La photographie HDR appliquée à l'astronomie
HDR photography applied to astronomy

Jean-Marc Lecleire

Cette page vient en complément de l'article sur la photo HDR paru dans le n° de janvier d'Astronomie Magazine et sur le renforcement du contraste des images lunaires à paraître dans l'Astronomie

Qu'est-ce qu'une photo HDR ?

Une photo HDR (de l'anglais High Dynamic Range ou image à dynamique étendue en français) est une image à grande dynamique qui contient toutes les informations lumineuses présentes dans une scène comportant à la fois des sujets très lumineux et d'autres très sombres. Ce procédé permet de photographier des scènes présentant de très grands écarts de luminosité, impossibles à restituer avec des moyens photographiques conventionnels. Cette technique, de plus en plus répandue chez les photographes, peut être appliquée avec succès aux objets célestes.

En savoir plus sur la photographie à grande gamme dynamique avec Wikipedia



Couronne solaire photographiée en HDR lors de l'éclipse totale de Soleil du 11 juillet 2010, observée à l'île de Pâques. Photo (C) JM Lecleire / HDRsoft

La technique HDR évite l'utilisation fastidieuse des calques et apporte la solution au problème des images à grande dynamique : il suffit de prendre plusieurs clichés du même sujet ou de la même scène avec des temps d'exposition différents et régulièrement espacés (cette technique est appelée "bracketing"), afin de reconstruire la dynamique complète de la scène photographiée. Attention : l'ouverture ne doit pas varier au cours du bracketing ; il est donc conseillé de travailler en mode priorité à l'ouverture (Av)

Ci-dessus : schéma expliquant la capture de la dynamique d'une scène à partir de prises de vues classiques.
A gauche, l'image la plus claire montre les zones sombres de la scène. Au centre, l'image est "correctement" exposée d'après la cellule de l'appareil photo. A droite, l'image est plus sombre mais montre les parties les plus lumineuses, correctement exposées. La fusion de ces trois clichés bracketés constitue une image HDR.

Dasn la plupart des cas, en photographie de paysage, trois clichés bracketés (un cliché correctement exposé, un sous-exposé et un sur-exposé comme dans l'exemple ci-dessous) suffisent pour réaliser de magnifiques images HDR. Avec des sujets astronomiques comme les éclispes ou la lumière cendrée de la Lune, il est parfois nécessaire de prendre dix images bracketées pour couvrir toute la dynamique de la scène (on le verra plus bas sur cette page) !

Ci-dessus : trois images bracketées (cliquez sur les vignettes pour les agrandir) respectivement à +2IL (image surexposée sur laquelle les parties sombres sont correctement exposées), 0 (exposition déterminée par l'appareil photo) et -2IL (image plus sombre mais correspondant au temps d'exposition correct pour les zones les plus claires de la scène).

Les images prises avec ces différents temps de pose sont ensuite importées dans un logiciel spécifique qui génère une image HDR.
Le logiciel qui a été utilisé pour réaliser les images présentées sur cette page est Photomatix Pro.


Ci-contre : l'image HDR résultant du tone mapping dans Photomatix Pro. L'image montre des détails à la fois dans les parties claires et les parties sombres. L'aspect est plus proche de l'impression visuelle que de la photographie conventionnelle. Cliquez sur la vignette pour agrandir l'image.

  • Remarque : les temps d'expositions sur lesquels se basent les logiciels de HDR sont enregistrés automatiquement par les appareils photos numériques dans les données "EXIF" des images.

  • En raison de leur très grande dynamique, les images HDR (32 bits par couche de couleur) ne peuvent être affichées en l'état sur un moniteur ou sur du papier photographique. Il convient donc de comprimer la dynamique de l'image afin de pouvoir la visualiser correctement. Cette opération s'appelle le «Tone mapping ».
    Pour information, la dynamique d'un image HDR peut dépasser 100 000:1 alors que celle des supports habituels est typiquement de 100 à 200:1

    En résumé, que ce soit en photographie classique ou astronomique, la réalisation d'images à dynamique étendue s'effectue en deux étapes :

    1. Réalisation de plusieurs prises de vues du même sujet avec des temps d'exposition différents qui seront ensuite combinées pour créer une image HDR.
    2. Traitement de l'image HDR par un procédé de tone mapping en vue de l'enregistrement du résultat final.

    Vous pouvez aussi consulter le tutoriel du logiciel Photomatix pour en savoir plus sur la création et le traitement des images HDR.

    La photo HDR appliquée à l'astronomie

    Le principal intérêt du HDR en astronomie est d'obtenir une image aussi proche que possible de l'aspect visuel perçu à l'oeil nu ou à l'oculaire d'un instrument (jumelles, lunette astronomie ou télescope).

    Quartier de Lune et lumière cendrée : une image étonnante rappelant la vision aux jumelles !

    Les applications du HDR sont nombreuses en astronomie : la Lune, le Soleil et les éclipses, les objets les plus brillants du ciel profond ainsi que la Voie lactée. Hors contexte astronomique, la photo HDR est d'une aide précieuse pour photographier des phénomènes atmosphériques comme les halos, les arcs en ciel, les beaux nuages et autres crépuscules flamboyants...

    La Lune

    La Lune est LE sujet astronomique de choix pour pratiquer la photographie à dynamique étendue.

    Il y a trois façons d'utiliser Photomatix avec des images lunaires :

    1. La photo HDR "classique" générée à partir de clichés bracketés. Cette technique fonctionne à merveille avec la lumière cendrée de la Lune et pour ajouter un petit effet suréaliste sur les phases de la Lune
    2. Utiliser le tone mapping pour traiter des images 16-bits réalisées avecdes caméras CCD ou des caméras vidéo (webcam, Lumenera, DMK...)
    3. Utiliser la "fusion d'expositions" pour harmoniser très simplement des images des phases de la Lune ou du terminateur et obtenir des résultats très réalistes

    1.1/ La photo de la lumière cendrée en prise de vues bracketées

    En photographie traditionnelle, la faible dynamique du capteur photographique (même en mode RAW) ne permet pas d'enregistrer en même temps les détails de la partie brillante de la Lune, éclairée par le Soleil, et ceux de la partie cendrée, éclairée par la réverbération des rayons solaires sur la Terre. Deux jours avant ou après la nouvelle lune, le croissant de Lune est environ mille plus lumineux que la partie cendrée !

    Aussi, pour obtenir un cliché sur lequel apparaissent à la fois les détails de la partie brillante et ceux de la partie sombre, il est nécessaire d'adapter les temps d'exposition à ces écarts de luminosité. Par exemple, avec une lunette à F/D=9 et un appareil photo réglé sur 400 ISO, le temps de pose correct pour le croissant éclairé est 1/30s ; celui pour la lumière cendrée est mille fois plus long, soit 30s. Il n'est pas nécessaire de prendre un cliché pour chacun des temps de pose intermédiaires entre ces deux extrêmes. En pratique, on peut générer une image HDR à l'aide d'images ayant un écart de 2 IL, c'est-à-dire dont les temps d'exposition ont un rapport de 1 à 4.

    Ci-dessus : pour réaliser cette photographie HDR de la lumière cendrée, 6 clichés réalisés ont été fusionnés. On a réalisé une première image au 1/30s, puis une seconde image avec un temps de pose 4 fois plus long : 1/8s (soit + 2 I.L.), et ainsi de suite : 1/2s, 2s, 8s et 32s (ou 30s, qui correspond à une valeur de l'appareil photo). Lunette fluorite de 102 mm de diamètre et 900 mm de focale et appareil numérique Canon 40D.

  • Vous pouvez voir un descrtiptif complet de la méthode pour créer des photos HDR
    de la lumière cendrée et télecharger des images tests sur cette page

    L'utilisation d'un plus grand nombre d'images permet de diminuer le bruit de fond de l'image finale, mais risque en même temps de dégrader le piqué en raison des effets de la turbulence (les images déformées par l'agitation atmosphérique ne sont plus parfaitement superposables).

    Avant de les fusionner à l'aide du logiciel de HDR, les images doivent être préalablement alignées. En photographie conventionnelle, le logiciel peut se charger de corriger les petits défauts d'alignement ou d'orientation, mais dans le cas de la lumière cendrée, il est préférable de procéder soi-même à l'alignement des différentes images. Le recentrage des images lunaires peut se faire manuellement à l'aide d'un logiciel de retouche d'image ou automatiquement grâce à l'outil de "registration" des logiciels comme Iris, Prism ou Registax. Important : toutes les images doivent avoir les mêmes dimensions (hauteur et largeur) pour pouvoir être importées dans le logiciel de photo HDR.

    Dans tous les cas, il est préférable de disposer d'une monture équatoriale motorisée correctement mise en station et dotée d'un suivi lunaire pour réduire au maximum les déplacements de l'image au cours du bracketing.

    • Remarque : pour réduire au maximum le bruit de fond, choisir une sensibilité aussi basse que possible : 100 ISO dans l'idéal, mais on peut monter jusqu'à 400 ISO si la lumière fait défaut.

    1.2/ La photographie HDR des phases de la Lune à partir de prises de vues bracketées

    On peut également appliquer la technique HDR décrite ci-dessus aux phases de la Lune. Cela permet d'obtenir des clichés parfaitement harmonisés entre les hautes lumières (éjectas de cratères) et les parties sombres (terminateur lunaire) et aussi de créer des images aux effets suréalistes. Il suffit de prendre trois clichés dont les temps d'exposition sont espacés d'au moins 1 IL. Par exemple : si le bon temps de pose pour photographier un premier quartier est de 1/60s, vous pouvez réaliser une seconde photo sous-exposée (-1 I.L.) au 1/125s et une troisième image surexposée (+1 I.L.) au 1/30s. Les trois photos combinées permettent d'obtenir une superbe image HDR de la Lune.

    Le traitement tone mapping des images HDR doit être utilisé avec modération si l'on souhaite obtenir des résultats réalistes. Une utilisation trop poussée des réglages procure des effets graphiques plus proches de la peinture ou de la gravure que la photographie (image ci-dessous).


    A gauche, exemple de photo de phase de la Lune traitée HDR à partir de trois clichés bracketés (-1IL, 0, +1IL). Notez la douceur de l'image et la netteté du terminateur au niveau de la mer de la Sérénité (en haut de l'image). A droite, une pleine lune "artistique" photographiée en HDR. Le globe est légèrement aplati car la Lune était proche de l'horizon au moment de la prise de vue. Le traitement poussé du tone mapping procure un aspect cuivré inhabituel au visage de notre satellite.


    2/ Boostez le contraste de vos images lunaires avec le tone mapping de Photomatix

    Pour plus d'infos sur le tone mapping, suivre ce lien (article Wikipedia en anglais)

    Quand on ne possède pas de photos bracketées de la surface lunaire, on peut néanmoins travailler à partir de fichiers FITS enregistrés en 16-bits (format standard utilisé pour les images astronomiques, lisible par les principaux logiciels de traitement d'images comme Prism, Iris ou Registax). C'est le cas de la majorité des images acquises avec des caméras CCD ou résultant du compositage de séquences vidéo (caméras DMK, Lumenera ou webcams).

    Le tone mapping peut être utilisé efficacement avec des images 16-bits monochromes (qui peuvent être considérées comme des images « pseudo-HDR ») générées par des logiciels de traitement d'images astronomiques tels que Iris, Prism ou Registax, pour ne citer qu'eux. La technique fonctionne bien sûr avec tous les types de clichés astronomiques, mais c'est avec des images de la Lune que l'effet est le plus saisissant.

    Ci-dessus : illustration de l'effet « tone mapping » sur une image de la région du cratère Copernic obtenue avec un télescope de 250 mm de diamètre équipé d'une caméra vidéo. A gauche, l'image est traitée avec un masque flou à l'aide du logiciel Iris. A droite, la même image « tone mappée » à l'aide de Photomatix. Les parties grises de l'image gagnent en contraste, tout en conservant le niveau de détail initial et sans augmenter non-plus le grain de l'image. Notez la différence de contraste au niveau des éjectas.

    En effet, en comprimant la dynamique des images lunaires, le tone mapping adoucit à la fois les zones claires, laissant ainsi apparaître des détails habituellement noyés dans la clarté (zones fortement éclairées comme les remparts de cratères ou les éjectas), et éclaircit les régions sombres (ombres, régions proches du terminateur, mers lunaires), révélant de nombreux détails peu contrastés. Il en résulte une harmonisation parfaite des lumières et une accentuation significative de la quantité de détails de l'image.

    En pratique...

    Le logiciel Photomatix n'étant pas en mesure d'ouvrir les fichiers FITS utilisés par les logiciels d'astronomie, il est nécessaire de les convertir au format TIFF-16 bits au préalable.

    Note : dans l'exemple suivant, on utilise le logiciel gratuit Iris : http://www.astrosurf.com/buil/iris/iris.htm

    La première étape consiste à préparer une image de la Lune avant de la traiter avec le tone mapping.

    Pour que l'opération soit concluante, l'image doit posséder une dynamique de 16-bits, soit 32767 niveaux de gris. Si c'est une image de la Lune résultant du compositage d'images brutes 8-bits (256 niveaux de gris), il sera nécessaire d'empiler au moins 128 images brutes pour atteindre la bonne dynamique. Si le nombre d'images est plus grand, le logiciel Iris se chargera de normaliser automatiquement l'image compositée à 32700 niveaux de gris.

    Remarque : avec des images brutes codées sur 12-bits, il suffit théoriquement de compositer huit images..

    Les instruction suivantes sont à taper directement dans la fenêtre « commandes » d'Iris (le texte entre parenthèses correspond à des remarques)

    >MULT .85 (on multiplie la dynamique de l'image par 0,85 avant de procéder au masque flou)
    >UNSHARP .7 30 1 (masque flou avec finesse = 0,70, contraste = 30 et 1 = type planétaire)
    >CLIPMIN 0 0 (écrêtage min consistant à rendre toutes les valeurs de l'image positives)
    >OFFSET 1000 (facultatif : à utiliser si des points blancs apparaissent dans l'image TIFF après sauvegarde)
    >SAVETIFF nom_de_votre_image (sauvegarde l'image au format TIFF 16-bits)

    Remarques : il arrive parfois que des points blancs apparaissent après sauvegarde de l'image au format TIFF 16-bits depuis Iris . Dans ce cas, il faut introduire un offset avant sauvegarde. De même, il est préférable d'effectuer le traitement de renforcement de la netteté (ondelettes ou masque flou) avant de traiter l'image avec le tone mapping.

    Ci-dessus : exemple de capture d'écran du logiciel Iris. Les instructions ont été entrées manuellement dans la fenêtre « commande ». L'image a été sauvegardée au format TIFF (16-bits)

    Une fois l'image sauvegardée au format TIFF, on l'ouvre avec Photomatix (on peut faire glisser le fichier depuis l'explorateur sous Windows ou le Finder sous Mac directement vers la fenêtre du logiciel), puis on clique sur le bouton tone mapping.

    Ci-dessus : capture d'écran du logiciel Photomatix après avoir ouvert une image de la Lune au format TIFF 16-bits. Pour démarrer le traitement, on clique sur le bouton « Tone mapping » situé dans la barre d'outils latérale.
    L'écran suivant montre l'aperçu de l'image avec le tone mapping.

    La palette de réglages permet d'ajuster finement et d'optimiser les paramètres en fonction de chaque sujet photographié. Une fois les paramètres déterminés, on peut les sauvegarder pour les réutiliser plus tard avec d'autres images.

    Pour vous exercer, vous pouvez télecharger l'image pré-traitée (masque flou et écrêtage déjà effectués) au format TIFF 16-bits : IMAGE__LUNE_TIFF
    Le fichier contenant les paramètres qui utilisés pour traiter l'image proposée ci-dessus peut être téléchargé ici : lune_traitement_dur.xmp

    Pour voir le fichier de paramètres apparaître dans le menu déroulant "pré-réglages" du tone mapping, il suffit de copier le fichier .xmp dans le dossier "presets" du répertoire où est installé Photomatix (C:\programmes ou program files sous Windows) comme sur la copie d'écran suivante :

    Ci-dessus : le tone mapping donne également de bons résultats avec des images en couleurs. Ci-dessus, une image de la région du cratère Kepler (à gauche) obtenue en trichromie. L'application du tone mapping (à droite) révèle des myriades de craterlets à la surface de l'océan des Tempêtes et dans les éjectas du cratère Kepler.

    Ci-dessus : l'effet du tone mapping est très intéressant au niveau du terminateur lunaire, car il révèle les plissements et autres collines de faible altitude peu contrastés.
    A gauche, l'image d'origine ; à droite, l'image après application du tone mapping.

    Cliquez ici pour voir d'autres exemples de photographies lunaires traitées avec le tone mapping

    3/ Utilisation de la fusion d'expositions pour harmoniser les images des phases de la Lune

    Il est parfois délicat d'effectuer une harmonisation correcte d'un cliché de Lune. Comment faire pour mettre en évidence les détails sombres situés près du terminateur tout en évitant de saturer le limbe et les traînées rayonnantes ?

    Il existe un outil appelé Fusion d'expositions, et qui réalise cette opération de manière très rapide et efficace. Après avoir fait glisser deux ou trois clichés bracketés du sujet à traiter dans Photomatix, on sélectionne la fusion d'exposition. Le panneau suivant s'affiche alors et sert à déterminer les réglages. Vous pouvez essayer plusieurs méthodes et garder celle qui vous donne les meilleurs résultats. La méthode "Ombres & Lumières - Ajuster" est, en général, celle qui fonctionne le mieux avec les images lunaires.

    Une fois les bons réglages déterminés, cliquer sur "Fusionner" pour terminer le travail. Et voilà !

    + =

    Ci-dessus : deux images du dernier quartier sont fusionnées pour obtenir un cliché parfaitement harmonisé. Sur l'image de gauche, plus sombre, l'exposition est correcte pour le limbe et les cratères les plus clairs de l'image. L'image du centre est correctement exposée pour le terminateur lunaire. L'image finale (à droite) résulte de la fusion des deux clichés.

    • Remarque : la fusion d'expositions ne fonctionne pas avec des images individuelles (Tiff 16-bits comme avec le tone mapping). Il faut au moins deux images pour pouvoir utiliser cet outil. Pour traiter une image CCD enregistrée en 16-bits, il suffit d'exporter l'image deux ou trois fois au format JPG avec le logiciel IRIS (fonction SAVEJPG), par exemple, avec à chaque fois un réglage des niveaux différent. On importe ensuite les différentes images JPG obtenues dans Photomatix pour réaliser la fusion.

    Les images à fusionner doivent avoir les mêmes dimensions. Il n'est pas forcément nécessaire de pré-aligner les images avant de les traiter car le logiciel de fusion est en mesure de corriger les petits défauts d'alignement entre les clichés.

    Le Soleil

    On applique ici la même méthode que pour les images (16-bits) de la Lune prises avec des caméras vidéos ou CCD. Le tone mapping donne des résultats très satisfaisants avec les images solaires réalisées en lumière H-alpha. Le procédé permet de montrer à la fois les protubérances au limbe et les détails de la surface solaire sans avoir recours à un montage ni utiliser les calques de Photoshop (ou GIMP).

    Ci-dessus : exemples d'images de protubérance solaires observées en lumière h-alpha à l'aide d'un PST Coronado. Les images 16-bit monochromes ont été traitées à l'aide du tone mapping de Photomatix.

    Tache solaire et structures de la chromosphère en lumière h-alpha. Le tone mapping renforce un peu le contraste des filaments, mais l'effet est moins intéressant qu'avec les photos de la surface lunaire.

    La photographie des éclipses de Lune et de Soleil en HDR

    Les éclipses sont des sujets de choix pour les amateurs de photographies à dynamique étendue. En effet, ces phénomènes célestes présentent de très grand écarts de luminosité et la technique du HDR est la seule capable de restituer l'aspect visuel et la beauté du spectacle.
    Voici une image HDR de la couronne solaire prise lors de l'éclipse totale de Soleil du 11 juillet 2010 à l'île de Pâques (cliquez sur la photo pour l'agrandir) :

  • Le traitement HDR a été réalisé à l'aide du logiciel Photomatix Pro 4
    Vous pouvez télécharger les 9 images individuelles qui ont servi à réaliser cette image, pré-alignées et compositées, à partir de ce lien

    Au moment de la prise de vues, on utilise ici la technique du bracketing afin de prendre un grand nombre de clichés avec des temps de pose échelonnés, de manière à couvrir toute la dynamique du sujet (écart supérieur à 10 I.L. dans le cas d'une éclipse solaire)

    Eclipse totale de Soleil photographiée en HDR. Images extraites d'une vidéo tournée au camescope numérique en Turquie le 29 mars 2006. Les temps d'exposition ont varié au cours de l'acquisition vidéo.
    Vous pouvez voir la séquence vidéo correspondante sur YouTube :

    Cliquez sur "play" pour lancer la lecture de la vidéo. Les vibrations sont dues au fait que le camescope était tenu à la main !

    Vous aimez les images d'éclispes de Soleil ?
    Allez visiter le site de Miloslav Druckmüller, qui réalise ce qui se fait de mieux actuellement en matière de photo HDR de la couronne solaire

    Voici un exemple de photo HDR de l'éclipse partielle de Lune du 16 août 2008, réalisé par Jacques Joffre

    L'aspect après tone mapping est très similaire à celui observé visuellement à travers une grosse paire de jumelles.
    Notez la frange bleutée qui parque le frontière entre la portion éclairée et la partie sombre de la Lune. Photo (C) J. Joffre

    La photo HDR appliquée aux objets du ciel profond

    L'emploi de la photo HDR et du tone mapping d'un grand secours avec les objets brillants et contrastés du ciel profond, comme la grande nébuleuse d'Orion M42 ou les amas globulaires. Ces objets célestes posèdent un centre très brillant et une périphérie beaucoup plus faible. Le plus simple consiste à réaliser plusieurs images ayant le même cadrage mais avec des temps d'exposition différents : poser quelques secondes pour le centre de la nébuleuse et quelques minutes pour les extensions lointaines. La fusion des images ainsi obtenues par le logiciel de photo HDR simplifie le travail d'harmonisation. En effet, la technique est à la fois plus fiable et plus rapide que l'utilisation des calques disponibles dans les logiciels de retouches d'images (Photoshop, GIMP). Voir un exemple de bracketing sur la nébuleuse M42 sur le forum Astrosurf par "Skywatcher"

    Le Cœur de M42, la grande nébuleuse d'Orion, photographiée au foyer d'un télescope de 400 mm de diamètre à F/D=3,65. Seule la couche de luminance a été traitée à l'aide du tone mapping (voir la technique n°2 utilisée pour le traitement des images lunaires). La couleur, obtenue en trichromie à l'aide de filtres rouge, vert et bleu, a été superposée à l'image de luminance.

    Vous pouvez aussi admirer le superbe travail sur M42 publié sur cette page du forum Astrosurf en mars 2009 par "Pulsar67"

    Autre exemple de tone mapping réalisé sur une image CCD du coeur de la galaxie d'Andromède M31 (on voit seulement la partie centrale) :

    A gauche, image "classique" montrant le noyau saturé autour duquel il est difficile de deviner l'amorce des bras spiraux. A droite, la compression de la dynamique par le tone mapping désature le centre de l'image et rehausse la visibilité des détails dans la périphérie.

    La Voie Lactée peut également être photographiée en HDR. Le tone mapping renforce le contraste entre les nuages d'étoiles brillants et les échancrures sombres qui parcourent la bande laiteuse. Dans ce cas, comme avec les objets du ciel profond, il faut penser à prendre ses clichés au format RAW et réaliser des darks, afin de faire disparaître les pixels chauds, avant de générer des images HDR. Vous trouverez toutes les informations nécessaires dans le tutoriel du logiciel IRIS sur le site de Christian Buil. (voir aussi ce lien : http://astrosurf.com/buil/iris/tutorial2/doc9_fr.htm)

    Photographie HDR de la Voie lactée traversant la constellation du Cygne, réalisée en fusionnant des clichés réalisé avec des temps de pose différents (technique du bracketing)

    La photo HDR appliquée aux halos et "couronnes" solaires et lunaires

    Les halos et couronnes sont des phénomènes atmosphériques colorés qui apparaissent autour du Soleil ou de la Lune. De ce fait, ils sont difficiles à photographier en raison de la présence d'un astre très (trop) lumineux au centre du champ. La technique du bracketing permet de réaliser des photos HDR harmonieuses de ces phénomènes et évite la surexposition excessive.

    Ci-dessus : couronne lunaire photographiée en HDR. Les cercles concentriques irisés sont causés par la présence de nuages d'altitude. Pour réaliser cette image, on a utilisé 6 images bracketées dont les temps d'exposition sont échelonnés entre 1/250s et 5s. A droite, un GIF animé montrant les différents clichés utilisés

    Ci-dessus : photographies HDR de halos solaires réalisées à l'aide d'un objectif fish-eye. Remarquez le premier plan correctement exposé malgré le contre-jour et la présence du Soleil au milieu de la photo.

    La photo HDR appliquée aux crépuscules / levers et couchers de Soleil

    Si vous aimez admirer les teintes d'unlever ou d'un coucher de Soleil, la photo HDR peut vous aider à immortaliser ce spectacle coloré. La technique du bracketing est utilisée. Ne pas hésiter à fusionner huit à dix images quand vous travaillez au grand angle ou au fish-eye car les écarts de luminosité sont très importants au cours du crépuscule.

    Ci-dessus : à gauche, m'aude en montagne photographiée au fish-eye depuis la cîme de la Bonette, dans le parc du Mercantour. La photo HDR offre ici un réalisme saisissant, à la fois au niveau de la luminosité et des couleurs. Photo : K. Lecleire. A droite, couleurs crépusculaires après le coucher du Soleil sur la route du Restefond.


    Ci-dessus et à gauche : trois images du coucher de Soleil montrant de sompteuses colorations. Les clichés bracketés (3 par image) ont été fusionnés pour créer des images HDR.

    Toutes les images de cette page été réalisées à l'aide de la version 3.2 du logiciel Photomatix Pro.


    A propos de Photomatix Pro

    Photomatix Pro est un logiciel français et peut être téléchargé à partir du site : www.hdrsoft.com/fr

    Il est utilisable gratuitement et sans limitation de durée en version d'essai, mais un filigrane apparaît alors sur les images enregistrées. Cela permet néanmoins de le tester pour se faire une idée de ses capacités (y compris en photo conventionnelle, bien entendu !). L'achat d'une licence se fait en ligne à partir du site internet et coûte 70€ HT. On peut alors créer autant d'images que l'on souhaite et retirer les filigranes présents sur les images générées en version d'essai.