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La Bible face à la critique historique

Le coeur de la basilique de la Sagrada Família de Barcelone. Un style onirique grandiose imaginé par Antoni Gaudi. Document T.Lombry.

La science face à la foi (II)

On dit généralement que la Bible est intemporelle dans le sens où chaque lecteur à n'importe quelle époque peut interpréter le texte à sa façon et en tirer des leçons. En effet, à choisir entre une lecture dogmatique de la Bible au premier degré et appliquer ses commandements à la lettre jusqu'à violer les lois civiles (certains textes du Lévitique exigent de lapider les enfants indisciplinés comme les femmes adultères) et une lecture critique où le lecteur interprète le texte et l'adapte à l'état du monde dans lequel il vit, il est évident qu'il faut privilégier la seconde lecture, que le lecteur soit croyant ou agnostique. Même de nos jours, en Israël les jugements de la Cour suprême (représentant la loi civile) l'emportent sur les décisions du Tribunal rabbinique (représentant la loi religieuse).

Pour la majorité d'entre nous, tant qu'une théorie n'est pas démontrée elle reste une hypothèse, ce que confirment les scientifiques. Or la plupart des croyants renversent la charge de la preuve à propos de la Bible, où ils prétendent que sans preuve du contraire, tout ce qui est écrit est vrai ! Pourquoi ces croyants réagissent-ils ainsi ? Et pourquoi croient-ils plus la Bible qu'un Tintin par exemple qui repose aussi sur des faits documentés ? Parce que cela touche à leurs convictions et leur ego. En effet, personne n'aime avouer qu'il s'est trompé en exposant sa naïveté en avouant qu'il a cru pendant des décennies à des légendes ! Or reconnaître qu'on s'est trompé est au contraire un signe d'intelligence et d'esprit d'ouverture qui permet d'aborder la lecture de la Bible sous un autre angle. Bien sûr elle aura perdu son âme pour ainsi dire et certains croyants ne sont pas prêts à affronter la dure réalité d'un monde sans espoir d'une vie future.

Aussi, il faut bien constater que les arguments et les preuves scientifiques sont parfois sans effet sur certains croyants dont la vision dogmatique va jusqu'à régler tous les instants de leur vie et représente la seule vérité existante, toute opposition étant même considérée comme une influence satanique. Dans ces conditions, tout le pouvoir persuasif du scientifique même le plus diplomate et le plus patient risque de se fracasser contre le mur des idées dogmatiques des plus sectaires.

Parmi les croyants, beaucoup ont des idées préconçues résultant généralement d'un endocrinement remontant à l'enfance et il est très difficile parvenu à l'âge adulte d'effacer ces a priori sans que la personne ne se (re)plonge sérieusement dans l'étude critique de la Bible. En réalité, la plupart des chrétiens n'ont jamais lu la Bible ou très sommairement et basent leur jugement sur ce qu'ils ont retenu du catéchisme, sur la rumeur et ce qu'ils ont entendu et lu ci et là. Reconnaissons que ce n'est pas la méthode la plus intelligente de se forger une opinion objective en toute connaissance de cause. C'est la raison même de l'existence des chaires universitaires d'étude des religions et autres séminaires consacrés aux études bibliques.

Souvent ces croyants de la première heure n'acceptent aucune remise en question de leurs croyances. Les plus libéraux acceptent les preuves scientifiques que par opportunisme, lorsqu'elles sont par exemple indiscutables (par exemple l'origine de la Terre et sa forme) ou, à l'inverse, refusent l'enseignement de la Bible lorsqu'il est en violation avec leur code moral ou incite au crime (par exemple la lapidation). Un tel raisonnement qui dépend du contexte est évidemment très suspect, loin d'être objectif et crédible. On peut néanmoins l'expliquer comme une tentative du croyant d'adapter le texte aux temps présents mais avec un résultat très mitigé et décevant d'un point de vue scientifique.

Enfin, il y a des croyants intellectuels, de formation universitaire. Les pères catholiques enseignant à l'université ont une formation du niveau de la maîtrise (Bac+6) et plus d'un sont des chercheurs, biblistes, historiens, archéologues, et même auteurs. Ils sont tous très critiques envers la Bible et l'enseignement de la religion. Mais malgré toute leur science et leur sens critique, ils n'ont de cesse d'affirmer que Jésus est d'origine divine et en la réalité de la résurrection.

Evolution du système éducatif oblige, de nombreux croyants civils ont également une formation universitaire - et certainement plus dans le sud des États-Unis qu'ailleurs -, des scientifiques comme des philosophes très cultivés et très intelligents qui restent persuadés que Dieu existe et que Jésus est un être divin tout en acceptant les résultats des recherches scientifiques en matière biblique et qui sont même prêts à tenir un discours très critique et argumenté sur le peu d'objectivité de la Bible et ses contradictions.

 Dans ce cas, pourquoi ces croyants sont-ils encore chrétiens et pratiquants puisqu'ils acceptent les preuves en contradiction avec les textes mêmes de la Bible ? Tout simplement parce que le lecteur est libre de croire ou de ne pas croire les textes bibliques. Chacun peut rejeter les récits bibliques pour leur côté antique, subjectif, légendaire, théologique, leur misojynie, leur violence ou même le racisme sous-jacent tout en ayant l'intime conviction de la prédestination de l'homme, de la nature divine de Jésus ou de l'existence de Dieu. Ces idées sont certes préconçues et mystiques mais elles n'ont rien à voir avec la science mais bien avec la foi. Comme les couleurs, comme on dit, cela ne se discute pas et tout qui a essayé de convaincre une personne dogmatique de l'inepsie de ses croyances, réalise fort bien toute la difficulté et la futilité de tels efforts face à un esprit fermé.

Dieu ? Pourquoi faire ?

Reste un dernier mystère qui transpire dans la Bible, la question de Dieu. On imagine que ce sujet est plus du ressort de la métaphysique que de la religion mais nous avons expliqué en philosophie des sciences que l'hypothèse Dieu est un vrai problème en théorie accessible à la Science. Examinons donc quelques instants cette question.

Tous les peuples ont inventé leur propre Dieu et même parfois tout un Panthéon de dieux. Parfois, comme dans le judaïsme ce Dieu dérive de mythes et de traditions construits dans un but à la fois politique et théosophique, parfois c'est une construction artificielle et moderne comme la Scientologie et d'autres sectes. 

Malgré les progrès scientifiques, les mythes n'ont pas jamais disparu car ils offrent une autre vision du monde, qui n'est pas celle de la Science ni de la religion. Le mythe propose une explication alternative de la réalité, une sorte de cosmogonie intemporelle qui survit en parallèle aux progrès de la science. Malgré les distinctions claires existantes entre science, religion et mythologie, certaines personnes considèrent que le concept de Dieu est un mythe, c'est-à-dire une légende, une histoire démodée qui n'a plus sa place en ces temps modernes. En découle une critique plutôt sévère des pratiques religieuses. Prenons un exemple.

Posons la question qui fâche les chrétiens : si on écarte l'idée que Jésus de Nazareth était un simple mortel, Jésus est-il le fils de Dieu, l'égal de Dieu ou Dieu incarné en l'homme ? Pour certains chrétiens dogmatiques voire sectaires qui considèrent la Bible comme un texte sacré et d'inspiration divine, dans les Evangiles selon Marc et selon Jean, on apprend que lorsqu'il est sur la croix Jésus lui-même se différencie de son Père qu'il assimile à Dieu. Donc les croyants sont bien obligés d'admettre que Jésus est différent de Dieu. Jésus serait alors d'origine divine voire le fils de Dieu lui-même et le Messie. Jésus et Dieu sont donc deux personnages distincts. Toutefois le Crédo des chrétiens a combiné le Père, le Fils et le Saint-Esprit en une seule Trinité.

La majorité des intellectuels et des scientifiques balayent ces idées du revers de la main car ce ne sont que des histoires antiques destinées à un peuple inculte et crédule. Ces intellectuels et scientifiques ne croient pas en Dieu - ils sont agnostiques ou athées - pour la simple raison qu'ils ne voient Dieu nul part et que le monde s'auto-organise très bien sans lui, du moins a priori et en l'état actuel de nos connaissances.

 Einstein qui avait pourtant été élevé dans la culture juive mais devint agnostique, ne mâcha pas ses mots à propos de la religion et en particulier du concept de Dieu. Voici ce qu'il écrivit dans une lettre adressée au philosophe Eric Gutkind le 3 janvier 1954 : "Le mot Dieu n'est pour moi rien de plus que l'expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes, certes honorables mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, aussi subtile soit-elle peut selon moi changer cela" (cf. la copie sur "The Guardian", EA 59-897). Comprenant que sa remarque avait choqué certaines personnes, par la suite Einstein modéra ses propos et évita de stigmatiser certaines confessions.

Einstein n'était pas athée. Un agnostique accorde une place à un éventuel Dieu, Créateur ou peu importe le nom qu'on lui donne. Tout agnostique ne demande qu'à croire en Dieu à condition qu'on lui prouve son existence. Concrètement, aussi longtemps et aussi loin qu'on le cherchera sans le trouver, ce seront autant d'indices de son absence, qu'il n'existe pas diront certains. Cela ne revient pas à être athée car l'agnostique reconnaît qu'il existe en théorie un espoir, non pas de rencontrer Dieu, ce qui serait l'idéal en supposant qu'il existe, mais de comprendre un jour comment Dieu créa le Monde. Paradoxalement, ce jour là, l'humanité n'aura plus besoin de Dieu car nous serons devenus nous-mêmes des dieux capables de créer toute chose. Oui, c'est sans doute une utopie.

Soyons heureux de vivre dans des pays libres et démocratiques. Au fil des siècles, l'Occident a pu s'extraire non sans douleurs de l'obscurantisme religieux, du carcan dogmatique du pouvoir ecclésiastique et des dictatures toutes puissantes et chacun peut aujourd'hui librement critiquer les religions et même l'existence de Dieu sans craindre pour sa vie. Mais cette liberté d'expression n'est toujours pas tolérée au Moyen-Orient et en Asie où dans certaines cultures et pas uniquement théocratiques, l'Autorité religieuse a encore tout pouvoir y compris celui de condamner à mort l'auteur d'un blasphème. Ainsi, en matière de tolérance religieuse l'Arabie Saoudite ou l'Inde réputée très sévère est aussi loin de l'Europe que les Evangélistes américains le sont des agnostiques.

L'enseignement de la religion et de son histoire

Chacun peut constater qu'il existe un gouffre intellectuel entre ce qu'enseigne le clergé au cours de religion ou d'eucharastie et ce qu'enseignent ou publient les chercheurs en matière religieuse, comme si les deux corps professoraux s'ignoraient et parlaient une langue différente.

Si on demande à une personne peu informée en matière religieuse auprès de quelle autorité pense-t-elle pouvoir trouver des informations sur les origines du christianisme et sur la Bible, son premier réflexe sera de se tourner vers les ecclésiastiques puisqu'ils sont "experts" en la matière. En effet, ils ont étudié la théologie, l'histoire des religions, les langues mortes et connaissent en principe les résultats des principales fouilles archéologiques bibliques, et certainement celles de leur congrégation. Or dans aucun lieu de culte vous ne trouverez un curé, un pasteur ou un rabbin qui vous expliquera honnêtement ce que cache la Bible, comment et par qui fut rédigé un texte particulier ou vous expliquera la fonction des différents groupes religieux juifs ou les conflits entre les différents mouvements doctrinaux. Pourquoi n'en parlent-ils pas ? D'abord parce que la plupart des ecclésiastiques ont une connaissance générale du sujet, ils ne sont pas enseignants ni chercheurs et se sont distancés de l'état de la recherche pour se consacrer à la pratique du culte. Mais ce n'est pas le cas des plus jeunes justes sortis du séminaire avec les félicitations du jury qui ont forcément encore ces idées en tête.

Conférence sur la science et la foi dans l'amphithéâtre de l'EPFL à l'Université de Lausanne par le physicien Sylvain Bréchet en 2014.

En fait, à l'exception des enseignants (voir plus bas), ils n'en parlent pas en public car ils savent qu'en exposant une version non traditionnelle des faits et d'autant plus si elle contredit la doctrine, ils risquent de froisser ou de choquer certains croyants de leur paroisse. Si cela ne constitue pas une violation de leur serment, dans le pire des cas certains fidèles pourraient signaler cette situation à l'archevêché et peut-être entraîner une remise à l'ordre si la transgression est systématique. Mais même sans cette menace, sachant que de nouvelles idées peuvent déranger certains fidèles, les membres du clergé préfèrent rester sur les chemins balisés et rassurer la communauté des croyants, le but de l'évangélisation étant de rassembler les fidèles et non de les éloigner et risquer de les perdre. Mais rien n'interdit à un ecclésiastique de discuter de l'une ou l'autre découverte archéologique ou point de vue théologique sinon au détour d'un prêche du moins en comité restreint avec quelques fidèles ou même de tenir une conférence ou d'écrire un livre sur le sujet s'il en a les compétences.

En revanche, dans sa fonction d'évangélisation (ou d'enseignant), le rôle du clergé (ou du rabbinat) est de préserver la foi, de servir la doctrine et non de révéler la vérité scientifique cachée derrière la Bible qui ouvrirait la porte à des débats sans fin. Aucun serviteur de Dieu ne sera donc transparent et objectif sur le sujet, pas plus qu'il remettrait en question le Crédo pour lequel ses pairs ont défendu leurs idées pendant des siècles.

Conclusion, contrairement à ce qu'on pense, même si à titre individuel les ecclésiastiques peuvent confirmer les propos des chercheurs ou même aider un archéologue ou un journaliste dans ses recherches, étant au coeur même du débat, officiellement ils ne sont pas une source objective d'information. La meilleure preuve est le culte des reliques des saints dont les scientifiques sont persuadés que la plupart ne sont pas les authentiques reliques ou objets ayant appartenus aux personnes concernées. Mais aujourd'hui il est pratiquement impossible d'obtenir une autorisation pour analyser une relique, fouiller sous le mont du Temple ou d'analyser les ossuaires d'une tombe juive (sauf dans le cas d'une découverte) pour des questions de susceptibilité religieuse. Que ce soit à Rome ou à Jérusalem, le clergé comme le rabbinat restent inflexibles sur toutes les questions touchant aux traditions et aux fondements de leur dogme respectif.

Si les religieux sont peu objectifs et inflexibles de part leur fonction et leur serment, en revanche depuis la Réforme luthérienne et plus encore depuis le concile Vatican II, les enseignants universitaires qu'ils soient civils ou membres du clergé et les chercheurs n'ont plus à craindre les foudres de l'Église et d'être exclus du corps professoral. N'ayant rien à craindre ni à cacher si ce n'est pendant les périodes d'embargo sur les découvertes où aucune information ne filtre en dehors des équipes de recherches, ils sont donc transparents sur le sujet et expliquent volontiers aux étudiants et au public la réalité biblique bien différente des cours d'eucharistie.

C'est ainsi que certaines pères jésuites, des frères dominicains, des théologiens et des évangélistes protestants ont publié des livres de vulgarisation ou enseignent dans les écoles supérieures (notamment dans les instituts catholiques, les séminaires et les écoles bibliques aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à Jérusalem ou Paris), plus d'un étant considérés comme des experts et des auteurs incontournables (par exemple le frère Étienne Nodet, l'ancien évangéliste Bart Ehrman, etc.).

Aussi, après plusieurs décennies et même des siècles de recherches tant de la part de chercheurs civils que religieux, on constate que les étagères des bibliothèques regorgent de publications bibliques. Malheureusement, en cette matière 99% des articles et livres sont écrits en anglais et quasiment tous quand on s'intéresse à une spécialité. Quant à la vulgarisation du sujet, les sites Internet n'ont pas échappé à la liberté d'expression. On y trouve une poignée de sites spécialisés et fiables (dédiés à un thème, une époque ou un peuple) mais très peu sont dédiés à la critique de la Bible, un sujet de niche, difficile et réservé aux spécialistes et à quelques amateurs éclairés. Toutefois quand ces sites existent, ils sont noyés dans une multitude de sites amateurs dogmatiques ou superficiels très peu ou pas du tout scientifiquement documentés. C'est pour remédier à ce manque d'information en langue française que ce dossier fut publié.

Epilogue et conclusion

Entre le mythe et la foi, l'espérance

Grâce à une saine curiosité scientifique, la science et son esprit d'ouverture ont reculé les limites du savoir et l'horizon dogmatique du monde que l'Église nous imposait encore il y a moins d'un siècle (certes, avec une volonté moins sanguinaire qu'il y a quelques siècles). Avec ces bouleversantes découvertes archéologiques, pour beaucoup de croyants désabusés s'éteint une croyance et naît un mythe, même si les préceptes de Jésus ont encore le pouvoir de rassembler les hommes de bonne volonté autour d'une très bonne idée : l'amour de son prochain.

Bien que la Bible ne soit plus prise au  pied de la lettre par la majorité des chrétiens, elle reste encore la base des religions monothéistes, bien que les musulmans aient dénaturés son sens. Mais c'est notre compréhension de la Bible et de son origine qui ont changé : grâce aux découvertes archéologiques, on comprend mieux les contextes géopolitique, culturel et théologique qui lui donnèrent naissance.

En fait, le lecteur qui veut bien étudier objectivement les textes de la Bible et les manuscrits apocryphes ainsi que les résultats des recherches, découvre que la réalité historique est bien différente de celle des récits bibliques ou du Crédo.

Pour celui qui cherche la réalité ou le réconfort dans sa religion à travers la lecture de la Bible avec un esprit rationnel et un regard scrutateur sur l'Histoire, l'impression risque d'être décevante et de décourager le lecteur le plus assidu. Mais en même temps, ces "révélations" scientifiques nous incitent à relire les textes bibliques différemment, en cherchant entre les lignes non pas la gnose mais les intentions du rédacteur. Eclairés sous cet angle, après avoir identifié les contradictions, les anachronismes et les erreurs historiques dans la Bible ainsi que les différents rédacteurs, leurs frustrations, leurs aspirations et leurs convictions, en ayant à présent une meilleure idée de l'histoire réelle et des espérances du peuple d'Israël, les récits bibliques prennent un autre sens; ils deviennent plus compréhensibles, ses acteurs plus proches et plus humains au point d'éprouver une certaine compassion pour le peuple qui endura ces épreuves, même si on ne partage pas ses traditions et sa doctrine. Finalement, à travers cette seconde lecture on comprend mieux aussi les origines de la civilisation judéo-chrétienne et les idées pour lesquelles ces peuples se sont battus.

Si les juifs refusent encore d'accepter la réalité historique quand elle ne va pas dans le sens de l'enseignement de la Torah, certains acceptent malgré tout l'idée que certains patriarches sont des figures légendaires issues de traditions orales. Mais en aucun cas ils remettront en question l'histoire du Monde et le sens des Écritures. La vision que les juifs ont du monde reste dogmatique et centrée sur un livre sacré et se renforce même à chaque conflit qui mettrait leur survie en péril, les quatre mille ans de leur histoire ne faisant que confirmer le bien-fondé de leur croyance, du moins le prétendent-ils sans interpréter la Torah quoiqu'en disent les Talmuds et les Yeshivas.

A l'inverse, étant donné que les Églises chrétiennes fondent leur croyance avant tout sur le Nouveau Testament, dans une certaine mesure depuis que les découvertes archéologiques contredisent certains récits bibliques, certains chrétiens reconnaissent enfin que certains textes bibliques relèvent plus de l'épopée sacrée légendaire ou de la parabole que de la réalité. Paradoxalement, cette fois ce sont les chrétiens conservateurs et en particulier intégristes et fondamentalistes comme le mouvement catholique Civitas, certains catholiques d'Amérique latine ainsi que les Américains républicains messianiques (membres d'Églises protestantes intégristes) qui n'acceptent pas cette ouverture du Vatican ou son rôle de médiateur, lui préférant un discours ferme et des positions intransigeantes, faisant fi de l'évolution des moeurs et de la société. Comme en politique, ces idéologies extrémistes se développent surtout dans les régions rurales où la population est peu éduquée et renfermée sur elle-même où la mesquinerie et les préjugés l'emportent sur le savoir-vivre ensemble et le sens critique.

Mais ce n'est pas pour autant que tous les serviteurs de l'Église y compris les papes ne croient plus aux légendes insérées dans la Bible par la Grande Église et Mgr Ratzinger (Benoit XVI) en est un exemple récent. Comme le judaïsme ne remettrait jamais en question la Torah (mais accepte en parallèle d'interpréter les textes), en aucun cas les Églises ne remettront en question leur Crédo et en particulier la conception virginale de Jésus, sa nature divine et sa résurrection, pas plus que les rites religieux comme l'eucharistie, même si sur le plan historique rien n'atteste de la réalité de ces évènements et au contraire que certain concepts apparaissent comme une construction de la Grande Église. Pourtant, comme nous l'avons démontré preuves à l'appui, il faut vraiment une foi aveugle et pour ainsi dire être crédule et avoir l'esprit peu critique pour encore s'obstiner à croire que la Bible relate la vérité ou que des notions comme les anges, le Mal, le Paradis ou l'Enfer sont une réalité. Espérons que ce dossier y ait contribué.

Quant à croire à la Bonne Nouvelle de la résurrection et d'une vie après la mort comme l'annonce Jésus, comme nous l'avons expliqué, l'idée n'est pas nouvelle et toutes les anciennes civilisations croyaient que les âmes des Anciens étaient éternelles et vivaient parmi les vivants.

Mise à part l'interprétation athée très matérialiste qui ne laisse aucun espoir, dans les autres cas il s'agit d'une interprétation métaphysique pleine d'espérance sur laquelle il est difficile de se prononcer sans rencontrer les avis subjectifs et indiscutables de chacun.

 Une chose est sûre. Avec le temps et l'évolution des mentalités et une meilleure éducation, si par le passé de grands esprits étaient religieux (déistes) ou même croyants, de nos jours on trouve encore plus de philosophes et de scientifiques agnostiques pour citer Thomas Huxley, Albert Einstein, Carl Sagan ou Stephen Hawking parmi les plus célèbres.

Si on cherche dans la Bible des faits réels, ils sont souvent réinterprétés quand ils ne sortent pas de l'imagination des auteurs. Si on veut vraiment trouver dans la Bible des paroles réconfortantes, chacun en trouvera car le texte est suffisamment vague pour être interprété de différentes manières selon ses convictions et sa culture, d'où la portée universelle de son message.

Mais en première lecture, Jésus a bien dit et répété que le royaume de Dieu était sur terre et avant lui le roi David, Asaph et Coré ont également confirmé que le Paradis était sur terre car Yahvé "a donné la terre aux fils d'Adam" (Psaume 115:16). La conclusion est qu'il n'y a aucun espoir qu'il existe ailleurs un monde meilleur. Ceci dit, on peut aussi se dire dans les pas de Jésus que si les hommes ont la volonté, ils peuvent eux-mêmes bâtir ce monde de tolérance et de paix. Dans tous les cas, au moment où Jésus quitta ce monde, il a bien dit qu'il sera toujours auprès de celui qui observe ses prescriptions et ce "jusqu'à la fin du monde" (Matthieu 28:20). C'est très réconfortant si on y croit.

Au second degré, un croyant peut imaginer que les cieux où résiderait Dieu et le Christ ont une réalité et que la promesse du Christ s'appliquera à tous ses serviteurs : il existe bel et bien un royaume "d'en haut", un au-delà meilleur que la Bible appelle le "Jardin d'Eden" (Genèse 2:7-15), le retour au Paradis (Luc 23:42-43), où les adeptes "recevront la vie éternelle" (Marc 10:30). Mais à part cela, le Christ n'a jamais fait de promesses claires, juste selon la tradition que si nous demandons quelque chose, "Il nous écoute" (Jean 5:14-15). Si cela peut réconforter certains, ce n'est jamais qu'un espoir et non une certitude qui plus est, interprétée différemment par chacun des Évangélistes, ce qui laisse une certaine incertitude quant à sa réalité.

Il reste que l'idée du salut et que Dieu pardonne et récompense ses fidèles peut rassurer certaines personnes sur l'existence d'une autre réalité plus honorable et agréable que de mourir incrédule et en Enfer si on en croit la Bible, un rêve ultime attaché à la vie éternelle auprès duquel les croyants pourront se rattacher en dernier recours avant de s'engager vers l'inconnu. Il est donné à tout le monde d'espérer même s'il n'en prend conscience qu'à son dernier soupir.

Quant au concept divin, il dépasse le simple message de la Bible car la notion du Dieu suprême et souverain omnipotent a toujours existé, même là où la Bible n'existait pas encore. Il faut donc que les communautés de croyants et notamment les juifs, les chrétiens et les musulmans arrêtent de prétendre qu'ils sont chacun à leur manière les seuls dépositaires de la Vérité ou connaissent le destin des hommes !

Ceci dit, la Bible étant avant tout une oeuvre sacrée, une doctrine et un abécédaire de l'amour du prochain, à chacun à présent de juger les textes bibliques à  la lumière ou non de l'Histoire et d'apprécier à leur juste valeur les enseignements de Jésus. Si son message ne vous convertit peut-être pas, il a le mérite de soulever des questions importantes et d'y répondre à sa façon. A notre tour, nous avons essayé de démontrer que certaines affirmations de Jésus sont difficilement compatibles avec la justice des hommes, ce qui fut l'une des raisons de sa condamnation à mort par une société qui n'était pas prête à entendre son message et qui visiblement ne l'est toujours pas, pas même dans les démocraties dont certaines comme les États-Unis tiennent ouvertement un discours messianique mais qui n'a plus aucun rapport avec l'enseignement de Jésus quand on écoute les discours xénophobes et nationalistes des Républicains.

Enfin, quand un chrétien visite les lieux saints à la recherche du Jésus historique, il ne peut s'empêcher d'imaginer que Jésus a marché à tel endroit, s'est tenu sur cette colline, dans cette synagogue, en bordure de ce lac ou de ce désert. Il en arrive finalement à se demander au temps présent "où est Jésus ?" ou de poser la question ultime "où est Dieu ?". Si personne ne peut lui répondre, en réalité chacun le trouvera là où il l'imagine qui est bien plus vaste que les lieux bibliques mis à jour par l'archéologique et les pages d'un livre sacré.

Si nous prenons du recul par rapport à cette doctrine, les agnostiques et les athées ainsi que les défenseurs d'autres religions ou philosophies reconnaîtront probablement que toutes ces traditions sont entourées de beaucoup de folklore et à défaut de preuve qu'il devient difficile voire impossible aujourd'hui de démêler la réalité de la légende. Mais finalement cela n'a plus d'importance. En effet, ce sont pas tant les mots écrits dans un livre sacré qui soutiennent tel ou tel individu ou communauté que l'espoir qui depuis toujours anime l'humanité.

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