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Eclipse totale de Soleil sur une plage de Belek* en Turquie.

Mercredi 29 mars 2006, 13h52.

La phase partielle est maintenant bien avancée. La Lune a progressivement entamé le disque solaire et la luminosité décroit sensiblement. De même, la baisse de température se fait bien sentir, obligeant les vacanciers allongés à la plage à se rhabiller.

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Ci-dessus, deux images réalisées à l'oculaire de la lunette Pronto de 70 mm, montrent l'avancée progressive de la Lune sur le disque solaire.

Face à la mer, nous admirons le très rapide déclin des derniers rayons de l’astre du jour avec plusieurs personnes qui ont spontanément convergé autour de nos instruments. La lumière s’éteint à mesure que le disque noir lunaire dévore celui du Soleil.

Encore deux minutes avant le début de la totalité… L’ombre de la Lune qui court la surface terrestre traverse en ce moment même la Méditerranée et se rapproche des côtes turques. Il y a moins de vingt minutes, elle survolait la Libye et l’Egypte !

A l’Ouest, dans un coin de ciel bleu sombre, apparaît soudain la brillante Vénus. Déjà à l’œil nu, le disque noir de la Lune est comme ceinturé par le halo de lumière de la basse couronne solaire. On l’aperçoit sans peine en masquant la dernière fraction éclatante encore visible du Soleil.

Le ciel se pare de teintes crépusculaires, la mer devient couleur d’encre. Seul le bruit des vagues demeure inchangé.

Plus que trente secondes… La lumière diminue de plus en plus vite. De sombre, le ciel vire au noir, la tension est à son comble, l’ombre de la Lune nous submerge : les gens poussent des exclamations et applaudissent.

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Ci-dessus, les derniers instants de la phase partielle photographiés à l'oculaire de la lunette Pronto. L'image de droite a été faite quelques secondes seulement avant le début de la totalité !

A l’œil nu un diamant de lumière orne l’anneau argenté autour de la Lune. L’espace d’un instant et tout s’éteint ! Et voilà le Soleil comme auréolé de rayons argentés. La couronne, parfaitement visible, trône majestueusement au milieu du ciel. Quel spectacle magnifique !

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A gauche : le Soleil dans toute sa splendeur. Quelques protubérances sont visibles au limbe. Leur visibilité évolue au cours des trois minutes et demi de totalité. A droite : après traitement, les plumets et les fines structures de la basse couronne solaire apparaissent. Les lignes de champ magnétique sont clairement visibles aux pôles du Soleil.

Ci-dessus : belles protubérances visibles au début de la totalité.

A l’œil nu, même au zénith, les étoiles ne sont pas visibles. Le temps manque pour contempler le spectacle qui s’offre à nos yeux ébahis ! Déjà, au loin, l’horizon sud-ouest s’éclaircit, le chronomètre annonce la fin de la totalité dans une minute.

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Images montrant la couronne solaire dans son ensemble, réalisées à partir d’acquisitions vidéos (camescope). Plusieurs vues réalisées avec différents temps de pose ont été superposées pour compenser l’écart de luminosité entre la basse et la haute couronne. L'image de droite montre la coloration du ciel pendant la phase totale.

Aux jumelles 12X80, plusieurs protubérances rouges sont parfaitement visibles au bord du disque lunaire et de nombreux détails apparaissent dans la chevelure brillante de la couronne. Le temps défile à toute allure, bien trop vite pour scruter l’événement en détail.

Durant la phase totale, des teintes crépusculaires au dessus d’une mer presque noire sont visibles à l’horizon sud. Photographie Caroline Lecleire.

La réapparition progressive de la chromosphère, puis du premier grain de Bailly annonce la fin de l’éclipse. Le moment est venu de stopper provisoirement l’observation visuelle pour replacer les filtres sur les instruments afin de continuer en toute sécurité. La lumière reprend ses droits : la chaleur du Soleil nous envahit à nouveau.

Ci-dessus : le "diamant" visible en fin de totalité. Photographie réalisée à l’oculaire d’une lunette Pronto de 70 mm de diamètre

Ci-dessus : cette séquence de photographies prises à 2 secondes d’intervalle montre l’éclaircissement du ciel juste après la totalité. Photographies Caroline Lecleire.

Ces trois minutes et quarante secondes d’émotion constituent l’un des spectacles les plus impressionnants offerts par la nature. La chance a été au rendez-vous pour beaucoup d’observateurs présents sur la ligne de centralité : la veille, le ciel était couvert en Egypte et le lendemain la Turquie se trouvait sous d’épais nuages !

Le soir de l’éclipse, la télévision turque, qui a couvert l’événement sur son parcours national, a diffusé des images de personnes fêtant joyeusement l’événement sur la plage, entourés de musiciens et de feux d’artifice alors que d’autres s’étaient réfugiés sous des tentes pendant toute la durée de l’éclipse. Deux hommes non informés du phénomène nous ont confié leur expérience en riant à posteriori : tranquillement attablés à l’heure du déjeuner sur l’une des terrasses vides de l’hôtel, ils ont d’abord constaté, sans en comprendre la raison, la baisse de luminosité du Soleil. Ils ont mis cette observation sur le compte d’un nuage ou d’un défaut de leurs lunettes de Soleil mais ont commencé à prendre peur avec l’arrivée de la fraîcheur. En fin de phase partielle, la chute brutale de lumière les a véritablement effrayés : ils sont allés rejoindre d’autres personnes afin ne pas mourir seuls ! Enfin informés de la nature de l’éclipse, ils ont pu, rassurés, admirer la couronne solaire au moment de la totalité.

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A gauche : le Soleil à travers les palmiers, photographié durant la phase partielle

A droite : sténopés projetés au sol à travers les branches des palmiers.

Ci-dessus : illustration de la différence de luminosité entre les derniers instants avant (ou après la totalité)

Ci-dessus : montage réalisé à l'aide de deux images réalisées avant et pendant la totalité.

* Belek est un centre touristique turc au bord de la mer Méditerranée, à mi-chemin entre Antalya et Manavgat, cette dernière ville étant située exactement au milieu de la bande de totalité (durée maximale de la totalité 3’46’’).

Sauf mention contraire, les images ont été réalisées par Karine et Jean-Marc Lecleire