Mascotte, mon ami le renard de la Montagne de Lure, le 28 mai 2005 

Trois longues heures de marche et une éducation à revoir

Au sens du Petit Prince de Saint-Exupéry, j'ai apprivoisé Mascotte car nous avons créé des liens et nous avons maintenant, d'une certaine façon, besoin l'un de l'autre. Il me faut sans doute reconnaître que "Mascotte m'a apprivoisé", car Mascotte me manque chaque fin de semaine.

Samedi 28 mai 2005, je suis entré dans la forêt vers 17 heures, très impatient à l'idée de retrouver Mascotte. J'ai sillonné la forêt dans tous les sens, j'ai arpenté tous les chemins de randonnée en l'appelant, repassant plusieurs fois aux endroits où j'espérais le voir apparaître.

La journée avait été très chaude et la forêt était calme et assez silencieuse, encore écrasée de soleil, ne donnant à entendre que les insectes volants et quelques oiseaux. J'ai retrouvé le grand arbre où, une semaine plus tôt, Mascotte avait enterré une cuisse de poulet : j'ai bien cherché mais je n'ai rien trouvé au pied de l'arbre.

Pendant presque trois heures, j'ai marché et j'ai appelé en vain. Je suis certainement arrivé beaucoup trot tôt dans la forêt : il faisait très chaud et j'avais comme oublié que Mascotte porte sur le dos un véritable manteau de fourrure qui le dissuade sans doute de sortir du terrier avant l'arrivée de la fraîcheur du soir.

Vers 19 heures 30, fatigué, les jambes très lasses, je me suis décidé pour une toute dernière demi-heure d'efforts. Quelques minutes avant vingt heures, alors que j'allais renoncer et que je l'appelais pour la dernière fois, Mascotte a surgi. J'ai ressenti cela comme quelque chose de presque inespéré. Il est apparu tout guilleret et d'une humeur très décidée. J'ai eu à peine le temps de quitter le chemin de randonnée pour me diriger en sa compagnie vers un endroit plus isolé de la forêt. Il a commencé à attraper mes chevilles et le bas de mes mollets entre ses puissantes mâchoires. Était-ce pour jouer, me taquiner, ou réclamer la nourriture que je lui apportais ? Il a à peine serré ses dents sur mes jambes, ne cherchant manifestement pas à me faire mal. Il m'a quand même légèrement égratigné et j'ai dû me fâcher quelque peu pour essayer de lui faire comprendre mon désaccord vis-à-vis de ce comportement dangereux pour moi.

Je réalise que Mascotte me fait maintenant confiance au point qu'il ne me craint plus. N'y a-t-il pas, de sa part, trop de familiarité à mon égard ? Me respecte-t-il encore ? Est-il capable de me respecter s'il ne me craint plus ? Je crois que je le gâte trop. Ne suis-je pas devenu à ses yeux, plutôt qu'un ami, avant tout un livreur de morceaux de poulet et en quelque sorte un vassal ? Il me faut sans doute revoir son "éducation" et lui faire comprendre que je ne lui dois rien.

Je me suis allongé dans l'herbe. Il s'est allongé près de moi mais seulement pendant un bref instant. Ensuite, il est venu marcher autour de moi et s'intéresser comme d'habitude à mes pieds (voir les photos ci-dessous) puis évidemment au contenu de mon sac à dos. Je lui ai proposé de l'eau. Malgré la chaleur, il n'en a pas bu. Il n'a pas voulu non plus partager avec moi une belle poire savoureuse : après l'avoir reniflée longuement, il m'a fait comprendre d'un subtil geste en arrière que ça ne l'intéressait pas... sans doute était-ce la première fois qu'il découvrait ce fruit. Je pensais avoir davantage de succès avec quelques belles framboises, mais peut-être n'a-t-il jamais mangé de framboises des bois. Seuls les morceaux de poulet, comme toujours, ont emporté son adhésion... enthousiaste. Comme la semaine précédente, il a enterré la première cuisse avant d'emmener la seconde vers son terrier. Mascotte apprend vite : c'est, cette fois, sans aucune hésitation qu'il a entrepris d'enterrer le premier morceau de poulet. Il ne s'est pas caché pour faire cela, restant à environ quatre mètres de moi seulement (voir la dernière des huit photos ci-dessous).

Je ne sais toujours pas où se trouve le terrier de Mascotte. Je crois qu'il me faudra beaucoup de patience. Et si j'y accède un jour, les éventuels renardeaux de Mascotte seront probablement déjà grands ou peut-être déjà partis à la conquête de leur propre territoire.

Cette rencontre du 28 mai avec Mascotte aura été un peu contrariante et épuisante, me laissant pour le lendemain quelques courbatures en guise de souvenir. Cette fois, malgré beaucoup d'efforts, je n'ai guère progressé dans ma quête d'en connaître davantage sur la vie et la psychologie de Mascotte. J'ai quand même appris quelque chose : il me faut être très patient, rester prudent et ne pas oublier que Mascotte est un animal sauvage et libre, guidé par l'instinct.

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