Le  Capricorne      (Cap)
Capricornus  (i)    (414 degrés carrés)


    Le "Capricorne"  :  étymologiquement  la "Corne du Sanglier"... mais aussi celle "du Bouc, de la Chèvre, du Bélier". Qui dit corne, dit force, puissance, virilité... Regardez-la, altière, dressée droit vers le ciel, triomphante, aux étoiles Alpha et Bêta. Elle pointe en direction d'Altaïr - l'oeil de l'aigle - qui la guette du haut des airs. Elle surgit, cette corne, comme d'un tombeau, d'une région ténébreuse, dépourvue en étoiles (ou presque), à l'Est du Sagittaire et de la Voie Lactée. L’équinoxe d'automne commence avec elle, le soir, aux premiers feux de la nuit. Le corps de cet animal bizarre, à tête de bélier et à queue de poisson - oui ! - se déploie vers l'Est jusqu'à l'étoile Delta  - la queue - qui marque l'angle oriental de la constellation, avant de revenir vers l'occident par 20° de déclinaison sud :  Un V couché à corne, tel est le Capricorne.

    Drôle de bête ! Une sirène ?...  On raconte que le dieu des bergers et des bois, le dieu "Pan", ayant plongé dans le Nil jusqu'à mi-corps,  prit la forme d'un poisson en dessous, d'un bélier au-dessus. Est-ce lui, là-haut ? Au coeur de la constellation, l'étoile Eta qui passe au méridien 21 h et au 20ème parallèle sud : belle croix de coordonnées qui divise le Capricorne en quatre parties égales. Pas mal !

    Un bélier, un poisson  : génial ! Qui dit bélier, qui dit poisson, dit Jésus-Christ ! Oui ! "L’Agneau de Dieu" dont le symbole est le Poisson (1) , gravé dans la pierre, peint sur les murs, dessiné à la plume... au bas des parchemins, au fronton des églises, au secret des catacombes... dès les temps apostoliques ! Oui, c’est lui ! Avec le Christ nous entrons dans l’ère des Poissons, la preuve  : depuis 2000 ans, le point vernal - origine des coordonnées célestes – se trouve précisément dans la constellation des Poissons - précession des équinoxes oblige.

    Autre signe christique. Et oui encore !... Quand le Soleil arrivait au creux de sa course, au solstice d'hiver, il était précisément dans le Capricorne, il y a deux mille ans, à 23,5° de déclinaison sud. Il serait né sous le signe du Capricorne "le petit gars de Dieu" ! le "soleil de Justice" !

    Rappelons l'observation chinoise suivante : ils ont vu, les guetteurs de l'Aurore, se lever sur l'empire du Soleil Levant, une étoile brillante, inconnue jusqu'alors, dans la "9ème maison" : celle du Capricorne précisément, au mois de mars de l'an -5, restée visible pendant plus de 76 jours... Quant à identifier et localiser exactement cette nouvelle venue... nous verrons ci-après (voir le Verseau).

    Le Capricorne et son tropique, vous connaissez, qui passe à 23°5 de latitude sud. Passait plutôt... il y a deux mille ans. Et c’est depuis cette constellation préférée que l’astre du jour renaissait pour gagner, l’été suivant, le sommet de l’écliptique. Depuis, la précession a bousculé l'ordonnance. On devrait parler aujourd'hui du "Tropique du Sagittaire". De même on devrait dire "tropique des Gémeaux" et non plus du "Cancer" pour le tropique nord. 2000 ans de retard  : que nous sommes lents à suivre le mouvement des astres... pourtant si peu rapide !

    Donc, depuis le Capricorne, le Soleil reprenait sa course ascendante pour gagner le faîte de l'écliptique. "Rien d'étonnant à cela, les chèvres ont l'habitude de grimper toujours", s'exclame Macrobe, au 5ème siècle de notre ère. Sans commentaire... Le Capricorne et le Cancer  : ces deux constellations sises en bas et au sommet de l'Ecliptique portaient chacune le nom de "Porta solis"  : "la Porte du Soleil". Il y passait pour gagner soit la région la plus haute, soit la plus basse. Jeu de cache-cache perpétuel...

    Regardons maintenant attentivement cette fameuse corne. Ma parole ! Il y en a quatre, six même ! 2 pour l'étoile Alpha, la plus haute  : écartement de 6 minutes de degré (379") - 2 pour l'étoile Bêta  : 3' d'écartement  (205"). Magnitudes : 3,57 et 4,24 pour les premières, 3,05 et 6,2 pour les secondes. Et 2 pour l'étoile Rhô dans l'alignement sud :  4' d'écart (253"), magnitudes 5 et 6,7  cette dernière visible aux jumelles seulement. (2)
Distance des deux plus hautes : 110 a-l pour Alpha 2, la plus brillante,   690 a-l pour Alpha 1 ;
Distance de Bêta 2, la plus brillante : 344 a-l,   de Bêta 1  : 314 a-l.
Distance de Rhô  : 104 a-l  , quant à sa voisine ?

Originales les "Cornes de l’Agneau" !  (3)

Signalons l'amas globulaire M.30, dit "amas à cornes"... Evidemment bien sûr...




    b       Bêta 2 Capricorni  :  Dabih

    a = 20 h 21 m 00 s        d = -14° 46' 53"     Sp  : F8  V (?)      T  : 6000 K   (BC  : -0,05)
    m = 3,05    M = -2,07    L = 570    p = 9,48    Dist  : 344 a-l
    spectroscopique, double optique + un compagnon

    "Dabih" = "la Corne", et mieux encore "la Fortune de la Corne" dans l'expression arabe complète (4) . La bonne fortune ! Heureux qui naît sous ses hospices... Double optique, nous l'avons vu,  avec Bêta 1, et triple optique avec une autre étoile de magnitude 9, à 3 minutes d'écartement (226"). Joli triplet aux jumelles.
    Examinons-la cette corne. Quelle complexité ! Plantée à 344 a-l, elle signale sa présence par 570 soleils réunis. Impossible de ne pas la voir ! Peut-on imaginer, dans cet unique faisceau, trois étoiles ? – Oui ! triplet spectroscopique ! Trois flammes, qui marient joliment leurs couleurs  : une étoile mère et son doublet de compagnon. Période de ce dernier : 8,67 jours avec, en son sein, une étoile bleue (B8). Période de cette paire avec l'étoile principale toute blanche : 3,7 ans (1374,126 j). Corne de vie ! Corne d'abondance ! La bonne fortune, oui, vraiment !


     a    Alpha 2 Capricornii  :  Algebi    

     a = 20 h 18 m 03 s       d = -12° 32' 42"    Sp  : G9 III    T  : 4950 K    (BC = -0,5)
     m = 3,57    M = 0,95    L = 35        p = 30,01    Dist  : 109 a-l
     double optique et double physique


    Comment te délaisser, toi, l’extrémité de la Corne ? En principe tu sors du cadre de mon étude (trop faible), mais je ne puis faire sans toi ! "Algebi" = le "Capricorne". A l'oeil nu, je te vois double avec Alpha 1, (à 6' d'écartement) couple optique, nous l'avons dit. Au télescope, je te vois double à nouveau avec une étoile de magnitude 11 à 6"6 de ta flamme.

    Qu'en est-il de ton portrait ? Décris-nous ton visage ! "Soit ! il est bronzé à souhait, aux feux jaunes-orangés de mes rayons. Vacances perpétuelles ! à 109 a-l. 35 soleils pour brunir ma peau... Aussi mon rayon est splendide : 10 r.s.  3 masses solaires dans mon contour. Je me porte à ravir ! Venez, rassasiez-vous de ma beauté..."


    d      Delta Capricorni  :   Deneb Albégi

    a = 21 h 47 m 02 s         d = -16° 07' 38"     Sp  : A7  III  m
    m = 2,85    M = 2,49    L = 8,6        p = 84,58    Dist  : 38,5 a-l
    spectroscopique (algolide) + 2 compagnons

    "Deneb Albégi" = la "queue du Capricorne", en queue de poisson ! Queue qui vient frôler les étoiles de notre voisinage  : 38,5 a-l. Son éclat varie, passant de la magnitude 2,81 à 3,05 en 1 jour (1,0228). Pourquoi cela ? - Un duo perpétuel s'exécute dans ce corps de feu. Deux étoiles s'enlacent et se contournent en un jour ! et, croisant notre rayon visuel, s'éclipsent mutuellement. Leurs protubérances s’embrassent  : chaud baiser !... leurs vents s’emmêlent, leurs couronnes se marient... Je voudrais voir cela. L'éclat total du couple grimpe à 8,6 soleils. Quelle paire !

    Deux autres compagnons très faibles abordent le système à 69" et 119" de degré. Magnitudes : 12,6 et 15. Discernez-les...


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note 1 - "IXTUS" en grec. Chacune de ces lettres est l'initiale de "Jésus Christ de Dieu le Fils Sauveur"
note 2 -  Notons que les étoiles Pi et Omicron sont aussi des doubles, serrées  : 3"23 et 21" 93
note 3 - Apoc. 5/7
note 4 - Et non pas "l'Egorgeuse" mauvaise traduction que l'on retrouve souvent.