CHAPITRE 19

13 000 ANS DE CATACLYSMES COSMIQUES


Un avertissement en guise de prologue

Il est nécessaire, avant d'aborder l'histoire de l'impactisme depuis 13 000 ans (en liaison avec le Younger Dryas Event mis récemment en évidence) et le catastrophisme qui lui est associé, d'avertir le lecteur. Cela dans un souci d'honnêteté intellectuelle, car il est inutile de préciser que le sujet reste pour une bonne part spéculatif. Il est bien évident que si les choses étaient simples et la mémoire collective des hommes irréprochable, il n'aurait pas fallu attendre le début du XXIe siècle pour connaître les grandes lignes des catastrophes cosmiques et terrestres qui ont affecté à plusieurs reprises nos ancêtres de la protohistoire et de l'Antiquité, dans leur vie sociale, et même pour beaucoup d'entre eux dans leur chair.

Comme je l'ai expliqué dans l'introduction et aux chapitres 4, 6 et 7, c'est seulement à l'époque actuelle que des éléments nouveaux et incontestables pour progresser ont été obtenus. Des éléments astronomiques surtout, grâce aux nouvelles techniques d'observation et à l'informatique. Ces progrès essentiels ont permis de mieux comprendre ce qui a pu se passer, et aussi de nous faire connaître de nombreux objets cosmiques nouveaux, dont certains sont apparentés aux comètes et aux astéroïdes responsables des catastrophes passées.

En 1982, dans La Terre bombardée, j'ai entrepris la première tentative de reconstitution historique de l'impactisme terrestre et de ses conséquences humaines. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs auteurs avaient déjà essayé de faire avancer le problème, à commencer par Ignatius Donnelly (1831-1901) dans un livre fameux : Ragnarok, or the age of fire and gravel (1), paru en 1883, mais il faut bien le dire sans réel succès, si ce n'est commercial parfois. Ces auteurs étaient pourtant souvent d'authentiques érudits, bien conscients que l'histoire ancienne des hommes était beaucoup plus complexe que celle, assez misérable, il faut bien le dire, qui était enseignée. Aucun n'était astronome malheureusement, c’est ce qui explique en partie leur échec en ce qui concerne les explications proposées.

Comme je le disais dans la conclusion de mon livre, seuls des spécialistes des astéroïdes ou des autres petits corps du Système solaire (comètes, météores) avec l'aide des spécialistes de mécanique céleste étaient en mesure d'obtenir des éléments décisifs. Et c'est bien ce qui s'est passé, ce sont les astronomes, assez nombreux maintenant à s'intéresser à ce problème essentiel, qui ont fait la différence, notamment ceux de l’école britannique néo-catastrophiste, très en pointe sur le sujet, et surtout débarrassés de tous complexes superflus. Ils surfent donc avec aisance sur un terrain quasiment vierge.

Une obligation : sortir des sentiers battus

J'ai rappelé les mésaventures d'Immanuel Velikovsky (1895-1979) dans le chapitre " Fausses pistes ", car son cas est exemplaire, on peut même dire caricatural. Son nom, comme ceux des autres grands pionniers du catastrophisme, est associé à un phénomène de rejet systématique. C’est encore vrai aujourd’hui (à une échelle moindre heureusement). Malgré tous les progrès récents qui montrent chaque année la réalité du catastrophisme d'origine cosmique, et comme tous les auteurs qui ont écrit sur le sujet, je ne serai pas à l'abri de critiques plus ou moins virulentes de certaines catégories de scientifiques et d'historiens trop imbibés de classicisme. La nouveauté dérange, on le sait, elle déstabilise les mandarins en place qui ont du mal à admettre que de nouvelles approches, différentes des leurs, permettent de progresser là où ils ont échoué.

Pourtant, seule une approche vraiment nouvelle peut permettre de percer d'une manière satisfaisante le voile épais qui enveloppe encore l'histoire naturelle des hommes depuis 13 000 ans. Pour progresser il est nécessaire de sortir des sentiers battus.

L'histoire mondiale des différentes civilisations du passé est pourtant assez bien connue maintenant dans son ensemble (2). Des siècles de recherches et de découvertes ont permis de brosser une synthèse acceptable, bien que les documents écrits ou gravés authentiques remontant avant 2000 avant J.-C. soient rares, et qu'il subsiste de sérieux problèmes avec certaines langues mortes qui résistent à toutes les tentatives de déchiffrement. On sait que l'incendie des grandes bibliothèques de l'Antiquité et la destruction de plus d'un million de volumes et de papyrus, véritable mémoire écrite des hommes du passé, a été le plus grand fléau intellectuel qu'ait jamais connu l'humanité. C'est toute notre Histoire qui est partie en fumée dans cette démonstration de bêtise humaine, tare qui franchit hélas allègrement siècles et millénaires, car il est utopique d'espérer encore la découverte future de documents "miraculeux" qui éclaireraient d'un jour nouveau la protohistoire des hommes.

Ce manque de documents écrits ou gravés fait que l'on connaît très mal l'histoire naturelle des anciennes populations et civilisations. Seule leur histoire domestique est assez bien reconstituée, puisque c'est dans ce domaine que l'on trouve encore des traces indiscutables (villages, outils, bijoux, poteries, etc.). Les catastrophes naturelles qu'ont subi les populations ne sont jamais connues avec précision, mais survivent seulement camouflées sous formes de mythes plus ou moins obscurs et déformés. La meilleure preuve à ce sujet est la formidable éruption du Santorin, dont j'ai parlé au chapitre précédent, vers –1600, qui était déjà totalement oubliée dans la Grèce antique, seulement 1000 ans plus tard.

On se rend compte ainsi des difficultés qu'il y a à établir la chronologie et parfois la nature même des différents cataclysmes naturels du passé. Mais depuis le début des années 1980 les choses se sont éclaircies, grâce au travail de nombreux scientifiques catastrophistes, parmi lesquels il convient de citer en premier lieu Victor Clube et Bill Napier, deux astronomes britanniques, qui ont publié ensemble deux livres essentiels : The cosmic serpent en 1982 et The cosmic winter (3) en 1990.

Ce qui est intéressant surtout, c'est que ce problème des catastrophes cosmiques est devenu un sujet d'étude multidisciplinaire, preuve à la fois de son intérêt et de sa crédibilité, de sa complexité aussi. Ainsi des chercheurs de formation différente, comme le physicien et mathématicien italien Emilio Spedicato, le géologue autrichien Alexander Tollmann (1928-2007), le paléoocéanographe italo-américain Cesare Emiliani (1922-1995), le paléoécologiste britannique Mike Baillie, l'astronome américain Paul LaViolette, l'érudit américain Alfred de Grazia, initiateur de la quantavolution, le physicien américain Barry Warmkessel, qui publie sur son site une Comet/Earth impact chronology (avec les articles correspondants), le géophysicien et mythologue grec Stavros Papamarinopoulos, et deux géologues femmes, la Française Marie-Agnès Courty et l'Américaine Dallas Abbott, ont proposé des solutions nouvelles et stimulantes, sans parvenir toutefois, malgré leur notoriété reconnue et l'importance de leurs travaux, à convaincre la communauté scientifique qui reste très conservatrice dans sa majorité.

Dans plusieurs chapitres précédents, j'ai parlé de savants comme Fred Hoyle et Francis Crick qui ont été marginalisés pour certaines de leurs recherches sortant de l'ordinaire. A plus forte raison, des chercheurs indépendants comme les Britanniques Graham Hancock et Robert Bauval, et l'ingénieur maritime italien (et amiral) Flavio Barbiero ont aussi du mal à se faire entendre de la communauté scientifique. Leur travail n'en est pas inintéressant pour autant. Au contraire ! Ils ont mis le doigt dans le domaine controversé de l'archéoastronomie, très mal connu et riche de promesses à venir.

Pour écrire ce chapitre, j'ai tenu compte des nombreuses nouveautés notées dans les chapitres précédents, mais le canevas reste le même que celui retenu pour La Terre bombardée de 1982. En effet, les cataclysmes retenus restent les mêmes, explicités pour certains d’entre eux par l'hypothèse Hephaistos qui les éclaire parfois sous un jour vraiment nouveau et qui justifie aussi leur fréquence qui paraissait un peu suspecte autrement.

L'Apocalypse de l'an 10000 avant J.-C. : mythe ou réalité ?

Dans son dictionnaire Les archives de l'insolite, Jean-Louis Bernard (1918-1998), un érudit français, donne la définition suivante pour l'article "Apocalypse de l'an –10000" (4) :

" Série de catastrophes qui se produisirent vers l'an 9 ou 10000 avant notre ère, en touchant l'ensemble de la planète, et à propos desquelles il y a accord entre la Tradition et la science moderne. Enumérons ces cataclysmes : en Europe, fin de la dernière période glaciaire, peut-être à la suite d'une montée du pôle vers le nord actuel, par compensation, le dessèchement du Sahara préluda ou s'accéléra ; fin probable de l'archipel d'Atlantide ; en Afrique orientale, exhaussement brutal des monts, avec disparition d'une mer intérieure (aux sources du Nil) et d'un archipel (Pount), vers l'océan Indien ; exhaussement possible des Andes, avec disparition d'archipels en océan Pacifique (et isolement de la fameuse île de Pâques)... "

Cette définition n'est que très partiellement satisfaisante, car elle tente de regrouper sur une courte période plusieurs catastrophes prouvées, ou purement hypothétiques, d'époques en fait fort différentes, puisqu'elles s'échelonnent sur plusieurs milliers d'années. J'aurai l'occasion de reparler de certaines d'entre elles. Ce qu’il faut retenir, c'est que cette date de –10000 (chiffre très arrondi évidemment, simple repère chronologique en fait) est une date clé de l'histoire récente de la Terre et des hommes.

Mais d'abord, est-on vraiment sûr qu'il y a eu cataclysme ? Les avis ont été longtemps très partagés, faute de preuves incontestables. La fin rapide de la dernière glaciation est une certitude, avec ses deux conséquences principales : réchauffement du climat et surtout relèvement très important (de 100 à 180 mètres selon les régions) du niveau des eaux océaniques. Celles-ci ont complètement transformé la géographie côtière, en envahissant progressivement les différents talus continentaux. La mini-extinction de la mégafaune américaine, qui date de la fin du Pléistocène, est avérée elle aussi depuis les années 1940. La double question que se posaient les scientifiques était donc la suivante : Qu’est-ce qui a bien pu entraîner une modification aussi radicale et aussi rapide du climat ? Et pourquoi tant d’espèces animales ont disparu en si peu de temps ?

Depuis le début du XXIe siècle, une nouvelle théorie multidisciplinaire, restée jusque-là simple hypothèse faute de preuves incontestables, souvent connue sous le nom de l’extinction du Pléistocène, est apparue dans la littérature scientifique. Elle est liée au phénomène géophysique et climatique connu depuis longtemps des spécialistes sous le nom de Younger Dryas Event (l'événement du Dryas récent en français).

L'examen approfondi de cette théorie a fait l’objet d’une importante conférence qui s’est déroulée à Acapulco en mai 2007. Elle a été suivie par de nombreux scientifiques d’horizons et de spécialités différents, qui ont apporté des contributions inédites, complémentaires et convaincantes. L’origine cosmique de l’extinction du Pléistocène est apparue comme une quasi-certitude. La théorie a donc pris de la consistance, nourrie par de multiples preuves et arguments souvent définitifs et incontournables. Ses promoteurs croient qu’elle est appelée à un succès comparable à celle qui a expliqué la fin cosmique des dinosaures. Ce n'est qu'une question de temps, comme toujours quand il s'agit d'une théorie nouvelle, et très importante dans le cas présent. Les mentalités ont souvent du mal à évoluer, surtout chez les anciens chercheurs qui n'aiment pas remettre en cause leurs certitudes.

Le Younger Dryas Event et l’extinction du Pléistocène

La conférence d’Acapulco de mai 2007

Plusieurs scientifiques internationaux ont reçu, début 2007, une invitation pour participer à une conférence organisée sous l'égide de l’Union géophysique américaine (l’AGU, pour l’American Geophysical Union), et devant se dérouler à Acapulco, au Mexique, du 22 au 25 mai 2007. D'autres, qui avaient quelque chose à dire, et qui ne voulaient pas manquer une réunion qu'ils prévoyaient historique (et elle le fut, fondatrice même d'après certains participants), se sont invités eux-mêmes. Le sujet annoncé, alléchant pour de nombreux chercheurs, était le suivant : New Insights into Younger Dryas Climatic Instability, Mass extinction, the Clovis People, and Extraterrestrial Impacts. Cette conférence se voulait donc résolument multidisciplinaire, seul moyen efficace pour faire confronter les différents points de vue, et donc pour faire avancer les connaissances.

Le texte de présentation de la conférence expliquait notamment :

“ La déglaciation qui a suivi la dernière période glaciaire a été brutalement et spectaculairement interrompue il y a environ 12 900 ans par un refroidissement étendu qui marque le début du Dryas récent. De nombreux signes montrent que le Dryas récent a été marqué par des changements soudains dans la configuration de la calotte glaciaire, l’assèchement soudain des lacs préglaciaires, le détournement des flots d’inondation de l’Amérique du Nord vers l'Atlantique nord, et la réorganisation de la circulation de l’eau des océans…

Le début du Dryas récent paraît avoir coïncidé également avec des changements massifs, étendus et ponctuels dans la faune et le développement culturel paléolithique centré en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Ceci est représenté par la plus récente de toutes les extinctions massives, la disparition de la mégafaune des Amériques, comprenant les mammouths, les chevaux et les paresseux et la fin de la culture Clovis et les autres cultures humaines paléolithiques contemporaines…

Une nouvelle hypothèse avance que le refroidissement du Dryas récent a été déclenché par des impacts extraterrestres qui ont provoqué la déstabilisation de la calotte glaciaire, le détournement des eaux d’inondation, et les changements dans les courants océaniques. Ce travail offre des preuves nouvellement découvertes d’un impact ou d’explosions aériennes extraterrestres il y a 12 900 ans, comprenant des sédiments de la période de Clovis dans toute l’Amérique du Nord avec des niveaux élevés en iridium, des sphérules magnétiques et en carbone, du carbone ressemblant à du verre, des fullerènes, et des proportions de gaz nobles extraterrestres souvent associés aux couches carbonifères (tapis noirs) avec un biote inhabituel... ” (5)

Cette extinction concernant la mégafaune d’Amérique du Nord avait été notée dès les années 1940 par l’archéologue américain Frank Hibben (1910-2002), à la suite d’une expédition en Alaska qui l’avait beaucoup marqué et qu’il a racontée dans son livre The lost Americans (6). Il avait trouvé dans la boue gelée des restes d’animaux disparus comme les mammouths et les mastodontes mélangés aux ossements d’animaux d’autres espèces qui ont réussi à survivre comme des bisons et des ours. Pour lui, le cataclysme de très grande ampleur ne faisait pas de doute, mais sa nature restait totalement inexpliquée.

On sait que cette décimation n’a pas seulement concerné l’Amérique du Nord, mais qu’elle s’est manifestée aussi en Europe avec les rhinocéros géants, en Sibérie avec les mammouths et les bisons et aussi dans tout le nord de la Terre. On parle d’une disparition de 80 % des grands mammifères et même de l’extinction totale de certaines espèces. Dans son livre Les grands bouleversements terrestres (7), paru en 1955, Velikovsky publia plus d’une centaine de citations extraites de livres et d’articles sur le sujet, qui toutes racontent la réalité et les conséquences d’un même événement. Les causes étaient indéfinies pour la majorité des auteurs qui ont traité le sujet. Velikovsky, lui, catastrophiste convaincu, parlait clairement de noyaux cométaires comme possibles responsables. Mais ce chercheur avait une très mauvaise image auprès des scientifiques américains, suite à la parution de son premier livre : Mondes en collision, contesté à juste titre du fait de son hypothèse astronomique erronée, et il ne fut pas entendu. Dans les années 1950, le catastrophisme n’était vraiment pas à la mode !

Tous les animaux retrouvés gelés ont, semble-t-il, été surpris par un événement imprévisible et imparable qui ne leur a pas laissé le temps de se mettre à l’abri. En un seul jour, la vie a été anéantie en de nombreux endroits. Dès les années 1940, tous les scientifiques qui ont étudié les divers débris et les terrains choqués ont été obligés d’admettre que la théorie de l’uniformitarisme, en vogue à l’époque, ne pouvait pas rendre compte des effets produits, et qu’il était nécessaire de mettre en jeu un événement cataclysmique. Mais lequel ? Hibben a simplement écrit : « La période du Pléistocène a fini dans la mort. Ce n’était pas une extinction ordinaire d’une période géologique vague qui s’est finie dans une fin incertaine. Cette mort était catastrophique et globale. » Mais lui aussi a un peu parlé dans le vide.

De l’aveu même des scientifiques qui y ont participé, la conférence d’Acapulco de mai 2007 a été très bénéfique pour l’amélioration globale des connaissances sur le sujet, dans la mesure où ils ont pu échanger leurs points de vue, expliquer leurs observations, leurs données et leurs simulations aussi, et tenter de trouver un scénario plausible et acceptable pour ce Younger Dryas Event qui est devenu également un phénomène astronomique puisque l’impact cosmique (comète ou astéroïde) ne fait plus de doute.

La nouvelle théorie

On envisage désormais une comète de 2 ou 3 km de diamètre (certains spécialistes parlent même de 4 km), venant probablement du nord-ouest, qui se serait fragmentée en entrant dans l’atmosphère au-dessus de l’Amérique du Nord. L’impact a été le déclencheur, la cause du cataclysme le plus important qu’ait connu notre planète depuis 13 000 ans. Maintenant sa compréhension globale ne peut être que multidisciplinaire puisque plusieurs sciences sont concernées (8).

La comète (ou un fragment majeur) a heurté l’immense glacier qui recouvrait la région des grands lacs. On parle aussi de la baie de l’Hudson un peu plus au nord. L’inlandsis laurentidien aurait été partiellement déstabilisé, phénomène qui aurait entraîné la vidange partielle du réservoir d’eau douce constitué par le lac Agassiz qui était le plus grand lac glaciaire d’Amérique du Nord. On pense qu’il pouvait mesurer 1500 km de long et 1100 km de large et qu’il avait une profondeur moyenne de l’ordre de 200 mètres. Une grande quantité d’eau douce et froide aurait ainsi été injectée dans l’Atlantique nord, entraînant une très importante baisse de la température (on parle de 5 degrés).

Les chercheurs de diverses disciplines ont analysé une cinquantaine de sites archéologiques américains liés à la culture dite de Clovis. Ils y ont trouvé une fine couche riche en carbone datant de 12 900 ans, avec une condensation anormale d’iridium, élément presque toujours associé à un événement extraterrestre. Des nanodiamants et des fullerènes ont également été découverts, ce qui a encore renforcé l’hypothèse de l’origine cosmique de la catastrophe.

On voit donc que la comète a été le déclencheur de toute une réaction en chaîne associée à des événements climatiques, géologiques, paléontologiques, sans parler évidemment des conséquences humaines qui ont dû être épouvantables, non seulement en Amérique, mais dans tout le nord de la Terre. On pense notamment à un ou plusieurs tsunamis géants qui auraient balayé les côtes européennes. L’Europe a elle aussi été concernée parce que l’on a retrouvé des traces du cataclysme cosmique en Belgique (sur le site de Lommel, dans le nord du pays).

Le géologue néerlandais Johan Kloosterman, qui a étudié le site de Lommel, espère pouvoir démontrer que c'est le même cataclysme qui a mis fin à la culture magdalénienne en fouillant certains abris sous roche du Périgord. S'il réussit à trouver les preuves indispensables, c'est toute l'histoire des hommes qui sera remise en cause. Le catastrophisme d'origine cosmique ne pourra plus être ignoré.

De plus, l’hypothèse cométaire permet d’expliquer assez bien l’important refroidissement constaté à cette période et qui aurait duré un bon millier d’années. Les particules issues de l’explosion de la comète auraient augmenté d’une manière importante l’absorption de l’énergie du Soleil, phénomène qui aurait accéléré la fonte du glacier.

Certains scientifiques croient aussi aujourd’hui que les fameuses Carolina Bays, qui existent par centaines de milliers dans l’ouest des Etats-Unis, pourraient avoir été formées par effet de souffle à l’occasion de ce cataclysme cosmique. On a trouvé dans certaines d’entre elles des traces (d’iridium notamment) qui semblent conforter l’hypothèse astronomique pour leur formation. On sait que l’absence de météorites et d’impactites dans et à proximité de ces structures ont toujours fait douter d’une origine extraterrestre pour les Carolina Bays, mais en fait elles s’intègrent bien dans un cataclysme global.

L'astronomie propose deux autres solutions possibles pour expliquer la cause de cette "Apocalypse de l'an –10000", une astéroïdale et l’autre cométaire. Je vais en dire quelques mots.

L’hypothèse Sithylemenkat

J'ai déjà parlé du cratère météoritique de Sithylemenkat, découvert en 1972 par le satellite Landsat 1, dans une région montagneuse et déserte de l'Alaska. Cette découverte a permis d'envisager une corrélation avec la fin de la dernière glaciation, puisque l'on a attribué (approximativement) un âge de 12 000 ans à ce cratère.

Une première étude géologique et géographique de la région eut lieu en 1969, avant même que l'on soupçonne l'origine météoritique du cratère (9), puisque vu du sol, rien ne semble indiquer son caractère exceptionnel. Il s'agit d'une vaste dépression de 12,4 km de diamètre et de 500 mètres de profondeur. Son nom dans l'idiome local signifie "le lac dans les collines", car au fond de la dépression existe un lac de 3 km environ de diamètre. Des échantillons prélevés à l'intérieur du cratère montrèrent une proportion anormale de nickel qui étonna les chercheurs. D'autant plus que cette forte concentration de nickel fut également mise en évidence dans des échantillons périphériques à la dépression elle-même. En outre, une étude magnétique de la région indiqua une anomalie négative associée avec cette dépression, ce qui signifie une intense fracturation du lit du cratère, en dessous de la zone d'impact.

S'il n'est pas reconnaissable du sol comme cratère d'impact, par contre Sithylemenkat fut immédiatement repéré par le premier Landsat, comme ce fut d'ailleurs le cas pour plusieurs autres formations disséminées dans le monde entier. Des reconnaissances aériennes effectuées en 1976 ont montré la présence de fractures dans les murs du cratère, et son origine cosmique n'est pratiquement plus contestée.

L'énergie cinétique libérée lors de l'impact de Sithylemenkat est de l'ordre de 1,1 ´ 1020 joules. Cette valeur est donc comparable à l'énergie dégagée par les deux événements les plus cataclysmiques de l'époque historique : l'éruption du Tambora en 1815 et le séisme du Chili en 1960. Cependant, bien que cette énergie dégagée ne soit pas extraordinaire en elle-même, il n'est pas tout à fait exclu qu'elle ait servi comme énergie additionnelle pour mettre en route, ou pour accélérer, un glissement de la lithosphère (rigide) sur l'asthénosphère (visqueuse) sous-jacente. Ce glissement aurait pu durer quelques dizaines ou centaines d'années et amener le pôle géographique à son emplacement actuel. J'ai parlé au chapitre 13 de ces migrations polaires auxquelles quelques (rares) scientifiques croient fermement, même si leurs causes, qui peuvent être multiples, restent encore mal connues.

Mais est-il vraiment crédible que le dernier déplacement soupçonné ait pu faire dériver l'écorce terrestre sur près de 3000 km, comme l'a écrit Charles Hapgood (1904-1982), et amener le pôle géographique nord de la baie d'Hudson à son emplacement actuel ? Bien que ce mécanisme explique parfaitement la fin subite de la glaciation, beaucoup de chercheurs pensent plutôt à un cataclysme de moindre envergure.

Il faut retenir deux choses concernant Sithylemenkat. D'abord la présence de nickel à l'intérieur et autour du cratère signifie obligatoirement l'impact d'une sidérite ou d'une sidérolithe. Ce qui exclurait que ce soit un fragment de Hephaistos, objet carboné d'origine cométaire. Ensuite on peut remarquer que la simple collision d'un EGA de 600 mètres, comme ce fut le cas à Sithylemenkat, c'est-à-dire dans une région proche du cercle polaire, est capable de faire des dégâts très importants au niveau de la cryosphère. La fantastique chaleur dégagée a pu perturber la distribution des glaces sur plusieurs milliers de kilomètres carrés, mais de là à envisager qu'elle ait pu entraîner une déglaciation générale, il y a une marge infranchissable.

L’hypothèse Sithylemenkat n’est pas incompatible avec la précédente. Il est possible que l’impact de l’astéroïde ait précédé l’impact cométaire de quelques milliers d’années. On sait que la courbe des variations climatiques comprises entre 20 000 et 10 000 ans comprend plusieurs hiatus qu’un impact cosmique (comète ou astéroïde) pourrait fort bien expliquer.

Un impact d’astéroïde dans l’Atlantique ?

Cette hypothèse de l'impact océanique (ou partiellement océanique s’il y a eu désintégration de l’objet responsable dans l’atmosphère) a déjà été proposée par plusieurs auteurs, notamment par l'ingénieur et érudit allemand Otto Muck (1892-1956) (10) au début des années 1950. Comme Velikovsky, il s'est un peu discrédité en donnant une date trop précise pour l'impact de l'astéroïde responsable : le 5 juin de l'année 8498 avant J.-C. dans le calendrier grégorien, date qui selon lui correspondrait au jour Zéro de la chronologie des Mayas, qui on le sait remonte à plusieurs milliers d'années. Le jour de l’impact serait également d'après Muck, le fameux jour de la disparition de l'Atlantide (celle de Platon). Il donne de multiples raisons et arguments pour justifier son hypothèse, mais il n'a jamais pu convaincre le monde scientifique (très conservateur) de son époque.

Muck a pressenti aussi que les Carolina Bays pourraient être liées à l’impact de l’objet cosmique et qu’elles auraient été formées par effet de souffle. Cette hypothèse, longtemps discréditée, refait actuellement surface et pourrait bien être la bonne, comme je l’ai expliqué dans la section précédente. Ouragan et tsunami d’origine cosmique semblent bel et bien avoir eu lieu.

Il faut donc revenir à l'idée de Georges Cuvier (1769-1832) dont j'ai rapporté les propos au chapitre 3 : cette "vague" géante qui a inondé les continents. En fait, la meilleure explication est encore la formation d'un tsunami d'origine cosmique, c'est-à-dire consécutif à un important impact océanique ou dans une région glacée qui a instantanément fondu. Ce tsunami, qui pourrait avoir dépassé le kilomètre de haut d’après certaines simulations, s'est transformé en un gigantesque mur d'eau et de boue au fur et à mesure de son avance sur les continents. Il a pu tout balayer sur son passage, et surtout détruire en un instant plusieurs peuplades de l'époque, notamment celles qui vivaient à proximité des côtes, et faire reculer la civilisation de quelques milliers d'années. On sait que la culture américaine de Clovis a pratiquement été anéantie à cette époque comme l’a montré Hibben dans les années 1940. Le recul démographique, mais aussi culturel, a dû être très important pour les générations qui ont suivi celle qui a été victime directe du cataclysme.

C'est probablement cette catastrophe obscure qui est restée dans la mémoire des hommes comme étant le Chaos ou bien encore l'Apocalypse, la vraie, la première, celle qui a survécu dans le subconscient des hommes à travers les millénaires. Elle a pu se doubler d'une période de recul, durant laquelle l'homme survécut misérablement, conscient de sa faiblesse face aux formidables forces cosmiques, d'où la mise en place d'un incroyable panthéon de divinités protectrices. Mais l'aventure humaine allait reprendre son essor irrésistible vers le Néolithique, quand les séquelles de la catastrophe s'estompèrent pour ne plus devenir qu'un souvenir d'apocalypse transmis de génération en génération.

Un leurre : l’Atlantide atlantique de Platon

Cette époque voisine de –10000 a été souvent utilisée par les auteurs qui ont écrit sur l'Atlantide. On sait, en effet, que Platon (427-347) racontait dans ses deux récits, le Timée et le Critias, que c'est à cette date que s'était engloutie l'île mythique (et très controversée dès l'Antiquité), suite à un cataclysme dont il ne précisait pas d'ailleurs la nature mais qui remontait à soi-disant 9000 ans avant lui. Plus de 5000 livres ou articles ont, dit-on, été écrits sur le sujet, et je n'y reviens brièvement que pour faire deux remarques. D'abord, il est possible que le tsunami géant (s'il a réellement eu lieu) déclenché par un impact océanique ait détruit, outre bien sûr les populations, quelques petites îles et modifié quelque peu la géographie côtière de l'époque. Mais il ne peut avoir englouti définitivement une île grande "comme l'Asie (mineure) et la Libye réunies" pour reprendre l'expression de Platon. On pourrait certes alléguer qu'un impact sérieux a provoqué des séismes d'une magnitude extrême et englouti des continents entiers, mais l'examen des fonds océaniques n'a jamais confirmé ces engloutissements.

Ce qui est sûr, par contre, c'est que la fonte des glaces (quelle que soit sa cause) a fait remonter sensiblement le niveau des océans, et que cette montée des eaux a rayé de la carte bon nombre de terres anciennement émergées. Mais les océanographes n'ont eu aucune peine à démontrer que cette montée des eaux a été progressive et s'est étalée sur plusieurs milliers d'années, en liaison avec le réchauffement général du climat de la planète. Donc, on peut dire que le tsunami a éliminé les populations côtières et îliennes et que la transgression marine a noyé des îles et plusieurs millions de kilomètres carrés de terres anciennement habitées.

Un impact sérieux en Autriche vers –7800

Le village de Köfels se trouve à environ 60 km au sud-ouest de Innsbrück dans le Tyrol autrichien, à 400 mètres d'altitude par rapport au fond de la vallée du massif de l'Ötztal. Il intéresse depuis longtemps les géologues, car sur son territoire se trouve une formation de 5 km de diamètre que l'on soupçonne d'être le plus récent des grands cratères d'impact terrestres. C'est une formation de montagne qui ne présente pas la netteté d'un cratère de plaine et qui pause des problèmes non résolus. Certains géologues modernes anticatastrophistes ne veulent même pas en entendre parler, ne voyant dans le "cratère" de Köfels qu'un résidu d'éboulement gigantesque. Pour eux, la montagne se serait effondrée pour une raison indéterminée, peut-être un tremblement de terre, peut-être aussi en liaison avec la fonte des glaces.

Il n'empêche que ces géologues sont bien en peine pour expliquer les éléments dont je vais parler maintenant. On a trouvé, en effet, dans la région de Köfels de nombreux verres ressemblant à des pierres ponces vésiculaires qui ont été étudiées dès le XIXe siècle. Ces verres ont une composition chimique qui peut être expliquée par une courte et incomplète fusion à très haute température des roches préexistantes, suivie d'un très rapide refroidissement.

Les premiers chercheurs qui ont analysé ces verres, notamment Adolf Pichler (1819-1900) en 1863 et W. Hammer en 1923 (11), les ont interprétés comme étant les produits d'un événement volcanique, quoique aucun volcanisme récent ne soit connu dans les Alpes, et que la structure de Köfels n'ait rien d'une bouche volcanique. Conscients de ces anomalies, Otto Stutzer (1881-1936) en 1936 et Franz Suess (1867-1941) en 1937 ont proposé l'origine cosmique pour le cratère et les verres qui seraient donc bel et bien des impactites.

Depuis 1966, plusieurs géologues les ont étudiés à nouveau et ont confirmé qu'ils ne peuvent être volcaniques. De plus, le cratère a gardé des traces de la collision et on a pu mettre en évidence certains effets de métamorphisme de choc. C'est sûr qu'il y a eu éboulement, mais celui-ci a été la conséquence de l'impact qui a "cassé" la montagne. On doit donc parler pour l'origine du cratère de Köfels de "impact + éboulement", alors que d'autres géologues veulent s'en tenir à l'éboulement sans impact, ignorant les impactites qui demandent pour être formées une énergie d'une ampleur nettement supérieure à celle résultant d'un éboulement, même si celui-ci est d'envergure, ce qui a été le cas de toute manière.

Récemment, on a parlé aussi de traces d'iridium. Si cette découverte était confirmée, ce serait la preuve qu'il y a bel et bien eu impact cosmique. D'ailleurs, le cratère de Köfels a été remonté en catégorie 2 des structures d'impact (les probables). Pendant des années, selon les auteurs, Köfels était classé en catégorie 3 (les possibles) ou même 4 (structures rejetées). D'ici quelques années, Köfels pourrait très bien passer en catégorie 1 (structures certaines). Il prendrait alors un autre "statut", confirmant l'impact très récent d'un objet d'envergure sur la Terre, avec toutes les conséquences terrestres et humaines qui en découlent.

Car ce qui est particulièrement intéressant avec Köfels, c'est l'extrême jeunesse du cratère et des verres, notée dès les premières recherches. Toutes les datations modernes et précises ont confirmé cette jeunesse puisque la collision ne remonte qu'à 9800 ans environ, soit autour de la date historique –7800. A noter donc que ce cataclysme est plus récent de 3100 ans environ que celui du Younger Dryas Event, qui fut une catastrophe d'une tout autre envergure. Je signale que l'âge de Köfels a été réévalué à la hausse récemment, puisque longtemps on a admis pour le site un âge moins important : 8500 ans, donc une date historique voisine de –6500 seulement.

Pour former le cratère de Köfels, il a fallu un petit astéroïde de 250 mètres de diamètre environ, très probablement d'origine planétaire. L'impact, selon les normes classiques, a libéré une énergie de l'ordre de 8,2 ´ 1018 joules, soit l'équivalent d'un très important séisme de magnitude 8,6. Un tel séisme reste cependant inférieur à celui relativement bien connu de Lisbonne, en 1755, qui libéra une énergie voisine de 1019 joules. On sait que ce cataclysme de triste mémoire reste à ce jour le principal séisme qui se soit produit en Europe depuis plus de 500 ans et le seul qui a probablement atteint la magnitude 9,0.

Même si la collision de Köfels n'a pu avoir que des incidences régionales au niveau énergétique, il est certain que le volume de débris expédiés dans l'atmosphère a été très important. Il y a eu probablement désintégration complète à l'instant de l'impact, puisqu'on n'a pas retrouvé de météorites dans la région. Comme pour d'autres cataclysmes similaires, les poussières résiduelles se sont dispersées sur pratiquement toute l'Europe (et sans doute au-delà) et ont entraîné une période de "ténèbres", ou tout au moins un obscurcissement de l'atmosphère, de plusieurs jours ou même plusieurs semaines, le temps que celle-ci se débarrasse de cet aérosol.

Cette collision probable remonte à –7800, et bien que la vallée de l'Ötztal n'ait sans doute été qu'assez peu peuplée à cette époque, il est probable qu'elle a été observée dans toute l'Europe centrale. La boule de feu avant l'impact a dû être formidablement brillante, aveuglante même, et les populations ont dû croire que le Soleil (ou un soleil) tombait sur la Terre. On peut donc penser que ce cataclysme a eu, avec d'autres non identifiés encore avec précision, des répercussions sur la mise en place de concepts religieux, sur la croyance en l'effondrement de la voûte céleste, et sur cette peur panique qu'avaient les Anciens que le ciel leur tombe sur la tête. L'impact de Köfels est l'un des jalons les plus reculés qui permettaient aux auteurs de l'Antiquité d'affirmer que la chute du ciel est cyclique.

On comprend mieux que la transmission de bouche à oreille d'un tel événement pendant plusieurs milliers d'années ait débouché sur de nombreuses variantes régionales. Plusieurs chutes de météorites beaucoup moins importantes ont aussi été observées par la suite, et elles ont sans doute servi à entretenir ce mythe de la chute du ciel, car ce n'est pas quand même tous les millénaires que tombe sur l'Europe un astéroïde de 250 mètres, comme celui qui forma le cratère de Köfels.

"La Nuit de l'écroulement des mondes" des anciens Égyptiens

Le Livre des Morts des anciens Égyptiens (12) est l'un des plus vieux documents que les hommes du passé nous ont légués. Il existait déjà (tout au moins les chapitres les plus importants) vers 2700 ans avant J.-C., sous le règne du pharaon Men-kau-ra de la IVe dynastie. Mais il pourrait remonter encore plus loin et dater du IVe millénaire avant notre ère.

L'un des leitmotive de ce Livre des Morts est la succession de catastrophes cosmiques qui a prévalu depuis la création des hommes, la fréquence de l'écroulement des mondes. Les cataclysmes cosmiques rappelés sommairement, et sans détails précis malheureusement, sont obligatoirement antérieurs à –2700 et ne peuvent être confondus avec le cataclysme beaucoup plus récent dont je parlerai plus loin. Tout ce que l'on peut dire c'est que ces anciennes catastrophes cosmiques furent une réalité, même s'il n'est pas facile de savoir à quoi elles correspondent exactement et surtout quelles ont été leurs conséquences. Le Livre des Morts insiste particulièrement sur " la Nuit de l'écroulement des mondes " qui semble avoir été une catastrophe de réelle envergure, tout au moins au niveau de l'Afrique du Nord dans son ensemble.

Un impact en Afrique du Nord

De nombreux arguments laissent à penser que l'Afrique du Nord a probablement été victime d'un impact cosmique d'origine cométaire assez important, qui pourrait dater du début du Ve millénaire ou même de la fin du VIe millénaire avant J.-C. (autour de la date historique –5000). Plusieurs auteurs sérieux pensent en effet que l'Égypte archaïque était très différente géographiquement de l'Égypte historique, qui commence pratiquement avec Ménès, le pharaon qui vécut vers –3300 et qui fonda la première dynastie. Tous les documents semblent indiquer que les premiers Égyptiens venaient de l'ouest (13), d'où ils furent chassés par ce fameux cataclysme cosmique, et qu'ils s'intégrèrent avec une seconde ethnie venant du sud, à une population beaucoup plus primitive qui vivait déjà sur les bords du Nil.

Cette migration forcée des pré-Égyptiens pousse tout naturellement à soupçonner un impact saharien. Car ce n'est un secret pour personne, il est certain que cette zone immense, qui est aujourd'hui le plus grand désert du monde (avec environ huit millions de kilomètres carrés) et l'un des plus arides, était un territoire fort accueillant et verdoyant, habité dès la haute préhistoire. L'ancien Sahara était baigné par un grand fleuve, le fleuve des Tritons, qui coulait du sud au nord, parallèlement au Nil, et au bord duquel évidemment devaient vivre principalement les populations de l'époque. Le tracé de ce très étonnant fleuve fossile, fort important apparemment, a pu être reconstitué avec précision car il a laissé son empreinte indélébile, même si de nos jours elle n'est pas évidente pour les non-spécialistes. Le fleuve des Tritons descendait du Hoggar, et après un cours de 2000 km et la traversée de deux lacs importants (lacs Tritonis et Pallas) se jetait dans le golfe de Gabès, qui avait une géographie sensiblement différente de celle d'aujourd'hui. Ce n'était donc pas un simple ruisseau saisonnier, et depuis des millénaires il contribuait avec ses différentes ramifications à humidifier et à rendre prospère une vaste région.

La désertification du Sahara a toujours étonné les spécialistes des climats par sa rapidité fulgurante, notamment son début, car ensuite les choses s'enchaînent naturellement selon un processus bien connu. On le voit encore de nos jours avec l'avance catastrophique des sables et le recul parallèle de la vie dans le Sahel. Faire croire que ce sont quelques troupeaux de chèvres et autres animaux domestiques qui ont été la cause de la désertification des huit millions de kilomètres carrés du Sahara est une plaisanterie.

Il est beaucoup plus logique de penser que ce phénomène est dû au départ à un cataclysme naturel. Celui-ci n'a jamais pu être identifié, ni localisé avec précision, car il remonte à plusieurs milliers d'années, mais toutes les mythologies des peuples autochtones et périphériques, que ce soient les Égyptiens, les Marocains, les Berbères, les Touaregs et d'autres, parlent de cataclysme cosmique. Ce n'est pas pour rien. Je penche donc pour l'explosion dans la basse atmosphère, comme en 1908 avec le cataclysme de la Toungouska, d'un objet cométaire, ou d'origine cométaire. L'hypothèse Hephaistos permet maintenant d'envisager sérieusement l'impact d'un des innombrables fragments générés par la désintégration de cet ancien centaure venu il y a quelques dizaines de milliers d'années dans le Système solaire intérieur.

Cette explosion dans l'atmosphère serait à la base du processus de désertification. Nous avons vu comment une telle explosion peut rayer toute vie sur plusieurs milliers de kilomètres carrés. Des incendies immenses de forêts, l'absence totale de végétation durant plusieurs années dans une région torride ont des conséquences climatiques et écologiques certaines. Les précipitations s'affaiblissent, la sécheresse s'installe, ce qui accélère ensuite l'ensablement, les fleuves et rivières s'assèchent et la désertification peut ainsi gagner très rapidement du terrain.

Des populations traumatisées

Ce scénario explique fort bien que les habitants de la région sinistrée aient été obligés d'émigrer vers les régions périphériques. Ce fut le cas pour les pré-Égyptiens, mais aussi pour d'autres peuples martyrs, ancêtres des populations actuelles d'Afrique du Nord. D'autre part, cette explosion dans l'atmosphère a pu entraîner une augmentation de la radioactivité (comme dans la région sinistrée de la Toungouska) et des radiations anormales et dangereuses. Le taux de radioactivité locale et régionale a pu dépasser les seuils supportables pour l'organisme humain. De nombreux textes du passé, qui ont été raillés un peu à la légère par des savants ignorant tout de l'impactisme terrestre, parlent de pollution biologique et même psychique.

Cette pollution biologique a pu déboucher à la fois sur une dégénérescence des cellules (du fait de brûlures et de cancers, notamment de la peau), et à la limite sur une dégénérescence de certaines espèces dans leur ensemble, et sur un gigantisme (noté également dans la région sinistrée de la Toungouska) probablement sans avenir durable. Or de nombreuses légendes parlent d'êtres dégénérés et de géants existant à l'époque protohistorique. Sont-elles tout à fait dénuées de fondement ? Ce n'est pas si sûr. Hésiode et Homère qui vivaient au premier millénaire avant J.-C. parlent encore de géants dégénérés, de Titans, de Cyclopes (14) et autres créatures suspectes. On raconte même que ces géants auraient survécu jusque vers l'an 1000 avant J.-C. dans le Haut-Atlas marocain, où la tradition populaire les prétendait cannibales.

On sait de manière formelle depuis l'événement de la Toungouska (même si certains chercheurs occidentaux, qui n'ont pas eu accès au site avant les années 1980, le nient avec véhémence), qu'une explosion dans l'atmosphère peut déboucher sur des mutations dans la faune et la flore par suite de radiations. Ce souvenir d'une population de géants, ou même de monstres, qui étonnaient tant les auteurs du monde antique, au point qu'ils ont consigné leur existence dans leurs chroniques et leurs légendes, était peut-être bien basé sur des faits et des observations réels.

L'avenir pourra peut-être confirmer cet impact saharien, le dater avec précision quand on connaîtra mieux le passé des fragments de Hephaistos, et aussi localiser la région de l'impact d'une manière plus précise. En tout cas, cette hypothèse saharienne présente de multiples avantages, car elle explique d'une manière fort plausible à la fois le début ou l'accélération de la désertification du Sahara, l'exode des pré-Egyptiens et leurs innombrables allusions à cette Nuit de l'écroulement des mondes qui, apparemment, les avait sérieusement traumatisés. Bien que sa datation soit délicate, je penche pour moins de 2000 ans avant Ménès, vers –5000. Mais les astronomes du XXIsiècle devraient pouvoir sensiblement améliorer la précision de cette datation, très approximative pour le moment.

Un impact dans le Pacifique vers –2350

Dans toutes les régions du monde, les peuples anciens ont laissé pour la postérité des histoires concernant des déluges plus ou moins importants (15), conséquences de cataclysmes assez divers mais toujours meurtriers (crues exceptionnelles, pluies torrentielles durant plusieurs jours ou même plusieurs semaines, raz de marée, ouragans, déglaciation, rupture de digues naturelles, etc.). Le plus connu en Occident est bien sûr le Déluge biblique qui aurait eu lieu vers –4000, d'après certaines sources archéologiques et non plus d'après la Bible (qui le situe plus tard dans le temps), et qui aurait été causé soit par une crue exceptionnelle de l'Euphrate, soit par un raz de marée sismique venu du golfe Persique, peut-être en rapport avec la montée irréversible des eaux océaniques.

Mais ce Déluge, qui a bénéficié d'une publicité toute particulière du fait qu'il figure en bonne place dans la Bible n'est probablement pas le plus important qu'ait connu la Terre depuis 13 000 ans. Parmi ces récits de déluges, plus ou moins obscurs comme toujours du fait qu'il s'agit souvent de catastrophes protohistoriques, plusieurs semblent concerner un même événement assez important, qui pourrait avoir été consécutif à l'impact d'un astéroïde ou d'une comète dans l'océan Pacifique (l'océan Oriental des Anciens) autour de –2350, époque à laquelle plusieurs civilisations anciennes étaient en place et rayonnaient autour d'elles.

Certains peuples anciens de la région parlent dans leurs légendes et traditions d'une "étoile tombée du ciel" ou d'une "énorme boule de feu" qui serait tombée dans l'océan ou même sur d'anciennes terres émergées, englouties depuis la catastrophe. Comme je l'ai rappelé au chapitre 1, en Chine c'est le dragon Kong-Kong qui aurait fait écrouler l'une des colonnes du ciel un jour de colère en lui donnant un coup de tête et qui aurait provoqué le déluge. Toutes ces histoires ont un point commun : c'est l'origine astronomique du cataclysme, un objet cosmique est entré en collision avec la Terre. Événement qui n'étonnera plus outre mesure les lecteurs qui auront lu ce livre avec attention, puisqu'il se produit régulièrement depuis que notre planète existe. Les océans sont les principales surfaces terrestres visées, puisqu'elles occupent 71 % de la surface totale, et il est donc tout à fait logique qu'elles soient concernées par des collisions qui ont laissé leur empreinte, sinon physique, du moins historique et mythologique, dans l'histoire des peuples du passé.

La thèse du continent perdu dans le Pacifique ( ou un autre) a toujours passionné les amateurs de mystère et d'insolite, mais elle n'a jamais pu être confirmée par la science, notamment par les recherches océanographiques qui se sont multipliées depuis une soixantaine d'années. Les fonds océaniques sont bien connus de nos jours, et leur formation et leur renouvellement constant à l'échelle géologique parfaitement explicités. Il est vrai cependant que les énigmes concernant le région restent nombreuses, notamment celles liées à l'origine de l'île de Pâques (16) et que des surprises de taille restent possibles. Ce qui est fort plausible pour le moment, c'est l'impact d'un objet cosmique qui remonterait à 4350 ans et ses diverses conséquences que nous allons examiner.

La collision a pu se produire à l'époque de Yao, l'un des empereurs légendaires de la Chine qui aurait vécu vers 2350 avant notre ère. A son époque, on signale plusieurs catastrophes qui ne seraient en fait que des sous-produits de l'impact. D'abord, un tsunami terrible qui aurait ravagé l'Asie du Sud-est et notamment la Chine, et englouti des îles du Pacifique et même de l'océan Indien. La vague de plusieurs dizaines ou centaines de mètres ("elle montait jusqu'au ciel" racontent les légendes) aurait provoqué des inondations terribles. Ces inondations auraient été à la fois d'origine maritime, mais dues également d'autre part à des crues gigantesques, consécutives à des pluies torrentielles.

Nous avons vu plus haut que les collisions océaniques peuvent faire bouillir la mer, du fait de la chaleur engendrée (plusieurs milliers de degrés) et entraîner des quantités énormes de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Cette vapeur d'eau se condense en nuages et provoque par la suite des pluies exceptionnelles que l'on peut assimiler à des déluges. Ainsi l'inondation se produit de trois côtés à la fois : de la mer, du ciel et des fleuves gonflés par les pluies diluviennes et qui quittent rapidement leur lit habituel. L'eau ne peut plus s'écouler pendant plusieurs semaines.

Ce cataclysme pourrait être bel et bien lié au Déluge biblique dont j'ai parlé au chapitre 2. Il faut se rappeler l'hypothèse (fausse) de Whiston et de sa comète de 575 ans, qui était contemporaine du Déluge, daté par les théologiens à 2349 ans avant l'ère chrétienne et aussi le fait que Noé aurait pu vivre en Chine à la même époque. Coïncidence ou relation de cause à effet ? Les astronomes du XVIIIe siècle se posaient déjà la question, et certains n’étaient pas loin de répondre positivement.

Enfin, si les légendes chinoises de l’époque ont un fond de vraisemblance, il n’est pas exclu que cette partie de l’Asie ait été victime de l’impact de plusieurs fragments mineurs d’un objet plus volumineux, ayant peut-être un rapport avec la désintégration de Hephaistos.

La collision qui a bouleversé l'ordre du monde à la fin du XIIIe siècle avant J.-C.

Deux questions essentielles : quel objet et pourquoi cette date ?

Avec cette collision dont j'ai déjà beaucoup parlé tout au long de ce livre, on arrive à la dernière grande catastrophe d'origine cosmique qu'a subie la Terre. D'autres événements ont été postérieurs à celui-ci, comme par exemple la collision de l'époque de Josué, plus récente de seulement une quarantaine d'années et que j'ai évoquée au chapitre 2, mais aucune n'a pu atteindre l'ampleur de celle-ci qui a eu des répercussions sur au moins trois continents, l'Afrique, l'Asie (dans sa partie occidentale) et l'Europe.

Au chapitre 18, j'ai évoqué les cataclysmes terrestres qui ont eu lieu au IIe millénaire dans le Bassin méditerranéen, pour bien les différencier. L'éruption volcanique du Santorin, notamment, a toujours plus ou moins interféré avec le cataclysme cosmique et de nombreux auteurs l'associent encore aux Plaies d'Égypte et à l'Exode, bien que les époques diffèrent de quatre siècles. Il est exclu que le début de cet Exode des Hébreux se soit passé avant le XIIIe avant J.-C., même si le problème du Pharaon incriminé dans cette histoire, et c'est un élément vraiment important, n'a été définitivement élucidé que durant le dernier quart du XXe siècle.

Certains égyptologues penchent encore pour Ramsès II (17), mais il s'agit déjà d'un combat d'arrière-garde. Le pharaon de l'Exode est très probablement le treizième fils de Ramsès II, connu sous le nom de Merenptah (et souvent en France sous celui de Mineptah) qui lui a succédé et qui a régné au moins cinq ans et au plus dix ans (de 1213 à 1203 avant J.-C. d'après les Égyptologues modernes). Les dates de règne de ces pharaons qui varient suivant les auteurs, selon qu'ils utilisent la chronologie haute ou la chronologie basse, d'une bonne vingtaine d'années (ainsi pour Ramsès II, la date de sa mort est 1236 avant J.-C. pour certains et 1213 pour d'autres), sont précisées aujourd'hui.

En toute logique, c'est la chronologie basse qui s'impose aujourd’hui pour des raisons astronomiques et historiques (18) et je l'utilise également, contrairement à ce que j'avais fait en 1982. De ce fait, le cataclysme de –1225 dont je parlais se trouve avancé en –1208 (c'est-à-dire 1209 avant J.-C., date historique qu'il est bon de retenir) (19) pour des raisons que je vais développer.

Les choses ayant sérieusement évolué depuis 1982, je rappelle d'abord rappeler ce que j'écrivais alors (pp. 236-237) pour répondre aux deux questions de base qui se posaient : quel type d'objet et pourquoi cette date ?

" Certains auteurs croient à une comète très importante, mais en fait c'est peu probable pour plusieurs raisons, dont la principale est que les impacts de comètes actives sur la Terre sont des événements extrêmement rares, puisqu'il ne s'en produit pas un seul en moyenne par million d'années. Nous penchons plutôt pour un cataclysme "courant" : l'impact d'un EGA cométaire qui s'est fragmenté en plusieurs morceaux et qui a eu tendance à se désagréger et à s'émietter tout au long de sa trajectoire intra-atmosphérique. Nous aurons l'occasion de voir pourquoi.

La date de –1225 résulte principalement de l'examen des textes égyptiens, notamment ceux découverts à Médinet Habou (partie sud de l'ancienne Thèbes occidentale) au XXe siècle seulement. Ces textes très importants ont été gravés sous le règne de Ramsès III, quelques dizaines d'années seulement après la catastrophe. Ce sont eux qui, seuls, permettent de dater avec précision (à quelques années près, ce qui est fantastique quand on sait le flou des datations anciennes) le cataclysme auquel il font allusion. Ces textes ont permis de cerner la période incriminée, qui ne peut être que celle de Merenptah, ou moins probablement l'un de ses deux successeurs directs. "

Sekhmet, Phaéton, Absinthe, Surt et les autres

Depuis l'écriture de ce texte, il y a eu en effet une nouveauté essentielle : la découverte que P/Encke et Oljato ne formaient qu'un seul objet il y a 9500 ans et qu'ils sont membres de la grande famille de Hephaistos qui comprend un astéroïde aussi gros que Hephaistos (le fragment principal de l'objet originel auquel il donne son nom) qui a 8 ou même 10 km de diamètre moyen. Les astronomes catastrophistes croient aujourd'hui que l'objet céleste du XIIIe siècle était mixte, à la fois cométaire et astéroïdal, qu’il pouvait être de taille kilométrique, qu’il s’est progressivement disloqué dans l'atmosphère (heureusement !) et qu’il n'a touché le sol que d’une manière partielle, certains fragments ayant pu résister à la traversée de l’atmosphère, d’autres non.

Pour ce qui est de la période incriminée, le mérite en revient essentiellement au théologien et archéologue allemand Jürgen Spanuth (1907-1998) (20) qui a étudié cette période troublée avec beaucoup de pertinence. Cet auteur, à la recherche après beaucoup d'autres de l'Atlantide, a cherché à démontrer que les fameux Peuples de la Mer, dont il est longuement question dans les textes gravés de Médinet Habou, ont été chassés de leur région d'origine (un ancien empire de la côte occidentale du Schleswig-Holstein en Allemagne du Nord, partiellement englouti aujourd'hui dans la mer du Nord, et qui serait l'Atlantide d'après Spanuth) à la suite du cataclysme cosmique de –1208. Spanuth, en se basant sur des calculs de l’astronome allemand Mario Zanot, imputait ce cataclysme à un passage très rapproché de la comète P/Halley en –1226 et à un impact d'un fragment de cette comète qu'il pensait être Phaéton (rebaptisé, nous l'avons vu, Surt dans la mythologie germanique et nordique), dont la légende transmise par Ovide (voir le texte au chapitre 1) est parvenue jusqu'à nous.

Cette quasi-collision entre la Terre et P/Halley supputée par Zanot et retenue par Spanuth est exclue. Par contre, Phaéton est bien l'un des noms associés à la catastrophe cosmique, avec de nombreux autres dont les plus connus sont Typhon en Grèce, Anat en Syrie, l'étoile de Baal en Canaan (Palestine et Phénicie), Absinthe (l'étoile de l'Apocalypse) chez les Hébreux, Surt dans les pays du nord et surtout Sekhmet en Égypte. Je garderai ce dernier nom, pour continuer l'histoire, car ce sont les textes égyptiens qui, grâce surtout à un passage capital des fresques de Médinet Habou, permettent de démontrer que c'est un même cataclysme qui a concerné l'Égypte et les pays du Nord.

" Le feu de Sekhmet a brûlé les pays du neuvième cercle. " (21)

Il faut savoir pour comprendre l'intérêt et l'importance de cette citation que, dans l'Antiquité, la Terre était divisée en neuf cercles parallèles (un dixième concernait l’axe du monde lui-même) et que le neuvième cercle concernait les pays de l'extrême nord de la Terre connus à cette époque (en gros la Suède, la Norvège, le Danemark, l'Allemagne du Nord et aussi l'Islande actuelles).

Spanuth explique dans son livre, en citant de nombreuses sources de différentes époques, les raisons qui lui permettent de dater (approximativement) la collision et sa relation avec la comète Phaéton, dont il raconte également la légende dans la version d'Ovide.

" Il est possible de dater les catastrophes naturelles rapportées par cette légende car il y est dit, par exemple, que "la Libye devint un désert" et que, parmi de nombreux autres fleuves, "le Nil fut mis à sec".

Ces deux événements ne sont rapportés qu'une seule fois dans les textes de l'ancienne Égypte. Dans l'inscription de Karnark on trouve, pour la cinquième année du règne de Merenptah (1232-1222 avant J.-C.) : "La Libye est devenue un désert infertile, les Libyens viennent en Egypte pour chercher la nourriture de leur corps" (Hölscher, 1937).

Ramsès III rapporte, dans les textes de Médinet Habou : "La Libye est devenue un désert, une redoutable torche lança les flammes du ciel pour détruire leurs armes et pour ravager leur pays... Leurs os brûlent et grillent dans leurs membres".

Il est dit également dans les textes de Médinet Habou que le Nil aurait été asséché. On y lit entre autres : "Le Nil était asséché et le pays était livré à la sécheresse" (tableau 105)...

Dans les textes de Séti II (vers 1215-1210 avant J.-C.), on trouve : "Sekhmet était une étoile qui tournait en lançant des flammes, une gerbe de feu tempétueuse" (Breasted, Ancient Records of Egypt, 1906-07).

Dans une inscription de Ougarit (Ras Shamra) datée de l'époque qui précéda de peu la destruction de la ville au cours du derniers tiers du XIIIe siècle avant J.-C., on trouve "L'étoile Anat est tombée du ciel, elle a massacré la population du pays syrien et elle a inverti le crépuscule ainsi que la position des étoiles" (Bellamy, 1938). " (22)

Ce passage contient une information capitale : La collision se serait passée lors de la cinquième année du règne de Merenptah, soit l'année 1209 avant J.-C. si l'on utilise la chronologie basse (Spanuth, lui, utilise la chronologie haute (23), comme on le faisait encore généralement dans les années 1970). Cette année 1209 peut en fait s'écarter de quelques années de la réalité, car l'on sait que les dates de règne de Merenptah ne sont qu'approximatives. Si l'on en croit les Égyptologues modernes, Merenptah aurait eu pour successeurs directs : Amenmès (1203-1200) et Séthi II (1200-1194). Or ce dernier a laissé le texte rappelé ci-dessus et est donc obligatoirement postérieur au cataclysme. Plus loin, j'essaie de préciser la date de l'impact de Sekhmet, événement majeur de l'histoire cosmique des hommes.

La trajectoire de Sekhmet et les conséquences du cataclysme

Peut-on essayer de reconstituer l'orbite intra-atmosphérique de Sekhmet, qui était considéré par les auteurs de l'Antiquité soit comme une comète (le plus souvent), une étoile, une boule de feu, un nœud de flammes, un deuxième soleil, un serpent ou un dragon ? A mon avis, c'est très possible, car les traces de son passage sont nombreuses dans les textes des Anciens. Sekhmet venait de l'océan Indien et suivait une trajectoire sud-est/nord-ouest. Première chose quasi certaine : la collision a eu lieu de jour.

On signale d'abord son passage en Éthiopie et en Arabie. Apparemment, l’objet cosmique, qui a probablement subi une première fragmentation partielle en traversant les hautes couches de l’atmosphère, continue de se disloquer, de s'émietter et perd une partie substantielle de sa matière, probablement de couleur rouge, puisque c'est à cette époque que l'Érythrée et la mer Rouge vont recevoir leur nom. Les morceaux de Sekhmet, qui a déjà la forme d'un "dragon" du fait qu'il est suivi d'une épaisse et longue traînée de poussières, s'écartent un peu les uns des autres grâce à "l'effet fusée". L'un de ceux-ci explose au-dessus de la Libye (qui devient définitivement désertique seulement à cette époque) et un autre au-dessus de la Syrie (qui est victime d'incendies gigantesques). Un troisième fragment tombe peut-être dans la Méditerranée (c'est l'épisode biblique du "puits de l'abîme", un impact suivi d’une éruption) et cause des séismes et un tsunami.

Mais le corps principal continue sa route vers le nord-ouest, passe au-dessus de la Grèce, brûlant plusieurs régions, détruisant de nombreux palais et entraînant en définitive la disparition de la culture mycénienne. On perd alors sa trace, mais en fait Sekhmet survole l'Europe centrale (où les Celtes et d'autres peuples sont des témoins effrayés qui conserveront une peur panique, quasi maladive, des dangers venant du cosmos), puis l'Allemagne du Nord et le sud de la Scandinavie (c'est l’épisode du Ragnarök rappelé au chapitre 1, avec Surt arrivant du sud avec les Géants du feu), avant d'exploser ou de heurter l'océan Atlantique ou la mer du Nord. Cet impact final pourrait avoir été multiple, si les Géants du feu de la légende constituaient de nouveaux fragments de l’objet principal.

On ne peut savoir avec exactitude si finalement il y a eu explosion dans l'atmosphère ou impact océanique. Il faut rappeler ici ce que j'ai expliqué au chapitre consacré aux comètes. La ceinture de Kuiper est composé de milliards d'objets de nature hétéroclite que les astronomes appellent des objets de Kuiper (ou KBO pour Kuiper Belt Objects). Beaucoup sont des comètes formées quasi exclusivement de glace et de poussières très grossièrement agglutinées. D'autres sont des astéroïdes rocheux, d'autres sont des objets mixtes. Il n'est même pas tout à fait exclu que certains gros objets soient différenciés, avec donc la possibilité d'un noyau ferreux et nickélifère.

Si l'objet de –1208, probablement issu de Hephaistos et autonome depuis seulement quelques milliers d'années, était un fragment cométaire (genre P/Encke), je ne crois pas qu'il y ait pu avoir un impact terrestre (ou océanique bien sûr). Par contre, il reste possible que le dernier fragment qui a survolé l'Europe du nord pouvait être partiellement rocheux, et donc avoir une densité supérieure (de l'ordre de 3,0 g/cm3 peut-être), dans quel cas ce bloc, ou seulement une partie de celui-ci, aurait pu percuter l'océan.

Quoi qu'il en soit, et même s'il y a eu seulement désintégration dans l'atmosphère au stade final, il est quasiment sûr qu'un gigantesque tsunami se forme et revient vers l'Europe. C'est lui qui balaie "l'empire englouti de la mer du Nord" cher à Spanuth, peut-être à la suite d'un bouleversement isostatique post-impact (la région se serait enfoncée soudainement de dix mètres d'après certains géologues) et qui pousse les Peuples du Nord (qui deviendront bientôt une composante des Peuples de la Mer) à un exil forcé vers le sud de l'Europe, comme le racontent si bien les prisonniers de Ramsès III, dessinés d'une manière très précise, sur les fresques de Médinet Habou. L'épopée du Ragnarök a conservé tous ces divers stades du drame cosmique (et surtout humain), qui ont été transmis par la suite de génération en génération.

Le fait que cette orbite intra-atmosphérique soit possible, et il suffit de regarder un atlas pour s'en persuader, est très important, car une mauvaise répartition des zones géographiques sinistrées exclurait une catastrophe unique. Pourtant, une telle catastrophe unique est probable, car les récits de catastrophes transmis par les Anciens se rapportent réellement à une même époque.

L'hypothèse de la comète active, du noyau de comète, ou de l’objet mixte permet d'expliquer assez bien les diverses conséquences associées à Sekhmet. L'extrême chaleur constatée serait due à l'échauffement progressif du corps céleste (qui aurait atteint plusieurs milliers de degrés) et aussi à la formidable onde de choc qui l'accompagnait et qui aurait créé des désordres atmosphériques sérieux (ouragans, etc.). Le bruit infernal, les séismes, les explosions, les ténèbres, les incendies gigantesques, les tsunamis, le tarissement et l'empoisonnement des fleuves (le Nil fut asséché d'après Ovide) s'expliquent fort bien, de même que le "monde rouge" qui a tant étonné les Anciens.

Les multiples mouvements de populations constatés en cette fin de XIIIe siècle et dans le premier quart du XIIe avant J.-C. s'expliquent également. Ces peuples furent conduits à l'exil parce que leurs ressources naturelles habituelles étaient détruites ou empoisonnées, la géographie chamboulée. Pour survivre, il fallait partir ailleurs, quitter sa région, souvent sans espoir de retour, et automatiquement se frotter aux autochtones qui voyaient d'un bien mauvais œil des étrangers émigrer sur leurs terres. De tels exodes massifs débouchent obligatoirement sur la guerre et sur une refonte des sociétés humaines. Tout cela est observé entre –1208 et –1180. En une seule génération souvent, on note des transformations inexplicables si on ne prend pas en compte les conséquences du drame cosmique. Comme l'ont si bien dit les Égyptiens du temps de Ramsès III, une trentaine d'années seulement après le cataclysme, et dont beaucoup avaient été les témoins oculaires :

" Sekhmet a bouleversé l'ordre du monde. " (24)

Après le passage de l’objet cosmique et les conséquences terrestres et humaines qu'il a engendrées, aucune des anciennes civilisations sinistrées ne survécut sans des remaniements profonds. L'événement a été si exceptionnel pour les populations, surtout pour les Égyptiens d'ailleurs, que Pline s'en est fait l'écho treize siècles plus tard, avec l'évocation de "la comète terrible".

Cet événement est pourtant totalement passé sous silence dans les livres sur l’Antiquité, car les historiens du passé et ceux de la génération actuelle n’ont jamais pris en compte le cataclysme dans leurs travaux, faute de documents suffisamment explicites laissés par les Anciens. C’est pourquoi l’histoire ancienne devra être réécrite à la lumière des cataclysmes mis en évidence par les chercheurs actuels. Cela ne pourra se faire que par une nouvelle génération d’historiens.

Peut-on dater la collision avec précision ?

Il est aujourd’hui possible de proposer quelques dates pour le cataclysme cosmique, bien que la double chronologie pour les pharaons complique singulièrement le problème, puisque les dates varient dans une fourchette de 22 ans pour la mort de Ramsès II (1235 et 1213 avant J.-C.) et pour celle de Merenptah (1225 et 1203 avant J.-C.). Le tableau 19-1 donne toutes les dates possibles entre 1230 et 1201 avant J.-C., sachant que certains textes égyptiens précisent que le cataclysme a eu lieu un 12 Tybi, ce qui correspond à des dates de fin octobre et début novembre de notre calendrier moderne.

La légende de Phaéton, version Ovide, et le passage de l’Apocalypse traitant du puits de l’abîme permettent d’obtenir la date dite volcanologique. Ovide nous apprend que suite à la chute de Phaéton, l'Etna eut une éruption très importante. Le passage de l'Apocalypse précise que suite à la chute d’une étoile sur la Terre (Il lui fut donné la clé de l’abîme), il y eut une éruption (Elle ouvrit le puits de l’abîme). Les volcanologues modernes sont précis : la première grande éruption de l’Etna, encore décelable malgré que ses dépôts soient recouverts par ceux de multiples éruptions ultérieures, date de 1227 avant J.-C. (à quelques années près).

Je propose donc une première date : 5 novembre 1227 avant J.-C. (= –1226). Deux dates peuvent être proposées concernant Merenptah, puisque les textes égyptiens disent que le cataclysme eut lieu la cinquième année de son règne. Dans la chronologie haute, la date est le 5 novembre 1230 avant J.-C. ( = –1229) et dans la basse le 31 octobre 1209 avant J.-C. (= –1208). D’autres auteurs donnent 1232-1222 pour le règne de Merenptah, la cinquième année tombe alors en parfait accord avec la date volcanologique (simple coïncidence ou datation inespérée grâce à Ovide ?). Malgré tout, la date de –1208 (1209 avant J.-C.) me semble préférable, du fait des dates de Merenptah mises en avant par plusieurs générations d'Égyptologues.

Sekhmet et l'Exode

Dans le cadre étroit de ce chapitre, je ne peux m'appesantir trop longtemps sur l'impact de –1208 (il faudrait un livre entier pour être complet et citer tous les textes et les conséquences qui lui sont associés), mais je dois dire quelques mots sur l'Exode des Hébreux qui se situe probablement à la même époque. La majorité des théologiens et des spécialistes de la Bible sont d'accord, en effet, pour considérer que Merenptah était le pharaon de triste mémoire qui persécuta les Juifs et les poussa à la rébellion et à l'Exode.

Certaines des dix plaies trouvent naturellement leur place suite à la catastrophe cosmique de –1208. Particulièrement, les plaies 1 (l'eau changée en sang du fait de la pigmentation rouge des poussières issues du corps céleste), 5 (la peste du bétail), 6 (les ulcères), 7 (le tonnerre et la grêle) et 9 (les ténèbres) sont des conséquences "normales" de l'explosion d'une comète ou d'un astéroïde d'origine cométaire.

On sait qu'il y a eu probablement un nombre accru de cancers de la peau et de brûlures à cette époque (" Leurs os brûlent et grillent dans leurs membres ", rappellent les textes), ils s'expliquent fort bien par les radiations associées à l'explosion et à l'augmentation de la radioactivité au niveau régional. On l'a constaté avec l'explosion de la Toungouska qui était probablement un cataclysme analogue, peut-être même causé par une matière identique si l'origine des deux objets est la même, mais d'une amplitude beaucoup moins forte. L'objet de la Toungouska ne dépassait pas 100 mètres de diamètre, alors que Sekhmet était sans doute de taille kilométrique avant sa première fragmentation.

Pour ce qui est du Passage, voilà ce que j'écrivais en 1982 (p. 242) dans la version originale de La Terre bombardée :

" Quant au fameux Passage, où qu'il ait eu lieu, car les avis ont toujours divergé (mer Rouge, mer des Roseaux, etc.), il a dû avoir lieu quelques jours après la collision de Sekhmet, pendant la période "post-catastrophe" quand les ouragans faisaient encore rage et quand la vie normale n'avait pas encore retrouvé tous ses droits. Ce Passage s'explique obligatoirement par le retrait provisoire de la mer, avant son retour furieux sous la forme d'un tsunami ou d'une trombe d'eau. Que les Juifs aient profité de la confusion générale associée à cette période particulièrement troublée, il n'y a rien là d'invraisemblable. On comprend même que principaux bénéficiaires (peut-être les seuls en fait) du cataclysme cosmique, ils se soient considérés comme le "peuple élu". Les théologiens, avec cette nouvelle hypothèse assez vraisemblable, pourront sans doute améliorer la théorie de l'Exode qui laissait pour le moins à désirer jusqu'à maintenant. Sekhmet leur ouvre une voie nouvelle. "

Je serai moins affirmatif aujourd'hui, mais aussi plus précis, pour les raisons suivantes. Au chapitre 1, j'ai rappelé un texte égyptien qui précise que le cataclysme a eu lieu un 12 Tybi, date qui correspond au 31 octobre 1209 avant J.-C. (soit le 31 octobre –1208), si la catastrophe a bien eu lieu cette année-là, date que je propose pour la première fois à la communauté scientifique et qu'il sera peut-être nécessaire d'ajuster quelque peu. (25)

On sait, par contre, par les textes hébreux que le Passage a eu lieu au début du printemps, au mois de mars, période plus tardive de quatre à cinq mois environ. Quatre questions se posent donc concernant cet important épisode biblique :

1. La date du 12 Tybi correspond-elle à la catastrophe de –1208, ou bien à une autre catastrophe antérieure ? (on sait qu'il y en a eu d'autres durant les millénaires précédents).

2. L'intervalle de quatre ou cinq mois pourrait avoir été marqué par les plaies qui ont d'abord agacé, puis fait peur aux Égyptiens et les ont décidé à laisser partir les Hébreux sous la direction de Moïse. On pourrait alors expliquer partiellement la mort des nouveau-nés (qui a toujours paru inexplicable et qui a donc été considérée comme une fable), qui ne serait en fait que la conséquence d'un empoisonnement des fœtus dû à une radioactivité résiduelle mais bien réelle, et qui aurait ainsi entraîné la non-viabilité ou l'anormalité de ces nouveau-nés "post-catastrophe" ou des accouchements prématurés ou des avortements suspects. Mais est-ce vraiment crédible ? (Je rappelle que Tchernobyl, pour d'autres raisons, a montré qu'une forte radioactivité n'avait rien de bon pour les femmes enceintes et surtout pour leur descendance).

3. Peut-on croire que la période post-catastrophe en Égypte ait duré près de six mois ? Quand on lit la Bible, on se rend bien compte qu'il a fallu un certain temps à Pharaon pour se décider et qu'il est resté sourd avant de répondre affirmativement à la demande de départ des Hébreux. Et d'autre part, le cataclysme cosmique et l'Exode ne peuvent pas être tout à fait concomitants. Si le pays était totalement détruit, il paraît évident que le pharaon avait autre chose à faire en urgence, plutôt que de lever une armée et aller courir après des pseudo-ennemis qui pouvaient bien attendre. En fait, l'écart de plusieurs mois entre les deux événements paraît probable (il pourrait même se chiffrer en années, si Merenptah a vraiment régné dix ans et non seulement six). Par contre, comment expliquer alors le tsunami ou la trombe d'eau qui a "ouvert" la mer des Roseaux, point de passage le moins large, et donc le plus probable ? L'avenir permettra peut-être d'éclaircir un peu ce problème, assez obscur il faut bien le dire.

4. Quel était donc le pharaon de l'Exode qui permet de dater avec précision l'épisode du Passage ? On a la réponse aujourd'hui d'une manière quasi certaine : c'était bel et bien Merenptah, comme l'a montré brillamment Maurice Bucaille (1920-1998) (26). Cet érudit, chirurgien de profession et spécialiste des Écritures saintes, s'est demandé dans les années 1970 si l'on ne pourrait pas tenter d'obtenir des signes directs de la participation d’un pharaon à l'Exode. Il a eu l'idée (qui rappelle celle de Luis Alvarez pour l’iridium) d’autopsier les momies de différents pharaons de l’époque qui sont conservées en Égypte depuis plus de 3000 ans et aussi la chance de pouvoir effectuer ces examens extraordinaires (27). Le résultat est sans appel : Ramsès II est exclu, c'était un vieillard invalide à la fin de sa vie ; par contre Merenptah est décédé de mort violente, avec notamment un sérieux traumatisme crânien. Tout porte à croire qu'il est mort durant l'Exode et que son corps a été récupéré et aussitôt embaumé. La momie de Merenptah ne fut retrouvée qu'en 1898 et identifiée comme étant la sienne en 1907 seulement. C'est le fait même qu'on l'ait retrouvée qui fit croire à une majorité d'Égyptologues et de théologiens du XXsiècle que Merenptah ne pouvait pas être le pharaon de l'Exode, supposé mort noyé durant le Passage. Noyé peut-être, mais récupéré sûrement !

L'impact cosmique de l'époque de Josué

J'ai déjà abordé ce cataclysme au chapitre 2 concernant les textes et les légendes bibliques. Je l'aborde ici d'une manière historique, puisqu'il trouve normalement sa place dans la liste des collisions cosmiques ayant affecté la Terre depuis 13 000 ans.

Cet événement est intéressant, bien, semble-t-il, qu'il n'ait pas eu l'importance des catastrophes plus anciennes que j'ai passées en revue. Les textes bibliques associent (involontairement en fait, car les compilateurs du texte qui nous est parvenu n'ont jamais fait la liaison génétique entre les deux événements) le pseudo-miracle de Josué (l'arrêt du Soleil) et la chute de pierres qui décima les ennemis d'Israël (relire les textes au chapitre 2). Cet impact cosmique qui a eu lieu, d'après la Bible, 40 ans après le précédent qui datait de l'époque de Moïse, s'explique beaucoup mieux aujourd'hui à la lumière de l'hypothèse Hephaistos. En effet, cette succession de deux cataclysmes quasiment dans la même région à 40 ans d'intervalle paraissait pour le moins suspecte (et même invraisemblable) aux spécialistes de l'impactisme et semblait fort difficile à expliquer. Comme quoi, il faut croire (partiellement) aux textes des Anciens, les données scientifiques finissent quelquefois à les expliquer d'une façon satisfaisante.

Je rappelle d'abord sommairement ce que cache le Complexe des Taurides, comme l'appellent les astronomes, pour bien comprendre cet événement. Il s'agit de multiples essaims d'objets astéroïdaux et cométaires, de météoroïdes et de poussières qui circulent sur des orbites relativement similaires et qui sont les débris d'un objet unique, l'ancien centaure Hephaistos, qui a été introduit dans le Système solaire intérieur, il y a quelques dizaines de milliers d'années, à la suite de perturbations planétaires.

Ce gros objet a été ensuite brisé en d'innombrables fragments, en plusieurs épisodes successifs, ce qui a entraîné une dispersion importante de la matière originelle. Toute cette matière hétéroclite partage la même route (une route assez large quand même du fait de l'accumulation des diverses perturbations), et parfois certains fragments entrent en collision avec une planète, quand ils se retrouvent au même moment à un point de croisement commun. Pour l'essaim des Taurides, qui est plus spécialement lié à la comète P/Encke, dont la période de révolution est de 3,3 ans (28), la rencontre avec la Terre peut se produire toutes les trois révolutions : 3,3 ans ´ 3 = 10 ans. Tous les dix ans (aux perturbations près), la Terre est donc davantage menacée par un impact qui peut être d’importance très variable.

Cela s'est produit en –1208 (à quelques années près) et aurait pu se reproduire avec un décalage de dix ans en –1198, en –1188 ou en –1178. La rencontre s'est apparemment reproduite au quatrième croisement (29) en –1168, et cet événement ne peut pas choquer les astronomes, s'il s'agit d'un fragment réellement originaire du Complexe des Taurides. Rappelons aussi qu'au XXe siècle, la collision de la Toungouska a été probablement une catastrophe du même type, peut-être même avec la même matière originelle, mais différente quand même dans la mesure où en 1908 il n'y a pas eu de chute de pierres, mais désintégration totale dans l'atmosphère de l'objet cosmique.

Pour en revenir à l'époque de Josué, il y a eu donc explosion dans l'atmosphère d'un fragment cométaire (peut-être de taille hectométrique). La diffusion des poussières issues de la désintégration a permis une prolongation inhabituelle du jour (tout à fait anormale et donc "miraculeuse" pour les témoins oculaires), comme je l'ai raconté au chapitre 2. Par une chance inouïe (et sans doute un peu "arrangée" par les auteurs du texte original), une chute de pierres a pulvérisé les ennemis d'Israël. Cela montre que le fragment en question était partiellement rocheux et non constitué en totalité de glace et de poussières agglomérées. Mais il n'y a rien là d'anormal, vu l'hétérogénéité du corps céleste originel.

Seule l'existence du texte biblique a permis de recenser cet événement, probablement secondaire sur le plan énergétique et au niveau des dégâts réels engendrés par l'explosion. Quelques vies humaines peut-être, qui se sont transformées pour les besoins de la cause en une armée "sélectionnée" par Dieu, et en un fait d’armes à transmettre aux générations futures pour bien montrer la puissance du Créateur. Plus scientifiquement, en résumé, un événement d'origine cosmique ordinaire, comme la Terre dans sa totalité a dû en compter plusieurs dizaines depuis 20 000 ans, mais qui restent, eux, inconnus faute de témoignages humains et de textes les ayant relatés et datés avec précision.

Quelques autres collisions possibles et non datées

J'ai retenu dans ce chapitre six cataclysmes importants probables depuis 13 000 ans, mais il est certain que quelques autres, plus ou moins importants, ont eu lieu également. Je signale surtout que seulement deux impacts océaniques probables sont recensés, alors qu'ils doivent se produire dans une proportion de 7 sur 10. On voit déjà là qu'il y a un très important déficit. Récemment, deux nouvelles hypothèses d'impacts océaniques ont été proposées (30), mais elles sont évidemment contestées par la communauté scientifique.

La première est celle de la géologue américaine Dallas Abbott. D'après cette scientifique, un astéroïde de 1 km de diamètre aurait percuté la Terre dans l'océan Indien autour de –2800. Cet impact océanique aurait provoqué un tsunami géant, avec des vagues de 200 mètres de haut qui auraient ravagé les côtes alentour, notamment celles de Madagascar où l'on trouverait encore des traces suspectes, sous forme de dépôts sédimentaires en forme de V et baptisés "chevrons" par les spécialistes. On recherche actuellement le cratère sous-marin qui pourrait être associé à cet impact océanique.

La seconde hypothèse est celle de la géologue française Marie-Agnès Courty. D'après cette spécialiste, un impact majeur (là encore un astéroïde de taille kilométrique) aurait eu lieu autour de –2000 dans l'océan Antarctique. Sous le choc, une multitude de fragments arrachés aux fonds marins auraient été projetés dans l'espace et seraient retombés dans de nombreux sites terrestres, notamment en Syrie (?) où ils sont encore décelables.

Il faudra attendre pour avoir la confirmation ou l'infirmation de ces deux impacts. Les scientifiques exigent des preuves et le scepticisme semble de rigueur dans la communauté scientifique. Pour les astronomes spécialisés, par contre, ces impacts n'ont rien d'invraisemblables. Une chose est certaine : la fréquence des impacts longtemps retenue (jusqu'en 1995) est totalement obsolète depuis que l'on découvre des PHA (Potentially Hazardous Asteroids) par centaines. Le millier d'années est l'échelle acceptable pour un impact d'envergure, certainement pas la centaine de milliers d'années. Mais il faut savoir que les objets d'origine cométaire sont fragiles et la fragmentation est la règle. Les traces ne sont pas obligatoirement détectables s'il y a désintégration dans l'atmosphère. Les cratères météoritiques n'existent pas toujours ou peuvent être rapidement gommés par la sédimentation s'ils sont océaniques.

Actuellement, on ne peut ni dater, ni situer géographiquement, quelques autres cataclysmes d'origine cosmique hypothétiques. A quelles catastrophes correspondent les légendes d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et du nord-est de l'Asie ? En Inde également, plusieurs allusions concernant la chute d'étoiles et de météorites meurtrières figurent dans les livres sacrés. Chez les Indiens Parsis, c'est l'étoile Tistrya qui aurait causer à la fois un incendie de grande envergure et un déluge, ce qui semble contradictoire à première vue. Le mystère reste total aujourd'hui sur la cause réelle et la date de ces catastrophes.

Combien d'entre elles peuvent être reliées à des fragments de Hephaistos qui auraient percuté la Terre ? Il ne faut pas oublier qu'un astéroïde comme Oljato, membre de cette grande famille cosmique, est sur une orbite de quasi-collision avec notre planète alors que sa sœur jumelle, P/Encke, ne l'est pas. On voit que les choses ne sont pas simples et que l'avenir réserve de belles surprises.

Dans un livre dont la lecture fait réfléchir, Les mystères des mondes oubliés, Charles Berlitz (1914-2003) (31) cite des extraits de plusieurs livres classiques de l'Inde concernant une mystérieuse "météorite de fer". De nombreux auteurs, spécialistes des ovnis et des civilisations "supérieures" disparues, ont également utilisé ces textes pour faire de cet objet céleste un missile ou un ovni. Mais les textes sont clairs, ce qu'ils décrivent, ce n'est rien d'autre qu'une météorite de fer qui provoqua un "feu du ciel" qui marqua profondément les esprits des témoins.

" ... Un projectile unique chargé de toute la puissance de l'univers. Une colonne incandescente de fumée et de flammes, aussi lumineuse que dix mille soleils, s'éleva dans toute sa splendeur... C'était une arme inconnue, une météorite de fer, un gigantesque messager de mort qui réduisit en cendres la race entière des Vrishnis et des Andhakas... Les cadavres étaient à ce point brûlés qu'ils étaient méconnaissables. Leurs cheveux et leurs ongles tombaient d'eux-mêmes ; les poteries se brisaient sans cause apparente, et les oiseaux devenaient blancs. Après quelques heures, tous les aliments étaient contaminés... Pour échapper à ce feu, les soldats se précipitèrent dans les cours d'eau...

... Une météorite de fer, par laquelle tous les individus de la race des Vrishnis et des Andhakas furent réduits en cendres... une cruelle météorite de fer qui ressemblait à un gigantesque messager de mort... Le roi fit réduire en fine poudre cette météorite de fer... les hommes s'employèrent à projeter cette poudre dans la mer... "

Ces quelques extraits parvenus jusqu'à nous à travers les siècles montrent qu'en Inde aussi des tribus furent brûlées et détruites par les conséquences directes d'un impact. Étonnamment, celui décrit ci-dessus concernait une sidérite. Or ces sidérites sont des météorites plutôt rares, bien qu'elles soient relativement nombreuses dans nos collections. Le fait que dans les vieux textes indiens, le roi de l'époque fit réduire en poudre une partie de la météorite signifie que la volatilisation ne fut pas complète au moment de l'impact, et donc qu'il ne pouvait s'agir d'un objet de plusieurs dizaines de mètres.

Mais les calculs montrent qu'un petit astéroïde de 10 mètres seulement a une masse de l'ordre de 4000 tonnes et une énergie cinétique voisine de 5 ´ 1014 joules au moment de l'impact. C'est l'énergie libérée par un séisme de magnitude 6,6, donc une énergie supérieure à celle libérée par la bombe atomique de Hiroshima (magnitude 6,4). On voit ainsi qu'un astéroïde minuscule est capable de causer des dégâts considérables, s'il résiste à la fragmentation en traversant l'atmosphère. Les sidérites sont plus résistantes à cet égard et ont de meilleures chances de franchir intactes le bouclier atmosphérique. Même minuscule, la sidérite indienne a exterminé (pas directement, mais par les conséquences que l'impact a engendrées, notamment la chaleur extrême et les brûlures) deux tribus entières, si l'on en croit les textes.

Les philosophes de l'Antiquité étaient catégoriques à cet égard, la fin du monde par l'eau et par le feu était la règle. Je crois avoir montré qu'ils avaient raison et que leur perspicacité n'avait rien à envier à celle des savants d'aujourd'hui. Il aura fallu attendre deux millénaires pour pratiquement revenir au point de départ, à savoir que le cosmos reste une menace permanente pour la Terre, pour les hommes et plus encore pour les civilisations.

Notes

1. I. Donnelly, The destruction of Atlantis - Ragnarok, or the age of fire and gravel (Courier Dover Publications, 2004). Le livre d'Ignatius Donnelly a constamment été réédité au XXe siècle. Souvent descendu en flèche par les scientifiques, il n'en est pas moins fort intéressant. Donnelly, digne successeur des grands catastrophistes du début du siècle, a compris que seule une comète pouvait avoir entraîné les désastres qu'il décrit dans son livre, à une époque (le livre a été publié en 1883) où aucun NEA n'était connu, ni même soupçonné (Eros n'a été découvert qu'en 1898).

2. J. Hawkes, Atlas culturel de la préhistoire et de l'antiquité (Elsevier-Séquoia, 1978). Titre original : The atlas of early man (1976). Un autre livre traite le même sujet : M. Oliphant, L'atlas du monde antique (Solar, 1993). Titre original : The atlas of the ancient world (1992).

3. V. Clube and B. Napier, The cosmic serpent (Faber & Faber, 1982) et The cosmic winter (Blackwell, 1990). Ce second livre est paru en français en mars 2006 sous le titre Hiver cosmique, aux éditions Le Jardin des Livres. Seize ans plus tard, il ne pouvait être question de l'actualiser. Ces deux astronomes sont les piliers de l’école britannique néo-catastrophiste. Ce sont eux qui ont initié la théorie de la comète géante qui serait venue à proximité de la Terre et dont les débris sous forme de fragments et de poussière auraient heurté notre planète. On parle parfois pour identifier cette comète de comète Clube-Napier.

4. J.-L. Bernard, Les archives de l'insolite (Livre de Poche, 1978).

5. Quatre scientifiques américains étaient associés pour l’organisation de cette importante conférence, patronnée par l’American Geophysical Union (AGU) : Richard Firestone, James Kennett, Allen West et Luann Becker. Une partie des débats ont été filmés et sont consultables sur Internet. Ils sont très instructifs. Le texte complet de présentation de la conférence dont sont issus les extraits retenus figure sur le site internet de l'AGU. La traduction française est extraite d'un important article intitulé : " Le résultat de l'impact du Dryas récent et les cycles de catastrophes cosmiques - les climatologues se réveillent ", consultable sur le site www.quantumfuture.net/fr/.

6. F. Hibben, The lost Americans (Crowell Company, 1968). Frank Hibben, archéologue et anthropologue américain, est surtout connu pour avoir étudié très en détail les sites de la civilisation de Clovis, la première culture américaine, décimée après le Younger Dryas Event.

7. I. Velikovsky, Les grands bouleversements terrestres (Le Jardin des Livres, 2004). La version originale est parue sous le titre Earth in upheaval en 1955. Bien que décrié, ce livre est fort intéressant. Velikovsky revisite la géologie pour laquelle il n’est pas vraiment un spécialiste. Mais comme un historien des sciences méticuleux, il détaille bien les événements liés au Younger Dryas Event et publie plus d'une centaine de citations sur le sujet glanées dans les livres et travaux scientifiques de la première moitié du XXe siècle. Aujourd’hui ce livre est précieux pour ceux qui étudient en détail cette époque troublée.

8. R.B. Firestone et al. (25 co-authors), Evidence for un extraterrestrial impact 12,900 years ago that contributed to the megafaunal extinctions and the Younger Dryas cooling, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), vol. 104, n° 41, pp. 16016-16021, 2007. Ce très important article est un résumé des travaux effectués lors de la conférence d'Acapulco en mai 2007. Pas moins de 26 chercheurs de nationalités diverses l'ont cosigné. En fait, c'est l'article fondateur de la nouvelle théorie catastrophiste concernant le Younger Dryas Event et son association avec l'extinction du Pléistocène.

9. P.J. Cannon, Meteorite impact crater discovered in cental Alaska with Landsat imagery, Science, 196, pp. 1322-1323, 1977.

10. O.H. Muck, L'Atlantide. Légendes et réalité (Plon, 1982). Titre original : Alles uber Atlantis (1976). Otto Muck (1892-1956) a écrit ce livre au début des années 1950, peu après celui de Velikovsky. C'était un ingénieur de haut niveau à qui l'on doit plus de 2000 brevets. Après d'autres, il fut fasciné par le problème de l'Atlantide.

11. W. von Engelhardt, Impact structures in Europe, dans International Geological Congress, 24th session, section 15 : Planetology, pp. 90-111, 1972.

12. G. Kolpaktchy, Livre des Morts des anciens Egyptiens (Stock, 1978). Voir aussi sur le même sujet : M. Delclos et J.-L. Caradeau, Le Livre des Morts égyptien décrypté (Editions Trajectoire, 2007).

13. A. Slosman, La grande hypothèse (Robert Laffont, 1992, avec la collaboration de E. Bellecour). Albert Slosman (1925-1981) était un remarquable érudit qui a travaillé de nombreuses années sur une " Histoire du monothéisme des origines à la fin du monde ", œuvre restée inachevée. Voir aussi : J.-L. Bernard, Aux origines de l'Egypte (Robert Laffont, 1976).

14. Pour ce qui est des soi-disant cyclopes, je rappelle qu'il s'agissait en fait de crânes de mammouths découverts dans certaines grottes de Sicile, et qui furent parfois considérés dans l'Antiquité, un peu abusivement, comme des crânes de géants humains avec un œil frontal unique.

15. M. Déribéré et P. Déribéré, Histoire mondiale du déluge (Robert Laffont, 1978).

16. F. Kowaks, Le dossier secret de l'île de Pâques (Belfond, 1979).

17. Christiane Desroches-Noblecourt (1913-2011), historienne et égyptologue, et Christian Jacq (1947), archéologue et égyptologue, entre autres, postulent résolument pour que Ramsès II soit le pharaon de l'Exode, qu'ils voient plus tôt dans l'histoire de l'Egypte. D'autres, comme l'égyptologue Nicolas Grimal (1948), ne prennent pas position mais entrevoient les deux possibilités. Le premier égyptologue qui associa Merenptah à l'Exode fut l'Allemand Karl Richard Lepsius (1810-1884) dans son livre Die chronologie der Aegypter paru en 1849.

18. L'existence d'une double chronologie pour les pharaons s'explique de la façon suivante. Le lever héliaque de Sirius qui, seul, permet une datation absolue a été observé à l'époque de Amenhotep I au XVIe siècle avant J.-C. comme le raconte le Papyrus Ebers. Mais on ignore si cette observation a été faite à Memphis, capitale de l'Egypte sous l'Ancien Empire, qui se trouvait à 35 km au sud du Caire, ou à Thèbes, capitale sous le Moyen et Nouvel Empire, qui se trouvait beaucoup plus au sud, à 700 km du Caire. Ce n'est pas du tout la même chose et la distance entre les deux villes, supérieure à 650 km, correspond à une différence de 20 ans dans l'apparition du lever de Sirius. Comme le XVIe siècle correspond au Moyen Empire, les égyptologues modernes, contrairement aux anciens, pensent, avec raison semble-t-il, que l'observation décisive a été faite de Thèbes, qui était la capitale à cette époque. La chronologie basse, même si elle n'est pas certaine, est donc nettement la plus probable.

19. Je rappelle la différence entre les années astronomiques et les années historiques avant l'ère chrétienne. Elle vient du fait qu'il n'y a pas eu d'année 0 dans la chronologie historique : on est passé directement de l'année 1 avant J.-C. à l'année 1 de l'ère chrétienne. Le premier siècle avant J.-C. s'est donc déroulé entre l'an 100 et l'an 1 avant J.-C. inclus. L'année 0 fut introduite au XVIIIe siècle, par Cassini, pour faciliter le décompte des années antérieures à notre ère et pour qu'il y ait une continuité dans la chronologie mathématique. L'an 1 avant J.-C. fut donc noté année 0, l'an 2 fut noté –1 et ainsi de suite. Le premier siècle avant J.-C. se termina donc le 31 décembre –99 à 24 heures, mais il comporta bien 100 ans comme tous les autres. L'année 1209 avant J.-C., date présumée du cataclysme cosmique, correspond donc bien à l'année astronomique –1208. Le lecteur doit bien se faire à l'idée que ces deux dates apparemment différentes sont en fait strictement identiques.

20. J. Spanuth, Le secret de l'Atlantide. L'empire englouti de la mer du Nord (Copernic, 1977). Titre original : Die Atlanter (1976). Jürgen Spanuth était un érudit allemand, docteur en théologie et en archéologie. Son apport dans la compréhension de ce qui s'est passé dans la période 1205-1150 a été considérable. Il a montré que c'est un même cataclysme qui a provoqué les dégâts subis en Egypte et en Allemagne du Nord et que Sekhmet, Phaéton et Surt étaient en fait des personnalisations différentes d'une seule et même comète vue et enregistrée sous des cieux différents. Il a aussi montré que les Peuples du Nord, chassés par le cataclysme, sont devenus une composante des Peuples de la Mer, après leur exode massif vers le sud de l'Europe. La bibliographie de son livre est très importante et il utilise de nombreuses citations pour soutenir ses affirmations.
Spanuth a été un chercheur indépendant souvent méprisé malgré ses deux doctorats, surtout parce qu'il est resté pasteur toute sa vie (une "tare" insupportable pour beaucoup). Il s'agit d'un pionnier important, l'un des premiers qui ait pris en compte le cataclysme dans l'histoire des hommes, notamment les migrations humaines forcées qui sont les plus dangereuses car elles débouchent inévitablement sur la violence, la guerre et la refonte des sociétés humaines.

21. Cité par Spanuth, p. 175. Ce passage essentiel fait partie des textes de Médinet Habou (tableau 17, 46), qui datent de l'époque de Ramsès III. Ces textes très importants ont été étudiés, relevés et traduits en anglais par les spécialistes de l'Université de Chicago. Ils figurent dans un livre en deux volumes : W.F. Edgerton and J. Wilson : Historical records of Ramses III. The texts in Medinet Habu, vol. I and II, in "The Oriental Institutes of the University of Chicago" (1936).

22. Textes cités par Spanuth, pp. 170-171. Ses sources modernes sont les suivantes : W. Hölscher, Libyer und Aegypter, in "Beiträge zur Ethnologie und Geschichte libyscher Völkerschaften nach a altägyptischen Quellen" (1937) ; J.H. Breasted, Ancient Records of Egypt (1906-1907) ; H. Bellamy, Moons, myths and man (1938).

23. Si la chronologie haute devait s'avérer la bonne dans l'avenir, ce qui n'est pas exclu, l'année du cataclysme cosmique deviendrait 1231 avant J.-C. (ou –1230).

24. Texte cité par Spanuth dans son livre Le secret de l’Atlantide.

25. La date dans l'année devra être ajustée si l'année du cataclysme s'avère différente de celle-là, à raison de un jour pour quatre années. Elle pourrait concerner l'un des premiers jours de novembre si la chronologie haute s'avérait la meilleure.

26. M. Bucaille, Moïse et Pharaon. Les Hébreux en Egypte (Seghers, 1995). Un livre très important qui met quasiment fin à une interrogation deux fois millénaire : quel était le pharaon de l'Exode ? Ce pharaon a huit chances sur dix d'avoir été Merenptah, la neuvième appartenant à Ramsès II et la dixième appartenant à son successeur direct Amenmès (ou Taoui Thom, connu aussi en Grèce semble-t-il sous le nom de Typhon, et qui reste parfois cité comme le pharaon de l'Exode).

27. Maurice Bucaille (1920-1998) a eu en fait une chance unique. Il a obtenu l'autorisation, grâce à l'intervention et à l'appui indispensable de l'épouse du président égyptien Anouar el-Sadate (1918-1981), qui fut exceptionnellement sa patiente à l'occasion d'un passage à Paris en 1974, de faire l'autopsie des momies égyptiennes dès la fin de la même année. Assisté par plusieurs collaborateurs égyptiens et français, et surtout du médecin légiste français Michel Durigon, Bucaille a ainsi pu montrer deux choses primordiales. D'abord que Ramsès II n'a pas pu être en personne le pharaon de l'Exode, car il souffrait d'une affection hautement invalidante (mais il n'est pas tout à fait exclu que l'Exode ait eu lieu à l'époque de Ramsès II). Par contre, il a pu prouver que Merenptah mourut victime de traumatismes multiples ayant occasionné de très graves lésions quasi instantanément mortelles, notamment un traumatisme crânien. Meremptah est très probablement mort durant le Passage, mais son corps a été récupéré et embaumé.

28. Cette période de révolution a pu être substantiellement diminuée pour certains fragments, à la suite de perturbations planétaires ultérieures, et la périodicité des approches serrées peut être totalement différente. La commensurabilité des périodes de révolution des astéroïdes et des comètes qui frôlent la Terre avec celle de notre planète varie de 1 an à près d'un siècle dans certains cas.

29. Quarante ans paraît une durée bien longue pour aller d'Egypte en Israël. Il n'est pas impossible que les premiers compilateurs des textes bibliques originaux aient un peu "forcé la dose". Mais même si le voyage des Hébreux vers la Terre promise n'a duré que 20 ou 30 ans, la double catastrophe s'explique aujourd'hui fort bien. Avant la nouvelle hypothèse privilégiée dans ce livre, cela sentait vraiment le coup de pouce.

30. E. Martin, Un astéroïde a percuté la Terre à l'époque des pyramides, Ciel et Espace, n° 440, pp. 8-14, janvier 2007.

31. C. Berlitz, Les mystères des mondes oubliés (Marabout, 1973). Titre original : Mysteries from forgotten worlds (1972).

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