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Anatomie du corps humain

Introduction (I)

Le corps humain se compose de la tête, du tronc et des membres et comprend une douzaine de systèmes biologiques et 80 organes qui remplissent des fonctions spécifiques nécessaires au métabolisme et à la vie quotidienne.

À part les quelques minutes que nous prenons chaque jour pour nous occuper brièvement de notre corps, vu son état généralement stable nous avons tendance à l'oublier. Or les petits symptômes qu'il présente parfois nous rappellent que c'est un système vivant mais heureusement autonome dont globalement nous ne contrôlons pas volontairement les fonctions physiologiques ni les réactions face aux agressions qu'il subit, tant du monde extérieur que celles liées à son activité propre.

Vu qu'il est vivant, il doit faire face à d'innombrables agents pathogènes, infectieux ou chimiques, sans parler des blessures qu'il peut subir, du dysfonctionnement des organes ou métabolique et de l'usure des tissus. Mais bien que très complexe et extraordinairement bien organisé jusqu'à l'échelle microscopique, il ne peut pas tout gérer et est donc parfois démuni, très fragile et sensible face à certaines agressions.

S'informer sur le fonctionnement du corps humain et les risques sanitaires est donc essentiel pour notre hygiène de vie et notre survie et constitue déjà une première ligne de défense car la personne bien informée sait déjà quel risque elle doit éviter ou comment elle peut l'éliminer, et le cas échéant, quelle mesure ou traitement elle doit prendre pour se débarrasser d'un symptôme ou d'une maladie.

Sommaire

Voici le sommaire des sujets que nous allons décrire dans les pages suivantes :

Mais avant d'entrer dans les détails, nous allons dresser le portrait général du corps humain et décrire brièvement les professions médicales.

Généralités

Selon une étude publiée en 2016 dans la revue "PLOS" par le biologiste Ron Senders de l'Institut des Sciences Weizmann d'Israël et ses collègues, le corps d'un homme de 20-30 ans, pesant 70 kg pour 1.70 m est constitué d'environ 30 trillions soit 30000 milliards de cellules et probablement autant sinon davantage de bactéries (on cite des chiffres de l'ordre 3.9x1013 microbes).

Un corps humain typique pesant environ 80 kg contient 12 kg d'os, 33 kg de muscles, 15 kg de graisse et 20 kg d'organes auxquels s'ajoutent entre 1.5 et 2 kg de microbes essentiellement rassemblés dans la flore intestinale.

En termes chimiques, cette masse corporelle contient en moyenne 60% d'eau. Les 40% restants sont composés d'assemblages d'un peu plus de 60 éléments chimiques différents. 99% de la masse corporelle est constituée de 6 éléments chimiques : l'oxygène (65%), le carbone (18%), l'hydrogène (10%), l'azote (3%), le calcium (1.4%) et le phosphore (1.1%). Ces éléments assemblés en macromolécules (hydrates de carbone, lipides, protéines, acides nucléiques, ADN, etc) représentent 7x1027 atomes (7 milliards de milliards de milliards) dont 12 milliards d'atomes forment les 3.4 milliards de paires de bases (3.4 x 106 kbp) de l'ADN. Sachant que 99.9% du volume d'un atome est vide, on peut dire que nous fait de... presque rien, ou comme on dit poétiquement, de poussière d'étoiles puisque ces éléments ont été formés dans le coeur des étoiles.

Enfin, si on compactait tous les atomes de notre corps pour éliminer les espaces vides, le corps humain tout entier tiendrait dans un seul  morceau de sucre ! Mais cela ne veut pas dire qu'on peut fabriquer un être humain atome par atome car on ignore où et comment sont "stockés" l'intelligence, la conscience, les sentiments et autres singularités qui personnalisent chaque individu. On verra que cela pose d'ailleurs des problèmes insolubles dans le cadre de la téléportation.

Les organes vitaux

Si les 80 organes de notre corps (avec l'intertitium) sont importants pour rester en bonne santé, 5 organes sont vitaux : le cerveau, le cœur, les poumons, les reins et le foie. Lors d'une infection multi-organique comme les formes graves de la Covid-19, ce sont les quatre premiers organes qui sont les premiers touchés.

Le cerveau est le centre de contrôle du corps, recevant et envoyant des signaux à d'autres organes à travers le système nerveux et les hormones sécrétées. Il est responsable de nos pensées, de nos sentiments, de la mémoire et de la perception sensorielle du monde.

Le cœur est responsable du pompage du sang dans tout l'organisme, des artères jusqu'aux plus petits capillaires.

Les poumons sont responsables du captage de l'oxygène de l'air que nous respirons et de son transfert dans l'hémoglobine du sang où il peut être envoyé à nos cellules. Les poumons nous permettent également d'évacuer le dioxyde de carbone produit par nos cellules lorsque nous exhalons l'air vicié.

Le travail des reins consiste à éliminer les déchets et le surplus de liquides du sang. Les reins extraient l'urée du sang et la combinent avec de l'eau et d'autres substances pour en faire de l'urine qui sera évacuée du corps par la miction.

Le foie a de nombreuses fonctions dont la détoxification des produits chimiques nocifs, la dégradation des médicaments, la filtration du sang, la sécrétion de la bile et la production de protéines pour la coagulation du sang.

Le corps humain en chiffres

30

trillions de cellules composent notre corps.

100

milliards de cellules forment la peau (tissu épithélial).

200

types différents de cellules.

86

milliards de neurones dans le cerveau.

25000

connexions nerveuses ou synapses maximum par neurone.

2000

cellules meurent chaque seconde soit 50 à 70 milliards chaque jour.

10

à 100 mille milliards de bactéries dans le tractus intestinal.

60

millions de récepteurs sensoriels.

10000

neurones sont perdus chaque jour à partir de 20 ans, 50000 à 40 ans et 100000 à 90 ans.

60

muscles dans le visage dont 20 pour sourire et 40 pour froncer les sourcils.

1000

récepteurs olfactifs permettent de distinguer 50000 odeurs.

431

km/h c'est la vitesse maximale d'un influx nerveux

127

millions de cellules forment la rétine permettant de distinguer 10 millions de nuances.

115200

battements de coeur par jour et 3 milliards en 70 ans.

30

trillions de globules rouges (hématies).

1.5

km est la longueur interne de l'intestin grêle en comptant les villosités (sinon il mesure ~7 m).

42

milliards de vaisseaux sanguins.

150

litres de liquides sont filtrés par les reins chaque jour et ils secrètent 1.5 l d'urine.

5

litres de sang sont pompés chaque minute par le coeur soit 360 litres/h.

2.4

km de capillaires dans les poumons.

100

mètres carrés, telle est la surface d'échange de nos poumons.

5

à 6 litres de sang circulent dans les tissus d'un homme de 65 kg.

300

millions d'alvéoles pulmonaires.

23040

respirations par jour.

1.27

mètre, telle est la longueur de l'ADN pour 2 nanomètres de diamètre.

206

os chez un adulte (contre 270 os chez un bébé dont certains se soudent vers 36 mois).

12000

litres d'air sont inspirés chaque jour soit 40000 hl par an.

800

ml de sueur sont produits chaque jour.

640

muscles et 360 ligaments font mouvoir le corps.

1.7

mètre carré de peau pesant environ 3 kg.

5

millions de follicules pileux sur tout le corps à la naissance.

100000

à 150000 cheveux vers 10 ans. Il en restera au maximum la moitié à 80 ans.

50

à 100 cheveux tombent chaque jour.

1.5

litre de salive est produit chaque jour.

300

millions de virus au minimum sont présents dans le corps humain.

2

tonnes, telle est la masse que peut supporter l'ossature, le fémur étant le plus résistant.

Vers une vision holistique

Contrairement à la tendance qui prévalait encore au siècle dernier, avant tout il ne faut pas oublier que le corps humain est plus que la somme de ses parties. Comprendre comment fonctionne un organe ou un tissu jusqu'au niveau microscopique est une chose très utile mais elle ne dit rien sur ses interactions éventuelles avec les autres parties du corps. Or depuis quelques décennies, les chercheurs ont fini par comprendre que tout l'organisme est en interaction et communique en permanence avec tous les organes.

Depuis quelques siècles, il nous paraît évident que nos sens communiquent avec le cerveau et qu'en retour nous ressentions le monde qui nous entoure. Mais même au début des années 2000, on ignorait l'existence du "cerveau du coeur", du "cerveau du ventre", que les intestins, les reins, les os ou la graisse notamment communiquaient également avec le cerveau. En fait, pratiquement tous les organes et tissus, même ceux apparemment passifs... sont actifs.

Cela remet en question la pratique de la médecine car cela bouleverse la manière de traiter les symptômes et les maladies. Ainsi un mal de tête ou une douleur dorsale a priori du ressort d'un neurologue ou d'un ostéopathe peut trouver son origine dans une malocclusion dentaire. Une hypertension chronique a priori du ressort d'un cardiologue ou d'un endocrinologue peut trouver son origine dans une suractivité du système veineux rénal, etc.

Une vision holistique de la médecine que connaissent très bien les physiologistes (cf. la série TV "Dr House") et de plus en plus d'internes des hôpitaux (les étudiants en 3e cycle) commence à voir le jour pour le plus grand bien des patients.

Dans cet article nous insisterons donc autant sur l'anatomie et la physiologie ou fonctionnement du corps humain que sur les maladies qui peuvent l'affecter. Toutefois, bien qu'on évoquera à l'occasion les méthodes de diagnostic et les traitements, nous laisserons ces sujets aux médecins dont c'est le métier.

Définition

Par abus de langage, on confond régulièrement "pathologie" avec "maladie" ou "symptôme" ou encore avec le terme plus technique de "condition". Même dans la littérature scientifique et la réglementation des soins de santé on parle de "pathologie lourde". Or, la pathologie est définie comme la science des maladies qui étudie leurs causes et leurs symptômes (Lar.). Bien que la confusion soit courante et donc acceptée, sauf exception nous éviterons de l'utiliser comme synonyme de maladie ou de symptôme.

Le bâton d'Asclépios

Que représente le symbole composé d'un bâton enroulé d'un serpent qu'affichent les médecins ? Le bâton d'Asclépios (ou d'Esculape en français) présenté ci-dessous à gauche, symbolise traditionnellement la médecine et les professions médicales, et donc la santé de manière générale (cf. l'emblème de l'OMS).

Son origine remonte à la mythologie grecque. Asclépios, le fils d'Apollon et de Coronis, est le dieu de la médecine et son principal attribut est un bâton enroulé d'une couleuvre (inoffensive pour l'homme) car son culte était lié aux serpents. Le serpent est synonyme de savoir car il s'insinue sous la terre et est censé connaître tous les savoirs et secrets. C'est aussi le gardien du savoir (le serpent à de nombreuses significations).

Eduqué à la médecine par le centaure Chiron, Asclépios reçut d'Athéna deux fioles contenant du sang de Méduse. L'une permettait de tuer et l'autre de ressusciter les morts. Asclépios était tellement habile pour sauver des vies qu'Hadès, le dieu des Enfers, s'en plaignit auprès de Zeus, le roi des dieux, qui tua Asclépios d'un coup de sa foudre car il craignait qu'Asclépios ne rende les êtres humains immortels. Cet acte mit Apollon en colère et il tua les Cyclopes qui avaient forgé la Foudre. Mais Zeus le punit pour impiété et obligea Apollon à servir Admète, le roi de Thessalie, pendant un an. Finalement Zeus rappela Asclépios à la vie sous la forme d'un serpent, réalisant ainsi la prophétie de la fille de Chiron qui avait prédit qu'Asclépios deviendrait un dieu. Etant donné son rôle, Asclépios fut un dieu très populaire dans la Grèce antique.

Soulignons que le symbole du bâton pourvu d'ailes et enroulé de deux serpents présenté ci-dessus au centre, n'est pas le symbole de la médecine bien qu'on l'associe souvent à cette profession. En effet, selon la légende, Hermès, le fils de Zeus et son messager, possédait un bâton magique, le caducée, représenté exactement par ce bâton ailé à deux serpents. Le caducée avait le pouvoir de guérir les morsures de serpent, et de manière dérivée, de mettre fin à n'importe quelle dispute et de réconcilier les ennemis. Mais au XIXe siècle, des médecins militaires américains l'ont confondu avec le bâton d'Asclépios. Le symbole est toutefois utilisé de nos jours pour représenter la confidentialité de la médecine.

Enfin, comme illustré ci-dessus à droite, les pharmaciens ont choisi comme emblème le caducée d'Hygie représenté par une serpent enroulé autour de la coupe d'Hygie, généralement blanc sur fond vert. Hygie est la fille d'Asclépios, le dieu de la médecine, et d'Épione, la déesse de la santé (et petite-fille d'Apollon). C'est une déesse grecque qui veille sur la bonne santé de tous les êtres vivants. Toutefois, depuis le milieu du XXe siècle, certains pharmaciens lui superposent la croix verte ou lui préfèrent simplement la croix verte pour une raison qui reste floue.

Aperçu des professions médicales

En général, tout médecin est appelé familièrement "docteur". Mais nous savons que tous les "docteurs" n'ont pas suivi la même formation, il y a des généralistes et des spécialistes. Les règles d'usage varient selon les pays et leur législation. En Europe, le processus de Bologne a pour but de rapprocher et d'harmoniser les systèmes d'études supérieures européens (comprenant l'espace économique européen, Turquie et Russie comprises).

Dans le cadre de ce processus, il existe deux titres de docteur :

- le docteur titulaire d'un doctorat en médecine porte un titre académique (au même titre que n'importe quel détenteur d'un doctorat). Ce titre de docteur sert également de civilité.

- le docteur titulaire d'un master ou d'un master de spécialisation en médecine porte un titre professionnel (et non plus un titre académique). Mais l'usage veut que son titulaire est également appelé docteur. Pour éviter tout abus de pouvoir, sur les documents officiels (ordonnaces, etc) , le titre de la profession doit être indiqué (cf. Arrêté du Conseil d'Etat, Paris, 2008).

Doctoresses au bloc opératoire. Document T.Lombry.

Le médecin généralise ou praticien est votre médecin traitant (médecin de famille). Titulaire du titre de docteur en médecine après 9 ans d'études supérieures en trois cycles, il maîtrise les principales méthodes d'examens (prise de sang, d'urine, examen radiologique, etc.). Il est habilité à prodiguer des soins médicaux de base, poser un diagnostic et définir le traitement adéquat. Il assure également les interventions d'urgence et oriente les patients vers les spécialistes.

Les médecins spécialistes sont des experts dans leur profession et donc les seuls habilités à réaliser certains actes spécialisés. Ils sont titulaires d'un master en santé publique, d'un master dans leur spécialité, complétés par un doctorat dans leur spécialité, portant leur cursus académique entre 10 et 12 ans d'études supérieures, quand certains ne sont pas titulaires de plusieurs spécialités.

Parmi les médecins spécialistes citons le pathologiste, l'histologiste, le radiologue, le neurologue, le chirurgien, l'infectiologue, le virologue ou microbiologiste, l'immunologiste ou immunologue, le dermatologue, l'orthopédiste, le psychiatre et le psychothérapeute. Soulignons que la majorité des médecins spécialistes ne sont pas conventionnés (la principale raison évoquée est qu'ils ont investi dans du matériel spécialisé qui coûte très cher).

Seul un médecin peut prescrire un traitement médical, signer des ordonnances et demander un examen médical. Après le médecin de famille, le docteur en médecine spécialisé est la première personne à consulter pour établir un diagnostic.

A l'inverse de l'orthopédiste qui est un médecin spécialisé, le podologue n'est pas diplomé en médecine et ne peut pas poser de diagnostics médicaux. En revanche il peut offrir des services (semelles orthopédiques, soins de pédicure, etc). Le kinésithérapeute n'est pas un médecin mais peut offrir des services de santé sur prescription médicale, notamment des massages et des exercices pour améliorer les capacités fonctionnelles des patients. L'esthéticienne n'est pas diplomée en médecine mais peut réaliser des soins dermo-esthétiques. L'épidémiologiste n'est pas un médecin mais un chercheur (qui étudie les épidémies). Le psychologue n'est pas un médecin mais fait pratiquement le même métier qu'un psychiatre. Le physiologiste n'est pas un médecin mais un chercheur en biologie.

Selon que ces personnes travaillent dans des services de santé, des universités, le secteur pharmaceutique/biomédical ou dans les sciences vétérinaires, l'organisation de leur travail peut varier. Ainsi, un immunologiste exerçant dans un hôpital aura tendance à étudier les maladies (docteur pathologiste) ou les allergies (allergologue) alors que s'il travaille pour un laboratoire pharmaceutique, il participera au développement de nouveaux médicaments et thérapies.

Le squelette

Le squelette humain adulte comprend 206 os ainsi qu'un réseau de tendons (muscles structurés en faisceaux de fibres de collagène), de ligaments (tissu conjonctif) et de cartilage qui les relie. Le système squelettique remplit des fonctions vitales de soutien, de mouvement, de protection, de production de cellules sanguines, de stockage de calcium et de régulation endocrinienne sans lesquelles nous ne pourrions pas survivre. Plus qu'une simple structure portante passive, le système squelettique est actif et participe à la bonne santé de l'organisme.

Dans l'ensemble du règne des animaux, les espèces ayant un squelette interne constitué d'os, c'est-à-dire les vertébrés, sont minoritaires. En effet, 98% des animaux sont des invertébrés, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de squelette interne ou pas de squelette du tout.

Le squelette des hommes et des femmes présente quelques variantes, principalement pour facilter l'accouchement. Le bassin ou ceinture pelvienne des femmes est plus plat, plus arrondi et proportionnellement plus grand que celui des hommes. Le bassin d'un homme au niveau de l'os iliaque forme un angle d'environ 90° voire moins tandis que celui d'une femme présente un angle d'au moins 100°.

Alors qu'ils deviennent fragiles à l'extérieur du corps, les os sont très résistants à l'intérieur du corps du fait qu'ils sont vivants, alimentés par un réseau de vaisseaux sanguins du système circulatoire et des nerfs du système nerveux comme on le voit ci-dessous.

Un os typique comprend une couche externe dense et dure. En dessous se trouve une couche d'os spongieux, plus légère et légèrement flexible. Au coeur de certains os se trouve la moelle osseuse qui ressemble à de la gelée où de nouvelles cellules sont constamment produites pour le sang.

On peut également classer le système squelettique en deux parties distinctes : le squelette axial et le squelette appendiculaire. Le squelette axial se compose de la colonne vertébrale, la cage thoracique et le crâne et comprend 80 os. Le squelette axial transmet le poids de la tête, du tronc et des membres supérieurs jusqu'aux membres inférieurs au niveau des articulations de la hanche, ce qui nous permet de maintenir la position verticale.

Le squelette appendiculaire comprend 126 os et est formé par les ceintures pectorales, les membres supérieurs, la ceinture pelvienne et les membres inférieurs. Leurs fonctions sont de permettre la marche, la course et autres mouvements et de protéger les organes principaux responsables de la digestion, de l'excrétion et de la reproduction.

Les os du système squelettique humain sont classés selon leur forme et leur fonction en cinq types : longs (par exemple, le fémur), plats (l'os frontal), sésamoïdes (la rotule), courts (carpes et tarses) et irréguliers (vertèbres). La forme de l'os dépend de sa fonction. Ainsi les os plats protègent les organes internes, les os longs soutiennent le poids et facilitent le mouvement tandis que les os sésamoïdes renforcent les tendons.

A consulter : Planches anatomiques du squelette

Apprentissage de l'anatomie, Visible Body - Bone Histology

La structure de l'os. Documents Pearson Education/Benjamin Cummings et Larousse adaptés par l'auteur.

Certains os produisent des globules rouges. Ils sont produits dans la région abdominale du squelette axial. La moelle osseuse rouge est un tissu mou situé dans des réseaux de tissu osseux spongieux à l'intérieur de certains os. Chez l'adulte, seule la moelle rouge des os du crâne, des vertèbres, des omoplates, du sternum, des côtes, du bassin et aux extrémités épiphysaires des gros os longs produit des cellules sanguines. Cette moelle osseuse rouge produit chaque jour 1000 milliards de cellules sanguines.

Notons que les nourrissons ont plus d'os que les adultes. Un bébé humain nait avec environ 270 os, dont certains fusionneront à mesure que le corps se développe. A l'âge de 36 mois, en principe tous les os sont soudés.

La formation osseuse commence à environ trois mois de gestation et se poursuit après la naissance jusqu'à l'âge adulte. Le sacrum situé à l'extrémité inférieure de la colonne vertébrale, à la jonction du bassin, est un exemple où plusieurs os fusionnent au fil du temps en un seul os. À la naissance, le sacrum est composé de cinq vertèbres avec des disques entre elles. Le sacrum est complètement fusionné en un seul os généralement dans la quatrième décennie de la vie.

Puisque nous grandissons physiquement jusqu'à l'âge adulte, cela prouve bien que les os sont vivants. En fait, toute notre ossature se régénère complètement tous les 5 à 7 ans. Comment cela fonctionne ? Les os sont composés de cellules appelées ostéocytes, entourées d’une matrice extracellulaire minéralisée. Cette matrice est composée de macromolécules qui remplissent les espaces entre les cellules et facilitent leur adhésion et leur organisation en tissus. C'est cette matrice osseuse qui est périodiquement renouvellée grâce à l'action conjointe de deux types de cellules aux effets opposés : les ostéoblastes et les ostéoclastes. Les ostéoblastes synthétisent la matrice osseuse tandis que les ostéoclastes éliminent les tissus osseux vieillissants. Le juste équilibre est assuré par différentes hormones et dépend également des sollicitations mécaniques. On y reviendra à propos des maladies du squelette.

A voir : L'os un tissu vivant, Servier Techblog

Un os dans l'acide chlorhydrique, J.Duperrex

Ci-dessus à gauche, la structure de l'os de la tête du fémur. A droite, la structure d'un os compact à faible grossissement. Il se compose de nombreuses unités parallèles appelées ostéons qui sont étroitement serrées les unes contre les autres pour former la couche externe solide de l'os. Les grands cercles au centre des ostéons sont les canaux de Havers. Dans les tissus vivants, les canaux de Havers sont occupés par des vaisseaux sanguins et des nerfs. Chaque ostéon est constitué de couches concentriques de tissu osseux entourant un canal de Havers. Les traits sombres espacés sont les lacunae et contiennent des ostéocytes (dans l'os vivant). Ci-dessous à gauche, la structure trabéculaire de la partie minérale osseuse d'aspect spongieux et dense d'un os sain de la hanche. A droite, la structure peu ramifiée mais robuste d'un os long d'un sportif. Documents Javier Vila/GIT, Washington U., Patrick Siemer/Flickr et NASA.

Sans articulations notamment nous aurions des difficultés pour bouger. Nous avons des articulations immobiles, légèrement mobiles et des articulations présentant une large gamme de mouvements. Une façon de classer les articulations est par l'amplitude du mouvement. Les articulations immobiles comprennent les sutures du crâne, les articulations de la mandibule et l'articulation située entre la première paire de côtes et le sternum. Certaines articulations ont un léger mouvement comme l'articulation distale entre le tibia et le péroné. Les articulations qui permettent beaucoup de mouvements sont situées dans les membres supérieurs et inférieurs (épaule, poignet, hanche et cheville).

Des capillaires dans les os

Dans un article publié dans la revue "Nature" en 2019, des chercheurs allemands ont annoncé la découverte d'un nouveau réseau de capillaires qu'ils ont appelé les "vaisseaux trans-corticaux" ou TCV. La découverte fut observée dans le tibia d'une souris rendu transparent avec du cinnamate d'éthyle. Pour être certain qu'un réseau similaire de capillaires existe chez l'être humain, l'un des chercheurs de cette étude, Matthias Gunzer, s'est porté volontaire pour une imagerie IRM de son tibia, et découvrit effectivement le même type de réseau TVC bien qu'il est plus épais.

Les TVC servent à transporter rapidement (plus rapidement que les veines et les artères) les cellules matures fabriquées dans la moelle vers le système circulatoire. Cette découverte résout aussi le mystère de l'arrivée si rapide des cellules immunitaires dans la circulation sanguine.

Selon les chercheurs, un tibia de souris qui a la taille d'une allumette peut contenir plus de 1000 petits capillaires. Plus de 80% du sang artériel et 59% du sang veineux passent par ces canaux.

Des études complémentaires sont en cours pour confirmer le rôle exact des TVC.

Pour savoir à quoi cela ressemble, placez un os dans de l'acide chlorhydrique pendant une semaine; il ne restera qu'un os mou uniquement composé de protéines et de collagène. L'acide a dissout les matières minérales (cf. cette vidéo).

A voir : Transparent bones reveal hidden blood vessels, Nature, 2019

A gauche, gros-plan sur le réseau de capillaires (les longs tubes fins sous la paroi osseuse) appelés les "vaisseaux trans-corticaux" ou TCV découverts en 2019 dans un tibia de souris traité avec du cinnamate d'éthyle pour le rendre transparent. Certains remontent jusqu'à la surface de l'os. Ce réseau de capillaires transporte les cellules sanguines matures fabriquées par la moelle vers le système circulatoire. A droite, zoom sur les TCV. Document M.Gunzer et al. (2019).

Les chercheurs ont également découvert que ces capillaires sont plus nombreux chez les souris souffrant de polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune, et chez celles exposées aux rayonnements ionisants, deux sources connues de lésions osseuses.

Cette découverte pourrait conduire à des thérapies pour traiter les maladies inflammatoires comme l'ostéoporose, la polyarthrite rhumatoïde et les tumeurs qui se métastasent dans les os.

Rappelons que d'autres chercheurs ont découvert des canaux similaires reliant la moelle osseuse du crâne au cortex. Des expériences sur la souris ont montré que les cellules immunitaires empruntent préférentiellement ces canaux pour réparer les lésions cérébrales (par exemple suite à un AVC ou une méningite). Si cela fonctionne de la même façon chez l'être humain, cela pourrait conduire à des traitements contre des maladies neurodégénératives dans lesquelles l'inflammation interviendrait, comme la sclérose en plaques et la maladie d'Alzheimer.

L'importance de la posture

Comme chacun en a sans doute fait la douloureuse expérience, une mauvaise position du corps pendant une action ou même au repos ou un faux mouvement peut entraîner des douleurs, non pas seulement à l'endroit soumis à cette pression mais parfois à l'autre extrémité du corps à travers la colonne vertébrale et le système nerveux. Avoir en permanence une bonne posture est important pour ne pas "abîmer" son corps, à savoir ses muscles, ses tendons, ses articulations et son squelette, et ne pas avoir de douleurs pouvant conduire à une inflammation ou devenir chronique. Soulignons qu'un problème de posture peut trouver son origine dans une malocclusion dentaire (voir plus bas).

Rappelons que des exercices de kinésithérapie peuvent faire disparaître des douleurs articulaires ou musculaires, notamment d'origine traumatique. Le kiné apprend au patient à effectuer les bons gestes afin de restaurer si possible totalement la fonction motrice blessée, notamment en renforçant la musculature et l'ossature mais toujours en douceur, sans atteindre le seuil de la douleur.

Maladies du squelette

Les analyses aux rayons X, les IRM (imagerie par résonance magnétique), les tests de densité osseuse et l'arthroscopie sont quelques-uns des principaux outils de diagnostic utilisés par les médecins spécialisés pour détecter les anomalies, les maladies et les déformations du système squelettique. Les scintigraphies osseuses et les biopsies de moelle osseuse sont utilisées pour diagnostiquer le cancer.

La rhumatologie est la science qui étudie, diagnostique et traite les maladies inflammatoires et dégénératives parmi lesquelles l'ostéoporose est la plus fréquente.

Les principales maladies du squelette sont les maladies osseuses métaboliques telles que l'ostéoporose, l'ostéomalacie et quelques autres affections plus rares.

L'ostéoporose est une maladie répandue, en particulier chez les personnes âgées, entraînant la perte de tissu osseux. Les femmes en sont plus sujettes que les hommes en raison de la carence hormonale qui suit le ménopause.

Nous perdons en moyenne 0.2% de densité osseuse par an à partir de 30 ans. A l'âge de la retraite, une femme aura perdu 20% de densité osseuse et cela dépassera 40% à 80 ans ! A cela s'ajoute la perte de masse musculaire. On y reviendra (cf. le système musculaire).

Notons que les astronautes qui effectuent des missions de longue durée dans l'espace (> 6 mois) accusent une forte ostéoporose avec une taux de perte de densité osseuse pouvant atteindre 0.2% par mois soit 120 fois supérieur à celle d'un homme soumis à la gravité terrestre ! Les simulations montrent qu'au retour d'un voyage sur Mars ayant duré un an et demi, la densité osseuse d'un homme de 45 ans est similaire à celle d'un homme de plus de 70 ans ! (cf. le mal de l'espace).

Dans l'ostéoporose, l'os perd ses principaux minéraux dont le calcium et le phosphore, il devient plus mince et peut disparaître complètement, affectant la résistance de l'os. Cette détérioration ne se ressent pas jusqu'à l'apparition d'une fracture suite à un traumatisme souvent bénin comme un choc contre un meuble ou chute qui aurait dû être sans conséquence.

L'ostéporose peut apparaître chez des adultes sportifs et même relativement jeunes. Nous avons expliqué que l'os est vivant et renouvelle ses cellules régulièrement selon un équilibre géré par des hormones. Même si les hormones et les cellules osseuses assurent correctement leur travail, une personne sédentaire ou un sportif âgé de 30 ans peut présenter une perte osseuse de 20% similaire à celle d'une personne retraitée ! Comment expliquer cette ostéoporose précoce ?

Une personne qui est sédentaire ou qui pratique une activité qui ne sollicite pas son ossature perd progressivement de la densité osseuse. On a ainsi découvert qu'un cycliste professionnel s'était fracturé la clavicule alors qu'il était pratiquement à l'arrêt. Pourquoi ? On découvrit qu'il pratiquait le vélo depuis son adolescence. Comme la natation, le cyclisme est un sport dit auto-porté; il sollicite peu les os qui s'adaptent à ce régime en réduisant la production de matrice osseuse. Par conséquent, la densité osseuse diminue progressivement. Malgré une corpulence apparemment sportive, un simple choc anodin sur un os peut le fracturer alors que la même force appliquée sur l'os d'un marcheur, d'un basketteur ou d'un boxeur sera sans effet.

A gauche, une colonne vertébrale saine (gauche) et des vertèbres souffrant d'ostéoporose (droite). Au centre, un schéma explicatif. A droite, un os normal (gauche) et un os présentant de l'ostéoporose (droite). Documents U.Utah, Drugs.com et G.Tirouflet/Medimaps group.

Si la génétique explique 60 à 80% de l'état de santé des os, ce destin inné n'est pas une fatalité. Une manière de renforcer ses os est d'augmenter sa musculation, qui par effet d'équilibre va inciter la matrice osseuse à se densifier. Des exercices en salle peuvent suffire. Cela revient à pratiquer une activité physique. Selon les spécialistes, il suffit par exemple de marcher 30 minutes à 1 heure 2 à 3 fois par semaine avec une intensité moyenne pendant un an pour observer une augmentation de la densité osseuse.

Evitez les sports auto-portés (natation, vélo, aquagym, etc) qui dans ces conditions doivent être pratiqués en complément et non à la place d'un sport dit à impacts comme la marche, la course à pied, le tennis, le badminton. Même le saut à la corde et la course de fonds réduisent l'ostéoporose mais ils sont souvent limités en raison du risque de chute pour le premier et les effets de l'arthrose pour le second.

L'ostéomalacie est une déminéralisation rendant les os "mous" et pouvant conduire à des déformations. Il est souvent provoqué par une carence en vitamine D et résulte d'un défaut dans le processus de construction osseuse. Dan le cas de la colonne vertébrale, une chute peut également accentuer les symptômes en provoquant par exemple un tassement des vertèbres.

L'arthrite regroupe un ensemble de plus de 100 maladies inflammatoires qui endommagent les articulations et leurs structures environnantes. L'arthrite peut attaquer les articulations, les capsules articulaires, le tissu environnant ou tout le corps. Elle affecte généralement les articulations du cou, des épaules, des mains, du bas du dos, des hanches ou des genoux. Le diagnostic est établi par un examen physique minutieux et confirmé par des études de laboratoire et d'imagerie. Le traitement dépend du type d'arthrite. En 2022, selon Global RA Network, les blessures et la dégénérescence du cartilage concernaient plus de 350 millions de personnes dans le monde.

Images radiographiques (gauche) et IRM (droite) de patients sains et présentant de l'arthrite au genou droit. Documents Aboutkidshealth.

L'arthrose est la maladie articulaire la plus fréquente. C'est une dégénérescence du cartilage des articulations sans infection ni inflammation. Il existe cependant des formes présentant des poussées d'inflammations sporadiques. Cette maladie apparaît généralement vers 40-50 ans mais peut être plus précoce ou beaucoup plus tardive. Cette dégénérescence conduit à une destruction plus ou moins rapide du cartilage qui enrobe l'extrémité des os. Cette destruction s'accompagne d'une prolifération osseuse sous le cartilage qui peut déformer le membre si elle n'est pas soignée à temps.

L'arthrose peut se former sur toutes les articulations du corps, de la tête aux pieds. Une personne sportive et en pleine santé de plus de 60 ans et qui n'a jamais eut de douleurs peut malheureusement s'attendre un jour ou l'autre à ressentir soudainement une gène ou une douleur à un endroit précis du corps, généralement après des efforts répétés. C'est le signe que les cartillages situés à l'endroit de la douleur commencent à s'user.

Un marcheur régulier par exemple qui parcourt 5 ou 10 km tous les jours et qui à les pieds creux (très arqués avec des appuis quasi uniquement sur les orteils et le talon) peut ressentir d'un jour à l'autre des picotements sur le haut du pied. En effet, comme la pierre d'angle d'une voûte, cette zone du pied subit les plus fortes contraintes lors de la marche. Pour rappel, le pied comprend 26 os, tous couverts de cartillage aux extrémités. Tous sont sensibles au vieillissement.

Au début, la gène est passagère et disparait normalement en quelques jours. Si la gène persiste ou s'amplifie, la personne doit consulter un podologue qui lui fera divers examens des pieds afin de diagnostiquer une éventuelle pathologie. Dans 90% des cas, on peut facilement soulager cette gène ou cette douleur et même la faire disparaître en portant une semelle orthopédique faite sur mesure qui se place sous le talon et dans le creux du pied. Son effet est immédiat et le changement de posture aussi minime soit-il peut également soulager d'autres parties du corps qui ont dû s'adapter à ce déséquilibre de la posture.

Moralité, écoutez toujours votre corps et mises à part des douleurs concominantes à une blessure ou un accident, consultez un spécialiste dès que la gène ou la douleur devient chronique (persistante depuis plusieurs mois).

Évolution de l'arthrose.

Peut-on régénérer le cartilage en mauvais état ? Si on ne peut pas encore réellement guérir l'arthrose, on peut la ralentir grâce à des médicaments ou l'injection d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), d'anti-arthrosiques symptomatiques d'action lente (AASAL) ou de corticoïdes. La kiné est également recommandée pour prévenir l'ankylose articulaire. L'exposition à la chaleur (lampe IR) soulage la douleur mais elle n'a pas d'effet sur l'évolution de la maladie à long terme.

Une percée médicale très prometteuse dans la régénération des tissus offre un soulagement potentiel aux patients. Dans un article publié dans la revue "Science Advances" en 2022, le Dr Takamitsu Mauyama de l'Institut Forsyth et ses collègues suggèrent une nouvelle approche pour fabriquer des cellules cartilagineuses, y compris une nouvelle compréhension d'une protéine à multiples facettes appelée β-caténine. Cette protéine est impliquée dans la régulation et la coordination de l'adhésion cellule-cellule (le mécanisme d'interaction des cellules les unes aux en fonction des réactions moléculaires, cf. cet article) et de la transcription des gènes.

En résumé, les chercheurs ont conçu une action alternative de la β-caténine appelée GATA 3, responsable de la commutation du rôle des cellules squelettiques. Ce régulateur de gène active l'expression de gènes propres au cartilage dans les cellules.

Selon le Dr Wei Hsu, coauteur de cet article, "GATA3 se lie aux séquences du génome nécessaires à la reprogrammation. GATA3 change la donne car nous pouvons l'utiliser pour potentiellement changer n'importe quelle cellule somatique en une cellule formant du cartilage."

Images radio et IRM d'un genou sain. Document Orthopédie pour tous.

Dans une autre étude publiée dans la revue "Aging Cell" en 2023, Arijita Sarkar de l'Université de Sud Californie (USC) et ses collègues ont testé le facteur de transcription STAT3 pour régéner les cellules cartilagineuses chez la souris, un mécanisme qui reste encore en partie mystérieux. STAT3 assure également divers rôles dans le développement et la régénération, ainsi que dans les maladies inflammatoires et le cancer.

Les chercheurs ont également étudié l'enzyme appelée ADN méthyltransférase 3 bêta (DNMT3B), qui interagit avec STAT3. Lorsque STAT3 est inactivé, DNMT3B ajoute des marques de vieillissement à la molécule d'ADN et favorise la progression de l'arthrose du genou chez les souris blessées. Il faut donc trouver un moyen d'utiliser ces deux molécules ensembles sans activer leurs effets négatifs.

En résumé, les expériences montrent que des cellules immatures peuvent fabriquer du cartilage qui se régénère de manière juvénile pendant le développement embryonnaire ou une blessure aiguë. En revanche, ce mécanisme est susceptible de favoriser l'inflammation et, finalement, la dégénérescence et la fibrose. À l'avenir, les chercheurs vont tenter d'exploiter le pouvoir de STAT3 pour favoriser la régénération sans exploiter sa tendance à déclencher l'inflammation. À long terme, ils espèrent mettre au point un médicament qui régénère le cartilage.

Ces découvertes ouvrent de nouvelles voies dans la recherche sur le génome. Il s'agit également d'une percée passionnante dans la recherche sur la régénération des tissus (cf. les expériences faites sur les axolotls) qui pourrait avoir d'énormes implications pour la mise au point de nouveaux traitements pour les patients souffrant de lésions et de dégénérescence du cartilage.

Dans une étude similaire publiée en 2020, des chercheurs de l'Ecole de Médecine de l'Université de Stanford ont découvert un autre moyen de restaurer le cartilage articulaire en causant de légères blessures au tissu articulaire, puis en utilisant des signaux chimiques pour diriger la croissance des cellules souches squelettiques pendant la guérison des blessures. Mais les chercheurs ont besoin de plus d'expérimentation pour concevoir une solution de régénération du cartilage. Malheureusement, dans les deux cas, nous sommes encore loin des essais cliniques et d'un traitement possible mais ces études sont prometteuses.

La scoliose est également fréquente. Il s'agit d'une courbe latérale du dos ou de la colonne vertébrale, créant souvent une forme prononcée en C ou S lorsqu'elle est observée sur une radiographie de la colonne vertébrale. Cette déformation se développe généralement au cours de l'adolescence. Si les formes sévères peuvent être invalidantes, beaucoup de personnes ayant une légère scoliose vivent normalement avec cette déformation et pratiquement sans s'en rendre compte ou sans que cela leur pose le moindre handicap. Toutefois, passé 50 ou 60 ans, cette déformation peut localement entraîner une lombalgie.

La lombalgie et autre névralgie sont liées à des pathologies discales. Jusqu'à 90% des personnes souffrent de douleurs au bas du dos à un moment de leur vie. Si parfois un nouveau sommier ou un nouveau matelas (et de nouveaux fauteuils et siège de bureau) peut supprimer ces douleurs, en général cela ne suffit pas car la douleur parfois aiguë peut survenir n'importe quand ou suite à certains mouvements du corps qu'il est difficile d'anticiper (au sortir du lit, en se retournant dans le lit, en se levant d'un fauteuil, en soulevant un objet lourd, etc). En effet, en portant une charge ou en effectuant un mouvement du torse, la pression exercée sur la colonne vertébrale entraîne une déformation des disques intervertébraux. C'est plus fréquent si la personne présence déjà une scoliose. 

A lire : Prévention des lombalgies, CHU Nice

Anatomie de la colonne vertébrale et des mouvements intervertébraux. Documents Chirurgie Dos et CHU Nice/INRS.

Avec l'âge les vertèbres et les disques intervertébraux vieillissent et se fragilisent. Certains disques, en particulier au niveau des lombaires (L1-L5) ou lombo-sacrées (L3-L5, S1-S2) peuvent déborder de leur logement et toucher les nerfs sensitifs de la moelle épinière, engendrant une douleur légère ou aiguë mais généralement temporaire si la déformation du disque est passagère (la douleur peut disparaître d'elle-même en une à quatre semaines).

Si la douleur persiste ou se répète, la première chose à faire est de consulter son médecin et de procéder à une radiographie de la région douloureuse de la colonne vertébrale pour identifier la pathologie.

La douleur peut provenir d'une inflammation, un rhumatisme inflammatoire (spondylarthrite) de la colonne vertébrale. Dans ce cas, un médicament anti-inflammatoire peut résoudre le problème.

Dans certains cas, la douleur n'apparaît pas lors de la pratique d'un sport (marche, vélo, natation, etc.) mais uniquement en posture assise et souvent dans des sièges faussement ergonomiques ou dans des fauteuils trop moelleux qui déforment la colonne vertébrale.

On peut également ressentir cette douleur suite à une scoliose ou une arthrose (voir plus haut). La douleur survient lorsqu'on ne fait pas attention à la balance rachidienne comme illustré ci-dessous, notamment en portant des masses lourdes, en s'asseyant ou se relevant d'un siège ou d'un fauteuil, lorsqu'on sort du lit ou lors d'un retournement dans son lit. La douleur lombaire se situe à l'endroit du pincement du ou des disques intervertébraux.

La balance rachidienne (à gauche) et les différentes pathologies discales (au centre et à droite). Documents CHU Nice/INRS.

La personne éprouvant ces douleurs peut être soulagée en faisant attention à sa posture et en effectuant des exercices musculaires ou un sport pour renforcer les muscles du caisson abdominal (les muscles du dos et de l'abdomen). Parmi les exercices simples à pratiquer, marcher régulièrement 5 ou 10 km ou 1 ou 2 heures plusieurs fois par semaine peut déjà renforcer les muscles et éviter les douleurs aïgues (elles peuvent disparaître mais il restera à supporter de temps en temps une douleur diffuse). L'idéal pour le corps est de ne pas rester assis toute la journée et de bouger.

Sur les conseils de son médecin, la personne peut aussi porter une ceinture lombaire de compression (cf. le modèle lombaire intégral et gonflable de Mal de Dos Solutions, préférable aux modèles bas de gamme chinois) qui va légèrement soulever les vertèbres et supprimer la douleur en replaçant correctement le disque intervertébral concerné. Mais il ne faut l'utiliser qu'un court laps de temps, juste pendant et une heure après la douleur, car portée en permanence elle provoque une atrophie musculaire.

En cas de douleurs consécutives à un accident (par ex. une chute) ayant entraîné une fissure ou la fracture d'une ou plusieurs vertèbres (souvent chez les personnes souffrant d'ostéoporose), la personne devra porter un corset rigide pendant 1 à 2 mois (sauf la nuit) pour faciliter la reconstruction de l'os. 

Si la douleur devient chronique, il faut recourir à des traitements tels que des médicaments topiques (appliqués à un endroit précis du corps), des patches ou une stimulation électrique. Bien que le risque ne soit pas nul, certaines douleurs peuvent également être supprimées en recourant au service d'un ostéopathe ou d'un chiropracteur.

Mais chez les femmes âgées d'au moins 60 ans et présentant une forte ostéoporose, une chute peut se solder par un tassement des vertèbres et des douleurs chroniques qu'il sera très difficile de traiter. Dans ce cas, la personne ne devra plus restée seule ou au moins compter sur l'aide d'une béquille ou d'une tribune sur roulettes pour se déplacer en sécurité. L'apport de protéines favorisant la sécrétion de l'hormone IGF-1 qui stimule la production osseuse et la prise de vitamine D sont également recommandés.

L'une des maladies les plus rares du système squelettique est le cancer des os. Il peut naître dans l'os ou s'étendre à partir d'une autre partie du corps. Les cancers qui se métastasent (ceux provenant d'autres parties du corps et se propagent ensuite aux os) sont beaucoup plus fréquents que les cancers primaires des os.

Le cancer des os est une tumeur dite maligne (c'est-à-dire cancérogène pouvant s'aggraver et potentiellement mortelle) qui se développe dans les os et les structures de soutien telles que le cartilage. La pathologie est souvent observée chez les patients jeunes adultes et dans la trentaine alors que le cancer du poumon et le cancer du sein sont généralement diagnostiqués plus tard dans la vie.

Si la leucémie est un cancer qui affecte principalement le sang, le système squelettique est également impliqué car ce cancer commence dans la moelle osseuse. En effet, les globules blancs anormaux se multiplient de façon incontrôlable, affectant la production de globules blancs et de globules rouges normaux.

La bursite ou hygroma est un trouble qui affecte le plus souvent les articulations de l'épaule, du coude, de la hanche et des genoux. Cette maladie est provoquée par une inflammation et un gonflement de la bourse, c'est-à-dire des "petits sacs" remplis de fluide formant des coussinets entre le tendon et l'os qui agissent comme des surfaces lubrifiantes permettant aux muscles de se déplacer sur les os.

Le système squelettique étant plutôt rigide, sous un choc ou une forte tension l'os peut se fissurer, se déformer ou se fracturer. Alors que les os sont destinés à protéger les organes vitaux du corps, il faut une pression d'environ 4 à 7 kg pour briser un os moyen. Le fémur ainsi que les os du crâne sont beaucoup plus difficiles à casser. Le fémur est l'os le plus résistant, capable de supporter jusqu'à 1 tonne de pression, soit supérieure à la résistance du béton.

A propos des dents, nous verrons à propos des technologies du futur en en particulier en médecine, qu'à l'avenir il sera possible de réparer naturellement la dentine et l'émail des dents. Enfin, des chercheurs ont également mis au point de l'os artificiel qui dans certains cas peut remplacer une prothèse.

Les maladies osseuses étant nombreuses et parfois originaires d'autres systèmes biologiques (circulatoire, nerveux, immunitaire, etc), il est recommandé de consulter en premier lieu son médecin traitant. S'il n'identifie pas la source de la douleur, alors il faudra consulter un ou plusieurs spécalistes, y compris parfois spécialisé dans un domaine a priori sans lien direct avec les symptômes comme un neurologue (dans le cas par exemple d'une sciatique ou d'une tendinopathie dans la jambe ou le pied).

Spécialistes : Radiologue, rhumatologue, orthopédiste, ostéopathe, podologue, physiologiste et kinésithérapeute avec ou sans spécialisation dans le sport.

Les dents

Comme évoqué, les dents sont considérées comme faisant partie du système squelettique mais elles ne sont pas comptées parmi les os. Les dents jouent un rôle clé dans le système digestif en assurant la mastication des aliments et, avec la langue et la salive, elles facilitent la déglutition grâce à la mise en occlusion des arcades dentaires.

La couronne représente la partie visible de la dent et est séparée de la racine située sous la gencive par le collet. Les dents sont faites de dentine recouvertes d'émail. La dentine également appelée "ivoire" est la substance la plus minéralisée (97% d'hydroxyapatite et 3% de matière organique) et donc la plus dure (mais pas nécessairement la plus résistante) du corps. Elle est produite par des odontoblastes, des cellules qui se trouvent au niveau de la pulpe dentaire.

Caractéristiques des dents. Poster de 91x68 cm de La Maison des Instituteurs imprimé dans les années 1960 restauré par l'auteur.

L'émail est transparent et c'est la dentine qui donne la couleur des dents. En vieillissant, l'émail s'amincit et la couleur jaunâtre de la dentine devient plus apparente. La dentine s'oxyde également et absorbe les colorants qu'on ingère (café, thé, curry, carottes, etc) ainsi que la nicotine dans le cas des fumeurs. Pour obtenir un émail blanc, il faut donc décolorer la dentine, c'est-à-dire utiliser un produit de blanchiment (l'oxyde d’aluminium ou le bicarbonate de sodium) qui va oxyder la dentine et la rendre blanche. En parallèle, il est conseillé de renforcer l'émail en se brossant les dents avec un dentifrice au fluor.

Notons que la plaque dentaire est une fine pellicule composée de salive, de microbes et de cellules mortes qui se dépose sur les dents. C'est un processus normal lié au manque de brossage régulier des dents. La plaque dentaire se dépose en moins de 24 heures. Au bout de 72 heures, elle durcit (elle se calcifie) et se transforme en tartre.

Effet du déséquilibre des arcades dentaires

Soigner sa dentition est nécessaire car son manque d'entretien ou une malformation peut aussi entraîner d'autres symptômes auxquels on ne pense pas immédiatement.

Une malocclusion (voir plus bas), c'est-à-dire un mauvais positionnement des arcades dentaires (mâchoires et mandibules), le bruxisme (le fait de frotter ou grincer inconsciemment les dents qui les use excessivement) ou même une intervention dentaire comme le placement d'un implant, d'un bridge ou d'une couronne trop massive peut entraîner de sérieux problèmes musculo-squelettiques pouvant avoir des répercutions tout le long de la colonne vertébrale, ce qui fait dire aux dentistes que "les mâchoires sont les premières vertèbres".

Une étude a ainsi montré que le simple fait de déséquilibrer une arcade dentaire peut induire une scoliose (cf. M.D'Attilio et al., 2005). Dans cette expérience, des chercheurs fixèrent de l'acrylique sur les molaires de 30 rats de façon à créer un inconfort lors de la mastication. Les rats ont présenté une scoliose importante après une semaine. Dans un deuxième temps, on rééquilibra l'occlusion et la scoliose disparut chez 83% des sujets.

Chez l'être humain, tout déséquilibre des arcades dentaires peut se manifester par des douleurs au niveau des muscles et des articulations de la mâchoire et des migraines. L'ouverture de la bouche peut être difficile à cause de cette douleur. Ce sont les symptômes typiques d'une inflammation des muscles de la mâchoire et d'une possible lésion du disque articulaire situé à la jonction des deux os (entre le condyle de la mandibule et la fosse de la mâchoire). Lorsque ces symptômes s'aggravent, les articulations peuvent craquer et les oreilles se boucher. Le cou et les épaules deviennent douloureux et on peut avoir des crampes. Si on ne traite pas le problème, cela peut entraîner une perforation irréversible du disque articulaire, une pathologie qu'on peut déjà rencontrer chez des enfants.

Pour y remédier, soit le dentiste revient sur la dernière opération qui aurait déséquilibré les arcades dentaires soit le déséquilibre est entretenu par la nervosité du patient (on observe par exemple le bruxisme chez les salariés stressés par leurs conditions de travail) et affecte à présent les articulations et les muscles de sa mâchoire.

Une inflammation n'apparaît pas sur les radiographies dentaires. Seule une IRM (mais qui est plus rarement pratiquée) permet de confirmer s'il y a ou non une lésion sur l'articulation ou dans d'autres tissus. Après le traitement de l'inflammation pendant quelques jours, si l'explication est d'origine nerveuse, le dentiste peut proposer de placer une plaque ou gouttière occlusale faite sur mesure et amovible adaptée à l'une des arcades dentaires du patient afin de soulager ses muscles et ses articulations. Cet accessoire se porte la nuit mais on peut occasionnellement l'utiliser la journée. Si l'origine du problème a bien été identifiée, en quelques jours tout le corps ressentira les bienfaits de ce petit accessoire peu handicappant et qui permet toujours de parler. Les gouttières sont aussi utilisées pour protéger les dents contre le bruxisme.

Risques associés au traitement par anticorps monoclonal

Tout médecin vous dira que les anticorps monoclonaux qui agissent sur le système immunitaire exposent à un risque d'infections graves. Pour rappel, les anticorps sont des agents fabriqués par le système immunitaire et viennent en renfort pour lutter contre les pathogènes. Ils sont spécifiques, c'est-à-dire qu'ils ne reconnaissent qu'un seul type de déterminant antigénique ou épitope (ou domaine de liaison) sur un antigène. On parle d'anticorps monoclonaux quand ils sont clonés en laboratoire en plusieurs milliers d'exemplaires à partir d'une seule cellule d'anticorps. On les utilise notamment pour lutter contre certains cancers, des malades inflammatoires, contre le rejet des greffes, pour diminuer la charge virale, etc.

A gauche, représentation d'un anticorps basé sur l'analyse de sa structure en rayons X. A droite, pour prévenir tout risque chacun devrait consulter son dentiste au moins une fois par an pour un contrôle général. Documents Shutterstock et xen32 et Deposit Photos.

Le chirurgien-dentiste (qui soigne les problèmes dentaires) ou le parodondiste (qui traite les problèmes de santé autour de la dent) par exemple qui est confronté quotidiennement à la gestion du risque infectieux doit être informé avant de prendre un patient en charge que ce dernier suit un traitement avec un anticorps monoclonal. A titre préventif, un traitement antibiotique peut être prescrit. Lors d'une extraction dentaire ou d'une dévitalisation par exemple, le dentiste en accord avec le médecin prescripteur peut décider de suspendre temporairement le traitement par anticorps monoclonal. De plus, pour éviter tout risque d'infection il doit également respecter un protocole sanitaire strict et travailler pour ainsi en chambre blanche. Enfin, le dénosumab, un médicament utilisé pour traiter l'ostéoporose et les pertes osseuses liées à certains cancers, nécessite un examen dentaire et des soins préventifs éventuels avant de débuter le traitement.

Maladies dentaires

Sans entrer dans les détails, il existe une dizaine de maladies dentaires :

- La carie est provoquée par le manque d'entretien des dents ou leur détérioration. Les bactéries du microbiote buccal se nourrissent de sucre et produisent des acides qui déminéralisent l'émail et finissent par mettre la dentine à nu. Pour éviter les caries, il faut donc réduire la consommation de sucres sous toute ses formes (y compris des boissons dites "light") et consulter un dentiste au moins une fois par an. C'est en effet lors d'une visite d'entretien chez le dentiste qu'il peut diagnostiquer les plus petites caries et les traiter afin qu'elles ne s'étendent pas à l'insu du patient et détruisent ses dents.

- La pulpite est une inflammation de la pulpe dentaire. Elle est liée à une carie ou un traumatisme dentaire.

- La gingivite est une infection dentaire, une inflammation de la gencive pouvant être accompagnée d'un abcès. Généralement d'origine bactérienne, elle peut survenir après une "simple" opération dentaire même si le dentiste et son assistant ont respecté tous les protocoles. Elle peut être associée à des pathologies dégénératives ou nécrotiques.

- La parodontite est une atteinte des tissus parodontaux, c'est-à-dire tous les tissus de soutien de la dent : cément, gencive, ligaments et os. Elle fait souvent suite à une gingivite. Si elle n'est pas traitée elle peut conduire à la perte de la dent. Elle peut aussi être la conséquence des effets secondaires de certains médicaments.

- La malocclusion est un défaut d'alignement ou d'emboitement des dents des deux arcades dentaires (mâchoires et mandibules) qu'on observe lors de la fermeture des dents. Le patient peut l'avoir de naissance, pendant l'enfance (suite à la croissance faciale et la pression de la langue sur les dents), ou suite à un traumatisme dentaire. Sauf pour des raisons esthétiques (par exemple une béance antérieure avec une ouverture importante entre les incisives) ou  une pathologie grave, en général on vit avec et on peut juste éventuellement rectifier l'alignement ou la hauteur de certaines dents.

- Les dents incluses. Il s'agit d'une inclusion provoquée par un encombrement dentaire empêchant la poussée normale d'une nouvelle dent. Elle se produit la plupart du temps chez les jeunes enfants après la perte d'une dent de lait lors de la croissance des dents définitives.

- Les tumeurs épithéliales (par exemple celles affectant l'émail ou le mésoderme), osseuses, cartilagineuses et conjonctives.

- Le cancer des gencives, souvent lié au tabagisme. Les symptômes annonciateurs sont une douleur permanente à la gencive ou lors de la mastication et de la déglutition, des saignements spontanés de la gencive et le déchaussement des dents.

Spécialiste : Dentiste, parodontiste, ondotologiste.

La peau

Bien qu'elle n'en ait pas l'air, la peau est un organe et même le plus grand du corps humain. Également appelé le système tégumentaire, il comprend la peau, les cheveux, les ongles, les glandes et les récepteurs nerveux.

La peau d'un adulte moyen représente une surface d'environ 1.7 m2 et pèse environ 3 kg (on avance des poids de 5 à 10 kg pour un homme de 1.80 m). Elle se renouvelle tous les 27 jours.

Pour les personnes peu sensibles que les dissections ne rebutent pas, voici une photo prise lors de l'exposition "Body World" de Gunther von Hagens du cadavre d'un véritable homme écorché plasticisé tenant sa peau (photo prise par Urijamjari).

Gros-plan sur l'épiderme d'une peau peu poilue ayant un naevus mélanocytaire ou grain de beauté. A droite, coupe de la peau photographiée au microscope optique révélant l'épiderme (au-dessus, en brun et mauve) et le derme (en dessous, en rose). L'épaisseur de l'épiderme est d'environ 0.1 mm (100 microns), celle du derme entre 0.5 et 1 mm. Documents iStock et Galderma adapté par l'auteur.

La peau assure l'imperméabilisation du corps et amortit les chocs mécaniques. La plus grande partie de la peau est composée d'eau, de protéines, de lipides et de différents minéraux et substances chimiques.

La peau excrète les déchets, régule la température et prévient la déshydratation en contrôlant le niveau de transpiration. Elle abrite également des récepteurs sensoriels qui détectent la douleur, la pression et les sensations chaud-froid.

La peau est également la première défense de l'organisme contre les bactéries, les virus et autres microbes. La peau et les cheveux offrent une protection contre les rayons ultraviolets nocifs et protège également le corps contre les coups de soleil en sécrétant de la mélanine. Ce pigment généralement de couleur brun foncé/noir protège les cellules contre l'excès d'énergie en absorbant le rayonnement électromagnétique, y compris la lumière. Il est également doté de propriétés radioprotectrices (qu'on retrouve par exemple chez les champignons radiotrophes). La couleur de la peau humaine est déterminée par de nombreux gènes qui influencent l'interaction entre la mélanine, le carotène et l'hémoglobine (cf. la variabilité de la pigmentation de la peau)

Le stockage de l'eau, de la graisse, du glucose et de la vitamine D sont également une fonction du système tégumentaire.

Contrairement à une rumeur tenace, la peau ne respire pas; c'est le rôle des poumons ! (en revanche, la peau des grenouilles respire au sens propre).

Notre épiderme représente entre 5 et 10% de notre poids (contre 1% chez un éléphant). Chez l'être humain, en moyenne le rapport peau/masse représente 0.5 cm2 par gramme, une valeur relativement faible comparée à d'autres animaux, notamment les plus petits (par ex. 2 cm2/gr chez la musaraigne). Cela signifie que nous conservons relativement bien notre chaleur corporelle. C'est la raison pour laquelle les plus petits animaux radient fortement en infrarouge thermique et doivent continuellement se nourrir pour conserver leur niveau d'énergie. Passé sous une certaine taille, la nature a même préféré changer de stratégie et les plus petits animaux sont dits à sang froid.

Concernant la résistance à la température, exposée à 44°C la peau subit des brûlures du 1er degré. A partir de 52°C, on observe une destruction rapide des tissus et à partir de 60°C, les protéines de la peau sont détruites. Du côté froid, un corps nu ne survit pas à une température inférieure à 15°C. Il faut recourir à des astuces comportementales (habitat et vêtements) pour survivre dans des conditions plus sévères.

La peau humaine est composée de trois couches de tissu : l'épiderme, le derme et l'hypoderme.

L'épiderme

L'épiderme est la couche supérieure et superficielle de la peau et ne contient pas de vaisseaux sanguins (le sang qu'on observe lorsqu'on s'égratigne ou se coupe provient du derme). Alors que son épaisseur moyenne ne dépasse pas 0.1 mm ou 100 microns, l'épiderme est constitué de 40 à 50 couches de cellules empilées appelées cellules squameuses ou kératinocytes. Ces cellules produisent de la kératine, une protéine fibreuse et imperméable à l'eau (à l'exception de la muqueuse de la peau à l'intérieur de la bouche). La kératine est également un composant clé des cheveux et des ongles.

Les kératinocytes reposent sur une membrane constituée de composants de la matrice extracellulaire qui assurent la jonction avec le derme, la couche profonde de la peau.

Coupe histologique de la peau (gauche) et caractéristiques générales des récepteurs situés dans la peau (à droite). Les afférences ou entrées tactiles qui innervent la peau présentent une diversité morphologique, fonctionnelle et développementale. Les terminaisons lancéolées, les complexes neurites-cellules de Merkel, les terminaisons de Ruffini et les terminaisons nerveuses libres innervent la peau poilue. Ces récepteurs ont des sorties neuronales uniques facilitant leur classification. Les terminaisons lancéolées sont des afférences de la base du poil qui s’adaptent rapidement. Ce sont des récepteurs tactiles exceptionnellement sensibles qui dépendent de la neurotrophine-4 pour se développer correctement. Les complexes neurites-cellules de Merkel assurent la médiation des réponses à adaptation lente de type I qui se caractérisent par un schéma de déclenchement irrégulier lors d'une pression soutenue. Les terminaisons de Ruffini transmettent des réponses à adaptation lente de type II et sensibles à l’étirement. Les voies de développement n'ont pas encore été définies pour ces récepteurs. Les terminaisons nerveuses libres qui innervent abondamment l'épiderme incluent les nocicepteurs et les fibres C à seuil bas. Les corpuscules de Pacini sont des récepteurs de vibrations lamellaires qui produisent des réponses s’adaptant rapidement. Dans la peau glabre des paumes et de l'extrémité des doigts, les corpuscules de Pacini qui adaptent rapidement les corpuscules de Meissner (non représentés), les complexes neurites-cellules de Merkel et les terminaisons nerveuses libres constituent la majorité des récepteurs tactiles. Document ERPI et E.A.Lumpkin et al. (2010) adapté par l'auteur.

Chez les humains, les kératinocytes se renouvellent tous les 21 jours. Seule la couche la plus profonde de l'épiderme est alimentée par la couche inférieure. Les cellules éloignées de cette couche finissent par mourir. Quand elles atteignent la surface de la peau, elles forment la surface cornée composée principalement de cellules mortes ou cornéocytes qui sont évacuées. La peau se libère ainsi de millions de cornéocytes chaque jour.

Le renouvellement de l'épiderme est assuré par la prolifération et la différenciation cellulaires qui maintiennent l'équilibre des tissus matures. Cet équilibre appelé homéostasie est indispensable au bon fonctionnement des tissus. Son altération est responsable des changements physiques associés au vieillissement (voir plus bas).

L'épiderme est également constitué de mélanocytes qui produisent de la mélanine, le pigment noir qui donne sa couleur à la peau. Il comprend également les cellules de Merkel qui participent à la réception tactile ainsi que les cellules de Langerhans qui aident le système immunitaire à combattre les antigènes (les corps étrangers).

Le derme

Le derme est la couche intermédiaire de la peau d'une épaisseur variant entre 0.1 et 1 mm et comprend en réalité deux couches. La couche papillaire est constituée du tissu conjonctif lâche tandis que la couche réticulaire est la couche profonde du derme constituée d'un tissu conjonctif dense. Ces couches fournissent l'élasticité, permettant l'étirement tout en empêchant le froissement et l'affaissement.

La couche dermique est le siège des terminaisons nerveuses et des vaisseaux sanguins. C'est également dans le derme qu'on trouve les follicules pileux qui assurent la croissance des poils et des cheveux. Il abrite également les glandes sudoripares et les glandes sébacées qui sont attachées aux follicules pileux.

Enfin, le derme contient également les vaisseaux lymphatiques qui fournissent le liquide clair contenant les globules blancs du système immunitaire qui permettent d'éviter les infections et d'écarter les corps étrangers.

L'hypoderme

L'hypoderme également appelé tissu sous-cutané est la couche la plus profonde de la peau. Il isole le corps et amortit les chocs afin de protéger les organes internes. L'hypoderme est composé de tissu conjonctif appelé tissu adipeux qui stocke l'énergie excédentaire sous forme de graisse. Les vaisseaux sanguins, les vaisseaux lymphatiques, les nerfs et les follicules pileux traversent également cette couche de peau.

Le microbiote cutané

Selon les microbiologistes, chaque centimètre carré de notre peau abrite entre 1 million et 10 millions de bactéries, auxquelles il faut ajouter des virus, des levures et des acariens. Parmi ces derniers, citons le démodex, un animacule mesurant entre 0.1 et 0.4 mm qui vit près des follicules pileux du visage. On le trouve également sur les paupières (cf. A.Rousseau et al., 2020). On compte jusqu'à 10 démodex par centimètre carré de peau. Il se nourrit des cellules de peaux mortes mais n'excrète rien (il n'a pas d'anus) sauf un peu de gaz. En fait il se nourrit et grossit jusqu'à en mourir. Son cycle de vie dure 14 jours.

Les mains peuvent abriter jusqu'à 80 millions de bactéries par centimètre carré appartenant à 1000 espèces différentes. Les bactéries peuvent survivre durant 3 heures. Les mains humides transportent 1000 fois plus de bactéries que les mains sèches. La température optimale pour leur développement est de 37°C.

Même si nous nous lavons tout le corps et que la plupart des bactéries disparaissent, du fait qu'elle présentent un taux de reproduction élevé et sont omniprésentes, leur population se reconstitue en une demi-heure (E.coli se multiplie toutes les 20 minutes).

Ces raisons expliquent pourquoi la plupart des germes sont transmis par les mains. Il est donc recommandé de se laver régulièrement les mains au savon et de ne pas les porter à sa bouche ou sur d'autres muqueuses pour éviter toute contamination. Pour les mêmes raisons, il faut désinfection régulièrement toutes les surfaces qu'on touche avec les mains (tables, poignées, clavier, interrupteurs, lunettes de vue, etc).

A gauche, résultat de la mise en culture (quelques jours à 37°C ) de l'empreinte de la main d'un enfant de 8 ans qui était simplement sorti jouer dehors comme d'habitude. A moins d'avoir un système immunitaire déficient, ces batéries ne sont pas dangereuses mais cela prouve qu'il y a de bonnes raisons de se laver les mains régulièrement ! A droite, la mère de l'actrice Kristen Bell est infirmière et lui rappela l'intérêt de bien se laver les mains au savon. Elle a mis de la crème Glo Germ sur ses mains, les a plus ou moins lavées puis les éclaira sous les UV. On constate qu'il faut se laver les mains au savon, y compris entre les doigts, la paume et sous les ongles, au moins 30 secondes pour supprimer tous les germes, l'effet moussant permettant de les déloger plus facilement. Documents Tasha Sturm/Cabrillo College et Kristen Bell/Instagram.

Le microbiote cutané nous est très utile. En effet, il joue un rôle de protection active face aux attaques des pathogènes, ilfavorise le fonctionnement du système immunitaire et la cicatrisation et interagit avec d'autres systèmes organiques. Voici un résumé des fonctions qu'il assure.

Comme illustré ci-dessous à gauche, différents facteurs (locaux, systémiques, environnementaux et liés au style de vie) influencent la colonisation microbienne de la peau et contribuent ensemble à la colonisation et à la stabilité du microbiome cutané. Certains facteurs pouvant être controlés, sur les conseils d'un dermatologue chacun peut donc agir pour préserver la bonne santé de son microbiote cutané.

Ensuite, le microbiote cutané assure différents niveaux de protection comme illustré ci-dessous au centre. Les microbes cutanés constituent la première barrière contre l'environnement grâce à divers mécanismes de résistance à la colonisation, notamment l'exclusion des ressources, l'inhibition directe et/ou l'interférence. Le microbiote cutané contribue également à la différenciation et à l'épithélialisation (la régénération de l'épithélium) de la barrière physique cutanée. Les microbes renforcent la barrière chimique de la peau en produisant des lipases qui digèrent les triglycérides du sébum pour libérer les acides gras, qui amplifient l'acidité de la peau et limitent la colonisation par des espèces transitoires et pathogènes. Enfin, les microbes stimulent les défenses immunitaires innées et adaptatives telles que la libération de peptides antimicrobiens, l'induction de la tolérance néonatale et le développement d'une immunité protectrice.

A gauche, les facteurs qui influencent la colonisation microbienne de la peau. Les microbes hydrophiles et lipophiles sont indiqués respectivement par une gouttelette d'eau (bleue) et une gouttelette d'huile (jaune). Au centre, illustration des différents niveaux de protection assurés par le microbiote cutané. A droite, les interactions cutanées avec d’autres systèmes organiques sont médiées par le microbiote. Voir le texte pour les explications. Documents Kellie Holoski/Science pour T.Harris-Tryon et al. (2022).

Un troisième rôle important du microbiote cutané sont ses interactions avec d'autres systèmes organiques comme illustré ci-dessus à droite. De nouvelles preuves mettent en évidence le rôle des interactions cutanées avec des systèmes organiques distants, qui sont motivées par les interactions hôte-microbiote. Quatre exemples d'interférences entre la peau et d'autres systèmes organiques sont représentés. (A) La sensibilisation allergique de la peau, associée à l'infection à S.aureus (le Staphylocoque doré) entraîne une inflammation pulmonaire dépendante de l'IL-36, suggérant un mécanisme potentiel de "marche atopique". (B) Les lésions cutanées libèrent des fragments d'hyaluronane de manière systémique, ce qui entraîne une adipogenèse réactive, une inflammation intestinale et une dysbiose dans les modèles murins. (C) Au cours de l'infection, S.aureus libère des toxines porogènes qui sont impliquées dans l'activation directe des nocicepteurs et dans la cause de la douleur (TRPV1 est le récepteur du canal cationique activé par des molécules de la sous-famille des vanilloïdes (V) en réponse à un stimulus thermique). (D) Le microbiome intestinal et les fibres alimentaires contribuent à la réponse du mélanome à la thérapie par point de contrôle immunitaire, entraînant l'accumulation de lymphocytes T cytotoxiques et la destruction des cellules tumorales.

Le vieillisement de la peau

Les adultes ne démentiront pas que la peau subit les effets du temps et vieillit. Bien que la génétique joue un rôle, on peut ralentir ce processus inexorable en ayant une bonne hygiène de vie. Heureusement depuis quelques années, les biologistes comprennent un peu mieux le mécanisme cellulaire qui se cache derrière le vieillissement de la peau.

Dans le tissu conjonctif du derme se trouvent des fibroblastes ou cellules de soutien qui présentent la capacité de se transformer en cellules adipeuses. Ces fibroplastes produisent les composants de la matrice extracellulaire comme les différents fibres de collagène et l'élastine. Ensemble, ils donnent la souplesse à la peau et sa résistance à l'eau tout en lui donnant son apparence charnue et jeune. Mais plus important, ils produisent une protéine capable de lutter contre les infections.

Gros-plan sur l'épiderme d'une peau glabre. Ce sont les cellules adipeuses (adipocytes) de l'hypoderme qui en plus de donner à la peau son aspect charnu et jeune, constituent une barrière qui empêche les grosses molécules et les bactéries de pénétrer dans le corps. Document Pixabay/TongCreator.

Des chercheurs de l'Université de Californie à San Diego ont découvert chez des chauves-souris et des souris que l'inhibition du facteur de croissance transformant bêta ou TGF-β empêche la production de cette protéine et dans ces conditions les fibroblastes recommencent à se transformer en graisse. Cela signifie que la peau peut à nouveau combattre des infections et notamment celles liées au staphylocoque doré.

Dans un article publié par l'Inserm en 2013, on apprend que le vieillissement de la peau est régulé par une protéine codante appelée CD98hc (ou SLC3A2) qui contribue à la régénération et à la cicatrisation de l'épiderme.

C'est le dysfonctionnement de l'homéostasie qui est responsable des changements physiques associés au vieillissement qui se manifeste par le flétrissement de la peau dû à la réduction de la prolifération des cellules épidermiques (qui interviennent également dans la cicatrisation d'une plaie), les difficultés ou le défaut de cicatrisation en cas de plaies, la perte de poils, etc.

Le transporteur CD98hc est connu pour son interaction avec des récepteurs en cause dans le vieillissement cutané. Selon les chercheurs d'Inserm, avec l'âge l'activité du CD98hc et des intégrines - des récepteurs liés aux composants de la matrice extracellulaire - est perturbée. Mais jusqu'à présent les mécanismes impliqués restaient inconnus.

Dans un article publié dans le "Journal of Experimental Medicine" en 2013, Etienne Boulter de l'Université de Nice Sophia-Antipolis et ses collègues ont montré que chez la souris la délétion du gène Cd98hc (qui code pour le transporteur CD98hc) perturbe l'équilibre cutané et le processus de cicatrisation. En décryptant l'ensemble des mécanismes complexes associés à CD98hc, les chercheurs ont notamment confirmé que le CD98hc module le signal des intégrines, essentiel au renouvellement de la peau. Ainsi CD98hc participerait activement au renouvellement cutané en ayant recours massivement en cas de besoin aux cellules épidermiques pour renouveller rapidement et efficacement l'épiderme. Selon Chloé Féral qui participa à cette étude, la baisse de l'expression de CD98hc, constatée in vivo chez la souris âgée, confirme son rôle dans le maintien des tissus, le cycle du follicule pileux et la cicatrisation, perturbés avec l'âge.

À terme, ces recherches pourraient conduire à la mise au point de produits cosmétiques voire de médicaments capables de régénérer la peau. Mais pour l'heure cela reste un voeu pieux.

Quand le stress fait des cheveux blancs

La rumeur rapporte que durant la Deuxième guerre mondiale un soldat eut tellement peur que tous ses cheveux ont blanchi en une nuit. On rapporte également que durant la Révolution française, les cheveux de la reine Marie-Antoinette aurait entièrement blanchi la nuit précédant sa décapitation en 1793. S'il est difficile de le prouver sans interroger leurs proches, sans photo ou dossier médical, des expériences sur des animaux ont démontré que sous l'effet d'un stress, il est effectivement possible que les poils blanchissent en quelques jours. Mais dans ce cas ci il s'agit d'un stress physique, induit par une expérience médicale, et non d'un stress psychologique sans lien avec une douleur physique bien qu'on sache que l'état mental peut avoir des effets réels sur la santé.

Jusqu'à preuve du contraire, les cheveux ne deviennent pas blanc en l'espace d'une nuit et à ce jour aucune personne ne s'est portée volontaire pour tenter l'expérience... Mais disons que puisque la rumeur évoque le cas de Marie-Antoinette depuis des centaines d'années, même s'il s'agirait d'une légende, il est possible qu'il y ait un fond de vérité et une expérience récente vient justement apporter un indice (et non une preuve) indirect dans ce sens.

A lire : La vie révélée du follicule de cheveu humain, érudit

Structure du poil et du follicule pileux. Documents A.Bouboual (2016), D.R. et B.A. Bernard/L'Oréal Recherche (2006).

Toutes les personnes chevelues avouent que leurs cheveux sont un signe de fierté et à ce titre, elles aimeraient les conserver en l'état le plus longtemps possible. Or nous savons que le cheveux vieillit. Non seulement nous en perdons des dizaines chaque jour (voir plus bas) mais ils perdent aussi leur couleur (même les blonds qui virent au chatain peuvent les conserver longtemps de cette couleur mais tôt ou tard ils seront mélangés à des cheveux gris). A une époque où l'image de soi est plus importante pour certaines personnes que l'âme intérieure, certaines ont dû mal à supporter leurs cheveux gris. C'est la raison pour laquelle beaucoup de personnes se teignent les cheveux, font des implants ou mettent des extensions pour donner l'impression d'être plus jeune et se sentir mieux dans leur peau.

La biologiste Ya-Cieh Hsu du Département des Cellules Souches et de Biologie Régénérative de l'Université d'Harvard (HSCI) et ses collègues ont annoncé dans la revue "Nature" en 2020 savoir pourquoi les cheveux deviennent gris lors d'un stress. En effectuant des expériences sur des souris, les chercheurs ont découvert que le grisonnement des poils, qu'il s'agisse des cheveux chez les humains ou la fourrure (et les plumes) chez les animaux est lié aux cellules souches mélanocytaires (CSMc ou McCS en anglais) qui forment les mélanocytes produisant de la mélanine et sont responsables de la couleur des cheveux et de la peau. Selon Hsu : "Nous savons maintenant avec certitude que le stress est responsable de ce changement spécifique de la peau et des cheveux, et comment cela fonctionne".

A gauche, la structure du follicule pileux, des cellules souches du follicule pileux (HFSC) et le cycle pilaire. Les HFSC en phase de repos ou quiescents résident dans la région du bulbe pilaire et les HFSC activées sont situées dans le germe pilaire secondaire. Elles sont activées de manière transitoire au début de l'anagène, donnant naissance à des descendants qui poussent vers le bas pour former la partie inférieure des follicules pileux. Ceux-ci progressent cycliquement à travers la catagène (phase de régression/destruction), la télogène (phase de repos) et l'anagène (phase de régénération/croissance). Les cellules matricielles du bulbe pileux prolifèrent et se différencient activement pour soutenir l'allongement continu de la tige du poil durant l'anagène. Durant la catagène, le bulbe pileux rétrécit et la partie inférieure du follicule pileux régresse par un brin épithélial progressivement raccourci durant la télogène. Pendant la télogène, les HFSC du germe pilaire secondaire et du bulbe pilaire restent inactifs. A droite, la niche des cellules souches du follicule pileux. La niche HFSC est composée de diverses cellules telles que la papille dermique, les préadipocytes, les adipocytes, les cellules immunitaires et les nerfs. Les hormones systémiques régulent également les HFSC directement ou indirectement par le biais des cellules de niche HFSC. Les signaux d'activation et de suppression sont présents dans la niche HFSC. La probabilité d'activation des HFSC dépend de la somme de tous les signaux d'activation et d'inhibition, en particulier des hormones dont le cortisol. Documents Sung-Jan Lin et al. (2020).

Au cours d'expériences, les chercheurs ont montré que la douleur chez la souris déclenche la libération d'adrénaline et de cortisol, accélérant le rythme cardiaque et augmentant la pression artérielle, affectant le système nerveux et provoquant un stress aigu. Ce processus a ensuite accéléré l'épuisement des CSMc qui forment les mélanocytes produisant la mélanine dans les follicules pileux.

Selon Hsu : "Je m'attendais à ce que le stress soit mauvais pour le corps. Mais l'impact préjudiciable du stress que nous avons découvert dépassait ce que j'imaginais. Après seulement quelques jours, toutes les cellules souches régénératrices de pigments ont disparu. Lorsqu'elles n'existent plus, vous ne pouvez plus régénérer de pigment - les dégâts sont permanents".

Chez une souris en état de stress, il faut moins de 5 jours pour épuiser le réservoir de CSMc et qu'elle commence à présenter des taches grises sur sa fourrure qui deviennent vite dominantes. Mais peut-on arrêter ou inverser ce processus de grisonnement ?

Dans une autre expérience, les chercheurs ont découvert qu'ils pouvaient bloquer les changements en donnant aux souris un antihypertenseur qui traite l'hypertension artérielle. En comparant les gènes de souris souffrant de douleur avec d'autres souris sans stress induit, ils ont pu identifier la protéine impliquée dans les dommages causés aux cellules souches par le stress : la kinase dépendante de la cycline (CDK). Lorsqu'on supprime cette protéine, le traitement empêche un changement de couleur de leur fourrure. Cela laisse la porte ouverte aux scientifiques pour trouver un remède pour retarder l'apparition des cheveux gris en ciblant la CDK.

Une souris avant l'induction de la douleur (en haut) et quelque jours plus tard (en bas). Document Y-C.Hsu et al. (2020).

Toutefois, Hsu tempère cette découverte : "Ces résultats ne sont pas un remède ou un traitement contre les cheveux gris. Notre découverte, réalisée chez la souris, n'est que le début d'un long voyage vers la recherche d'une intervention chez l'homme. Cela nous donne également une idée de la façon dont le stress peut affecter de nombreuses autres parties du corps."

L'effet du système immunitaire sur les cheveux gris

Dans un article publié dans la revue "PLOS Biology" en 2021, Melissa L. Harris de l'Université d'Alabama à Birmingham et ses collègues ont découvert un lien direct entre les cheveux gris et l'activité du système immunitaire.

Les gènes impliqués dans la couleur des cheveux contrôlent également le système immunitaire. Lorsque notre corps est infecté par un virus, le système immunitaire inné est activé et des cellules ont la capacité de détecter et d'identifier l'envahisseur. Les cellules infectées se défendent en produisant des interférons qui vont lutter contre l'intrus. Des protéines de signalement vont informer d'autres cellules afin qu'elles réagissent en augmentant l'activité des gènes qui bloquent la réplication du virus.

Harris et ses collègues ont découvert que chez les souris la molécule MITF ou facteur de transcription associé à la mélanogenèse, limite ou supprime la signature génique de l'interféron de Type 1 qui assure la réponse immunitaire dans les cellules pigmentaires des poils. En l'absence de contrôle de la réponse de l'interféron par la MITF, les poils des souris deviennent gris.

A gauche, une souris femelle de 27 jours présentant des taches blanches congénitales devient "sel et poivre" à 110 jours. A droite, une souris femelle ayant une mutation de MITF qui limite la réponse immunitaire présente une fourrure majoritairement grise à 110 jours. Document M.L. Harris et al. (2021).

L'étude montre également que lorsque le système immunitaire inné des souris est activé, leur nombre de poils gris augmente. La MITF contrôle également un certain nombre de voies génétiques utilisées par les pigments cellulaires : la MITF déclenche l'expression des gènes nécessaires aux pigments des cellules capillaires.

La molécule MITF assure donc une double fonction : elle maintient la couleur des poils et secondairement elle combat les virus.

Comme expliqué plus haut, ce sont les cellules souches mélanocytaires (CSMc) - celles qui forment les mélanocytes - qui sont à l'origine de la couleur des cheveux. Ces mélanocytes se situent à la base des follicules pileux. Chez la souris, lorsque les CSMc disparaissent, les nouveaux poils deviennent gris.

Les souris présentant une mutation du gène contrôlant MITF présentent une réponse suractive aux infections virales qui provoque un épuisement des CSMc.

Les chercheurs suggèrent que les personnes présentant des mutations similaires sur le gène exprimant MITF pourraient présenter la même réponse, c'est-à-dire que leurs cheveux pourraient grisonner après une infection virale.

Cette découverte pourrait conduire à une meilleure compréhension des maladies touchant la pigmentation telles que le vitiligo qui provoque des taches décolorées sur la peau. C'est une maladie autoimmune qui touche 0.5 à 1% des humains.

Notons que si les hommes et les femmes peuvent devenir gris à partir de la mi-trentaine - mais on peut déjà avoir les premiers cheveux gris étant enfant -, le moment du changement de couleur des cheveux des parents donne également des indices sur le moment où cela se produira chez leur enfant. Bien que cela soit principalement dû au processus de vieillissement naturel et aux gènes, le stress peut également jouer un rôle. Ainsi, au sein d'une famille, une maman anxieuse de nature peut avoir des cheveux totablement blancs dès 65 ans par exemple alors que son mari d'un caractère plus calme et moins nerveux conservera ses cheveux sombres bien plus longtemps.

En revanche, comme 15% des hommes entre 20 et 30 ans et 50% des hommes à partir de 50 ans, il risque de présenter une calvitie plus ou moins importante que n'aura pas sa femme en raison d'un excès d'hormones mâles qui est héréditaire. Comme on dit souvent et même si ce n'est qu'en partie vrai, regardez la mère (ou le père) pour savoir comment sera la fille (ou son fils) au même âge !

Une explication à la chute des cheveux

Pourquoi perd-on nos cheveux, ce que les médecins appellent l'alopécie ? La question de la perte des cheveux est un sujet d'étude depuis les années 1950. L'American Hair Loss Association (AHLA) a compilé plus de 25 ans de recherche universitaire sur le sujet. Des centaines d'équipes de chercheurs et dix fois plus de cohortes de cobayes y compris humains se sont prêtés à des expériences pour comprendre ce phénomène et trouver une solution pour y remédier.

L'alopécie est le fait que la chevelure se raréfie de manière anormale. Par définition, la perte de cheveux est anormale et excessive si on perd plus 100 cheveux par jour pendant plusieurs mois. Deux tests peuvent le montrer. Le premier test consiste à tirer trois fois sur une mèche près de l'endroit clairsemé. Si vous avez un ou plusieurs cheveux entre les doigts, la perte est anormale. Le second test consiste à passer ses deux mains dans les cheveux en écartant ses doigts à la manière d'un grand peigne. Si plus de 20 cheveux restent entre vos doigts, la perte est anormale.

Selon des études dermatologiques, tout au long de notre vie, la majorité d'entre nous perdra une certaine quantité de cheveux. En moyenne, 73% des hommes et 57% des femmes subiront une perte de cheveux avant l'âge de 80 ans (cf. D.C. Gan et R.D. Sinclair, 2005). Plus précisément, plus de 50% des hommes commencent à perdre leurs cheveux au milieu de la vingtaine, et les deux tiers d'entre eux ont déjà des "taches chauves" ou pelade (une alopécie en plaques) sur le cuir chevelu avant l'âge de 35 ans. A 50 ans, 30 à 50% des hommes présentent une alopécie qui touche préférentiellement les tempes, le vertex et la partie frontale moyenne (cf. W.Cranwell et R.Sinclair, 2016). Il arrive que certains hommes aient déjà le crâne presque dégarni vers 20 ans ou deviennent presque chauve en 5 ou 7 ans après le début de la calvitie.

Chez 10 à 20% des femmes, un changement hormonal (après la grossesse ou la ménopause) provoque une chute des cheveux, principalement au niveau des tempes et de la partie antérieure frontale. A 60 ans, une femme a généralement la moitié des cheveux qu'elle avait à 15 ans.

Dans un article publié dans la revue "Nature Aging" en 2021, l'équipe de Rui Yi, professeur de pathologie à l'Université Northwestern a voulu savoir pourquoi nous perdons nos cheveux.

Les flèches colorées indiquent des cellules souches s'échappant d'un follicule pileux. Voici une vidéo (. MP4 de 3.2 MB) du phénomène. Document R.Yi.

On considère généralement que les cellules souches qui reconstituent les tissus et les organes, y compris les cheveux, finissent par s'épuiser et mourir. Ce processus ferait partie intégrante du vieillissement. Mais le Dr Yi et ses collègues ont fait une découverte surprenante : au moins dans les poils des animaux vieillissants, les cellules souches s'échappent des structures qui les abritent.

Les cellules souches jouent un rôle crucial dans la croissance des cheveux chez la souris et chez l'homme. Les follicules pileux, des organes miniatures en forme de tube à partir desquels les cheveux poussent, passent par des périodes cycliques de croissance au cours desquelles les cellules souches vivant dans le renflement se divisent et deviennent des cellules ciliées à croissance rapide. Ces cellules donnent naissance à la tige pilaire et à sa gaine. Ensuite, après un certain temps, qui est court pour les poils du corps humain et beaucoup plus longue pour les cheveux de la tête, le follicule devient inactif et sa partie inférieure dégénère. La tige du cheveu cesse de pousser et tombe, pour être remplacée par un nouveau cheveu au fur et à mesure que le cycle se répète. Mais tandis que le reste du follicule meurt, un ensemble de cellules souches reste dans le renflement, prête à commencer à se transformer en cellules ciliées pour assurer la croissance d'un nouveau cheveu.

En étudiant le processus de vieillissement de poils individuels chez la souris, l'équipe du Dr Yi a découvert que lorsque les poils commencent à grisonner et à tomber, leurs cellules souches commencent à s'échapper de leur emplacement dans le renflement. Les cellules changent de forme, passant de rondes à informes et sont expulsées par de minuscules trous dans le follicule. Puis elles reprennent leurs formes normales et s'échappent.

Les chercheurs ont comparé le corps d'un animal à une voiture; si vous la faites fonctionner assez longtemps et ne remplacez pas les pièces, elles s'usent. Dans le corps, les cellules souches sont comme un mécanicien, fournissant des pièces de rechange. Dans certains organes comme les cheveux, le sang et les os, le remplacement est continuel. Mais avec les cheveux, il semble que le mécanicien - les cellules souches - quittent simplement leur emploi un jour.

Mais pourquoi ? Les chercheurs se sont demandés si les gènes contrôlaient le processus. Ils ont découvert deux gènes, FOXC1 et NFATC1 qui étaient moins actifs dans les cellules du follicule pileux plus âgées. Leur rôle était d'emprisonner les cellules souches dans le renflement. Les chercheurs ont donc sélectionné des souris dépourvues de ces gènes pour vérifier s'ils assuraient bien ce contrôle. Ils ont constaté que vers l'âge de 4 à 5 mois, les souris ont commencé à perdre leurs poils. À l'âge de 16 mois, lorsque les animaux étaient d'âge moyen, ils semblaient vieux : ils avaient perdu beaucoup de poils et les mèches éparses restantes étaient grises.

En découvrant les deux gènes impliqués dans le vieillissement des cheveux, les chercheurs ont offert un moyen d'arrêter le processus en empêchant les cellules souches de s'échapper. C'est une découverte très importante et une nouvelle façon de considérer le vieillissement capillaire. En donnant une explication au vieillissement des cheveux, Yi et ses collègues ont peut-être mis les pieds sur une voie royale.

Le prochain objectif des chercheurs est de préserver les cellules souches capillaires chez les souris vieillissantes en agissant sur ces deux gènes. S'ils y arrivent, ils pourront ensuite étudier ce processus chez d'autres mammifères supérieurs avant de tenter l'expérience sur l'être humain. Il faudra donc encore des années d'études et de recherches avant d'envisager un éventuel remède.

Mais nous verrons plus bas qu'une autre piste a déjà été explorée par des chercheurs avec des résultats encourageants, celle de la DHT et de l'enzyme 5-RA.

On sait comment interrompre la chute des cheveux

Bonne nouvelle, au fil des recherches on a découvert non seulement pourquoi nous perdons nos cheveux mais également des mécanismes qui permettraient d'interrompre la chute des cheveux.

Des chercheurs de l'Université d'Harvard ont découvert le mécanisme qui lie le stress chronique à la chute des cheveux, suggérant qu'il existe une méthode pour restaurer la croissance des cheveux (cf. Ya-Chieh Hsu et al., 2021; Sung-Jan Lin et al., 2020).

Beaucoup de personnes constatent un changement d'état de leur peau et de leurs cheveux quand elles sont stressées. En étudiant la peau, l'équipe de Ya-Chieh Hsu a découvert que le stress retarde l'activation des cellules souches des follicules pileux (HFSC), c'est-à-dire la cavité du derme dans laquelle se forme le poil et qui assure sa croissance.

En étudiant un modèle de souris, les chercheurs ont découvert qu'une exposition chronique et soutenue à des facteurs de stress peut profondément affecter la pilosité, notamment via la production de corticostérone, l'hormone du stress - qui correspond au cortisol chez les humains - produite par la glande surrénale. Des niveaux élevés de corticostérone maintiennent les cellules souches des follicules pileux dans une phase de repos prolongée. Durant cette phase, les follicules pileux ne se régénèrent pas.

A voir : Vie du Cheveux, Centre Clauderer

A gauche, les quatre phases du cycle de croissance du poil. En moyenne, l'anagène dure entre 2 et 6 ans et concerne à un instant donné 85% de la pilosité. La catagène dure entre 2 et 4 semaines et concerne à un instant donné 3% de la pilosité. La télogène jusqu'à l'exogène dure entre 3 et 7 mois et concerne à un instant donné 12% de la pilosité. Au centre, parmi d'autres facteurs, le cortisol ou hormone du stress désactive les cellules souches du follicule pileux (HFSC) et empêche la croissance du poil. A droite, la catégorisation fonctionnelle des HFSC. Selon leurs fonctions, les cellules de niche sont classées en 3 groupes : les modules de signalisation, de détection et de relais de messages. Ces modules fonctionnellement distincts sont assemblés dans une niche multifonctionnelle. Les modules de signalisation régulent l'activité des HFSC via le contact cellule-cellule ou la sécrétion de paracrine. Les modules sensoriels détectent les signaux environnementaux. Les modules de relais de messages transmettent des signaux des cellules/tissus distants aux HFSC. Les modules sensoriels et les modules de relais de messages peuvent signaler directement aux HFSC ou réguler indirectement l'activité des HFSC via les modules de signalisation. La phase de repos (quiescence) des HFSC correspond à leur inactivation et au ralentissement/arrêt de la croissance du poil. Documents Burlesck adapté par l'auteur, Ya-Chieh Hsu et al. (2021) et Sung-Jan Lin et al. (2020).

Les chercheurs ont identifié les cellules et la protéine (GAS6) responsable de stimuler la prolifération des cellules et de relayer le signal du stress aux HFSC. Ils ont également montré qu'elles pouvaient être une cible thérapeutique pour restaurer la croissance des cheveux.

Les follicules pileux sont l'un des rares tissus des mammifères qui se régénèrent tout au long de la vie. Durant leur phase de croissance, les HFSC s'activent afin de régénérer les follicules et les cheveux. La perte de cheveux peut se produire lorsque les HSFC restent en phase de repos.

En traitant des souris avec de la corticostérone, les chercheurs ont pu reproduire l'effet du stress sur les HSFC. En supprimant la source hormonale de stress, la phase de repos de ces cellules fut fortement réduite et la phase de croissance s'est poursuivie même lorsque les souris sont devenues âgées, et ce apparemment, sans effet secondaire. On en déduit qu'en inhibant la sécrétion de cortisol chez les humains, on pourrait éviter la chute des cheveux. Il faut à présent réaliser des essais cliniques pour confirmer l'efficacité de cette thérapie qui fera plaisir à beaucoup de personnes.

Traiter la perte de cheveux

Sans nous étendre sur les considérations psychologiques pouvant être liées au fait de perdre ses cheveux ou d'être chauve (cf. T.J. Wade et al., 2021; A.Creadore et al., 2021), la plus grande frustration est probablement le fait que cela se produit "sans notre consentement" et que certaines personnes doivent subir le regard discriminatoire des autres, comme si c'était un problème... Quand en plus, la perte de cheveux n'est pas naturelle (par exemple liée à une maladie infectieuse, uen maladie génétique, une carence ou un traitement chimiothérapeutique), l'impact psychologique est encore plus difficile à gérer. Malheureusement, les cheveux tombent en permanence (ils peuvent même en tomber 2 à 4 fois plus en automne, un effet de la pousse plus rapide durant la période estivale, du stress et de la fatigue) et parfois plus rapidement qu'on imagine.

Vu les problèmes que cela occasionne chez beaucoup de personnes, à présent que nous connaissons le cycle capillaire, savons pourquoi nous perdons des cheveux et comment interrompre leur chute, cela vaut la peine de s'attarder un instant sur les traitements pouvant ralentir ou stopper la chute des cheveux. Pour cela nous devons revenir sur la cause du problème.

Le rôle de la DHT

La grande majorité des études sur la perte des cheveux s'accordent sur au moins un point : quel que soit l'âge, la première cause de la perte des cheveux est l'hormone appelée la dihydrotestostérone ou DHT, une forme active de la testostérone. Si sa présence améliore l'activité sexuelle et la fertilité chez l'homme, la DHT est nocive pour les cheveux; elle est responsable de plus de 95% de tous les cas de perte ou d'amincissement des cheveux.

Traitement du cuir chevelu. Document D.R.

A partir de l'âge de ~25 ans, le corps humain commence à produire beaucoup plus de DHT qui a un impact dévastateur sur les follicules pileux. Les molécules de DHT remontent à la surface de notre cuir chevelu et obstruent les follicules pileux, coupant leur circulation sanguine et leur apport en nutriments. Si le follicule pileux n'est plus alimenté pendant une longue période, les cheveux finissent par mourir asphyxiés et tombent. Comme le follicule reste obstrué par la DHT, aucun nouveau cheveu ne peut repousser, ce qui entraîne une chute rapide des cheveux et finalement des zones chauves. La DHT agit comme une "colle" sur le cuir chevelu. Elle brûle également les cheveux à la racine, ce qui les fait tomber rapidement.

Mais pourquoi le corps se met-il soudainement à produire de la DHT ? Des décennies de recherche suggèrent que c'est le résultat de l'activité de l'enzyme 5-alpha réductase ou "5-AR", surnommée l'enzyme de la perte de cheveux. Des centaines d'études cliniques ont montré que lorsque l'enzyme 5-AR envahit le cuir chevelu, elle obstrue le follicule pileux en coupant son apport sanguin et nutritif. Suite au manque d'oxygène et de nutriments, les cheveux finissent par mourir d'asphyxie, et tombent un à un. Cette enzyme est présente en forte concentration sur le cuir chevelu des hommes et des femmes aux cheveux clairsemés ou des personnes chauves.

Des études sur la perte de cheveux ont montré que plus les niveaux de 5-AR sont élevés, plus le corps produit de DHT dans le cuir chevelu et plus les cheveux ont tendance à tomber rapidement. Cela explique pourquoi des chercheurs ont constaté une concentration très élevée de 5-AR dans le cuir chevelu des personnes perdant leurs cheveux, par rapport aux personnes ayant des cheveux normaux et sains. Selon une étude de l'Ecole de Médecine d'Harvard, l'enzyme 5-AR est responsable de près de 100% de toute la production de DHT. Elle agit en se liant aux molécules de testostérone et en convertissant plus de 10% d'entre elles en DHT (d'où le nom de dihydrotestostérone).

La conclusion de toutes ces études est que la seule façon de réduire les niveaux de DHT, et donc de stopper la chute des cheveux, est de diminuer la production de cette enzyme 5-AR.

Deux équipes de chercheurs sud-coréens ont découvert une façon de bloquer l'enzyme 5-AR de manière totalement naturelle et sans aucun effet secondaire. Ils ont découvert que le curcuma (Curcuma longa ou curcuma long) pouvait réduire considérablement les niveaux de DHT induits par la 5-AR mais également le risque de cancer de la prostate ou d'une hyperplasie bénigne de la prostate (cf. D.-Y. Zhou et al., 2014; J.-H. Chung et al., 2015).

Le curcuma parfois appelé le safran des Indes est une plante orientale poussant dans les forêts d'Asie du Sud et du Sud-Est. Connu depuis l'Antiquité, on l'utilise comme épice poivrée, colorant et plante médicinale aux multiples propriétés (c'est notamment un antioxydant et un anti-inflammatoire, cf. A Goel et al., 2007).

Ces résultats furent confirmés par autre essai clinique randomisé dont les résultats furent publiés dans le "Journal of Dermatological Treatment" en 2014 qui montra que 87 hommes volontaires ayant pris une solution contenant 5% d'hexane extrait du Curcuma aeruginosa (un inhibiteur dérivé du 5-AR) et 5% de minoxidil ont constaté que la densité de leurs cheveux augmentait significativement après une application de quelques semaines seulement.

Une autre étude publiée dans la revue "Cancer Science" en 2018 montra que la DHT pouvait être considérablement réduite en 24 heures grâce à l'utilisation du curcuma.

Suite à ces résultats encourageants, une équipe de chercheurs espagnols du laboratoire Vytrus développa le premier traitement naturel contre la chute des cheveux à base de Curcuma Longa appelé le "Capilia Longa". Contrairement au Finastéride (cf. V.Mysore, 2012) et au Minoxidil, il ne présente aucun effet secondaire et n'utilise que des produits végétaux. Le Capilia Longa bloque la chute des cheveux et stimule leur croissance beaucoup plus rapidement que le curcuma original.

Du curcuma (Curcuma longa), la fleur (longue de 80 cm), le rhizome et sa réduction en poudre. Documents D.R.

Pour commercialiser leur invention, les chercheurs se sont associés à la startup danoise Scandinavian Biolabs qui travaille depuis des années sur un remède 100% naturel favorisant la croissance des cheveux. Soulignons qu'elle voulait y parvenir de manière éthique, sans fausses promesses. L'enterprise propose un traitement à base de curcuma, le Capilia Longa, composé de 3 solutions : un shampooing, un sérum après-shampooing (qui est le produit essentiel selon le fabricant) et un conditionneur.

Sachant que les problèmes capillaires des hommes et des femmes sont différents, Scandinavian Biolabs propose deux produits différents, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes, avec des dosages et des résultats spécifiques.

Selon les chercheurs, in vivo, "le dosage à 1% appliqué sur 40 volontaires une fois par jour offre jusqu'à 89% de réduction de la perte de cheveux après 150 jours, jusqu'à 52% d'augmentation de la densité des cheveux après 150 jours et une moyenne de 13500 nouveaux cheveux créés, soit deux fois plus que le produit concurrent le plus proche".

Bien que les représentants de Scandinavian Biolabs ventent les avantages de leur produit, ils précisent également que si vous êtes déjà chauve ou que vous subissez une perte de cheveux avancée, ce traitement ne vous aidera pas à inverser la perte de cheveux : "Ce produit n'est pas une solution magique et n'offre pas de résultats instantanés. Il faut en moyenne 150 jours pour voir les premiers effets et les meilleurs résultats apparaissent à long terme".

Vous trouverez des renseignements complémentaires et des avis de clients (bien sûr satisfaits) sur le site de Scandinavian Biolabs et d'autres avis plus partagés mais globalement positifs sur le site Trustpilot. A chacun de juger objectivement l'intérêt de ce traitement.

Ceci dit, pour retrouver la chevelure de ses vingt ans ou presque, il n'existe que deux solutions : soit trouver un remède à partir de cellules souches qui reste à découvrir soit réaliser une greffe de cheveux dont les effets sont quant à eux tout à fait visibles et palpables 6 à 8 mois après les multiples implantations capillaires. Seul bémol, le prix de l'intervention est lui aussi très tangible, variant entre 2000 et 15000 €.

Le rôle non démontré du collagène

Le collagène est une protéine essentielle du corps humain qui joue un rôle important dans le métabolisme de la peau, des os et des cheveux. En vieillissant, le corps produit moins de collagène et, passé un seuil critique, c'est alors qu'apparaissent des rides, des cheveux clairsemés et d'autres conditions physiques comme des douleurs articulaires.

Document Getty Images.

Le collagène est un complément populaire conditionné en gelule ou buvable qui favorise une peau et des cheveux d'apparence plus saine. Dans une étude publiée dans la revue " Nutrients" en 2019, des chercheurs allemands ont montré que des suppléments de collagène peuvent améliorer l'hydratation, l'élasticité et la densité de la peau. Le collagène pourrait également réduire les douleurs articulaires et traiter l'arthrose (cf. A.G. Schauss et al., 2012; F.D. Choi et al., 2019).

Le collagène favoriserait-il la repousse des cheveux ? Beaucoup d'encre a coulé sur ce sujet mais surtout de l'intox qui sert des fabricants peu scrupuleux, à l'image des nombreuses pilules vendues soi-disant contre la perte des cheveux. Des médecins reconnaissent volontiers que le discours marketing des vendeurs de collagène ne tient pas ses promesses. Faisons un rapide état des lieux.

En 2016, une équipe de chercheurs japonais démontra que la perte de cheveux est directement liée à l'apport naturel de collagène. C'est pourquoi de nombreux hommes et femmes auraient des cheveux clairsemés en vieillissant (cf. E.K. Nishimura et al., 2016).

Kevin Bright, fondateur de l'entreprise 28 Day Skin qui développe des produits anti-âges, nous explique que "Le collagène est principalement composé de trois acides aminés non essentiels : la proline, la glycine et l'hydroxyproline. La proline joue un rôle clé. C'est également le composant principal de la kératine, la substance fibreuse qui compose nos cheveux et nos ongles. La consommation de collagène riche en proline fournit à notre corps les éléments de base dont il a besoin pour fabriquer des cheveux".

Mais à ce jour, ni Bright ni aucun chercheur n'oseraient affirmer faute de preuves que le collagène favoriserait la repousse des cheveux ou ralentirait leur chute. De plus, les effets éventuels peuvent varier d'une personne à l'autre. Bright précise même qu'"il n'y a pas énormément de données cliniques pour soutenir la façon dont le collagène aiderait à la croissance des cheveux".

Deux études publiées dans les revues "Marine Drugs" en 2013 et "Food and Function" en 2017 ont étudié le potentiel antioxydant du collagène pour combattre les radicaux libres qui peuvent endommager les follicules pileux. Mais à ce jour, il existe peu d'études prouvant que les suppléments de collagène sont efficaces pour les personnes présentant des dommages au follicule (par exemple ceux liés aux dommages oxydatifs induits par les UV) ou qu'ils dynamiseraient les follicules pileux. Ici également les études n'abordent pas la question de la croissance des cheveux et ne répondent donc pas aux attentes des patients ou des clients.

Comme dans beaucoup de domaines, l'idéal est de consulter un spécialiste, un dermatologue ou un endocrinologue (si la perte de cheveux est d'origine hormonale). Sinon, il n'y a pas d'autre solution que de faire une cure de collagène riche en proline pendant quelques mois, si possible sous le contrôle d'un dermatologue. Vous pouvez également manger plus d'aliments contenant du collagène naturel : le poulet, le saumon, le blancs d'oeufs, les légumes à feuilles, les haricots et les noisettes.

Mais comme pour toutes choses, le corps humain cherche son équilibre. Pour maintenir votre niveau de collagène, il est essentiel d'avoir un mode de vie sain et une alimentation équilibrée. Une surconsommation de collagène peut entraîner une sclérodermie (ou sclérodermie systémique) qui résulte d'une surproduction de collagène dans la peau, ce qui peut entraîner plusieurs complications dermatologiques. Toutefois, selon Bright, il est rare qu'un régime alimentaire normal ou qu'un supplément produise un tel effet. Selon Bright, "les études portant sur les avantages des suppléments de collagène ont évalué des doses allant de 2.5 à 10 grammes par jour".

L'altération du sens du toucher

Nous avons expliqué à propos des facultés sensorielles qu'une mutation du gène Piezo2 situé sur le chromosome 18 altère le sens du toucher. Par conséquent, elle augmente les risques d'accidents liés non seulement à la perte de sens tactile mais également de l'équilibre.

Le sens du toucher peut aussi s'altérer avec l'âge ou certaines maladies. Ce problème peut avoir de graves conséquences car la perte d'acuité tactile peut rendre des gestes aussi banals que toucher un objet, écrire ou identifier une texture beaucoup plus difficiles voire impossible à accomplir. Dans le pire des cas, la personne ne peut plus attraper d'objet aussi simple qu'une feuille de papier, une pièce de monnaie ou un stylo à bille, elle peut se blesser en touchant trop fortement un objet tranchant ou perd le sens de l'équilibre et risque de se cogner ou de chuter à tout moment.

Le toucher étant lié au bon fonctionnement des mécanorécepteurs, en vieillissant la peau se relâche et perd son élasticité. Le nombre de mécanorécepteurs diminue tandis que les fibres nerveuses qui sont connectées à ces récepteurs s'abîment, ce qui ralentit la transmission des influx nerveux. Par conséquent, on ressent moins bien les stimuli cutanés et on réagit plus lentement à ces excitations.

Pour ralentir ce phénomène, des chercheurs japonais travaillent sur une orthèse tactile, un appareillage qui compense la perte du toucher. D'ici quelques années, les patients concernés pourront porter des gants afin de ressentir à nouveau les sensations tactiles. Mais cette solution ne sera envisageable si les nerfs sont touchés, suite par exemple à une fracture du poignet ou une lésion cérébrale.

On sait également que lorsque la peau touche un objet, des protéines comme piézo2 convertissent la pression ou la force mécanique en signal nerveux. Des chercheurs français étudient ce mécanisme dans le but de développer une protéine qui déclencherait la vasodilatation des vaisseaux de la peau lorsque celle-ci subit une pression. Cela pourrait par exemple empêcher la formation de lésions profondes comme les escarres chez les personnes âgées ou diabétiques.

Bref, pour ceux qui souffrent d'un trouble du toucher qui n'est pas d'origine génétique, l'avenir s'annonce meilleur. En revanche, quand le trouble est d'origine génétique, il n'y a pas d'autre solution que d'attendre des progrès en génie génétique. C'est notamment le cas lorsque le gène Piezo2 subit des mutations.

La proprioception et le rôle du gène Piezo2

La proprioception est la faculté du corps à percevoir sa propre position dans l'espace et donc notamment de deviner la position de ses articulations et de ses membres avec précision ou d'ajuster automatiquement sa position en cas de déséquilibre. C'est également la proprioception qui nous permet de créer une image mentale de notre corps et de le distinguer par exemple de la chaise sur laquelle nous sommes assis, du lit dans lequel nous sommes allongé ou du sol sur lequel nous marchons. Elle est qualifiée de "sixième sens" car même si on nous n'avons pas conscience de son existence, elle aussi importante sinon plus importante que nos cinq autres facultés sensorielles.

La proprioception fait appel à des circuits nerveux spécifiques qu'on utilise généralement inconsciemment mais qu'on peut aussi diriger si on se concentre sur les mouvements de nos membres. Les rares personnes privées de cette faculté (on en comptait 5 dans le monde en 2019) considèrent qu'elles sont autant si non plus handicapées qu'une personne handicapée moteur au point qu'elles doivent être assistées et se déplacent en chaise roulante.

Relations entre la conscience, l'inconscient, la proprioception et les systèmes somatosensoriel et neuromusculaire. Document E.Hagert (2010) adapté par  l'auteur.

En principe, une personne en bonne santé et normalement musclée peut deviner l'emplacement de ses membres jusqu'au bout des doigts même les yeux fermés et peut garder son équilibre sur un pied. Cette faculté ou cette aisance diminue avec l'âge et la perte de masse musculaire. Mais cette perte d'équilibre peut aussi être le signe d'un dysfonctionnement beaucoup plus grave, généralement lié à une maladie ou une déficience d'ordre génétique. Ne prenons qu'un exemple.

Avec l'aide de deux jeunes patients âgés de 9 et 19 ans atteints d'un trouble neurologique unique affectant leur sens du toucher et leurs mouvements (les deux enfants ont des difficultés à marcher en raison de déformations de la hanche, des doigts et des pieds. Leur colonne vertébrale présente également une scoliose progressive), des chercheurs des National Institutes of Health (NIH) ont suggéré qu'un gène appelé Piezo2 (cf. S.S.Ranade et al., 2014) contrôle des aspects spécifiques du toucher humain et de la proprioception. Des mutations de ce gène provoquent des troubles ambulatoire et d'équilibre et la perte de certaines formes de toucher. Les résultats de cette étude furent publiés par Alexander T.Chesler des NIH et ses collègues dans le "New England Journal of Medicine" en 2016.

En 2009, un second gène nommé Piezo1 fut identifié chez la souris mais ce n'est qu'en 2014 qu'il fut apparenté au Piezo2 et à la sensation de toucher.

Comprendre le rôle des gènes Piezo2 et Piezo1 peut fournir des indices sur divers troubles neurologiques. La mutation du gène Piezo2 semble bloquer la production ou l'activité normale de la protéine Piezo2 dans les cellules des patients.

Piezo2 et Piezo1 sont ce que les scientifiques appellent des protéines mécanosensibles (cf.Wang et Xiao, 2017; B.Coste et al., 2012). Ce sont des canaux ioniques, c'est-à-dire des pores dans la membrane cellulaire qui permettent l'entrée des ions sensibles à une tension mécanique. Ces ions pénètrent dans les cellules où ils sonts dépolarisés, convertissant le stimulus en un signal électrique que le cerveau décode et interprète. En d'autres termes, ces protéines génèrent des influx nerveux en réponse à des modifications de la forme des cellules, par exemple lorsque les cellules de la peau et les neurones de la main sont pressés contre un objet. Analysés au microscope électronique, ces canaux Piezo ressemblent à une hélice à trois pales (cf.Wang et Xiao, 2017). A ce jour, on ignore précisément comment fonctionnent ces pores.

Des études chez la souris suggèrent que Piezo2 et Piezo1 se trouvent dans les neurones qui contrôlent le toucher et la proprioception. Selon Chesler, les deux enfants "sont aveugles au toucher. Leur version de Piezo2 ne fonctionne pas et de ce fait leurs neurones ne peuvent pas détecter les mouvements du toucher ou des membres."

Des examens ultérieurs indiquent que les patients atteints de cette déficience n'ont pas conscience de leur corps. Ainsi, au cours d'une expérience où on leur avait bandé les yeux, les patients éprouvaient beaucoup de difficultés pour marcher, au point qu'ils chancelaient et trébuchaient et que des assistants devaient les empêcher de tomber comme le montre la vidéo ci-dessous.

A voir : A Gene for our ‘Sixth Sense’, NIH

Patients with Null Variants in PIEZO2

Notre véritable 6e sens, Arte

A gauche, le principe de la proprioception ou du "sixième sens" qui permet au corps de percevoir sa propre position dans l'espace et d'ajuster dynamiquement son équilibre. A droite, l'un des tests les plus simples de proprioception permettant au kiné ou au posturologue d'identifier une déficience du sens de l'équilibre du patient. Ceci dit, une personne en bonne santé, normalement musclée mais simplement fatiguée peut échouer à ce test. Documents anonyme (D.R.) et A.T.Chesler et al. (2016) adaptés par l'auteur.

En fait, sans recourir à la vision, les patients ne pouvaient pas deviner la direction dans laquelle leurs articulations étaient déplacées contrairement aux sujets témoins non affectés. Les patients étaient également moins sensibles à certaines formes de toucher. Ils ne pouvaient pas ressentir les vibrations d'un diapason aussi bien que les sujets non affectés. Ils ne pouvaient pas non plus faire la différence entre un ou deux petits étriers pressés fermement contre leur paume. Les scanners cérébraux d'une patiente n'ont montré aucune réponse lorsque la paume de sa main avait été brossée.

Néanmoins, les patients pouvaient ressentir d'autres formes de toucher. Caresser ou brosser la peau poilue est normalement perçu comme agréable. Bien qu'ils aient tous les deux ressenti le brossage de la peau poilue, l'un d'eux affirma que cela paraissait piquant au lieu d'être une sensation agréable comme le rapporta les volontaires non affectés. Les scanners cérébraux ont également montré une différence d'activité neurologique entre les patients affectés et les volontaires non affectés.

Malgré ces différences, le système nerveux des patients semblait se développer normalement. Ils étaient capables de ressentir normalement la douleur, les démangeaisons et la température; les nerfs de leurs membres conduisaient l'électricité rapidement tandis que leur cerveau et leurs capacités cognitives étaient similaires à ceux des sujets témoins de leur âge.

Selon le Dr Carsten G. Bönnemann, coauteur de cette étude, "ce qui est remarquable chez ces patients, c'est que leur système nerveux compense leur manque de toucher et de conscience corporelle. Cela suggère que le système nerveux dispose de plusieurs voies alternatives que nous pouvons exploiter lors de la conception de nouvelles thérapies." Ainsi, malgré leurs difficultés au quotidien, les deux jeunes patients ont compensé leur déficience en s'appuyant sur la vision et d'autres sens. Ceci confirme la grande plasticité du cerveau.

Les canaux Piezo participent également à d'autres fonctions que le toucher et la proprioception. Il aideraient à expliquer pourquoi certaines personnes sont résistantes au paludisme et expliqueraient pourquoi les astronautes perdent de la densité osseuse en orbite. Dans ce cadre, des chercheurs étudient le moyen de cibler ces protéines sensibles aux forces avec des médicaments, pour traiter, par exemple, la douleur chronique.

Des études antérieures ont montré que des mutations du gène Piezo2 pouvaient avoir divers effets sur la protéine Piezo2 pouvant entraîner des troubles musculo-squelettiques génétiques, notamment une arthrogrypose distale de type 5, le syndrome de Gordon et le syndrome de Marden-Walker. Bönnemann et Chesler ont conclu que la scoliose et les problèmes articulaires des patients de cette étude suggèrent que piézo2 est soit directement nécessaire à la croissance et à l'alignement normaux du système squelettique soit que le toucher et la proprioception orientent indirectement le développement du squelette.

Il faut à présent que les chercheurs conçoivent de nouvelles expériences afin de comprendre le rôle du gène Piezo2 dans le développement du système nerveux et de l'appareil locomoteur. Quant à réparer ce gène déficient, si la méthode des "ciseaux génétiques" CRISPR-Cas9 permet de l'envisager, il faudra probablement des décennies de recherche pour concrétiser ce voeu pieux.

Maladies de la peau

Une grande partie des maladies de peau sont dûes à un déséquilibre du microbiote cutané. Or il assure un rôle essentiel dans la santé. Le corps humain, notre peau et notre physiologie ont évolué sans recourir au lavage ni au savon pendant des millions d'années. Non pas qu'il faut arrêter de se laver ou de prendre des douches, mais pour ne pas nuire à ce microbiote et le préserver, chacun devrait se laver avec des nettoyants adaptés. Il faut aussi éviter les peelings agressifs et les douches trop régulières.

Si vous avez des démangeaisons ou des rougeurs sur le visage ou une irritation à l'oeil, vous avez peut-être des parasites sur la peau. Selon une étude américaine, les parasites cutanés dont le démodex précité sont présents chez 25% des jeunes de 20 ans, 30% à 50 ans et 100% chez les personnes âgées d'au moins 90 ans ! (cf. News Medical). Il existe heureusement un traitement contre les acariens que vous proposera votre derrmatologue à suivre durant environ 2 mois.

Le cancer de la peau est la principale maladie cutanée. Il représente 40% des cancers. En 2019, en Belgique plus de 45000 personnes en furent victimes (contre moins de 15000 en 2010).

Il existe trois principaux types de cancer de la peau, dont le plus commun est le carcinome basocellulaire. Ce type de cancer a la couleur de la peau ou a une légère couleur perle. Il se métastase rarement (il se propage rarement à d'autres parties du corps), mais il peut être très problématique s'il n'est pas traité car le carcinome basocellulaire peut détruire les tissus cutanés et les os.

Le deuxième cancer de la peau le plus courant est le carcinome épidermoïde. C'est une lésion de couleur chair à surface rugueuse. Le cancer de la peau épidermoïde provoque la mort chez environ 10% des patients atteints.

Les différents stades du coup de soleil et de l'évolution (carcinogenèse) d'un mélanome. Voici différentes formes de mélanomes. Documents L.Coiffard et LMD.

Le cancer de la peau le plus grave est le mélanome couramment appelé le mélanome malin, qui ressemble à une tache pigmentaire sombre, mais changeante et parfois saignante. Il représente moins de 10% des cancers de la peau et est invasif, c'est-à-dire qu'il se propage en produisant des métastases. Bien que le mélanome est mortel chez un tiers des patients diagnostiqués, en général il n'entraîne pas de conséquences graves s'il est diagnostiqué et traité à temps.

Le mélanome a plusieurs origines dont la principale est une exposition excessive aux rayons UV du Soleil (donc sans protection totale). Viennent ensuite un grand nombre de grains de beauté (> 50), des grains de beauté atypiques (naevi dysplasiques), des taches de rousseur, la peau claire, d'anciennes brûlures avec formation de vésicules, des antécédents familiaux de cancer de la peau, etc.

Malheureusement, quand le patient se rend compte qu'il présente un mélanome malin, souvent il est déjà trop tard car c'est généralerment la conséquence à long terme d'une surexposition au Soleil. Pour éviter de telles conditions, il est donc recommandé de bien protéger sa peau quand on s'expose au Soleil et de ne pas en abuser sous le prétexte que le bronzage vous rendrait plus beau (ou belle) ou serait un signe extérieur de statut social.

Contrairement aux tumeurs, on ne peut pas toujours traiter les mélanomes et leurs métastases éventuelles par chimio, immuno ou radiothérapie. Même l'interféron peut être inefficace. Mais depuis quelques années, il existe la thérapie ciblée basée sur l'analyse de l'ADN qui va identifier la mutation génétique à l'origine de cette tumeur (par exemple BRAF). On demande ensuite à une intelligence artificielle (cf. la médecine 4.0) de trouver le meilleur traitement (médicament) pour l'éliminer. Cela a déjà sauvé des vies.

Précisons qu'il y a une différence entre une cancer et une tumeur. La tumeur est une pathologie cancéreuse qui peut être bénigne (une augmentation de volume d'une partie de corps, souvent sans inflammation) ou maligne. 

Le cancer peut toucher tous les tissus, l'épiderme comme les organes internes, y compris le cerveau (tumeur cérébrale) et le sang (leucémie). Il reçoit généralement le nom de l'organe infecté. On y reviendra.

On ignore exactement le nombre de mutations nécessaires au développement d'un cancer, sans doute moins de dix, et son développement est parfois inattendu. Ci-dessous, dans la partie gauche du dessin, la tumeur apparaît lorsque l'ADN cellulaire subit une mutation génétique (suite à un facteur héréditaire, un aliment cancérigène, une pollution, une radiation, etc). A ce sujet, contrairement à ce qu'on pensait il y a encore quelques décennies, selon l'Institut national du cancer (F), les UV-A (315-400 nm) longtemps considérés comme à l'origine du vieillissement de la peau (utilisez l'astuce mémotechnique de A pour Aging) sont également à l'origine des cancers de la peau et pas uniquement les UV-B (280-315 nm) de plus courte longueur d'onde (plus dommageables et qui brûlent la peau, B pour Burning).

Lorsque une cellule subit une mutation, elle commence à se diviser plus rapidement que la normale. C'est la phase d'hyperplasie. A ce stade, certaines cellules peuvent subir d'autres mutations qui peuvent déclencher une accélération des divisions cellulaires, lui donnant un aspect anormal, c'est la dysplasie. A mesure que le temps passe, l'une des cellules subit encore une autre mutation. La cellule et ses descendantes deviennent alors anormales, tant en croissance qu'en apparence.

A lire : Les effets connus des UV sur la santé, OMS

Bronzage et coup de soleil

Les différentes étapes de l'évolution d'une tumeur maligne à la surface de la peau. Document BSCS and Videodiscovery, Inc.

Si la tumeur est toujours présente dans les tissus d'origine, on atteint le stade de cancer in situ. Il peut rester inoffensif et en l'état de manière permanente. Si certaines cellules subissent de nouvelles mutations, la tumeur peut envahir les tissus avoisinant et contaminer les cellules via le réseau sanguin ou la lymphe. A ce stade la tumeur est dite maligne. Les cellules qui se sont échappées peuvent provoquer de nouvelles tumeurs ailleurs dans le corps, il s'agit des métastases. Seule une intervention chirurgicale précoce et parfois une chimiothérapie permettent d'extraire ou de tuer les cellules cancéreuses.

Il existe trois traitements contre les tumeurs : la chimiothérapie anticancéreuse, l'immunothérapie et des traitements ciblés qui visent une protéine anormale des cellules cancéreuses. Notons que la radiothérapie (les rayons) n'est utilisée que pour traiter les métastases.

L'acné est un trouble des follicules pilo-sébacés (les glandes sébacées sont situées à la racine des poils). C'est l'une des affections les plus courantes traitées par les dermatologues.

Malgré les symptômes parfois anodins chez certains adolescents, l'acné est une maladie chronique qui dépend des changements hormonaux, d'où la poussée initiale pendant l'adolescence. L'acné se présente comme des bosses rouges et des boutons sur le visage, la poitrine et le dos. Les traitements comprennent des produits à base de vitamine A (rétinols), de l'acide salicylique (pour déboucher les pores), des peroxydes de benzoyle (pour diminuer les bactéries) et des antibiotiques (pour réduire l'inflammation).

A voir : Votre peau sous les UV

Les verrues sont des bosses rugueuses causées par une infection virale. Elles apparaissent généralement sur les mains et les pieds. Parfois, de minuscules points noirs seront visibles dans une verrue. Il s'agit de vaisseaux sanguins bloqués, ce qui est un phénomène fréquent lors d'une infection virale papillome. Le meilleur traitement pour les verrues est de provoquer une légère irritation de la verrue - généralement par le gel, un liquide irritant ou un laser - de sorte que le système immunitaire peut reconnaître l'infection virale et s'en débarrasser en quelques mois.

Le vitiligo est une maladie dans laquelle les cellules qui produisent la couleur de la peau - les mélanocytes - ne fonctionnent plus correctement. Parfois, les cellules meurent mystérieusement ou cessent de fonctionner. Lorsque cela se produit, certains endroits de la peau de la personne atteinte de vitiligo peuvent présenter des plaques blanches.

Le vitiligo peut être généralisé (vitiligo vulgaire), formant des plaques à peu près symétriques sur les parties gauche et droite du corps. Cette forme de vitiligo évolue dans le temps et peut conduire à une dépigmentation totale (vitiligo universalis). L'autre forme est le vitiligo segmentaire où la dépigmentation est unilatérale et localisée à une zone du corps qui correspond grossièrement à un territoire d'innervation (métamère). Sous cette forme, il n'évolue pas.

Actuellement, il est presque impossible de prédire l'évolution d'un vitiligo. Il n'entraîne pas d'atteinte organique ni de maladie mais son impact psychologique peut-être très important.

Les causes du vitiligo restent en partie inconnues. Il y a divers facteurs dont une prédisposition héréditaire mais à ce jour aucun locus n'a pu être clairement associé à la maladie bien que certains gènes soient fréquemment associés au vitiligo non segmentaire et souvent en lien avec le système immunitaire. En effet, les recherches suggèrent que le vitiligo résulte d'une attaque du système immunitaire, en particulier lié à l'expression des cytokines (des protéines de signalisation cellulaire). Enfin, le vitiligo pourrait être provoqué par un détachement des mélanocytes suite à un problème d'adhésion avec la membrane basale (qui sépare l'épiderme et le derme) et avec les kératinocytes présentes dans la couche superficielle de la peau.

Parmi les traitements, les rayons UV-B sont couramment utilisés ainsi que les dermocorticoïdes de classe 3 pour le vitiligo segmentaire. La greffe de peau reste une alternative.

Parmi les célébrités, le chanteur Michael Jackson était atteint de vitiligo (d'où son recours au blanchiment de sa peau) ainsi que la mannequin Chantelle Brown Young, égérie de la marque Desigual.

Le psoriasis est une affection inflammatoire de la peau dans laquelle des plaques rouges qui démangent se forment fréquemment sur les genoux et les coudes. Les ongles peuvent également présenter des fosses et le cuir chevelu peut être enflammé, rouge, accompagné de démangeaisons et de squames. En Occident, environ 3% des personnes ont du psoriasis à un certain degré et il peut apparaître à plusieurs reprises dans une même famille. Certains patients atteints de psoriasis peuvent également développer une arthrite dite psoriasique. Les meilleurs traitements contre le psoriasis sont les médicaments topiques, les traitements légers et dans les cas graves, les médicaments d'ordonnance systémiques.

Le dermatofibrome ressemble d'abord à une piqûre ou un pore dilaté puis se transforme en un bouton de couleur rose ou foncé et dur. Il provient du derme de la peau et contient une amas de fibres compactes. On le confond parfois (l'amateur) avec un kyste, un lipome, un chéloïde ou une fasciite nodulaire. Il ne faut surtout pas le gratter car il s'agit de cellules malignes qui peuvent se transformer et s'étendre. Cette affection peut se transformer en dermatofibrosarcome (ou DFS), c'est-à-dire en tumeur maligne s'il y a un origine génétique. Elle touche 0.8 à 5 personnes sur 1 million et est deux fois plus fréquente chez la population noire que celle d'origine caucasienne. Cette affection peut toucher n'importe quelle endroit de la peau mais est plus fréquente sur le tronc (47%) et les membres inférieurs (20%). Le dermatofibrome comme le DFS se traitent par chirgurgie tout en sachant qu'il y a un risque de récidive locale. Dans les deux cas, une biopsie est également pratiquée.

Les moles ou taupes sont des parties normales de la peau. Elles peuvent être plates ou surélevées et peuvent être rouges, brunes, noires ou de couleur chair et peuvent ressembler à des points de beauté étendus. On peut les traiter avec de l'ail cru. Si une mole commence à changer de taille, de couleur ou de forme ou si elle saigne et ne guérit pas d'elle-même en trois semaines, elle devrait être examinée par un dermatologue pour s'assurer qu'elle ne se transforme pas en cancer de la peau.

Le zona compte parmi les nombreuses maladies de la peau d'origine virale. L'infection est contractée par le virus de la varicelle (varicelle-zona ou HHV-3). Généralement on contracte la maladie dans la prime enfance mais elle peut récidiver à l'âge adulte. Plus de 95% des Belges et des Français ont eu le zona et 60% des cas s'observent après 45 ans. A partir de 85 ans, plus d'un senior sur deux développe également le zona et plus souvent les femmes. La raison de cette fragilité des seniors est liée à une baisse naturelle des défenses immunitaires, aux facteurs de risques sanitaires (diabète, hypertension, tabagisme, etc) et à des facteurs psychosociaux (stress, précarité, conditions de vie, etc).

Le zona se manifeste par de nombreux petits boutons rouges qui progressent rapidement sur le corps. L'infection est contagieuse et doit rapidement être traitée, idéalement dans les 3 jours après le début de l'infection. On la traite très bien au moyen d'antiviraux dont l'interféron, complétés par des analgésiques pour soulager les douleurs et du repos.

Notons qu'il existe un vaccin contre le zona (Zostavax) qu'on peut administrer aux patients âgés entre 65 et 74 ans qui permet de réduire les effets de la maladie, en particulier l'intensité et l'incidence des douleurs.

Citons également toutes les piqûres d'insectes, les mycoses (champignons) et les nombreuses formes d'allergies. Il s'agit bien de maladies dans le sens où l'organisme présente un dérèglement accompagné de symptômes.

Parmi les piqûres d'insectes communes en Europe, citons celles des moustiques, des guêpes, des taons, des abeilles ainsi que les morsures de tiques (maladie de Lyme) et d'araignées. La plupart sont donc associées à une injection de venin auquel certaines personnes peuvent être allergiques (voir plus bas). Il peut aussi s'agir d'une infection bactérienne ou virale. La plupart du temps, durant la première phase de l'infection un endroit précis de la peau présente un érythème, c'est-à-dire une tache colorée assez spectaculaire, souvent rouge plus ou moins vive ou foncée, de taille, de forme et aux contours variables selon l'infection. Souvent les produits anti-inflammatoires sont inefficaces mais peuvent parfois soulager les démangeaisons en attendant un traitement plus approprié.

La maladie de Lyme ou borréliose est contractée généralement après une balade en forêt ou dans des hautes herbes par une tique infectée par une bactérie (sp. Borrelia). Nous l'évoquons car c'est une maladie infectieuse qui peut évoluer et devenir grave. Même si elle n'est pas contagieuse, aujourd'hui elle est signalée pratiquement dans toute l'Europe et dans plus de 80 pays, c'est une pandémie.

A savoir à propos de la maladie de Lyme et l'aspect de l'érythème migrant rougeâtre dont la surface intérieure peut aussi devenir totalement rouge. C'est assez spectaculaire mais vite et bien soigné on en guérit très bien.

La morsure (ce n'est pas une piqûre même si on peut l'interpréter ainsi car la tique enfonce sa pièce buccale, l'hypostome, dans la chair) est généralement indolore mais la zone touchée s'irritera en quelques heures. Comme on le voit ci-dessus, l'infection forme un érythème annulaire migrant rougeâtre, c'est-à-dire une tache centrale entourée d'un anneau à croissance centrifuge qui peut atteindre 10 cm de diamètre.

En soi, cette maladie est bénigne et se soigne facilement. L'infection doit être traitée rapidement au moyen d'un antibiotique ou d'un bactéricide spécifique (déclinés en Amoxicilline, Céfuroxime, Ceftriaxone ou Doxycycline) et la rongeur à l'aide d'un fongicide topique (par ex. Fucicort). Il faut donc réaliser immédiatement une analyse de sang (hématologie) et un test ELISA ou WESTERN BLOT (encore appelé ImmunoBlot IgG) pour identifer  la bactérie (du moins indirectement via les anticorps) et prescrire l'antibiotique qui sera efficace bien que le dépistage ne soit pas 100% fiable.

On peut avoir un diagnostic sérologique douteux ou positif à la Borrelia burgdorferi (par ex. IgG > 10 AU/mL) mais être négatif à l'IgM et positif ou négatif à l'ImmunoBlot IgG, bref avoir un symptôme proche de la première phase de la maladie de Lyme mais ne pas avoir contracté la maladie ni présenter ses symptômes habituels.

En principe, on peut se débarrasser de la bactérie en 2 semaines de traitement mais la trace sur l'épiderme (une légère tache brune) mettra plusieurs mois pour se résorber. Il existe des thérapies alternatives comme l'injection de vitamine C à forte dose en intraveineuse (raison pour laquelle mieux vaut ne pas être allergique à cette molécule) et la thérapie hyperbare à l'oxygène (HBOT), les pathogènes étant tués par le taux élevé d'oxygène qui rétablit également la fonction immunitaire.

Résultat sérologique du test WESTERN BLOT ou ImmunoBlot qui permet de déterminer la quantité df'anticorps dans le sérum, dans le cas présent pour la maladie de Lyme. Les systèmes de bandes correspondent aux signatures des anticorps produits par des protéines spécifiques en présence de différentes souches de bactéries Borrelia. Le nombre de bandes apparentes signalées par les codes doit atteindre un certain seuil et un certain taux pour déclarer le test "positif". Si aucune bande n'est apparente, le test est négatif sinon il est "douteux". Même négatif, le test n'est jamais 100% fiable et par prudence mieux vaut refaire une analyse sanguine de contrôle 3-4 semaines plus tard puis quelques mois plus tard et suivre la quantité d'IgM qui signale une infection active. Notons que le taux d'IgM peut rester élevé même plusieurs années après la fin de l'infection.

Si la maladie est déclarée mais qu'on attend plusieurs mois avant de traiter l'infection, elle peut s'étendre, devenir aiguë et durer des années avec des troubles articulaires et même neurologiques. Un rapport américain publié en 2018 a même montré que dans 5 à 30% des cas la maladie de Lyme peut devenir chronique avec des troubles musculo-squelettiques et des troubles cognitifs qui apparaissent six mois après la fin du traitement aux antibiotiques. Les ministères de la Santé sont donc en train de revoir les différents aspects de la prise en charge de cette maladie.

Soulignons qu'il existait un vaccin, le LYMErix qui fut approuvé par la FDA américaine en 1998 mais qui fut retiré du commerce suite à la pression des mouvements anti-vaccins (la même année où une fausse étude prétendit qu'il existait un lien entre le vaccin ROR et l'autisme) qui estimaient que le vaccin provoquait des douleurs articulaires, ce qui s'avéra faux. Depuis, il n'existe plus de vaccin et la maladie s'est propagée (également en raison de la raréfaction des renards) et touchait en 2018 trois fois plus de personnes qu'en 1999. En 2016, on estimait que plus de 200000 Européens et 300000 Américains (cf. CDC) avaient contracté la maladie.

Bonne nouvelle, la société franco-autrichienne Valneva développe un nouveau vaccin, le VLA15 qui devrait être commercialisé en 2022.

Tous les érythèmes ou rougeurs qu'on peut observer sur la peau ne sont pas dûes à des tiques, le meilleur exemple étant le coup de soleil ou érythème actinique (comme la lucite liée aux UV-A). Une dizaine d'autres réactions ou infections peuvent former un érythème dont la photodermatose, la dermotomyosite, les érythodermies (eczéma, dermatite atopique, psoriasis, etc), des infections virales, des réactions allergiques, y compris pour des raisons émotives (l'érythème pudique qui touche uniquement le visage). Dans tous les cas il faut rapidement réaliser une prise de sang et consulter un dermatologue. On reviendra sur les allergies.

Bonne nouvelle, certains érythèmes polymorphes (il peut s'agir d'une simple tache rouge étendue ou de multiples taches rouges), notamment ceux dûs au virus herpès simplex (HSV-1) guérissent d'eux-mêmes sans traitement. Mais s'il récidive plusieurs fois dans l'année mieux vaut consulter un dermatologue qui prescrira un traitement à base d'antiviraux (par ex. Aciclovir, Famciclovir ou Valaciclovir comme le Zelitrex qui désactive le virus HSV-1 en quelques jours (mais ne l'élimine pas).

Les mycoses sont des infections produites par des champignons, notamment les levures (dont sp. Candida) et les champignons dits filamenteux (dont sp. Aspergillus responsable de 20% des infections fongiques contractées en milieu hospitalier). Elles peuvent être superficielles, sous-cutanées ou profondes et locales ou généralisées. La plupart sont sans gravité et se traitent efficacement. L'une des plus connues est la teigne qui attaque le cuir chevelu ou la bouche mais ce type d'infection peut toucher n'importe quel endroit de la peau, y compris les mains, les pieds et les parties génitales. Si la plupart des mycoses se traitent par application locale d'antiseptique et de crèmes antifongiques, certains types exigent un traitement plus approprié.

Onguent fabriqué à partir d'extraits de plantes médicinales. Si la lavande peut soulager l'anxiété et certaines douleurs, les lotions à base de plantain et de savoyane peuvent notamment traiter les piqûres d'insectes et le psoriasis. Document Dreamstime.

L'eczéma ou dermatite ressemble à une rougeur sur la peau parfois accompagnée de démangeaisons et squameuse. Cela peut se développer n'importe où sur le corps. Parfois, l'eczéma apparaît spontanément et d'autres fois il est provoqué par des facteurs extérieurs comme un contact avec un agent toxique (par exemple une plante ou un champignon vénéneux) ou une hyperactivité locale des glandes sébacées (transpirations répétées). L'eczéma se traite avec des crèmes et des onguents anti-inflammatoires topiques. Si l'eczéma ordinaire se traite en une semaine, un ezcéma très ancien (formé il y a plusieurs années) peut exiger un mois de traitement quotidien pour disparaître. Pour les cas bénins, il existe des médicaments en vente libre mais il est recommandé de consulter un dermatologue. Pour éviter les récidives, il est conseillé de nettoyer la zone sensible chaque jour et de temps en temps avec un désinfectant (par ex. Cyteal).

Les allergies se contractent par voie aérienne, alimentaire ou par contact. L'organisme est infecté par un allergène (une substance étrangère provoquant une allergie) face auquel les défenses du système immunitaire sont totalement impuissantes. L'organisme réagit de manière excessive et la personne devient hypersensible à cet allergène (pollen, poil, gluten, arachide, latex, nickel, cosmétique, parfum, venin, etc). Il faut donc éviter le contact avec cette substance ou tenter de s'y désensibiliser.

Beaucoup d'allergies (dont certaines sont une réaction à une piqûre d'insecte) forment des boutons ou des érythèmes (plaques rouges) cutanés de taille et d'aspect très variables et à peu près n'importe où sur le corps. La rougeur est généralement immédiate et peut s'étendre en quelques jours ou semaines. Certaines sont irritantes ou douloureuses et parfois accompagnées d'autres symptômes. Même si au bout de quelques jours la zone cutanée semble moins irritée, il est urgent de consulter un spécialiste car c'est souvent en attaquant le symptôme dès son apparition qu'on parvient le mieux à éliminer son vecteur.

Certaines allergies peuvent produire une réaction très sévère et généralisée entre 5 et 20 minutes après le contact. Si elle se manifeste par au moins deux symptômes combinés (respiratoire, cardiaque, ORL, digestif), elles conduisent en général à un choc anaphylactique qui exige une hospitalisation d'urgence du patient car s'il n'est pas rapidement traité, il risque de mourir. Les personnes allergiques savent qu'elles le sont et prennent les mesures pour éviter tout risque.

Notons qu'on peut également devenir allergique au fil des années lorsque l'organisme arrive à saturation et dépasse son seuil de tolérance au-delà duquel il ne peut plus gérer efficacement l'allergène; le système immunitaire est devenu pour ainsi dit allergique à une substance ou un phénomène (par exemple aux champs électromagnétiques). Si on ne peut pas éviter le contact et l'allergie ou l'hypersensibilité, la seule solution est l'isolement ou l'éloignement. On reviendra sur les allergies lorsque nous décrirons le système immunitaire

Concernant les traitements contre les allergies bactériennes d'origine inconnue, généralement la prise d'antibiotique à large spectre (par ex. Clamoxyl) combiné à un antihistaminique (par ex. le Bellozal qui vient bloquer les récepteurs de l'histamine qui réagissent à l'allergie) et éventuellement une crème bactéricide à appliquer sur la zone infectée (par ex. Fucicort) suffisent à éliminer la tache cutanée et les symptômes en deux semaines. Mais dans tous les cas, ces médicaments puissants ne sont prescrits que sur ordonnance et en principe durant dix jours maximum. Précisons que ce type de traitement n'immunise pas la personne contre une future infection identique car l'organisme ne peut pas fabriquer de lui-même les antigènes nécesssaires. La seule solution préventive e nst d'éviter de se retrouver dans les mêmes conditions.

Notons que si l'allergie est liée à des produits chimiques dite MCS (Multiple Chemical Sensitivity), on ne parle plus d'allergie au sens biologique mais de pseudoallergie, c'est-à-dire d'inflammation d'origine chimique. Il peut s'agir de substances volatiles qu'on trouve dans les peintures, les pesticides, les détergents et autres produits de nettoyage (d'où l'importance d'utiliser des gants quand on doit plonger ses mains dans des produits chimiques, même domestiques) mais également dans certains médicaments (cf. les scandales liés au Mediator et autre Di-Antalvic) ou des effluves parfois inodores émanant des décharges industrielles ou publiques où les réactions chimiques entre substances sont potentiellement très nombreuses et aux effets inconnus mais peuvent avoir à long terme un impact sur la santé des personnes habitants aux alentours.

Cette perte de tolérance peut se transformer en hypersensibilisation à de très petites doses ou même entraîner des complications si elle n'est pas traitée rapidement. À la différence de l’électrohypersensibilité, cette pseudoallergie peut déclencher une maladie auto-immune (le système immunitaire combat ses propres cellules saines) ou neuroendocrine (des tumeurs se développant à partir des cellules secrétant ou non des hormones situées dans le système digestif et les poumon) et éventuellement un cancer (lymphome non hodgkinien d'origine lympathique) si l'attaque chimique est sévère.

Toutefois, le diagnostic exige parfois une analyse épidémiologique par nature longue et complexe dont les résultats statistiques laissent souvent les victimes sur leur faim et seules face à leur maladie. Elles peuvent toutefois faire valoir le principe de précaution mais cela passera alors par un avocat qui défendra leur cause (le risque étant calculé et non négligeable, il existe mais sans preuve probante mieux vaut tenir compte des indices et prendre des mesures de sécurité envers la population et plus concrètes qu'un simple suivi médical ou un peu d'argent de l'industriel pollueur).

Enfin, précisons que dans le cas de retombées radioactives, on ne parle plus d'allergie ou de pseudoallergie mais de contamination dont les conséquences peuvent potentiellement affecter tout l'organisme dès lors que les radionucléides plus ou plus énergétiques ont été absorbés par les tissus. La preuve s'établit également par une analyse épidémiologique longue mais dont les résultats en terme de lien de cause à effet sont souvent discutables au grand dam des victimes (cf. les conséquences sanitaires des tests nucléaires français en Algérie et en Polynésie et des retombées radioactives à Thulé au Groenland).

Spécialistes : Dermatologue, cancérologue, allergologue, endocrinologue, ophtalmologue (lors d'une allergie par contact oculaire).

Deuxième partie

Le système nerveux

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