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Les recontres rapprochées

Les lumières nocturnes de Yakima et Adams : l'hypothèse géologique (III)

La réserve indienne des Yakima (dont les membres se sont renommés Nation Yakama vers 1995 car le mot est plus proche de leur prononciation) est située au sud de l'Etat de Washington sur le versant est des Monts Cascades. Cette réserve se trouve à 8 km du mont Rainier, le célèbre lieu où Kenneth Arnold vit pour la première fois des "soucoupes volantes".

Cette région est réputée depuis 1964 pour être une "fenêtre" d'OVNI. En l'espace de vingt ans, cette réserve fut le théâtre de 186 apparitions, pour la plupart des Lumières Nocturnes blanches ou rouges-orangées se comportant de façon imprévisible.

Intrigué par ce phénomène le Dr Hynek et l'ingénieur électricien David Akers déployèrent une série d'équipements scientifiques sur les lieux : caméra, réseau de diffraction, capteur radioactif, infrarouge et à ultrasons. Pendant 2 semaines, à partir du 19 août 1972, Akers photographia toutes les apparitions de lumières suspectes. Alors qu'il était bien préparé, ses résultats ne furent pas concluants.

Cartes du sud de l'Etat de Washington avec la chaîne des Cascades et les volcans des monts Rainier, St.Helens et Adams. Le pic de Yakima est également indiqué. Des lumières nocturnes apparaissent régulièrement autour de pic de Yakima et du mont Adams. Documents Google et Wikimedia/Bourrichon adaptés par l'auteur.

Début 1973, l'Université d'état de Southeast Missouri mit sur pied un programme d'étude baptisé "Identification" dont le site d'observation se situait à Piedmont, Missouri. Disposant d'un matériel encore plus sophistiqué, le Pr  Harley D.Rutledge observa personnellement 12 de ces lumières. A partir de ces observations, il entreprit une longue étude qui s'étendit sur 7 années, à laquelle participèrent 40 chercheurs et profanes, disposant de tout l'arsenal de Akers et de bien d'autres instruments, parmi lesquels un spectromètre, un gravimètre et quatre télescopes. L'équipe revint avec 178 clichés d'OVNI, mais la plupart avaient été pris à distance respectable et ne permettaient pas de faire avancer notre connaissance sur la nature de ces phénomènes.

Fin octobre 1999, l'enquêteur Spar Giedeman qui étudie les OVNI depuis plus de 20 ans organisa à son tour une expédition de deux semaines dans la réserve de Yakima. Il n’observa aucun phénomène jusqu’à la fin de son séjour. Par chance, le dernier jour il put observer et filmer une lumière nocturne au-dessus du Mont Adams (Ahtanum Ridge) : "je ne pouvais pas croire ce que je voyais ! Elles se sont finalement montrées ! Mon adrénaline était en train de monter ! Je savais qu’il n’y avait pas de route d’accès vers la crête où l’OVNI était en train de planer, vers 1500 m d’altitude. Aucun objet manufacturé pouvait briller avec un tel éclat, être si vaste et flotter juste au-dessus des pins ainsi que je pus l’observer dans mes jumelles.

Le pic de Yakima (1898 m) depuis le lac de Tipsoo photographié en 2017 par Ron Clausen.

Je pouvais presque distinguer une forme ovale délimitée à l’intérieur de la lumière rouge-orange brillante qu’elle dégageait. Cette chose brillait vraiment très fort ! Me basant sur la hauteur des pins je savais que cet objet avait au moins la taille d’un avion ou encore plus grand ! Puis, soudainement, après quelques minutes d’enregistrement vidéo, il brilla intensément et parut s’embraser comme le fait une soudure et ensuite, comme si quelqu’un avait touché un interrupteur, il s’éteignit et s’évanouit dans l’air !".

Spar discuta également avec des habitants de la région dont Dorothea Sturm qui observa plus de 100 boules colorées en l'espace de 30 ans y compris un disque brillant comme de l'aluminium vers 1980, avec le garde John J. Swan qui observa des lumières nocturnes en 1982 en compagnie de plusieurs policiers ainsi qu'avec l'agent de police Ken Hoptowit qui observa des boules jaunes-verdâtres et blanchâtres en 1988. Tous témoignent qu'ils ont observé des boules brillantes évoluant au-dessus des montagnes, se suivant en file indienne ou prenant rapidement de l’altitude. Aucun ne dit les avoir confondues avec les gyrophares ou les feux d'une voiture de police ou les feux d'un avion. Quand on leur demanda s’il y avait un lien entre ces observations et d’éventuels séismes dans la région, aucun observateur n’a pu confirmer cette hypothèse.

Des expéditions similaires furent organisées dans la vallée de Hessdalen, en Norvège, autre "fenêtre à OVNI". Leif Havik s'était muni, en autre, d’un télescope de 2 m de focale, d'un radar et d'un sismographe. En cinq semaines, de janvier à février 1984, Havik et les villageois aperçurent 188 lumières amorphes, ovales ou des objets en forme de cigare. "C'est ainsi raconte Havik, que fut repéré une lumière de la minceur d'un rayon laser en train de se déplacer sur la neige, au niveau du sol, jouant autour des pieds d'un villageois qui aidait l'équipe, avant de brusquement disparaître". La nature du phénomène demeura inconnue.

Selon certains chercheurs, après l'éruption du mont St.Helens en 1980, les lumières de Yakima ont pratiquement disparu.

Parallèlement à ces recherches, une théorie originale fut proposée par le Dr Michael A. Persinger[2], psychophysiologiste canadien. Il avait remarqué que des failles de la croûte terrestre étaient associées à l'apparition de lumières que les témoins prenaient pour des OVNI. Il considéra que les lignes de fractures - Yakima, Piedmont et Hessdalen sont justement dans des zones de failles - pouvaient comprimer les cristaux de quartz de la roche en libérant une sorte d'énergie piézo-électrique. Persinger pense que cette énergie est capable de produire des boules de lumière de longue durée aux comportements imprévisibles. Une hypothèse similaire fut déjà proposé à l'époque par les sélénologues de la NASA pour expliquer certains phénomènes lunaires transitoires (LTP).

Illustration des lumières de Yakima. Document T.Lombry.

Persinger considère également que cette énergie serait capable d'interférer avec les ondes cérébrales, induisant des interprétations trompeuses chez les témoins. Cette hypothèse est très spéculative.

D'autres chercheurs mettent en doute ces interprétations. Selon Rutledge, les enregistrements effectués à Piedmont témoignent d'une activité de loin plus active que l'activité sismique locale. Hessdalen est parcourue de failles, pourtant les chercheurs n'ont enregistré aucune activité sismique durant tout le temps que dura leur programme.

Il reste toutefois à expliquer l'impression que les chercheurs ont ressenti. Les trois équipes eurent l'impression que les OVNI réagissaient quand ils braquaient leurs feux sur eux ou répondaient quand ils les observaient aux jumelles ou au télescope. Ces curieuses lumières semblaient parfois s'éteindre brusquement puis se rallumer comme si elles étaient soucieuses de communiquer avec les observateurs (mais c’est un sentiment anthropocentrique). Il fut même rapporté que certains OVNI semblaient connaître (par l'intermédiaire des communications radio ou par télépathie) le programme prévu par les chercheurs. Comme le dira le Pr. Rutledge : "La réalité de ces expériences dépassa la simple mesure des propriétés physiques des OVNI effectuées par des observateurs neutres. Une relation, une reconnaissance mutuelle s'instaura entre les OVNI et nous-mêmes. Nous participions à un jeu commun".

Notons qu'en 2013 de nouvelles lumières nocturnes cette fois tout à fait "classiques" sont apparues dans le ciel de Yakima formant un losange ou un W. Elles furent observées par de nombreux témoins. Selon le centre d'entrainement militaire de Yakima Training Center, il s'agirait "soit de ronds d'éclairages soit de beacons militaires" mais l'information n'est pas détaillée et n'a pas été confirmée. Trois lumières formant une ligne mobile sont également apparues de nuit en 2021 le long d'une route à Yakima (cf. YouTube) mais il pourrait s'agir d'un canular. Dans les deux cas, une fois de plus les documents sont flous sans aucun détail et ne permettent pas d'identifier l'objet ou la lumière.

Les lumières du mont Adams

A 75 km au sud du mont Rainier se trouve deux autres volcans, le mont St Helens et le mont Adams. Comme au pic de Yakima, le mont Adams est connu pour ses lumières nocturnes. En 2020, dans le cadre d'un reportage de Josh Gates, le biologiste Phil Torres de l'Université de Cornell et l'animatrice Jessica Chobot connus pour leurs investigations (cf. la réforme du protocole du Pentagone) accompagnés de Daniel Nims, un ancien pilote de l'USAF travaillant aujourd'hui pour le MUFON, ont visité le mont Adams et ont observé et même enregistré des lumières nocturnes se déplaçant dans le ciel, ce qu'on appelle localement des "orbes de lumière" (cf. le reportage "Mt.Adams' UFO Encounters", 2020).

Certaines lumières ressemblent à des satellites très brillants ou des spots lumineux d'aspect ponctuel brillants d'une lumière stable et suivant une trajectoire irrégulière. Elles peuvent être isolées ou groupées. D'autres lumières ressemblent à une sphère ou une surface floue cerclée d'une couronne irisée (comme une image hors focale) avec une luminosité variable, pulsante, clignotante, parfois stromboscopique et très brillante. Leur taille est variable mais toujours assez petite (< 30' soit entre la taille d'une étoile ou d'un avion volant à plus de 1 km de distance et dans tous les cas plus petit que la taille apparente de la Lune), leur distance et leur taille réelle étant difficiles à estimer de nuit. Leur couleur est blanche, bleutée ou rouge. Elles se déplacent sans aucun bruit derrière les arbres, souvent devant la montagne et au-dessus de la forêt, parfois près du sol. Elles sont parfaitement visibles à travers un monoculaire ou une caméra HD équipée d'un amplificateur d'image. Mais on ne distingue aucun détail.

A voir : UFO Mt.Adams Earthlights, Dailymotion, 2002

Le mont Adams, un stratovolcan culminant à 3742 m, délimite la frontière ouest de la réserve indienne de la Nation Yakama dans l'État de Washington. Comme au pic de Yakima, des lumières nocturnes, seules ou groupées,  d'aspect ponctuel ou formant un petit disque d'une luminosité stable ou variable, blanche ou colorée apparaissent régulièrement sur ce site et semblent émaner de la montagne. Documents Darryl Lloyd et T.Lombry.

Comme au pic de Yakima, l'origine de ces lumières est inconnue. Des témoins prétendent que les lumières entrent et sortent de la montagne, y compris de sous la couverture de neige ou tournent autour de la montagne. Ces lumières peuvent se déplacer lentement en ligne droite, faire demi-tour ou suivre une trajectoire aléatoire, s'éteindre et disparaître d'une seconde à l'autre. Selon les témoins et l'analyse des vidéos, il ne s'agit pas de satellites, d'avions, de drônes ou de touristes équipés d'une lampe torche.

Rappelons qu'il y a aussi d'autres notifications qui a priori touchent plus au folklore qu'au domaine de la science. Ainsi quelques témoins prétendent avoir été enlevés par des extraterrestres dans la forêt du mont Adams. D'autres prétendent qu'il existe une porte près du sommet de la montagne par laquelle passent les OVNI qui apparaît telle une ombre noire d'environ 60x40 m. Mais un survol en hélicoptère par Torres et Chobot montra qu'il s'agit en réalité d'un endroit ou un pan de roche s'est détaché de la montagne. A plusieurs kilomètres de distance, l'ombre que le coin projète peut effectivement ressembler à l'ombre d'une porte (cf. le reportage "Mt.Adams' UFO Encounters", 2020).

Malgré l'accumulation de notifications d'OVNI lumineux au pic de Yakima, au mont Adams et ailleurs dans le monde, on n'explique toujours pas l'origine de ces lumières nocturnes. Selon certains chercheurs, le fait qu'elles apparaissent près des volcans suggère qu'il pourrait s'agir d'un phénomène naturel lié à l'activité volcanique ou au champ magnétique (par exemple un effet d'une déformation et d'une reconnexion des lignes de force du champ magnétique local lors d'un séisme). Mais le phénomène n'est pas reproductible et est indépendant des séismes. A ce jour, l'hypothèse géologique ou magnétique n'a jamais été prouvée et le mystère demeure.

La seule chose à faire est de rassembler encore plus de données, d'effectuer plus de mesures dans divers rayonnements (visible, infrarouge, radio, écho-radar) et au moyen de divers appareils (caméra, APN, spectrographe, sonomètre, sismographe, gravimètre, magnétomètre, etc) de façon à objectiver ces évènements et écarter les méprises.

Bien qu'imprévisibles, ces évènements apparaissant régulièrement, il est possible d'organiser des journées et des nuits d'observation. C'est notre meilleur moyen pour tenter de comprendre ce que sont ces OVNI lumineux. Contrairement à ce que pensent certains ufologues et les complotistes, en aucun cas ces lumières ne peuvent être considérées comme les représentants d'un mystérieux monde extraterrestre, mais tout au plus comme des phénomènes non identifiés; on ne progressera donc pas dans la résolution de cette énigme si les scientifiques ne s'en occupent pas.

Apollo VIII et ApolloXI

Du reste des OVNI semblent avoir été observé par les astronautes. La revue "Saga UFO Special" publia dans son 3e numéro le récit de Neil Armstrong lors de son séjour sur la Lune en 1969 durant la mission Apollo XI : “Les petits sont énormes, manifestement énormes. Oh, Dieu, vous ne le croirez pas ! Je vous dis qu’il y a un autre vaisseau alentour... dans l'alignement de la face éloignée du cratère... ils sont sur la Lune nous regardant...”

Maurice Chatelain, responsable des Systèmes de Communications de la NASA, avoua en 1979 que cette rencontre était connue de la NASA mais personne n'en avait parlé jusqu’à alors. James Lowell, sur Apollo 8, aurait également dit en revenant de la face cachée, “Sachez qu’il y a un Santa Claus”, Santa Claus (le Père Noël) étant synonyme d'OVNI.

Tous ces propos, pour la plupart relayés par le public ont souvent été amplifiés par les médias et ne semblent pas être confirmés par leurs auteurs. Tout au plus, chacun d'eux avoua avoir aperçu des lueurs, mais rien de manifestement artificiel ou à proprement parlé d'extraterrestre.

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[2] Luminous phenomena and earthquakes in southern Washington, M.A. Persinger, CMLS, 42, 9, 1986 - M.A. Persinger, "The Earthquake-UFO Connection", Fate, july 1986 - M.Persinger et G.Lafrenière, "Space-Time Transients and Unusual Events", Nelson-Hall, 1977 - "Dossier OVNIS : l'hypothèse du champ magnétique", Science & Vie, 932, 1995, p82 - "Relations among Nocturnal Lights, Geomagnetic Activity and Earthquakes in Southern Washington", M.A. Persinger et a.l, Eos, 64:762, 1983 - Preliminary Report on Magnetic Field measurements recorded at Satus Fire Lookout, July 11, 2001 (Yakama).


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