L'Hydre (femelle) (Hya)
Hydra (ae) (1303 degrés carrés)
Si elle
pouvait faire le tour du ciel !... L'Hydre s'étend sur 7 heures
d'ascension droite : plus d'un quart de la voûte
céleste ! Serpent de mer gargantuesque, moulu dans les eaux
sidérales, caressant de sa queue immense la planète
Terre... Par le passé, elle a barboté, paraît-il,
dans les marécages de l'Argolide, au nord de la Grèce.
L'Hydre de "Lerne" : nom de ce fameux marais. Hercule dut en
venir à bout pour mériter le rachat de ses fautes. Pas
facile ! car elle ne craint ni dieu ni diable... Coupez-lui la
tête, elle repousse - et il y en a plusieurs ! Hercule
réalisa l'exploit, unique, mémorable... grâce
à un truc, sorti tout droit de ses neurones : il somma son
neveu de brûler chaque tête à mesure qu'elle
tombait. Sale boulot... mais très efficace !
L'Hydre
figure parmi les 48 anciennes constellations de la sphère
grecque. Comment ne pas voir dans le ciel de printemps ce corps
allongé - ligne sinueuse d'étoiles - bordant le Lion,
rampant sous la Vierge, touchant la Balance ?... L'animal s'est
réfugié dans le ciel après avoir effrayé la
Terre...
Si grande
cette constellation, qu'elle est bel et bien la plus grande : 1303
degrés carrés, alors que la "Croix du Sud" - la plus
petite de toutes - n'occupe que 63 degrés carrés :
vingt fois moins ! Attention ! Il s'agit là de l'Hydre
femelle, très vieille... Il existe une "Hydre mâle", toute
jeunette, inventée par Bayer au XVIIème siècle, se
tortillant aux latitudes australes - invisible en France
métropolitaine, et régnant sur un territoire cinq fois
moindre (243 degrés carrés). A court d'imagination
l’astronome...
"Le
serpent était le plus beau de tous les animaux ..."
(Genèse). Et le premier au rang des constellations du ciel. Zut
alors ! car on sait ce qui arriva... "ce fut le serpent qui creva"...
non ! Adam et sa femme Eve ! puis toute leur marmaille... Il sort sa
tête, puis sa queue démesurée, lorsque revient la
saison des lilas. Avec lui, la nature s'anime, l'hirondelle babille, le
bourgeon éclot... l'Hydre ondoie, au gré des brises
légères, non loin de l'horizon terrestre (à nos
latitudes). Peu lumineux ce reptile... Son étoile principale -
Alpha - de magnitude 2, dessine un triangle rectangle avec
Régulus et Procyon : facile à trouver ! "Alphard" :
c'est son nom, et le coeur de l'Hydre. La tête - une boucle
d'étoiles - franchit sans crainte l'équateur
céleste, cherchant du regard une proie frivole : le Crabe ! (le
Cancer) qui se prélasse au-dessus. Le reste du corps ainsi que
la queue descendent dans l'hémisphère austral,
s’étirent vers l'Est, piétinés par le Lion,
terrassés par la Vierge. Youpi !...
e Epsilon Hydrae
a = 8 h 46 m 46
s d = 6°
25' 07" Sp : G0
III T = 5900 K (BC :
0,03)
m = 3,38 M
= 0,29 L = 65 p
= 24,13 Dist : 135 a-l
sextuple
Commençons par la tête, rebelle, indomptable, même
pour l'astronome. "Epsilon Hydrae" chérit la complexité.
Une hydre à six têtes : véridique ! dont les
trois premières, brillantes et rapprochées, forment le
noyau central de cette étoile multiple. - "Comment se fait-il
que, sur ce trio, deux seules soient visibles au télescope, de
magnitude 3,4 et 6,8 et écartées de 2"7 (an 2000) ? " -
"Parce que la troisième, de magnitude 4,7, se cache à
0"238 (demi-grand axe) de l'étoile principale : bien
difficile à saisir. Toutes deux tournent en 15,05 ans.
L'astronome Heintz a établi la période du couple visible
: 890 ans (demi-grand axe 4"5). Ah ! si nous pouvions approcher de
cette triple cervelle ! Entre les deux premiers soleils, 10 UA
seulement (du Soleil à Saturne), entre les deux seconds, 186
UA : 5 fois la distance du Soleil à Pluton." - "Mais vous
aviez parlé d'une Hydre sextuple ?" - "Oui, bien sûr !
Vous ne voyez pas ces trois petites étoiles, de magnitudes 10,
10 et 12,4 à 5' , 6' , et 19"2 de l'étoile
principale, respectivement ?" - "Appartiennent-elles vraiment au monde
d'Epsilon Hydrae ?" - "Ca, c'est une autre histoire..."
z Dzêta Hydrae
a = 8 h 55 m 23
s d = 5° 56'
44" Sp : K0
III T = 4900 K (BC :
-0,5)
m = 3,11 M
= -0,21 L = 100 p =
21,75 Dist : 150 a-l
simple
"Dzêta Hydrae" : une seconde tête ! ayant fait sa
place au soleil à 150 a-l. Toutes les étoiles de l'Hydre
se trouvent entre 100 et 180 a-l ; toutes possèdent ces tons
chauds, chatoyants, bel éclat dans les flots bleu-nuit...
Celle-ci est orange ; elle étale ses 17 diamètres
solaires sous l'oeil amusé de l'observateur. On compte 4 masses
solaires dans son orbe, une densité faible : 0,0008. 100 soleils
abreuvent sa flamme. Visitez-là ! Aucun ami ne l'accompagne,
sinon vous...
a Alpha Hydrae : Alphard.
a = 9 h 27 m 35
s d = -8° 39'
31" Sp : K3 III T =
4200 K (BC : -0,75)
m = 1,99 M
= -1,69 L = 400 p =
18,40 Dist : 180 a-l 2
compagnons
"Alphard" : le voici ce coeur "solitaire" - c’est son nom -
isolé dans une région sombre, pauvre en étoiles
brillantes. A bien y regarder - au télescope - elle a
trouvé de la compagnie : deux étoiles de faible
éclat, magnitudes 9,5 suivent ses traces à 3' et 4'.
Coeur triple, du moins en apparence. Comment percer la nuit qui cerne
ce marécage ? En crachant des flots de lumière : 400
soleils aux reflets dorés éclaboussent les
ténèbres. 52 diamètres solaires rayonnent dans
l'éther glacé. Parviendra-t-elle à
réchauffer l’espace ? 6 masses solaires en action jour et
nuit...
n Nu Hydrae
a = 10 h 49 m 37
s d = -16° 11'
37" Sp : K2 III T =
4500 K (BC : -0,7)
m = 3,11 M
= -0,03 L = 87 p
= 23,54 Dist : 138 a-l
simple
"Nu
Hydrae" : sise au contact du corps, de cette peau rugueuse,
râpeuse, rocailleuse, noueuse... Non loin, la Coupe
s'apprête à répandre son délicieux breuvage
sur le corps rampant : douche gratuite ! Cette étoile a
avalé tout l’hydrogène - autre breuvage - qu'elle
possédait en son coeur, pour entamer la seconde phase de sa
vie : la fusion de l’hélium (au moins). Comme les
autres étoiles de l’Hydre étudiées ici.
Admirez sa mine réjouie, où luisent 87 soleils
dorés à point. Son tour de taille fait d'elle une
géante : 20 rayons solaires, pour 4 masses solaires. Belle star
!
g Gamma Hydrae
a = 13 h 18 m
55s d = -23° 10'
17" Sp : G5 III T =
5300 K (BC : -0,2)
m = 2,99 M
= -0,05 L = 89 p
= 24,69 Dist : 132 a-l
1 compagnon
"Gamma
Hydrae". Nous approchons à pas lents de la queue. Elle est si
longue ! Aïe, aïe ! C'est ici que frappe la Vierge, sur le
corps indocile - l'étoile apparaît au sud de l'Epi. Que
nous réserve-t-elle cette géante jaune ? Va-t-elle
expirer sous les coups ?... Se contracter ? se dilater ?... Pour
l'heure, 89 soleils irradient sa robe de feu, 12 rayons solaires dans
cet habit de 3,6 masses solaires !
Notons la présence d'un compagnon de magnitude 9,7 à plus de 2 minutes (138"4).
p Pi Hydrae
a = 14 h 06 m 22
s d = -26° 40'
56" Sp : K2 III T =
4500 K (BC : -0,7)
m = 3,25 M
= 0,79 L = 41 p
= 32,17 Dist : 100 a-l
simple
"Pi
Hydrae" : bientôt le bout de la queue qui se termine à
l’étoile "Sigma", de la Balance ! Cette étoile
bronzée n'a rien à envier à ses soeurs
reptiliennes. Regardez : elle étale au regard de la nuit
sidérale ses larges dimensions : 14 rayons solaires, pour 3,3
masses solaires ; 41 soleils enflamment son éclat qui
s’en va visiter, comme nous, l'éther insondable...
Beau final pour une hydre plantureuse !
* * * * * * * * *