La nuit serait plus belle sans la pollution lumineuse. Si vous n’êtes pas en contact avec le monde de l’Astronomie vous n’avez peut-être jamais entendu parler de ce terme. La pollution lumineuse est produite par la quantité astronomique de lampadaires et autres éclairages qui pullulent dans nos contrées (signe que l’énergie n’est pas encore assez chère !) et illuminent en grande partie le ciel, noyant l’éclat de la Voie Lactée et de la plupart des étoiles. Cette pollution n’affecte pas que les astronomes, mais aussi la faune et la flore….et l’homme bien sûr !
Les pouvoirs publics appellent les citoyens à modérer leur consommation d'électricité, parce qu'il semblerait que les ménages soient les seuls responsables de l'augmentation de la consommation. Mais c’est prendre les gens pour des cons, sachant que villages, zones industrielles, routes et monuments sont toujours éclairés davantage!
- Un besoin de sentiment de sécurité du à la peur ancestrale du noir, à la sédentarisation et à la perte du contact avec la Nature.
- Les appétits financiers de certaines personnes. Il faut bien en vendre le plus possible....mais qui paye la facture?
- La mégalomanie de certains élus, gaspillant la caisse commune pour se faire bien voir auprès de leurs électeurs les plus ignares. Mais il y a aussi des architectes et promoteurs immobiliers, gérants d’établissements…et même des fois des particuliers qui illuminent leur jardin et leur maison comme en plein jour!
- Un coût financier relativement élevé pour le contribuable. Il y a non seulement la facture d'électricité mais aussi l'installation et l'entretient des lampadaires. Il est inutile de préciser que les moins favorisés d'entre nous seraient sans doute heureux de voir leur pouvoir d'achat augmenté.
- L'impact sur la sécurité routière est bien réel, mais pas dans le sens qu'espèrent ou croient certains. Une lumière trop forte ébloui le conducteur, effet empiré lorsque cette lumière réfléchie par l'asphalte mouillée traverse le pare-brise. De même une route éclairée même normalement donne un sentiment de sécurité aux conducteurs, les incitants à rouler plus vite (les derniers chiffres montrent une diminution des accidents mortels sur les autoroutes où l'éclairage a été coupé!).
La diminution de la délinquance avec l'augmentation des lampadaires n'est qu'une légende urbaine. La grande majorité des cambriolages ont lieu en plein jour, les truands profitant de l'absence des gens qui travaillent. De même l'éclairage public est une aide au cambrioleur puisqu'il se rendrait visible en pleine nuit en allumant une lampe de poche!
- L'impact sur la faune et la flore. Les espèces animales et végétales ont besoin de l'alternance du jour et de la nuit. Sans cette alternance les espèces sont gravement perturbées. Les lucioles ainsi que de nombreux papillons de nuit et oiseaux sont en voie de disparition dans nos contrées! Quelle Terre laisserons-nous à nos enfants?
- L'impact sur la santé humaine. L’homme aussi a besoin de cette alternance entre le jour et la nuit. Chez l'homme des effets cancérigènes sont fortement suspectés. De plus, il est fortement suspecté que la lumière bleue (émise en quantité par les LED blanches) augmente les risques de dégénérescence de la rétine. Les enfants sont particulièrement exposés, et n’en verront les conséquences que bien plus tard!
- L'impact environnemental global. Augmentation de l'effet de serre et diminution des ressources en combustibles fossiles et en uranium. Quelle Terre laisserons-nous à nos enfants?
- Les étoiles disparaissent de la plupart de nos villes et villages. Voir la Voie Lactée est devenu un privilège! Les jeunes générations sont les premières coupées de naissance avec ce lien qui nous unit à la Nature. Pourtant les étoiles sont probablement l'aspect culturel le mieux partagé par tous les peuples et à travers toutes les époques. De même c'est une formidable leçon d'humilité que de se voir tout petit face à l'immensité.
- Baffler les lampadaires pour qu'ils n'éclairent que le sol, réduire leur puissance pour qu'ils éclairent et non qu'ils éblouissent, supprimer les plus inutiles. Ce n'est pas une utopie, par exemple la ville de Tucson (Arizona), afin de protéger les observatoires des collines environnantes, a établi une législation drastique en la matière. Bilan: la Voie Lactée est visible en pleine ville!
- Des plaquettes réfléchissantes sont très efficaces et très économiques pour signaler un rond-point ou rendre plus sûre une route. Nul besoin de coûteux lampadaires.
- Certaines petites communes éteignent l'éclairage public à partir d'une certaine heure, totalement ou partiellement. Après tout, lorsque je vais au lit, j’éteins bien mon salon, non? Ce genre de mesure provoque souvent de vives réactions, mais une fois l’habitude prise, la majorité approuve.
- Que les astronomes amateurs et divers défenseurs de l'environnement se mobilisent! On estime qu'en France 80% des astronomes amateurs ne se sentent pas concernés par ce problème. L'ANPCEN fait un travail formidable pour obtenir des avancées sur le plan législatif (de mêmes que certains individus non membres de cette instance), et à défaut de faire soi-même des choses, la moindre des choses et de soutenir l'ANPCEN en adhérent.
Le pire semble encore à venir en matière de pollution lumineuse. Sous couvert d’écologie, les LED remplacent progressivement les lampes de technologie ancienne. La raison est inattaquable : faire 70% d’économies d’énergie !
Malheureusement, l’usage qui en est fait n’a rien du tout d’écologique. Sous prétexte que la consommation d’énergie est moindre, on en profite pour éclairer davantage! Belle mentalité, reflet d’une époque où la richesse d’une civilisation se mesure à sa capacité à polluer et à gaspiller. Et bien entendu, on ne se pose pas la question de comment et par qui ces LED sont produites, ni même de la consommation de matières première minières.
Pire encore, les LED utilisées sont majoritairement de couleur blanche, émettant beaucoup de lumière bleue. Cette lumière bleue, outre le fait d’être néfaste pour la santé humaine, la faune et la flore, est mieux diffusée dans l’atmosphère et augmente encore un peu plus la pollution lumineuse. Ces LED de couleurs froide sont davantage utilisées car légèrement moins chère à l’achat, et une couleur froide çà fait plus « flashy ».
C’est un cas d’école d’une technologie performante mise entre les mains d’irresponsables. Une utilisation responsable des LED dans l’éclairage urbain demanderait l’utilisation exclusive de LED de couleur chaude (3000K ou moins), d’éclairer seulement là où c’est strictement nécessaire, et de se limiter à des puissances raisonnables. Une utilisation intelligente comprendrait une baisse d’intensité voire une coupure en fonction de l’affluence, chose aisément réalisable avec des détecteurs de présence.
