M42

 

 

Ascension droite 5 h 34 min
Déclinaison -5° 27'
Distance 16 000 a-l
Magnitude 4
Dimension 66x60'

 

 


Pourrait avoir été découverte en 1610 par Nicolas-Claude Fabri de Peiresc.
Trouvée indépendamment par Jean-Baptiste Cysat en 1611.

La nébuleuse d'Orion M42 est la plus brillante nébuleuse diffuse dans le ciel, visible à l'œil nu dans des conditions d'observation moyennement bonnes, et gratifiante dans tous les instruments, des plus petites jumelles aux plus grands télescopes.. C'est aussi un gros objet dans le ciel : avec un diamètre supérieur à 1 degré elle couvre une surface plus de quatre fois celle de la Pleine Lune.

Les étoiles les plus brillantes de la nébuleuse (très resserrées et appelées "le trapèze") furent remarquées et cataloguées comme une étoile de cinquième magnitude, en l'an 130 par Ptolemée puis par Tycho Brahe à la fin du 16ème siècle, et enfin par Johann Bayer en 1603 - ce dernier la notant comme Theta Orionis dans son Uranometria. Quelques années plus tard, le 4 février 1617, Galilée examina plus attentivement l'étoile principale, Théta1, et découvrit qu'elle était triple avec un grossissement de 27 ou 28 fois, sans toujours percevoir la nébuleuse.

La Nébuleuse d'Orion proprement dite a probablement été découverte à la fin de 1610 lorsque Nicolas-Claude Fabri de Peiresc(1580-1637), un homme de loi français, tourna sa lunette vers cette région du ciel et fit état d'un nuage nébuleux. Elle fut trouvée indépendamment en 1611 par le Jésuite astronome Jean Baptiste Cysat (1588-1657) de Lucerne qui la compara à la comète observée par lui en 1618. Le premier dessin connu de la Nébuleuse d'Orion a été réalisé par Giovanni Batista Hodierna et contient trois étoiles ; ce sont probablement Théta1, Théta2A et Théta2B. Mais toutes ces découvertes semblent avoir été ignorées pendant quelque temps, de sorte que finalement Christian Huygens a été longtemps crédité de sa redécouverte indépendante en 1656, notamment par Edmond Halley qui l'inclut dans sa liste de six "nébuleuses" (Halley 1716), et par Charles Messier quand il l'ajouta à son catalogue le 4 mars1769.

Messier inclua cette nébuleuse dans son catalogue de 45 objets publiés en 1771 en lui affectant le numéro 42. Il détermina aussi la position de la petite partie au Nord-Est de la nébuleuse, déjà signalée par Jean-Jacques d'Ortous de Mairan en 1731 comme étant une nébuleuse séparée, et qui depuis porte donc le numéro M43.

Comme les dessins de M42 connus de lui représentaient si peu l'impression qu'en avait Messier qu'il réalisa lui-même un "bon dessin" de cet objet, afin "d'aider à la reconnaître par la suite, pourvu qu'elle ne soit pas sujette à des changements avec le temps" (comme il le note dans l'introduction à son catalogue).

En 1774, William Herschel avec un télescope de 48 pouces (1,22 m) d'ouverture et de 40 pieds (12,20 m) de distance focale, décrivit la nébuleuse en termes quelque peu prophétiques, comme "une informe nuée ardente, les éléments chaotiques de futurs soleils". La nature gazeuse de la Nébuleuse d'Orion a été révélée en 1865 à l'aide de la spectroscopie par William Huggins. En septembre 1880, M42 fut la première nébuleuse à être photographiée avec succès par Henry Draper.

La Nébuleuse d'Orion est située à environ 1 600 années-lumière. A cette distance, son diamètre angulaire de 66x60 minutes d'arc correspond en linéaire à environ 30 années-lumière. Dans sa partie Nord, la nébuleuse est traversée par une remarquable traînée sombre .

La partie Nord-Est est la nébuleuse M43 est aussi une nébuleuse en émission, brillant de la lumière émise par ses atomes, excités par les radiations de haute énergie provenant des jeunes étoiles massives et très chaudes, situées à l'intérieur du nuage de gaz. Dans le voisinage proche, vers le Nord, il y a aussi de plus faibles nébuleuses, réfléchissant partiellement la lumière de la grande (il s'agit donc de nébuleuses par réflexion, bleues sur les photographies. Elles n'étaient pas perceptibles pour Charles Messier mais furent cataloguées par la suite sous les numéros NGC1973, 1975 et 1977. A noter que NGC1977 ("the running man") a été trouvée par William Herschel , tandis que NGC1973 et NGC1975 sont des découvertes de Heinrich Ludwig d'Arrest.

La Nébuleuse d'Orion est la partie la plus brillante et la plus remarquable d'un nuage de gaz et de poussière beaucoup plus large s'étendant sur plus de 10 degrés, bien au-delà de la moitié de la constellation d'Orion. L'extension linéaire de ce nuage géant est bien de plusieurs centaines d'années-lumière. Il peut être visualisé sur des clichés à longue pose (de Burnham, par exemple) et contient, en plus de la Nébuleuse d'Orion proche de son centre, les objets suivants, souvent fameux par eux-mêmes : la Boucle de Barnard, la nébuleuse Tête de Cheval et sa région (contenant aussi NGC2024 = Orion B), et les nébuleuses en réflexion autour de M78. Déjà impressionnante en photographie de haute définition prise en lumière visible, la Nébuleuse d'Orion est absolument splendide en infrarouge.

M42 elle-même est apparemment un nuage très tourmenté de gaz et de poussière, plein de détails intéressants.. Selon leur inspiration, différents observateurs ont donné des noms aux principaux traits marquants : la nébuleuse formant la bande sombre séparant M43 de la nébuleuse principale s'étend bien à l'intérieur de cette dernière, esquissant une forme généralement surnommée "la gueule du poisson". Les régions brillantes de chaque côté sont "les ailes", tandis qu'à la base de "la gueule du poisson" se trouve un amas de jeunes étoiles, appelé "l'Amas du Trapèze". L'extension de l'aile au Sud et à l'Est (en bas et à gauche sur notre image) est appelée "l'Epée", la nébulosité brillante sous le Trapèze "l'Estocade" et l'extension plus faible à l'Ouest (sur la droite) "la Voile".

L'Amas du Trapèze est parmi les plus jeunes amas ouverts connus, avec de nouvelles étoiles toujours en formation dans cette région. Comme indiqué plus haut il fut d'abord représenté comme étoile triple le 4 février 1617 par Galilée, qui n'était pas au courant de la nébuleuse. Cette découverte ne fut pas tellement connue, de sorte que Christian Huygens redécouvrit indépendamment l'étoile triple en 1656, en même temps que la Nébuleuse d'Orion. Ces trois premières étoiles sont souvent désignées par les lettres "A", "C" et "D". Il peut être intéressant de remarquer que, dans les deux cas, le Trapèze (Theta 1 Orionis) était seulement la seconde découverte d'une étoile multiple après celle de l'étoile double Mizar (Zeta Ursae Majoris). La quatrième, "B", fut trouvée en premier par l'Abbé Jean Picard en 1673 (selon de Mairan), puis, indépendamment, par Huygens en 1684. La découverte de la cinquième, "E", revint à Friedrich Georg Wilhelm Struve en 1826 à Dorpat, avec une lunette de 9,5 pouces (24 cm), celle de la sixième, "F", à John Herschel le 13 février 1830, celle de la septième, "G", à Alvan Clark in 1888, alors qu'il testait sa lunette de 36 pouces (91 cm) à l'Observatoire de Lick, et enfin la huitième, "H", fut trouvée avec la même lunette toujours en 1888 par E.E. Barnard. Ce dernier découvrit plus tard que "H" était double, avec deux composantes de 16ème magnitude. Aujourd'hui nous savons que les étoiles "A" et "B" sont toutes les deux des variables à éclipses de type Algol : "A" (aussi connue comme V1016 Ori) fut découverte en 1975 et varie entre les magnitudes 6,73 et 7,53 avec une période de 65,4325 jours, tandis que "B" (également cataloguée BM Ori) varie entre 7,95 et 8,52 en 6,4705 jours et est toujours la plus faible des 4 étoiles du Trapèze.

Il est très facile de trouver la Nébuleuse d'Orion puisqu'elle entoure l'étoile multiple (ou amas) Theta Orionis, visible à l'œil nu au milieu de l'épée d'Orion. D'ailleurs, dans de très bonnes conditions d'observation, la nébuleuse elle-même peut être aperçue à l'œil nu comme une faible nébulosité autour de cette étoile.

d'après les données de l'Observatoire de Paris

M 42

en haut : image couleur en L-RVB

en dessous : image H alpha

 

Lieu : Sexey-aux-Forges (54 - France)
Date : décembre 2007
Seeing : Belle transparence, turbulence moyenne, le H alpha a été réalisé en présence d'une lune gibeuse sur 2 nuits

Optique : Takahashi FCL-90 (Sky 90) à f/4.5

Roue à filtres : CFW8

Focalisation : manuelle

Monture : G11 "ovision" Gemini 4

Caméra : ST8 (-30°C)

Filtres : SBIG (RVB et Clear), Astronomik (Ha 13nm)

Autoguidage : capteur interne

Acquisition : Maxim DL

H alpha : 19 x 20 min + 10 x 60s

Luminance : 14 x 10 min + 15 x 15s + 10 x 60s

Rouge : 1 x 10 min + 10 x 60s

Vert : 4 x 10 min + 10 x 60s

Bleu : 6 x 10 min + 10 x 60s

Prétraitement : IRIS

Traitement : Photoshop CS2