La
démarche des militaires
Introduction (I)
Venons-en à ce qui a frappé le plus les imaginations à propos des OVNI.
Pour renforcer l'opinion du public sur le fait qu'il existe réellement un
"problème OVNI", il y a les observations enregistrées par les autorités
militaires ou civiles, des personnes assermentées donc en principe dignes de
foi, ayant une grande expérience de l'observation et très
sensibles au ridicule, tout comme les scientifiques.
Rappelons
que depuis près d'un siècle, les militaires auraient été les
témoins privilégiés d'étranges phénomènes. Les premières
observations militaires connues remontent à 1933, lorsque des avions fantômes
furent observés en Suède. N'ayant pu les intercepter et devant
l'insistance des autorités, l'État-major adressa un rapport à la
presse.
Quelques
années plus tard, en 1942, des objets lumineux furent observés
au-dessus de Los Angeles et furent confirmés dans un rapport
qu'adressa le général Marshall au président Roosevelt.
Deux ans
plus tard, pendant la bataille d'Angleterre, les pilotes observèrent
des "foo-fighters"
(chasseur de feu), sortes de lueurs mobiles qu'ils ne pouvaient identifier.
Ces objets changeaient de couleur (rouge, orange ou blanc) et leur
dimension pouvait atteindre un mètre de diamètre. Les Allemands
pensaient qu’il s’agissait d’armes alliées et les alliés d’armes
allemandes, “des bolides choucroutes”. Mais au dire de certains
pilotes, des foo-fighters ont traversé la carlingue de bombardiers,
flottant dans la cabine de pilotage avant de ressortir !
Cet effet fit dire aux scientifiques qu’il s’agissait
de boules de plasma, d'éclair en boule ou de feux Saint-Elme (cf.
les éclairs). Mais
l'explication est difficilement soutenable quand on sait que ces phénomènes
requièrent des conditions météos particulières et sont associés
à des effets thermiques ou d’électricité statique (voir plus
bas).
Désinformation,
censure et rétention d'information
Laissons
pour l'instant de côté l'incident de Roswell qui ne mérite probablement pas le
battage publicitaire dont il a fait l'objet et dont le Dr Hynek ne
discuta même pas dans son fameux livre. Nous le traiterons
dans un article distinct.
Il
reste que de temps en temps des contrôleurs aériens voient des échos
inexpliqués sur leurs écrans, des OVNI survolent des sites
militaires ou de haute sécurité, des avions de chasses perçoivent
ou sont poursuivis par des OVNI, des pilotes se sentent menacés par
des OVNI et certains bâtiments de guerre ont même été retrouvés
intacts mais sans leur équipage.
La plupart du temps les personnes impliquées refusent d'en parler par peur
du ridicule ou leurs rapports sont immédiatement mis au secret. S'ils en
parlent... c'est sur leur lit de mort. Si des informations filtrent
dans les médias, les autorités s'empressent de les démentir. Cette situation
est caractéristique de la désinformation.
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Si
des militaires ont observé des OVNI et autres UAP au
cours de leurs missions, peu osent en parler pendant
leur carrière et quand ils le font, leur rapport
reste classifié et secret parfois pendant des
dizaines d'années, au grand dam des chercheurs à qui
échappent ainsi de précieuses données. Document
T.Lombry. |
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La
désinformation
La désinformation consiste à diffuser sciemment des
informations déformées ou mensongères (faux témoignages,
documents truqués, rumeurs, etc) dans les médias afin de décrédibiliser
les témoins, détourner l'attention du public de l'affaire, ou
encore pour convaincre ou diviser l'opinion publique.
Parfois,
le sujet concerne des intérêts tellement sensibles
(programmes secrets, atteinte à la sécurité nationale, etc) que
la désinformation est renforcée par des méthodes d'intimidation.
Il va sans dire que ces méthodes de gangsters sont illégales,
même du chef d'un État. Quand se greffent sur cette attitude des
détournements de fonds publics, de matériel ou des atteintes à
la vie privée ou un attentat (cf. l'affaire
du Rainbow Warrior de Greenpeace en 1985 en France), ces
attitudes sont généralement dénoncées et, si l'affaire aboutit,
leurs commanditaires mis à pied et condamnés, que ce soit des
civils ou même un président en excercice (cf. l'affaire
d'espionnage du Watergate impliquant le président Richard Nixon
en 1972-1974). Mais dans l'intérêt du public l'autorité suprême
peut toujours invoquer la raison d'État pour justifier son action
criminelle et ainsi échapper indéfiniment à toute action en
justice.
Les
autorités militaires comme civiles sont passées maître en cet
art; il suffit de se rappeler les nombreux scandales politiques
touchant la déontologie ou les intérêts publics (espionnage,
accidents, pollutions, etc), la langue de bois et le manque de
transparence des autorités dans des affaires locales pour s'en
convaincre.
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Document
T.Lombry. |
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La
censure
L'action
des autorités peut aller plus loin. Lorsque les autorités contrôlent
les médias ou les individus en leur interdisant de communiquer,
cela s'appelle de la censure.
Ce
genre d'action met directement en cause la responsabilité de
l'auteur ou du témoin dont les conséquences vont parfois jusqu'à
toucher sa vie privée ou professionnelle avec tous les effets
négatifs socioéconomiques et psychologiques que de tels moyens de pression
peuvent entraîner. Des pays prétendûment démocratiques mais
totalitaires comme la Russie, la Chine, la Birmanie et la Turquie
abusent de cette méthode pour mieux assujettir leur population.
Bien
que nous jugeons tous a priori que la censure est intolérable,
ce contrôle ne signifie pas toujours que les comptes-rendus cachent
des évènements d'intérêt majeur. L'affaire peut simplement être étouffée par
intérêt pour les témoins ou par manque de preuves. Elle peut aussi être
classée car le phénomène ne présentait aucune preuve "d'hostilité".
Plus
récemment, suite au succès des réseaux sociaux, étant donné
qu'il s'agit d'entités juridiques privées, ils doivent assurer
eux-mêmes la modération des commentaires et des messages publiés
par les internautes. Dans les cas extrêmes, ils peuvent aussi
censurer ou interdire l'accès à certaines personnes propageant des
idées contraires à la charte du réseau social (cf. la censure
instaurée par Facebook et Twitter suite aux propos
tenus par Donald Trump en 2021 incitant à la violence ou concernant
les commentaires mensongés et la désinformation autour de la
pandémie de Covid-19).
Mais
à force de juger la situation par anticipation et à la place du
public ou des personnes concernées, ces dernières finissent parfois par se
révolter contre l'autorité, exigeant sa démission ou la mise sur
pied d'une commission d'enquête.
La
rétention d'information
S'ajoute
à ces actions peu démocratiques voire délictueuses, la rétention
d'information. Elle agit déjà au sommet de la hiérarchie, du chef
du Président ou au sein même des gouvernements lorsque le Premier
Ministre par exemple décide unilatéralement de diffuser ou non
certains rapports sensibles aux différentes autorités concernées
(rapport d'audit, rapport d'analyses, etc).
En
de rares occasions les médias agissent également de cette manière, parfois
de commun accord avec le monde politique (bien que les journalistes
occidentaux revendiquent le droit de s'exprimer librement et en
toute indépendance), mais également pour des raisons
déontologiques, pour ne pas alarmer inutilement les personnes
sensibles, pour ne pas alimenter une rumeur, hâtiser un conflit,
etc. Et ne parlons même pas de la communication dans les
entreprises qui doit parfois être dénoncée par les syndicats pour
leur manque de transparence ou leur mutisme. Il semble donc que
ce genre d'attitude fasse partie de notre culture, pour le meilleur
comme pour le pire...
Comment
peut-on justifier de telles attitudes ? Si la désinformation est
condamnable dans la mesure où les autorités sont mandatées par la
population ou leurs représentants et nous doivent donc à tous des
explications claires et complètes sur leurs actions et leurs
résultats, la rétention d'information peut être justifiée dans
l'intérêt de l'entreprise (on n'ébruite pas un piratage
informatique pour ne pas inciter les personnes malveillantes à en
profiter), dans l'intérêt du service (pour notamment limiter les tensions
internes et le risque de conflit) ou dans l'intérêt des personnes. Mais
elle est surtout appliquée pour la raison d'État quand cela
concerne par exemple une invention technologique.
Nous
connaissons tous l'histoire de l'invention du radar durant la
Seconde guerre mondiale qui fut jalousement tenue secrète par les Anglais
pour garder l'avantage tactique sur les Allemands. Même principe
pour la bombe atomique dans le cadre du projet
Manhattan. Encore de nos jours, aucun nouvel État ne peut
développer une arme atomique. Mêmes cachoteries au DARPA et au
Pentagone où leurs contractants qu'ils soient militaires ou civils
ont un devoir de réserve et ne peuvent pas divulguer toutes leurs
découvertes pendant autant d'années que le décide le DoD.
Plus récemment,
l'invention de l'optique adaptative qui permet d'améliorer la qualité
des images en temps réel (cf. Horace
W.Babcock, 1953) fut appliquée par l'armée américaine dans
les années 1980 pour observer en détail les satellites espions
survolant son territoire et identifier leur pays d'origine. Alors
que cette application est inoffensive et aurait pu intéresser tous
les passionnés d'imagerie, elle ne fut jamais rendue publique. Il fallut attendre
les années 2000 pour que les civils découvrent par eux-mêmes cette technologie
et l'appliquent d'abord aux grands télescopes tels les VLT de l'ESO
puis dans différents secteurs de l'industrie et des sciences.
Imaginez
maintenant que le gouvernement découvre une technologie extraterrestre
révolutionnaire. Le temps de l'étudier, de la maîtriser et de
garder une avance technologique, le secret peut être gardé pendant
50 ans sans que personne n'ait la moindre idée de son
existence ! Ensuite, l'État peut encore faire valoir ses droits
pour empêcher le lever du secret pendant 50 années supplémentaires.
Mais plus il attend plus il risque d'être confronté à de
l'espionnage industriel, des fuites d'informations et des rumeurs
qui finalement peuvent aboutir à l'ouverture d'une commission
d'enquête.
En
matière militaire, le but d'une armée est avant tout de défendre le territoire national.
Tout objet volant doit être identifié et ses données techniques
consignées par le ministère des transports ou celui des télécommunications.
Dans la négative l'objet sera interdit de vol. S'il est intercepté
il sera conduit au sol, le pilote verbalisé et peut-être
emprisonné. Si l'objet est un avion militaire, s'il n'est pas immatriculé et
n'accepte pas les sommations d'usage, il pourra être abattu pour la
sécurité nationale. Tous les pilotes connaissent ces règlements.
Ce type d'intervention ne devrait jamais se produire envers des
avions civils qui disposent de plusieurs moyens de réponse
(automatique ou manuel). Bien sûr une panne de transpondeur limite
les communications et dans ce cas il faut bien faire appel à l’armée
pour apprécier la situation.
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Pilotes
de F-16 et de F-18 témoins d'une rencontre rapprochée avec un OVNI.
Si avec un peu de chance, ces notifications sont
rendues publiques au bout de 20 ans mais uniquement
sur demande d'une autorité, des informations
sensibles peuvent rester censurées pendant au moins
50 ans si l'autorité suprême juge qu'il en va de la
sécurité nationale. Documents T.Lombry. |
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Mais il est difficile de comprendre pour quelles raisons les autorités
s'empressent de démentir certaines observations confirmées par des
témoins-oculaires ou refusent carrément d'en parler comme ce fut
le cas de l'OTAN durant la vague belge de 1989-91. Dans des Etats de
droits à la politique soi-disant "transparente" cette
attitude est surréaliste voire scandaleuse quand elle met en jeu la
sécurité nationale ou même la santé des témoins. Prenons
quelques exemples parmi les affaires emblématiques les plus
étranges.
Alors
qu'entre 1958 et 1964 on recensa en moyenne 514 notifications d'OVNI
par an, on en dénombra autant au cours du seul été 1965. L'une
des observations les plus étonnantes et qui symbolise bien la démarche
des autorités militaires concerne une rencontre rapprochée du 1er
type, assez similaire à celle de Portage Country, qui eut lieu
également aux Etats-Unis, à Exeter en 1965, à laquelle assisteront
plus d'une dizaine de témoins.
L'incident
d'Exeter
Nous
sommes à Exeter,
dans l'Etat du New Hampshire, le 3 septembre 1965. Alors
que le jeune Norman J.Muscarello, âgé de 18 ans, était au bord de
la route nationale 150, faisait de l'auto-stop pour rentrer chez
lui, aux premières de l'aube, il vit une énorme sphère de couleur rouge s'élever au-dessus
des arbres qui bordaient un pré. L'OVNI bascula vers l'avant et se
déplaça au-dessus d'une maison qu'il éclaira violemment d'une
lueur écarlate. Muscarello estima la taille de l'objet à 25 ou 30
m de diamètre, plus grand que la maison qu'il illuminait de tous ses
feux. Il était ceinturé par un anneau de feux rouges clignotants
et zigzaguait pendant ses déplacements. Muscarello n'entendit aucun
bruit de moteur. Soudain l'objet plongea dans sa direction.
L'adolescent s'engouffra dans le fossé et l'OVNI disparut derrière
les arbres.
Muscarello
s'empressa d'aller frapper à la porte de la maison, mais personne
ne lui ouvrit. Il vit les phares d'une voiture et courut sur la route
lui faire de grands signes afin que la voiture s'arrête.

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Le
jeune Norman Muscarello (à gauche) en compagnie des patrouilleurs de police
David Hunt et Eugene Bertrand et du dispatcheur "Scratch" Toland
(assis). Document Union Dealer News. |
Le
couple le prit en charge et le conduisit à Exeter, d'où il avertit
la police du comté à 2h25. L’adolescent était blême, presque
en état de choc et secoué. Il lui raconta sa rencontre insolite
mais l’officier de garde, M.Toland, ne le prit pas au sérieux :
"Ecoutez, répondit Muscarello énervé, je sais que vous ne me
croyez pas. Je le comprends, mais vous devez appeler quelqu'un pour
m'accompagner sur les lieux". Constatant malgré tout que le
garçon était bouleversé, Toland appela une voiture de patrouille.
Quelques
minutes plus tard le policier Eugene Bertrand rejoignit le poste.
Quand le garde lui expliqua ce que l'adolescent avait observé,
Bertrand se remémora un incident qui avait eut lieu une heure plus
tôt. Il s'était arrêté derrière une voiture stationnée en
bordure de la route 101. Une femme était au volant, affolée. Elle
disait avoir été suivie sur 19 km par un objet brillant, rouge et
silencieux. L'objet était resté à quelques mètres de sa voiture
jusqu'à ce qu'elle arrive à Exeter, où d'un seul coup l'objet s'éleva
dans les airs à très grande vitesse et disparut. Bertrand n'avait
pas jugé bon de prévenir le shérif. A présent, le compte-rendu
de l'adolescent donnait à ce témoignage une toute autre
signification.
Tous
deux retournèrent près de la propriété où le garçon avait vu
l'OVNI le long de la route 150. Il était 3h du matin. La nuit était
claire, sans Lune, et les étoiles scintillaient dans le ciel.
Emotionné,
Muscarello était toujours très nerveux. Ils commencèrent à
chercher des indices et pendant qu'ils examinaient le pré avec une
lampe de poche, Bertrand expliqua au garçon qu'il avait peut-être
observé un hélicoptère. Muscarello protesta vigoureusement, lui
rappelant qu'il savait comment volait les hélicoptères. Il ne
s'agissait pas non plus d'un avion de la base militaire toute
proche.
Soudain
ils entendirent les chevaux hennir et donner des coups de sabots
dans leur box et les chiens se mirent à hurler. C'est alors que
Muscarello s'écria : "Je le vois ! je le vois !".
Bertrand se retourna et vit s'élever lentement au-dessus de la cime
des arbres un objet rond et brillant d'une lumière écarlate.
L'objet se déplaça dans leur direction en oscillant comme une
feuille qui tombait d'un arbre. Bertrand, bien que vétéran de
l'aviation, fut si effrayé qu'il porta la main à son revolver P38.
Mais il arrêta son geste et courut avec le garçon se réfugier
dans sa voiture pour se protéger des lumières.
Bertrand
prit le micro et avertit l'opérateur du poste d'Exeter : "Mon
Dieu ! Je vois cette satanée chose de mes propres yeux",
hurla-t-il. L'objet se trouvait à une centaine de mètres de
distance et à environ 30 m de hauteur. Il planait là, en se balançant
silencieusement. Bertrand remarqua que l'objet était bien ceinturé
de lumières rouges qui projetaient des éclairs par saccades. Les
lumières étaient si intenses, "comme les phares d'une voiture
qui vous arrivent droit dans les yeux", qu'il ne put évaluer
la forme exacte de l'objet.
Un
autre policier, David Hunt, qui avait entendu ces commentaires à la
radio vers 2h55 arriva peu de temps après dans le pré. Il arrêta
brutalement sa voiture et courut rejoindre Bertrand : "Je vis
ces lumières qui clignotaient. J'entendis les chevaux ruer dans la
grange. Les chiens hurlaient. Puis l'objet se mit lentement en
mouvement, en survolant de très près la cime des arbres. Il se
balançait tout en se déplaçant, comme s'il rampait. Les avions ne
font pas ça."
Bertrand
ne cessait d'interroger son collègue : "Qu'est-ce que c'est
?". Hunt lui répondit : "J'en sais fichtrement rien. Je
n'ai jamais vu un avion comme celui-là. Et je suis drôlement bien
placé pour savoir qu'ils n'ont jamais changé à ce point depuis
que j'ai quitté le service."
Finalement,
l'objet s'éloigna vers l'est, en direction de l'Atlantique.
"Nous avons attendu un peu, dira Hunt. Un B-47 est passé et on
pouvait bien se rendre compte de la différence; il n'y avait pas de
comparaison possible."
Entre-temps,
peu après l'appel de Bertrand, Toland reçut un coup de téléphone
d'un homme qui était affolé et qui parvenait difficilement à
construire ses phrases. Il appelait d'une cabine téléphonique à
11 km d'Exeter : "Il dit qu'une soucoupe volante fonçait sur
lui. Mais, avant qu'il ait pu terminer son récit, la communication
fut coupée." Toland décida d'en notifier l'aérodrome distant
de 16 km et avertit le shérif de Hampton.
Ils
ne retrouvèrent pas le témoin de la cabine téléphonique, mais
durant la même nuit plusieurs autres témoins signalèrent la présence
d'un étrange objet dans le ciel d'Exeter, ainsi que de plusieurs
avions de chasse et cinq B-47.

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Illustration
de la rencontre de Norman Muscarello et un agent de police avec
l'OVNI d'Exeter en 1965. |
Le
lendemain, deux officiers de l'Armée de l'air interrogèrent
Muscarello ainsi que les policiers Bertrand et Hunt.
L'enregistrement de leur témoignage sera examiné par le Bureau du
Secrétariat de l'Armée de l'air, à Washington. Devant le nombre
et la crédibilité des témoins, l'armée ne put éluder l'affaire
et elle communiqua un bulletin d'information à la presse.
Bien
qu'une base de bombardiers stratégiques soit située à proximité
d'Exeter, étant donné que certains témoins avaient vu à la fois
l'OVNI et les avions de chasse cette nuit là, l'État-major garda
une attitude neutre vis-à-vis de cet évènement.
A la question de
savoir si ces chasseurs avaient été appelés tout spécialement
pour intercepter l'objet, le Cdt Quintallina resta évasif sur cet
incident. Il rappela simplement qu’il y avait eu une opération
“Big Blast” durant cette période mais que le personnel engagé
dans cette opération aérienne n'avait pas observé d'OVNI. Les
deux officiers de police rappelèrent toutefois à Quintallina que l'opération
“Big Blast” eut lieu entre minuit et 2h du matin alors que l'observation
de Muscarello n'a été portée à leur connaissance qu'aux
environs de 2h. Finalement le secrétariat de l'US Air Force
conclut qu’il s'agissait probablement d'un phénomène naturel
sans prendre la peine d'analyser rigoureusement toutes les données.
De
son côté, le journaliste John Fuller mena sa propre enquête et publia
un livre sur cet incident, référencé en bas de page. Son article parut
un mois après l’incident dans le "Saturday Review" du
2 octobre 1965.
Un
autre journaliste ayant apprit qu'un avion-enseigne survolait
souvent la région d'Exeter, traînant derrière lui une publicité
lumineuse, il suggéra que les témoins avaient peut-être été
abusés par cet avion. Mais cet "expert" n'avait pas fait
son travail consciencieusement. On apprit plus tard que l'avion en
question était au sol à l'heure de l'observation de Muscarello et
des policiers.
Un
troisième "expert", Philip J. Klass,
un ingénieur électricien directeur du magazine technique sur
l'aviation et l'espace "Aviation Week", dénigra l'hypothèse de
l'OVNI, considérant que ce genre d'incident, où l'on retrouvait
des objets sphériques, des déplacements erratiques, une lueur
vive, des bruits stridents ou sourds (?) étaient également caractéristiques
des feux Saint-Elme : forme ovale, couleur rouge intense, grésillement,
apparition près des fils électriques (?) et mouvements imprévisibles.
En
fait, Klass fit un amalgame de plusieurs phénomènes.
Les feux Saint-Elme sont des masses de gaz ionisées qui
sont créées pendant un orage, lors d'une décharge d'électricité
très importante. Ils apparaissent en général
sur la carlingue des avions métalliques et sur les mâts ou les
haubans des navires. Ils les entourent d'un halo brillant ou de petites
fumerolles évanescentes très spectaculaires, pouvant laisser
penser que le bâtiment brûle.
Le
feu Saint-Elme peut également prendre la forme d'une boule de plasma
rouge, orange ou jaune en général, de 20 cm à 1 m de diamètre. Elle apparaît dans des conditions très
particulières (orage, charges attractives, présence de gaz, champ
micro-onde, etc) et à l'improviste. Elle peut se déplacer à 5 m/s
et subsister de 10 secondes à 1 minute. Elle se maintient un certain temps dans
l'air et peut changer instantanément de trajectoire. Lorsqu'elle
apparaît sur les lignes à hautes tensions (on parle de couronne
électrique), elle peut suivre les fils électriques (alimentation,
télédistribution ou téléphone) puis rentrer par une fenêtre
ouverte. Si elle passe à proximité d'une personne, mon père a pu
constater qu'elle est tombée évanouie sous le choc, que la montre
de son ami s'était arrêtée et son alliance avait fondu sans
brûler ses doigts (?). Cette boule de plasma brillait d'un éclat
jaune vif et tourbillonnait sur elle-même. Elle laissa derrière
elle une forte odeur d'ozone et une traînée noirâtre sur le sol.
Le phénomène disparut par une fenêtre. Mais la boule de plasma
n'est pas toujours acccompagnée de dégâts ni d'explosion. Tout
dépend de ses interactions avec l'environnement et de sa densité
d'énergie (en général < 0.4 J/cm3).
Mais
Klass ne put jamais convertir les témoins et les spécialistes à
sa théorie. L'OVNI d'Exeter était bien plus grand que n'importe
quelle boule de plasma et le ciel était clair pendant cette
observation. Les procès-verbaux dressés après l'incident
confirment également que l'OVNI est resté en vol bien plus
longtemps que n'importe quel feu Saint-Elme et ne laissa aucune
trace de son passage et ne fit aucun bruit.
L'armée
restait toutefois très intéressée par ce qu'on appela
"l'incident d'Exeter". On rapporte que des témoins furent
pris à partie par deux officiers de l'Armée de l’air, un colonel
et un commandant, qui voulaient les convaincre que l'OVNI qu'ils
avaient observé n'était rien d'autre que la lueur des balises des
pistes d'atterrissages de la base ! Pour accréditer leur version,
ils firent allumer les balises de la piste et les firent clignoter
pendant près d'un quart d'heure. Mais ni le colonel, ni aucun des
témoins ne virent la lueur des projecteurs.
 |
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Aspect
du ciel d'Exeter, N.H., le 3 septembre 1965 vers 2h30
du matin. A cette heure là Jupiter brillait dans le ciel (Mv.
-2.2) un peu à l'est de la constellation d'Orion,
tandis que Saturne se trouvait 100° plus
au sud et brillait comme une banale étoile (Mv. 0.6).
S'il fallait le démontrer, cette simulation contredit
la conclusion du Pentagone, considérant que
Muscarello et les policiers ont observés "des étoiles
et des planètes en formations inhabituelles".
Une nouvelle fois l'hypothèse "astronomique"
proposée par les autorités est donc inacceptable. L'hypothèse
du plasma par temps clair, cousin du feu Saint-Elme est plus
rationnelle, mais pas plus convaincante. Documents T.Lombry. |
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Finalement
le Pentagone clôtura l'affaire et publia un bulletin le 27 octobre
1965 qui se moquait bien de l'avis des témoins, comme vous pouvez
en juger. Ils expliquaient l'incident d'Exeter par des causes
naturelles, évoquant tout d'abord que la base avait participé à
des vols de nuit, dans le cadre de leurs missions d'entraînements.
Il y avait également eu une inversion de température en altitude,
donnant l'impression que les étoiles dansaient et scintillaient
dans le ciel. Et de conclure : "Nous croyons que les témoins
ont vu, cette nuit-là, des étoiles et des planètes en formations
inhabituelles".
En comparant l'aspect du ciel simulé à cette
heure là, chacun pourra essayer d'apprécier la nature de ces "formations".
Jupiter est le seul astre brillant du ciel et il n'a même pas été
observé. Saturne est 100° plus au sud. Seule la constellation
d'Orion se lève à l'Est, Sirius n'est pas encore levée, et le
petit amas des Pléiades est déjà haut dans le ciel. Il est
difficile d'imaginer quelle lueur peut émerger d'un ciel si
sombre... Une telle conclusion ne mérite tout simplement pas de réponse.
D'autant moins quand on sait que la base était fermée cette nuit là et que
c'est un autre aérodrome, situé à plus de 150 km, qui resta
ouvert tard dans la nuit. Mais il interrompit ses exercices vers 2h
du matin, avant que les témoins n'aperçoivent l'OVNI. Les
chasseurs ont donc été envoyés sur le site sur un ordre tenu
secret.
Lisant
les conclusions du rapport qui réduisaient l'observation
extraordinaire des agents Bertrand et Hunt à un banal phénomène
atmosphérique et astronomique, choqués par l'attitude des
autorités, les deux agents écrivirent une lettre à l'État-major,
dans laquelle ils expliquèrent en détails les conditions de leurs
observations. Ils s'indignaient des réponses faites par les
autorités militaires et attendaient une meilleure explication.
Trois mois plus tard, ils reçurent une lettre signée d'un
lieutenant-colonel, nettement plus nuancée, mais pas plus convaincante.
Malgré les renseignements complémentaires qu'ils avaient pu fournir
au bureau d'enquête, les enquêteurs de l'État-major reconnaissaient
leur incompétence : "Nous sommes dans l'incapacité d'identifier
l'objet que vous avez vu le 3 septembre 1965...". Mais la
lettre se poursuivait, en stipulant que la plupart des observations
de ce genre se rapportaient à des objets de fabrication humaine ou à
des phénomènes atmosphériques (météores, etc.). Affaire classée.
Prochain chapitre
Les
démentis de l'USAF
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