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2050 : La Terre en héritage

Quelques indicateurs durables (III)

Malgré cette image négative de nos sociétés, nous devons souligner les nombreux développements positifs, spécialement le progrès socio-économique de nombreux pays en développement depuis 1970. Ainsi que nous l'avons évoqué, de nombreuses régions en développement passent par les mêmes transitions démographiques, économiques et sociales que les pays industralisés mais beaucoup plus rapidement. On peut dès lors s'attendre à ce que de nombreuses améliorations technologiques, sociales et environnementales que les sociétés occidentales ont connu se manifestent également mais de manière plus rapide dans les pays en développement.

Compteur de la population mondiale  -  Index Mundi

CIA - The World Factbook  -  Population Action

En mai 2010, il y avait 7 milliards d'habitants sur Terre. En 2050, la population mondiale atteindra 9.3 milliards d'habitants et devrait se stabiliser cent ans plus tard à 11 milliards d'habitants. Les problèmes de surpopulations seront exacerbés dans la plus grande partie de l'Europe, en Afrique du Nord et subsaharienne, au Moyen-Orient, en Inde, en Asie du Sud-Est, en Indonésie, en Chine, au Japon et en Amérique centrale, sans oublier dans toutes les mégapoles, New York, Mexico, Brasilia, Le Caire, etc. Document ONU/CIESIN.

Les taux de fécondité sont en train de décliner plus rapidement que prévu dans la plupart des régions du monde. Les projections de la population mondiale ont été révisées à la baisse tout au long des années 1990 et de nombreux pays en développement prévoient aujourd'hui une stabilisation de leur population au cours de la prochaine ou deux prochaines générations. Une augmentation rapide de la population persiste dans un certain nombre de pays (Asie du Sud-Est), spécialement là où les ressources naturelles représentent encore une importante source de richesse nationale (terres agricoles, forêt, pêche).

L'éducation et la santé se sont sensiblement améliorés dans les pays en développement, parfois de façon spectaculaire (anciennes colonies, Moyen-Orient, Afrique, Asie). La bonne santé et l'éducation des populations sont de première importance pour assurer une croissance économique. Si le progrès est continu dans ces secteurs, ce développement social devient l'instrument de la création et contribue à des prises de décisions durables dans tous les secteurs de la vie, favorisant le bien-être social et l'émancipation de la société.

Taux de fécondité et mortalité

A gauche, projection du taux de fécondité. Dans un pays très pauvre, avoir des enfants augmente les chances de survive de la famille et la rassure sur son avenir. Pour les parents cela signifie avoir de la main d'oeuvre pour travailler ou, si les enfants ont quitté le domicile et leur envoient régulièrement de l'argent, avoir des rentrées complémentaires. Dans une société développée en expansion, la population active passe la moitié de son temps hors de son domicile, dont 8 à 10h par jour au travail. Les aides sociales et le prix du logement ne permettent généralement pas d'entretenir une famille nombreuse. A droite, le nombre de décès par 1000 habitants en fonction du développement économique. La santé est le point noir du tiers-monde tandis que dans les pays développés les maladies sont surtout d'origine génétique. Documents ONU et OMS.

De plus, un certain nombre de tendances globales apparaissent qui, bien que neutres par elles-mêmes, offrent un contexte favorable à la réalisation du développement durable si les états et les sociétés choisissent d'en tirer profit.

Les prévisions économiques sont positives dans la plupart des régions du monde. On peut s'attendre à une croissance de nombreux indicateurs du bien-être social dans les pays en développement suite à la croissance de leurs revenus. La croissance économique permettra également à ces pays de trouver les ressources nécessaires pour protéger leur environnement et maintenir leur capital nature à des niveaux adéquats. Néanmoins, la vitesse et l'échelle auxquelles les ressources se dégradent du fait de la pollution dans certaines régions du monde sont tellement élevées qu'il est probable que leur restauration va coûter énormement d'argent en terme de soins de santé, d'assainissement de l'environnement et du remplacement des ressources perdues ou détruites (Chine, Russie, Amérique latine, ...). Ceci nécessite d'augmenter les investissements dans les mesures de prévention de la pollution ou des risques naturels qui, bien qu'initialement très cher sont de loin moins onéreux (un facteur 2 à 3) que n'importe quelle réparation des suites d'un accident notamment.

Croissances des énergies primaires et des revenus

A gauche, projection de la répartition des différentes énergies primaires entre 1990 et 2050 (scénario modéré). D'autres scénarii prévoient en 2050 une augmentation de la consommation de charbon et de pétrole (25% du marché chacun) ou, ce qui serait préférable, le développement des énergies renouvelables au détriment de toutes les autres (jusqu'à 50% du marché). A droite, projection du revenu par habitant jusqu'en 2050. Du fait que les revenus sont alignés sur l'inflation, ils augmentent beaucoup plus rapidement que dans les pays du tiers-monde dont l'économie (agriculture, industrie et services) a du mal à décoller faute de ressources (humaines, qualification, financières, ...). Documents WEC/IIASA et Stockholm Environment Institute adaptés par l'auteur.

Les innovations technologiques continuent à s'accélérer, souvent en réponse à la mise en place d'incitants financiers. Des améliorations significatives des "standards de vie" ainsi que l'efficacité et une meilleure sécurité des activités économiques peuvent être envisagées à travers un déploiement plus efficace des technologies existantes. La décarbonisation des sources d'énergie, l'augmentation du rendement des terres agricoles, un meilleur usage de l'eau et des matériaux semblent prévisibles avec une bonne probabilité. Au plus tôt ces processus sont accélérés à travers des politiques d'incitations, au plus tôt et au plus nombreux sont les bénéfices sociaux et environnementaux résultant de ces statégies. Les chances d'une transformation économique et sociale radicale, à travers le développement de nouvelles technologies, est inconnu mais ne peut pas être ignoré à long terme (~1 siècle).

Les décisions politiques

Projection de la consommation de nourriture dans le monde d'ici 2030. Le problème est global et l'OMC ne doit favoriser ou défavoriser aucune nation. Document FAO.

Les politiques interventionnistes ont un effet clair et positif sur un certain nombre de tendances. Les hauts standards de soins de santé et d'éducation dans les pays développés peuvent en grande partie être attribués à la main-mise de l'Etat sur les approvisionnements en eaux et sur les services sanitaires, les systèmes de soins de santé et l'obligation scolaire. Dans les pays en voie de développement, la chute de la mortalité infantile et des décès en cours de maternité ainsi que l'éradication d'un certain nombre de maladies mortelles sont les résultats de campagnes ciblées organisées par les gouvernements nationaux et les agences internationales. Le taux d'alphabétisation des adultes dans les pays en voie de développement est également en hausse, indice d'une réponse de la population aux investissements consentis par leur gouvernement dans l'éducation.

Le ralentissement du taux de croissance mondial a plusieurs origines souvent complexes. Il est certain que les programmes gouvernementaux visant à éduquer les populations, développant les soins de santé des enfants et instaurant des plannings familiaux ont largement contribué à la chute du taux des naissances, soulageant quelque peu la charge sociale dans les pays du tiers-monde.

Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde reste élevé, mais il ne fait aucun doute qu'il aurait été bien supérieur si des politiques agricoles nationales et internationales n'avaient pas incité les paysans à produire des variétés de culture plus productives et améliorés les techniques de gestions agricoles. La fameuse "Révolution Verte" des années 1950 et 1960 fut le résultat de recherches et développements gouvernementaux intensifs dont on peut se féliciter car elle a profité à tous.

Mais même s'il y a progrès, rappelons que des millions d'enfants meurent chaque année faute de nourriture, et que tout près de chez nous des milliers d'individus faisant partie du quart-monde sont en sursis et ne mangent pas tous les jours. Cette pauvreté s'accentue au fil du temps et aucun Etat ne semble vouloir (ou pouvoir) endiguer le phénomène.

La pollution industrielle de l'air et de l'eau a été réduite de manière importante dans de nombreux pays développés. Mais ils en avaient les moyens. Si une partie de cette réduction provient d'un changement technologique (passant du charbon au pétrole voire à l'électricité), le processus s'est accéléré du fait de l'instauration par les gouvernements de lois et de réglementations visant progressivement à réduire les sources de pollution.

Mais d'autres tendances ont résisté à l'interventionnisme de l'Etat ou ont simplement été refusées par les acteurs concernés. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère que les Etats-Unis, l'Australie et la Chine ont refusé de réduire sous le prétexte que cela allait affecter leur économie florissante (rappelons que les USA ont un taux de chômage de 5% seulement comparé aux 12% de la moyenne Européenne qui oscille entre 4 et 20% sans compter les pays de l'Est intégrés à l'Europe).

Conséquences des émissions de gaz carbonique sur le climat

La quantité de gaz carbonique contenue dans l'atmosphère était de 280 ppm jusqu'à la révolution industrielle. Selon les scénarii de l'IPCC, les concentrations de gaz carbonique continueront d'augmenter au cours du XXIe siècle sans qu'on entrevoie de stabilisation en dessous du seuil de 700 à 1000 ppm. 

L'augmentation du gaz carbonique dans l'atmosphère contribue à l'effet de serre et à la hausse de la température de l'air. En 1990, les activités humaines avaient déjà provoqué une augmentation de la température moyenne de 0.5° C. 15 ans plus tard on observe une fonte anormale des glaces polaires et des glaciers, des pluies, des inondations et des canicules plus fréquentes et plus sévères. Une augmentation de 2 à 4°C de la température moyenne pourrait engendrer des événements climatiques extrêmes (cyclones, averses de neige, sécheresse, etc) et condamner les espèces menacées d'extinction (corail, etc). Une augmentation de 4 à 6°C pourrait altérer l'évolution du climat, augmenter le niveau moyen des océans de plusieurs mètres et modifier l'effet des courants océaniques, notamment interrompre le courant du Gulf Stream en raison de la fonte des glaces d'eau douce. Du fait des caractéristiques inhérentes du climat, si nous voulons limiter la quantité de gaz carbonique à moins de 500 ppm, il faut imposer une réduction drastique de ses émissions avant 2020. Sinon, du fait de la quantité de gaz carbonique déjà déversée dans l'atmosphère et l'inertie du système, les effets négatifs se feront encore sentir durant des centaines d'années après l'arrêt des émissions. Document WBCSD.

Les politiques macroéconomiques visant à promouvoir la croissance et le développement, ainsi que les objectifs d'entr'aide des catégories démunies n'ont pas réussi à éradiquer la pauvreté mais ont simplement ralenti son évolution. La distribution de la richesse mondiale est devenue plus inéquitable que jamais, en partie du fait que les stratégies visant à la redistribuer sont très sensibles aux changements politiques.

Le nombre de personnes n'ayant pas accès aux besoins essentiels, à l'énergie (électricité, chauffage), à l'eau et aux services sanitaires continue d'augmenter, y compris en Occident. Malgré des investissements importants, les ressources publiques n'ont pas réussi à maintenir la croissance de la population et l'urbanisation dans des marges raisonnables.

Le taux de dégradation des ressources naturelles s'accélère dans de nombreuses régions du monde. Pour l'essentiel, on peut attribuer ce phénomène aux conséquences négatives des décisions politiques : mauvaise gestion des terres et des ressources minérales, tarifications inadaptées, marchés mal contrôlés ou investissements inappropriés.

Les points communs à tous ces échecs sont un manque de ressources financières et de capacité des institutions des pays en développement à se gérer eux-mêmes. C'est également un effet de l'hypocrisie politique de tous les pays concernés qui ne cherchent nullement à réformer les droits à la propriété traditionnels, les politiques fiscales ou les règlements douaniers quand il s'agit de matière première nécessaires à leurs industries. On y reviendra.

Un autre facteur qui empêche la protection des terres et des ressources en eau est la variété et l'augmentation des atteintes à l'environnement, trop de petits accidents finissant par désintéresser le public qui ne retient que les actions écologiques médiatisées. Il en est de même pour les actions humanitaires, une catastrophe majeure sollicitant plus le public que plusieurs petits événements, même si ceux-ci ont occasionné beaucoup plus de pertes en vies humaines (cfr les inondations ou les tremblements de terre).

Prochain chapitre

Les règles de bonne gouvernance

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