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L'avenir de l'Homme

L'effet du vieillissement sur l'espérance de vie

L'être humain est-il destiné à subir le poids du temps, vieillir et finir par mourir comme toutes les autres espèces vivantes où demain ou après-demain, il pourrait envisager une évolution différente ? Si pour certains c'est une question métaphysique qui relève du sacré, pour d'autres plus curieux et plus critiques, vu les enjeux, c'est une voie de recherche qui vaut la peine d'être explorée.

Cela paraît trivial de dire que notre longévité est le résultat de notre vieillissement. En réalité plusieurs facteurs affectent l'espérance de vie et un scientifique aimerait savoir si l'un de ces facteurs est prédominant et le cas échéant si on peut le modifier afin de prolonger notre espérance de vie.

Selon l'OCDE (données 2020), depuis 1950 en Europe l'espérance de vie a augmenté de ~15 ans, passant de 63 à 78 ans pour les hommes et de 69 à 85 ans pour les femmes, la personne la plus âgée ayant vécu 130 ans ! (Maria Olivia da Silva, 1880-2010). Jusqu'où cette tendance à la hausse peut-elle aller et y a-t-il une limite ?

Aujourd'hui des entreprises tentent de répondre à cette question telles que DNAVision ou Calico Life Sciences LLC, une entreprise de biotechnologie filiale d'Alphabet Inc, financée par Google et dirigée par Arthur Levinson, un biologiste siégeant également au conseil d'administration d'Apple, qui prétend pouvoir augmenter la durée de vie et a investi des milliards de dollars pour le prouver. Mais jusqu'à présent ses seuls résultats portent sur l'analyse de la mortalité. Mais tous les chercheurs ne sont persuadés que l'on peut vivre plus longtemps que 115 à 130 ans.

Dans une étude publiée dans la revue "Science" en 2018, Elisabetta Barbi de l'Université Sapienza de Rome, en Italie, et ses collègues ont étudié la longévité de 3836 Italiens très âgés et montré que le taux de mortalité augmente exponentiellement jusque ~80 ans puis décélère pour présenter un plateau au-delà de 105 ans.

A voir : Life Expectancy at Birth, VGraphs

A gauche, évolution de l'espérance de vie à la naissance par région entre 1950 et 2050. A droite, nombre de retraités (65 ans et plus) pour 100 actifs (20 à 64 ans) en 2020 et 2050. Documents ONU/WPP/CC BY-SA 4.0 et Statista/OCDE/ONU.

Dans une autre étude publiée dans la revue "Nature Communications" en 2021, une équipe internationale de 40 chercheurs a examiné les taux de vieillissement et de mortalité de 39 populations comprenant sept genres de primates, dont plusieurs espèces de grands singes et de singes, deux espèces de lémuriens à la fois sauvages ou de zoos, et des humains. Les données humaines provenaient de sept sources de données sur la mortalité et d'autres archives historiques, couvrant notamment l'Angleterre entre 1600 et 1725, la Suède à certaines époques entre 1751 et 1859 et l'Ukraine en 1933. Deux sources récentes provenaient de groupes de chasseurs-cueilleurs Hadza entre 1985 et 2000 et Aché (Guayaki) entre 1900 et 1978. Toutes les données humaines étaient censées représenter un environnement "naturel" non influencé par les récents progrès en santé publique.

Les chercheurs ont découvert qu'il y avait un rapport fixe entre l'espérance de vie et l'égalité de la durée de vie (la "forme" de la courbe de décès), malgré une grande variation dans les environnements pour différentes populations.

Les chercheurs ont ensuite utilisé une équation mathématique, appelée fonction de mortalité de Siler (ou force de mortalité), pour calculer comment différents facteurs influencent le risque de mortalité. En résumé, si les risques de mourir avant l'âge sont nombreux (mortalité infantile, maladie, accident, suicide), le seul facteur ayant un impact notable sur l'espérance de vie est le taux de vieillissement (le rapport entre la population des 65 ans et plus et celle des moins de 20 ans). Seul le changement de ce taux modifierait considérablement les schémas de mortalité. Les chercheurs en déduisent que le risque de mortalité lié à l'âge est déterminé biologiquement. Ces facteurs biologiques sont complexes et présents à différentes échelles, des liaisons chimiques qui se détériorent avec l'âge aux mutations génétiques croissantes des cellules qui ne parviennent pas à réparer les dommages.

La seule limite de cette étude est d'avoir pris en compte des personnes qui n'avaient pas bénéficié de la médecine moderne. L'étude n'a donc pas pu dire si les progrès réalisés en médecine peuvent ou non modifier le taux de vieillissement des humains. Si nous vivons plus longtemps que jadis, on ne sait toujours pas si cela est en partie dû à une diminution du vieillissement biologique.

Ces dernières décennies, nous avons été les témoins des premiers exemples prometteurs de changement de l'âge biologique grâce à une meilleure hygiène de vie et un meilleur traitement des maladies. Il est donc évident que la médecine moderne modifie à notre avantage notre taux de vieillissement puisqu'elle est capable de guérir des maladies auparavant incurables et mortelles comme les maladies cardiaques, les cancers et nous protéger des épidémies parmi d'autres plaies. La science modifie donc le taux de vieillissement à la hausse.

Une longévité limitée entre 120 et 150 ans

Dans une autre étude, des chercheurs ont étudié les effets du vieillissement sur la capacité des personnes âgées à récupérer après un stress.

De nombreux horloges biologiques internes prédisent des années de vie supplémentaires aux personnes qui choisissent des modes de vie sains ou arrêtent des modes de vie à risques, comme le tabagisme ou la consommation de produits trop sucrés ou trop gras. Ce qui reste inconnu, c'est la rapidité avec laquelle l'âge biologique change avec le temps pour le même individu. Et surtout, comment distinguer les fluctuations transitoires du changement réel de l'âge biologique.

Sur base de métadonnées biomédicales longitudinales, c'est-à-dire d'une série de mesures faites  sur la même personne, récoltées auprès de 471473 sujets britanniques âgés entre 39 et 73 ans (base UKB) et 72925 sujets américains agés entre 1 et 85 ans (base NHANES du CDC), une équipe d'experts en biologie et biophysique dirigée par Timothy V. Pyrkov, responsable du projet mHealth chez Gero PTE de Singapour en collaboration avec le Roswell Park Comprehensive Cancer Center de Buffalo, NY, a analysé l'évolution du vieillissement, en particulier les associations entre l'âge et la perte de capacité à se rétablir d'états de stress (cf. T.V. Pyrkov et al., 2021).

Les différentes notions d'âge. Document P-L. Laya/Twitter.

L'évolution de la longévité des humains peut être étudiée selon plusieurs méthodes dont une enquête systématique sur le vieillissement, les fluctuations de l'état de l'organisme et la perte progressive de résilience déterminée à partir de la numérotation sanguine complète (CBC) qui mesure le nombre de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes dans le sang. On peut notamment se baser sur une estimation de la mortalité à partir des variables CBC pour obtenir une mesure quantitative du processus de vieillissement appelé l'indicateur ou indice d'état dynamique de l'organisme ou DOSI (Dynamic Organism State Index).

Selon les chercheurs, les sujets humains sains se sont avérés très résistants, tandis que la perte de résilience était liée aux maladies chroniques et aux risques liés aux comorbidités. Le taux de récupération après les stress s'est détérioré avec l'âge. Si le temps nécessaire à la récupération est d'environ 2 semaines à 40 ans pour des adultes en bonne santé, il passe à 6 semaines à 80 ans.

Si la résilience se maintient jusqu'à un âge avancé, l'extrapolation montre une perte complète de la résilience du corps humain, c'est-à-dire la capacité de récupérer, entre 120 et 150 ans. Cette baisse de la résilience fut observée même chez les individus ne souffrant pas de maladie chronique majeure. Par conséquent, en vieillissant il faut plus en plus de temps pour récupérer après une perturbation, et en moyenne, nous passons de moins en moins de temps près de l'état physiologique optimal.

Selon Pyrkov, "Aucune prolongation de la durée de vie n'est possible en prévenant ou en guérissant les maladies sans intervenir sur le processus de vieillissement, cause fondamentale de la perte sous-jacente de résilience. Nous ne prévoyons aucune loi de la nature interdisant une telle intervention. Par conséquent, le modèle de vieillissement présenté dans ce travail peut guider le développement de thérapies prolongeant la vie avec les effets les plus forts possibles sur la durée de vie".

Les chercheurs soulignent toutefois que les fluctuations divergentes des indices physiologiques permettent difficilement de résumer le processus de vieillissement en un seul chiffre, comme l'âge biologique défini par l'indice DOSI.

En revanche, cette étude prouve qu'il est possible de quantifier la résilience humaine et d'utiliser un biomarqueur du vieillissement basé sur deux types de données très différentes : d'une part les paramètres des tests hématologiques et sérologiques et d'autre part les niveaux d'activité physique enregistrés par les appareils connectés.

Deux marqueurs de vieillissement

Selon les chercheurs, il est possible de caractériser la dynamique des paramètres physiologiques sur les échelles de temps de la durée de vie humaine à partir d'au moins deux paramètres :

- l'âge biologique (l'indice DOSI) associé au stress, au mode de vie et aux maladies chroniques qui peut être calculé à partir d'un test sanguin standard.

- la résilience qui reflète les propriétés dynamiques des fluctuations de l'état de l'organisme. Il renseigne sur la rapidité avec laquelle l'indice DOSI revient à la normale en réponse aux stress.

Quand commence le vieillissement ? Les changements liés à l'âge s'observent dans les paramètres physiologiques dès la naissance. Cependant, divers paramètres changent de manières différentes à différents stades de la vie (cf. "Aging US" en 2018).

L'étude de la population montre que le nombre d'individus présentant des signes de perte de résilience augmente de façon exponentielle avec l'âge et double tous les 8 ans à un rythme correspondant à celui de la loi de mortalité de Gompertz (observation de B. Gompertz de 1827, qui observa pour la première fois que le taux de mortalité doublait tous les 8 ans). Notons que cette loi est également utilisée par les actuaires des assurances pour calculer le taux de mortalité et donc les primes d'assurance.

Les résultats de l'étude de Pyrkov et ses collègues montrent qu'il existe une distinction bien marquée entre la phase de croissance (qui s'achève vers 30 ans selon la théorie de la croissance universelle de Geoffrey West) et le vieillissement. C'est à partir de ~40 ans que le vieillissement se manifeste lentement par un faible écart linéaire et sous-exponentiel des indices physiologiques par rapport à leurs valeurs de référence.

Les chercheurs soulignent que la résilience fournit également un guide pratique sur la fréquence à laquelle des mesures répétées doivent être prises. En résumé, une détermination fiable de l'âge biologique nécessiterait plusieurs points de données par temps de récupération, c'est-à-dire idéalement une mesure tous les quelques jours. Pour atteindre cet objectif, en 2021 le seul moyen pratique d'atteindre un taux d'échantillonnage élevé (une fois par jour ou mieux) est d'utiliser les données des capteurs des appareils connectés.

Dans un autre article publié dans la revue "Aging US" en 2021, Pyrkov et ses collègues se sont concentrés sur les données des capteurs des appareils connectés et sont parvenus à construire un "DOSI portable" qu'ils ont implémenté dans une application pour iPhone appelée GeroSense. Il existe également une API web destinée aux développeurs et chercheurs.

L'avenir incertain du chromosome Y

Bien que l'évolution des systèmes vivants nous ait démontré que les espèces progressent selon une stratégie complexe combinant adaptation et hasard, plus d'un biologiste ou anthropologue n'hésitent pas à spéculer sur l'avenir de l'humanité. Deux points de vues sont possibles : soit on extrapole l'évolution de l'ADN soit l'évolution du phénotype sur base de ce que nous avons observé au cours de l'évolution de l'humanité depuis quelques millions d'années, sans oublier l'impact des progrès technologiques sur notre bien-être et plus généralement sur notre survie.

Parmi les 23 paires de chromosomes constituant chaque cellule somatique humaine, une seule paire détermine le genre, c'est-à-dire le sexe d'un individu : les femmes possèdent deux chromosomes XX tandis que les hommes possèdent un chromosome X et un chromosome Y. Ce chromosome sexuel porte le gène "maître-interrupteur" SRY qui détermine si un embryon se développera en tant que mâle (XY) ou femelle (XX). Il contient très peu d'autres gènes et est le seul chromosome non indispensable à la vie. En effet, les femmes se débrouillent bien sans chromosome Y.

A gauche, caryogramme du génome humain réparti en 23 paires de chromosomes réalisé par la technique de FISH (Fluorescent In-Situ Hybridization). A droite, photographie des chromosomes X et Y humains. Documents Science Photo Library.

Le chromosome Y est donc le symbole de la masculinité, mais depuis qu'on l'étudie il est clair qu'il s'affaiblit et n'est pas aussi robuste et durable que les autres chromosomes. En fait, les femmes ont deux chromosomes X parfaitement normaux, alors que les hommes ont un chromosome X normal et un Y dégénéré. Selon les généticiens, si le même taux de dégénérescence persiste à l'avenir, le chromosome Y aura totalemernt disparu dans... 4.6 millions d'années !

Le chromosome Y n'a pas toujours été ainsi. Si nous remontons l'horloge génétique de 166 millions d'années, c'est-à-dire jusqu'à l'époque des tout premiers mammifères, on constate que le chromosome primordial "proto-Y" présentait à l'originela même taille que le chromosome X et contenait tous deux les mêmes gènes.

Cependant, dès l'origine le chromosome Y présentait un défaut fondamental. Contrairement à tous les autres chromosomes dont nous avons deux copies dans chacune de nos cellules, le chromosome Y n'existe qu'en un seul exemplaire qui est uniquement transmis du pères au fils. Cela signifie que les gènes du chromosome Y ne peuvent pas subir de recombinaison génétique; il n'existe pas de brassage génétique à chaque génération, une méthode qui contribue à éliminer les mutations génétiques dommageables.

Résultat des lois naturelles, privés des avantages de la recombinaison, les gènes chromosomiques Y dégénèrent avec le temps et finissent par disparaître du génome. Malgré cela, des recherches récentes ont montré que le chromosome Y a développé des mécanismes assez efficaces pour ralentir le taux de perte de gènes.

En revanche, le chromosome Y reste évidemment totalement actif lors du métissage par exemple. Dans une étude publiée dans la revue "Science" en 2020, l'équipe de la biologiste et informaticienne Janet Kelso de l'Institut Max Planck analysa les chromosomes Y fragmentaires de trois hommes néandertaliens de Belgique, d'Espagne et de Russie qui vivaient il y a environ 38000 à 53000 ans, et de deux hommes dénisoviens, proches cousins des Néandertaliens qui vivaient dans la grotte de Denisova, en Sibérie, il y a environ 46000 à 130000 ans.

Lorsque les chercheurs ont séquencé l'ADN, ils furent surpris de constater les chromosomes Y humains et néandertaliens étaient plus étroitement liés les uns aux autres que le chromosome Y des Dénisoviens. Cela prouve que sur le plan génétique, les Néandertaliens et les humains ont probablement trouvé un avantage à remplacer totalement les chromosomes Y d'origine, y compris ceux des mitochondries, par leurs homologues modernes.

Les chercheurs ont calculé que l'ancêtre commun le plus récent du chromosome Y de Néandertal et des humains modernes remonte à environ 370000 ans. Ces métissages se sont donc produits avant la migration majeure hors d'Afrique. On reviendra sur la question du métissage entre les premiers humains.

Concernant les modifications du chromosome Y, selon une étude publiée dans "PLOS Genetics" en 2017 par Laurits Skov et Mikkel Heide Schierup du "Danish Pan Genome Consortium", les chercheurs ont séquencé des parties du chromosome Y de 62 hommes et constaté qu'elles étaient sujettes à des réarrangements structurels à grande échelle permettant l'amplification génique, c'est-à-dire l'acquisition de multiples copies de gènes fonction de la qualité du sperme afin d'atténuer la perte de gènes.

L'étude a également montré que le chromosome Y a développé des structures inhabituelles appelées "palindromes" (séquences d'ADN qui se lisent dans les deux sens) qui le protègent contre toute dégradation ultérieure. Ils ont également noté un taux élevé de réparation des gènes endommagés grâce à une copie de sauvegarde non endommagée utilisée comme modèle.

Si on se tourne vers d'autres espèces (et pas uniquement chez les mammifères), un nombre croissant de preuves indique que l'amplification du gène du chromosome Y est un principe général à tous les niveaux. Ces gènes amplifiés jouent un rôle essentiel dans la production de spermatozoïdes (chez les rongeurs) et dans la régulation du rapport sexuel des descendants. Comme l'ont expliqué des chercheurs dans la revue "Molecular Biology and Evolution" en 2017, cette augmentation du nombre de copies de gènes (chez la souris) est le résultat de la sélection naturelle.

Sur le plan paléogénétique, en 2015 des chercheurs ont découvert qu'il y a environ 7000 ans et pendant les deux millénaires suivants, quelque chose d'étrange s'est produit : la diversité du chromosome Y s'est effondrée. On l'a constaté chez les populations d'origine africaine, asiatique et européenne. Cette homogénéisation génétique est la principale raison pour laquelle les humains sont aujourd'hui identiques à 99.9%.

La raison de ce "goulot d'étranglement" observé dans le chromosome Y néolithique comme on le surnomme a intrigué les paléontologues et les biologistes. Aujourd'hui, ce mystère a peut-être été résolu.

Après des décennies d'études, aujourd'hui les chercheurs connaissent les taux de déclin de la diversité génétique dans une population humaine donnée. A plusieurs reprises, des catastrophes naturelles (cf. l'éruption d'un volcan ou d'un supervolcan) ont anéanti des populations. Pendant le goulot d'étranglement néolithique, curieusement, seuls les hommes furent touchés.

Dans une étude publiée en 2015 dans la revue "Genome Research", l'équipe de la biologiste Monika Karmin de l'Université de Tartu en Estonie avait proposé que ce goulot d'étranglement observé dans le chromosome Y néolithique coïncidait avec un changement culturel global affectant négativement la reproduction des mâles mais les chercheurs n'ont pas précisé l'origine de ce changement.

En revanche, en 2018 le biologiste Marcus W. Feldman de l'Université de Stanford et l'étudiant en sociologie Tian Chen Zeng ont apporté quelques précisions dans une étude publiée dans la revue "Nature Communications". Les chercheurs sont partis de l'hypothèse que l'effondrement du chromosome Y dans les populations fut le résultat de guerres tribales entre clans. En effet, dans de nombreuses sociétés néolithiques, le pouvoir et les richesses appartenaient aux hommes sous un régime patriarcal. Il y a environ 12000 ans, les sociétés étaient souvent organisées autour de groupes de parenté étendus dont beaucoup étaient formés de clans patrilinéaires (où les titres, les terres et le nom de famille sont transmis par les hommes d'une génération à l'autre). Alors que les femmes pouvaient se marier avec les hommes de divers clans, les hommes étaient génétiquement liés à leurs ancêtres masculins et avaient donc tendance à avoir le même chromosome Y.

A gauche, évolution de la démographie mondiale depuis 65000 ans. Document extrait de "Population et Société" de J-N.Biraben (2003). A droite, phylogénie et évolution de la taille des populations (haplogroupes) dans différentes régions du monde établie à partir de données de séquençage génomique de 456 échantillons d'ADN masculins actuels et de reconstructions démographiques basées sur des modèles statistiques. Les lignes pointillées indiquent l'époque d'une forte expansion démographique. Le graphique de gauche concerne le chromosome Y transmis de père en fils, celui de droite l'ADN mitochondrien transmis de mère à enfant. Document M.Karmin et al. (2015).

Selon les chercheurs, il y a environ 7000 ans les guerres intenses entre clans ont tué tellement d'hommes qu'au bout de 2000 ans il n'en resta qu'un pour 17 femmes, ce qui réduisit drastiquement la diversité du chromosome Y pendant les siècles voire les millénaires qui suivirent. A défaut d'hommes pour gérer la société, les femmes ont pris le pouvoir. On retrouve l'idée du régime matriarcal dans le rôle des femmes chamanes et la vénération de la déesse-mère de la fertilité qui assurent la stabilité et la paix des communautés. Encore aujourd'hui, dans certains groupes éthniques minoritaires comme les Na' en Chine et les Khasi en Inde, le pouvoir est resté entre les mains des femmes.

Parmi les lignées mâles qui survécurent au goulot d'étranglement du chromosome Y, le modèle démographique développé par les auteurs montre que quelques lignées ont subi des expansions spectaculaires, en accord avec le modèle du clan patrilinéaire mais les auteurs soulignent qu'on ne peut pas appliquer ce modèle culturel à toutes les évolutions démographiques. Comme le montre le graphique présenté ci-dessus au centre, il y a environ 5000 ans on observe une chute démographique en Afrique et à l'inverse une colonisation des autres territoires et continents avec une explosion démographique au Proche-Orient, dans l'est et le sud de l'Asie ainsi qu'en Europe.

Aujourd'hui en raison de l'explosion démographique et le brassage des populations, le chromosome Y a retouvé une diversité largement supérieure à celle qu'il présentait il y a quelques dizaines de milliers d'années. Mais cela ne veut pas dire que sa survie est assurée.

Structures des chromosomes X et Y de la souris et des humains. Document P.J.Wijchers et al.

La question de savoir si le chromosome Y va un jour disparaître est encore largement débattue dans la communauté scientifique. Ceux qui estiment qu'il va survivre font valoir que ses mécanismes de défense font un excellent travail et ont prouvé depuis des millions d'années qu'ils peuvent préserver le chromosome Y. Mais ceux qui pensent que le chromosome Y disparaîtra affirment que tous ces mécanismes permettent seulement au chromosome Y de s'accrocher à ce qu'il peut avant de disparaître. La question reste donc ouverte.

Selon Jenny Graves de l'Université de La Trobe en Australie, à long terme le chromosome Y est inévitablement voué à disparaître. Dans un article publié dans la revue "Bioessays" en 2016, Graves souligne que des rats et des campagnols japonais ont tous perdu leur chromosome Y et soutient que les processus de perte ou de création de gènes sur le chromosome Y conduisent inévitablement à des problèmes de fertilité. Mais cela peut aussi déboucher sur l'apparition d'une nouvelle espèce.

Cela peut-il conduire à la disparition des hommes ? Selon les chercheurs, même si le chromosome Y humain disparaît, cela ne signifie pas nécessairement que les mâles sont en train de disparaître. En effet, même chez les espèces qui ont complètement perdu leur chromosome Y, les mâles et les femelles sont toujours indispensables à la reproduction. Dans ces cas, le gène SRY "maître-interrupteur" qui détermine la virilité génétique s'est déplacé sur un autre chromosome, ce qui signifie que ces espèces produisent des mâles sans avoir besoin d'un chromosome Y. Cependant, le nouveau chromosome déterminant le sexe, celui sur lequel SRY s'est fixé devrait alors à son tour subir le processus de dégénérescence en raison du même manque de recombinaison qui a condamné leur chromosome Y antérieur.

Le fait intéressant dans le cas des humains est que bien que le chromosome Y soit nécessaire pour la reproduction naturelle, plusieurs des gènes qu'il transporte ne sont pas nécessaires si on utilise des techniques de reproduction assistée. Cela signifie que le génie génétique pourrait bientôt remplacer la fonction génique du chromosome Y, ce qui permettrait aux couples homosexuels de concevoir un enfant, indépendamment des questions éthiques.

Ceci dit, même s'il devenait possible de concevoir un enfant de cette manière, il semble hautement improbable que les humains fertiles cessent de se reproduire par voie naturelle. Bien qu'il s'agisse d'un domaine intéressant et controversé de la recherche génétique, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. En réalité, nous ne savons même pas si le chromosome Y disparaîtra un jour. Et comme nous l'avons expliqué, même si c'est le cas, l'humanité continuera probablement à avoir besoin des hommes pour réaliser une reproduction naturelle. L'idée d'imaginer comme l'évoque parfois la science-fiction l'existence de quelques mâles "étalons" sélectionnés pour engendrer la majorité de nos enfants n'est certainement pas à l'horizon. Quoi qu'il en soit, l'étude du chromosome Y et des inquiétudes qu'il suscite deviendra une préoccupation croissante au cours des prochaines décennies et siècles.

L'évolution de l'homme dans 1000, 10000 et 100000 ans

Le docteur Oliver S. Curry est directeur de recherche chez Kindness et chercheur affilié à l'Ecole d'Anthropologie et au Musée d'Ethnographie de l'Université d'Oxford. Il étudie notamment l'évolution humaine ainsi que la nature et la structure de la moralité humaine. En 2006, il écrivit un article pour la chaîne de télévision Bravo intitulé "Bravo Evolution Report" (voici la press release en format RTF) dans lequel il décrit l'évolution de l'être humain pour les prochains 1000, 10000 et 100000 ans.

Curry a étudié tous les facteurs qui font évoluer l'homme, notamment l'impact de la génétique, de l'environnement, de la société et des technologies. Toutefois il ne tient pas compte de l'impact des maladies de civilisation sur la santé (qui augmentent dans les pays Occidentaux).

Selon sa thèse, la mixité des populations donnera naissance à des êtres humains présentant une peau de couleur café. La taille moyenne sera de 1.83 m pour les femmes et de 2.14 m pour les hommes pour une espérance de vie (naturelle) de 120 ans vers l'an 3000.

Les hommes auront des détails faciaux symétriques, une voix plus grave et un pénis plus grand tandis que les femmes auront des cheveux plus brillants, une peau imperbe et douce, de grands yeux et une poitrine plus importante.

Selon Curry, l'humanité atteindra son apogée en l'an 3000, après cela l'homme sera trop dépendant des technologies comme la bionique et la chirurgie esthétique qui auront pour effet d'homogénéiser les types raciaux.

Alors que la science et la technologie ont le potentiel de créer un habitat idéal pour l'humanité au cours du prochain millénaire, Curry entrevoit un risque que l'humanité stagne et dégénère en raison de sa dépendance chronique envers la technologie, réduisant notre capacité naturelle à résister aux maladies ou notre capacité d'évoluer et de nous entendre les uns avec les autres.

Au-delà de l'an 3000, les choses pourraient empirer, avec l'apparition éventuelle d'individus "qui ont" et d'autres "qui n'ont pas" les caractères requis.

L'humanité pourrait payer génétiquement le prix fort de cette évolution technologique. Gâtés par des prothèses et des membres bioniques, utilisant des gadgets et des produits domestiques toujours plus polyvalents et robotisés, Curry prédit que les humains pourraient finir par ressembler à des animaux domestiques. Plusieurs de leurs facultés comme la communication et l'interaction avec les autres pourraient se dégrader et les émotions comme l'amour, la sympathie, la confiance et le respect pourraient s'affaiblir, les humains devenant moins capables de s'entraider et de travailler en équipe.

Vers l'an 10000, les humains pourraient avoir un aspect plus juvénile. Les femmes paraîtront plus jeunes et plus attirantes tandis que les hommes subiront un amincissement progressif de leur mâchoire accompagné de la disparition du menton, autant d'évolutions qui transformeront physiquement le visage de l'humanité. Les humains ressembleront de plus en plus à des enfants sous-développés.

Curry estime que la dépendance de la technologie, les progrès de la médecine et l'obsession grandissante pour l'hygiène changeront notre aspect en raison d'une surconsommation d'antibiotiques et d'autres médicaments rendant notre système immunitaire plus faible.

Etant donné que la taille des nourrissons continuera d'augmenter, les mères enceintes devront de plus en plus recourir à la césarienne et par conséquent les enfants seront moins immunisés dès leur naissance contre les agents pathogènes que ceux naissant par les voies naturelles.

Les progrès en génétique moléculaire permettront aux humains de remplacer les brins défecteux de leur ADN et pourraient éventuellement conduire à une uniformité génétique à mesure que l'humanité recherchera la perfection. En parallèle, selon le docteur Laurent Alexandre de DNAVision, grâce aux progrès en médecine et en nanotechnologie, l'homme pourrait vivre 1000 ans.

Foetus. Document Discover.

Arrivé à ce stade, si les types raciaux seront plus homogènes, les risques de ségrégation et la non mixité sociale peuvent diviser l'humanité. En effet, Curry estime que dans 100000 ans, on observera une mutation physique dans l'évolution avec une sélection sexuelle qui divisera l'humanité en deux espèces. Les gens descendants d'une classe génétiquement supérieure seront de plus en plus susceptibles de se reproduire entre eux et de choisir leur partenaire en fonction de critères de santé, de jeunesse et de fertilité. On verra apparaître des individus grands, minces, beaux, intelligents et en bonne santé, et les descendants d'une sous-classe faites d'individus petits, robustes, moins intelligents et en mauvaise santé.

Ce scénario catastrophe qui ne peut laisser personne indifférent, à la fois fascinant et révoltant nous fait prendre conscience qu'en l'espace de 1000 ans, l'humanité peut totalement se transformer sous l'influence de facteurs extérieurs. Cela nous rappelle le roman de H.G. Wells, "La machine à explorer le temps" où le héros rencontre dans le futur une civilisation élitiste, riche, intelligente et dotée de pouvoirs paranormaux face aux Morlocks, une race humaine rejetée depuis des millénaires qui évolua dans une direction négative, devenant des animaux horribles et violents travaillant dans des cavernes au profit de la civilisation élitiste.

Certains ont déjà dit que nos ancêtres avaient évolué de cette manière plusieurs fois au cours de l'évolution. Un exemple est le chimpanzé : l'espèce commune est robuste, violente, chasse les singes, alors que le bonobo est plus intelligent, vit en paix et est un végétarien obsédé par le sexe. Les Australopithèques comprenaient également des espèces graciles et des espèces robustes (A.gracilis et A.robutus). Et ce ne sont pas toujours les plus robustes ou les plus forts qui gagnent la partie mais ceux capables de s'adapter à un changement de situation, les plus agiles ou les plus intelligents, bref ceux qui sont capables d'évoluer.

A voir : What will humans look like in the distant future?

Transhumanism: Could we live forever, BBC, 2015

A lire : L'homme qui vivra 1000 ans est déjà né (sur le blog, 2013)

Could this be humanity's LAST century?, interview de Seth Shostack (SET Institute)

 

Toutefois, il est intéressant de noter qu'à part une dépendance croissance des humains de la technologie, à aucun moment Curry n'évoque les cyborgs ni une éventuelle fusion entre les humains et les robots intelligents (cf. la Singularité Technologique). Pour le biologiste, la médecine et la cybernétique du futur resteraient dans leurs domaines respectifs sans interagir fortement ni influencer les humains tant physiquement que psychiquement. Mais cette position semble difficile à tenir. En effet, sachant que de nos jours certains d'entre nous portent déjà des capteurs intelligents sous leur peau, des prothèses bioniques et avaleront bientôt des bionautes et des pastilles régénératrices, on peut imaginer qu'ils porteront bien plus d'intelligence artificielle et de "nano-médecins" dans quelques siècles ou millénaires et que ces transformations pourraient modifier leur aspect physique ainsi que leurs facultés physiques et mentales.

Mais qu'on se rassure. Si un médicament peut régénérer des tissus, si une prothèse bionique peut réparer nos défaillances ou améliorer nos performances physiques, ce n'est probablement pas d'aussitôt que chacun pourra augmenter ses facultés intellectuelles grâce à l'intelligence artificielle. Le cerveau organique restera pour longtemps le siège de la conscience et les nanoprocesseurs photoniques reliés à des nerfs en fibre optique resteront du domaine de la fiction. En effet, si on vise cet objectif très ambitieux, il faut résoudre le problème de la chaleur dégagée par les composants électroniques car le tissu cérébral ne peut même pas supporter quelques degrés de plus. Il faudra donc attendre que la technologie soit capable de produire des mini-composants ne dégageant pas plus de chaleur que les neurones. Il faudra aussi trouver le moyen de les alimenter et de transférer les données sans altérer le fonctionnement du cerveau en raison de l'énergie contenue dans les ondes émises. Ensuite, il faudra déterminer quelle quantité de données supplémentaires un cerveau humain est capable de recevoir sans effets indésirables. Il faudra aussi savoir à quel endroit du cerveau les injecter et sous quelle forme. Enfin, il faudra trouver le cobaye qui acceptera de tester cet implant cérébral et qui acceptera les risques qui l'accompagnent. Même un condamné à mort préférerait vivre ses dernières heures en paix.

L'unité carbone a encore un bel avenir.

En guise de conclusion

Où la longue marche de l'Humanité nous conduit-elle ? Nul ne le sait et par nature les études de prospective présentent peu d'idées constructives. Pour savoir dans quelle direction nous conduit l'évolution et la société, regardons autour de nous. Avec la civilisation, l’éducation toujours plus poussée et la vie en communauté, notre culture devient exponentielle, encouragée par les acquis antérieurs et la sollicitation de l'environnement. Hier notre savoir tenait sur une tablette d'argile, aujourd'hui il est tellement conséquent qu'il quitte progressivement les livres pour être transposé sur des supports numériques et des systèmes virtuels.

Représentation du trafic régional européen. Voici l'image globale. En rouge, les 87000 vols quotidiens. En bleu, les routes maritimes de 3500 navires commerciaux représentant seulement 10% du trafic total. En vert, les routes terrestres utilisées par plus d'un milliard de véhicules à moteur. Document NOAA/SOS.

Dans ce village global électrifié et informatisé, la communication joue un rôle clé et chacun peut tout savoir sur tout instantanément avec tous les dérapages que cela peut impliquer en terme d'éthique, de respect de la vie privée, de sécurité et de propagation de rumeurs.

Malgré son intelligence et sa faculté d'adaptation, l'Homo sapiens connecticus du XXIe siècle se perd dans ce dédale digital tandis que les plus jeunes, tombés dedans étant petit comme on dit, n'y trouvent rien de particulier; cela fait partie de leur quotidien. Mais contrairement à ce qu'ils pensent, les jeunes (et moins jeunes) ne savent pas tout et ignorent souvent les pièges que leur tendent les acteurs du monde virtuel. Or en jouant le jeu des grandes entreprises du web - les fameuses GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - , ils perdent aussi leur esprit critique et leur pouvoir de décision en acceptant l'intrusion du monde extérieur dans leur vie privée et le transfert du pouvoir du gouvernement à ces GAFAM. On reviendra sur la question sensible des dérives de la société dans l'article "Le Meilleur des Mondes".

Mais l'Avenir de l'humanité avec un grand A, celui qui nous projète réellement dans le futur à l'image du scénario de Curry, celui-là reste indéterminé, aussi mystérieux qu'une terra incognita. Si nous pouvons entrevoir certaines tendances à 20 ou 30 ans (cf. l'article sur les technologies du futur), toutes les études de prospectives qui se sont projetées au-delà de quelques générations se sont égarées faute d'être réalistes car il y a trop de facteurs politico-socio-économiques qui influencent notre avenir, nous empêchant de poser les repères qui guideront nos pas.

Si notre curiosité nous poussera toujours à aller de l'avant, notre avenir est lié à celui de notre société, à la diversité de ses individus et de ses populations, à sa complexité, son adaptabilité ainsi qu'à sa sagesse et sa responsabilité.

A côté des problèmes humanitaires et écologiques qui sortent du cadre de ce dossier, il y a le risque que nous perdions notre identité : si nous acceptons à l'avenir que notre savoir soit partagé avec les ordinateurs, que notre mémoire soit stockée sur des substrats protéiniques hybrides carbone-silicium, que nos employés de maison, nos guides ou nos conducteurs soient des robots intelligents, il n'y a plus qu'un pas à franchir pour céder la place à l'intelligence artificielle, aux machines, ce que des sociétés comme Google et ses filiales ainsi qu'Amazon sont en train de mettre en place.

Les cybernéticiens affirment qu'il est possible de construire des robots à l'image de l'homme, les fameux androïdes, gynoïdes et autres cyborgs. Les biologistes et beaucoup d'autres chercheurs en doute car ils estiment qu'il est peu probable qu'on puisse construire une mémoire et un système de contrôle capables de manipuler ne fut-ce que l'information quotidienne. Mais quand on voit les prouesses d'un ordinateur comme Watson (voir la vidéo ci-dessous), on peut réellement s'interroger sur le pouvoir futur des ordinateurs et des machines pensantes (dotées d'IA).

Ce greffe sur ce problème la prise de décision, le langage, la locomotion, la reconnaissance des formes, et bien d'autres subtilités propres à notre espèce, autant d'actions "réflexes" que nous exécutons quasi instantanément et que l'on voit mal fonctionner au même rythme dans une machine. Mais c'est sans compter avec l'intelligence artificielle et les ordinateurs quantiques dont les performances théoriques nous laissent rêveur et pleines de promesses.

A voir : Jeopardy - L'ordinateur Watson contre l'être humain : 1-0 (sur le blog)

Deux indicateurs de l'orientation informatique de notre civilisation : La "société de l'information" symbolisée par Internet, les liaisons à haut débit, les bases de données distribuées et la robotique avec ses gynoides domestiques (Repliee Q2 Hiroshi Ishiguro de l'Intelligent Robotic Laboratory de l'Université d'Osaka). Mais cela ne représente que son aspect "soft" visible du grand public car derrière cette technologie apparemment bienveillante les géants du web et de la cybernétique mettent en place les balises qui jalonneront la société et la politique 2.0 de demain. Si nous ne préservons pas l'humain et laissons ces GAFAM et autres majors de l'informatique dériver comme bon leur semble, cette société n'aura plus qu'un lointain rapport avec celle que nous avons bâtie et tenté de préserver tout au long du XXe siècle. À condition que la vie privée, nos libertés et l'éthique soient préservées, on peut espérer que l'avenir sera gratifiant. 

Si l'informatisation du village global de demain se limite à des tâches routinières, dangereuses ou est susceptible de nous rendre service dans la vie et en corollaire de participer au progrès de la société, il n'y a pas à hésiter et son introduction est la bienvenue tant que nous préservons notre liberté. Il y a danger en revanche si notre éthique ou nos droits sont bafoués comme ils le sont déjà parfois du chef de certains gouvernements ou d'entreprises notamment américaines où le législateur n'a pas la même conception de la vie privée que le Parlement européen qui protège beaucoup plus ses citoyens.

Si la Singularité Technologique est une éventualité, personne ne peut affirmer qu'elle se produira, encore moins quand et comment. Une chose est certaine, si un robot à l'image de l'homme voit le jour dans un lointain avenir, c'est tout le concept de la société qui sera bouleversé. Il sera grand temps de s'inquiéter et de demander aux responsables à qui appartient la prise de décision. Mais il sera déjà peut être trop tard pour éteindre l'interrupteur... Autant savoir.

Un jour ou l'autre l'homme vivra sur la Lune ou dans des colonies spatiales et s'envolera peut-être un jour vers les étoiles à la recherche d'une nouvelle terre à conquérir. Il sera bientôt un extraterrestre et trouvera certainement là haut tout ce dont il a besoin. S'il est aussi intelligent et sage qu'il prétend, il n'aura plus d'excuse pour répéter les mêmes erreurs que ses ancêtres. Au contraire, il bénéficera de toute l'expérience de l'humanité et tout le loisir de tirer les leçons du passé.

Si l'homme n'est peut-être pas le seul à sonder l'univers, il est le seul qui ait conscience de la fragilité de son existence et qui puisse disposer de son destin. L'équation de sa survie ne tient qu'à un seul facteur : sa sagesse.

Pour plus d'informations

Sur ce site

Origine et évolution de l'Homo sapiens

L'origine et l'avenir de l'homme

Les robots

La vie sous toutes ses formes (IA et cyborgs)

Les technologies du futur

La Singularité Technologique

Le Meilleur des Mondes ou les dérives de la société

Sur Internet

A quoi ressemblera l'homme de demain, Arte, YouTube, 2017

A quoi pourrait bien ressembler l'Homme du futur ?, Musée de l'Homme, YouTube, 2021

L'ADN (webzine), section Biotech

L'Hybridation de l'humanité à l'ère de la technocratie, Forbes.fr, 2020

Génome et société, Axel Kahn, 2002

Benefits & risks of biotechnology, Future of Life

The Future of Human Evolution… A Multidisciplinary Approach, Elio Gereige, 2020

Future of Humanity Institute

The human future (et ressources).

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