Mascotte, mon ami le renard de la Montagne de Lure, le 11 juin 2005 

Le garnement rassasié se fait attendre

Je suis arrivé samedi 11 juin vers 19 heures dans la forêt de Lure. J'ai sillonné mes habituels chemins de randonnée qui traversent le territoire de mon renard préféré, en appelant Mascotte. Je l'ai appelé et cherché pendant presque une heure et demie, sans succès. Pourtant c'était la bonne heure, le soleil allait disparaître derrière les collines et la température était fraîche. Où était donc passé ce chenapan ? J'ai pensé qu'il lui était peut-être arrivé malheur, car la forêt compte de nombreux prédateurs. Mais je suis resté confiant en pensant que Mascotte était peut-être à l'autre extrémité de son territoire et même au-delà. Je me suis dit que peut-être il était parti chasser, trop loin pour avoir pu m'entendre.

Après presque une heure et demie de marche, d'attente et de recherche vaine dans la forêt, j'ai rangé l'appareil photo car le soleil avait maintenant disparu et la luminosité devenait insuffisante pour réaliser de belles photos. J'ai quitté le coeur de la forêt et me suis dirigé vers la route départementale qui mène au sommet de la Montagne de Lure, route près de laquelle était stationnée ma voiture. Il m'était difficile d'admettre que le rendez-vous avec Mascotte était manqué et que je ne le verrais pas cette fois, même si je suis parfaitement conscient du caractère nécessairement aléatoire de mes rencontres avec cet animal sauvage.

Alors que je longeais la route et que j'arrivais à une cinquantaine de mètres de ma voiture, j'ai vu surgir Mascotte à côté d'elle. Je ne pense pas qu'il m'attendait là, je crois plutôt qu'il m'avait entendu l'appeler alors qu'il se trouvait de l'autre côté de la route, loin de son terrier, et qu'il s'apprêtait à traverser la route. Dès qu'il m'a vu, il m'a reconnu et s'est mis soudain à trottiner vers moi. Afin de ne pas rester "à découvert" avec lui près de la route, j'ai traversé la route et je suis entré dans "sa forêt" en ne le perdant pas de vue. Il a traversé à son tour et, après quelques secondes, il m'a rejoint dans la forêt. Nous nous sommes enfin retrouvés à l'abri des regards et des automobiles (la route de Lure n'est que peu fréquentée heureusement).

J'ai accueilli Mascotte d'une voix douce, comme à l'habitude, et nous avons marché ensemble dans la forêt. Mais après seulement quelques dizaines de mètres, j'ai constaté qu'une fois encore il s'intéressait à mes chevilles et à mes chaussures : il s'apprêtait à les attraper entre ses mâchoires. Je ne comprends toujours pas la signification de ce comportement. J'ajoute une nouvelle hypothèse à celles déjà formulées les semaines précédentes : peut-être m'attrape-t-il les chevilles tout simplement pour que je m'arrête de marcher. En effet, il a appris qu'après un moment de marche à mes côtés, je vais m'asseoir dans les herbes avec lui et je vais lui donner de la nourriture. C'est donc peut-être la traduction d'une forme d'impatience de sa part et une façon pragmatique de faire se précipiter le cours des événements qu'il attend. J'ai élevé la voix et pris une intonation menaçante : il a fait un pas sur le côté, m'a regardé d'un air surpris mais a semble-t-il compris qu'il fallait laisser mes chevilles et mes chaussures tranquilles.

Je me suis assis et nous avons "parlé" un moment tous les deux : moi avec mes mots, lui avec ses attitudes. Je l'ai trouvé calme et étonnamment peu affamé. Je le soupçonne d'avoir chassé avant de m'avoir retrouvé. Je lui ai donné quelques bouts de poulet cuit, que j'ai en fait partagés avec lui en mangeant le premier... histoire de bien lui montrer qui de nous deux est le chef ! Il m'a regardé manger avec intérêt, sans toutefois se pourlécher les babines. Il est ensuite venu manger dans ma main mais sans grand appétit et, pour la première fois, il a laissé un petit bout de poulet cuit que j'avais posé par terre. Du coup, j'ai hésité à lui donner une cuisse de poulet cru que j'avais amenée pour lui. Je n'allais pas repartir avec... je lui ai donc finalement donnée et là, il m'a encore fait une grosse bêtise. Portant son regard alternativement vers le petit bout de poulet cuit posé sur le sol puis vers la cuisse de poulet cru que je lui tendais, il n'a rien trouvé de mieux que d'aller enterrer, à quelques mètres de là, dans des cailloux affreusement poussiéreux, le petit bout de poulet cuit restant qui n'en valait certainement pas la peine. Il a recouvert ce tout petit bout d'un tas de cailloux poussiéreux, se décorant le museau, par la même occasion, d'une épaisse couche de poussière. J'ai failli lui dire que ce n'était pas malin et qu'il n'était qu'un âne... mais à quoi bon. En tout cas, ce renard-là, quand il fait l'âne, me rend chèvre. Tant pis.

Il est venu saisir la cuisse de poulet cru dans ma main et a pris d'un pas décidé la direction habituelle, vers la zone que je soupçonne d'abriter son terrier. Mais là, chose étrange, il s'est retourné après quelques dizaines de mètres, alors que je faisais moi-même demi-tour pour repartir vers l'orée de la forêt. À ma surprise, il a déposé sa cuisse de poulet cru par terre, sur le chemin, et il est venu me rejoindre en trottinant. Pourquoi ? Pensait-il que mon sac contenait une seconde cuisse de poulet cru (ce qui était effectivement le cas) ? Toujours est-il qu'il est venu vers moi et, alors que je m'éloignais tout en marchant, je n'ai été quà moitié surpris de le voir à nouveau s'attaquer à mes chevilles. Je lui ai alors parlé vivement sur le ton du reproche, d'une voix forte. Il s'est arrêté, comme embarrassé, et a abandonné l'idée de mordre mes chevilles. Il m'a regardé m'éloigner et a fait lui-même demi-tour pour aller récupérer sa cuisse de poulet cru et repartir certainement vers "sa maison".

Compte tenu de l'heure tardive et, en conséquence, de la faible luminosité ambiante, il n'y a pas, cette fois, de photos de ma rencontre avec Mascotte. Néanmoins, j'ai placé ci-dessous un lien permettant de télécharger un extrait du film de ma précédente rencontre avec lui samedi 4 juin. Cet extrait, en définition réduite 240x180 pixels à 12 images par seconde, dure 1 minute 10 secondes et pèse environ 5 mégaoctets, ce qui n'est pas très volumineux pour les personnes disposant de l'Internet haut-débit.

Mascotte le 4 juin 2005 (film au format QuickTime de 5 mégaoctets)

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