussissant pas à le vendre à un prix correct (de nos jours tout le monde veut tout pour rien!), j’en ai fait cadeau à un club d’Astronomie. La vie de cet instrument est donc bien loin d’être achevée!



Les newton 115/900

A l’instar des lunettes de 60 mm, les 115/900 étaient considérés comme l’instrument du débutant, mais aussi de l’amateur passionné mais disposant d’un petit budget. Comme pour les lunettes de 60 mm, il en existe de qualité diverses. La monture équatoriale est souvent un peu juste, mais un bon équilibrage et un peu d’adresse permettent de s’initier à la photographie du Système solaire (ou du ciel profond à grand champ, via la photo en parallèle). Sur le marché de l’occasion, les meilleurs sont les Perl-Vixen. Certains Perl (JPM), Ganymède, Meade (4500) ou Celestron sont intéressants. Ce genre d’instrument permet de bien voir la Grande Tâche Rouge de Jupiter et la division de Cassini dans les anneaux de Saturne. En ciel profond, tous les objets du catalogue messier sont accessibles avec un bon ciel. Dans ces conditions, les amas globulaires commencent à se résoudre en étoiles en périphérie.
Sur la marché du matériel neuf, on ne trouve plus de bons 114/900. La mode est maintenant au fameux 130/900. Il est disponible sous plusieurs marques, mais il s’agit bien du même produit, provenant probablement de la même usine. A première vue, c’est une bonne nouvelle pour le débutant à petit budget, puisqu’un miroir de 130 mm capte notablement plus de lumière qu’un miroir de 114 mm. Malheureusement, la réalité est quelque peu différente. Les 130/900 souffrent d’un premier défaut de conception : le miroir est sphérique. Il l’est également avec un 114/900, mais on peut calculer que c’est encore acceptable car la limite de diffraction est atteinte. Par contre, avec un 130/900 sphérique, l’aberration de sphéricité devient sensible, la limite de diffraction n’est pas atteinte. Nos chers 130/900 n’atteindront donc pas la limite de résolution théorique d’un 130 mm. Mais il y bien pire : l’araignée et le support du miroir secondaire ont été volontairement surdimensionnés pour je ne sais quelle raison (peut-être pour donner une impression de solidité aux acheteurs novices), induisant une obstruction supérieurs à 40%, ainsi que de la diffusion. Les 130/900 sont un cas d’école de produit ayant été conçu pour être vendu, et non pour être utilisé. Que le débutant se rassure, il pourra tout de même faire de bonnes observations avec son 130/900. Mais il s’est fait avoir par son revendeur, car un classique 114/900 de la même marque ne sera pas moins performant, tout en étant plus léger et moins cher!
Je vais finir ce chapitre en vous contant un épisode du déclin de Meade. Vers la fin du siècle dernier, Meade était réputé pour faire des instruments d’initiation et de niveau intermédiaire d’assez bonne qualité, à des prix très concurrentiels. Il y avait en vente chez Nature & Découvertes, un newton 114/900 (modèle 4500) ainsi qu’une lunette 90/100 (modèle 395) qui ont ravi de nombreux amateurs. Vers le début des années 2000, ces deux modèles ont disparu. Un autre 114/900 est apparu, mais d’un tout autre genre. La monture, le trépied et le chercheur, sont devenus minables. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’optique a suivi la même pente! Pour avoir observé avec l’ancienne version et pour avoir manipulé (sans observer) la seconde, je peux certifier que la seconde version, bien que 25% moins chère, ne valait pas son prix. Comment pourrais-je faire confiance à un constructeur qui bousille volontairement une belle gamme d’instruments dans le seul but d’accroître sa marge à court terme? Mearde alors!



Le newton Skywatcher 150/750

Il a été acheté en juillet 2002 sous la marque Frehel chez Nature & Decouvertes. Il succéda à ma lunette de 60 mm, mon enthousiasme était donc vraiment énorme à l’époque! Il est équipé d’une monture équatoriale motorisable EQ 3-2, la motorisation ainsi que le viseur polaire ont été achetés par la suite. Les oculaires d’origine sont des SMA (Kellner modifiés) de 20 et 10 mm de focale, extrêmement légers! Leur qualité est tout à fait correcte, contrairement aux rumeurs véhiculées sur les forums. Je les ai complétés par des plössl Kepler de 6,3 et 4 mm de focale, au rapport qualité/prix vraiment incroyable. Le chercheur est un 6X30. Il n’est pas aussi efficace qu’un 10X50 mais lorsqu’on a été habitué au fameux 5X24 diaphragmé on apprécie énormément!
La première chose qui frappe est la bonne finition. Rien à voir avec du Meade d’entrée de gamme ou du matériel de supermarché! Le plastique est réservé aux caches de protection. L’araignée est ultra-fine tout en étant rigide, l’obstruction est de 31% en diamètre. Le porte-oculaire à crémaillère a été astucieusement conçu puisque la bague du porte-oculaire est dévissable, laissant apparaître un filetage T2! Il n’y a donc pas de problème d’accès au foyer photographique comme sur de nombreux autres instruments. Par contre le porte-oculaire est affublé d’un léger jeu latéral mais qui est en réalité assez pénible et surtout dommageable pour la qualité de l’image. A f/d 5 les tolérances d’alignement des optiques sont assez serrées, le moindre jeu est susceptible de détruire la collimation.
La monture est théoriquement apte à l’astrophotographie longue pose. Malheureusement le moteur de déclinaison est inutilisable en raison de jeux dans les engrenages du réducteur, mais aussi dans la vis sans fin de l’axe de la monture! Ainsi, un changement de sens ordonné depuis la raquette de commande est satisfait…en 8 secondes! Après changement des graisses et réglage du jeu le retard n’est « plus que » de 5 secondes. Le viseur polaire n’est pas des plus pratiques car le réticule n’est pas éclairé, mais n’empêche pas une bonne mise en station, à condition d’investir dans un petit niveau à bulle car celui incorporé dans l’embase de la monture ne fonctionne pas! La motorisation en ascension droite est tout à fait satisfaisante, mais étant dépourvue d’embrayage (cela expliquerait-il en partie cette bonne performance?), moteur ou mouvement lent manuel, il faut choisir ! Ne disposant pas de système de contrôle du guidage (diviseur optique ou lunette-guide), il est illusoire de vouloir tenter de poses de plus de quelques minutes au foyer de l’instrument (j’ai constaté en le faisant un important vignetage, le champ de pleine lumière de l’instrument est inférieur à ½°! Le miroir secondaire est trop petit ou le porte-oculaire est trop haut). Il est alors intéressant de fixer l’appareil photo, muni de son objectif, sur l’un des colliers de la monture, pourvu d’une vis au pas Kodak. Avec une bonne mise en station, il est possible de poser 30 minutes avec un objectif de 135 mm de focale, sans contrôle du suivit.

Pour l’observation visuelle du ciel profond j’ai équipé l’instrument d’un oculaire Baader Eudiascopique de 25 mm, donnant une pupille de sortie de 5 mm et un champ de 1,6°. Le piqué à faible grossissement est fort sympathique, le grand champ résultant permet de fabuleuses balades dans la Voie Lactée. Avec un bon ciel comme c’est le cas au Champ du Feu, l’ajout d’un filtre OIII (Astronomik) révèle la nature incroyable et subtile des Dentelles du Cygne ou de la nébuleuse Helix (l’incompatibilité des filtres OIII en-dessous de 200 mm de diamètre est une légende urbaine, il faut simplement veiller à ce que la pupille de sortie soit assez grande). La plupart des amas globulaires sont résolus en périphérie mais pour cela il est souvent nécessaire d’utiliser de forts grossissements (119 et 188X). D’innombrables galaxies sont observables, mais il faut bien se rendre à l’évidence que la plupart ne ressemblent qu’à de faibles tâches grisâtres, mais que d’émotion lorsque l’on s’imagine que cette faible lumière a traversé le temps et l’espace pendant parfois des dizaines de millions d’années, avant de venir mourir sur la rétine! Il faut sans doute des années d’observation à un amateur standard pour espérer atteindre les limites d’un 150 mm!
L’observation lunaire constitue également un moment fort sympathique. A noter que l’oculaire de 25 mm permet d’observer la Lune en entier sans aucune aberration si elle est bien centrée. Ce n’est pas le cas avec le 20 mm d’origine ou un plössl Televue de 15 mm, qui présentent une aberration chromatique loin d’être négligeable.
L’observation planétaire n’est pas aussi idyllique. Quelque soit le grossissement utilisé, le contraste des images est moyen, et le bord des disques sont légèrement baveux. Il y a peu de détails dans les bandes de Jupiter. Ces défauts semblent corrélés à la turbulence. En effet, ils ne sont pas constants : il arrive que durant quelques secondes l’image devienne vraiment magnifique avant de redevenir fade. J’ai ainsi eu à plusieurs reprises d’excellentes images de Saturne à 188X avec la division de Cassini visible sur tout le pourtour de l’anneau! La décollimation engendrée par le jeu du porte-oculaire entre certainement également en jeu. De plus, il est particulièrement pénible de voir Jupiter se déplacer dans la moitié du champ oculaire durant la mise au point! La comparaison sur Mars lors de la Nuit des Etoiles 2003 avec l'excellente lunette apochromatique Takahashi TOA 130 enterra littéralement ce télescope : alors que dans ce dernier l'image bave et les tâches sombres sont à peine visibles, la lunette montre une grosse image (malgré la turbulence cette lunette pouvait supporter des grossissements supérieurs à 300X alors qu'à 120X c'était la limite dans le télescope) extrêmement contrastée et colorée. Incroyable! Les détails étaient plus nombreux que sur les images webcam amateurs que l'on trouve dans les revues. Cet épisode m’a donné envie de construire moi-même mes instrument (le seul moyen d’avoir un instrument de haute qualité optique pour un budget modeste), ce que j’ai commencé quelques années plus tard. Maîtrisant alors la procédure de contrôle des miroirs (appareil de Foucault) j’ai eu la curiosité de tester ce 150. Il présente un important zonage, j’ai tout de même tenté de calculer la précision : lambda/2,5 PTV. Optiquement c’est donc assez mauvais même s’il n’y a pas d’astigmatisme et que la surface ne semble pas rugueuse.

On pourrait conclure que le newton 150/750 est une vraie daube, même s’il fournit des résultats convaincants en ciel profond. Il faudrait toutefois tempérer ce constat par le prix de l’instrument. Il n’a coûté que 600 euros (et de nos jours près de la moitié! C’est à se demander si les ouvrier sont payés…), soit 10 fois moins cher que l’excellente TOA 130! Une autre vérité est que ce newton 150/750 m’a procuré beaucoup de plaisir et d’émotions, de bien belles découvertes. Le rapport qualité/prix est excellent, et sa polyvalence visuel/photo en fait un instrument de choix pour le débutant ou pour l’amateur de niveau intermédiaire ayant un bon site d’observation. Bien entendu je déconseille ce télescope à un observateur urbain qui n’observera que les planètes, une lunette comme la 90/1000 testée précédemment fournira de meilleures images. Il faut bien garder à l’esprit qu’avec ce genre de matériel, il existe une importante variabilité de la qualité de fabrication…

La neige,©Bruno Thien. La neige,©Bruno Thien. La neige,©Bruno Thien.




La lunette Vixen 120/800

J’ai acheté cette ancienne lunette de fabrication japonaise à un membre du forum Webastro. Il s'agit en fait d'une 120/1157 environ à laquelle a été ajoutée par le constructeur un correcteur/réducteur. Le but est de diminuer le rapport f/d dans un but de photographie du ciel profond, ainsi que de diminuer l'encombrement du tube. Le chromatisme, bien que théoriquement bien présent puisqu'il faudrait au moins 1500 mm de focale ou des verres ED pour le rendre négligeable, est forcément bien moindre que s’il s’agissait d’une vraie 120/800. Cette lunette était vendue très chère à l'époque de sa commercialisation (un peu plus chère que la 100 ED à f/d 9 de la même marque!), ce qui explique pourquoi très peu d’exemplaires ont été vendus.

Les lunettes Vixen 120/800 et Meade 90/1000,© Bruno Thien


Sur Saturne l’image est à la hauteur de ce dont on est en droit d’attendre avec une bonne lunette de 120 mm. Tous les détails principaux sont présents : division de Cassini(sur quasiment tout le tour de l’anneau lorsqu’il est bien ouvert), une bande tropicale et la coloration du pôle, l’ombre de l’anneau sur le disque et l’ombre du disque sur les anneaux. Lorsque la stabilité du ciel est correcte, le grossissement de 211X (oculaire Baader Eudiascopique 3,8 mm) s’impose. Le chromatisme est discret mais il est détectable sur la forme d’une très légère diffusion bleutée /violacée. Lorsque la turbulence n’est pas trop forte, au même grossissement Jupiter est tout simplement impressionnante et montre jusqu’à 4 bandes avec de très nombreux détails. Le chromatisme est notable. Sur la Lune, l’épaisseur du liseré coloré augmente avec le grossissement. On y retrouve des espèces de reflets bleutés /violacés, ce qui n’empêche pas l’image d’être bien piquée et détaillée, aux alentours du premier ou du dernier quartier on pourrait s’y balader des heures durant! Des grossissements de plus de 300X sont possibles sans perte de qualité, mais je préfère rester à 211X pour plus de confort. Avec un filtre Astrosolar, la granulation solaire est bien visible. En ciel profond, l’ouverture de 120 mm permet d’aller plus loin que la 90 mm (50% de lumière en sus!), la luminosité est à peu près équivalente à celle d’un Newton de 150 mm.

La mécanique est de bonne facture, notamment la superbe crémaillère au coulant de 2 pouces, qui n'a rien à envier aux crayfords chinois, et ce malgré quelques points durs. En effet, la Poste a encore fait du travail de cochon (décidemment, je n’ai pas de chance!) : l’axe de la mise au point était tordu à l’arrivée, j’ai dû le redresser à l’étau. Le poids et la longueur du tube ne sont pas anodins. En visuel çà passe sur les superbes montures Vixen SP ou GP mais on sent que la limite n'est pas très loin, une GP-DX est sans doutes plus adaptée. Le seul inconvénient de cette lunette, c'est le chromatisme, visible sur la Lune et les planètes brillantes sous la forme d'un liseré bleu. Pour éviter cet inconvénient et garder les mêmes propriétés de polyvalence, je ne vois rien d'autre à part la coûteuse Takahashi TSA 120!

Dans le salon,© Bruno Thien


Pour éliminer le chromatisme toutes les solutions ne font pas l'unanimité, il suffit de faire une recherche sur les différents forums pour voir que les nombreuses références de filtres anti-chromatisme proposées relèvent plus du marketing que de l'efficacité. J'ai moi-même essayé un filtre Baader d'un collègue qui jaunissait l'image toute en ne diminuant l'épaisseur du liseré que d'un tiers. J'ai donc épluché les courbes de transmission des filtres et je me suis bien vite rendu compte qu'un filtre jaune devait être parfait puisqu'en théorie le liseré bleu devrait être totalement supprimé. J'ai donc acheté un filtre jaune Baader Planetarium (équivalent Wratten n°12), un accessoire à priori de haute qualité. L’ajout du filtre jaune fait complètement disparaître le chromatisme sur Saturne, au prix bien entendu d’un léger jaunissement de l’image et d’une légère perte apparente de luminosité. Etonnamment, les faibles satellites ne sont pas moins bien visibles avec le filtre! L’ajout du filtre a donc augmenté la définition de l’image. Le contraste des détails est peut-être légèrement augmenté, mais tous les détails qui sont visibles avec le filtre le sont également sans le filtre. A noter que plus la turbulence augmente, plus l’amélioration de la définition de l’image induite par le filtre, augmente. Sur Jupiter le chromatisme est également radicalement éliminé, et la visibilité des fins détails dans les bandes ne semble pas affectée. Sur la Lune, le chromatisme déjà présent avec un oculaire de 25 mm, disparaît complètement avec le filtre, au prix d’une image bien jaune évidemment. A fort grossissement l’ajout du filtre fait quasiment disparaître le liseré autour du disque (et totalement autour des cratères), je dis quasiment et pas totalement pour rester le plus objectif que possible. Je sais que je suis plus sensible au chromatisme que la moyenne, il est alors possible que pour beaucoup le chromatisme ait totalement disparu. Quant aux reflets ils ont totalement disparu, faisant gagner l’image en définition. Par contre au niveau de la résolution il n’y a absolument aucune différence. L’image est bien entendue…bien jaune. Personnellement ça ne me dérange pas, je trouve même ça très joli, ça me rappelle la couleur de la Lune basse sur l’horizon, voire la Lune des bandes dessinées ou des dessins animés. Ce filtre s’avère très efficace pour supprimer le chromatisme de couleur bleue/violet, la définition de l’image s’en retrouve améliorée. Par contre, et contrairement à l’idée véhiculée par certains charlatans pour vendre leurs filtres colorés, la résolution n’augmente pas, elle reste inchangée.


Les oculaires simples

Les oculaires comportant 2 lentilles (estampillés H pour Huygens, HM pour Huygens Mittenzwey, et SR pour special Ramsden) ont mauvaise réputation car pendant longtemps ont massivement été livrés avec le matériel bas de gamme d’importation. Leur champ varie de 30 à 40°. Il faut savoir que même si la qualité est au rendez-vous, ce genre d’oculaire donne de l’aberration de sphéricité sur les instruments au rapport f/d courts. Même sur un instrument à f/7, la formule Huygens est inutilisable. En raison de leur simplicité, de tels oculaires bien réalisés devraient donner de belles images sur les instruments au rapport f/d long. Zeiss a produit des huygens, mais le 25 mm que j’ai pu utiliser manque de piqué par rapport à un plössl Meade S3000 de même focale, sur un instrument pourtant à f/12. Peut-être était-il conçu pour fonctionner avec les lunettes et/ou le renvoi-coudé de la marque? Ou alors son précédent propriétaire l’aurait-il démonté pour le nettoyer, puis mal remonté ? Affaire à suivre ! La quasi-totalité de ces oculaires sont au coulant de 24,5 mm.

Les oculaires à 3 lentilles (Kellner, MA, SMA) ont meilleure réputation et sont utilisables sur tous les instruments, et leur champ moyen est de 40°. Le Vixen K 20 est excellent, mais il n’est plus produit (coulant 24,5 mm). Les SMA 20 et 10 mm livrés avec de nombreux instruments d’initiation chinois sont régulièrement et injustement critiqués sur les forums, ils sont pourtant plus que corrects et permettent au moins de découvrir l’instrument.

Suite au succès des très célèbres et reconnus oculaires plössl de la maison Clavé, les firmes américaines principalement en ont profité. La vraie formule à 4 lentilles utilise 3 ou 4 sortes de verres différents, alors que pour les Meade et Televue, les 2 doublets sont identiques afin de minimiser les coûts de production. Il serait plus juste de parler d'oculaires symétriques. Et cela se ressent, même si les performances au centre du champ restent excellentes, les performances en bord de champ sont médiocres dans les instruments dont le rapport f/d est plus court que 8. Le chromatisme hors-axe est moins bien corrigé qu'avec un orthoscopique. Sur un Newton de 250 mm à f/d 6 le dernier tiers du champ du plössl Televue de 8 mm est inexploitable en haute résolution. La luminosité en ciel profond est très intéressante. L’ancienne de Televue, à trouver d’occasion, est au moins aussi bonne que l’actuelle. Le champ est de 48° environ. Les Meade S3000 et S4000 sont à trouver d'occasion, mais seules les séries sans l'œilleton en caoutchouc, qui sont made in Japan, sont valables. Si on ne les paie pas cher c'est une bonne affaire car ils sont tout à fait corrects. La correction de l’astigmatisme hors axe sur f/d court des S3000 est légèrement moins bonne que sur les Televue. Televue a donc raison de vanter les mérites de son design, mais en fait beaucoup trop en affirmant que ses plössl ont été testés à f/4, c’est à la limite de la tromperie!

Les plössl de fabrication chinoise se retrouvent sous différentes marques. J’ai pu tester les Kepler 6,3 et 4 mm vendus en 2002. Le confort n'est pas terrible mais la transmission lumineuse est très bonne, et est même légèrement supérieure à celle du réputé Takahashi LE de 5mm! (4 lentilles contre 7 lentilles, mais attention, la comparaison portait juste sur la transmission lumineuse!). Intéressants pour un petit instrument comme le T150, le très léger gain en lumière peut faire la différence pour résoudre les amas globulaires. Le champ varie entre 40 et 50°. Très bon rapport qualité/prix!

Les Baader Eudiascopiques (made in Japan) sont excellents en longues focales, peut-être même les meilleurs disponibles sur le marché (35 et 25 mm notamment) avant leur disparition progressive qui est maintenant presque achevée. Il s'agit d'une formule à 5 lentilles et 48° de champ dérivée du plössl (un compromis entre l'Erfle, grand champ mais mal corrigé, et l'orthoscopique, petit champ mais très bien corrigé). Les 5 et 3,8 mm sont respectivement les 10 et 7,5 mm de la série auxquels ont été intégrées 2 lentilles supplémentaires qui jouent le rôle de lentille de barlow (permet de gagner en confort et en correction de l’image en bordure de champ mais apparemment aussi de perdre un peu en luminosité). En observation lunaire le chromatisme est bien corrigé. Avec des newton à f/d 5 et 6 en observant des étoiles brillantes on constate un peu d'astigmatisme lorsque l'on se rapproche du bord du champ, excepté pour les courtes focales qui intègrent la barlow. Le 35 est mon oculaire à faible grossissement favori avec le T250 à f/d 6, il donne un peu plus de 1° de champ avec un bon confort d’observation. Quel dommage que ces oculaires ne soient plus produits! Les Celestron Ultima ressemblent furieusement aux Baader Eudiascopiques, je dirais même que ce sont les mêmes, à part le 5 mm qui n’intègre pas de barlow. Les focales sont quasiment identiques. Ils ne sont plus produits depuis quelques années. Il est également fort probable que la formule optique (et l’origine de fabrication) soit la même que celle des Takahashi LE et autres Kasai Astroplan ainsi que regrettés Masuyama (qui apparemment seraientt en train de renaître de leurs cendres!).

L’orthoscopique authentique, quelque peu délaissé au profit des plössl, revient au goût du jour! Les orthoscopiques Baader Genuine sont excellents! Champ de seulement 42° mais le 9 mm est corrigé jusqu'à l'extrême bord du champ, testé sur Jupiter avec le 250 à f/d 6! Le 6 mm est légèrement moins bien corrigé à l’extrême bord du champ mais il reste un excellent oculaire, la correction hors-axe est sans commune mesure avec celle d’un plössl symétrique! Les fins détails de l’atmosphère de Jupiter sont un test sans pitié pour le contraste des oculaires. Le contraste et la luminosité du 9 mm sont équivalents à ceux du plössl Televue de 8 mm. Il est plus confortable que ce dernier. Les Baader Genuine ne sont plus commercialisés, l’importateur les a remplacés par une toute autre série, made in China, et au choix de focales extrêmement limité. C’est extrêmement dommage de saborder le meilleur, comme l’avait fait Meade avant son déclin. Mais la fabrication de ces excellents oculaires n’a heureusement pas cessé, ils sont désormais disponibles sous d’autres étiquettes : Hutech et Fujiyama entre autre. A noter que Takahashi en commercialise dorénavant une nouvelle série mais ils sont un peu plus chers! Un orthoscopique de qualité (environ 100 euros) est une excellente alternative aux fameux Zeiss Abbe, malheureusement hors de prix et très difficiles à trouver. A noter que l'on peut trouver sur le marché de l'occasion d'excellents orthoscopiques de marques Perl Royal et Takahashi (mais au coulant de 24,5 mm, il faut un adaptateur pour les utiliser au coulant 31,75). A noter que certains oculaires japonais des années 90 étaient vendus comme orthoscopiques, mais qu’il s’agissait en fait de plössl diaphragmés! Ce genre d’oculaire reste une alternative tout à fait valable si on ne les paye pas cher.

Les Vixen LV (remplacés par les NLV) sont très controversés, car certains les jugent excellents, et d’autres médiocres (chromatisme, perte de lumière). Il est possible qu’il y ait eu certaines séries mieux réussies que d’autres, qu’ils fonctionnent mieux sur certains instruments que d’autres, ou encore que certaines focales fonctionnent mieux que d’autres. Ils comportent entre 4 et 8 lentilles selon la focale (plus la focale est courte, plus il y a de lentilles), afin de garder un relief d’œil constant de 2 cm. Le champ est identique à celui d’un plössl. Le 20 mm m’a donné une forte impression de luminosité, mais je n’avais pas de moyens de comparaison. Le LV 40 mm est sans doutes le plus intéressant de la série car c’est le plus lumineux (4 lentilles en 2 groupes). Il permet d’obtenir le grossissement minimum en utilisant le coulant 31,75, mais le champ réel est le même que celui d’un plössl de 32 mm (le champ apparent d’un 40 mm en 31,75 est donc plus restreint, il ne peut pas dépasser une quarantaine de degrés en raison du diamètre intérieur du coulant). C’est pour cette raison que les 40 mm sont souvent déconseillés. Les opticiens ayant conçu ce genre d’oculaire seraient-ils des imbéciles ? Et bien non, ils ont simplement pensé aux utilisateurs d’instruments à long rapport f/d, afin qu’ils puissent obtenir la pupille de sortie la moins petite que possible! A l’usage ce LV 40 tient ses promesses.


Les oculaires à grand champ

Le Meade UWA 8,8 S4000 est un oculaire extraordinaire, l’un des meilleurs produits de Meade! Quasiment 86° de champ (avec une bonne correction géométrique) mais la teinte de l’image tire vers le jaune et la correction chromatique n’est pas parfaite. C'est du point de vue de la luminosité que vient la bonne surprise : la transmission lumineuse de cet oculaire à 8 lentilles est quasiment égale à celle du plössl Televue de 8 mm! Une merveille donc en ciel profond, mais selon mes critères il vaut mieux préférer autre chose en observation lunaire et planétaire car la définition de l’image est perfectible. Mais avec un dobson non motorisé je n’ai guère le choix, il me rend alors de bons services! Il pèse près de 400g et coûtait très cher à l’époque de sa commercialisation, heureusement j'ai pu l'acquérir en occasion. Préférez la version la plus ancienne sans le caoutchouc. Le 14 mm a également une bonne réputation.

Le Nagler 4,8 est le moins cher des Nagler! Un vieux modèle, à trouver d'occasion. Je n'ai pas de critères de comparaison mais l'optique semble bonne, malgré un manque de contraste évident sur Jupiter. Avec le T250 à f/6 les images sont exploitables sur tout le champ de 78°. Certains lui reprochent un confort spartiate (faible relief d'œil) mais pour quelqu'un habitué à des plössl il est très confortable! A recommander sur un dobson. Selon certains tests parus dans les revues d'Astronomie, le Nagler 5 T6, bien plus cher, n'est optiquement que très légèrement plus performant, les améliorations résident dans le confort et un léger gain en contraste et en luminosité. Par contre il présente un peu de chromatisme, contrairement à l'ancien modèle, c'est une régression! Il existe le 7 mm, de même conception. Malgré le fait qu'il ne soit pas parfait, cet oculaire semble être le bon oculaire à fort grossissement pour mon T300 à f/4,7. En comparaison avec un Meade S3000 de 5 mm, l'image est identique au centre du champ. Le Meade a un champ plus petit et est inexploitable en planétaire sur les bords, mais la mise au point est plus facile.

Les Nagler T2 ne sont plus produits. Un très bon porte-oculaire au coulant 50,8 est obligatoire pour ces lourds oculaires constitués quand même de 8 lentilles. Le champ est d’environ 78°. Le très lourd 20 mm fait son œuvre en ciel profond, mais pour la Lune c’est direction la poubelle ! Sur mon Newton 250 à f/6 cet oculaire montre une atmosphère orange sur la Lune bien au centre du champ. En ciel profond j’ai été enchanté par le 16 mm. Autant le gain de champ du moderne et compact Nagler 13 mm T6 ne m’a pas enchanté par rapport au plössl Televue de 15 mm, ce 16 mm donne vraiment une impression d’immersion, et du coup une impression de plus grande luminosité. Il m’a fallu comparer finement, sur la galaxie M74 par conditions moyennes, pour me convaincre du contraire. En effet, le plössl la montrait très légèrement plus lumineuse, ce qui est logique vu le moindre nombre de lentilles. Le chromatisme en observation lunaire est visible, mais sans commune mesure avec le 20 mm. Les nouveaux Nagler T4 et T5 sont constitués de moins de lentilles et bénéficient de traitements anti-reflets plus modernes, ainsi que d’un relief d’œil plus généreux. Mais vu que la différence de luminosité/contraste en ciel profond entre en Nagler T2 et un bon plössl est difficile à voir, j’ai des doutes que le gain apporté par ces modèles plus récents saute aux yeux. J’ai pu essayer le Nagler T4 de 17 mm en ciel profond, il m’a fait forte impression tout comme le 16 mm T2 mais je ne le possédais pas encore à l’époque. Depuis 2016, les Nagler disparaissent progressivement du catalogue de Televue.

Les Panoptic sont les oculaires à moyen champ de chez Televue, financièrement plus accessibles que les Nagler. Un champ d’environ 65° (contre 78° pour les Nagler). Ils présentent moins de chromatisme sur la Lune que les Nagler T2. Le 22 mm, bi-coulant 31,75-50,8, n’est plus produit, on se demande bien pourquoi mais Televue a pris l’habitude de retirer soudainement du marché tel ou tel oculaire, afin de mieux vendre ceux de la gamme au-dessus. Il reste les 41, 35, 27 mm (coulant 50,8) et 24 et 19 (coulant 31.75). Le 22 est très bon avec le T300 à f/4,7. Il donne 1° de champ.

Les Delos sont l’une des dernières séries de Televue, ils entrent en concurrence avec les Pentax XW et les récents Nikon NAV-SW. Optiquement c'est une grande réussite (ils sont même légèrement supérieurs aux Ethos, voir dans les liens la page de Alvin Huet). Le chromatisme est très bien maitrisé, la luminosité et le contraste sont d'excellent niveau surtout si on considère qu'il s'agit d'un oculaire à 7 lentilles en 5 groupes (information à confirmer). Contrairement aux Nagler, le champ mesuré est juste, on a donc un oculaire qui fait vraiment 70° de champ. L'impression d'immersion et le confort sont au top! De tous les oculaires que j’ai pu essayer, je dirais que les Delos sont ce qui se rapprochent le plus d’un orthoscopique du point de vue de la qualité optique. Par contre, Televue a complètement gâché son chef-d’œuvre optique par une conception mécanique au rabais. Pour un oculaire aussi lourd et aussi long (et aussi cher!), Televue aurait été bien inspiré de monter une jupe au double coulant plutôt qu'un simple coulant en 31,75, qui plus est muni d'une gorge de serrage étroite. Bilan : il est impossible de serrer convenablement l'oculaire avec de nombreux porte-oculaires à serrage annulaire (JMI, Moonlite dans une moindre mesure). Il faut soit acheter un porte-oculaire Televue, soit revenir à l'antique système de serrage à vis qui abîme les jupes des oculaires. Le réducteur 50,8/31,75 Televue est effectivement compatible avec les Delos (encore heureux!), le montage est fiable et tout se passe comme si on avait un vrai oculaire compatible avec le coulant 50.8. Ceux qui ne disposent pas d’un adaptateur compatible devront donc s’en procurer un (45 euros), ce qui réduit l’écart de prix des Delos par rapport à la concurrence. Mais l’heureux possesseur d’un Delos n’est pas tiré d’affaire pour autant : Televue ne s’est pas arrêté en si bon chemin, et équipe également ses réducteurs d’une « gorge de sécurité » (ou plutôt « gorge d’emmerdement ») incompatible avec de nombreux porte-oculaires à anneau de serrage. Sur le Moonlite, l’anneau de serrage n’est pas en face de la gorge, c’est donc incompatible à moins d’accepter de ne pas enfoncer l’adaptateur à fond dans le porte-oculaire. Sur le JMI, çà passe mais vraiment de justesse.

Les Vixen LVW sont plus anciens et comportent 8 lentilles. Ils sont au double coulant 31,75-50,8, ce qui est logique vu leur poids et leur encombrement comparables à ceux des Delos. Je ne les ai pas encore sérieusement testés, mais je vais le faire prochainement. La qualité optique semble bonne, et le rapport qualité/prix semble des plus intéressants.

Les Ethos de Televue présentent un champ fabuleux et inédit de 100°, et même de 110° pour les plus courtes focales! Ils comportent 9 lentilles mais espacées en seulement 5 groupes, ce qui limite les pertes de lumière et de contraste. Ces oculaires sont lourds et chers, c’est logique. J’ai pu essayer le 21 mm sur un T500 à f/4. Un bon tiers du champ est affectée par l’aberration de coma, rendant l’image peu agréable. En comparaison, le Panoptic 22, d’un champ moindre, donnait une image plus agréable. Sur un newton à f/d court, les Ethos doivent donc impérativement s’utiliser un correcteur de coma (611 euros), sinon c’est du gâchis. A noter que le poids et le bras de levier provoqués par un tel montage demandent un porte-oculaire d’une solidité irréprochable, ce qui augmente encore le coût.


Quelques considérations sur les oculaires

Il ne faut pas lésiner sur l’achat de très bons oculaires, car ils peuvent se réutiliser sur la plupart des instruments et se gardent à vie. Mais dans la réalité ce n’est pas si facile, tant le coût d’une gamme complète devient prohibitif. On dit souvent qu’il vaut mieux 2 bons oculaires qu’une ribambelle d’oculaires moyens, mais avoir toute une gamme c’est important si l’on veut tirer le meilleur parti de son instrument. Il ne faut alors pas hésiter à recourir au marché de l’occasion pour avoir quelque chose de mieux que des oculaires bas de gamme. Les 3/4 de mes oculaires ont été achetés d'occasion!

D’un autre côté, on voit de plus en plus de télescopes bas de gamme équipés de toute une collection d’oculaires haut de gamme. C’est faire les choses à l’envers, car la partie la plus importante du télescope reste l’objectif ou le miroir. L’oculaire ne peut pas magnifier l’image, il ne peut que la ruiner! Il vaut mieux réserver le budget à l’achat de l’instrument principal, et acquérir les oculaires coûteux par la suite, au fur et à mesure. De simples plössl peuvent parfaitement convenir pour découvrir l’instrument.

Le débutant aura tout intérêt à se rendre dans un club pour tester les différentes focales et modèles, ainsi il saura exactement ce qu’il lui faut. En effet, l’oculaire parfait n’existe pas. Il est impossible de construire un oculaire à 80° de champ corrigé sur tout le champ, sans chromatisme, compact et léger, avec 2 cm de relief d’œil, qui présente le meilleur contraste et la meilleure luminosité, et qui fonctionne bien sur tous les instruments. Un oculaire se choisit selon l’objet observé, l’instrument et les goûts de l’observateur. Choisir un oculaire, c’est dans la plupart des cas faire un compromis. Par exemple certains seront attirés par 2 cm de relief d’œil et un très grand champ apparent et ne prêteront pas attention à la correction chromatique. D’autres préféreront le contraste maximal en planétaire quitte à coller leur œil contre l’oculaire, d’autres encore choisiront un oculaire léger pour le salut de leur porte-oculaire.

Mon point de vue, c’est que lorsqu’on dispose d’un petit instrument on l’utilise bien souvent à fond, il n’y a pas beaucoup de lumière et de résolution, mieux vaut donc ne pas en perdre. Le contraste et la luminosité sont donc la priorité! Exit les oculaires grand champ à bas coût et autres camelotes estampillées « ED » ou « eye relief ». Je conseille donc des plössl ou des orthoscopiques. Que ceux qui portent des lunettes se rassurent, sauf à être astigmate ils n’ont pas besoin de lunettes, la mise au point corrigera les défauts. Pour les astigmates, ce défaut est en général présent lors de l’utilisation de faibles grossissements, ils doivent donc garder leurs lunettes dans ce cas-là. Mais le relief d’œil augmentant avec la focale, une grande partie des oculaires de grandes focales sont utilisables par les porteurs de lunettes. A noter qu’un trop grand relief d’œil est inconfortable puisqu’on a du mal à bien positionner l’œil. Pour pallier à cet inconvénient certains oculaires comme les Pentax XW ou les Radian et Delos sont équipés de bonnettes rétractables. Pour les petits instruments le maître choix est donc les plössl Televue, et les orthoscopiques Hutech, Fujiyama ou Takahashi, et d’occasion les orthoscopiques Baader Genuine et les Baader Eudiascopiques. Les Celestron Ultima, Meade made in Japan, et Takahashi LE ainsi que les vieux orthoscopiques au coulant 24,5 sont également valables. Ces oculaires ont l’avantage d’être peu coûteux sur le marché de l’occasion.

Pour un dobson de grand diamètre le problème se pose différemment. En effet il faut suivre les objets que la rotation de la Terre déplace et ce d’autant plus vite que le grossissement est élevé. Or plus le diamètre de l’instrument est gros, plus les grossissements résultants sont élevés et donc le champ restreint. Une éventuelle légère perte de lumière ou de contraste apparaît alors anecdotique, et les oculaires à grand champ s’imposent. Ces oculaires sont souvent lourds et chers. Il est à noter que certains Nagler corrigent en partie l'aberration de coma, intrinsèque aux newtons de court rapport f/d. Pour un dobson je trouve que les Vixen LVW, Televue Panoptic et anciens Nagler T1 et T2 et Meade UWA S4000 présentent une qualité optique suffisante pour un prix raisonnable.


Les lentilles de barlow



La réputation de cet accessoire a longtemps été ternie, car systématiquement livré avec le matériel de supermarché, afin de proposer des grossissements dithyrambiques. Pourtant, une barlow de bonne qualité présente de nombreux avantages :

- une économie substantielle puisqu’il est possible de diviser par 2 le nombre d’oculaires ;
- un confort d’observation amélioré en raison de l’utilisation d’oculaires de plus grande focale ;
- une meilleure correction de l’image en bord de champ avec les instruments à court rapport f/d ;
- une bonne polyvalence car également utilisable en photo lunaire et solaire, voire planétaire selon les cas.

Mais la théorie fait bien vite place à la réalité :

- vignetage systématique avec les oculaires de longue focale ;
- en considérant également l’étagement des gammes d’oculaires disponibles, il y a des « doublons », il est donc très rare de vraiment pouvoir diviser par deux le nombre d’oculaires !
- les résultats obtenus varient fortement d’un modèle à l’autre, en fonction de l’instrument et de l’oculaire utilisé. Idéalement, une barlow devrait être calculée pour un instrument donné et un oculaire donné. Il y a donc des surprises, bonnes ou mauvaises ;
- le grossissement obtenu dépend du tirage, c’est-à-dire la distance entre les lentilles de la barlow et le plan focal de l’oculaire (ou le film photographique ou le capteur numérique). Or ce tirage va légèrement varier en fonction de l’oculaire utilisé ou du raccord photographique utilisé. Il est donc difficile de prédire le facteur exact de grossissement, sans prendre des mesures précises. Par exemple, de nombreuses barlow annoncées 2X donnent dans la pratique jusqu’à 2,5X. A noter qu’une barlow est conçu pour pouvoir être utilisée à son tirage nominal. Toute augmentation notable du tirage provoque de l’aberration de sphéricité ;
- du point de vue de la stabilité mécanique, le montage d’une barlow peut s’avérer être un désastre avec un oculaire lourd. La longueur du tube provoque un effet « bras de levier », il faut donc un solide porte-oculaire. Avec un renvoi-coudé en 31.75, il est souvent impossible d’utiliser une barlow, car son insertion dans le renvoi-coudé en toucherait le miroir ou le prisme. Bien entendu, il est hors de question d’insérer la barlow avant le renvoi-coudé, en raison de l’augmentation notable du tirage qui serait provoquée ;
- même si c’est moins vrai que dans le temps, une barlow çà reste des lentilles et donc des surfaces air/verre supplémentaires, qui potentiellement diminuent la luminosité et augmentent la diffusion. Avec un oculaire simple à petit champ et une barlow, on se retrouve presque dans la même configuration (du point de vue du nombre de lentilles) que celle d’un oculaire à champ beaucoup plus grand. Du coup, on peut se retrouver avec les inconvénients d’un oculaire à grand champ, mais sans l’avantage du champ !

En 20 ans d’astronomie je n’avais jamais utilisé de barlow, mais les choses ont changées, j’ai déniché récemment 2 vieilles barlow en 31.75, une Celestron Ultima et une Meade serie 4000, toutes deux à 3 lentilles. Elles se marient très bien avec les orthoscopiques Baader Genuine ainsi qu’avec les Baader Conclusion : il faut tester ! Mon point de vue : une bonne barlow est intéressante en observation visuelle, pour atteindre des forts grossissements qu’on utilise de manière exceptionnelle.


Les filtres solaires

Rappel : l’observation du Soleil est à proscrire, même à l’œil nu, si on n’utilise pas un moyen de protection adapté. La moindre erreur qui exposerait l’œil à la lumière concentrée, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, est suffisante pour causer des dégâts irréversibles à l’œil. En cas de doute, il vaut mieux s’abstenir et demander conseil à un connaisseur! Tout matériel optique ne doit pas être accessible de jour à des enfants non avertis. Tout système optique peut provoquer un incendie si les ouvertures ne sont pas couvertes par des caches.

Certains filtres dits solaires (en général fournis avec les anciens matériels ou le matériel de supermarché) qui se vissent derrière l’oculaire sont extrêmement dangereux à utiliser! Situés proches du foyer de l’instrument, ils reçoivent ainsi la lumière solaire la plus concentrée qu’il soit! L’éclatement éventuel d’un tel filtre provoque également l’éclatement de l’œil du malheureux observateur. C’est déjà arrivé.
Le filtre solaire le plus sûr est celui qui se place devant l’entrée de l’instrument. Ainsi l’intensité lumineuse est diminuée avant de pénétrer le système optique. La plupart des filtres en verre ne sont pas recommandables car la qualité du polissage est mauvaise (un filtre de qualité coûterait quasiment le prix de l’instrument). Ils peuvent dépanner mais ne sont pas spécialement bon marché je trouve. Un bon filtre est l’Astrosolar de Baader Planetarium. Il ressemble à du papier aluminium, on peut le découper pour l’adapter sur son instrument mais également jumelles ou objectifs photo. Le mieux est de réaliser une petite monture en carton dur voire en bois, ce qui permet de l’installer et de le retirer sans l’abîmer. Il faut veiller à ne pas trop le tendre. Bien entendu la durée d’un tel filtre n’est pas éternelle et il faut soigneusement le vérifier avant l’observation. Bien utilisé, ce filtre est très sûr, et il est bon marché (26 euros la feuille A4). Ne pas oublier d’enlever ou de protéger le chercheur!
Il existe d’autres filtres, sélectionnant une plage de longueur d’onde bien précise. Ces filtres permettent d’étonnantes observations telles que les éruptions solaires. Mais leur coût prohibitif les réserve à des amateurs passionnés par la chose, ainsi qu’aux clubs.

Un astucieux moyen d’observer le Soleil est l’hélioscope de Herschel. Il s’agit d’un prisme ou d’une lame de verre orienté avec un certain angle dans une monture de renvoi-coudé, d’une telle manière à ce que 96% de la lumière soit rejetée. Les 4 % restants sont encore de trop pour une observation en toute sécurité, il faut alors visser à l’oculaire un filtre neutre ou polarisant, voire le fameux filtre solaire se vissant à l’oculaire, que j’ai fortement déconseillé d’utiliser seul, plus haut. Cette fois-ci il n’y a plus de risque d’éclatement du filtre. La qualité d’image est excellente, légèrement meilleure qu’avec le filtre Astrosolar. A noter qu’il n’est possible d’utiliser l’hélioscope de Herschel qu’avec une lunette! Plusieurs fabricants proposent désormais un hélioscope de Herschel à leur catalogue, mais il est possible de trouver d’occasion un Clavé ou un Perl Royal (coulant 24,5 mm).

Pour finir, il est également possible d’observer le Soleil par projection. Aucun filtre n’est placé, on se contente de placer un écran blanc à quelques dm de l’oculaire. Une telle méthode entraîne la chauffe des optiques. Il faut donc utiliser exclusivement des oculaires à lentilles non collées (Huygens ou H) et une lunette (pas de télescope). C’est avantageux pour l’observation en groupe mais il faut bien veiller à ce que personne n’ait la mauvaise idée de venir placer son œil derrière l’oculaire…

Une petite astuce pour les têtes en l’air : mettre la main derrière l’oculaire avant d’y mettre l’œil, ainsi vous remarquerez immédiatement si jamais vous avez oublié le filtre!


Les filtres colorés

L’achat de ces rondelles colorées est très tentant car elles sont relativement peu chères. A lire certains prospectus, l'observation lunaire et planétaire se retrouverait grandement améliorée par l'usage des filtres colorés, car ils augmentent le contraste et la résolution. C’est un mensonge! Mon conseil : il vaut mieux d’abord investir dans de bons oculaires, et éventuellement par après, sélectionner quelques filtres (d’excellente qualité optique) en fonction de ses sujets d’observation de prédilection. Bien choisis, les filtres colorés améliorent quelques fois légèrement le contraste de certains détails (au détriment d’autres détails), mais n’améliorent en rien la résolution. La perception des couleurs variant d’un individu à l’autre, on ne peut pas dicter de règle absolue quant à l’utilisation de ces filtres. Par contre ils sont très utiles pour faire de bonnes photographies argentiques noir et blanc des planètes (qui en fait encore?).

Sur Mars, j’ai pu constater avec le newton 150/750 que le filtre orange n°21 améliore légèrement le contraste des zones sombres, alors que le bleu n°80 améliore légèrement la visibilité des calottes polaires. Avec des lunettes de 60 à 120 mm, je n’ai pas constaté l’utilité de l’orange n°21, par contre le bleu léger 82A est un bon compromis car il permet d’améliorer très légèrement le contraste des zones blanches, sans affecter le contraste des zones sombres. Le filtre jaune-orange n°15 est surprenant : il renforce très légèrement le contraste (séparation des différentes zones) sans affecter la couleur naturelle de la planète! Sur Jupiter et Saturne, les filtres sont pratiquement inutiles quelque soit l’instrument utilisé (avec ma vision), tout au plus le filtre jaune-vert n°11 améliore légèrement le contraste des zones polaires (à confirmer). Utilisés avec une lunette achromatique, les filtres bleus sont une horreur sur Jupiter car il font ressortir le chromatisme! Il est communément admis que le filtre violet n°47 est utile pour voir les nuages de Venus, mais je n’ai pas encore testé. Les filtres jaune peuvent être très utiles pour rehausser le contraste d’une pleine Lune délavée par un ciel brumeux.

Un filtre jaune peut être très utile pour supprimer le spectre secondaire sur une lunette achromatique (voir le test de la lunette de 120 mm). Les filtres ne doivent pas dégrader l’image, il faut donc opter pour des Baader Planetarium ou Lumicon.


Les filtres lunaires

Pour la Lune des filtres polarisants ou neutres sont proposés, en plus des traditionnels filtres colorés. Je trouve dommage de mettre çà. Certes celà évite d'être ébloui, mais les belles couleurs (dont les variations et la beauté augmentent avec le diamètre de l'instrument) disparaissent. De plus certains observateurs rapportent avoir constaté une basse de la qualité de l'image avec certains filtres. Pour ceux qui sont vraiment éblouis une solution serait d'augmenter le grossissement, mais il arrive un moment où l'on n'a plus la Lune en entier dans le champ. Ceux qui seraient quand même tentés par ce genre de filtre ont tout intérêt à se diriger vers des filtres de haute qualité.


Les filtres interférentiels (dits « anti-pollution »)

Si vous voulez absolument acheter des filtres ce sont les filtres interférentiels qu'il vous faut avoir! Ils ne laissent passer que quelques raies précises du spectre, faisant augmenter le contraste de certaines nébuleuses mais aussi diminuer le nombre d'étoiles dans le champ. Je cite le magique OIII, très sélectif, qui transforme littéralement la vision de certaines nébuleuses comme les Dentelles du Cygne ou Hélix. Contrairement à une idée reçue ce filtre est parfaitement utilisable sur un petit instrument tel qu'une lunette de 80 mm, il suffira juste d'avoir une grande pupille de sortie. L'UHC est plus polyvalent puisque moins sélectif et donc utilisable sur un plus grand nombre de nébuleuses, mais son effet est moins spectaculaire. Le Deep-Sky est encore moins sélectif et est surtout utilisé dans les zones fortement polluées par la lumière. Mais il ne faut pas s'attendre à des miracles. Je recommande le filtre OIII de Astronomik. Je mien a plus de 10 ans et fonctionne encore comme au premier soir! Lumicon propose également toute une panoplie de filtres de haute qualité. A noter qu’il existe désormais de pâles copies chinoises du fabriquant Astronomik : Optolong.


Les jumelles

Loin d'être l'instrument du débutant ou du pauvre, les jumelles sont couramment utilisées en Astronomie, car elles cumulent de nombreux avantages si le modèle est bien choisi : grande luminosité, grand champ, grande maniabilité et grande transportabilité. Il est possible de déjà bien voir les grands traits du relief lunaire, de voir les lunes de Jupiter, de plonger dans la Voie Lactée. La Grande galaxie d'Andromède est l'un des rares objets que la plupart des amateurs préfèrent observer aux jumelles, en raison de sa grande étendue (le champ diminue avec l'augmentation de la puissance du télescope). Elles sont aussi une précieuse aide au repérage des objets.

L’une des dernières nouveautés à la mode est de dire que les jumelles ayant une pupille de sortie de 7 mm (7X50, 8X56, 11X80) sont à déconseiller, car elles permettent de voir « moins de choses » qu’avec des jumelles au grossissement supérieur. En effet, lorsque le grossissement augmente, la magnitude limite atteinte augmente également. La résolution augmente également puisqu’à ces faibles grossissements, le grossissement résolvant est loin d’être atteint. De plus, le champ réel étant limité pour des raisons mécaniques, les jumelles à fort grossissements ont généralement un champ apparent plus élevé. On aurait donc tous à y gagner à prendre des 20X80! Pourtant, la lecture de livres datant d’y à quelques années mettent en avant les jumelles à grande pupille de sortie, tout en mettant en garde que la pupille de l’œil diminue avec l’âge.

A l’origine, les jumelles à grande pupille de sortie étaient les jumelles marines. En raison du tangage intempestif du bateau, les pupilles de sortie des jumelles ne se trouvent pas toujours bien alignées avec les pupilles de l’observateur. Une grande pupille de sortie permet donc à l’observateur un meilleur confort, surtout en conditions de faible luminosité. En Astronomie on observe la plupart du temps sur la terre ferme, mais lors de l’utilisation de jumelles à main levée, on se retrouve confronté au même problème que sur le bateau, certes dans une moindre mesure. Une grande pupille de sortie n’est donc pas débile. De plus, avec un faible grossissement le champ réel sera maximal, ce qui est intéressant pour se promener dans la Voie Lactée. L’impression d’immersion n’est pas liée au seul champ apparent, elle dépend aussi du champ réel, du grossissement, de l’objet observé et de son environnement. Et, dernier avantage pratique, des jumelles à faible grossissement sont moins sensibles aux fréquents petits défauts de parallélisme des fûts. Attention donc avant d’acheter la superbe paire de 20X80 made in China! Pour résumer, si vous vous retrouvez dans au moins deux des situations suivantes, des jumelles à grande pupille de sortie sont intéressantes : observation à main levée, observateur relativement jeune, ciel bien noir, observation de nébuleuses étendues, recherche du champ réel maximal.

Je possède des Perl de Nuit 8X56 depuis l'an 2000. Actuellement je ne pense pas que leur rapport qualité/prix soit très bon. Les pupilles de sortie ne sont pas parfaitement rondes, elles sont légèrement rognées (signe que les prismes sont légèrement sous-dimensionnées), comme sur les jumelles bas de gamme. Malgré cela, la luminosité apparaît comme bonne. Un léger chromatisme se voit sur la Lune, ce qui est typiques des jumelles de cette gamme de prix. Le piqué global est plutôt moyen, de même que la correction en périphérie du champ. Le faible relief d'œil ne permet pas de porter de lunettes (il faut alors les enlever et corriger avec la mise au point, mais çà ne marche pas si on est astigmate!). Le champ est intéressant, il est de 6,5° ce qui porte le champ apparent à 52°. Je me souviens d'une soirée de l'hiver 2003 en Autriche dans un fond de vallée. Un des plus beaux ciels que j'ai connu. Les galaxies M81 et M82 étaient évidentes avec ces jumelles, on voyait très bien l'ovale de la première (galaxie spirale vue de 3/4 face) et le fuseau de la deuxième (spirale vue par la tranche). Tout celà dans un champ rempli d'étoiles. Féérique!

J’ai pu trouver d’occasion des jumelles Perl de Nuit 11X80 en très bon état. Personne d’autre que moi n’en voulait, d’où un prix très intéressant! D’après mes recherches elles doivent dater du milieu des années 80. Le champ réel n’est que de 4°, ce qui porte le champ apparent à 44°. C’est à première vue un peu juste, mais pas pire qu’avec un oculaire orthoscopique. En ciel profond, les images sont impressionnantes. Une lunette de 80 mm dans chaque œil, ce n’est pas rien! Les étoiles brillantes montrent des aberrations sur le dernier quart du champ, ce qui est typique pour des jumelles moyen de gamme. La Lune est fantastique, malgré le fait que le faible grossissement diaphragmerait les jumelles selon certains. L’aberration chromatique est perceptible, mais étonnamment bien contenue. Quelques reflets parasites apparaissent, mais ne sont pas bien gênants. L’image de Jupiter et de ses lunes est très propre. Bref, ce ne sont peut-être pas les meilleures jumelles du monde, mais elles sont très bien quand même! Le poids de ces jumelles étant assez conséquents, les observations à main levée ne sont raisonnablement possibles que durant une période limitée.

L’observation prolongée avec des jumelles nécessite de les monter sur un trépied. Il faut juste savoir qu’avec un trépied traditionnel, il n’est pas possible d’observer au zénith. En règle générale il est difficile d’observer les objets situés à plus de 50° de hauteur. Selon moi, le constructeur allemand Berlebach fourni les meilleurs trépieds. Ils sont en bois de frêne, ce qu’il y a de mieux pour amortir les vibrations. Ils ne sont pas forcément beaucoup plus chers que des trépieds « conventionnels » qui sont plus légers mais également moins bien construits et moins faits pour durer! C’est dommage que cette marque ne soit pas d’avantage connue et plébiscitée. Une fois de plus, le marketing a fait son effet. Dans la tête de la majorité, le bois c’est ringard et le carbone c’est tendance. Mais après avoir utilisé un Berlebach, pour rien au monde je ne reviendrais vers ces frêles assemblages de plastique et de carbone qui plus est sont bien moches!




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