récit de la mission



MISSION SAINT VERAN 2008
VISUEL EXTREME

...............Nicolas CHAMBINAU




Vendredi 17 octobre 2008

9h15, Elancourt
Je pars de chez moi pour ma première grande sortie Astro, et aussi pour mon premier séjour dans un observatoire... quelque peu impatient d'y être avant d'être parti.
Passage au Mesnil, pour prendre sieur Yannick, puis direction la MJC pour charger le T460 du club.
Heureusement, il y a atelier poterie, ça évitera les mauvaises manipulations avec l'alarme.
9h45, on décolle de la MJC, direction l'A6.

17h00, Briançon
Y'a pas, à cette saison, les hôtels sont plutôt vides... on n'est un peu les seuls de l'hôtel.
Nous sommes les premiers. Guillaume et Cyril arriveront plus tard, début de soirée, Pierre et Serge un peu plus tard encore.
En attendant, nous allons visiter la citadelle, très jolie, avec des remparts vertigineux au sud.
On voit tout en bas un joli petit parc au bord de la rivière, mais alors tout en bas... Pas grave, on entreprend d'y descendre. Après quelques marches, et un sentier à travers un petit bois, nous arrivons au bord de la dite rivière. Le parc est de l'autre côté, mais le seul pont est fermé. Va falloir faire le tour un peu plus loin.
Le parc est joli, pour les enfants, avec quelques canards, quelques poissons aussi, genre truite.
Au fond du parc, il y a même un petit parcours type accro-branche, mais pas haut pour les enfants.
Après une petite pause bière, nous entamons notre remontée, et quelle remontée. Heureusement qu’on n’aura pas à monter à St Véran à pied demain.

18h00
Nos compères ne seront pas arrivé de suite, on entreprend donc de chercher un petit resto, proposant une bonne tartiflette (et pas trop chère). On trouva notre bonheur dans la citadelle de Briançon. Un petit resto bien sympathique, quoique bas de plafond. Une cheminée où grillent quelques morceaux de viandes trône au milieu de la salle à manger, le long d'un mur.
La tartiflette est bonne. On essaie la bière brassée à Briançon... ça restera un essai par contre.

21h00
Arrivé du chef, Guillaume et son adjoint, Cyril.
Ils sont punis, et dormiront dans ma chambre (là, ils ne savent pas encore que c'est une punition).

23h00
Arrivé de Serge et Pierre, après un réveil du patron de l'hôtel... hum.
Après une bonne douche, tout le monde au dodo. C'est qu'il nous reste un peu de voyage demain, et puis il faudra s'arrêter prendre du pain. Et puis Serge veut qu'on s'arrête chez la "vieille bique" pour prendre des saucisses au chou. La vieille bique est la tenante sympathique d'une boutique proposant les produits du coin : saucisses, saucissons... et même quelques patates.

Samedi 18,

8h00
Bien dormi, enfin en ce qui me concerne...
Départ, puis arrêt à la boulangerie, puis re-départ, puis arrêt chez la vieille bique. Serge est déçu, la patronne n'est pas là. Par grave, on lui prendra quand même 2 saucisses au chou "3 places" (comprenez 2 saucisses pour 3 personnes chacune). Encore que vu les saucisses, c'est plutôt des 6 places...
9h30, St Véran
On s'arrête à l'entrée du village, puis on monte à pied voir Jo pour qu'il nous remette les clefs.
Première fois que je monte à St Véran. On y fait quelques photos, en particulier d'un certain Jones, surnommé "kili, kili, kili" par la suite (et par un certain Pierre inspiré par un certain Serge, dont je tairai les noms de famille).
Quelque chose me dit que les chats n'ont pas beaucoup de prédateurs là-haut...
On discute avec Jo, sa dame également. Il nous fait un peu peur sur la montée (enfin moi il m'a un peu inquiété, surtout quand il a parlé d'un tronc d'arbre permettant d'arrêter, momentanément , les voitures en "difficulté"... ba voyons). Bon, en fait, c'est surtout pour les imprudents qui montent ça comme ils montent les trottoirs à Paris, et c'est peu dire.

10h00
On entame la montée, en voiture (ouf).
Bon, une Passat, c'est pas vraiment le véhicule étudié pour ce type de montée, c'est long, et ce n'est pas très haut de plancher. Mais bon, ça passe quand même. Faut bien regarder où l'on pose ses roues.
Premier passage délicat. Guillaume en tête, nous montre le chemin. Pierre arrive en deuxième... dans la montée, j'ai cru entendre un "Serge descend!! t'es trop lourd!!"... bref, il n’est pas monté du premier coup (ça promet pour moi). Petit marche arrière, il reprend de l'élan, et ça passe. A mon tour... hum... un peu d'élan, et... ba finalement, ça passe aussi, impeccable.
Le reste de la montée se passe sans trop de problèmes. La première partie est assez défoncée par les ornières, la seconde par les caillasses, mais bon, de toute façon, le tout ne se monte qu'en première. Et puis on a le temps quand même.
J'ai calé au fameux tronc d'arbre, dans une épingle.

11h30, il fait beau (c'est important de le noter).
On arrive là haut. Guillaume nous fait visité le site, puis on s'installe dehors pour notre premier pique nique (ce sera le dernier d'ailleurs, d'où l'importance de noter qu'il faisait beau, là).
L'après-midi, c'est nettoyage d'oculaires, ceux de l'observatoire. Et ils en avaient besoin, car cela doit faire quelques années qu'ils n'ont pas dû être utilisés.
Et pis, en nettoyant l'oculaire de 100mm (belle bête), on dévisse la petite lentille au bout, on le retourne, et là, qu'est-ce qu'on voit tomber? Des bouts de verre (si-si ! j'vous jure).
Pierre démonte alors le tout, et constate que la grosse lentille, trop contrainte dans ses tubes d'alu, est ébréchée sur la tranche, d'où les bouts de verres.
Pierre lui fait une protection "amortissante" avec de l'adhésif, et remonte le tout est essayant de ne pas la contraindre.
Bref, vous l'aurez compris, on a bien fait d'amener les oculaires du club.
Ensuite, les renvois coudés... enfin "LE" renvoi coudé... format 31,75mm... hummmm... c'est bien, mais comment dire... la sortie du télescope fait 80 (diamètre du 100mm je crois, il y a un réducteur de 50mm, il faudra donc un autre réducteur pour passer à 31. J'ai l'impression qu'on va perdre un peu de lumière. Pour pas trop en perdre, on va le nettoyer aussi tiens.
Ensuite, on cherche le porte oculaire. Heu... un quoi? Ba heu... y'a bien un truc, à cabestans là, mais côté débattement, c'est surtout pour ajuster. Guillaume nous explique qu'en fait, sur ce télescope, c'est le secondaire qui se déplace pour faire la mise au point. Bon, ok, on verra à l'utilisation. Par contre, le cabestan va avoir besoin d'un bon nettoyage, car lui aussi n'a pas dû être utilisé pendant un moment. Un bon graissage s'impose.

Première soirée d'observation, le samedi Soir.
Déjà, on s'est fait eu sur la semaine. C'est la semaine du dernier quartier, sauf que le dernier quartier, il n'arrivera que mardi-mercredi. Là, elle est presque pleine!
Bon, on essaie de voir quelques petites choses avant qu'elle n'arrive.
Ah oui, c'est un goto... On pointe une étoile connue, on calibre... mais avec quoi... y'a pas de catalogue sur le logiciel. Il faut chercher les coordonnées sur le PC d'à côté dans Carte Du Ciel pour les rentrer à la main. C'est bien, mais pas pratique. Il faudra travailler là-dessus aussi.
On essaie de voir une nébuleuse planétaire (là aussi, il faut chercher ses coordonnées à la main, pas de catalogue NGC non plus) : rien. Le vide (en même temps, l'espace, c'est plein de vide, mais à ce point là). Rien de spécial n'a été signalé par les équipes précédentes en tout cas.
On se rend compte au bout d'un moment que le télescope, enfin la monture, ne tourne pas dans le bon sens !! rrrr... on repointe notre étoile, on re-rentre les coordonnées, on inverse le sens du télescope (Est/Ouest), puis on réinitialise de télescope, puis on recherche à nouveau notre nébuleuse (là, on a perdu 1h30, mine de rien depuis le début). Ha! Là, y'a quelque chose... mais bon, de là à dire que c'est notre np...
Jupiter maintenant... heu.. il manque des trucs là, sur Jupiter. Quand on descend voir au T460, il y a déjà plus de choses. Il y a vraiment un truc qui ne va pas.
On passe ensuite sur la lune. Là au moins, il y a du détail. Serge en profite pour faire une esquisse du cratère Fracastor. Avec une focale de 9m, on a peu l'impression d'y être, sur la lune.
Par contre, ça turbule, ou alors c'est le télescope qui vibre... ou les deux. Crotte, les nuages se pointent...

Dimanche 19.

L'après-midi, on passe quelques temps à régler quelques points. On prépare aussi notre soirée d'observation.
Sur le télescope, déjà, on s'aperçoit qu'il n'y a pas le baffle du secondaire... on voit le ciel autour du secondaire. Si-si!! Donc la lumière du ciel arrive directement à l'oculaire. Ca risque d'être gênant.
Le soir, on se réinstalle pour observer. On essaie de passer un peu de temps pour apprivoiser le "goto"... pas beaucoup mieux. On perd un peu de temps au début.
On passe quelques NP en revue. Cette fois, on voit des choses. On est un peu plus tôt avant que la lune se lève, c'est peut-être ça. Mais bon, cela ne nous laisse pas sans voix non plus. On tente quelques croquis. Personnellement, je profite pas mal du temps dehors, entre la chaise longue pour observer la voie lactée à l'œil nu, et le T460 du club. J'en profite pour essayer de repérer (et apprendre à repérer) quelques objets du ciel profond... j'arrive maintenant à localiser quelques petites choses. J'ai commencé par M57, que j'avais vu avec mon T150. C'est quand même plus beau au 460.
Ensuite, on fait des classiques, M13, M91, dans hercule... je vois même M31 à l'œil nu. Je sais la trouver maintenant, elle-aussi...
On s'est également fait un petit lever de lune, magique aussi.
Je passe un peu aussi au T600, tente quelque croquis sur mon cahier, histoire de voir ce que je peux sortir comme dessin, moi qui ait toujours été une bille en dessin.
Là aussi, les nuages se sont pointés peu après la lune...
On a constaté aussi quelques autres petites choses sur le 600 :
- Pierre a gentiment amorti de son épaule un oculaire qui est tombé du cabestan (merci Pierre)
- Le T600 ne peut pas faire un tour complet (un fil de terre l'en empêche). Et puis, les autres câbles, faut les surveiller aussi, car les connecteurs ne tiennent qu'à un fil.
- Le T600 n'est pas collimaté, c'est une certitude maintenant.
- On a vu le format des fichiers des catalogues pour le goto. On devrait pouvoir s'en faire nous même.

Lundi 20 (et mardi, et mercredi, et jeudi...)

Il ne fait pas beau, mais alors, pas beau du tout. Il suffit de voir nos photos pour s'en convaincre.
Le mardi ou mercredi, on a descendu les voitures par précaution, le temps pouvant se dégrader rapidement. On les a descendu à 2500 mètres environ, puis remonté à pied. 1H15 pour remonter, ça fait du bien, mais ça fatigue, mais ça fait du bien. Mais ça fatigue.
Du coup, on en a profité pendant 4 journées pour :
- faire des catalogues : 200 étoiles les plus brillantes, NGC, IC... maintenant, le goto à des catalogues utilisables pour tout un chacun.
- Serge a refait un porte oculaire pour faire une rapide mise au point, et finalement ajuster avec la télécommande du 600. Il l'a fait avec des raccords existants. Il a même laissé le plan dans l'armoire de l'observatoire, pour info.
- On a fait avec Pierre la collimation du secondaire, avec l'autorisation des responsables.
- Serge a refait un câblage de la salle, manque juste des faisceaux propres à faire. Maintenant, le T600 peut faire un tour complet.
- Serge a branché le Telrad du télescope sur le courant du même télescope, plutôt que d’utiliser ses propres piles. Du coup, plus besoin de penser à l'éteindre en fermant la coupole (Pierre s'est faire un plaisir de rayer cette ligne de la check-list).
- Accessoirement, Serge et Pierre ont fait un va-et-viens dans la cuisine. En effet, cette pièce étant aussi un passage, c'est le genre de chose qui permet d'éviter de laisser la lumière allumée pour rien.
- Au passage, on a recollé un globe de lumière dans la cuisine qui était cassé.
- Et des fois que ça ne suffisait pas, le père Cyril a fait bricoler son secondaire de Strock par Serge... galopin va.
- Ah oui, et on a retrouvé le baffle du secondaire et réinstallé.
- Et même si on y est pour rien, le groupe électrogène a été réparé aussi, par Jo et un diéséliste qui sont montés un après-midi. Pour les remercier, on leur a offert l'apéro. Serge a pu profiter de l'occasion pour poser à Jo "SA" question : peut-on manger les marmottes?

Le jeudi soir, alors que l'on s'était préparé encore pour une nuit noire (au sens couverte), et que l'on pensait même rentrer le vendredi, dans un moment de déprime, on avait dîné plus tard. Je sors alors pour ce que l'on appelle une petite commission, et que vois-je? Hein? Ba oui, des étoiles !! plein !! partout !! (normal, mais quand on s'y attend pas, ça fait bizarre).
Je rentre en courant, averti tout le monde. Évidemment, en 5 secondes, tout le monde était dehors pour regarder... Et là, branle-bas de combat, alerte rouge niveau maximal, tout le monde sur le pont, chacun à son poste, hissez la gran'voile... je m'égare, mais franchement, c'est l'impression que ça fait... je crois que jamais une équipe n'aura été prête à observer en si peu de temps (le temps que Serge finisse la vaisselle, et il va vite, le bougre), on était prêt : télescope allumé, orienté, coupole tournée, PCs allumés, goto prêt et initialisé, premier objet NGC prêt à être pointé.
Et quelle nuit on a eu... belle, limpide, quoiqu'un poil turbulente. Du coup, je ne suis même pas passé sur le T460 je crois, j'en ai profité un maximum, d'autant qu'avec tout ce que l'on avait fait, il y avait quand même du mieux, bon sang d'bois.
Les nuages se sont repointés vers 1h je crois, mais on a pu sortir quelques dessins.

Vendredi 24

Notre moral étant regonflé à bloc grâce à la nuit passée, nous nous remettons au travail pour se préparer au mieux à la prochaine nuit, malgré le temps couvert de la journée, dès fois que cela nous rejoue le même coup.
Le soir arrive, le ciel étant dégagé au loin (mais pas chez nous), on a pu voir un joli coucher de soleil avec un rayon bleu, rien de moins. De plus, le soleil éclairant le plafond nuageux par dessous, on a eu un spectacle depuis le pic même de toute beauté.
22h, toujours couvert. Pas grave, optimistes, on va se coucher, en mettant le réveil. 23h30, Serge se lève pour aller voir dehors. Rien, pas grave, on remet le réveil pour 1h00. 5 min après, donc vers 23h35, Cyril se pointe...
- Venez! Y'a plein d'étoiles...
- Tu veux rire, on vient d'aller voir.
- J'vous jure, c'est nickel...
- Si c'est une blague, tu vas finir à poil dehors toi...
... Et Cyril n'a pas finit à poil dehors... car oui, ça s'était dégagé en un rien de temps.
La lune avait quand même bien baissée, et se levait déjà plus tard, ce qui nous a permis en fait d'observer jusqu'au petit matin. Là, on a fait pas mal de dessins, je me souviendrai surtout, au petit matin, de M42, dans Orion. Cette nébuleuse m'a laissé sans voix. Elle était magnifique dans l'oculaire, bien trop grande pour la focale que l'on avait, mais d'une beauté... et un trapèze évident. On s'est couché vers 6h30, 7h, heureux et pas spécialement fatigué en plus.

Samedi 25.

Accueil de nos successeurs de la SAN.
Je descends aussi avec Serge pour aller chercher la voiture. L'avantage en descendant, c'est qu'on peut couper tout droit. D'ailleurs, en descendant, on a croisé de loin un gars qui montait... sauf que lui aussi coupait, en montant. Et bien il a grimpé comme ça jusqu'en haut le bougre... quasiment aussi vite que ce que l'on a mis pour descendre. On pensait que c'était quelqu'un de la SAN, mais non. Arrivé en haut, on a discuté un peu avec lui. C'est un américain, qui vit à Madrid, et qui passe ses vacances dans le coin. Il fait un col chaque jour, à pied... chacun s'occupe comme il peut, après tout.
Pour le temps, rebelotte. Temps couvert la journée, dégagé le soir.
On a refait un coucher de soleil, là encore avec un petit rayon bleu (décidément, deux coucher, deux rayons bleu).
Étant chauffeur le lendemain pour rentrer, je prends le parti d’aller dormir, et de laisser mes camarades observer toute la nuit, jusqu'au petit matin. En fait, ils ne se sont même pas couchés.
La nuit, on a eu droit à l'alarme du détecteur de monoxyde de carbone. En fait, comme on fonctionnait sur le groupe électrogène, réparé pendant notre séjour par Jo et un diéséliste, le détecteur devait déconner un peu. Mais bon, comment savoir si un détecteur déconne ou si c'est une vraie alarme. Au début tu te dis que c'est une vraie alarme, alors tu coupes le chauffage au gaz. Puis quand ça sonne toujours autant, tu aères. Et enfin, quand il continue à sonner, tu le coupes (non mais!).

Dimanche 26

Dès la fin des observations, ils ont rangé le matériel, m'ont réveillé pour charger les voitures, on a attendu de lever de soleil (après avoir fait aussi le coucher la veille) et roulez jeunesse!
A 17h30 on était rentré, heureux tout de même de notre semaine.



© Tous droits réservés 2008 MAGNITUDE 78

récit de la mission