La belle aurore !
Les
aurores en images (IX)
Rappelons
que les derniers paroxysmes de l'activité solaire (cf. le cycle solaire)
se produisirent en 1981, 1989, 2000 et 2014 dans l'hémisphère nord, offrant
aux observateurs du ciel des Etats-Unis (Alaska compris) et du nord de la
Scandinavie, y compris de l'Islande de magnifiques aurores, l'un des plus beaux
et chatoyants spectacle de la nature.
Voici
quelques images d'aurores boréales spectaculaires où l'accent a été mis sur
l'exceptionnelle activité du 6 avril 2000 qui nous gratifia de la plus grande
tempête géomagnétique de la décennie.
Malgré le côté statique de ces images,
n'oubliez pas que ces manifestations sont en réalité dynamiques comme en témoigne
l'animation en time-lapse présentée ci-dessous à gauche réalisée en l'espace 80
secondes à partir de photographies exposées chacune 4 secondes et
espacées de 4 à 5 secondes. A ce sujet le site Aurora
Webcam propose une galerie de vidéos prise en Alaska, y compris une webcam en temps réel active
entre 04:00-13:30 TU.

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Aurore
observée en Alaska le 16 octobre 2003 par R.Krochuk. |
Imaginez-vous
observant le ciel constellé d'étoiles par une nuit fraîche au sortir de l'hiver
ou en automne. Le Soleil est couché, la nature est silencieuse puis soudainement,
peu après minuit, le ciel nord-ouest s'illumine... Progressivement des volutes
de couleurs irisées jaune-verdâtre envahissent la voûte céleste en l'espace de
quelques minutes, tournoient, s'évanouissent ou s'intensifient au
gré de l'activité du champ géomagnétique; le bouclier magnétique de
la Terre se bat contre les particules du Soleil pour protéger notre
atmosphère... C'est un combat haut en couleurs qui signe parfois la défaite du
Soleil en lettre de sang lorsque le ciel s'embrase d'un magnifique halo rouge brique.
Les aurores ont généralement une couleur verte parfois rouge ou
magenta dans leur partie supérieure. En revanche, il est plus rare
d'en observer des bleues de même que des aurores pulsantes dont la
luminosité varie de manière périodique en l'espace de quelques
secondes.
Vous devez
absolument un jour visiter le Nord de la Norvège, la Finlande, l'Islande ou
l'Alaska afin d'observer les aurores en période de paroxysme de l'activité solaire.
Le spectacle féérique se répétant au fil des nuits, il vous captivera certainement
plus encore qu'une éclipse totale de Soleil.
Voici
quelques images de ce fantastique spectacle cosmique.
Les draperies (I) |

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Juan
Carlos Casado, Islande
Lac
Thingvallavatn, 08/2016, APN
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Juan
Carlos Casado, Islande, chutes de Gullfoss
17 mars 2015, APN
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Anonyme
Alaska, 2017
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Dennis
Anderson, Alaska, 2002
réflex
6x9, 50 mm f/2.8, Fuji Provia 400 F, 35 s (superp. 2 images)
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Ole
Salomonsen, Signaldalen, Norvège
19
septembre 2012
Sony
A7R Mark II
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Ole
Salomonsen,
Tromsö, Norvège
2
janvier 2014, Canon EOS 5D Mark II,
objectif
Nikkor 14-24 mm f/2.8
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Les draperies (II) |

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Risto
Leskinen
Finlande, 2019
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Wayne
Pinkston
Norvège, 2015
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Ole
Salomonsen Tromsö, Norvège
29
octobre 2015,
Sony
A7R Mark II
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Ole
Salomonsen Tromsö, Norvège
Novembre
2011
APN
+ obj.Fisheye
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Jouni
Jussila
Oulu, Finlande
20
mars 2001, 24 mm f/1.4, Fuji Provia 100 F à 200 ISO, 15
s
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Jan
Curtis,
Alaska
6
mars 2000, objectif 35 mm f/2.0, Kodak PJ-800, 10 s
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Les draperies (III) |
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Yiming
Hu, Yukon, Arctique
22
novembre 2015, Nikon D810, objectif Nikkor 14-24 mm f/2.8,14x 30 s à 6300 ISO + 2 images pour l'avant-plan
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Jason
Pineau, Canada
En
route vers Yellowknife
8
décembre 2013, APN
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Jan
Curtis, Alaska
7
février 2000, objectif 35 mm f/2
Fuji 800 NHG II, 12 s
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Période
de visibilité des aurores
Les
aurores polaires, boréales et australes sont principalement visibles
entre 55° et 75° de latitude, bien que statistiquement nous avons
l'occasion d'en observer une chaque année à la latitude de 25° et même
au niveau de l'équateur lors des tempêtes géomagnétiques
secondaires extrêmes. Mais il faut pour cela réunir des conditions
géomagnétiques extraordinaires, des tempêtes de classe G5
avec indice Kp de 9, des valeurs très rares qui surviennent en moyenne
quatre fois par cycle solaire soit une fois tous les 3 ans. De plus,
il faut que les conditions météos permettent de les observer.
De temps en
temps on peut également assister à une véritable tempête aurorale
comme ce fut le cas le 6 avril 2000 et aux alentours du 29 octobre 2003 où des aurores ont
pu descendre jusqu'à Athène (38.2°N), El Pasos au Texas (32°N) et même dans la province
de Victoria en Australie (37.5°S), nous gratifiant de magnifiques aurores de Classe IV
(4e magnitude et plus brillantes) comme en témoignent ces images.
Enfin, même près des régions polaires (Alaska, Arctique, Finlande),
les chances d'observer les aurores sont plus élevées à l'horizon que partout
ailleurs dans le ciel : 50% à 30°, 25% à 45°, 2.5% au zénith
(au-dessus de votre tête).
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A
gauche, pourcentage d'aurores visibles chaque année en
fonction de la latitude géomagnétique. L'Europe septentrionale
oscille entre 1-5%. Pas étonnant dans ces conditions qu'on
observe peu d'aurores dans nos régions. A droite, la
moyenne du nombre de jours géomagnétiquement
perturbés au cours de l'année (représentant une
tempête géomagnétique de classe G5). Les pics sont
corrélés avec la fréquence des aurores. Documents PFRR/Vestine
et NASA-MFSC/D.Hathaway. |
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Classification
des aurores
La
classification des aurores se base sur leur intensité lumineuse
(exprimée en rayleigh dans le système CGS) comparée à
celle que porte l'éclat de la pleine Lune sur les nuages :
- Classe I : très pâle, à peine discernable (103 rayleigh)
- Classe II : comme l'éclat de la pleine Lune sur des cirrus
(104 rayleigh)
- Classe III : comme l'éclat de la pleine Lune sur des cumulus (105 rayleigh)
- Classe IV : plus brillante que la classe III et capable de porter
des ombres (106 rayleigh).
Magnitude visuelle +4 ou plus brillante.
Notons qu'une aurore même très pâle de Classe I est déjà 2.5 fois plus
brillante que la lueur nocturne la plus pâle visible à l'oeil nu
(400 R). Dans les pays nordiques, les aurores peuvent donc empêcher de
réaliser certains programmes astronomiques (photographie ou
spectrométrie) qui exigent non seulement de l'obscurité mais également
une grande stabilité de la clarté du fond du ciel.
Les arcs
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Aurores
en forme d'arc photographiées en Alaska par James
Travis
(gauche, 7 avril 2000. L'objet brillant en dessous à gauche est
Jupiter) et Jan
Curtis (les 3
autres photos prises respectivement les 31 août 1999, 7 février
2000 et 6 mars 2000. Exposition de 7 à 10 secondes sur film de
640, 800 et 400 ISO). Selon l'activité, elles peuvent se transformer
en draperies, bandes ou rayons.
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Durant
quels mois les aurores sont-elles le plus facilement visibles ?
Des
observations effectuées à l'observatoire américain de Yerkes
(42°N, 88°O) durant 55 ans et réparties sur 5 cycles solaires
confirment que c'est durant les mois de septembre et mars
que les aurores sont les plus nombreuses tandis que les mois de janvier
et juillet sont les moins favorables. Cette corrélation aurait été mise
en évidence dès 1733 par le Français Jean-Jacques d'Ortous de Mairan.
On explique cette
distribution par le fait que les taches solaires apparaissent principalement dans
une bande située 15° de part et d'autre de l'équateur du Soleil. Ce
sont les célèbres figurent en papillon.
Au cours de sa rotation annuelle, si l'on projète l'orbite de la
Terre sur le Soleil on constate que la latitude héliographique de la
Terre se situe à l'intérieur de cette bande équatoriale en janvier
et juillet tandis qu'elle se projète dans la zone d'activité des
taches, donc aux latitudes héliocentriques plus élevées en septembre et
mars.
Prochain chapitre
Comment
photographier une aurore ?
Les
aurores en bandes et les couronnes
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