MEADE LX200 8 pouces (deuxième partie)

                                                                                 

Dans le numéro d’éclipse n°7, nous vous avons présenté l’essai du Meade LX200 dans sa version altazimutale. Malgré les qualités de cet instrument au rapport prix performances très intéressant ,ce mode n’offre malgré tout que très peu de possibilités dans le domaine photographique. Nous avons donc poursuivi notre essai en version équatoriale. Ayant rencontré quelques difficultés de suivi lors de nos essais photographiques avec le modèle dont nous disposions , l’importateur Meade nous a aimablement fait parvenir un deuxième instrument pour un essai complémentaire, ce qui explique la parution un peu tardive de cette deuxième partie de l’article.

 

PREMIERES IMPRESSIONS  SUR LA TABLE EQUATORIALE :

 

La liaison mécanique de la table sur l’embase du trépied, est assurée par une molette centrale incluant une boussole. Après montage de l’ensemble fourche-tube optique, la première impression est une perte notable de stabilité comparativement au montage altazimutal.

La fourche en porte à faux ne semble pas responsable de ce manque de stabilité, mais le problème est  certainement dû à la table équatoriale, peut être sous-dimensionnée ou  manquant de  rigidité mécanique.

 

LA MISE EN STATION :

 

   Le calculateur offre une aide à la mise en station qui consiste à faire effectuer au télescope plusieurs allers et retours entre la polaire, qu’on centre dans l’oculaire à l’aide des réglages mécaniques en azimut et latitude de la monture, et une deuxième étoile brillante côté sud que le télescope pointe automatiquement et que l’on centre précisémement à l’aide de la raquette de commande. La mise en station peut être considérée comme réalisée lorsque ces étoiles sont directement centrées dans l’oculaire par le télescope.

   Le temps passé à cette opération dépendra de la précision désirée. Notons toutefois que pour un suivi photographique, le manuel préconise la méthode de Bigourdan , qui reste malgré tout plus précise, ce que notre expérience a confirmé.

   La table équatoriale pouvant rester sur le trépied lorsqu’on retire le tube optique, il suffira par la suite de mettre la monture de niveau et de l’orienter correctement vers le Nord, la boussole indiquant la compensation entre Nord géographique et Nord magnétique, pour retrouver très rapidement une mise en station approximative.

 

LA PHOTOGRAPHIE :

 

   Comme nous le rappelions dans notre article précédent, la  table équatoriale est indispensable à la photographie du ciel profond, l’entraînement altazimutal ne permettant pas de s’affranchir de la rotation du champ sur une pose longue. Il faut de plus que le suivi soit le plus régulier possible, aussi bien en CCD qu’en photographie argentique, où un bon suivi de la monture limite les corrections à apporter lors d’un guidage manuel ou automatique.

   Nous avons donc cherché à voir quelles étaient les capacités de nos LX 200 de ce côté.

   Une première analyse du suivi, à l’aide d’un oculaire réticulé de 12 mm et d’une Barlow 1.8, nous a révélé une erreur périodique de 15 secondes d’arc d’amplitude pour l’un des instruments et de 50 secondes d’arc pour l’autre instrument, étalée sur une période d’environ 8 minutes correspondant à un tour de la vis tangente : valeur que l’on peut qualifier de raisonnable pour l’une des  montures et d’excessive pour l’autre. Ce qui démontre les tolérances mécaniques propres à chaque instrument. Mais le LX 200 offre ici un outil de choix, appelé Smartdrive, dont le but est d’essayer de corriger autant que possible cette erreur. Le principe est de faire un guidage manuel sur une étoile pendant une période de 8 minutes. La base informatisée de la monture mémorise alors les corrections faites pour garder l’étoile bien centrée dans l’oculaire réticulé. Par la suite, il lui suffira de reproduire automatiquement ces corrections pour compenser en grande partie les erreurs revenant de la même manière à chaque tour de vis tangente (signalons que les améliorations ainsi apportées sont gardées en mémoire après la mise hors tension du télescope, ce qui est très pratique).

   Effectivement, après l’application de cette procédure, nous sommes arrivés, sur chacun de nos deux instruments, à une erreur n’ayant pas plus de 5 secondes d’arc d’amplitude, comme nous avons pu le constater visuellement, puis par des mesures faites avec notre caméra CCD. Notons à ce sujet que celle-ci ayant une fonction d’autoguidage, il était même possible de l’utiliser pour effectuer l’apprentissage nécessaire au Smartdrive.

   Mais comme le montre le schéma joint, nous nous sommes rendus compte que les erreurs résiduelles de suivi après l’utilisation du Smartdrive, présentaient certes  une faible amplitude totale, très bonne dans l’absolu, mais étaient aussi caractérisées par de nombreuses variations, assez rapides au cours du temps.

 

                                     

 

   Et le fait est qu’en CCD nous avons obtenu sur une bonne partie de nos images un allongement sensible des étoiles dans le sens de l’ascension droite,  et ceci avec nos deux télescopes d’essai. Une mauvaise mise en station aurait pu en être la cause, mais nous la faisions avec soin et l’analyse ultérieur des images ne montraient pas de dérive en ascension droite pouvant justifier le résultat obtenu. Et ce qui est ennuyeux, c’est que cet allongement survenait même, bien qu’irrégulièrement, avec des temps de poses assez faibles (de l’ordre de 30 secondes).

   Il faut par contre souligner que nos essais étaient faits près de l’équateur céleste, comme c’est le cas en particulier de M15, c’est à dire dans les conditions les plus défavorables puisque c’est à cet endroit que les erreurs de suivi se traduisent par le plus grand bougé sur la photo. Il est certain que le phénomène aurait été moins marqué à de plus hautes valeurs de déclinaison.

   Précisons aussi que la CCD constitue un test impitoyable pour juger du suivi d’une monture : avec la caméra utilisée, chaque pixel ne mesure que 9 microns et correspond avec deux mètres de focale à moins d’une seconde d’arc sur le ciel. Or une différence d’un demi pixel sur les largeurs à mi-hauteur d’une étoile suivant les axes horizontal et vertical commence déjà à être visible à l’écran ! 

   Tout porte à croire qu’en photographie argentique ce bougé aurait été imperceptible, en particulier pour les films couleurs, dont le grain est  en général de l’ordre de 30 microns.

   Bien que nous ayons ainsi passé plus de temps à faire différents essais qu’à essayer de réaliser la meilleure image possible, nous vous présentons quand même le résultat de nos efforts. Il s’agit d’une vue de M3, amas globulaire situé dans la constellation des Chiens de Chasse, somme de 7 poses de 60 secondes effectuées avec un réducteur de focale à FD 6.3, et d’une image de l’amas globulaire M15 situé dans Pégase, somme de 8 poses de 30 secondes prises au foyer du télescope. Précisons que les acquisitions ont été faites en pleine ville, ce qui peut illustrer les possibilités qu’offre la CCD à un amateur ne pouvant bénéficier d’un site loin de toute pollution lumineuse.

 

                                                     

          

                                                               

                                  M15                                                                          M3

 

   Sinon  nous avons pu une fois de plus apprécier lors de ces prises de vue l’agrément du pointage automatique, amenant la cible sur le capteur en quelques secondes, alors que le peu d’étoiles visibles à partir de notre site urbain aurait rendu sa recherche nettement plus fastidieuse sans cette fonction.

 

EN CONCLUSION :

 

   Il nous est à coup sûr difficile de donner un avis précis sur le LX200 avec son option équatoriale pour l’acquisition d’images CCD. Même si le rapport prix performance garde son intérêt, nous avons été certainement moins enthousiasmés lors de cet essai photographique que nous ne l’avions été avec la configuration altazimutale pour le visuel.

   D’un autre côté,  il faut reconnaître que dans notre pratique personnelle avec d’autres types de montures, dont le prix peut atteindre voire dépasser celui du notre instrument complet, et qui n’ont pas toutes les fonctions du LX200, nous avons aussi été obligés de régler certains problèmes avant d’en être satisfait pour une utilisation photographique pointue. En tout état de cause, nous tenons à remercier  l’importateur MEADE pour le prêt du matériel et pour s’être ainsi prêté aux risques que comporte une telle démarche, surtout avec des personnes aussi exigeantes que peuvent l’être des passionnés d’astronomie !

 

Rémy Courseaux et Jacques Lafont