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Le défi des OVNI

Document Ufowatchdog.

Le Dr J.Allen Hynek n'a jamais mélangé science et pseudoscience. Il voulait être rigoureux tout en ayant l'esprit ouvert. Son attitude face au problème OVNI fit de nombreuses émules dont le physicien Bruce Maccabee et plus récemment le physicien Léon Brenig.

Une démarche prometteuse (II)

En 1979, le professeur Bruce Maccabee, physicien de l'Université de Washington fonda le Fond pour la recherche des OVNI (FUFOR) car il était scandalisé par l'attitude désinvolte des scientifiques : "Bien que l'information soit maintenant disponible disait-il, elle est restée ignorée par la communauté scientifique. A l'évidence on cherche à étouffer le "problème OVNI" depuis belle lurette". Maccabee s'en prenait ouvertement au Dr Menzel et à toutes les personnes "digne de confiance" qui proposaient des explications globales.

Ainsi que vous l'avez déjà constaté en parcourant ce dossier, un certain nombre de scientifique reconnaissent l'existence du problème OVNI or aucun d’eux ne portait jusqu’ici un intérêt particulier pour l’ufologie ou les pseudosciences. On peut donc se demander ce qui a motivé leur changement d'attitude et leur implication dans une discipline relativement peu appréciée du monde scientifique.

Le physicien Léon Brenig[18] par exemple, spécialiste de la dynamique non linéaire à l'ULB, s'est intéressé au phénomène OVNI pour une simple et bonne raison :

"Je ne m'étais pourtant pas intéressé auparavant aux phénomènes de type OVNI. Je classais ce genre de préoccupations dans la catégorie des parasciences pour lesquelles je n'avais, et je n'ai toujours d'ailleurs, que peu d'affinité ! Ce qui changeait était la proximité géographique du phénomène permettant un contrôle personnel des allégations des témoins et éventuellement la possibilité d'observer et mesurer soi-même le phénomène. Les conditions semblaient réunies pour qu'une démarche scientifique soit entamée avec toute la prudence nécessaire Bien sûr une autre motivation me taquinait. Quoique très sceptique sur les chances d'une rencontre avec des êtres venus d'autres systèmes stellaire durant ma courte vie, je ne pouvais m'empêcher d'être tenté de vérifier si le moment n'était pas venu...Je suis de ceux qui considèrent qu'une telle rencontre serait un évènement majeur pour l'humanité et que, si minime que soit sa probabilité, tout doit être mis en oeuvre pour ne pas le rater.[...] La curiosité est un vilain défaut sans lequel aucune recherche scientifique n'est concevable. J'y cédai donc avec volupté en maintenant néanmoins mon potentiel de rigueur et de prudence en éveil !"

Si le pari pascalien de Brenig est attirant - ignorer et passer à côté d'un élargissement fondamental de notre univers ou agir en espérant comprendre ce phénomène - , il faut en effet garder son sang-froid et être prudent dans un domaine tel que celui-ci. Avant d'échafauder des hypothèses et des explications théoriques rationnelles, il faut définir les limites du problème et réunir suffisamment de données objectives.

Or tous les ufologues reconnaissent que les notifications d'OVNI sont très insuffisantes pour cela ! Il faut aller au-delà du témoignage occasionnel. Brenig[19] confirme à cet sujet : "Le problème ne peut pas progresser si on se limite aux observations accidentelles. Je suis partisan d'une action volontaire et organisée de collecte systématique de données. Il est nécessaire d'entreprendre des campagnes de détection et de mesures physiques. Ces mesures doivent être complétées par celles provenant de réseaux d'enregistrements automatiques utilisant la télédétection par satellite et par radar. Le premier travail du scientifique n'est pas d'imaginer des théories explicatives mais plutôt de tout mettre en oeuvre pour collecter des mesures physiques et des images fiables du phénomène. Ensuite, après avoir collecté un matériel suffisant il pourra enfin élaborer les hypothèses et les modèles explicatifs !". Cette méthode est la seule qui rendrait crédible auprès des scientifiques des comptes-rendus empiriques, dont la science pourrait enfin se préoccuper sans réticences.

Rumeurs et témoignages

Toute rumeur suit la loi de Stuart-Dodd :

D = a log P

D : diffusion, proportion des individus touchés par l'information

P : population, nombre total d’individus dans la région où l'information est diffusée

a : paramètre spécifique lié au contexte

Evolution d’une rumeur

A gauche, l'évolution d'une rumeur suit le profil d'une courbe de Gauss. A droite, l’évolution de la vague d’OVNI de 1989-91 en Belgique. Cette courbe atypique révèle la persistance d’évènements réels différents d’une rumeur. Document COBEPS.

Mais en entamant cette démarche scientifique, on constate rapidement les différences d'approche et les a priori négatifs des personnes susceptibles d'apporter une réponse à ce problème, qu'elles soient civiles ou militaires, et dont la presse se fait l'écho. La plupart des scientifiques ne répondent pas à l'inquiétude du public, prétendant sans même avoir ouvert les dossiers, que les témoins ont été "les jouets de leur imagination !"

D'un autre côté, bien que plusieurs chercheurs soient en faveur de cette étude, en ce qui concerne la vague belge, les physiciens A.Meessen et J.-P.Petit étaient a priori en faveur de la thèse extraterrestre, une hypothèse de travail bien peu scientifique dans le chef de deux chercheurs qualifiés : "Mon attitude écrivit Brenig[20], se démarque de la leur que je respecte pourtant. Tout d'abord, l'explication en terme de visites d'extraterrestres, quoique enthousiasmante, ne s'impose pas en ce qui concerne la vague belge. Pour tout avouer, aucune hypothèse ne me semble émerger plus qu'une autre actuellement". Voilà une attitude qu'il convient d'applaudir, qui ne fait aucunement une relation entre les OVNI et les extraterrestres.

Certains journalistes[21], intolérants et en mal d'imagination, amplifient le manque d'ouverture et les allégations gratuites de certains "experts" quand ils considèrent les observateurs avec condescendance, les qualifiant de "gentils amateurs d'OVNI", plaçant leur ignorance et leurs préjugés en manchette des journaux. Sans même prendre la peine de reconnaître le courage des scientifiques qui s'attaquent au problème OVNI, à l'image de Science & Vie ils tirent à boulets rouges sur les témoins et les chercheurs rationnels, sans beaucoup d'objectivité. Ainsi Brenig écrit : "J'osai écrire une lettre de réclamation au journal (Le Monde) : inutile de dire qu'elle ne fut suivie d'aucun accusé de réception ! Voilà qui nous mène loin du climat de tolérance et d'objectivité qui règne en Belgique".

Se greffe sur cette réticence bien maladroite de certains milieux, la médiatisation d'un tel phénomène. Ainsi que l'écrit Marc Hallet[22] : "La SOBEPS se vente aujourd'hui d'avoir été extrêmement prudente. Faut-il que ses membres aient la mémoire courte quand les journaux et les bandes vidéos sont là pour témoigner très rapidement, MM.Clerebaut et Meessen ont parlé ouvertement d'une vague d'observations d'engin venant très probablement d'un autre monde !"

Ces rumeurs tapageuses auprès d'un public crédule et peu informé en matière scientifique ne peut que nuire à la bonne fin d'une telle étude.

Durant la vague belge, Brenig[23] a constaté qu'une masse énorme d'appels téléphoniques concernaient des phénomènes qui n'avaient rien à voir avec le ou les OVNI recherchés : "Que de fois des gens nous avaient téléphoné pour nous décrire, en fait, une étoile particulièrement brillante.

J'appris à cette occasion qu'une fraction importante de la population ne sait pas que les étoiles se déplacent par rapport à la Terre !" Et de constater, impuissant, en substance : "Cela est à mettre au "crédit" de la culture scientifique dispensée dans l'enseignement primaire et secondaire de notre pays...". Le public est en effet impatient de conforter ses impressions au risque de se méprendre sur la nature véritable de ce qu'il observe. S'il était scientifiquement mieux informé, s'intéressant un peu plus aux "choses du ciel et de la terre" les enquêteurs devraient dénouer beaucoup moins de méprises et pourraient se consacrer à plein-temps à l'analyse des véritables phénomènes inexpliqués.

Hypothèses, thèses et démonstrations

En attendant de comprendre ce qui se passe au-dessus de nos têtes, plusieurs chercheurs analysent méticuleusement les données recueillies par les groupements amateurs et les militaires, quand ces derniers le veulent bien. Puisqu'il semble exister certaines relations objectives entre classes de phénomènes OVNI ainsi qu'au sein même d'une catégorie précise, on peut rationnellement s'interroger sur l'origine de ces manifestations.

Parmi les réflexions et les questions qui suivent certaines ont déjà fait l'objet de recherches (référencées), apportant la preuve que ces manifestations sont dignes de l'intérêt des scientifiques.

Ayons la curiosité de leur demander ce que nous apportent leurs analyses. Ont-ils des résultats probants et quelles sont les hypothèses pouvant expliquer ces mystérieux phénomènes ?

Les canulars

Bien entendu, la première question qui vient à l'esprit des témoins qui observent un OVNI et des investigateurs qui tentent de l'expliquer est de savoir s'ils ne sont pas les victimes d'un canular, le premier type d'OVNI étant la photo truquée, la maquette télécommandée et autre coup-monté.

Quand les chercheurs n'ont qu'une photographie en guise de preuve, nous avons vu comment l'affaire de Petit-Rechain par exemple est devenue un cas d'école et sûrement pas le dernier cas de supercherie qui peut tenir les scientifiques en haleine des années durant.

Les truquages photographiques comme la photographie ou le film d'une maquette télécommandée peuvent effectivement être pris pour de vrais OVNI. Mais les montages sont parfois si grossiers que l'oeil averti d'un photographe distingue directement la différence de contraste entre le soi-disant OVNI et l'environnement, les différences de mise au point, l'orientation des reflets ou des ombres, le défaut optique, etc. Un pilote s'interrogera sur la faisabilité de certaines acrobaties, des décrochages, sur le manque de turbulence, de traînées, etc.

A défaut, une analyse des performances de l'appareil photographique ou de la caméra vidéo grâce à une reconstitution des évènements sur site permet souvent de révéler les incohérences, comme l'impossibilité de certaines prises de vues, les ombres portées, la position ou le déplacement des objets, la poussière éventuellement soulevée, etc.

Parfois le truquage est démasqué par un traitement d'image qui fait ressortir de fins détails (empreintes, fils tendus, etc.) ou des différences de contraste, des corrections de couleurs imperceptibles sur une photographie ordinaire. N'est pas contrefacteur qui veut !

Enfin, le plus souvent c'est l'auteur du canular lui-même, comme dans ce cas-ci, ou son acolyte qui vend la mèche quelques années plus tard au grand désarroi des médias et des scientifiques qui ont cru de bonne foi en cette histoire !

Parfois, le canular n’est même pas remarqué. C’est ainsi qu’en décembre 1954 l’agence d’investigation du phénomène OVNI du gouvernement canadien mis sur pied le projet Magnet dont ce fit l'écho le magazine "Weird Science-Fantasy" N°26 du même mois.

Au cours de ses investigations, l'agence lança une montgolfière sous laquelle était suspendue une nacelle lumineuse ressemblant à un OVNI afin de tester l’attitude du public. Comble de malchance, bien que le ballon stationna à plus de 1500 m au-dessus d’un stade de baseball et d’un théâtre drive-in, personne ne le remarqua !

En revanche, le 1 avril 1989, à 5 heures du matin tous les Anglais habitant dans la banlieue de Londres virent l’OVNI lumineux à bord duquel avaient pris place le fameux aérostier Richard Branson et ses deux acolytes martiens !

Même chose pour l'OVNI triangulaire de Tinley Park apparut en 2004. Une tentative de simulation avec des ballons auxquels étaient suspendus des feux n'a pas trompé les observateurs; le leurre ne se comportait pas du tout comme l'OVNI qu'ils avaient vu ou filmé.

Malheureusement, suite à ces notifications d'OVNI triangulaires lumineux, en Arizona notamment, des amateurs de canulars ont acheté des maquettes télécommandées et les ont équipées de feux. Ainsi, le 19 août 2004 et le 3 novembre 2004, un OVNI triangulaire est apparu au-dessus de Phoenix et les deux fois au même endroit. Dans les deux cas il resta en vol quasi stationnaire durant plusieurs minutes et les feux finirent par s'éteindre à tout de rôle et progressivement. Rappelons que dans le premier cas, l'OVNI fut aperçu un peu plus de 4 mois après la sortie de l'édition révisée du livre "The Phoenix Lights" de Lynne D. Kitei. Il s'agissait d'un canular.

A voir : Maquette Art-Tech UFO 100 - Hobbyengine RC UFO-3

Silvertlit X-UFO - Parrot AR Drone

OVNI triangulaire quasi stationnaire observé à Phoenix, en Arizona, le 19 août 2004 et le 3 novembre 2004 durant plusieurs minutes. Lors des deux observations l'objet se trouva au même endroit et se comporta exactement de la même façon. Il s'agit d'un canular. Ce genre de blague est amusante et passe le temps mais elle décrédibilise l'ufologie et ses enquêteurs quand ils ne parviennent pas à débusquer la supercherie.

Les méprises

Le second type d'OVNI est la méprise, la mauvaise interprétation d'un phénomène naturel ou artificiel connu[24], écartant pour l'instant l'aspect sociologique du problème.

Si on peut s'étonner que des personnes confondent ces phénomènes avec des OVNI, n'oublions pas que statistiquement 75% des observations font l'objet de méprises. Plusieurs phénomènes peuvent se "liguer" et produire un OVNI : la réverbération d'une lumière brillante oscillant dans une atmosphère chaude peut provoquer un scintillement coloré, la réfraction atmosphérique associée à un ciel nuageux peut diviser l'image de la Lune ou du Soleil en plusieurs composantes et leur donner des aspects différents, une lumière vive projetée dans votre dos sur de la brume ou du brouillard peut créer des silhouettes étranges et des faisceaux lumineux, etc.. Si la personne est psychologiquement "préparée", les extraterrestres se matérialiseront vite !

Prenons un exemple très commun. En 2003, G.H.Penaud, 83 ans, me raconta cette anecdote. "Nous étions en 1958, dans la commune d'Anneullin, département du Nord, en France. Un dimanche, mes trois garçons reviennent en criant : "Papa ! il y a une soucoupe volante posée dans le champ derrière !". Je les renvoie en les engueulant. Le lendemain, la presse indiquait cette soucoupe, vue par plusieurs personnes et ... les gendarmes !!!".

Comme me le confirma plus tard l'Oncle Dom, auteur d'une page web sur les méprises concernant la Lune, étant donné que 49 ans se sont écoulés depuis cette observation, il n'est pas étonnant que Penaud se soit trompé sur la date car en réalité l'observation dûment consignée a été observée par ses enfants le 3 octobre 1954. Et ils n'ont pas du tout observé un OVNI mais simplement... le coucher de la Lune ! En effet, non seulement une analyse des comptes-rendus et des simulations permettent de démontrer cette thèse mais un témoin-oculaire, professeur de géologie à la Faculté de Lille la confirme dans un article publié dans le journal "La Croix du Nord" publié le 6 octobre 1954 page 2 : "J'attendais avec impatience le journal de ce matin et j'ai éprouvé un vif plaisir à la lecture des récits de vos correspondants: car, dimanche soir, j'ai vu aussi « la soucoupe volante ». Les descriptions qui en sont données concordent en tous points avec mes observations personnelles. Seulement je ne suis pas d'accord sur leur interprétation, car en l'occurrence, il s'agissait tout simplement d'un coucher de Lune. Dimanche, à la tombée de la nuit, la Lune brillait par temps clair sous forme d'un beau croissant. Plus tard, elle disparaissait dans la zone brumeuse qui surmontait l'horizon, pour réapparaître quelques instants, rougeâtre et déformée - ce qui est normal à ce niveau - et barrée d'un trait en passant derrière un stratus. Enfin elle s'estompait définitivement en rentrant à nouveau dans les nuages."

Morale de l'histoire : ne croyez pas tout ce qui disent les enfants mais ayez plutôt du sens critique en vérifiant plutôt deux fois qu'une votre observation.

Parmi les méprises habituelles citons pêle-mêle quelques grandes catégories de phénomènes :

Rentrée du module Soyuz TMA-20M dans le ciel Kazakh ramenant sur Terre les 3 membres de l'équipage d'ISS des expéditions 47 et 48 le 7 septembre 2016. Malgré les apparences, tout c'est bien déroulé. Document NASA.

- Les phénomènes aéronautiques telle que la confusion avec un ballon-sonde, un avion volant de face avec ses feux d'atterrissage ou avec ses feux de navigation, une silhouette d'avion ou de drone inhabituelle, les effets lumineux provoqués par la flamme de plasma sortant de la tuyère de sortie d'un avion à réaction en postcombustion, la rentrée dans l'atmosphère d'engins spatiaux, les rubans métalliques antiradar ou des leurres, les essais scientifiques en haute altitude libérant des nuages de gaz colorés de barium et de strontium, des appareils de mesure (ballons en grappe, sonde météo) ou des avions téléguidés (drones), etc.;

- Les phénomènes astronomiques tel que le lever ou le coucher d'une planète brillante (Vénus en particulier), d'une étoile, de la Lune, la conjonction rapprochée entre des planètes brillantes, le déplacement d'un astre au cours de la nuit, une comète, un météore sporadique ponctuel (venant dans la ligne de visée de l'observateur), un bolide voire une éclipse de Lune inattendue;

- Les phénomènes atmosphériques (météos) tels que les nuages lenticulaires ou noctilucents (nacrés), les amorces de trombes d'eau (tornades, etc.), un éclairage lointain (réverbère, véhicule ou astre) caché par des objets de l'avant-plan, des inversions de température au niveau du sol ou dans l'atmosphère accompagnées de phénomènes lumineux (aberration, réflexion) et de déplacements de masses d’air, la réverbération d'objets dans l'atmosphère, de lumières sur des nuages ou sur des bâtiments (reflets, halos et gloires), les effets optiques liés à la chaleur (mirage, exhalaison) ou à la présence de cristaux de glace en suspension dans l'atmosphère (halos, parhélies, piliers) voire d'un bloc de glace tombé d'un avion, les tourbillons de poussière, le feu de Saint Elme, la couronne électrique par temps clair, la foudre en boule, des nuages de gaz persistants laissés par des météores brillants;

- Les phénomènes géomagnétiques tels que les aurores polaires, les phénomènes lumineux transitoires (jet de plasma, sprites, elfes, etc.) ou les effets de "statique" lumineux;

- Les phénomènes géophysiques, tel que l'effet piézo-électrique (à démontrer) ou les feux follets dans les régions humides;

- Les phénomènes artificiels ou naturels vus de nuit tels que les show lasers ou de puissants phares projetés sur les nuages bas, les lumières colorées des villes observées par avion à travers des nuages bas translucides, les torchères des stations pétrolières en mer, des oiseaux volant à contre-jour, les négatifs surimpressionnés à notre insu, flou ou abîmés[25], et enfin les distorsions engendrées par les problèmes de mise au point automatique des caméras ou des reflets dans les filtres objectifs.

Ceci dit, cette liste n'est pas exhaustive et même un nuage d'eau libéré par une cheminée de refroidissement d'une centrale nucléaire peut, dans une atmosphère calme et limpide, prendre une forme ovoïde et se déplacer lentement au gré des vents pendant quelques minutes, laissant planer un doute sur sa nature.

Si dans l'absolu ces manifestations peuvent être confondues avec des OVNIs au sens éthymologique du terme (ils évoluent dans l'air et ne sont pas identifiables), pour identifier correctement un phénomène, ainsi que nous l’avons déjà dit, il faut effectuer un travail d'enquête minutieux sur le terrain et prendre en considération toutes les données disponibles, c'est-à-dire non seulement les témoignages, mais également les paramètres météos, astronomiques, astronautiques, etc. Vénus n'a jamais empêché un moteur de tourner mais a déjà fait tourner la tête de quelques pilotes.

A voir : Lancement de la fusée Alliance Atlas V MUOS-4 (2015)

Phénomène lumineux dans le ciel canadien (2010)

Spirale lumineuse dans le ciel de Norvège (2009)

Lumière dansante dans les nuages

Croyez-vous aux OVNI ? On serait tenté d'y croire quand on voit ces photos de phénomènes naturels et autres objets. De gauche à droite, un altocumulus lenticularis, la réfraction du Soleil à travers des altostratus translucidus, le lancement raté d'un probable missile par un sous-marin russe en 2009 observé dans le ciel de Norvège (cf. l'article sur l'observation des satellites artificiels) et l'édifice d'Arteplage d'Yverdon photographié de nuit lors de l'exposition de 2002. Documents anonyme, T.Lombry, Jan-Petter Jørgensen et Régis Colombo.

Si vous êtes un jour confronté à un tel évènement, c'est votre expérience de l'observation, votre culture et votre sens critique face à la réalité qui pourront vous aider à faire la part des choses. Des spécialistes viendront ensuite expertiser la situation. A défaut de bénéficier de la science infuse, ne vous étonnez pas, comme tout le monde, de vous méprendre quelquefois en prenant des vessies pour des lanternes. Reconnaître que l'on se trompe est un signe d'intelligence.

Maintenant, il ne faut pas non plus concevoir de méthode "à la Condon", et tomber sur l'écueil consistant à utiliser ce genre de confusion comme une "recette" pouvant expliquer tous les phénomènes. La plupart des gens ont heureusement du bon sens, même s'il s'agit de méprises.

Ainsi, lorsque certains pilotes d'avions pensent que l'OVNI qu'ils voient est un reflet, ils s'en assurent en cherchant par exemple un angle de réflexion qui leur permet de s'en débarrasser, d'autres plongent en piqué pour s'assurer que la position relative de l'OVNI se modifie ou éteignent l'éclairage de leur cockpit pour s'assurer qu'il ne s'agit pas de lumière parasite. Des photographes amateurs ont la précaution de signaler leur observation à des astronomes ou discutent avec des physiciens pour tenter d'expliquer ce qu'ils ont pu voir. Enfin, dans la plupart des cas, les scientifiques doutent d'eux-mêmes et se posent des questions, confirmant leur honnêteté intellectuelle.

Les échos radars

Sans discréditer les témoins ni les opérateurs des centres de contrôle radars ou les pilotes d'avions de chasse, les échos radars si déconcertants sont peut-être de faux échos, ce que l'on appelle des "anges", un phénomène connu des radaristes[26], dû par exemple à des inversions thermiques (détente non adiabatique, mirage et cellules convectives). La plupart du temps, après de longs contrôles ces phénomènes sont reconnus par les opérateurs et l'alerte n'est pas donnée.

Plusieurs phénomènes astronomiques peuvent aussi occasionnellement altérer les communications radioélectriques dans l'ionosphère. Les perturbations radios engendrées par l'activité solaire par exemple, sont capables de provoquer des échos répétés et décalés en fréquence entre 60 et 600 MHz. Les aurores, qui sont la manifestation visible des particules chargées du vent solaire piégés par le champ magnétique terrestre, peuvent provoquer beaucoup de parasites sur les fréquences décamétriques et transporter des signaux de haute fréquence à des centaines de kilomètres de leur source d'émission.

A lire : Radar Tutorial

Ecran radar PPI montrant différents échos (atmosphériques au NO, échos au sol au centre et deux avions au SO et SE). Cf. l'image annotée. Document C.Wolff/Radar Tutorial.

L'ionisation des gaz autour de la traînée des météores a également la propriété de réfléchir les ondes-courtes. Ces zones ionisées se situent à une très haute altitude, dans les couches D ou E de l'ionosphère et réfléchissent les ondes radio pendant une durée qui varie selon la densité des particules, pouvant aller jusqu'à plusieurs minutes avec une puissance qui peut dépasser plusieurs dizaines de décibels au-dessus du bruit normal s'il s'agit d'un bolide. De tels nuages d'ionisation temporaire peuvent perturber les systèmes radars et peuvent évoluer au gré des vents s'ils se manifestent dans la troposphère. Les "anges" peuvent également être des signaux mal filtrés par les systèmes informatiques, des bancs d'étourneaux, des nuages de grêle ou des nuages très humides par exemple. Mais généralement les opérateurs radars les reconnaissent par expérience car ces signaux naturels n'ont pas les mêmes durées que les "anges" ni les mêmes propriétés.

Les échos radars relevés par les pilotes de chasse avec contacts visuels au sol par exemple, semblent voler à des vitesses fulgurantes. En quelques secondes ces OVNI atteignent des vitesses supersoniques sans provoquer d'onde de choc[27] ou subir de réaction thermique; ils peuvent se déplacer verticalement sur plusieurs milliers de mètres et supporter une accélération de plusieurs dizaines voire centaines de "g" durant quelques secondes, a priori sans dommages ! Les échos s'éteignent lorsqu'ils sont captés et verrouillés par les radars et réapparaissent lorsque l'avion de reconnaissance a perdu tout contact.

Lorsqu'un radar de bord est verrouillé sur l'un de ces échos, l'ordinateur pouvant effectuer une série de mesures dynamiques, la cible change d'ordinaire rapidement de cap et d'altitude sans que les pilotes ne puissent la suivre. Un tel comportement d'évasion semble intelligent mais il est inexplicable en vertu des lois de la dynamique que nous connaissons. Selon le physicien Auguste Meessens[28] il s’agirait “d’anges” à persistance exceptionnelle, explication beaucoup plus logique que celle des extraterrestres !

Néanmoins, A.Meessens reconnaît que certaines traces radars se comportent de manière très étranges, par exemple en zigzaguant tout en maintenant le même cap sur plus de 150 km. Elles deviennent énigmatiques et franchement incompréhensibles quand des radars les observent en même temps que des témoins au sol.

A l'inverse, les observations d'OVNI stationnaires ou très lents (20 km/h) de grandes tailles vont à l'encontre de tous les principes de l'aéronautique, mis à part les propriétés particulières de nos hélicoptères, des avions à décollages verticaux ou des dirigeables. Mais tous les engins volants connus prennent appui sur l'air. Ils créent des turbulences et dégagent de la chaleur. Les "plus lourds que l'air" font également du bruit, autant d'effets que ne provoquent pas les OVNI, bien au contraire[29].

Prochain chapitre

Les prototypes et autres avions furtifs

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[17] MUFON Symposium Proceedings, 1992, “Global Ufology - Wolrdwide cases, official policies and ufological attitudes”, p174-193.

[18] SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, p333 et vol.2, ch.11, p433-453.

[19] Communication privée avec l'auteur, janvier 1994.

[20] SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, p336.

[21] J.-F.Augereau, "Les visiteurs du ciel", Le Monde (F), 9 mai 1990.

[22] M.Hallet, "Le rapport de la SOBEPS : Au sujet de la "vague d'OVNI belge", Ciel et Terre, 107, 1991, p169.

[23] SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.1, p341.

[24] B.Thouanel, "Science et Vie", 890, 1991, p102; 873, 1990, p84 - I.Ridpath, "The Skeptical Inquirer", automn 1986 - J.Oberg, "The Skeptical Inquirer", winter 1978. - V.Mézentsev, "Phénomènes étranges dans l'atmosphère et sur la Terre", Mir, 1970, etc.

[25] MUFON Symposium Proceedings, 1992, p133-165, J.Sainio, “Photo analysis : a pictorial primer”.

[26] Concernant les échos radars : P.James, "Radio Science", 15, 1980, p147 - V.Plank, Geophysical Research Paper, 52, p117, 1956; 62, p51, 1959 (les anges atmosphériques)- C.Vaughin, Proceedings of IEEE, 73, p205, 1985 (la signature radar des oiseaux et des insectes) - D.Fritts et al., "Radio Science", 20, 1985, p1247 - K.Gage et B.Balsley, "Radio Science", 15, 1980, p243 - E.Gossard et al., "Journal of Geophysical Research", 75, 1970, p3523 - K.Hardy et al., "Journal of the Atmospheric Science", 26, 1969, p666 - D.Atlas, Radio Science Journal of Research, 69D, p871, 1965 - J.Land et R.Weadows, "Nature", 197, 1963, p35 - D.Hay et W.Reid, Canadian Journal of Physics, 40, p128, 1962 (les anges radars dans la basse troposphère) - "Electronics", 31, 14 mars 1958.

[27] Lors d'un lock on effectué à bord d'un F-16, un écho passa en 4 secondes de 570 à 1010 noeuds (1000 à 1700 km/h) et chuta de 6000 pieds (de 3000 à 1200 m d'altitude) sans produire le "bang" caractéristique en passant le mur du son.

[28] SOBEPS, "Vague d'OVNI sur la Belgique", vol.2, p394 et suivantes.

[29] Durant la vague belge, la plupart des témoins ont signalé une absence totale de bruit, alors qu'ils entendaient bien le bruit des avions. Dans certaines notifications d'OVNI les témoins ont entendu un léger bruit électrique et exceptionnellement un bruit infernal. Lors des rencontres rapprochées, ils n'ont en revanche jamais ressenti de turbulence sous l'OVNI. Certains témoins ont ressenti un rayonnement chaud ou senti une odeur proche de celle dégagée par une matière surchauffée.


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