Mascotte, mon ami le renard de la Montagne de Lure, le 2 juillet 2005 

Le renard et le petit prince

Jérémie aura bientôt huit ans. C'est un petit garçon adorable, calme et souriant. Il aime beaucoup les animaux et il avait très envie de rencontrer Mascotte : je savais, en le lui proposant, qu'il serait enchanté à l'idée de voir Mascotte de ses propres yeux.

C'est ainsi que, le samedi soir 2 juillet 2005, nous sommes allés tous les deux, Jérémie et moi, à la rencontre de Mascotte dans la forêt de Lure. Pour cela, j'ai emmené Jérémie en voiture, depuis Forcalquier. Tout le long de la route, pendant environ une demi-heure, Jérémie n'a cessé de me parler, de sa petite voix douce et calme, de plein de choses et surtout d'animaux.

Ces dernières semaines, Mascotte avait toujours été fidèle à mes rendez-vous, répondant à chaque fois à mon appel dans la forêt ou même le devançant. J'ai quand même ressenti une certaine appréhension en imaginant la déception de Jérémie si nous ne rencontrions pas Mascotte ce jour-là. Je n'acceptais pas l'idée que Jérémie puisse être déçu et je me suis surpris à penser "Mascotte, viens, il est très important que tu sois là ce soir"...

La forêt était calme, à l'image du caractère de Jérémie. Quelque chose me persuadait que nous verrions Mascotte et que mon renard préféré ne craindrait pas d'approcher Jérémie. À tort ou à raison, je pense depuis longtemps que les animaux sont capables de ressentir, dans une certaine mesure, le caractère des êtres humains et leurs intentions immédiates à leur égard.

Nous sommes entrés dans la forêt et nous avons marché quelques minutes sur un sentier de randonnée. À un moment, je me suis arrêté et j'ai rappelé à Jérémie ce qu'il convenait de faire et de ne pas faire si nous rencontrions Mascotte... ou plutôt lorsque nous le rencontrerions, dans les minutes suivantes. Car, j'en étais de plus en plus certain, nous allions le rencontrer. Peut-être même Mascotte nous avait-il déjà identifiés, car nous venions à ce moment d'entrer sur son domaine.

J'ai dit à Jérémie : "ça y est, maintenant nous sommes sur le territoire de Mascotte, je vais l'appeler". J'ai alors sifflé, au moyen de ce sifflement particulier auquel j'ai habitué Mascotte. J'ai aussi scandé son nom, à plusieurs reprises : "Mascotte ! Mascotte !". Moins d'une minute plus tard, j'ai aperçu la tête et les oreilles de Mascotte à une vingtaine de mètres de nous, derrière des branchages. Jérémie l'a bien vu, lui aussi. J'ai emmené Jérémie vers la magnifique petite clairière que j'aime tant et où je me rends souvent. J'étais certain que Mascotte nous observait et qu'il allait nous rejoindre. Nous nous sommes assis dans les herbes, Jérémie et moi, au milieu de la petite clairière. Moins d'une minute plus tard, Mascotte nous a rejoints.

Mascotte s'est arrêté à une dizaine de mètres. Il était un peu hésitant, son regard passant alternativement de mes yeux vers ceux de Jérémie. J'ai rassuré Mascotte en lui parlant avec douceur. Mascotte s'est alors approché de Jérémie avec curiosité, tout en restant avec prudence à plusieurs mètres de l'enfant, de cet humain qu'il ne connaissait pas. J'ai présenté Jérémie à Mascotte et Mascotte à Jérémie. Il y avait quelque chose de magique en cet instant précis. J'ai ressenti la joie que l'on éprouve après avoir connu l'incertitude et lorsque tout se passe finalement au mieux, selon le scénario espéré et idéal. Jérémie était ravi, je l'étais aussi. Mascotte s'est approché davantage encore de Jérémie, prudemment mais sans crainte.

L'instant était merveilleux. Un rayon de soleil couchant est venu éclairer la scène de cette mémorable rencontre de l'enfant et du renard. Jérémie était pour moi un petit prince, le petit prince qui rencontrait le renard, qui le découvrait et qui lui parlait.

Nous avons observé Mascotte pendant quelques minutes et j'ai ensuite donné à Mascotte les petits morceaux de blanc de poulet que j'avais amenés pour lui. J'ai déposé les petits morceaux de nourriture à environ un mètre devant Jérémie et j'ai alors pu filmer, avec mon caméscope, Mascotte mangeant tranquillement aux pieds de Jérémie, sans appréhension. Je suis heureux de posséder ce souvenir merveilleux montrant le renard et "le petit prince", l'un avec l'autre, partageant en pleine nature un moment de connivence, d'innocence et d'harmonie.

Nous n'étions vraiment pas pressés de quitter Mascotte, mais il fallait bien rentrer. J'ai proposé à Jérémie de partir mais Jérémie ne voulait pas et, avec une insistance aussi polie que sincère et touchante, il m'a demandé le droit de rester là pendant encore un moment. Alors nous sommes restés quelques minutes supplémentaires en compagnie de Mascotte. Je me demande qui de Jérémie ou moi était le plus émerveillé. Mascotte semblait ravi lui aussi. Je ne sais ce qui m'a apporté la plus profonde des satisfactions ce jour-là : peut-être la présence tellement espérée et si amicale du renard, plus probablement le sourire comblé du petit prince.

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