Mascotte, mon ami le renard de la Montagne de Lure, le 7 mai 2005 

 Mascotte est un grand marcheur 

Il se confirme que Mascotte est un grand marcheur, car son terrier semble se trouver très loin du lieu où j'ai l'habitude de l'appeler et de le retrouver, sans doute à une distance de l'ordre d'un kilomètre. Il lui faut donc à chaque fois marcher beaucoup et par ailleurs affronter le danger que constitue la traversée de la route qui monte au sommet de Lure.

Ce samedi 7 mai, je n'ai pas attendu très longtemps après l'avoir appelé : il est arrivé après une quinzaine de minutes et m'a semblé en pleine forme. Nous nous sommes promenés ensemble pendant quelques instants puis j'ai commencé à le prendre en photos, comme d'habitude. Je lui ai ensuite proposé quelques morceaux de poulet cuit qu'il adore. Il est venu les manger directement dans ma main, cette fois sans me signifier dans un premier temps son refus (ça, c'est nouveau). Puis, comme deux jours auparavant, je lui ai donné une cuisse de poulet cru et, tout comme l'avant-veille, il a emmené ce morceau de viande avec lui plutôt que de le manger sur place. Je suis maintenant persuadé que "papa Mascot(te)" recherche la nourriture pour sa femelle et plusieurs petits qu'il retrouve au terrier. Mais où se trouve le terrier ? J'ai suivi Mascotte portant dans la gueule sa cuisse de poulet et nous avons marché longtemps dans la forêt, lui devant, moi une dizaine ou une vingtaine de mètres derrière. Le silence de la forêt était impressionnant. Nous avons suivi exactement la même direction que l'avant-veille et avons marché à peu près en ligne droite. Manifestement, il n'a pas cherché à me distancer ou à me leurrer. Il a marché sans jamais courir ni presser le pas, se retournant de temps en temps pour voir si je suivais toujours. Alors qu'à un moment je l'avais perdu de vue, préoccupé que j'étais à passer entre de grands arbres serrés en évitant de me prendre de petites branches dans la figure, je l'ai appelé et, à ma surprise, il est revenu vers moi et m'a attendu : j'ai trouvé ce moment totalement extraordinaire et magique. Peu après, j'ai eu le sentiment que nous étions presque arrivés à proximité du terrier mais, là, une sorte d'angoisse m'a brutalement assailli : ma présence ne risquait-elle pas de faire peur à ses renardeaux ou à sa femelle ? Celle-ci ne risquait-elle pas de fuir et d'abandonner ses petits à cause de moi ? Ou, au contraire, les renardeaux n'allaient-il pas considérer l'homme comme inoffensif pour eux ?

Je me suis arrêté brusquement, envahi par un vague sentiment de crainte et de culpabilité. J'ai laissé Mascotte continuer sans moi. Je l'ai suivi du regard. Après quelques instants, sans se retourner, il a disparu silencieusement derrière un rideau de petits arbres.

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