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À la recherche d'un langage universel

Dans le fim "Valérian et la Cité aux Milles Planètes" de Jean-Luc Besson (2017), la station Alpha inspirée de la station ISS s'est transformée en une mégapole interstellaire où se cotoyent des peuples de toutes les galaxies. A défaut d'utiliser une langue universelle, les traducteurs automatiques sont les bienvenus. Document STX Films/Europacorp.

Existe-t-il un langage universel ?

Nos préjugés peuvent-ils affecter nos chances de communiquer avec des extraterrestres sachant qu'ils pourraient être très différents de ce que nous imaginons ?

Depuis plus d'un siècle, l'humanité cherche des preuves pour réfuter notre apparent isolement galactique. En parallèle, elle s'interroge sur les implications et les conflits qui pourraient résulter du premier contact avec des extraterrestres potentiellement hostiles (cf. SETI : Le contact et R.B.Bilder, 2020).

En 1896, Nikola Tesla proposa pour la première fois que le contact avec des créatures extraterrestres était possible lorsqu'il discuta des utilisations potentielles de son système de transmission électrique. Plusieurs années plus tard, il affirma que ce contact avait eu lieu, car il avait capté un signal radio inhabituellement répétitif qui disparut lorsque Mars était absente du ciel. Malheureusement, nous ne saurons probablement jamais ce que Tesla avait détecté, mais les théories vont de l'erreur d'interprétation à la possibilité qu'il ait capté des signaux provenant de la magnétosphère de Jupiter.

Bien que l'exploration du système solaire nous ait prouvée que seule la Terre abrite des créatures intelligentes, l'espoir de découvrir une vie extraterrestre intelligente demeure une source d'inspiration pour de nombreux chasseurs d'exoplanètes, exobiologistes et chercheurs SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence). Mais ce que beaucoup ne réalisent pas, c'est qu'après la découverte, les astrophysiciens et les biochimistes passeront le relai aux linguistes et aux anthropologues (cf. Acta Astronautica, 1992). Car après avoir répondu à la question fondamentale, "Sommes-nous seuls ?",  la prochaine question à poser est invariablement : "Qui êtes-vous ?" Mais il n'est pas certain que nos interlocuteurs comprendront ce que nous voulons dire. En effet, en l'absence d'une compréhension mutuelle ou de modèle linguistique évident, la méthodologie que les linguistes ont soigneusement élaborée au fil des décennies pour traduire des langues inconnues serait inutile.

Le rôle de la linguistique

La plupart des stratégies actuelles supposent qu'une langue écrite dispose d'une structure basée sur des unités de son ou phonèmes (en français par exemple il existe 36 phonèmes comprenant 16 voyelles et 20 consonnes). Lorsque les linguistes s'attaquent à une langue inconnue, la division des phrases écrites en phonèmes est la première étape pour identifier des modèles qui pourraient indiquer un sens. En l'absence de telles unités, une langue écrite peut être analysée à partir de structures linguistiques de sens similaires, appelées morphèmes, c'est-à-dire les plus unités significatives comme un mot ou partie de mot, mais cela nécessite souvent de vastes ensembles de données. Mais même ainsi, toutes ces stratégies communément appelées la linguistique combinatoire ont été affinées pour être utilisées dans le but de donner un sens aux langues terrestres archaïques et mortes et nécessitent une formation archéologique approfondie pour être utilisées efficacement (cf. l'épigraphie).

Le radiotélescope d'Arecibo utilisé en 1974 pour émettre délibérément un message en direction de l'amas globulaire M13 dans l'espoir qu'une civilisation extraterrestre le capte un jour. Document NROA.

Même la célèbre théorie de la grammaire universelle de Noam Chomsky suppose que certaines structures du langage sont universelles et ont une base génétique et, par conséquent, propres à l'humanité. Créer une méthode pour décoder une langue inconnue sans s'appuyer sur des parallèles avec des langues terrestres semble être un obstacle insurmontable. Toutefois, il est tout à fait possible qu'une langue extraterrestre soit silencieuse ou, à défaut, manque de composante écrite, de sorte que ces méthodes traditionnellement fiables seraient inutiles pour comprendre une telle langue étrangère.

Pourtant, les scientifiques - physiciens, mathématiciens et astronomes - ont tenté de s'attaquer à ce problème en partant du principe que les mathématiques et la physique sont une sorte de langage universel (cf. le disque placé sur les sondes spatiales Pionerr 10 et 11 et Voyager 1 et 2).

L'Institut SETI, fondé en 1984 se consacre à la recherche et l'interprétation d'un éventuel signal émit par une civilisation extraterrestre. Les membres de cet institut recherchent non seulement des signaux provenant d'éventuelles civilisations extraterrestres, mais travaillant également sur des projets en planétologie et en exobiologie.

Les exobiologistes en particulier connaissent la difficulté de supprimer les préjugés terrestres dans leur quête car ils recherchent les traces de vie extraterrestre en se référant aux formes de vie évoluant sur Terre. Ils prennent en compte la possibilité qu'il existe des organismes à base de silicium plutôt que du carbone par exemple ou l'idée que la vie extraterrestre pourrait s'adapter à des conditions physico-chimiques dépassant celles de la biodiversité terrestre (cf. La faculté d'adaptation, le polymorphisme du monde).

Enfin, une poignée de chercheurs de l'Institut SETI comme Laurance Doyle étudient les moyens de communications. Il s'est spécialisé dans les formes de langage, y compris chez les animaux.

Moyens de communications

En fait, il existe un large éventail de formes de communication sur Terre. Au-delà des modes de communication gestuel et vocal, la communication peut s'établir via la danse chez les abeilles, la communication hormonale chez les acacias et les harmoniques de battement (la superposition de deux signaux de fréquences proches) chez les poissons et manchots, sans parler des perceptions extra-sensorielles comme l'hypothétique télépathie.

Bien sûr, on peut se demander si l'un de ces systèmes de communication constitue un véritable langage, un terme que les linguistes semblent réserver uniquement au langage humain. Pourtant, ce n'est que depuis les années 1980 que les langues des signes ont été reconnues comme un langage. Cela montre clairement que les préjugés humains imprègnent tous les efforts pour catégoriser à la fois la communication non humaine et pour développer une méthodologie de traduction fiable pour les éventuelles langues extraterrestres.

Ainsi, beaucoup de spécialistes se tournent vers les mathématiques comme une voie apparemment impartiale. Mais rechercher une solution mathématique ou basée sur la physique n'est pas sans inconvénients. Non seulement cela exclut la possibilité d'une approche radicalement différente de la physique - un domaine où la science-fiction excèle -, mais il manque également l'inclusion de données socioculturelles, un élément intrinsèque dans toute analyse linguistique approfondie.

Le mathématicien Hans Freudenthal a tenté de concevoir un langage qu'il appelle LINCOS (Language for Cosmic Intercourse) pour communiquer avec des êtres qui n'auraient aucune connaissance de la culture, des langues ou des êtres vivants sur la Terre. LINCOS est un langage non verbal consistant à enseigner les bases des nombres, l'arithmétique, la théorie des ensembles, la logique mathématique, la notions de temps, le comportement et des notions de physique.

A gauche, un extrait de la langue Lincos, une forme de communication à base mathématique créée par le mathématicien Hans Freudenthal qu'il développe dans son livre " LINCOS: Design of a Language for Cosmic Intercourse", part I, 1960. Au centre, le message envoyé en 1974 grâce au radiotélescope d'Aricebo vers l'amas globulaire M13. Les couleurs ont été ajoutées pour mieux différencier les différentes parties. A droite, ce tableau présente le système de comptage «un-deux-plusieurs» du peuple Pirahã. Document P.Gordon (2004).

Dans toute tentative de communication avec une personne utilisant une langue étrangère, il est essentiel de combler l'écart entre les langues des deux interlocuteurs. LINCOS utilise les mathématiques et la physique comme point commun ou pont linguistique entre les Terriens et une éventuelle civilisation extraterrestre. Mais son point faible est qu'il fait également l'hypothèse potentiellement fausse que les mathématiques sont un concept universel.

Rafael Nuñez, chercheur en sciences cognitives à l'Université de Californie à San Diego (UCSD), soutient que les mathématiques ne sont peut-être pas aussi impartiales que nous le pensons. Bien que ses théories furent critiquées par des mathématiciens, elles sont soutenues par des preuves culturelles chez des peuples dont les perceptions des mathématiques et du sens des nombres ne sont pas conventionnelles. Ainsi, dans un article publié dans la revue "Science" en 2004, Peter Gordon étudia le peuple Pirahã vivant près de Porto Velo, au nord-ouest du Brésil et découvrit qu'ils n'ont pas un sens développé des nombres en dehors des concepts généraux de petites et grandes quantités. De toute évidence, l'approche d'un dialogue productif avec un locuteur Pirahã ne serait pas réussie si l'on adoptait une approche uniquement mathématique. Si ces caractéristiques cognitives ne sont même pas universelles sur Terre, à quoi bon vouloir les appliquer ailleurs dans l'univers. En supposant - a priori - qu'une civilisation extraterrestre perçoive les nombres, les mathématiques, la physique et la logique d'une manière analogue à nous, cela pourrait nous entraîner très rapidement vers une mauvaise interprétation au lieu d'une conversation productive.

Le peuple Pirahã du Brésil a une vision conceptuellement unique des mathématiques qui incorpore principalement de grandes ou petites quantités, plutôt que des nombres discrets. Document Gabriel Bicho/Mídia NINJA.

La linguistique informatique - union de la linguistique et de l'informatique - propose une manière de définir des procédures de traduction mais présente également des pièges similaires à une stratégie basée sur les mathématiques ou la physique. Elle fait l'hypothèse discutable qu'une civilisation extraterrestre produirait des messages de la même manière que les êtres humains. Elle reconnaît cependant que la forme probable de communication extraterrestre se ferait par le biais d'un signal électromagnétique.

Mais depuis que l'homme écoute l'univers, aucun signal d'origine artificiel n'a encore été capté, bien que l'espoir des fervents défenseurs de SETI demeure.

La Terre émet deux types de rayonnements qu'une éventuelle civilisation extraterrestre pourrait détecter. La première émission est le rayonnement électromagnétiques (émissions radio, TV) que nous émettons tout azimut depuis 100 à 150 ans, ce qui limite le nombre de civilisations extraterrestres potentielles ayant capté nos émissions à un petit nombre de systèmes planétaires. 

Selon la base de données "Nearby Stars Database" (NStars) de l'Université d'Arizona, il existe 2633 étoiles dans un rayon de 25 parsecs (81.5 a.l.). La plupart sont des étoiles naines rouges ou brunes. Si on étend ce volume à 150 années-lumière, il y a toujours une majorité de naines brunes et d'étoiles naines blanches ainsi que quelques nuages de gaz. Sachant que 25 pc = 25 x 3.26 = 81.5 années-lumière, on peut estimer que le nombre d'étoiles dans un rayon de 150 années-lumière est de (150/81.5)3 * 2633 = ~ 16500 étoiles, dont plusieurs milliers de type solaire abritant des exoplanètes.

La seconde trace sont les biosignatures de la Terre, celles laissées par la présence d'oxygène, du gaz carbonique, du méthane et des dérivés azotés, autrement dit par le métabolisme des formes de vie. Si les extraterrestres ont établi le lien entre la vie et ces biosignatures, les fortes concentrations mesurées sur Terre leur permettraient d'en déduire que la Terre présente une atmosphère et abrite probablement la vie.

Le langage et la pensée

Quelques décennies avant que H.G. Wells ne popularise l'idée du premier contact avec des extraterrestres (La Guerre des Mondes, 1898), le philosophe et linguiste prussien Friedrich Wilhelm von Humboldt étudia le lien entre le langage et la pensée. Bien qu'apparemment sans rapport avec le problème du déchiffrement des communications extraterrestres, selon Humboldt langage et pensée sont intrinsèquement liés : "les idées et la langue qui sert à les exprimer sont si étroitement liées ensemble qu’elles tiennent, à bien peu de différences près, constamment la même marche et sont assujetties à une influence continuellement réciproque" (Essai sur les langues du Nouveau Continent, 1812).

Humboldt posa inconsciemment les bases de la théorie de la relativité linguistique : l'idée que le langage détermine (le déterminisme linguistique) ou influence la connaissance (relativité linguistique). Le principal argument de Humboldt était que la fonction la plus importante du langage était comme un "organe de pensée formateur" qui affecte la vision de la réalité de l'orateur.

En outre, en 1820 Humboldt inventa le concept de "Weltansicht" ou vision du monde distinctement linguistique qu'un locuteur utilise pour penser, communiquer et conceptualiser sa réalité. Plus d'un siècle plus tard, en 1941 cette idée sera développée par le linguiste américain Benjamin Lee Whorf qui proposa l'idée d'un "monde de la pensée" : "le microcosme que chacun porte en lui, par lequel il mesure et comprend ce qu'il peut du macrocosme..." Bien que le déterminisme linguistique ait été fortement critiqué et réfuté par la recherche moderne, la question de la relativité linguistique est toujours un sujet d'investigation, notamment le concept selon lequel la vision du monde de chaque organisme est influencée par la langue qu'il parle. Cette idée a certainement inspiré ceux qui souhaitent s'attaquer au problème du déchiffrement des communications extraterrestres.

Dans "Story of Your Life" (Histoire de Ta Vie, cf. Stories of Your Life and Others), une courte histoire de science-fiction publiée en 1998 par Ted Chiang, la linguiste Louise Banks est chargée de traduire et de servir d'interprète entre une armée américaine belliqueuse et des visiteurs extraterrestres nommés à juste titre Heptapodes, en raison de leurs sept membres.

A voir : Premier Contact - Bande-annonce

Christopher Wolfram - The Code Behind the Arrival - 38 of the Logograms from Arrival, imgur

A lire : Where is Abbott? How to make logograms from the film “Arrival”?

Le film "Premier contact" (Arrival) de Dennis Villeneuve (2016) est basé sur la nouvelle "History of Your Life" de Ted Chiang qui s'intéresse aux tentatives de l'humanité pour communiquer avec une intelligence extraterrestre appelée les Heptapodes. A droite, le logogramme signifiant "humain" en heptapode. Dans ce film, la linguiste Louise Banks (Mary Adams) s'efforce de comprendre la langue des Heptapodes, ce qui a pour effet de provoqer un changement dans sa propre cognition. Documents Paramount Pictures.

La situation s'envenime le jour où les chercheurs demandent aux Heptapodes l'objectif de leur venue et qu'ils évoquent à travers leurs logogrammes ce que les chercheurs et les militaires interprètent comme un échange ou un don d'armes. Les autorités militaires concluent qu'il s'agit d'une menace ou qu'une seule nation recevra des armes extraterrestres. Mais pour Banks, à cause de la complexité de la langue extraterrestre, le logogramme qui peut représenter un mot ou toute une phrase, peut également signifier "outil", les Heptapodes cherchant peut-être à échanger des biens. Finalement, Banks se rend compte que les Heptapodes discutent du temps et ont la faculté de lui transmettre des visions.

Banks découvre que la langue des Heptapodes s'exprime pour toutes les époques - une extension extrême de l'hypothèse de Sapir-Whorf, qui prétend que les représentations mentales dépendent des catégories linguistiques; autrement dit que le langage façonne notre vision du monde plutôt que la pensée qui dépend du temps qui s'écoule. Costello, le surnom donné à l'un des Heptapodes, informe Banks que leur présence sur Terre a pour objectif de transmettre leur langue ainsi que les bienfaits supplémentaires qui en découlent, parce qu'ils prévoient que l'humanité les aidera en retour dans trois mille ans.

Selon Chiang : "Si jamais nous avons une interaction face-à-face avec des extraterrestres, je pense qu'une approche socio-anthropologique serait la meilleure." Dans son histoire, ce que Banks ne réalise pas immédiatement est que l'aspect le plus puissant de ses tentatives pour apprendre une langue radicalement différente de la sienne est que cela changerait aussi fondamentalement son propre processus de cognition (les processus mentaux qui se rapportent à la connaissance et mettent en jeu la mémoire, le langage, le raisonnement, l'apprentissage, l'intelligence, la résolution de problèmes, la prise de décision, la perception ou l'attention).

A gauche, la colexification (la capacité d'un mot d'une langue d'exprimer des significations différentes) des concepts d'émotions universelles (en haut à gauche) et des principales langues regroupés par communautés (les couleurs). Document J.C. Jackson et al. (2019). A droite, le "temps" en langue heptapode. Document Paramount Pictures.

Ce type d'effet ne se limite pas à la science-fiction. À la fin des années 1990, une série d'études linguistiques a établi un lien entre la modalité ou le type (par exemple, parlé, gestuel, dansé) d'une langue donnée et le développement cognitif du locuteur. Ces études ont fait valoir que le manque de preuves de la relativité linguistique était dû au fait que les différences entre les langues de comparaison n'étaient pas assez radicales. Bien que pour le locuteur moyen, le russe et le chinois semblent incroyablement distincts, ils ne sont en fait pas assez opposés pour déclencher des changements significatifs dans la cognition du locuteur.

Cependant, lorsque la modalité du langage est modifiée (par exemple, de l'oral au gestuel), il y a des changements cognitifs mesurables et significatifs chez le locuteur. Les scientifiques ont constaté qu'il y avait non seulement une corrélation positive entre les langues gestuelles et une augmentation des performances au cours de différents tests, mais que ceux qui signaient surpassaient constamment leurs pairs qui ne signaient pas dans les tests d'intelligence non verbale ainsi que les tests de QI de performance, quel que soit l'âge auquel ils apprenaient la langue des signes.

À juste titre, Chiang reconnaît également les études de la langue des signes américaine comme une de ses inspirations pour la langue des Heptapodes. Dans "Story of Your Life" et des études linguistiques révolutionnaires, le changement de mode de langage a des effets radicaux sur la cognition humaine.

Plus surprenant encore, il ne s'agissait pas d'effets temporaires. Des études de suivis menées sur les mêmes sujets testés ont montré que ces avancées étaient présentes jusqu'à six ans après l'introduction initiale d'un autre mode de communication. Indépendamment de la capacité auditive, les personnes signant originales ont radicalement surpassé leurs collègues non signants dans divers tests cognitifs, y compris ceux concernant des compétences visuelles et spatiales, de la mémoire spatiale et des compétences en résolution de problèmes mathématiques.

Groupe

QI Total

QI Verbal

QI Performance

Groupe Signant (N=19)

114 (75%)

116 (75%)

109 (70%)

Groupe de Contrôle (N=24)

102 (53%)

103 (55%)

101 (52%)

Résultats d'une série d'études réalisée par Acredolo et Goodwyns en 2000 sur les effets du langage gestuel sur la cognition. Dans un autre contexte, il est possible de communiquer avec de jeunes enfants grâce au langage signé avant même qu'ils sachant parler (cf. La méthode Baby Siqns). Document Jesse Shanahan.

Ces études renforcent non seulement l'idée que le langage peut influencer la cognition, mais montrent que la force cruciale derrière cette influence est le mode de langage appris. Pour expliquer ces effets et tenter de déterminer pourquoi ce type de relativité linguistique a des effets si importants, une réponse prometteuse réside dans la théorie de la cognition incarnée. La thèse de la cognition incarnée suggère que le corps, l'environnement et les capacités sensorimotrices d'un organisme ont une grande influence sur la cognition; en particulier, c'est l'interaction entre ces différents traits, comprenant le langage et la pensée, qui détermine la capacité cognitive de l'organisme. Pour l'essentiel, cette théorie soutient que le mode de langage utilisé, la pensée de l'utilisateur et la compétence cognitive de l'utilisateur sont liés dans un réseau interconnecté.

Ce concept a récemment été exploité dans le film "Premier Contact" (Arrival) de Denis Villeneuve sorti en 2016 qui est basé sur l'histoire "Story of Your Life" précitée. Tout comme dans ce récit, le processus d'apprentissage du langage des Heptapodes change irrévocablement les processus mentaux de la Dr Banks. En bref, le langage des Heptapodes, s'il était réel, fournirait un autre élément de preuve à l'appui de la relativité linguistique.

Même au-delà des changements cognitifs observés chez les utilisateurs de la langue orale qui apprennent une langue des signes ou ceux suggérés par l'expérience de la Dr Banks dans "Story of Your Life", une question troublante demeure. Si le mode de la langue étrangère était assez puissant, jusqu'où iraient les changements cognitifs ? Y a-t-il des erreurs plus dangereuses à commettre dans la tentative de communiquer avec des extraterrestres qu'une simple mauvaise traduction ? L'humanité pourrait-elle se trouver irrévocablement altérée simplement en acquérant une maîtrise du langage de certaines sociétés extraterrestres ?

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