CHAPITRE
12
UNE
RÉVOLUTION SCIENTIFIQUE ET CULTURELLE
Réhabilitation d'un concept scientifique
On
peut se demander pourquoi cette réalité incontournable qu'est le catastrophisme,
qu'il soit d'origine cosmique ou terrestre, n'a émergé que durant le dernier
quart du XXe siècle. Il suffit de se rappeler deux précédents, tristement
célèbres, pour mieux saisir les raisons de ce retard incompréhensible pour
un esprit rationnel. A la fin du XVIIIe siècle, les savants de l'époque, parmi
lesquels le chimiste Lavoisier, refusaient encore systématiquement d'admettre
l'origine cosmique des météorites (1), contre toute logique et malgré des
preuves irréfutables accumulées depuis plus de 3000 ans. Il y a moins de 60
ans, l'origine cosmique du Meteor Crater de l'Arizona
était elle aussi contestée, niée même, par une majorité de "spécialistes"
et les astroblèmes étaient systématiquement ignorés. On se demande toujours
pourquoi ces "verrous psychologiques" ont mis tant de temps à sauter.
C'est exactement la même chose avec l'impactisme terrestre et le catastrophisme d'origine cosmique
qui lui est associé.
Cependant, deux générations de nouveaux
chercheurs, plus ouverts et conscients de la nécessité d'évoluer et de tenir
compte des observations, ont suffi pour balayer les doutes et surtout pour
laisser la science "respirer", chercher et trouver les preuves indispensables.
Après les preuves, on passe aux causes et aux conséquences, et tout s'éclaire
enfin. La révolution technologique aidant (l'apport de l'informatique, des
satellites, des instruments modernes et d'internet), c'est la science elle-même qui a fait progressivement
sa révolution, avec le renouvellement des chercheurs (2).
Du coup, le catastrophisme, qui avait une image de marque désastreuse depuis
Georges Cuvier et ses disciples (3), qui étaient catastrophistes mais
surtout fixistes (4), c'est-à-dire en fait créationnistes, a
refait progressivement surface comme un concept scientifique régénéré
et crédible.
Pour éviter toute ambiguïté malvenue,
il faut préciser une chose importante : le catastrophisme scientifique
et le catastrophisme religieux (créationnisme) sont deux façons différentes
d'appréhender des phénomènes identiques, une façon scientifique d'une part,
et religieuse d'autre part. Les scientifiques et les religieux ne sont pas sur la même longueur d'onde (5),
ce qui peut provoquer des frictions sérieuses. C'est la raison pour laquelle
le terme de catastrophisme, qui n'est pas dû à Cuvier d'ailleurs, qui
parlait seulement de "révolutions du globe", mais au géologue
et philosophe anglais William Whewell (1794-1866),
peut paraître effectivement un peu ambigu.
La
science fait sa révolution permanente
Depuis soixante ans, les
connaissances scientifiques ont fait un bond extraordinaire et de nombreux
nouveaux concepts ont fait leur apparition, imposés par les observations et
les analyses des données toujours plus nombreuses et plus précises. Pour certaines
sciences, on peut vraiment parler de révolution. Des disciplines aussi diverses
que l'astronomie, la physique, l'astrophysique, la cosmochimie,
la géophysique, la géologie, la paléontologie, la biologie et d'autres encore
se sont trouvées régénérées.
Les astronomes et les astrophysiciens ont été les témoins de cataclysmes cosmiques
très divers, comme le volcanisme hallucinant qui transforme la surface de
Io, le satellite de Jupiter, en quelques siècles seulement, la fameuse explosion
de la supernova du 24 février 1987 dans le Grand Nuage de Magellan et enfin,
et peut-être surtout, la fantastique collision de la vingtaine de fragments
de la comète brisée Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter
en juillet 1994 (6), qui d'après les statisticiens n'avait pas une chance
sur cent milliards de se produire. Et pourtant ! La nature n'a que faire des statistiques humaines...
Ces trois cataclysmes ont bien montré que nous vivons dans un Univers violent
en permanence, dans lequel le cataclysme est la règle et non l'exception.
Le troisième a rappelé que l'impactisme planétaire
est une réalité de toujours et pas seulement du passé.
En toute logique, les théories catastrophistes, qu'elles soient cosmiques
ou terrestres, ont bénéficié d'un regain de crédibilité. On connaissait par
l'observation les astéroïdes et les comètes qui frôlent
Enfin, la décennie
On le sait depuis toujours : pour exister et être crédible, une théorie
a besoin de l'appui d'observations incontestables. La fin du XXe
siècle aura été particulièrement bénéfique pour les catastrophistes des différentes
sciences (9), de plus en plus nombreux et conscients de la justesse de leur
combat. Ce livre est plus particulièrement consacré à l'histoire
cosmique des hommes depuis qu'ils sont devenus homo sapiens, mais
les autres cataclysmes purement terrestres ont été nombreux
et particulièrement meurtriers depuis que l'humanité est devenue
plus vulnérable. Dans un second ouvrage, il sera question de l'histoire
cosmique de
De
la science-fiction à la réalité de demain
Le film "catastrophe"
américain Meteor, sorti sur les écrans en
1979 et tiré du roman du même nom (10), a popularisé le thème d'une Terre
sous la menace de corps célestes susceptibles de rayer la vie, sinon totalement,
du moins partiellement, sur notre planète. Le ciel a toujours fait peur, dans
l'Antiquité déjà, mais aussi au Moyen Age et au cours des siècles suivants.
De nos jours, depuis la découverte d'astéroïdes comme Hermes, Asclepius et Toutatis qui
ont frôlé
E
Plus récemment, en
"
Les hommes ont tout prévu… sauf l’imprévisible ! " (13)
En exergue de son livre,
il dit également ceci :
"
Tous les événements situés dans le passé se sont effectivement produits aux
lieux et époques indiqués ; tous ceux situés dans le futur se produiront
peut-être. Un seul est inéluctable : tôt ou tard nous rencontrerons Kali.
" (14)
Kali, pour Clarke, c’est
l’objet cosmique d’envergure qui obligatoirement se retrouvera dans
les siècles à venir sur une orbite de collision avec
Tou
Arthur Clarke a résumé en une seule phrase la conséquence essentielle du cataclysme
d’origine cosmique qui a eu lieu il y a 65 millions d'années, période qui
marque la fin de l'ère secondaire, et détruit les dinosaures et de nombreuses
autres espèces :
"
L’horloge de l’évolution remise à zéro, le compte à rebours menant à l’homme
pouvait commencer. " (16)
Le marteau de Dieu
ne fait que raconter la réalité de demain, une réalité dure à admettre, mais
inéluctable.
Rechercher
les causes des cataclysmes
Le rappel de quelques
textes et légendes anciens dans les chapitres 1 et
Pendant longtemps il fut de bon ton de se gausser de ces fables inventées
par des ancêtres considérés comme quasi débiles, avec leur Terre plate et
leurs dieux malveillants, mais les choses ont changé. Ce sera l'apanage des
chercheurs de la prochaine génération d'apporter, sinon un point final, tout
au moins une explication scientifique incontestable sur le pourquoi de certaines
de ces légendes.
On a longtemps cru qu'il ne serait pas possible d'apporter des preuves à ce
qui s'est réellement passé au cours de la protohistoire et de l'histoire ancienne.
Eh bien si ! Depuis le début des années 1980, on commence à y voir plus clair.
Les pièces du gigantesque puzzle scientifique et historique que constitue
le catastrophisme commencent à s’assembler. Comme l’ont annoncé Clube et Napier, les deux pionniers majeurs de ce domaine
de la recherche, la vérité est peut-être à portée
de la main dans l’étude exhaustive des carottes glaciaires qui ont été prélevées
dans le Groenland et dans l’Antarctique. L’analyse des poussières piégées
dans ces carottes, d’un intérêt extrême pour comprendre l’histoire de
Notre époque, même si elle est révolutionnaire à certains égards, n'est qu'un
simple jalon dans la longue histoire des hommes et dans la connaissance qu'ils
en ont, et chaque génération s'appuie sur les acquis de la précédente et prépare
ceux de la suivante. Une relecture de Sénèque et de ses Questions naturelles
(17) n’est pas inutile pour bien montrer que la recherche n’aura jamais de
fin et que demain apportera de nouvelles réponses qui entraîneront de nouvelles
questions.
"
Soyons satisfaits de ce que l'on a déjà découvert et permettons à nos descendants
d'apporter aussi leur contribution à la connaissance de la vérité...
Ne nous étonnons d'ailleurs pas que l'on amène si lentement à la lumière ce
qui est caché si profondément...
La génération qui vient saura beaucoup de choses qui nous sont inconnues.
Bien des découvertes sont réservées aux siècles futurs, à des âges où tout
souvenir de nous sera effacé. Le monde serait une pauvre petite chose, si
tous les temps à venir n'y trouvaient matière à leurs recherches. "
Ces phrases pleines de
sagesse, écrites par Sénèque au crépuscule de sa vie, entre les années 62
et 65 de notre ère, sont toujours d'actualité.
Une
nouvelle vision du monde se dessine
Les très nombreuses découvertes
récentes inquiètent et font réfléchir les scientifiques, les militaires et
même certains politiciens qui veulent être en mesure de réagir rapidement,
et en connaissance de cause, le cas échéant. Plusieurs rapports et études
très détaillées ont été publiés ces dernières années.
Le danger potentiel semble plus réel, plus proche. On comprend mieux aussi
aujourd'hui, d'une manière plus générale, que le cataclysme d'origine cosmique
est un phénomène universel qui s'impose comme un moyen naturel et incontournable
de régulation de la matière cosmique, sous toutes ses formes, et de la vie,
et cela à un niveau galactique, donc totalement surhumain.
Même si le Spaceguard survey,
mis progressivement en place depuis le début des années 1990, était une nécessité
impérative (18) et permettra peut-être de retarder l'échéance d'un impact
sérieux et de ses conséquences humaines totalement incalculables, l'avenir
paraît bien sombre. L'homme devra être très vigilant et imaginatif
pour le contrôler et le maîtriser. Ne serait-ce pas mission impossible ?
Surtout depuis que les astronomes ont compris que l'introduction dans le Système
solaire intérieur d'objets de plus de
Comme résumé et conclusion de ce livre, je propose une chronique que j'ai
écrite en collaboration avec l'astronome belge Jean Meeus et qui est
parue en 1993 (19). Elle est toujours d’actualité et permettra au lecteur
d’avoir un petit rappel historique et un aperçu de la réalité de demain.
"
SPACEWATCH : UNE NOUVELLE VISION DU MONDE SE DESSINE
Les
premiers résultats obtenus à Kitt Peak, avec l'extraordinaire
télescope automatique Spacewatch, confirment bien
entendu que
C'est une bonne leçon pour tous ceux qui se sont moqués, un peu à la légère,
des "catastrophistes" (qui étaient astronomes ou naturalistes en
général, mais aussi astrologues, philosophes, ecclésiastiques ou érudits)
qui se sont succédé de l'Antiquité à nos jours. Certains se sont fourvoyés
parfois, certes, faute de connaître comme nous tous ces NEO (Natural
Near-Earth Objects, selon
l'appellation de l'UAI), ou en se cloisonnant à l'intérieur de schémas (astrologiques
parfois, religieux souvent) tout tracés, mais un peu trop exigus. D'autres
n'ont pas pu ou pas voulu s'exprimer clairement sur ce sujet ambigu (parce
que mêlant science et religion) pour ne pas s'attirer les foudres des autorités
religieuses, intransigeantes à certaines époques, ou les sarcasmes de leurs
contemporains. Mais tous les "catastrophistes" pressentaient bien
que le ciel réel était bien plus complexe que le ciel observé
et qu'il était quasiment inévitable qu'il réserve parfois de mauvaises surprises.
Les deux premiers détonateurs astronomiques vraiment sérieux en ce domaine
furent le passage à proximité de
Il ne faut jamais perdre de vue que jusqu'en 1803 (avec l'averse météoritique
de l'Aigle dans l'Orne, observée en plein jour par plusieurs centaines de
témoins, qui obligea à une déchirante volte-face), c'est l'existence
même des météorites qui était contestée, et celle des cratères météoritiques
terrestres l'a été jusqu'au début des années 1950. On croit rêver devant tant
d'inutiles retards et de tergiversations incompréhensibles
pour des chercheurs actuels.
Mais aujourd'hui, en ce début des années 1990, avec les progrès fulgurants
dus au télescope Spacewatch, qui nous fait découvrir
un monde nouveau, le gigantesque billard cosmique dans lequel
Depuis quinze ans, on parle beaucoup de la fin des dinosauriens, il y a environ
65 millions d'années, due à l'impact d'un astéroïde ou d'une comète. Mais
il serait temps maintenant d'aller plus loin et de tenter d'élucider les autres
grands cataclysmes du passé. Il y a énormément à faire dans ce domaine, notamment
en associant plus étroitement extinctions de masse et astroblèmes géants,
eux-mêmes consécutifs à des impacts d'EGA ou de comètes de plusieurs kilomètres
de diamètre.
Il paraît indispensable surtout d'étudier sous tous ses aspects l'impact (peut-être
double) de grande envergure qui a eu lieu il y a environ 700 000 ans et qui
est associé à la création des millions d'australasites,
les plus récentes des tectites (via le cratère météoritique fantôme de Wilkes
Land en Antarctique ?) et à la dernière inversion du champ magnétique terrestre.
Des surprises de taille nous attendent et la réalité pourrait bien dépasser
la fiction ! Car il ne s'agit plus d'une extinction de masse, comme notre
planète en a connu quelques-unes au cours de son histoire mouvementée, mais
d'un épisode récent et important de l'évolution de la vie (du fait
des radiations et des mutations qui s'ensuivirent subies par de nombreuses
espèces, parmi lesquelles les ancêtres de l'homme actuel). Il n'est plus possible
aujourd'hui de nier la corrélation : mort des dinosauriens - émergence des
primates et des conséquences qui en découlent, mais ce n'était là qu'une étape
parmi d'autres.
On en revient toujours aux conséquences de l'impactisme
terrestre, sous ses deux formes essentielles : macroscopique (gros
impacts) et particulaire (radiations diverses), qui semblent faire
peur à certains chercheurs. Qu'on le veuille ou non, le catastrophisme d'origine
cosmique (qui n'a rien à voir avec le catastrophisme d'origine "divine"
ou un créationnisme étriqué, et qui sont même antinomiques) sera l'une des
grandes théories scientifiques du siècle prochain. Il y a là un beau challenge
pour les jeunes chercheurs qui veulent faire table rase
des idées préconçues... et fausses. A eux de démontrer définitivement
que l'impactisme terrestre est bel et bien l'un
des moteurs essentiels de l'évolution. Une vraie révolution culturelle
qui mettra fin à une "guéguerre" d'un autre âge : catastrophisme
contre uniformitarisme. Il est bien clair
qu'il faudra parler de catastrophisme et uniformitarisme.
Le télescope Spacewatch pourrait bien être un nouveau
détonateur décisif. Ses résultats vont obliger en effet ces prochaines années
les scientifiques sceptiques (il en reste bien sûr) à envisager enfin le monde
d'une manière différente, plus proche de la réalité. Il leur faudra admettre
que nous vivons dans un univers cataclysmique, aussi bien dans notre
bras galactique (avec les explosions d'étoiles qui redistribuent la matière,
mais aussi l'énergie sous forme de particules), que localement dans le Système
solaire (avec les caprices épisodiques du Soleil et l'impact des astéroïdes
et des comètes) ou même chez nous, sur
Un monde nouveau finira par s'imposer, un monde où le cataclysme est la
règle, PARTOUT, TOUJOURS. La vie a dû obligatoirement s'accommoder de
ces soubresauts épisodiques, violents, irréversibles. La double conclusion
est claire pour les catastrophistes modernes : l'homme, sous sa forme actuelle,
n'est qu'un phénomène récent, transitoire, et la vie si elle existe
ailleurs, ne peut être que très différente de celle qui a pris racine
(peut-être par panspermie), puis évolué sur Terre. Dur à admettre pour
ceux qui ignorent tout de l'astronomie, et pour ceux qui s'accrochent désespérément,
par le biais du créationnisme, aux certitudes bibliques. Inacceptable même
!
Il n'est pas étonnant, par contre, que les spécialistes des astéroïdes et
des comètes (et plus généralement la communauté astronomique) soient de plus
en plus partisans des idées catastrophistes. Ils
sont les premiers à savoir que les collisions sont inévitables. Et ce n'est
pas la découverte, à un mois d'intervalle, de 1993 HD et 1993 KA2,
les deux premiers EGA connus à être sur des orbites de quasi-collision avec
Ils savent que Spacewatch, et bientôt ses homologues
prévus dans le cadre du Spaceguard Survey, vont nous faire entrer dans une ère nouvelle et
passionnante. Mais il est bien clair que les astronomes ne peuvent, à eux
seuls, comprendre et résoudre le problème du catastrophisme d'origine cosmique
dans sa globalité. Seule une vaste campagne d'études multidisciplinaires peut
permettre des progrès vraiment décisifs sur la connaissance du passé,
le pourquoi du présent et la manière de gérer un avenir incertain
et un peu inquiétant quand même à long terme.
Même les militaires américains commencent à leur manière à s'intéresser à
ce futur, en travaillant sur les techniques à développer pour se débarrasser
(principalement par destruction dans l'espace ou par changement d'orbite)
d'éventuels objets trop dangereux. C'est un nouvel épisode pacifique de la
"guerre des étoiles" et un recyclage imprévu pour un arsenal nucléaire
privé de ses objectifs terrestres familiers. Il est cocasse d'imaginer que
la survie de l'humanité tiendra peut-être à l'existence de cet arsenal, prévu
à l'origine pour une tout autre utilisation, et qui est voué aux gémonies
par ceux qui, au contraire, sont toujours persuadés qu'il va entraîner sa
perte. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Et surtout, il ne faut pas oublier que l'homme et l'univers ne cohabitent
pas dans une même échelle de temps. L'homme aura disparu depuis
longtemps que
Informer,
à défaut de convaincre
Platon, Whiston,
Laplace, Cuvier et tous les autres savants catastrophistes du passé ou actuels
ont cherché et cherchent encore, chacun selon ses moyens et les connaissances
de son époque, à informer et à faire comprendre à leurs contemporains
que la vie terrestre est totalement tributaire de phénomènes physiques extérieurs
qui les dépassent de beaucoup. Et d'abord, la vie et les hommes dépendent
du Soleil (20). Sans lui, ils n'existeraient pas et il peut les faire disparaître
s'il se fâchait vraiment en inondant la Terre de radiations mortelles.
Faire comprendre les dangers que le ciel représente aux personnes qui
ignorent quasiment tout de la science en général, et de l'astronomie
en particulier, est une tâche assez difficile. L'humanité actuelle, dans sa
grande majorité, tout comme celle des siècles précédents, a peur de l'avenir
et refuse instinctivement tout ce qui a trait au cataclysme. Beaucoup préfèrent
l'irrationnel, à commencer par l'astrologie, à la réalité scientifique. Certains
préfèrent se faire peur avec des alignements planétaires imaginaires et un
millénarisme absurde, et qui n'est rien d'autre qu'un fantasme, plutôt que
de regarder la réalité en face.
Le devoir des chercheurs actuels est d'informer, encore et toujours, à défaut
de convaincre, éventualité illusoire. De nombreux livres sont
parus sur le problème des cataclysmes d'origine cosmique depuis une quinzaine
d'années (voir la bibliographie), c'est une très bonne chose. Il est nécessaire,
en effet, que des auteurs de formation et de sensibilité parfois très différentes
présentent d'une manière plurielle (car le sujet est multidisciplinaire)
une réalité que toute personne cultivée se doit de connaître. Certains auteurs,
notamment des historiens (21), semblent prendre à la légère
la menace du ciel car ils ne connaissent pas les données astronomiques
du problème. Libre à eux ! C'est aux lecteurs de juger sur pièces
ce qu'ils doivent ou désirent retenir de cette menace du ciel qui a façonné
la Terre, mais aussi la vie et la montée de l'homme vers la civilisation.
De toute manière, au fil des siècles, la réalité scientifique finira par
s'imposer, sinon à tous, tout au moins à ceux qui veulent savoir le pourquoi
et le comment de leur histoire cosmique.
Notes
1. M.-A. Combes,
2. On sait que les savants en place ne veulent pas, ou ne peuvent pas, remettre
en question leurs certitudes, de peur de voir "le savoir", leur
raison de vivre souvent, leur échapper.
3. C. Babin, Autour du catastrophisme (Vuibert - Adapt,2005). Ce livre
explique bien les hauts et les bas qu'a connu la théorie du catastrophisme,
avec une domination sans partage de l'actualisme durant la première
moitié du XXe siècle.
4. C. Grimoult, Évolutionnisme et fixisme en
France (CNRS Éditions, 1998).
5. J. Arnould, Dieu versus Darwin (Albin Michel, 2007).
Ce livre du théologien Jacques Arnould a comme sous-titre
"Les créationnistes vont-ils triompher de la science ?"
ou l'éternel débat entre foi et raison.
6. L'impact de la vingtaine de fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter en juillet
7. K. Mark, Meteorite craters (The University of Arizona Press,
1987). On ne connaît quasiment rien des astroblèmes océaniques. Le XXIe siècle
sera décisif à ce sujet. Notamment, il faudra répondre à cette question majeure :
un impact océanique important est-il capable de fracturer la croûte océanique
terrestre ?
8. W. Alvarez, La fin tragique des dinosaures
(Hachette, 1998).
9. J.-L. Schneider, Les traumatismes de la Terre (Sté géologique
de France - Vuibert, 2009). Ce livre est sous-titré : "Géologie
des phénomènes extrêmes". Il rappelle une réalité
de toujours : "Séismes, glissements de terrain, éruptions
volcaniques, cyclones et tsunamis sont, entre autres phénomènes,
à l'origine de catastrophes terribles pour les sociétés
humaines".
10. E. North et F. Coen,
Meteor (Belfond, 1980).
11. Ces catastrophes préliminaires n'ont pas été choisies au hasard par les
scénaristes, excepté la dernière. Elles correspondent à des cataclysmes ayant
eu lieu, ou soupçonnés avoir eu lieu, dans le passé.
12. A.C. Clarke, Le marteau de Dieu (J’ai lu, S-F 3973, 1995).
Titre original : The hammer
of God (1993).
13. Le marteau de Dieu, citation p. 4 de couverture.
14. Le marteau de Dieu, citation p. 5.
15. A.C. Clarke, Rendez-vous avec Rama (Robert Laffont, 1975).
Titre original : Rendez-vous with Rama
(1973).
16. Le marteau de Dieu, citation p. 30.
17. Sénèque, Questions
naturelles (Les Belles Lettres, 1930 ; traduction et annotations par P.
Oltramare).
18. Ce n'était pas l'avis de
tout de le monde aux États-Unis dans les années 1990, notamment celui
de quelques scientifiques pour qui les sommes utilisées (assez modestes)
auraient pu être employées plus utilement, et celui d'antimilitaristes primaires
qui ont vu d'un mauvais œil les militaires venir s'incruster (en la sponsorisant)
dans la recherche purement scientifique. Aujourd'hui, le partenariat science
- militaires apparaît comme une obligation et ne soulève plus
vraiment de critique.
19. M.-A Combes et J. Meeus, Chronique des objets
AAA (n° 6), Observations et Travaux, 35, pp. 20-26, 1993. Citation pp. 24-26.
20. M. Gargaud, H. Martin, P. Lopez-Garcia, T. Montmerle et
R. Pascal, Le Soleil, la Terre... la vie (Belin - Pour la Science,
2009). Ce livre est sous-titré : "La
quête des origines". Un superbe résumé de l'histoire
cosmique des hommes et de la vie avant que l'homme soit devenu Homo Sapiens
à la suite de mutations favorables. Il a eu beaucoup de chance et bénéficié
d'une contingence extrêmement favorable jusqu'ici. Mais jusqu'à
quand ?
21. L. Boia, La fin du monde. Une histoire sans fin (Editions La Découverte,
1989). Dans son excellent livre, l'historien des mythes roumain Lucian Boia
traite avec érudition, et aussi avec un certain humour, des différentes
versions de la fin du monde depuis l'Antiquité. Pour lui, l'imaginaire
prime les données scientifiques. Il ignore totalement certaines données
astronomiques. La "Comète" (avec un C majuscule) l'amuse
et il s'en délecte. Il ne cite pas Victor Clube et Bill Napier qui
ont montré que la "Comète" n'était pas une
vue de l'esprit, mais une réalité dont nos ancêtres ont
eu à souffrir. Ce n'est pas pour rien que les Etats-Unis investissent
aujourd'hui dans des surveys spécialisés dans la recherche des
PHA (les astéroïdes potentiellement dangereux pour la Terre).
Ils veulent pouvoir détruire ou détourner les objets qui en
menaçant la Terre menaceraient aussi la civilisation actuelle.