Mascotte, mon ami le renard de la Montagne de Lure, le 28 août 2005 

Le renard et les raisins

J'avais déjà, au début du mois de juillet, apporté des raisins à Mascotte. Il s'agissait de raisins blancs. Mascotte n'en avait pas voulu et les avait laissés sur le sol. Alors que nous nous promenions tous les deux au même endroit le lendemain, j'avais commenté l'événement à Mascotte sur le ton du reproche et il avait fait l'effort de manger quelques raisins, comme pour me faire plaisir. Le comportement de Mascotte avait été à peu près le même il y a quelques semaines, avec une figue fraîche que j'avais apportée pour lui et dont il avait finalement croqué un petit morceau mais seulement sur mon insistance. Ce dimanche 28 août 2005, j'ai apporté des raisons noirs et j'ai à nouveau tenté ma chance : Mascotte allait-il accepter de les manger, lui qui n'aime guère les fruits ?

Je suis venu ce jour-là accompagné de mon neveu Olivier, âgé de 12 ans. En fait, nous étions déjà venus la veille mais il pleuvait. À cause de la pluie, je n'avais pas pris de photos et nous n'étions restés que quelques minutes dans la forêt. Je pensais que nous ne réussirions pas ce jour-là à voir Mascotte, que j'imaginais être resté s'abriter au fond de son terrier. Mais Mascotte était venu, sous la pluie, quelques minutes après que je l'aie appelé. Au début, il s'était montré un peu effarouché par la présence d'Olivier mais tout s'était bien passé et c'est seulement la pluie qui nous avait conduits à écourter notre rencontre, dans notre intérêt et dans celui de Mascotte.

Olivier et moi sommes donc revenus le lendemain dimanche, au même endroit et à peu près à la même heure. Nous avons attendu Mascotte plus longtemps mais il est venu à nouveau. Cette fois, il s'est montré moins timide avec Olivier, dont j'avais évidemment bien attiré l'attention sur ce qu'il convenait de faire et surtout de ne pas faire vis-à-vis de Mascotte (ne pas crier et ne pas faire de gestes brusques, en particulier). Afin de ne prendre aucun risque de trouble à l'ordre public de la forêt, j'ai perché mon sac photo dans un arbre : ainsi, Mascotte ne serait pas tenté de le voler, lui qui sait très bien que ce sac contient souvent un peu de nourriture à son intention. Je n'avais pas envie de jouer au gendarme et au voleur en présence d'Olivier.

Mascotte s'est montré calme et amical. Après quelques minutes de "conversation" avec lui, je lui ai offert les raisins noirs, que j'ai posés sur le sol. Hélas, comme je m'y attendais un peu, Mascotte n'en a pas voulu.

Dans la fable de La Fontaine, le renard affamé fait fi des raisins, en les considérant tout juste "bons pour les goujats"... afin de ne pas devoir admettre qu'il ne peut les attraper pour les manger. Manifestement, le cas de Mascotte est à l'opposé de celui du renard de la fable : d'une part il n'est pas un renard affamé, d'autre part les raisins noirs lui étaient offerts et enfin, s'il n'en a pas voulu, c'est sans doute seulement parce qu'il s'attendait à ce que je lui propose ensuite du poulet, comme à l'habitude.

J'ai déposé sur le sol quelques petits bouts de poulet cuit à moins de deux mètres d'Olivier. Mascotte a accepté de venir les manger là, malgré la faible distance à ce nouveau venu dans son paysage. Mascotte nous a ensuite offert le privilège de venir s'allonger en face de nous, à quelques mètres, pendant quelques instants. Pour Olivier comme pour moi, ce fut un moment très beau et mémorable.

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