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La Bible face à la critique historique

Gros-plan de "La Descente de la Croix" de Rogier van der Weyden peinte vers 1435-1438. On voit Marie de Clopas (Marie de Jacques) et Salomé qui comptent parmi les premières disciples de Jésus avec Marie-Madeleine. Cette peinture à l'huile mesure 220x262 cm et est exposée au Musée du Prado.

Le rôle des premières femmes chrétiennes

Une affaire religieuse remontant au VIe siècle a refait parlé d'elle depuis les années 1980. Plusieurs auteurs parmi lesquels des théologiens et des historiens des deux genres ont présenté des textes du Nouveau Testament et des iconographies chrétiennes montrant que des femmes assuraient des rôles importants dès l'époque de Jésus et ensuite dans l'Église primitive. Depuis le VIe siècle, l'Église nous a caché le fait que des femmes furent ordonnées prêtres et même évêques ! Vraiment ? Certains chercheurs parmi lesquels des femmes expertes du christianisme en sont convaincus.

Pour beaucoup de personnes, l'un des aspects les plus archaïques au sens péjoratif de l'Église catholique est le fait qu'elle interdit toujours aux femmes de servir en tant que prêtres alors que la question fut résolue depuis longtemps chez les Protestants. En effet, les Églises anglicanes, épiscopales, luthériennes, évangélistes et méthodistes nomment régulièrement des femmes prêtresses et évêques.

Le pape Jean-Paul II décida en 1994 qu'il n'était pas question que les femmes deviennent prêtres. Il le réitéra dans sa lettre aux femmes publiée en 1995 : "Si le Christ - par un choix libre et souverain, bien attesté dans l'Evangile et dans la tradition constante de l'Eglise - a confié seulement aux hommes le devoir d'être "icône" de son visage de "pasteur" et d'"époux" de l'Eglise à travers l'exercice du sacerdoce ministériel, cela n'enlève rien au rôle des femmes".

Cinq ans après l'élection du pape François, un essai publié en 2018 par la Congrégation pour la doctrine de la foi (Congregatio pro Doctrina Fidei), c'est-à-dire le Bureau de la doctrine du Vatican dont le but est de promouvoir et protéger la doctrine réaffirma l'interdiction.

En ce XXIe siècle où l'Église n'a plus l'auréole de jadis et est même très critiquée pour sa mauvaise foi et son côté conservateur totalement dépassé, le sujet fit donc l'objet d'une controverse, certains anticléricaux affirmant que l'enseignement de l'Église n'est rien d'autre qu'une tentative patriarcale de réprimer les femmes.

L'histoire de l'Église primitive est un des points forts de ce débat. Voyons quels sont les indices et les preuves prouvant que les femmes assuraient des rôles tout aussi importants que les hommes à l'époque de Jésus et de la Grande Église.

Indices dans le Nouveau Testament

L'historienne Joan E. Taylor est spécialiste des origines du christianisme au King's College de Londres. Après des années d'études et de recherches dans les textes bibliques et les apocryphes, en Israël et dans les villes chrétiennes y compris dans les catacombes, Taylor et plusieurs autres spécialistes du christianisme sont persuadés que beaucoup de femmes comptaient parmi les disciples de Jésus et jouèrent un rôle déterrminant dans la fondation du christianisme.

Jésus comptait un certain nombre d'apôtres et de disciples, dont Marie-Madeleine (Magdala), Marie de Clopas et Salomé. Dans ses lettres, l'apôtre Paul mentionne une diacre nommée Phoebé (Romains 16:1). Il qualifie une autre femme, Junia (Romains 16:7) de disciple, et envoie ses salutations aux femmes telles que Chloé, montrant qu'il y avait un certain nombre de femmes importantes et influentes dans l'Église primitive.

Pour quelles raisons les femmes ont-elles disparu de la scène ? La réponse se trouve à Rome, au Vatican. Durant des siècles et encore de nos jours, la Curie romaine a décidé que seuls les hommes pouvaient être ordonnés prêtre. Elle prétend fonder sa décision sur le récit de la vie de Jésus. Or comme nous l'avons expliqué, c'est la même Curie qui choisit les textes du Nouveau Testament et exclua tous ceux ne réflétant pas sa doctrine.

Toutefois, les principales sources historiques que nous possédons, les quatre Evangiles, ont conservé des références aux femmes. Ce sont de courts passages mais qui apportent des indices sur la qualité des femmes dans l'entourage proche de Jésus.

Jésus et Marie-Madeleine (Marie de Magdala) dans l'intimité. Document T.Lombry.

Prenons l'exemple de Marie-Madeleine. Son surnom "Madgala" (la Tour) suggère que c'était une femme au caractère affirmé. A une époque où les femmes étaient soumises à leur mari, Marie-Madeleine paraît très indépendante. Selon Taylor, elle devait être l'égal des disciples hommes.

Même chose pour Jeanne et Suzanne citées dans les Évangiles. Selon le texte, Marie-Madeleine suivit Jésus avec "Jeanne, femme de Chuza, intendant d'Hérode, Suzanne, et plusieurs autres [femmes], qui l'assistaient de leurs biens" (Luc 8:3). Les "biens" dont il s'agit ne sont pas trois quignons de pains mais des ressources suffisantes pour subvenir aux besoins de la communauté. Autrement dit les femmes ont financé tout le mouvement de Jésus et notamment les missions d'évangélisation des disciples. On peut supposer qu'il s'agissait de femmes fortunées, de femmes d'affaires ou de femmes ayant bénéficié d'un héritage.

Une question restera à jamais sans réponse : que serait-il advenu si des femmes riches n'avaient pas financé le mouvement ? La mission de Jésus aurait-elle été la même ...?

Concernant Jeanne, elle était mariée à Chuza et occupait de ce fait un rôle important. Mais pourquoi une femme riche et reconnue qui cotoyait les ennemis de Jésus (Hérode Antipas mis à mort Jean le Baptiste), aurait décidé de le suivre ? L'Évangile selon Luc nous donne un indice. Jésus est considéré comme un guérisseur, un thaumaturge, et Jeanne aurait été guérie par Jésus. Cet évènement aurait été l'élément déclencheur de sa conversion.

Selon la théologienne Helen Bond de l'Université d'Édimbourg, la conversion de Jeanne dut faire scandale : une femme appartenant à l'élite se détourne de sa condition pour suivre un homme pauvre !

D'autres femmes disciples se cachent dans les textes. Dans l'Évangile selon Marc, on évoque à mi-mot le rôle d'évangélisation partagé entre les hommes et les femmes disciples. Les textes nous disent que Jésus envoya les douzes prêcher (Marc 6:7). Mais n'y a-t-il pas de femmes que les textes ne citent pas ?

Pour les trouver, il faut lire le texte original en grec ancien. Marc écrit : Jésus envoie les douze apôtres prêcher "δύο" (duo), et il insiste "duo" (cf. Bible interlinéaire Marc 6:7). Non pas en binôme mais duo, comme dans l'Arche de Noé, c'est-à-dire deux par deux, un couple mâle et femelle. Selon Taylor, il s'agit de 12 couples hommes et femmes.

Comme nous l'avons évoqué précédemment, chez beaucoup de peuples, les relations entre les deux genres sont très codifiées. Grâce à ces couples de disciples, les hommes évangélisaient les autres hommes tandis que les femmes évangélisaient les femmes, ce qu'un homme n'aurait pas jamais pu faire. En effet, cela aurait fait scandale qu'un homme inconnu pose ses mains sur le corps dénudé d'une femme.

Selon Taylor, "Ces premières femmes disciples devraient être reconnues comme telles, au même titre que les hommes, et d'autant plus qu'elles sont citées dans les textes. Dommage que l'Église les a oubliées car elles représentent l'autre moitié de l'histoire. J'aimerais que les hommes et les femmes figurent ensembles dans cette histoire".

Indices artistiques

Des éléments artistiques illustrent également le rôle important que jouaient les femmes dans l'Église jusqu'au VIe siècle.

Salomé

A 48 km au sud de Jérusalem se trouve une grotte qui célèbre la mémoire d'une femme aujourd'hui tombée dans l'oubli : Salomé. On y entre accroupi par une petite entrée qui donne dans une chambre funéraire. Elle fut convertie en chapelle souterraine qui, selon Taylor, aurait été dédiée à Salomé. C'est l'une des plus vieilles églises existant en Israël.

La chapelle contient au plafond des inscriptions en grec ancien : "Salomé Ayé Pitié de Zacharie fils de Cyril Amen". Comme s'il s'agissait d'une prière à Salomé pour l'aider dans sa mission de guérisseuse. Puisque la grotte a été préservée, Salomé devait donc jouer un rôle important auprès de Jésus.

Cerula

Des éléments découverts à Naples bouleversent également l'Histoire. Il existe des catacombes romaines datat du IIe siècle sous les rues de Naples. Au IIIe siècle, les chrétiens commencèrent à y enterrer leurs morts.

Au fond de la chapelle se trouve une pièce maîtresse contenant des peintures murales cachées depuis 2000 ans. Comme on le voit ci-dessous, il y a un portrait de Cerula datant de la fin du Ve, début du VIe siècle portant les quatre Évangiles ouverts autour de sa tête.

Portrait de Cerula préservé dans une chapelle au fond des catacombes de Naples. Cette peinture prouve que Cerula fut prêtresse, évèque, au VIe siècle à Naples. Document Woman Deacons.

Dans l'iconographie chrétienne, les évêques étaient associés aux quatre évangiles ouverts au-dessus de leur tête. Les langues de feu autour des Évangiles représentent l'Esprit inspirant l'évêque. La fonction de Cerula ne fait donc aucun doute : Cerula était évêque !

Rome interdit la prêtrise aux femmes sous prétexte qu'elles nont jamais assumé ce rôle... Mais Rome nous a menti car Cerula prouve le contraire !

La liturgie

L'historienne de l'art Ally Kateusz, auteur du livre "Mary and Early Christian Women: Hidden leadership" (2019) et chercheuse associée à l'Institut de recherche catholique de Wijngaards, présenta en 2019 un article sur le rôle des femmes dans l'Église primitive lors du Meeting international de la Société de littérature biblique de l'Université Pontificale Grégorienne de Rome (Unigre).

L'article de Kateusz se concentre sur les œuvres d'art chrétiennes primitives qui, selon elle, dépeignent les femmes comme des prêtresses et même des évêques. Selon son interprétation, ces femmes accomplissent des actes que seuls les hommes sont autorisés à faire aujourd'hui et dont les œuvres furent dissimulées.

Ces représentations sont particulièrement importantes en raison de nos preuves limitées concernant la liturgie chrétienne primitive.

En examinant les trois plus anciennes représentations survivantes de chrétiens adorant l'autel (deux du Ve siècle et une du début du VIe siècle), Kateusz note que les trois artefacts montrent des femmes près de l'autel dans des rôles apparemment officiels. "Ils représentent des femmes à l'autel de trois des églises les plus importantes de la chrétienté: l'église Saint-Pierre à Rome, l'église Sainte-Sophie à Constantinople et l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem".

Ce qui est important à propos de ces représentations, c'est qu'elles montrent des femmes et des hommes dans des rôles parallèles, leurs corps et leurs gestes se reflétant. Le parallélisme, soutient Kateusz, suggère l'égalité. Dans la représentation du culte du vieux Saint-Pierre de Rome gravée sur une boîte en ivoire du Ve siècle présentée ci-dessous, il semble que la figure féminine soulève un calice au-dessus de l'autel.

Une femme près d'un autel gravée sur un reliquaire datant du Ve siècle découvert à Rome. Document Metropolitan Museum of Art.

Aujourd'hui, il s'agit d'un acte accompli par les prêtres. Elle suggère que les femmes ont participé à la célébration de la liturgie. Cette représentation est présente dans diverses œuvres d'art depuis l'aube de la Chrétienté ainsi que dans les écrits du Père de l'église Irénée de Lyon datant du IIe siècle. Kateusz conclut non seulement que l'Eucharistie fut exécutée à la fois par des hommes et par des femmes, mais aussi que les origines de ce parallélisme de genre peuvent finalement se situer dans les anciens principes philosophiques et les pratiques religieuses juives.

Des spécialistes ont affirmé que puisqu'à l'époque les femmes assumaient des rôles liturgiques, elles devraient être autorisées à servir de nos jours. Aujourd'hui, un universitaire respecté va encore plus loin et affirme non seulement que les femmes de l'Église primitive étaient des prêtres, mais aussi que le Vatican a délibérément dissimulé les preuves artistiques qui le prouveraient.

L'un des exemples les plus importants de Kateusz est une mosaïque du baptistère du Latran de la chapelle de San Venantius à Rome présenté ci-dessous à gauche. La mosaïque, qui se trouve au-dessus de l'autel, fut commandée par le pape Théodore au VIIe siècle. Selon Kateusz, il contient une image de la Vierge Marie vêtue de son vêtement traditionnel bleu, accessoirisée d'un "pallium d'évêque", identifiable par la croix rouge sur le vêtement. Selon Kateusz, les bras de Marie sont levés "comme si elle célébrait l'Eucharistie. C'est une façon symbolique de dire que Marie était une cheffe d'église".

A gauche, gros-plan sur une mosaïque réalisée au VIIe siècle exposée dans l'apside de l'autel de la chapelle de San Venantius à Rome datant de ~650. On y voit Marie en habit religieux portant un "pallium d'évêque". Voici une vue générale. A droite, la chapelle de San Venantius à Rome dont l'abside contient une mosaïque représentant notamment Jésus et Marie. Pourquoi l'Eglise cache-t-elle une telle oeuvre ? Sa misogynie est choquante. Documents Giovanni Battista de Rossi et A.Kateusz.

Comme on le voit ci-dessus à droite, aujourd'hui, la mosaïque est presque entièrement cachée derrière un immense retable baroque. Le retable représente un type très différent de Marie dans lequel elle est assise dans une pose plus sage et traditionnelle tenant l'enfant Jésus. Dans son livre, Kateusz émet l'hypothèse que le retable fut installé vers 1916, lorsque le Vatican décida que les images de Marie en tant qu'évêque n'étaient plus autorisées. Elle soutient que cela faisait partie d'un effort délibéré "pour dissimuler le fait que Marie a été décrite comme une évêque." Cette dissimulation intentionnelle est aussi la première impression que tout visiteur ressent en observant l'aménagement des lieux. De nos jours, une telle misogynie est choquante.

Comme pour toute œuvre d'art, il existe des explications alternatives. La pose de Marie avec les bras tendus est appelée une "pose d'orans" et est généralement comprise comme représentant une figure en prière. Plutôt que de célébrer l'Eucharistie, Marie a peut-être joué son rôle plus traditionnel de prieuse pour les pécheurs.

Plusieurs autres chercheurs se sont demandés si Marie portait réellement un pallium d'évêque dans la mosaïque du baptistère du Latran. Pour Nicola Denzey Lewis, enseignante à la Claremont Graduate School, les femmes de la période Antique tardive pouvaient plus facilement assurer ce rôle que les prêtres ou les évêques. Toutefois, Jessica Dello Russo, spécialiste de l'art des catacombes met un bémol à cette l'interprétation, comme l'utilisation du titre de "prêtre" (presbytera) pour les femmes. Elle ajoute que dans l'art funéraire, il s'agissait "d'outils de commémoration" et de "conventions sociales" qu'il ne fallait pas lire à la lettre.

Certains pourraient également s'opposer à la caractérisation de l'installation du retable devant la mosaïque comme une tentative délibérée d'effacer l'idée de Marie comme clerc. En principe, il n'est pas étrange de trouver des meubles baroques cachant les éléments décoratifs médiévaux et antiques. En fait, c'est même assez courant dans les églises européennes en général (cf. la cathédrale Saint-Étienne en Autriche).

Kateusz souligne que presque toutes les mosaïques antiques de Rome sont exposées. Il est significatif qu'une mosaïque montrant Marie comme évêque soit dissimulée. Elle note également que lorsque les tessares rouges qui constituaient la croix sur le pallium ont commencé à tomber, ils furent remplacés par des blancs, masquant ainsi leur signification originale. Seule la préservation de la croix sur une illustration du XIXe siècle nous permet de connaître sa couleur originale.

Reste la question de savoir ce qu'il faut penser des premières représentations du culte d'autel que Kateusz analysa.

Même si les preuves artistiques ne sont pas concluantes, elles ajoutent au poids des arguments théoriques en faveur du rôle central des femmes dans la vie de l'Église primitive.

Dans un article publié en 2017 dans la revue "Harvard Theological Review", Elizabeth Schrader, étudiante diplômée de Duke et critique de texte, expliqua que le rôle de Marie-Madeleine dans l'histoire de Jésus était délibérément masqué par les scribes qui copiaient la Bible afin d'amoindrir son importance. Cela pourrait ressembler à un roman de Dan Brown (cf. le Da Vinci Code), mais l'argument de Schrader repose sur une analyse détaillée des premiers manuscrits chrétiens.

Une Église réservée aux hommes

Reste une question : si Jésus choisit des disciples femmes pour développer son mouvement et si la Grande Église respecta son choix, pourquoi ont-elles disparu de l'Histoire ? En effet, la question n'est plus de savoir si "les femmes ont-elles assumé des rôles de dirigeantes ?" - elles l'ont fait - mais plutôt "pendant combien de temps ?".

Sara Parks qui enseigne le Nouveau Testament à l'Université de Nottingham a confié en 2019 au webzine "Daily Beast" que "la forte présence de toutes les formes de dirigeantes féminines dans les premiers mouvements de Jésus était largement due au fait que, dans le judaïsme de l'époque, les femmes assumaient davantage de rôles publics comme devenir politiquement actives, initier le divorce, posséder des entreprises et des biens [et] diriger des mouvements religieux." Selon Parks, Jésus et Paul faisaient partie de cette tendance plus large. Après la chute de Jérusalem en 70, la situation commença à s'inverser.

Taylor nous rappelle que des sarcophages portant des bas-reliefs illustrant la résurrection de Lazare témoignent du retrait progressif des femmes de la vie religieuse officielle.

Un sarcophage datant de 280 porte un bas-relief où Marie a la même taille que les autres disciples. Sur un autre sarcophage datant du IVe siècle, Marie est voilée, inclinée et dévouée à Jésus. Marthe a disparu. Un siècle plus tard, Marie est totalement secondaire, réduite curieusement à une tête posée au sol ou est absente... Or Marie et Marthe étaient des disciples importantes mais ont les a volontairement effacées au Ve siècle. Cela coïncide avec l'avènement d'une figure clé de l'histoire : l'empereur Constantin Ier.

Ci-dessus à gauche, détails d'un bas-relief sculpté sur le sarcophage de Marie-Madeleine exposé dans la crypte de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, dans le sud de la France. Il date du IVe siècle et illustre la "montée de Tabitha" (ou Tabatha). Notez que les femmes ont la même taille que les disciples hommes. Au centre, un sarcophage exposé au Musée du Vatican datant du IVe siècle illustrant la résurrection de Lazare. Marie est de taille réduite et courbée, dévouée au Seigneur. A droite, détails du sarcophage dit de Stilicho datant de c.385-390 exposé dans la Basilique Saint Ambroise (Sant Ambroggio) de Milan. Marie est aux pieds de Jésus et des apôtres et n'est pas beaucoup plus haute que le mouton. Ci-dessous à gauche, un sarcophage exposé au Musée du Vatican illustrant la résurrection de Lazare et l'arrestation de Pierre. Marie est de taille réduite et agenouillée, dévouée au Seigneur. A droite, sur le sarcophage de Marie-Madeleine exposé dans la crypte de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume figure également une femme en prière (orant), suggérant qu'elles occupaient encore un rôle important dans l'Église primitive du IVe siècle en France.

Ce défenseur de la foi est à l'origine de changements significatifs. Sa statue monumentale érigée à Rome montre à quel point il était important : sa statue de près de 10 mètres de haut représente un christianisme masculin et puissant : le christianisme de l'armée romaine, une religion d'état, conquérante, dans lequel les femmes sont écartées, effacées. On amplifie le rôle des hommes, des disciples hommes et on oublie celui des femmes.

En 495, le pape Gélas se plaignit que les femmes prêchaient dans les églises, comme les hommes. Conséquence de ce machisme, au VIe siècle les femmes ne furent plus autorisées à officier dans les églises. Il faudra attendre la réforme luthérienne en 1517 pour que les femmes reprennent leur place dans l'Eglise protestante. Côté catholique, la réforme se fait attendre et exaspère de plus en de personnes, en particulier celles prônant l'égalité des sexes.

En guise de conclusion

Comme le déclara Joan Taylor, "Aujourd'hui il est temps de replacer les femmes à leur place : des actrices à part entière aux côtés des hommes d'église". Helen Bond et Ally Kateusz parmi d'autres expertes du sujet partagent ses idées.

Comme beaucoup de débats sur l'histoire de l'Église primitive, ces découvertes et affirmations ont soulevé des controverses. Il faudra un débat académique et un tri historique pour parvenir à un consensus sur l'importance relative de ces résultats pour notre connaissance du passé de la Chrétienté.

En 2016, le pape François fit sensation en annonçant qu'il créerait une commission chargée d'étudier le rôle des femmes diacres. Au cours d'une audience avec les chefs des ordres religieux féminins, il déclara : "Il me semble utile de disposer d'une commission qui clarifierait ce point également", ajoutant même que les femmes pourraient participer aux consultations sur ce sujet. Mais comme nous l'avons dit, en 2018 le Bureau de la doctrine du Vatican exprima son opposition à l'ordination des femmes. Affaire à suivre.

Les recherches de Kateusz se présentent volontairement comme une réponse à l'invitation de Francois à des recherches supplémentaires qui ont, comme le note une critique élogieuse, quelques ramifications pratiques. 

Même si les chercheurs devaient convenir qu'il y avait des femmes prêtres dans les communautés chrétiennes orthodoxes au IIe siècle et par la suite, il est possible que la doctrine et la pratique modernes ne soient jamais affectées par ce travail.

Pour les femmes d'aujourd'hui à la recherche de modèles dans l'Église, les arguments de Kateusz compliquent le portrait sage de Marie en tant que mère et les femmes en tant que témoins silencieuses des pratiques rituelles des hommes. En outre, pour ceux qui recherchent la parité des sexes, espérons que le leadership féminin ne soit pas un rêve féministe moderne : il existait dans le passé et revête une importance pour le présent. Espérons que le souhait de Taylor se réalise.

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