La nébuleuse de PATCHIK
par Fabrice Morat

 

Cet hiver, la nébuleuse variable de MacNeil ne vous a pas posé de problèmes !...

Alors, voulez-vous passer le test ultime de la nébuleuse de Patchik ?

Force est de reconnaître que la difficulté de sa détection est bien réelle. Et pour rester dans une terminologie plus connue des extrémistes du ciel profond:

(NSOG)…objet coté une étoile, catégorie des 20/22" sans hésitation…

Autant vous dire qu'il a fallu que le C14 et mon œil droit se sortent les tripes pour relever la performance.

 

LES CONDITIONS D'OBSERVATION:

- Nombre de séances: 10 étalées entre août et septembre 2004
- Nombre d'heures passées à l'oculaire: une quinzaine
- Turbulence: S2 £ T £ S4
- Transparence: T1

Même si ces séances itératives ne peuvent qu'améliorer la mémoire visuelle et consolider l'image que l'on a de cette tâche, aucun détail nouveau n'est apparu par rapport au dessin "primaire" du 7 août 2004. Rien de bien neuf si ce n'est peut-être une méthode d'optimisation observationnelle découverte par hasard qui sollicitera votre expérience à fin d'approbation quand bien même ma tentative d'explication ci-dessous reste intelligible:

DESCRIPTION DE LA METHODE :

Du fait de la proximité de l'objet du méridien S, la manœuvre classique du basculement du tube optique de part et d'autre de l'axe polaire est bien naturelle pour une équatoriale allemande. Avec pour conséquence, la rotation logique du renvoi coudé, synonyme de confort. Il en a résulté un déplacement apparent de la nébuleuse dans le champ de l'oculaire. Il m'a fallu du temps avant de réaliser qu'il existe apparemment une position préférentielle pour rehausser le contraste de la nébuleuse. Le dessin tel qu'il se présente avec la nébuleuse située en bas correspond à une telle position. Lors d'autres séances, j'ai finalement perdu mon temps à essayer en vain d'apercevoir l'objet faible cette fois situé à droite du champ avec l'étoile -somme toute assez brillante- positionnée à gauche. Ainsi, il semble que lorsque l'on se trouve en limite de vision, le champ d'étoiles avoisinant l'objet revêt une importance non négligeable et fera la différence entre sa détection possible et l'échec visuel. Je rejoints donc l'une des idées avancées par Rainer T. sur l'importance du fond de ciel avoisinant. Pour ma part, lors des nombreuses fois où l'objet ne s'est pas manifesté, l'étoile paraissant gênante se situait toujours à gauche du champ et il s'en suivait une zone confuse un peu lumineuse autour de l'objet, même en VI. Le fait de regarder un objet sous différents angles doit rappeler au lecteur les effets d'un œil astigmate. Ici, l'astigmatisme ne semble pas en cause; toutes les observations ont eu lieu à un grossissement conséquent: d'après mes calculs, je peux de nouveau faire confiance à mon oeil droit astigmate au dessus de 300x. Il semble qu'il reste encore, dans le domaine de l'observation visuelle, des choses à découvrir. Maintenant, c'est à vous de jouer…

DE LA NATURE DE PATCHIK…

C'est entendu, le défi est relevé. On peut donc passer à l'étape suivante, beaucoup plus intéressante, celle d'essayer de révéler la vraie nature de l'objet: Patchik, nébuleuse diffuse ou nébuleuse planétaire ?

Deux arguments m'orientent plutôt vers une possible NP.

- Patchik n'est visible qu'à partir d'un grossissement conséquent; une nébuleuse à émission l'aurait été dès les faibles grossissements.
- De tous les filtres colorés, seul le filtre jaune rehausse un peu le contraste; un trait typique qu'on retrouve sur la plupart des NP.

Le fait que l'OIII fasse jeu égal avec l'UHC n'élimine pas forcément Patchik de la classe des NP. Dès lors et afin de vérifier cette hypothèse, il ne serait pas étonnant que l'on ait Magp assez proche de Magv puisque les raies OIII ne sont pas très marquées. Le filtre Hb aurait peut-être son mot à dire s'il était vissé à l'oculaire d'un grand collecteur de lumière comme un T610.

Alors, Patchik, un objet digne d'être classé entre Abell 65 et Abell 66 ?!!

Restons honnêtes, il est difficile de trancher aux vues des modestes observations visuelles ci-dessus. Une étude spectroscopique apporterait certainement de meilleurs indices.

En guise de conclusion, je tenai à remercier Laurent F. d'avoir répandu la nouvelle au travers notre petite revue (cf. CE n°34 p.22); ses bouts de carte ont été plus qu'utile pour le repérage.

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