CHAPITRE 15

EXTINCTIONS ET ÉVOLUTION


Un renouvellement permanent des espèces

On estime qu'actuellement cohabitent sur la Terre une quarantaine de millions d'espèces différentes d'animaux et de plantes. La faune et la flore terrestres sont donc extraordinairement prolifiques. Parmi les espèces vivantes du monde animal, on en compte près de 4000 de mammifères réparties en 1000 genres environ (1).

Mais comme le rappelle David Raup dans son livre De l'extinction des espèces (2), il est vraisemblable que le nombre des espèces qui ont vécu un moment sur Terre et qui se sont succédé depuis près de quatre milliards d'années se situe entre cinq et cinquante milliards. On table en gros sur 1 espèce sur 1000 qui soit encore vivante, ce qui signifie qu'il y a déjà eu 99,9 % de disparitions.

C'est donc un extraordinaire renouvellement des espèces qui caractérise la vie terrestre, bien que la durée de vie de chacune d'entre elles ait été, et soit encore, très différente selon les cas. C’est clair aujourd’hui pour tous les paléontologues : toute espèce, quelle qu’elle soit, est appelée à disparaître plus ou moins rapidement. Le paléontologue français Jean-Jacques Jaeger l’a expliqué sans détour :

" Tout ce qui vit doit mourir. Il n’y a pas, il n’y a jamais eu d’espèces indestructibles. Estimée à la louche, l’espérance de vie des espèces de grands mammifères ne dépasse pas 8 millions d’années, celle des mollusques 30 millions d’années. " (3)

Dans son livre, David Raup se pose à son tour les deux questions fondamentales qui ont tarabusté depuis longtemps ses prédécesseurs, à savoir le pourquoi : " Pourquoi autant d'espèces ont-elles péri ? " et le comment : " Et comment se sont-elles éteintes ? " des extinctions. On connaît sa désormais célèbre alternative : Bad genes or bad luck ? (mauvais gènes ou malchance ?). En effet, on se demande pourquoi une espèce une fois solidement installée laisserait si facilement sa place à d'autres, si aucun phénomène extérieur ne l'obligeait à disparaître.

C'est l'explication de la mort des dinosauriens dans les années 1980 qui a été le déclic dans l'esprit des paléontologues, auparavant bien conservateurs dans leur majorité, même si l'idée d'une mort d'origine cosmique était déjà dans l'air avant la preuve définitive apportée par l'excédent d'iridium dans la couche K/T. On le sait aujourd'hui d'une manière formelle : l'extinction est un mécanisme de l'évolution. Sans un renouvellement épisodique des espèces vivantes, la sélection naturelle, qui a sa place dans l'évolution, mais qui ne peut être seule en cause, n'aurait pas été en mesure d'engendrer la diversité et la complexité du monde vivant actuel que nous connaissons.

Diversité, complexité sont deux mots clés de l'évolution. On peut aussi parler sans problème de renouvellement permanent. Pour bien comprendre comment on en est arrivé là, il faut adjoindre deux notions fondamentales : extinctions et mutations. Le catastrophisme apparaît maintenant comme très important comme cause de la diversité et de la montée inexorable, obligatoire à long terme, vers la complexité. Et comme nous l'avons dit souvent, notre époque n'est qu'une étape, l'homme n'est qu'un jalon.

Une autre question essentielle que l'on est donc obligé de se poser aujourd’hui est celle-ci : " Quel est l'avenir de la lignée humaine dans ce contexte évolutif irréversible ? ". On le sait déjà : il est très sombre, n’en déplaise à tous ceux qui croient encore que l’homme est un être exceptionnel, même s’il est vrai qu’il peut influer sur son environnement.

L'histoire de l'évolution : la nature fait des bonds

Nous avons raconté au chapitre 3 comment les savants des XVIIIe et XIXe siècles s'étaient engagés progressivement sur la voie de l'uniformitarisme et du gradualisme, principalement du fait du concept nouveau pour l'époque d'une Terre vieille, qui avait avantageusement remplacé la Terre biblique créée il y a 6000 ans seulement. Charles Lyell (1797-1875), le géologue écossais ennemi déclaré du catastrophisme, avait posé en dogme le fait que " le présent est la clé du passé " (4).

Cette pseudo-vérité était censée expliquer l'histoire de la Terre, mais aussi celle de la vie, explicitée plus en détail, plus tard, par Charles Darwin (1809-1882), avec sa sélection naturelle (5) qui peut paraître satisfaisante à très court terme. Mais le très court terme, c'est l'espace d'un éclair dans l'histoire de la Terre et de la vie. En science, on le sait bien, tout évolue et les concepts de Lyell et de Darwin, satisfaisants au XIXe siècle, paraissent aujourd'hui bien parcellaires, extraordinairement vieillis, tout comme l'est l'astronomie de nos grands-parents qui ne voyaient pas plus loin que leur Galaxie, aujourd'hui bien perdue, bien dérisoire, dans un Univers en expansion et vieux de près de quinze milliards d'années.

Dès le début des années 1970, Niles Elredge et Stephen Jay Gould (6) ont montré que la nature fait des bonds et que seul le manque de recul à l'échelle géologique fait paraître l'évolution linéaire. Dès que l'on travaille à l'échelle du million d'années, la sélection naturelle ne tient plus et s'avère en tout cas notoirement insuffisante pour expliquer l'évolution des espèces dans le détail.

L'évolution est faite d'avancées, de percées spectaculaires, d'arrêts brusques aussi, de reculs parfois au niveau des genres et des espèces (7). Elle est extraordinairement tributaire de l'environnement cosmique de la Terre, de la présence et des sursauts du Soleil, de l'impact d'astéroïdes et de comètes, et, au niveau particulaire, des innombrables radiations cosmiques.

Elle ne se développe pas en vase clos, dans un cocon totalement protégé de l'extérieur. La vie est un phénomène cosmique parmi d'autres, tributaire d'un Univers particulièrement violent à l'échelle astronomique. L'évolution ne peut se faire qu'avec un rythme heurté, que par bonds plus ou moins épisodiques. La célèbre théorie de Elredge et Gould des équilibres ponctués (le ponctualisme) trouve ici toute sa place.

Fréquence et intensité des extinctions

Les paléontologues recensent cinq extinctions majeures et une vingtaine d'autres secondaires (8). Les Cinq Grandes sont celles de l'Ordovicien, du Dévonien, du Permien, du Trias et du Crétacé. Seules ces cinq grandes peuvent être appelées des extinctions de masse, les autres n'ayant entraîné que des extinctions partielles, mais non négligeables pour autant.

Grossièrement, on a calculé qu'une extinction secondaire se produit en moyenne tous les 10 MA et tue 30 % des espèces, alors qu'une extinction majeure se produit en moyenne tous les 100 MA et tue environ 65 % des espèces. Entre-temps, on estime qu'une extinction mineure, entraînant environ la perte de 5 % des espèces, se produit en moyenne tous les 1 MA. C'est le "bruit de fond" des extinctions qui peut être lié surtout aux inversions du champ magnétique terrestre qui débouchent sur une recrudescence des radiations parfois nocives pour des espèces mal protégées et qui entraînent ou leur disparition ou des mutations favorables vers des espèces mieux adaptées, plus sophistiquées et plus complexes. En règle générale, on considère d'ailleurs également le million d'années comme étant aussi une bonne moyenne pour la durée de vie d'une espèce non perturbée par un événement extérieur, avec évidemment des variations individuelles très sensibles en plus ou en moins.

Il y a donc lieu de noter que les trois catégories d'extinctions, les majeures, les secondaires et les mineures sont séparées entre elles par le classique facteur 10 que l'on retrouve souvent en astronomie : respectivement 100 MA, 10 MA et 1 MA.

A la lecture des chiffres ci-dessus, on comprend mieux la complexité du monde vivant actuel. Si chaque million d'années 5 % des espèces disparaissent ou se transforment, si tous les 10 MA 30 % des espèces disparaissent et libèrent des niches écologiques pour des espèces jusque-là confinées à un rôle subalterne (cas des mammifères il y a 65 MA), si tous les 100 MA ce sont les deux tiers du monde vivant qui sont exterminés, on conçoit mieux l'extraordinaire renouvellement de la vie terrestre. La montée vers la complexité s'explique moins bien, car souvent il y a recul (tout au moins provisoire) pour certaines espèces, mais globalement elle semble liée indéniablement à une meilleure adaptation à l'environnement, puisque les espèces qui ne peuvent s'adapter sont en fait irrémédiablement condamnées à disparaître à moyen terme. Le recul dont nous avons parlé peut permettre à certaines espèces meurtries, mais non totalement décimées, de rebondir, se fortifier et se diversifier.

Causes possibles des extinctions

Nous avons dit plus haut que plusieurs milliards d'espèces se sont succédé depuis l'apparition de la vie sur Terre et que 99,9 % d'entre elles se sont éteintes. Il est bien évident que les causes de ces extinctions ont été très diverses et que seules une petite partie d'entre elles furent consécutives à des phénomènes d'origine cosmique.

On peut regrouper les causes d'extinction en trois grandes catégories : celles dues à l'espèce elle-même, celles dues à des causes terrestres et celles dues à des causes cosmiques. Nous allons en dire quelques mots pour bien situer le problème.

Causes dues à l'espèce elle-même. On regroupe dans cette catégorie les problèmes de compétition avec d'autres espèces concurrentes, de prédation, d'épidémies, de consanguinité, de stérilité, de dégénérescence (disparition des mâles) (9) et surtout de mutations permettant l'apparition (on pourrait dire le passage) d'espèces mieux armées pour la survie. La sélection naturelle, chère à Darwin, trouve ici toute sa place. Il paraît évident que la grande majorité des espèces disparaissent (mutent) pour l'une de ces raisons qui ne peuvent concerner que les espèces elles-mêmes et non les extinctions globales ou partielles.

Causes terrestres. On regroupe dans cette catégorie des causes très diverses et d'importance très inégale, comme les changements climatiques dus à la sécheresse ou au refroidissement du climat, la diminution des terres disponibles, la montée ou la diminution du niveau des mers, l'activité volcanique au niveau de la planète, les incendies au niveau d'une région (voir le cataclysme de l'Indonésie en 1997 causé par les hommes eux-mêmes, avec une inconscience coupable et même quasi criminelle, puisque plusieurs centaines d'espèces animales ont été détruites en quelques mois), les changements dans la composition chimique de l'atmosphère et l'empoisonnement chimique des eaux océaniques. Là encore, toutes ces causes ont joué au fil des millions d'années, mais sans qu'on puisse en général les considérer comme suffisantes pour engendrer des extinctions de masse, tout au plus ont-elles joué lors d'extinctions secondaires.

Causes cosmiques. On regroupe ici deux sous-catégories très différentes : l'impactisme macroscopique lié aux collisions d'astéroïdes et de comètes de bonne taille (quelques kilomètres de diamètre) et l'impactisme particulaire associé aux radiations cosmiques. La première est la cause principale des grandes extinctions de masse, alors que les radiations sont plutôt responsables du "bruit de fond" des extinctions et dont l'échelle est de l'ordre du million d'années, échelle comparable, nous l'avons dit, à celle de l'espérance de vie moyenne d'une espèce.

Les causes terrestres et cosmiques de grande envergure peuvent à coup sûr générer le fameux "hiver nucléaire" (en fait "volcanique" ou "cosmique" selon le cas) dont les simulations modernes par ordinateur montrent qu'il peut être très dangereux pour certaines espèces concentrées sur des territoires peu étendus. Il est bien évident que plus une espèce est répandue numériquement et surtout répartie sur l'ensemble de la planète, plus elle a de chances de survivre partiellement à un cataclysme quasi global au niveau de la Terre. Les rescapés sont aptes à avoir une descendance viable, mais dans certains cas l'espèce peut être déstabilisée, affaiblie et condamnée à moyen terme.

Les cinq grandes extinctions de masse

Nous avons vu que cinq grandes extinctions sont retenues par les paléontologues. Nous allons en dire quelques mots dans cette section, par ordre chronologique.

–- La fin de l'Ordovicien (440 MA). Il s'agit de la première grande extinction du registre fossile (car bien sûr il y a en a eu d'autres plus anciennes). Elle élimina plus de la moitié des espèces marines (planctons, algues, coraux, trilobites, poissons). A cette époque, la vie n'avait pas encore investi la terre ferme. Une anomalie en iridium décelée dans certaines couches géologiques, en Chine, au Canada et en Ecosse, laisse à penser que l'origine de cette extinction est d'origine cosmique.

La fin du Dévonien (367 MA). Cette importante extinction extermina elle aussi de nombreuses espèces marines (planctons, coraux, éponges, trilobites, poissons). Sur la terre ferme, que la vie avait commencé à envahir, plusieurs espèces d'amphibiens firent décimées. Là encore, plusieurs pics d'iridium furent découverts, notamment en Chine et en Australie. Des microtectites (preuve d'un impact incontestable) ont été identifiées en Chine et même en Belgique.

La fin du Permien (245 MA). C'est la plus spectaculaire des grandes extinctions, puisque l'on estime que près de 90 % des espèces vivantes disparurent, aussi bien sur la terre ferme que dans les océans. On table sur environ 20 millions d'espèces existantes avant le cataclysme destructeur, seulement 2 millions auraient survécu. Cela veut dire que 18 millions d'espèces différentes auraient été anéanties dans cette seule catastrophe, jamais renouvelée depuis par son ampleur. On appelle d'ailleurs la fin du Permien "la grande mort". Des pics d'iridium anormaux sont associés à cette période, découverts notamment en Inde et en Chine. La fin du Permien correspond, on le sait, à la fin de l'ère Primaire, ce qui dénote bien l'importance exceptionnelle de cet événement, lié probablement à un impact multiple sur la Terre dans ce qui est l'Amérique du Sud actuelle.

La fin du Trias (208 MA). Cette quatrième extinction de masse est caractérisée par la disparition de nombreux vertébrés marins, notamment les placodontes qui furent définitivement anéantis. Sur la terre ferme, on note surtout de nombreuses extinctions en Amérique du Nord, lieu probable de l'impact cosmique. Par contre, les premières espèces de dinosaures, déjà présentes sur Terre, arrivèrent à survivre partiellement, ce qui prouve que la vie resta possible dans certains endroits. A noter aussi une extinction végétale massive. Là encore, on a noté des pics d'iridium et aussi des traces de quartz choqués en Italie, ce qui semblerait indiquer un impact multiple.

La fin du Crétacé (65 MA). Elle est liée au fameux impact cosmique dont nous avons abondamment parlé au chapitre 12, avec surtout la mort des dinosauriens, mais l'impact fut aussi la cause de la disparition des deux tiers des espèces terrestres. Il est associé à la fin de l'ère Secondaire, ce qui indique bien l'importance exceptionnelle de cet événement sur le plan biologique.

Extinction = régénération = moteur de l'évolution

Globalement, on peut dire que, suite à chacune de ces grandes extinctions de masse, l'évolution fut évidemment relancée à partir des formes survivantes, soit environ un tiers en moyenne d'après les statistiques. Ces survivants étaient presque toujours de petite taille, puisque les gros animaux, plus vulnérables et plus tributaires de l'environnement, obligatoirement très défavorable durant la période post-catastrophe, furent les principales victimes de ces cataclysmes gigantesques.

A la lumière des simulations actuelles, on suppose qu'après une assez courte période (à l'échelle géologique), les conditions climatiques retrouvent leurs caractéristiques normales. La vie, en toute logique, reprend progressivement son cours après ce qui est en fait un simple accident de parcours dans la très longue histoire de la Terre. L'évolution redémarre d'abord lentement, puis souvent ensuite d'une manière explosive, et rapidement on se trouve en présence d'une biodiversité accrue et complexifiée.

Ces simulations, basées sur de nombreux paramètres, ont clairement montré que la régénération des espèces apparaît extraordinaire quand on compare deux arbres évolutifs, l'un avec extinctions fréquentes telles qu'on les observe, l'autre sans extinction. Dans le premier, de nombreuses espèces sont apparues, ont évolué, puis la plupart ont disparu à la suite d'extinctions majeures (65 % tous les 100 MA) ou secondaires (30 % tous les 10 MA). Les espèces ayant survécu jusqu'à nos jours sont rares. Dans le second arbre sans extinction, les espèces ne s'éteignent pas, elles évoluent : la biodiversité est sept fois supérieure et tend même vers la saturation. Par contre, la complexification serait moindre, la sélection naturelle jouant son rôle à fond, sans remise en cause épisodique comme c'est le cas avec les extinctions de masse ponctuelles. Si cette évolution non catastrophiste était la règle sur le long terme, ce qui n'a jamais été le cas, on se rend compte qu'il se poserait alors rapidement un incontestable problème de cohabitation et d'espace vital. L'extinction serait alors d'une tout autre nature, liée principalement au "trop-plein" de créatures vivantes, qui se concurrenceraient et s'élimineraient elles-mêmes, comme on l'observe parfois quand plusieurs espèces rivales cohabitent sur un territoire trop exigu.

Il est clair, comme l'a bien montré S.J. Gould, que sans extinctions massives dès le début de l'évolution sur la Terre, la vie actuelle serait totalement différente de celle que nous connaissons. Certains genres qui avaient réussi à émerger d'une façon significative avant d'être détruits à la fin du Permien auraient réussi à se maintenir. L'étude des archives fossiles, notamment les célèbres faunes d'Ediacara et de Burgess (10), montre clairement que d'autres formes de vie parfaitement adaptées à l'époque à laquelle elles sont apparues proliféraient, mais qu'elles ont eu la malchance d'être confrontées à un cataclysme destructeur et d'être décimées, et même de disparaître totalement.

Pour revenir à l'extinction de la fin du Secondaire, il est bien clair que c'est l'homme qui, à long terme, en a été le principal bénéficiaire. Le paléobiologiste canadien Dale Russell, qui a organisé un symposium sur l'extinction dès 1976, bien avant qu'il soit question d'iridium excédentaire, et un second en 1981, alors qu'au contraire l'hypothèse des Alvarez s'imposait irrésistiblement dans les milieux scientifiques, et qui a étudié tout particulièrement les dinosaures, a résumé d'une façon lumineuse la chance des petits mammifères rescapés du cataclysme :

" L'espèce humaine a peut-être été le bénéficiaire, à long terme, de cette catastrophe. En effet, alors que le Mésozoïque touchait à sa fin, certains petits dinosaures carnivores avaient atteint le stade d'évolution où le rapport du poids du cerveau à celui du corps était égal à celui des premiers mammifères. Si ces animaux, probablement plus intelligents que les autres reptiles, avaient survécu, leurs descendants auraient sans doute pu s'opposer à la montée des mammifères, occupant ainsi notre position actuelle d'animaux les plus intelligents de la planète. " (11)

Dale Russell ajoutait dans un autre article :

" L'évolution des dinosaures carnivores s'acheminait vers une créature bipède, agile, dotée de membres antérieurs préhensibles, d'une vision stéréoscopique et d'une intelligence s'apparentant à celle des mammifères modernes. S'ils avaient vécu plus longtemps, peut-être se seraient-ils acclimatés comme les oiseaux ? Où cette évolution les aurait-elle menés ? Le champ est ouvert à la spéculation... mais ne pourrait-on pas imaginer un saurien ayant à peu près les caractéristiques suivantes : taille : 2 mètres ; poids : 75 kg ; signes particuliers : se tient debout et est doté d'un cerveau et d'une capacité de préhension qui lui permettent de modifier son environnement selon ses besoins. " (12)

Le cataclysme est bien l'un des moteurs essentiels de l'évolution, et cela depuis l'apparition de la vie sur Terre. Un cataclysme unique, probablement d'origine cosmique, a détruit toute une branche de l'évolution avec la faune d'Ediacara qui occupa de nombreuses régions il y a 600 MA, avant la fin du Précambrien. C'est ce que certains paléontologues ont appelé le "faux départ de la vie". On a peut-être identifié le coupable de cette extinction : l'astéroïde qui a creusé l'astroblème d'Acraman, en Australie, qui a été repéré de l'espace (il est indiscernable du sol) et daté d'environ 580 MA.

Corrélations extinctions - astroblèmes

Un problème essentiel pour la crédibilité de la théorie paléontologique des impacts cosmiques est la corrélation extinctions - astroblèmes. On sait qu'il a fallu la découverte tardive du cratère mexicain de Chicxulub pour prouver définitivement la corrélation entre l'extermination des dinosaures et l'impact d'un astéroïde ou d'une comète il y a 65 MA.

Depuis longtemps, astronomes et géologues essaient de faire coïncider la fin des périodes géologiques avec des astroblèmes. Le tableau 15-1 montre que cette voie moderne est la bonne, même si l'on en est encore au stade des préliminaires et que l'âge de nombreux astroblèmes reste assez approximatif (à quelques millions d'années près). Sur les 15 périodes géologiques retenues, 10 sont associées à des astroblèmes possibles, c’est-à-dire les deux tiers. C’est déjà un beau succès, et ce n’est qu’un début.

A noter d’abord, comme nous l'avons dit plus haut, la relation possible entre la fin du Précambrien et l'astroblème australien d'Acraman qui a survécu sous la forme d’un grand lac de 160 km, visible de l’espace. On est obligé de penser à lui quand on étudie attentivement le cataclysme du Précambrien, période bénie de l’évolution avec la première vraie explosion de la vie. Explosion réduite quasiment à néant à la suite d’un impact destructeur. L’astéroïde responsable devait avoir 8 km de diamètre, ce qui en fait un très gros EGA, et l’énergie dégagée a pu être de l’ordre de 8 ´1022 joules, largement suffisante pour engendrer un hiver d’impact, particulièrement difficile à supporter pour une vie encore primitive.

La fin de l’Ordovicien, première extinction de masse, date de 440 MA et n’est actuellement associée à aucun astroblème, ce qui n’a rien de surprenant, d’autant plus, il faut le rappeler, que toutes les extinctions, qu’elles soient de masse ou secondaires, ne sont pas forcément dues à des événements d’origine cosmique.

La deuxième extinction de masse, celle de la fin du Dévonien est datée de 367 MA. On la croit associée à deux grands astroblèmes, ceux de Siljan, en Suède, de 52 km de diamètre, et de Charlevoix, au Canada, qui a 46 km. L’impact cosmique ne fait pas de doute à cette époque puisque des microtectites, découvertes en Chine et en Belgique, sont associées également à ce cataclysme. La répartition bizarre des zones de microtectites et des deux astroblèmes possibles postule pour un impact double ou multiple.

La fin du Carbonifère, datée de 290 MA, est considérée comme une extinction secondaire, du fait du pourcentage, seulement moyen, d’espèces anéanties. On la relie aux fameux astroblèmes jumeaux canadiens, les Clearwater Lakes, formations de 32 et 22 km de diamètre, d’âge équivalent.

La troisième extinction de masse est celle de la fin du Permien et datée de 245 MA. On sait que près de 90 % des espèces vivantes ont été anéanties à cette époque. Elle est associée à deux grands cratères invisibles repérés sur le plateau continental des Malouines, d’un diamètre de 300 km chacun, et à l’astroblème brésilien d’Araguinha qui a 40 km. Il pourrait y avoir eu un impact triple de très grande envergure, puisque l’astéroïde responsable pourrait avoir approché 20 km de diamètre moyen (en gros celui d’Eros) avant de se fragmenter en au moins trois fragments majeurs.

La quatrième extinction de masse est celle de la fin du Trias, datée de 208 MA et associée au fameux cratère canadien de Manicouagan qui a 100 km de diamètre. Selon les critères habituels l’astéroïde tueur devait avoir environ 5 km, ce qui n’est pas extraordinaire, mais les dégâts furent terribles puisqu’ils engendrèrent une extinction de masse.

Pour la fin du Jurassique, extinction secondaire datée de 144 MA, on a aujourd’hui comme coupable possible l’astroblème maritime de Mjolnir dans la mer de Barentz d’un diamètre de 40 km. Mais il n’est pas exclu que d’autres formations du même âge viennent se substituer ou compléter celle-là.

La fin du Crétacé est datée de 65 MA. C’est la fameuse extinction des dinosaures dont nous avons parlé au chapitre 12, associée d’une façon certaine à l’astroblème mexicain de Chicxulub de 180 km de diamètre. L’impacteur principal avait donc un diamètre de l’ordre de 9 km, ce qui en fait un très gros EGA, d’autres fragments plus petits ayant peut-être complété une œuvre de mort, dont l’homme a été le principal bénéficiaire, comme nous le savons maintenant. La libération de niches écologiques par des concurrents, peu disposés à partager la place disponible avec les espèces montantes, a été un événement totalement fortuit et décisif.

Pour la fin du Paléocène, datée de 58 MA, les géologues proposent les cratères jumeaux de Kara en Russie qui ont 65 et 25 km. Il ne s’agit que d’une extinction secondaire, facilement assimilée par une vie régénérée par le cataclysme précédent plus ancien de 7 MA.

La fin de l’Éocène est datée de 35 MA. C’est un tournant pour la vie que les paléontologues ont appelé "la grande coupure" (13), même si elle n’a engendré qu’une extinction dite secondaire. Comme nous l’avons vu au chapitre 11, pas moins de quatre astroblèmes sont voisins de cette date charnière : Chesapeake Bay et Tom’s Canyon qui sont probables, le golfe du Saint-Laurent qui est possible, et même Popigai, en Russie, qui est certain, mais dont l’âge n’est peut-être pas en phase avec cette extinction.

Pour la fin de l’Oligocène, il y a 24 MA, longtemps non associée avec des astroblèmes, on est aujourd’hui en présence de deux possibles : Haughton Dome, au Canada, de 24 km, et surtout Kara-Kul, au Tadjikistan, repéré depuis peu, et dont le diamètre est de 52 km. A noter que Haughton Dome est le plus septentrional des grands astroblèmes connus, et donc que l’impact aurait pu avoir lieu dans une région glaciaire avec des conséquences peut-être un peu différentes, notamment une déglaciation partielle mais sévère compte tenu de la chaleur dégagée en quelques secondes.

Pour les autres cratères ultérieurs (tableau 11-3), on ne peut pas vraiment les associer à des extinctions de masse ou même secondaires, mais l’association avec la montée des Simiens vers le statut d'Homo sapiens semble évidente, comme nous allons le voir dans la section suivante.

Enfin, rappelons ce que nous avons dit dans le chapitre consacré aux astroblèmes. On connaît de nombreuses formations anciennes de grande taille qui ont de fortes chances d'être d'origine cosmique. Le XXIe siècle permettra sans doute d'en identifier certaines, qui pourront alors compléter le tableau 15-1 ou se substituer à certains astroblèmes supposés (supposés, car il sera très difficile d'obtenir les preuves d'une liaison réelle avec la fin des périodes géologiques incriminées, plusieurs dizaines ou même centaines de millions d'années après les cataclysmes responsables).

La paléoanthropologie face à la théorie de l'impactisme terrestre

La paléontologie humaine, ou paléoanthropologie, est la science des hommes fossiles dont elle s'applique à retracer l'évolution. Cette science a fait des progrès extraordinaires depuis le début des années 1960, et elle opère sa révolution en permanence depuis que les spécialistes ont découvert des filons d'un intérêt exceptionnel en Afrique (notamment en Tanzanie, au Kenya et en Ethiopie) (14). Ces régions privilégiées ont livré quelques fossiles qui ont remis en question toutes les théories anciennes et les anciennes datations. Aujourd'hui, même si tout est loin d'être dit, on connaît quand même assez bien l'évolution des espèces depuis le début de l'ère tertiaire, en particulier celle des Primates.

Purgatorius, survivant de l’extinction de –65 MA

Le premier Primate connu date de 70 MA, ce qui veut dire qu'il a connu les cinq derniers millions d'années de l'ère secondaire. Il s'agit du Purgatorius, petit animal ressemblant à une musaraigne et descendant des Protoinsectivores, ancêtres directs des Insectivores et des Primates. Notre lointain ancêtre doit son nom à la Colline du Purgatoire, dans le Montana, où il a été retrouvé. Il est important de signaler que Purgatorius est un miraculé, puisqu'il a réussi à survivre à l'impact dont nous avons longuement parlé. Nous avons dit que l'élimination de tous les grands reptiles, vers –65 MA, lui a pratiquement laissé le champ libre, et il a pu se développer, très progressivement, en compagnie d'autres Primates primitifs que l'on regroupe sous le nom de Prosimiens.

Tous les Primates ont en grande partie les mêmes constituants chromosomiques, reconnaissables par une série de bandes coloriables permanentes d'une espèce à l'autre. Les biologistes et les généticiens (15) de notre époque savent expliquer parfaitement le "comment" des grands remaniements chromosomiques qui ont conduit, au fil des millénaires, à l'importante diversité des espèces de Primates, à défaut de savoir expliquer le "pourquoi". Les mutations chromosomiques consistent en des cassures et des recollages de morceaux de chromosomes les uns sur les autres et sont probablement provoquées par des radiations. Chaque mutation chromosomique constitue une barrière génétique irréversible et engendre donc une espèce différente.

On comprend mieux ainsi à la fois l'importance capitale des radiations (obligatoirement d'origine cosmique avant l'ère industrielle) dans la théorie de l'évolution en général, et aussi le nombre incroyablement élevé d'espèces différentes dans le milieu animal et même dans celui plus restreint des Primates. Car n'oublions pas que ceux-ci ne sont qu'un ordre, dépendant de la classe des Mammifères appartenant au règne animal. Tout ce que nous disons pour les Primates reste valable pour toutes les autres créatures du monde vivant, qu'il soit animal ou végétal.

Des Prosimiens aux Simiens

Après ce court et indispensable intermède génétique, revenons à nos Prosimiens qui vont dominer le monde entre –65 MA et –35 MA, en se diversifiant en de multiples espèces différentes. On regroupe celles-ci en quatre grands groupes (infra-ordres) : les Plésiadapiformes (dont fait partie Purgatorius), les Lémuriformes, les Lorisiformes et les Tarsiiformes. Certains de ces Prosimiens existent encore de nos jours, mais sous des formes plus modernes évidemment. L'une des caractéristiques communes à tous ces Prosimiens (fossiles et actuels) est la mâchoire à trente-six dents.

C'est vers –35 MA que se produisit un événement cataclysmique très important dont nous avons déjà abondamment parlé : l'impact d'un EGA de plusieurs km sur la Terre, qui creusa l'astroblème de Chesapeake Bay aux Etats-Unis, d'un diamètre de 90 km, et peut-être aussi celui, soupçonné, du golfe du Saint-Laurent au Canada. Il est certain que cette catastrophe a eu une responsabilité dans les mutations qui ont affecté le monde vivant à cette époque. Directement, l'EGA responsable a effacé toute vie sur plusieurs milliers de km carrés, mais indirectement ce fut bien pire. Comme nous l'avons déjà expliqué, l'association d'un hiver nucléaire qui annihile en quelques semaines une grande partie de la vie macroscopique, suivi d'une inversion du champ géomagnétique, a des effets désastreux sur le monde vivant. Une averse ininterrompue de rayons cosmiques durant quelques centaines ou milliers d'années, accompagnée d'une augmentation sensible de la radioactivité, débouche obligatoirement sur des mutations.

C'est à cette même époque de –35 MA qu'apparaît l'Oligopithèque. Certains Prosimiens se transforment à la suite de mutations génétiques favorables et deviennent des Simiens. Avec ceux-ci apparaît pour la première fois la mâchoire à trente-deux dents qui est encore la nôtre, et qui est considérée par tous les paléontologues comme une étape importante dans l'histoire de l'évolution. La taille aussi évolue, puisque l'Oligopithèque est un animal quadrupède de 30 cm de hauteur.

Dans La Terre bombardée, en 1982, nous écrivions ceci (16) :

" La coïncidence fortuite entre l'impact d'un EGA et l'évolution des espèces peut être difficilement retenue, puisque le même phénomène va se reproduire cinq millions d'années plus tard, vers –30 MA, et plusieurs fois par la suite comme nous allons le voir.

Vers –30 MA, le très important impact d'un EGA de 5 km de diamètre créa l'astroblème de Popigai en Sibérie orientale et déclencha un nouvel hiver d'impact et une nouvelle inversion du champ magnétique. Le résultat sur le plan paléontologique fut la différenciation des Simiens en quatre groupes distincts qui sont les souches des grands groupes actuels : l'Aeolopithèque qui semble être l'ancêtre des Gibbons et des Siamangs, l'Aegyptopithèque qui semble être l'ancêtre des Chimpanzés et des Gorilles, le Propliopithèque qui pourrait être l'ancêtre de l'homme se diversifient à partir de l'Oligopithèque qui, lui, continue son évolution séparément et qui semble être l'ancêtre des petits singes (les Cercopithèques). "

Aujourd’hui, la datation de Popigai est –35 ± 5 MA, et de nombreux géologues ont tenté de la préciser davantage. Force est donc de constater que la corrélation que nous donnions comme probable reste à démontrer, sans être pour autant totalement exclue. Mais la différenciation des Simiens en quatre grands groupes pourrait fort bien avoir eu une cause autre qu’astronomique.

Abandonnons les trois autres groupes et occupons-nous uniquement du Propriopithèque, l'ancêtre des Hominidés. Entre –30 MA et –15 MA, il va se redresser et abandonner la forêt, où il vivait depuis toujours, pour la savane. Pour cette période, rien ne nous autorise à associer une quelconque évolution à un événement d'origine cosmique, encore qu'on ne puisse exclure des impacts océaniques (qui existent dans une proportion de 7 sur 10) et qu’on croit possible une corrélation entre la fin de l’Oligocène (–24 MA) et un sérieux impact cosmique, comme nous l’avons vu plus haut, avec l’astroblème asiatique de Kara-Kul.

Le Nördlinger Ries et le tournant de l’histoire préhumaine

Vers –15 MA, nous savons qu'il y eut un important impact d'EGA, celui qui créa le fameux triplet de cratères allemands : Nördlinger Ries, Steinheim et Stopfenheim Kuppel, liés eux aussi à une inversion géomagnétique. Le résultat de l'averse de rayons cosmiques pourrait être le Kenyapithèque que l'on a daté de 14 MA et que l'on associe au Ramapithèque. C'est à ce petit Primate que le paléontologue britannique Louis Leakey (1903-1972) " a mis le premier caillou dans la main ", et qui est donc considéré comme le premier utilisateur de l'outil. C'est donc peut-être l'EGA de Nördlinger Ries qui est (indirectement) à la base de la mutation favorable qui a poussé notre petit ancêtre à se servir de son cerveau pour améliorer ses conditions de vie et de nourriture.

Vers –10 MA, apparaît un Primate très curieux : le Gigantopithèque. Comme son nom l'indique, il est de très grande taille et dénote nettement avec les Primates étudiés précédemment, qui étaient tous des créatures "miniatures" par rapport à l'homme actuel. Il est peut-être exagéré de l'associer à l'astroblème de Karla en Russie, qui fut créé il y a 10 MA par un EGA d'environ 1 km, mais comme les dates coïncident on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement. Le phénomène de gigantesque pourrait être dû (et s'expliquerait mieux aussi avec ce mécanisme exceptionnel) à des radiations exceptionnellement énergétiques, peut-être en provenance de l'explosion d'une supernova dans une région relativement voisine de la Galaxie. Il semble que le Gigantopithèque se soit éteint vers –2 MA, après avoir été contemporain des premiers hommes véritables.

Vers –7 MA, apparaît en Afrique australe un nouveau venu fort intéressant : l'Australopithèque, descendant du Ramapithèque et ancêtre direct de l'homme, qui va s'éteindre vers –1 MA. On ne peut lui associer aucune collision cosmique et cela n'a rien de surprenant, même dans notre théorie. Nous avons dit que la Terre est capable d'inverser toute seule (grâce à son noyau) son champ magnétique et elle n'a pas toujours besoin du "coup de pouce du cosmos" pour être victime (et bénéficiaire aussi ne l'oublions jamais) d'une averse de rayons cosmiques, responsable de mutations génétiques. La montée de l'homme vers sa forme actuelle (et tout à fait provisoire) est due à la fois à des phénomènes purement terrestres ou d'origine cosmique. L'Australopithèque est un bipède permanent, haut de 1 mètre à 1,50 mètre et pesant de 20 à 50 kg. Sa capacité endrocrânienne est de 400 à 600 cm3, ce qui est assez important compte tenu du poids du corps restreint. Bien entendu, l'Australopithèque se sert de l'outil et il est même capable d'en tailler lui-même.

Elgygytgyn, l’astroblème qui annonce Homo

Vers –4 MA, apparaît notre premier ancêtre à qui les paléontologues octroient l'appellation d'Homo : c'est Homo habilis. Un impact d'EGA de bonne taille est recensé pour la même époque, celui qui a créé le cratère sibérien de Elgygytgyn, d'un diamètre de 23 km et bien reconnaissable sur les photos prises de l'espace. L'EGA responsable était donc capable d'inverser le champ magnétique terrestre, et d'engendrer lui aussi "son" averse de rayons cosmiques et "ses" mutations. Les deux événements sont-ils vraiment liés ? Il n'est pas exclu que l'avenir le dise d'une façon précise, car nous arrivons vers la fin de l'ère tertiaire et les témoignages des couches géologiques deviennent plus clairs et plus "lisibles". Peut-être associera-t-on dans quelques siècles l'impact de Elgygytgyn à l'hominisation définitive, mais il est encore beaucoup trop tôt pour le faire.

Rappelons que pour –2,15 MA, on a repéré le premier impact océanique récent, celui appelé Eltanin, du nom du navire de recherche américain qui a fait les carottages décisifs (voir le chapitre 13). L’astéroïde avait entre 1 et 4 km de diamètre et a causé un hiver d’impact dont ont été témoins (et acteurs malheureux) nos ancêtres Homo habilis, sans pour autant les détruire totalement. Bien que vulnérables, ils ont survécu à leur premier cataclysme cosmique d’envergure, ce qui est une bonne nouvelle et un espoir pour l’humanité actuelle.

Mais il faut savoir que très peu de temps après l’impact, Homo erectus fait son apparition parmi les créatures "haut de gamme" (pour l’époque) de l’évolution. Y a-t-il eu corrélation entre l’impact destructeur et cette modernisation de certains Homo habilis, peut-être plus irradiés (positivement) que leurs congénères restés à l’espèce précédente plus primitive ? En tout cas, les deux espèces vont cohabiter durant près d’un million d’années, la barrière chromosomique n’étant peut-être pas toujours infranchissable. On peut, en fait, envisager deux sous-espèces interfécondes, capables de se métisser pour le plus grand bien du genre Homo.

C'est cet Homo erectus primitif qui se lance à la conquête du monde, car il ne faut jamais oublier que jusqu'alors Homo habilis restait confiné en Afrique. C'est également lui qui subira deux petits impacts d'EGA de 500 mètres, vers –1,1 MA et vers –1,0 MA. Ce dernier est associé à la fois au lac-cratère ghanéen de Bosumtwi et à l'événement géomagnétique de Jaramillo.

A Homo habilis, plus primitif et donc moins évolutif, qui s'est éteint de sa belle mort vers –1 MA, succède donc seul Homo erectus dont on connaît plusieurs sous-espèces.

Le dernier grand drame : Wilkes Land

Et de catastrophes en mutations, nous arrivons à l'événement majeur de l'ère quaternaire (continuation naturelle de l'ère tertiaire et qui n'est que l'ère de l'homme), c'est-à-dire l'impact de Wilkes Land, dont nous avons déjà eu l'occasion de parler à maintes reprises. Rappelons ce cataclysme : un EGA de 12 km heurte la Terre, libérant une énergie de 9,0 ´ 1023 joules, soit l'équivalent de près de 5000 ans d'énergie sismique terrestre. Les conséquences, outre le cratère-fantôme de Wilkes Land, ont été la formation des australasites, la dernière inversion du champ géomagnétique, l'altération de l'atmosphère terrestre, un bombardement de rayons cosmiques, une augmentation sensible de la radioactivité et un hiver d’impact comme il ne s'en est pas reproduit depuis. Cela fait beaucoup pour nos pauvres ancêtres.

Cette date de –700 000 ans est un tournant important, décisif même, dans l'évolution des espèces. Avant l'événement, on trouvait sur la Terre une espèce primitive d'Homo erectus. Après l'inversion géomagnétique, vers –700 000 à –400 000, on retrouve plusieurs espèces modernes d'Homo erectus, notamment le Sinanthrope, le Pithécanthrope et l'Atlanthrope. Mais apparaissent également dès cette époque les Présapiens, ancêtres directs de l'homme actuel (Homo sapiens), qui ne diffèrent de celui-ci que par des traits ne dépassant pas le niveau de la sous-espèce. Il paraît évident que les radiations cosmiques ayant eu lieu vers –700 000 ont entraîné des mutations génétiques favorables qui ont bénéficié à l'Homo erectus primitif.

Les Présapiens, qui se "modernisent" très progressivement, et Homo erectus se maintiennent d'une façon parallèle jusqu'en –100 000 (rappelons qu'à cette lointaine époque, il n'était pas question de surpopulation et qu'il y avait sur Terre place pour tout le monde). A cette époque, Homo erectus disparaît totalement, ayant fort bien fait son travail de transition, et victime de l’usure du temps comme toutes les autres espèces primitives. "Tué par le progrès", pourrait-on dire dans un raccourci un peu facile. Mais c’est toujours le plus moderne qui survit en l’absence d’une extinction de masse ou secondaire qui met tout le monde d’accord en faisant un ménage complet.

Homo sapiens reste seul en lice

Seul Homo sapiens reste en lice, sous deux formes (sous-espèces) différentes, les Néanderthaliens (Homo sapiens neanderthalensis) qui s'éteindront sans laisser de descendance (probablement par métissage) vers –40 000 et Homo sapiens sapiens, qui à partir de cette même date, se diversifie pour former les différents types humains que l'on connaît aujourd'hui.

Cette époque de –40 000 (à 2000 ou 3000 près) est une étape notable dans l'histoire récente de la nature, car on sait aussi qu'un nombre important de grands animaux (notamment des mammouths) ont subitement été anéantis, probablement à la suite d'un cataclysme non identifié, mais qui pourrait fort bien avoir été d'origine cosmique. Un impact océanique ou une explosion dans l'atmosphère, qui sont fréquents et ne laissent pratiquement pas de traces, peuvent là encore être envisagés, peut-être même avec la capture et la première fragmentation de HEPHAISTOS. Une multitude de résidus de taille kilométrique et hectométrique étaient alors lancés sur des orbites proches de la Terre, et l’un ou même plusieurs de ces fragments ont très bien pu perturber à la fois la biosphère et la cryosphère. Cependant, il faut convenir que pour le moment les preuves sont beaucoup trop minces pour que l'on puisse associer sérieusement un tel événement avec la disparition de l'homme de Néanderthal, plutôt victime, comme ses prédécesseurs Homo habilis et Homo erectus, de l’usure du temps.

Le catastrophisme : un enchaînement d'événements

Il nous faut maintenant conclure sur ces "coïncidences" à répétition entre l'impactisme terrestre et l'évolution des espèces. On a vu que depuis la disparitions des Dinosauriens, vers –65 MA, de nombreuses associations étaient possibles entre impacts et mutations génétiques. On peut certes parler d'approximations au sujet des datations concernant les uns et les autres, il n'empêche que le fond des choses est assez clair, comme le rappelle sommairement le tableau 15-2.

A chaque fois, on note un enchaînement d'événements, pratiquement toujours les mêmes. En remontant la filière, on peut dire qu'il y a changement et évolution dans les différentes espèces animales et végétales parce qu'il y a mutation génétique. Il peut y avoir aussi régression et extinction de certaines espèces, en cas de mutations défavorables. Il y a mutation parce qu'il y a irradiation, c'est-à-dire exposition nocive à des radiations cosmiques contre lesquelles l'organisme des êtres vivants n'est pas immunisé. Il y a radiations parce qu'il y a averse de rayons cosmiques, celle-ci étant due à une annulation du champ magnétique terrestre. Cette dernière peut être propre à la Terre ou due à des collisions importantes avec des objets cosmiques (EGA et comètes). On voit que tout est lié, que tout s'enchaîne selon un ordre immuable. On considère aujourd'hui que chaque inversion géomagnétique engendre des mutations. C'est le "bruit de fond" des extinctions, quasi permanent à l'échelle géologique, et tout à fait normal en quelque sorte.

On a beau se boucher les yeux et ne pas vouloir y croire, il y a bel et bien corrélation entre les impacts d'EGA et les conséquences de l'impactisme particulaire sur l'évolution des formes vivantes terrestres. Comme nous l'avons dit dès l'introduction de ce livre : la vie terrestre, sous sa forme actuelle, n'est qu'un sous-produit de l'impactisme terrestre. Le catastrophisme, même s'il n'est pas seul en cause, est l'un des moteurs de l'évolution.

Et il ne faut pas s'y tromper : l'évolution est continuelle, irréversible, imprévisible et explosive, puisqu'elle se diversifie dans toutes les directions. Cela implique que l'homme actuel n'est qu'un maillon de cette chaîne sans fin, qu'il est simplement le "Primate à la mode" et pas du tout le "bijou de la Création", comme l'espèrent (le croient ?) encore les créationnistes fondamentalistes. Nous avons vu au chapitre 2 que leurs confrères plus modernes, qui acceptent le concept de "science de la Création", sont d'accord avec cette vision des choses et plaident, d'une manière plus pragmatique, pour un "être humain évolutif " à une cadence et selon un schéma préétablis par le Créateur !

Comme nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, à la lumière de tous les arguments fournis dans ce livre, une chose est sûre : c'est que l'avenir de l'homme est sombre sur le plan génétique. Dans trente millions d'années, peu de chose en fait à l'échelle géologique, puisqu'une telle période représente moins de un pour cent de l'âge du Système solaire, il sera aussi démodé que l'est pour nous l'Oligopithèque, notre premier ancêtre qui a eu trente-deux dents. L'homme actuel, il faut le répéter, est un accident de l'évolution. Il est le fruit du cataclysme. Un fruit évidemment périssable.

L’importance de la contingence

La contingence est la possibilité, l’éventualité qu’une chose ou un événement arrive ou non, et on l’oppose souvent à la nécessité. Pour les paléontologues, la contingence a un sens plus profond. Ainsi Stephen Jay Gould, qui a toujours insisté sur son importance, a écrit ceci :

" Les extinctions de masse préservent ou éliminent les espèces au hasard, et le résultat est contingent, en ce sens qu’il est dépendant de tout ce qui s’est passé auparavant…

L’ordre actuel n’a pas été imposé par des lois fondamentales (sélection naturelle, supériorité mécanique dans l’organisation anatomique), ni même par des principes généraux de niveau moins élevé, touchant à l’écologie ou à la théorie de l’évolution. L’ordre est largement le produit de la contingence. " (17)

On le sait depuis longtemps, et nous le rappelions encore en début de chapitre, toutes les espèces sont mortelles, y compris la nôtre, ce qui n’est pas très rassurant, mais tout à fait inéluctable à très long terme. Le cataclysme, sans cesse répété, épisodique (et surtout pas périodique, comme l’ont cru Raup et quelques autres chercheurs non astronomes), contingent, imprévisible, qui a amené très progressivement l’homme au sommet de la vie terrestre, appelle aussi obligatoirement son extinction pour un avenir encore indéterminé, mais qui pourrait être accéléré s’il devait y avoir un cataclysme d’envergure dans un avenir rapproché.

La leçon est dure à entendre : il faudra laisser la place à d’autres, c’est la règle, immuable, intangible, incontournable. Mais l’homme a quand même, depuis peu, une chance supplémentaire par rapport aux espèces précédentes, une chance unique, s’il sait la saisir : il pourra prolonger son existence s’il accepte de s’expatrier, comme nous le verrons au chapitre 20. La survie de l’homme à long terme passe par l’impératif extraterrestre.

Cette possibilité d’influer pour la première fois sur son destin, l’homme y accède seulement maintenant. Il aura fallu 4,6 milliards d’années et une contingence favorable pour nous permettre d’influer sur notre survie génétique, pour envisager avec quelques chances de réussite une nouvelle étape cosmique. Mais il ne faut pas se leurrer : nous ne sommes pas les premiers à atteindre ce niveau précosmique dans la Galaxie, et a fortiori ailleurs. Comme l’ont montré Crick et Orgel, d’autres civilisations plus anciennes et plus intelligentes ont déjà atteint depuis longtemps cette étape intermédiaire, et l’ont même dépassé de beaucoup en inséminant l’Univers pour sauvegarder la vie et la propager, à défaut de sauver des civilisations détruites par des cataclysmes cosmiques (explosion de supernova notamment) qui les dépassaient de beaucoup.

Cette chance unique qui est la nôtre aujourd’hui, sachons la saisir, car elle ne se reproduira pas. La conscience humaine, fruit d’une évolution sans cesse diversifiée et complexifiée, est un véritable cadeau. Nous laisserons le dernier mot de cette section à S.J. Gould qui a, plus encore que tous les autres chercheurs, milité pour imposer l'idée que la vie n'a pas évolué d'une manière régulière et prévisible, mais au contraire que l'évolution a résulté d'une succession d'innombrables événements fortuits et que nous avons eu vraiment beaucoup de chance :

" Homo sapiens n'est pas arrivé sur la Terre - au cours de la dernière seconde, à l'échelle des temps géologiques - en raison d'un progrès biologique ou d'une augmentation de la complexité neuronale prévue par la théorie de l'évolution, mais plutôt parce qu'il était l'aboutissement contingent et fortuit de milliers d'événements interdépendants. Chacun d'eux aurait pu se produire différemment et mettre l'évolution sur un autre chemin où la conscience ne serait pas apparue. " (18)

On ne peut être plus clair. L’homme est l’aboutissement contingent et fortuit de milliers d’événements interdépendants. La première conclusion s’impose d’elle-même, elle est évidence : la vie et la conscience extraterrestres ne peuvent être que très différentes de celles qui sont les nôtres. Mais les ingrédients de base sont les mêmes, partout, depuis toujours. Le cataclysme est un outil parmi d’autres de diversification, et aussi de complexification.

L’homme et la sixième extinction de masse

L’autre conclusion est tout aussi évidente : l’homme est maintenant capable de prendre sa part dans l’évolution et l’extinction. Depuis 1945, avec Hiroshima et Nagasaki, on sait avec certitude et inquiétude que l’homme peut se détruire lui-même totalement, et donc sans espoir de retour. L’extinction ne fait jamais marche arrière. Elle est irréversible.

Si la raison semble (provisoirement ?) l’emporter à ce niveau du catastrophisme technologique (et militaire), tous les chercheurs qui se consacrent aux sciences de la nature le savent bien : la sixième extinction de masse (19) ne sera pas due à un impact d’astéroïde ou de comète, elle sera due à l’homme, et elle a déjà commencé. On ne compte plus les espèces décimées, même parmi les mammifères et autres grands animaux. Sans remonter au mammouth (20), disparu parce que nécessaire à la nourriture de nos ancêtres chasseurs, plusieurs espèces qui auraient pu être sauvées sont passées à la trappe, à cause de la folie des hommes qui ne privilégient souvent que leur propre quotidien, et non parce que c’était une nécessité. C’est aussi cela la contingence et surtout son côté nocif.

Avec l’homme, dominateur de la nature et provisoirement propriétaire de sa planète, il n’est pas si sûr que les espèces se renouvellent dans des conditions identiques à celles qui prévalaient quand nos prédécesseurs n’étaient que des locataires parmi d’autres. L’évolution et l’extinction sont bel et bien rentrées dans une période charnière qui pourrait se transformer en une période critique, si les valeurs économiques s’imposent définitivement aux valeurs écologiques et plus largement humaines.

Notes

1. Rappelons l'échelle taxinomique du monde vivant qui se compose de deux règnes : le règle animal et le règne végétal. Chaque phylum (ou embranchement) est composé de plusieurs classes ; chaque classe est composée de plusieurs ordres ; chaque ordre est composé de plusieurs familles ; chaque famille est composée de plusieurs genres ; chaque genre est composé de plusieurs espèces ; chaque espèce, caractérisée par la fameuse "barrière chromosomique", qui interdit la reproduction non stérile entre des espèces différentes, est composée d'une multitude d'individus. L'espèce est donc déjà le sixième niveau de la hiérarchie du phylum.

2. D.M. Raup, De l'extinction des espèces (Gallimard, 1993). Titre original : Extinction. Bad genes or bad luck (1991). Un livre essentiel pour comprendre l'extinction et ses divers problèmes. David Raup est l'un des grands spécialistes de l'extinction.

3. Collectif, La théorie de l’évolution, Dossier hors-série n° 27, Science et Vie Junior, 1997. A noter surtout le dernier article : E. Julien, De quoi meurent les espèces ?, pp. 106-113, qui recense les causes principales des extinctions. Très logiquement, le cataclysme figure en bonne place comme moteur d’extinction et donc de régénérescence. Texte de Jean-Jacques Jaeger cité p. 107.

4. C. Lyell, Principles of geology (1830-1833). Ouvrage en trois volumes. Voir le livre de S.J. Gould, Aux racines du temps (Grasset, 1990), pour mieux connaître ce savant anti-catastrophiste qui poussa Cuvier aux oubliettes.

5. C. Darwin, L’origine des espèces (La Découverte, 1985). Rappelons que le classique de Charles Darwin est paru en 1859 sous le titre : On the origin of species by means of natural selection. Darwin a longtemps attendu pour faire paraître son travail sur l’évolution, pour lequel on connaît une version préliminaire écrite dans les années 1840.

6. N. Elredge and S.J. Gould, Punctuated equilibria : An alternative to phyletic gradualism (pp. 82-115), dans T.J.M. Schopf (ed.), Models in Paleobiology (Freeman, Cooper & Co, 1972).

7. Collectif, L'évolution, Dossier hors-série n° 14, Pour la Science, 1997. Un hors-série de 146 pages qui contient 27 articles sur l’évolution et ses mécanismes, dans lequel il y a beaucoup à apprendre pour les non-spécialistes.

8. V.L. Sharpton and P.D. Ward (eds), Global catastrophes in Earth history (Geological Society of America, 1990). Ce livre contient les contributions d'un colloque sur l'extinction qui s'est tenu en octobre 1988 à Snowbird dans l'Utah.

9. Il semble bien que la stérilité des mâles consécutive à une augmentation accrue des radiations cosmiques pourrait être une cause très efficace de la disparition d’espèces fragilisées.

10. S.J. Gould, La vie est belle. Les surprises de l'évolution (Seuil, 1991).

11. S.A. Haines, L'holocauste des dinosaures, dans Les grandes catastrophes, Science et Vie, HS 144, 1983. Citation p. 32.

12. D. Russell, Les extinctions massives à la fin du Mésozoïque, Pour la Science, 53, pp. 44-52, 1982. Citation p. 52.

13. J.-L. Hartenberger, La grande coupure, Pour la Science, 67, pp. 26-38, 1983. Cet article est typique des articles de cette époque. Toutes les conséquences sont clairement exposées, mais pas un mot de la cause de cette grande coupure déjà mise en évidence par Cuvier. Tout ce que l’on sait c’est qu’il y a eu une très importante diminution de la température (de l’ordre de 10 °C, ce qui est énorme) et une dégradation générale du climat. A noter que les Anglo-Saxons appellent cette grande coupure le Terminal Eocene Event (TEE en abrégé). Il ne fait pas de doute pour les catastrophistes modernes que cet important remaniement terrestre est dû à un formidable hiver d'impact.

14. Historia Spécial, Les origines de l'homme, HS 50, novembre-décembre 1997. Un hors-série très intéressant avec 26 articles sur l'origine de l'homme et la Préhistoire.

15. Voir la partie Les mécanismes de l’évolution du Dossier pour la Science, L’évolution (note 7).

16. La Terre bombardée, p. 203.

17. Texte de S.J. Gould, cité dans L. de Bonis, Contingence et nécessité dans l’histoire de la vie, Dossier Pour la Science, L’évolution (note 7), p. 24, 1997.

18. S.J. Gould, L'évolution de la vie sur la Terre, Pour la Science, 206, pp. 90-98, 1994.

19. R. Leakey et R. Lewin, La 6ème extinction (Flammarion, 1997). Titre original : The sixth extinction (1995). En français, ce livre est sous-titré : Évolution et catastrophes. Il met clairement en évidence la menace que l’homme lui-même fait peser sur une multitude d’espèces fragiles qui ne survivront pas à l’industrialisation de la planète, notamment à la déforestation de régions jusque-là préservées comme l’Amazonie ou l’Indonésie.

20. C. Cohen, Le destin du mammouth (Seuil, 1994).

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