Contacter l'auteur / Contact the author

Recherche dans ce site / Search in this site

 

La Bible face à la critique historique

Lumière sur la Bible. Document T.Lombry.

L'anthenticité des récits bibliques remise en question

La science face au dogme

Nous aurions pu intituler ce chapitre "la science contre le dogme" car c'est bien d'une lutte entre deux idées et deux visions du monde diamétralement opposées dont il s'agit. Même sans a priori, certains se demanderont pourquoi chercher à tout prix la confrontation entre science et dogme, autrement dit à vouloir connaître la vérité historique ? On peut effectivement très bien vivre dans une société théocratique au pouvoir exclusif plutôt que dans une société civile démocratique, l'esprit enfermé dans un carcan dogmatique prétendûment révélé par Dieu où tout sens critique et la liberté de conscience sont synonymes de déviance et de danger. On y reviendra à propos des sectes. On peut aussi envisager la pratique de sa religion sous un angle oecuménique et tolérant mais il y aura toujours un revers à la médaille, celui de vouloir convaincre l'autre qu'il se trompe et qu'on détient la seule Vérité. Résultat, on devient intolérant et cela conduit aux guerres de religion. Un serviteur ou un défenseur de la foi ne peut donc jamais être objectif au même titre qu'un scientifique désintéressé qui recherche la vérité cachée derrière les récits et les phénomènes pour mieux comprendre l'histoire et la nature des choses (cf. L'objectif de la Science).

Ceci dit, nous verrons à propos du statut actuel des religions et des Églises qu'on peut être croyant tout en étant scientifique et reconnaître que la Bible contient des interprétations et des contradictions voire même des propos radicaux, misojynes et racistes. En fait, dans les pays libres et notamment en Occident, chacun à la chance de pouvoir lire ou interpréter la Bible en fonction de ses convictions intimes. C'est avant tout une affaire de foi et donc une idée très personnelle qui ne concerne pas la science ni le pouvoir politique.

Mais il faut tout de même nuancer les différentes formes de foi. À l'image de l'obscurantisme qui tarit encore au XIXe siècle le puits de science des lettrés et échauda le sens critique des plus curieux, le dogmatisme est une forme de superstition et représente un carcan néfaste à la liberté de penser. En effet, la philosophie des sciences nous a démontré que tout au long de l'Histoire c'est en ayant l'esprit critique et ouvert, en remettant sans cesse les anciennes affirmations en question et en explorant de nouvelles voies que l'homme acquis de nouvelles connaissances, apprit à maîtriser son environnement et finit par se détacher du sacré et des superstitions pour avoir une meilleure compréhension du monde, plus objective et plus complète. Cela n'a jamais eu de conséquences négatives sur notre vision du monde, que du contraire.

Il reste évidemment des questions majeures ouvertes qu'on appelle les "mystères" auxquels la Science ne peut pas (encore) répondre comme l'existence ou la nature de Dieu pour ceux qui y croient, l'origine de la vie et les questions de la création et du sens de l'Univers. Même si on n'y souscrit pas, des phénomènes bibliques comme le mécanisme de la résurrection et la nature d'un ressuscité soulèvent des questions et restent incompréhensibles. Ces questions sont effectivement encore du ressort de la métaphysique voire la majorité du ressort des légendes. Nous tenterons malgré tout d'analyser ces phénomènes et leur sens biblique afin d'en extraire une signification concrète tout en laissant à chacun le loisir de les interpréter en fonction de ses convictions.

On pourra répondre qu'une croyance n'est pas du ressort de la Science mais de la théologie. Or la religion fait partie du corpus de la théologie qui est une science enseignée à l'université et autres séminaires qui étudie les "choses divines" de manière critique. Il existe donc bien un terrain d'entente commun aux croyants et aux scientifiques. On en déduit que la Bible est donc également accessible aux scientifiques et inversement que les théologiens peuvent avoir un regard critique sur leur religion, notamment à travers l'archéologie, l'histoire, l'exégèse, l'épigraphie, l'anthropologie religieuse, la géopolitique, la linguistique et bien d'autres disciplines. Cela n'a plus rien à voir avec une lecture "pieuse" de la Bible au premier degré.

Nier les implications des découvertes scientifiques comme la majorité des croyants le font revient à mettre en doute la méthode scientifique et les résultats des recherches. Le croyant préfère se réfugier dans une vision dogmatique et primitive du monde qui l'entoure, une expression peut être rassurante pour certains car traditionnelle mais archaïque et naïve. Malheureusement, cette foi aveugle est parfois très ancrée et hermétique à tout changement dans certaines familles traditionnalistes et dans certaines sectes et mouvements religieux ultra-orthodoxes. Cette vision dogmatique n'a plus sa place au XXIe siècle où la connaissance se veut le fruit de la réflexion scientifique et objective, et le but de ce dossier est de tenter de le prouver aux incrédules et aux sceptiques. Ceci dit, que les chrétiens ne fassent pas l'amalgame de confondre Jésus avec Dieu. Beaucoup d'êtres humains croient en l'existence d'un Dieu, seule explication à leurs yeux pour répondre au mystère de l'Univers mais tous les chrétiens ne croient pas que Jésus était d'origine divine, une affirmative sortie de la Bible et totalement dogmatique. Il reste donc une place pour Dieu, même au XXIe siècle, époque du rationnel et des réponses binaires.

A la recherche de la vérité historique

Avant de commencer, applaudissons la démocratie et nos libertés chèrement acquises. Rappelons que jusqu'au XVIIe siècle, pour avoir osé poser un regard critique sur la Sainte Bible, nous aurions été condamné au bûcher. Au XVIIIe siècle encore, pour ce simple effort intellectuel, dans beaucoup de pays catholiques un membre du clergé ou un civil pouvait être excommunié. Jusqu'à la fin du XIXe sièce, dans certains pays catholiques un professeur pouvait perdre son emploi s'il enseignait des idées contraires à la doctrine de Rome. Il fallait donc plus que du courage aux intellectuels pour oser braver le pouvoir religieux et ses tabous.

Mais rappelons que de nos jours encore, Rome combat toujour l'hérésie même si elle a abandonné ses instruments de torture et le bûcher. Heureusement que cette époque obscure et intolérante est révolue dans la plupart des pays bien que certains mouvements chrétiens et sectaires essayent encore de s'opposer à cette émancipation intellectuelle, quand ce n'est pas du chef d'un dictateur. Il est donc toujours d'actualité de rappeler que l'authenticité des récits bibliques est loin d'être prouvée.

De nos jours, que vous posiez la question à un théologien (qui étudie l'idée du divin et les religions), un bibliste (ou exégète étudiant les sources bibliques), un archéologue ou un historien, tous reconnaissent que l'une des questions les plus importantes dans la recherche historique des personnages et lieux bibliques est de pouvoir distinguer l'empreinte de chaque souverain ou grand-prêtre ou homme influent dont celle de Jésus dans la foule des voies du proto-judaïsme ou du judaïsme selon les époques.

Pour un historien ou un archéologue, il est toujours plus facile de décrire les mouvements politiques et religieux que les individus, les lieux plutôt que les évènements, les technologies plutôt que les artefacts. En effet, toute la difficulté est d'associer les lieux et les objets aux individus. C'est pourquoi la recherche des lieux historiques est une tâche plus facile que la quête du Moïse, du David ou du Jésus historique.

Toutefois, l'existence ou l'authenticité de certains lieux saints fait encore l'objet de controverses, notamment à Jérusalem, Nazareth et Bethléem[1]. Il y a d'un côté les experts pro-bibliques dits "maximalistes" qui tendent à considérer que la Bible reflète des évènements réels à moins que des preuves historiques ne les réfutent directement. D'un autre côté, il y a les "minimalistes" beaucoup plus critiques qui considèrent que la Bible ne reflète pas des évènements réels mais relate des faits soit effectivement fondés sur des faits réels mais souvent très altérés et parfois très éloignés des comptes-rendus historiques soit totalement imaginaires et du ressort des contes et légendes. En fait, la réalité est plus nuancée que cela et la vérité historique se situe quelque part entre les deux positions.

Jusqu'au XVIIe siècle, le texte de la Bible et pas seulement celui des Évangiles du Nouveau Testament mais également "la Loi et les Prophètes" c'est-à-dire la Torah (le Pentateuque) et les livres prophétiques étaient jugés absolument digne de foi, littéralement inspirés par Dieu et donc considérés comme la "parole de Dieu", la fameuse expression "parole d'Évangile" ayant ici tout son sens et personne n'osait les remettre en question sous peine d'être gravement sanctionné (excommunication, mise à pied, perte d'emploi, exil, torture, etc.).

Encore aujourd'hui traiter un ouvrage ou un auteur de "bible" revient à dire qu'il est un expert fiable qui a réponse à tout. Pendant des siècles et le mot n'est pas trop faible, notre savoir, c'est-à-dire l'histoire universelle du Monde provenait de la Bible : nous étions tous les descendants d'Adam et Ève au sens propre et nos ancêtres vivaient sur une Terre plate dans un monde qui fut créé en 7 jours ! Or pour un esprit curieux et critique tel un historien, un bibliste ou un archéologue cherchant à comprendre quelles sont les auteurs, les influences, les origines et la raison d'être des textes bibliques, à moins de se contenter d'une lecture superficielle voire naïve et d'une vision dogmatique, on ne peut pas lire la Bible en ignorant son contexte historique.

Le simple questionnement de la Bible sans même parler les révélations de l'archéologie contrarie évidemment encore les juifs et les chrétiens dogmatiques qui ont une foi aveugle dans la Bible et plus encore les personnes sectaires (par exemple l'Opus Dei, les Témoins de Jéhovah, les Créationistes, les Mormons ou les Amish) qui préfèrent ignorer les faits et se voiler la face plutôt que de lever le voile sur leur ignorance et se remettre en question. Est-ce réellement ainsi qu'il faut considérer la Bible, aveuglément et sans aucun sens critique ? N'y a-t-il pas de place pour une analyse rationnelle tout en ayant l'esprit ouvert au message de Jésus ou sur l'existence de Dieu ? Faisons le pari que c'est possible mais cela nous conduit à mettre le dogme face à la science.

A la recherche de preuves

Pour convaincre le lecteur sceptique ou curieux que la Bible contient des textes non pas inspirés par Dieu mais des interprétations personnelles de la réalité voire des faits légendaires et se contredit parfois elle-même, nous devons le démontrer en apportant des preuves contredisant les faits bibliques, confirmant leur nature artificielle, subjective ou ses contradictions internes. A partir de ces éléments, on pourra essayer d'identifier l'origine réelle ou imaginaire de l'évènement et tenter de reconstruire l'histoire authentique si jamais elle exista. Si le contexte est suffisamment documenté, on pourra peut-être même comprendre pourquoi les auteurs ont imaginé cette version des faits. C'est exactement cette démarche que nous allons suivre dans les pages de ce dossier en analysant les différents hauts faits bibliques.

Certains ecclésiastiques comme les frères Bénédictins, les Dominicains, les Franciscains et surtout les pères Jésuites (Christoph Scheiner, Theilard de Chardin, Georges Lemaître) ainsi que l'abbé Théophile Moreux et le moine Grégor Mendel ont essayé de concilier science et religion en démontrant que les plus grandioses réalisations de la nature qui dépassaient notre entendement comme le Soleil pour Scheiner, le phénomène humain pour Theilard de Chardin, la formation de l'Univers pour Lemaître, la planète Mars pour Moreux ou l'hérédité pour Mendel ne sont que les preuves de la main du Créateur et de l'omniprésence de Dieu. Malheureusement, depuis Newton et Descartes les scientifiques n'ont plus besoin de "l'hypothèse Dieu" pour expliquer la nature, même si de nombreuses mécanismes restent encore inexpliqués. Mais c'est justement l'objectif de la Science de rendre compréhensible les questions métaphysiques de jadis en expliquant le pourquoi et le comment des choses. On ne sera donc pas étonné que certains théologiens se sont intéressés à l'archéologie biblique, en particulier dans les hauts lieux saints, certains Ordres y ayant édifié des églises, des monastères, des couvents et même des centres de recherche.

L'église Saint Joseph à Nazareth bâtie en 1914 par l’Ordre des Frères mineurs, les Franciscains, fondé par saint François d’Assise. Elle est accolée au couvent des frères Franciscains et juste à côté de la basilique de l'Annonciation dont on voit le sommet de la coupole à l'arrière-plan. Document Custodia.

Quand les premières découvertes bibliques et notamment les ruines de cités antiques et les traductions des nouveaux manuscrits furent présentés au public au XIXe siècle, il fallait bien constater que les conclusions des spécialistes étaient en contradiction avec les enseignements ou plutôt la doctrine de l'Église.

Aussitôt les défenseurs de la foi se sont empressés d'explorer tous les lieux bibliques à la recherche de preuves attestant l'authenticité des récits. Malheureusement, leurs découvertes eurent le résultat opposé et ont depuis lors toujours renforcé l'idée que la Bible est partiale et peu fiable. En effet, en moins de deux siècles, les archéologues, les historiens, les linguistes, les biblistes et les experts des anciennes civilisations ont soulevé des voiles du passé qui remirent en question l'authenticité même des récits bibliques.

Ainsi, au hasard d'une comparaison, des chercheurs plus curieux et plus téméraires que d'autres ont osé braver les interdits religieux et découvrirent des influences païennes comme des récits mythologiques et des contradictions dans les textes de l'Ancien Testament ainsi que par rapport aux faits scientifiques (notamment à propos de l'âge de la Création du monde) qui n'allaient pas dans le sens indiqué par l'Église. A force de chercher la vérité historique, les archéologues ont découvert des tablettes cunéiformes, des inscriptions sur des stèles et de nouveaux manuscrits en Égypte et au Proche-Orient relatant des faits bibliques d'une manière totalement inattendue qui mettaient l'Église dans une position très inconfortable. 

En complément, les exégètes ont découvert dans la bible hébraïque et en particulier dans la Torah, les empreintes stylistiques et linguistiques de plusieurs auteurs ou sources documentaires contredisant l'idée que ces livres avaient été rédigés d'un seul jet par une seule personne (Moïse) à un époque archaïque. Aujourd'hui, les spécialistes sont convaincus que le contenu de la bible hébraïque est le résultat de l'assemblage de divers documents rédigés puis édités par des auteurs et des rédacteurs successifs sur une période de plusieurs siècles. On reviendra en détails sur la constitution des livres canoniques.

En acceptant d'étudier scientifiquement des faits qui étaient en contradiction avec la Bible et ne s'expliquaient selon l'Église que par les oeuvres de Satan, les archéologues ont conclu que les textes bibliques ne reflétaient pas vraiment la réalité et correspondaient plutôt à une interprétation théologique de la réalité. Autrement dit, la Bible n'a pas grand chose à voir avec un livre d'histoire ni même une biographie au sens propre.

Au début, les mouvements catholiques intégristes ont bien tenté de s'opposer à la publication de ces découvertes mais face au nombre grandissant de preuves, l'Église et ses courants alternatifs ont préféré s'éloigner des débats publics et ne plus intervenir sur ces sujets sensibles pour resserrer leurs rangs autour de leur Foi au risque de fragiliser les fondements même du dogme.

Ce sont ces grandes découvertes relatives au monde biblique que nous allons décrire, supportées par une abondante documentation (cf. les références) et des preuves incontestables. Nous verrons à la fin de ce dossier ce qu'il faut retenir de ces découvertes et épiloguerons sur le sens de la Bible. Quelles que soient vos convictions, vous serez surpris.

Les premières critiques et recherches d'authenticité

L'analyse historico-critique de la Bible

Il y a 2300 ans déjà, les érudits ont refusé l'idée que les textes de la bible hébraïque aient pu être manipulés et il fallut du courage et de bons arguments aux ecclésiastiques pour remettre en question certains passages du Pentateuque. Après l'avènement du Christ et la rédaction du Nouveau Testament, on retrouva une situation similaire chez tous les exégètes sans exception qui furent unanimes à prétendre que les textes n'avaient pas été manipulés mais étaient révélés. Il ne pouvait y avoir d'interpolations ou autres digressions car ils considéraient jusqu'aux XVIe siècle (et dans certains pays catholiques jusqu'au XIXe siècle) que si ces textes avaient une histoire (cf. les sources documentaires et le canon), ils étaient un aboutissement mais sous une forme achevée. Il était donc exclu de pouvoir étudier scientifiquement la Bible. Les rares critiques qui proposaient l'idée de manipulations en parlaient en fait sur le ton de la plaisanterie pour la dévaloriser jusqu'à l'absurde mais aussi pour conjurer cette éventualité qui s'avéra finalement fondée.

L'authenticité des récits bibliques fut remise en question dès l'époque du Talmud de Babylone au VIe siècle avant notre ère. En effet, les érudits juifs exilés à Babylone doutèrent que Moïse ait écrit les cinq livres du Pentateuque (la Torah), en particulier les derniers versets où il décrit sa propre mort qui semblaient avoir été ajoutés par le prophète Josué. Puis l'érudit juif et écrivain Abraham Ibn Esra (1092-1167 de notre ère) évoqua la possibilité d'une rédaction "post-mosaica" (après Moïse) car les textes relatifs au pays de Canaan sont conjugés au passé comme si Moïse était déjà mort depuis longtemps, les Israélites étant déjà installés au pays de Canaan (Genèse 12:6, 13:7). Ibn Esra nota également des anachronismes entre les livres évoquant Moïse, certains citant "le pays au-delà du Jourdain" (l'actuelle Transjordanie) alors que d'autre citent "le pays des Hébreux" (Genèse 40:15, 50:10; Nombres 22:1, Deutéronome 1:1-5, 3:14, 34:6) comme si l'auteur s'y trouvait déjà.

Par la suite, le Père de l'Église Origène d'Alexandrie (c.185-263 de notre ère) dont nous détaillerons certaines oeuvres, fut le premier exégète occidental à commenter le texte biblique. Et comme le diraient tous les théologiens, dès qu'il y a foi il y a doute. Saint Jérôme prétend qu'Origène aurait écrit environ 2000 ouvrages dont il nous reste malheureusement que quelques dizaines de commentaires notamment sur les Évangiles et des homélies (cf. la liste d'Amazon)

Ceci dit, que ce soit du temps de Babylone ou de la Grande Église voire même jusqu'au XIXe siècle, nul exégète n'osa remettre ouvertement en question l'authenticité des textes; oser ce sacrilège signifiait soit la mort dans l'Antiquité et jusqu'au XVIIe siècle (cf. l'Inquisition) soit l'excommunication et l'exil. Plus récemment, on pouvait encore perdre son métier pour un tel sacrilège. On y reviendra.

Si au XVIe siècle, sous le jouc de l'Église toute puissante, on pensait encore que le Pentateuque fut rédigé par Moïse, grâce à la Réforme (1517), l'auteur du Deutéronome fut remis en question par le théologien protestant Andreas Bodenstein dit Andreas von Karlstadt (1486-1541) et ses successeurs.

En 1670, le philosophe néerlandais Baruch Spinoza (1632-1677) qu'on qualifie d'athée mais qui croya d'abord en Dieu avant d'être en froid avec la religion juive à partir de 1656, était en fait un troublion de l'intolérance et de la religion. Il publia une critique de la Bible dans son "Traité théologico-politique" dans lequel il ruine la croyance en l'authenticité des livres bibliques (ch. VIII), il souligne leur manque d'unité, les erreurs et les inexactitudes (ch. IX) et montre que les livres des prophètes sont fragmentaires et désordonnés (ch. X). Résultat, Spinoza décrédibilise la valeur des textes sacrés et les sources utilisées pour élaborer les canons de l'Eglise, neutralisant magistralement l'influence du dogme imposé par les théologiens.

Ensuite, sur base des analyses textuelles et linguistiques (l'exégèse), l'authenticité et la paternité des textes de l'Ancien Testament furent remises en question par le professeur de médecine et auteur francais catholique Jean Astruc (1684-1766) et plusieurs érudits protestants parmi lesquels le bibliste et historien allemand Johann Eichhorn (1752-1827), le bibliste allemand Hermann Hupfeld (1796-1866), le théologien et historien français Edouard Reuss (1804-1891) et le théologien allemand Julius Wellhausen (1844-1918). On y reviendra à propos de la fameuse "hypothèse documentaire" et ses récentes évolutions.

Comme nous l'avons évoqué, parallèlement à l'analyse historico-critique de la Bible par les exégètes, le style littéraire fut également étudié afin d'analyser l'évolution des institutions et de leurs règles, les traditions, les idées et les enracinements sociologiques, religieux et culturels. Ce travail fut notamment réalisé par l'exégète allemand Hermann Gunkel (1862-1932) qui inventa la très intéressante technique d'analyse de la "critique des formes" ou Formgeschichte. Selon Gunkel, on ne peut comprendre l'histoire de l'Israël antique qu'à travers l'histoire des genres littéraires, en particulier en étudiant la nature des récits, des cycles et des ensembles littéraires qui sont cachés derrière les sources documentaires identifiées. C'est en appliquant cette méthode au livre de la Genèse notamment qu'il découvit que le texte biblique contenait une compilation de récits extraits de la mythologie sumérienne de tradition orale. Ainsi, en 1910 Gunkel écrivit noir sur blanc dans l'introduction de son livre "Genesis" (1910) : "la Genèse est une collection de légendes", un commentaire qui frappa les exégètes et traversa les époques sans jamais être contredit. En effet, la Bible contient effectivement des extraits de légendes transmises par la tradition orale. On reviendra sur les travaux de Gunkel dans la seconde partie de l'article consacré à l'identification des auteurs du Pentateuque.

Notons déjà que Gunkel fit le même travail avec les paraboles de Jésus et les prophéties du Nouveau Testament et démontra qu'ici aussi les récits étaient déjà fixés oralement dans les lieux de culte (les synagogues) et que Jésus et les Évangélistes n'ont fait que reprendre des "sources" existantes qu'ils ont adapté à leur projet, les complétant au besoin par leurs propres interprétations en fonction de leurs convictions.

Ensuite, l'étude des nouveaux manuscrits notamment découverts dans la région de Qumrân nous a apporté des indices et même prouvé que la plupart des livres constituant la Bible n'ont pas été écrits par leur prétendu auteur respectif mais le plus souvent par plusieurs rédacteurs anonymes et généralement sur une longue période de temps s'échelonnant parfois sur plusieurs siècles.

Enfin, lors de la constitution du canon biblique chrétien et lors des traductions, à son tour l'Église a sélectionné les textes qui s'accordaient le mieux avec son dogme et son Crédo, ajoutant autant de subjectivité à des textes déjà interprétés, rendant finalement la Bible très peu fiable.

La Bible face à la Science

Après une lecture studieuse de la Bible où le lecteur avisé ou l'érudit cherche non pas à lire la Bible au premier degré mais à comprendre ce qu'il lit à la lumière de ses connaissances scientifiques (et non dogmatiques), plusieurs questions se posent qui mettent rapidement en doute l'authenticité des récits. Prenons quelques exemples.

Outre la très longue longévité de certains scribes ou prophètes dont les biographies s'étendent sur plus d'un siècle, qui peut sérieusement croire tout ce qui est écrit dans l'Ancien Testament comme la Création du monde en 7 jours, que la Terre est plate, l'histoire d'Adam et Ève (le premier créé de l'argile, la seconde d'une côte d'Adam), le Paradis, le Déluge, les 10 plaies d'Égypte, que Moïse sépara les eaux de la mer Rouge, le Buisson Ardent, que la femme de Loth fut changée en statue de sel à Sodome, que le Soleil arrêta sa course à Gilgal ou en l'existence des mines de diamants du roi Salomon ? On peut tout aussi bien se demander pourquoi ne trouve-t-on aucun vestige archéologique attestant de l'existence d'Abraham en Mésopotamie, de l'Arche de Noé, du séjour des Israélites durant l'Exode dans le désert du Sinaï ou comment un peuple d'Israélites dépenaillés avec femmes et enfants, sortant du désert aurait pu envahir le pays de Canaan et attaquer des forteresses ?

Si certains rabbins sont encore persuadés que tout cela est vrai (voir plus bas), non seulement de nombreux critiques y compris des érudits juifs ont douté de la réalité de ces faits mais beaucoup de scientifiques les ont méticuleusement vérifiés en commençant par les géologues, les géophysiciens, les paléontologues, les astronomes et les cosmologistes parmi d'autres chercheurs. Les scientifiques nous ont démontré preuves à l'appui que la Terre est sphérique (ellipsoïdale avec un applatissemt de 21 km aux pôles) et que le monde ne fut pas créé par Dieu en 7 jours en l'an 3761 avant notre ère du calendrier Julien (la date fut convertie à partir du calendrier hébraïque) mais il y a plus de 4.5 milliards d'années tandis que l'Univers est âgé d'environ 13.8 milliards d'années. Quant à prétendre qu'Ève est née d'une côté d'Adam, les croyants judéo-chrétiens ont toutes les peines de le démontrer sachant que les scientifiques ne sont même pas encore capables de créer la plus simple cellule vivante, entendons autonome et capable de se reproduire.

La Torah contredite par la Science

Deux preuves contredisant le récit biblique. A gauche, contrairement à ce que prétend la Torah, la Terre est ronde et même sphérique (ellipsoidale) ! La preuve ? À midi à l'équateur, il fait nuit aux antipodes alors que si la Terre était plate, il n'y aurait jamais de nuit à la surface de la Terre. A droite, la séparation des continents n'est pas la conséquence du "Déluge" comme le décrit le livre de la Genèse mais comme l'expliquait Antonio Snider-Pellegrini dans son livre "La Création et ses mystères dévoilés" publié 1858, c'est le résultat de "la séparation physique du soubassement aux endroits des crevasses" (pp.310-320). Ce n'est qu'en 1912 qu'Alfred Wegener évoqua la théorie de la "dérive des continents", mais jugée 'hérétique" jusqu'à ce que les scientifiques la valident mais seulement dans les années 1950-1960.

Selon le rabbin Raphaël Sadin qui est Rosh Kollel à Jérusalem, conférencier et professeur d'université en France (ENSA et Ecole polytechnique) et participe à l'occasion à l'émission religieuse Judaïca sur la chaîne TV France 2, tant la théorie du Big Bang que la théorie de l'évolution sont fausses. Le judaïsme rejette toutes les théories matérialistes et réductionnistes. Comme tous les rabbins, Sadin est convaincu qu'il est impossible que l'homme - une organisation complexe conscience - soit né par hasard à partir du chaos ambiant. Il est donc plus "logique" et donc "beaucoup plus scientifique" selon son expression de croire en la préexistence d'un Dieu universel qui préside toute chose et créa le monde, y compris l'homme.

Mais nous verrons à propos de la philosophie des sciences et la naissance d'une théorie, que la logique du bon sens, l'intuition et les a priori sont de bien mauvais conseillers. Sadin rejette même l'idée qu'on puisse créer un être artificiel conscient (cf. la cybernétique, l'intelligence artificielle et des robots) sous prétexte que seul l'homme est doté de conscience et lui seul peut s'arracher de la matière et s'interroger sur son existence, ce qui "prouve" que la conscience spécifique dont hérita l'homme est d'origine divine... Ces thèses pseudoscientifiques rejoignent en fait les théories complotistes.

En résumé, selon Sadin la Torah (la Loi juive) préexistait avant la matière et comme l'ont repris les chrétiens, l'homme fut ensuite créé à l'image de Dieu. Autrement dit, l'homme n'est pas libre et a des obligations envers son Créateur. Il n'est donc pas possible que le monde soit comme il est sans que l'homme n'ait un jour à rendre compte de ses actes devant Dieu. L'imperfection de nos sociétés n'est pas une fatalité car l'homme à l'espoir (cf. la rédemption) en des jours meilleurs. Cette vision d'une justice dite eschatologique remonte aux premiers textes messianiques de la Torah (cf. les récits d'Abraham, Isaac et de Jacob).

Comme toute personne endocrinée, Sadin est persuadé d'avoir raison. Il balaye d'un geste méprisant les découvertes de la science et les lois naturelles qui jusqu'à preuve du contraire expliquent parfaitement l'état du monde et de l'Univers, y compris l'état de nos sociétés. Sadin oublie seulement de reconnaître que tout ce qu'il prétend sont des postulats, des hypothèses gratuites non fondées. C'est une vision dogmatique que rien ne vient démontrer si ce n'est sa naïveté de croire que le texte de la Torah est la seule vérité, la transcription de la parole de Dieu ! Or s'il rejette la science, c'est sans doute comme nous le verrons justement parce que l'archéologie et l'histoire ont démontré que la Torah était loin d'être ce qu'elle prétend !

Comme tous les religieux, Sadin est aveuglé par son dogme et n'est pas objectif. Il ferait mieux de rester dans son domaine de compétence qui effectivement n'a rien à voir avec la Science ! En revanche, il devrait humblement reconnaître que la question de Dieu le dépasse et que personne n'a la prétention de savoir si oui ou non Dieu existe, s'il aurait créé l'Univers et qui plus est, s'il pensait à l'Homme. En fait, la réponse dépend des convictions de chacun et le rôle d'un religieux n'est pas d'imposer sa vision du monde sauf dans un état théocratique. C'est d'autant plus vrai que Sadin prétend que le judaïsme est à l'origine de la démocratie et donc de la liberté de conscience, ce qui comprend rappelons-le, la liberté de religion ! Bref, les arguments de ce rabbin ne sont ni cohérents ni convaincants.

La religion et la preuve

Au IIIe siècle avant notre ère, Euclide déclara : "Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve", ce qui est logique mais pas très diplomatique. Or n'est-il pas tout aussi logique de dire à l'instar des croyants que "ce qui n'est pas réfutable est vrai" ? Que du contraire car cela plaiderait en faveur de l'ignorance, ce qu'en jargon juridique on appelle le renversement de la charge de la preuve. Ce principe fut notamment dénoncé par Bertrand Russell en 1952 dans son "analogie de la théière" décrite dans son exposé "Is There a God ?". Russell démontre que ce n'est pas au sceptique de refuter des affirmations invérifiables comme dans le cas de la religion, mais au croyant de les prouver. Par esprit de curiosité et pour leur éducation, nous ferons malgré tout l'effort de démontrer aux croyants les nombreuses erreurs, contradictions et interprétations qui se cachent de la Bible. A chacun ensuite de conclure en fonction de ses convictions.

Si l'homme n'a pas été créé par Dieu, comment la science explique-t-elle l'origine de l'Homme ? Grâce aux travaux précurseurs de Charles Darwin, les biologistes évolutionnistes nous ont démontré que les animaux ne sont pas apparus par enchantement comme le prétend la Genèse mais progressivement au cours d'un long processus qui vit l'apparition de la vie puis sa lente évolution à partir des formes simples jusqu'aux plus complexes dont le genre humain n'est qu'une parmi des centaines de millions d'espèces peuplant la Terre. Quant à l'histoire d'Adam et Ève, les paléontologues ont découvert des fossiles d'homininés (les ancêtres du genre Homo) et de singes datant de plusieurs millions d'années et nous ont démontré que les deux familles descendent d'un ancêtre commun ayant vécu il y a environ 10 millions d'années qui reste à découvrir.

Quant à croire que le "peuple élu" (les juifs pratiquants) serait sous la protection de Dieu, malheureusement l'Histoire comme la Bible nous ont démontré à plusieurs reprises que ce peuple aussi croyant fut-il, fut rejeté par son Dieu rancunier et manqua plus récemment de totalement disparaître (d'abord après la Seconde révolte des juifs puis durant l'Holocauste). Mais il ne faut pas en déduire pour autant que les fidèles des autres religions seraient épargnés et sous la protection de Dieu. On y reviendra à propos de l'antisémitisme et des guerres de religion.

De manière générale, à défaut de preuve personne ne peut affirmer que l'espèce humaine serait prédestinée ou au centre des préoccupations de Dieu tant est qu'il existe ni même privilégiée par rapport à toutes les autres comme le prétendent la Bible et le clergé, qu'il soit juif ou chrétien. A l'inverse, nous avons les preuves génétiques que l'humanité manqua de disparaître suite à l'éruption du supervolcan Toba il y a 74000 ans qui décima la population humaine. Grâce aux recherches en astrophysique et en mécanique céleste, nous savons également que ce risque d'extinction est toujours latent compte tenu de la nature aléatoire des désastres naturels et notamment cosmiques (impact météoritique, supernova, etc.). Si on ignore cette réalité, on rejette aussi l'idée que la Terre n'est qu'une planète parmi d'autres qui obéit aux lois universelles qui régissent l'Univers et où jusqu'à preuve du contraire, Dieu ne joue aucun rôle. Ceci n'est pas le point de vue d'un athée mais un simple constat qui résultate de l'observation objective de la nature.

La situation est encore plus décalée entre ce que dit la Bible et ce que nous raconte l'Histoire lorsqu'on tente de vérifier l'authenticité des récits bibliques en essayant de les rapprocher des faits historiques révélés par l'archéologie et les annales. En effet, ce sont les découvertes archéologiques réalisées à partir du début du XIXe siècle et notamment de textes sumériens, gnostiques et apocryphes (non authentifiés par les Pères de l'Église et donc exclut des canons bibliques) et ensuite les innombrables découvertes faites en Israël et en Égypte à partir des années 1980 qui mirent définitivement en doute l'authenticité historique de la Genèse et des Patriarches et d'un grand nombre d'autres récits bibliques.

Les historiens, les archéologues et les épigraphistes parmi d'autres experts ont largement contribué à cette tâche. Il a d'abord fallut identifier les villes et villages bibliques qui furent fouillés de fond en comble par les archéologues qui ont été jusqu'à analyser le contenu des décharges publiques vieilles de 3000 ans tandis que des experts en langues mortes se sont plongés dans les annales des civilisations contemporaines des récits bibliques (égyptienne, babylonienne, assyrienne, hittite, mycénienne, phénicienne, israélite, perse, grecque, romaine, etc.) à la recherche d'indices pouvant confirmer les textes. Si certains lieux, édifices, stèles et documents font état de l'existence de peuples, de cités anciennes, de victoires et de défaites militaires, beaucoup ont révélé des faits très différents de ceux décrits dans la Bible.

Exemples d'excavations sur les sites bibliques à la recherche de preuves pouvant attester les textes bibliques. A gauche, Ein Gedi situé près de la mer Morte où se cacha le roi David poursuivit par Saül où on découvrit les ruines d'un temple chalcolitique datant de 3500 avant notre ère. Au centre, une partie de Megiddo, une citée fortifiée située à 90 km au nord de Jérusalem qui fut très puissante à l'époque des Omrides vers 800 avant notre ère. A droite, Herodium qui abritait probablement le palais forteresse puis la tombe du roi Hérode Ier le Grand, le plus grand souverain de Palestine de l'époque du second Temple qui mourut en 4 avant notre ère. Documents Sarah Murray, Martin Boesch et Duby Tal/Albatross/Israel Images.

Concernant Jéricho, les plus anciennes traces remontent à environ 11600 ans, c'est la plus ancienne cité du Proche-Orient où l'homme se sédentarisa mais l'élevage n'apparut que 2000 ans plus tard. C'est beaucoup plus ancien que le décompe établit par "Dieu" ou plutôt par les auteurs de la Bible ! Mais le temple de Göbekli Tepe situé en Turquie existait déjà 2000 ans avant la fondation de Jéricho.

A côté des légendes évidentes, si ces personnages bibliques, ces faits ou ces lieux avaient tous réellement existé, les annales et autres artefacts historiques en auraient conservé le témoignage, ne fut-ce que sous la forme de copies ou d'évocations en langues étrangères. Or ce que les spécialistes ont découvert est non seulement différent mais parfois anachronique et même en contradiction avec le récit biblique tel que relaté dans la Genèse, l'Exode, le Deutéronome, les livres des Rois ou les livres des Prophètes parmi d'autres livres bibliques. On y reviendra.

A travers ces quelques exemples, il est donc scientifiquement impossible de soutenir certaines grandes idées propagées par la Bible et martelées par les croyants dogmatiques car les faits les contredisent. La science a démontré que la plupart des faits bibliques furent arrangés ou même inventés par des membres du clergé pour soutenir une doctrine qui a des relents de superstition. A moins d'avoir une vision dogmatique et inflexible des choses, cela remet donc en question la crédibilité même des auteurs bibliques, et si ce n'est Dieu, la fragilité des hommes qui ont rédigé ces hagiographies et textes théologiques tout en révélant leurs aspirations à l'époque des évènements.

 Retourner la charge de la preuve en demandant aux scientifiques de "prouver que ce ne n'est pas faux" montre seulement que la personne qui utilise cette expression ne peut rien prouver et est acculée dans ses retranchements, n'ayant pas d'autre choix que de persévérer dans son erreur ou de changer d'avis. Or personne n'aime avouer qu'il s'est trompé et a été dupé en croyant des histoires naïves et des légendes auxquelles d'ailleurs plus des deux tiers de la population du monde ne croit pas.

Suspicion autour du Nouveau Testament

Quant au Nouveau Testament qui relate la vie de Jésus et les actes de ses premiers disciples, le caractère miraculeux de certains évènements est tout aussi suspect et certaines paroles attribuées à Jésus empreintes d'allégories et de références mystiques qui soulèvent beaucoup d'interrogations et de scepticisme.

Si on compare en parallèle les textes des Évangélistes (cf. les synopses), on constate de nombreuses similitudes voire de formulations identiques suggérant qu'il existe une source "Q" commune dans laquelle ils ont puisé les paroles de Jésus, mais également un grand nombre de contradictions. Rien que la nature de Jésus est déjà différente selon les Évangélistes. Matthieu et Marc décrivent Jésus comme un homme, une sorte de prophète charismatique qui n'accède au statut de divinité qu'après sa résurrection alors que Luc et Jean le considèrent comme un Dieu humanisé dès sa naissance, deux interprétations totalement opposées. Tous les auteurs apostoliques n'ont pas non plus la même interprétation de la justification de la mort de Jésus qui est pourtant au centre de sa doctrine ou à propos de la conversion des païens.

Ces similitudes et ces divergences montrent clairement que la Bible n'est pas le livre que prétend l'Église dans lequel tous les auteurs seraient des témoins oculaires et parlent d'une même voix. On y reviendra à propos de la constitution du canon et ce qu'il faut conclure de ces différentes interprétations finalement très personnelles.

Enfin, certains textes apocryphes présentent des coïncidences troublantes avec la doctrine essénienne et révèlent qu'une autre interprétation de la vie de Jésus est possible à la place de celle imposée par l'Église. Cela ne veut pas dire qu'elle soit plus authentique que la première, juste que l'Église a censuré beaucoup de choses pour défendre sa doctrine et que finalement elle ne nous dit pas la vérité, et certainement pas la vérité historique.

Ce sont ces textes bibliques que nous allons examiner à la lumière des découvertes archéologiques et des manuscrits de la mer Morte notamment qui méritent donc une nouvelle lecture, non plus dans un cadre dogmatique mais dans ceux de l'exégèse biblique (l'étude et la critique des textes) et de la critique historique, complétées par les dernières découvertes scientifiques.

La foi et les rites

Enfin, nous aborderons la question de la foi et les rites chrétiens. Nous évoquerons la Cène et passerons en revue le rite de l'eucharistie et nous verrons si on retrouve ce rite et ses symboles dans les actes réalisés par Jésus. Cela nous permettra de confronter le dogme des Catholique et des Orthodoxes à celui des Protestants et tentons de savoir le cas échéant quelle confession est finalement plus près de l'authenticité et ce qu'il faut en conclure. Nous discuterons également de la résurrection et de la vie après la mort pour terminer par décrire le statut actuel des religions et des Églises.

Le sujet étant vaste et complexe en raison de ses nombreux acteurs et détails, en fonction des thèmes abordés nous définirons au fil du texte chacun des personnages et concepts sans pour autant transformer cette analyse en encyclopédie, l'essentiel étant que le lecteur s'y retrouve dans cette chronologie d'évènements et ait une lecture plus objective et critique de la Bible et soit mieux préparé pour réfléchir au sens de sa foi.

Voyons tout d'abord les controverses soulevées par le texte de l'Ancien Testament avant d'aborder le Nouveau Testament et la question des manuscrits apocryphes.

A lire : Analyse critique de l'Ancien Testament

Retour aux Religions

Page 1 -


[1] Pour des raisons scientifiques basées sur le manque de preuves archéologiques ou leur incohérence, certains lieux saints de Jérusalem (par ex. le Golgotha, le tombeau du Christ ou le caveau de la famille de Jésus) ou de Nazareth (par ex. l'existence ou non d'un village ou d'une ville à l'époque du Jésus ou encore le Puits de Marie) font toujours l'objet de controverses. De même, pour des raisons politiques, le statut de Jérusalem reste non résolu (cf. l'article De la Palestine à l'État d'Israël).


Back to:

HOME

Copyright & FAQ