Le Sagittaire (Sgr)
Sagittarius (ii) (867 degrés carrés)
La nuit
tombe. Les grillons ébranlent de leurs ailes vibrantes l'air
chaud qui s'élève des touffes herbeuses et du sable
doré. Le monde s'apaise et repose. Bientôt, un
scintillement apparaît : Véga, Arcturus, pointent le bout
de leur nez et observent, curieuses, la planète qui
s’endort. Vers le Sud, la rouge Antarès s'allume, puis,
à petit feu, toute la constellation du Scorpion, si
aisément reconnaissable à sa forme. A l'est
immédiat, et tout au long du méridien - en cette
nuit d'été - surgit pâle et délicate, la
Voie Lactée, du tréfonds des âges. Disque
d'étoiles, grand plus que le ciel, immensément
lointain... Une fumée, qui depuis la constellation de l'Autel,
monte tel l’encens au coeur de l’empyrée ? Les
Anciens le croyaient. Monde secret que notre Galaxie (galax = lait en
grec), vue sur la tranche, où le soleil habite, ainsi que tous
les astres visibles à l'oeil nu, y compris les plus
écartées de ce chemin royal... Toutes appartiennent
à ce disque aplati, aux bras étendus (100 000 a-l de
diamètre), d'une épaisseur relativement faible (3000 a-l
aux environs du Soleil).
Regardons
à nouveau l'horizon sud. Devant la Voie Lactée, brillent,
sur ce décor de rêve, des étoiles puissantes. Une
constellation a germé en ces lieux, comme une fleur au soleil de
midi : le Sagittaire, du latin "Sagitta" = "flèche".
Constellation grandiose qui descend jusqu'à -45° de
déclinaison, et s'étire sur deux heures sidérales
(de 18 à 20 h). Neuvième signe du Zodiaque - si
l'on prend, comme toujours ! le Bélier pour origine. Personnage
fabuleux, mi-homme, mi-cheval, cavalier émérite, maniant
l'arc dont la flèche aérienne n'attend qu'un signal pour
partir. Où ? Vous le saurez bientôt...
C'est
là, dans cette constellation, que le Soleil se trouve en hiver,
bas sur l'horizon sud, avant de grimper sur le dos du Taureau, au
faîte de l'écliptique, en la saison d'été.
Chemin houleux que le sien, montagnes russes, à vous couper le
souffle. "La faute à toi, Planète bleue, qui te penches,
curieuse, sur le balcon du monde, pour mieux voir l'Univers... ce
faisant tu inclines ton axe sur le vide cosmique..." - "Heureux choix !
répond-elle, sinon dans ton jardin, pas de fleurs de printemps,
pas d'épis sur la tige, ni grappe de raisin, ni de bonhommes de
neige !... Ferme ton parasol, range tes skis de piste... Adieu les 4
saisons ! Alors... applaudissez plutôt à mon
inclinaison ! 23° 26' : mon angle favori !"
L'arc de
cet archer singulier apparaît aux étoiles Lambda, Delta et
Epsilon (plus 2 plus faibles à chaque bout). Il est tendu, sa
flèche "Gamma Sagitarii", cherche à viser le centre de la
cible. Quelle cible ? Ah... Vous voulez le savoir ? – Et bien
voici : cet archer veut toucher le noyau galactique, qui se
trouve à 30 000 a-l de ses rives - des nôtres tout du
moins. Prétention inouïe ! insensée ! Alors, si vous
cherchez le centre de la Voie Lactée, rien de plus simple
: suivez la flèche du Sagittaire. D'autant plus utile cette
flèche qu'elle vous aidera à traverser les
épaisses poussières qui encombrent le secteur. Sur votre
route, un panneau indicateur : l'étoile X Sagittarii
; à 1° au sud, se trouve le coeur que vous cherchez, sombre
comme le ciel. Pour plus de précision, reportez-vous à
ces coordonnées (1950) : AD = 17 h 42,4 m et
Déc = - 28° 55'.
"Dis
papa, c'est savant un centaure ?" - "Pourquoi cette question, mon petit
?" - "La maîtresse dit que oui" - "Alors, ça doit
être vrai." - "Il paraît qu'un jour l'un d'entre eux fut
maître d'école." - "Qu'est-ce que tu racontes ?" - "Oui !
Achille était son élève, tu sais, le héros
de l'Iliade !" - "Oui, l'Iliade et l'Odyssée, le récit
d’Homère... Mais, mon petit, il ne faut pas croire tout ce
qu'on raconte !" - "Il n’a pas existé Chiron ? - "Chiron ?
Ton centaure ?" - "Oui ! moi je crois qu’il a existé... il
a même enseigné la cosmographie à Achille !" -
"Ecoute fiston, tu ferais mieux d'apprendre tes leçons." -
"Papa, je voudrais étudier la cosmographie : la science du
ciel !" - "Commence à potasser ta géographie, on verra
après..." - "Tu sais que c’est Chiron qui a
fabriqué le premier globe céleste ? " - "Ah non..." - "La
maîtresse, elle a même dit que les Centaures,
c'étaient des Grecs." - "Des Grecs ? Allons bon..." - "Oui ! des
gens très forts, qui ont su dompter le cheval." - "Alors
ça doit être pour ça qu'on les représente
toujours sur leurs montures." -"Oui !... J'aurais bien voulu être
un centaure !" - "Trop tard, mon petit, trop tard..." -" Il
paraît que dans le ciel il y a une constellation qui s'appelle le
Centaure." - "Ca ne m'étonne pas." - "Pourquoi ?" - "Puisque
Chiron, m’as-tu dit, a fait le premier globe céleste !" -
" Et le Sagittaire, c'est aussi un centaure, papa ?" - "Comment veux-tu
que je le sache ?" - "Mais c'est un homme-cheval !" - "Alors oui, sans
doute... peut-être... "
Regardons-le ce Sagittaire : derrière l'arc, 4 étoiles
dessinent un petit quadrilatère ; Sigma et Phi pour le bout de
la flèche, Tau et Dzêta pour le bras et la main qui la
tient. A l'extrême sud de la constellation, la patte avant du
cheval, marquée par les étoiles Alpha et Bêta,
très brillantes autrefois. La tête apparaît à
l'étoile Pi... la croupe à l'étoile
Oméga... Il est très grand cet homme-cheval. Pas
étonnant qu'il tente sa chance jusqu'au bout du monde...
Examinons
un instant ce coeur galactique. Difficile, difficile... même avec
un télescope. Des nuées obscures, interstellaires, le
dissimulent à l'observation. Heureusement, tout est prévu
pour l’ausculter, grâce à Dieu ! car les ondes radio
ou infrarouge traversent sans problème ce rideau de nuages. Que
se passe-t-il derrière ? - Des choses merveilleuses ! Du centre
de la Voie Lactée sort un rayonnement radio très intense,
si puissant qu'il brillerait comme le soleil ! s'il était dans
le visible. Oui ! c'est la source radio la plus
énergétique du ciel, découverte par Jansky, un
simple ingénieur qui cherchait à dénicher les
parasites responsables du brouillage de ses émissions de radio.
Ce "bruit", surgissant du fond du ciel, étourdissaient ses
détecteurs.
Alors,
qu'y a-t-il dans cette source radio ? Remarquons d'abord qu’elle
est très étroite, ponctuelle pour ainsi dire, de l'ordre
du millième de seconde de degré (0"001) de
diamètre, ce qui lui donne une dimension de 10 UA
(Soleil-Saturne). Dans cette zone minuscule, cohabiteraient tant bien
que mal, plutôt mal que bien, près de trois millions de
masses solaires ! Nombre exact ? (1) "Un trou noir !" crie-t-on
de tous côtés. Pas si vite !... car aucune
émission en rayons X ou Gamma n'a été
détecté. (2) Tout semble étonnamment
calme, alors qu'en radio le rayonnement est intense, et qu'un champ
magnétique puissant s'échappe du lieu. Voir des
détails plus fins ? Rien à faire... Nous sommes à
la limite de résolution des instruments. Par contre, à
l'extérieur et tout autour de ce centre actif, des tourbillons
gigantesques ! du gaz ionisé, des poussières,
agités par des vents violents... sources infrarouges,
étoiles en grand nombre, bref... un milieu riche, tumultueux, en
mouvement incessant, perpétuel... Ceci dans un rayon de 50 a-l
environ (6' de rayon sur le ciel), source appelée
précisément "Sagittarius A". (3)
"Sagittarius A, livre-nous ton coeur !"
Oui !
région très riche que celle du Sagittaire. Amas,
nébuleuses, novae... se disputent ce coin de ciel. Profitez-en !
J’oubliai : certains voient dans la forme de cette
constellation une banale "théière" dont le bec verseur
ouvre sur la Voie Lactée : la vapeur qui s’en
échappe !... Ca ne vaut pas - à mon goût - un
Sagittaire !
g Gamma Sagittarii : Asnasl ou Nash
a = 18 h
05 m 48 s d =
-30° 25' 26" Sp : K0 III
T : 4900 K (BC : -0,5)
m =
2,98 M = 0,63 L =
50 p = 34
Dist : 96 a-l simple
Commençons par la flèche, et plus
précisément "le fer" = "Asnasl" de la flèche,
couleur feu, fer rougi, prêt à incendier l'Univers !
50 soleils au total. On dirait une arme sortie d'une forge
céleste ! Oui, c'est cela ! Qui va-t-elle frapper ? Le centre du
monde ?... Pas encore ! puisque Asnasl croise, pour l'instant, à
96 a-l de nos frontières. "J'ai prévu des
réserves, dit-elle, à qui sourit à l'aventure :
3,3 masses solaires, dans un rayon 12 fois plus grand que celui de
votre étoile. De longs siècles devant moi !..." A noter
que son mouvement propre sur la voûte céleste va
pratiquement vers le sud à raison de 0,20 seconde de
degré par an. Quant à son mouvement radial,
d’éloignement, il est de 22 km/s. Pas encore
arrivée !
s Sigma Sagittarii : Nunki
a = 18 h
55 m 15 s d = -26°
17' 48" Sp : B3 IV-V
T : 19 000 K
(BC : -2)
m =
2,05 M = -2,14 L =
600 p = 14,54 Dist : 224
a-l un compagnon
Qui a
lancé cette flèche dans les cieux ? Le Sagittaire ?
Eh non !... vous n'y êtes pas du tout ! C'est un babylonien. - Un
babylonien ? Et pourquoi donc ? - C'est toute une histoire... Il
était une fois, un roi, qui cherchait pour sa ville
nommée "Eridu"- sur le Golfe Persique - un emblème
digne de la représenter. Une statue ? Non ! Un monument ? Non
plus ! Une maxime ? Bof ! Un blason ? Banal !... "Pourquoi pas
une étoile au firmament du ciel ?" proposa l'un des
conseillers... L'idée plut au maître du lieu. Mais
voilà... laquelle ? - "Si l'on prenait, Majesté, celle
qui luit dans la main du Sagittaire (Sigma) et qui incarne le penne de
la flèche ? Elle serait notre messagère, le gage de nos
victoires, le signe de notre puissance, le porte bonheur de nos
armées... On pourrait l'appeler "Nunki" - nom qui dérive
directement de "Enki", le dieu d'Eridu. " - "J'ai dit", publia le roi,
et la chose fut faite. "Nunki" entrait dans la légende.
Examinons-la aujourd'hui avec nos télescopes géants. Pas
si mal ! 600 soleils trouvent place dans cette paume, 5,5 rayons
solaires dans ce pennage. Ses rayons bleus, ultraviolets,
déjà vous percent l'âme. 10 masses solaires
entretiennent sa flamme. Bien choisi, "Eridu", ton emblème est
royal ! visible à 224 a-l.
On signale un compagnon à 5' d'écartement (309 ") d'une magnitude de 9,4.
f Phi Sagittarii.
a = 18 h
45 m 39 s d = -26° 59' 27"
Sp : B8 III T :
13 000 K (BC : -0,8)
m =
3,17 M= -1,08 L =
230 p = 14,14 Dist : 230 a-l
simple
Lampe
bleue, accrochée là, au montant de la flèche. Qui
la verra passer ? "Etoile filante !" - "Flèche filante !" partie
vers d'autres cieux. Brûlant projectile ! 230 soleils marquent
son passage dans nos nuits d'été, 4 soleils suffisent
à décrire son diamètre, 5 à compter sa
masse. File, file, belle étincelle, toi qui passe en ce moment
à 230 a-l.
d Delta Sagittarii : Kaus medius
a = 18 h
20 m 59 s d = -29° 49'
42" Sp : K2 III T :
4500 K (BC : -0,7)
m =
2,72 M = -2,14 L =
600 p = 10,67 Dist : 306
a-l 3 compagnons
"Kaus
medius" = "l'Arc en son milieu". Partira-t-elle enfin cette
flèche qui touche l'arc en cet endroit ? Il cherche à
bien viser, notre Sagittaire, le centre invisible ! de la Galaxie...
Pas facile ! Dans le foyer de cette étoile : 600 soleils, dans
son rayon : 54 rayons solaires, soit 38 millions de km ! "Kaus medius"
flamboie comme une torche ! Feu à voir à 306 a-l !
Trois
étoiles de magnitude supérieure à 12,
l'entourent à plus de 25" d'arc. De quoi exercer votre
acuité visuelle.
l Lambda Sagittarii : Kaus borealis
a = 18 h
27 m 58 s d =
-25° 25' 18" Sp : K2
III T : 4500 K (BC :
-0,7)
m =
2,82 M = 0,95 L =
35 p = 42,20
Dist : 77 a-l simple
"Kaus
boréalis" = "l'Arc en son sommet". Son arc était de
feu, son visage d'airain, le sabot de son pied arpentait l'Univers...
Rien, nul frein n'enrayait son élan... le Sagittaire. Nous
sommes, avec cette étoile, à 77 a-l. Nul besoin de forcer
sur le rayonnement : 35 soleils suffisent à chasser la
nuit qui nous sépare d'elle. "Je dois quand même souffler
très fort dans le ballon ! déclare-t-elle : 13 rayons
solaires, et user mes réserves : 3 masses solaires !"
e Epsilon Sagittarii : Kaus australis.
a = 18 h
24 m 10 s d = -34°
23' 05" Sp : B9 IV
T : 11 000 K (BC : -0,5)
m =
1,79 M= -1,44 L =
320 p = 22,55 Dist : 145 a-l
un compagnon
"Kaus
australis" = "l'Arc en sa partie australe". Multiplions chaque fois par
deux (à peu près) : Kaus borealis à 77 a-l, Kaus
australis à 145 a-l, Kaus medius à 306 a-l. Voici donc
notre arc dans ses dimensions réelles. Arme redoutable ! On
plaçait cette étoile à 85 a-l, avant "Hipparcos".
L'ordinateur de bord du savant satellite a rectifié le tir. "Il
va y avoir quelques grincements de dents chez les théoriciens de
l'évolution stellaire", me disait récemment Monsieur
Couteau - observateur d'étoiles doubles aux grandes lunettes de
Nice - en raison précisément des résultats
d'Hipparcos. Du coup, "Kaus Australis" s'enflamme : sa
luminosité triple, passant de 100 à 320 soleils. Son
rayon grandit jusqu'à 6 rayons solaires, sa masse augmente : 5,6
masses solaires. Forte embellie !
Une très faible étoile de magnitude 14,2 l'approche à 32,5". Qui la verra ?
Eta Sagitarii
a = 18 h
17 m 37 s d = -36°
45' 42" Sp : M3 II
T : 3300 K (BC : -2,5)
m =
3,1 M= -0,2 L =
100 p = 21,87 Dist : 150
a-l quadruple
L'extrême pointe sud de l'arc, d'un rouge éclatant. "Que
vois-je à l'oculaire ? Des quadruplés ? Ecartés de
3"6 pour les deux plus proches, les deux autres se tenant à 33"
et 93". Magnitudes 3,1, 7,8, 13 et 10. Sont-elles réellement
liées par la gravité, ces quatre beautés ?
Impossible à dire... du moins pour moi. Chose certaine : la plus
lumineuse, qui nous occupe ici, se trouve à 150 a-l - et
probablement aussi son premier compagnon - tant il est vrai que les
couples optiques serrés sont rares.. "Quoique rouge, donc
"froide" (3300°), je brûle comme 100 soleils réunis,
explique-t-elle. C'est dire si mon tour de taille réjouit les
espaces : 95 soleils, soit 66 millions de km de rayon. Je mangerai
Mercure ! Grain de sable, comparé à mes 7 masses solaires.
t Tau Sagittarii.
a = 19 h
06 m 56
s d =
-27° 40' 13" Sp : KI
III T : 4750 K (BC :
-0,6)
m =
3,32 M= 0,48 L =
50 p = 27,09
Dist : 120 a-l simple
Voici le
bras de ce Centaure, capable d'envoyer une flèche au bout du
monde. Il ne tremble pas. Quand va-t-il libérer son arme ?
Demain, promis ! Sa puissance : 50 chevaux-soleils, ses dimensions : 14
rayons solaires, sa masse : 3,5 masses solaires. "Je veux tenter ma
chance !" Supporters, accourez !... Départ donné à
120 a-l.
z Dzêta Sagittarii : Ascella ou Axilla
a = 19 h
02 m 36 s d = -29° 52' 49"
Sp : A2 III et A2
V T : 9800 K
m =
2,6 M = 0,42 L =
60 p = 36,61
Dist : 89 a-l double orbitale
"Ascella"
en latin, orthographié aussi Axilla (en latin
médiéval) = "l'aisselle" du Sagittaire. Cache-t-elle un
trésor sous son repli fermé ? Oui, oui ! Un
bijou que seuls les observateurs confirmés d'étoiles
doubles peuvent voir : deux perles bleues marient leurs
grâces à 0"5 d'écartement seulement (demi-grand
axe). Ouvre ton bras, centaure, laisse voir la merveille ! Rien
à faire ! La période de ce diamant céleste :
21,138 ans. Amateurs : usez vos yeux sur ce couple orbital... 60
soleils bleus réunis dans votre pupille ! Dire qu'en
réalité l'écartement de ces deux astres (14 UA)
dépasse la distance de Saturne au Soleil ! Il faut dire qu'ils
sont à 89 a-l.
p Pi Sagittarii : Albaldah
a = 19 h
09 m 45 s d =
-21° 01' 25" Sp : F2
II T : 7100 K (BC :
-0,1)
m =
2,88 M = -2,77 L =
1100 p = 7,41 Dist : 440 a-l
triple
"Albaldah" = "l'espace vide, le désert" alors qu'il s'agit du
cerveau du Sagittaire ! de Chiron lui-même (dit-on) ! du savant,
de l'érudit ! Attention ! non pas vide de neurones, mais
d'étoiles. Vous aviez compris... Pourquoi cela ? direz-vous.
Parce qu’Aldalbah marque "l'entrée du désert" qui
s'étend sous sa lampe : région très pauvre
en étoiles (voyez la carte).
Bienheureux qui pourra éclaircir le mystère qui plane sur
ce crâne ! Car, si vous consultez le catalogues des doubles
visuelles, l'étoile est triple. Si maintenant vous plongez dans
celui des spectroscopistes, elle est inconnue, alors que 0"1 et 0"4
séparent les composantes. Passons au catalogue des orbitales :
absente de la liste. Est-ce à dire que ce triplet ne bouge pas -
du moins pas suffisamment pour qu'une période soit calculable ?
Sans doute... Je ne vois pas d'autre explication. Remarquons que ce
trio est lointain : 440 a-l. Couple optique ?... Ah, ce
tri-céphalopode luisant (1100 soleils) me donne le tournis.
Magnitude des 3 étoiles : 3,7, 3,7 et 5,9. Enquête
à suivre...
Xi 1
- Xi 2 , Nu 1 - Nu 2 : Les oreilles et
les yeux ! "T’as d’beaux yeux, tu sais !"... grandes
oreilles, pour notre Centaure rescapé d'une peuplade
perdue... Entre les oreilles : 29' d'angle, entre les yeux : 12'.
"C'est la plus ancienne étoile désignée comme
double", affirme Flammarion en parlant des yeux. Et pourquoi pas la
précédente, plus écartée ? Pourquoi pas
Mizar et Alcor, Epsilon Lyrae, Alpha du Capricorne...? A croire que les
Anciens avaient les yeux rivés sur cet archer : à quand
l’exploit ? Nous attendons toujours... Vous dirai-je la distance
de ces étoiles mariées de force ? 5300 a-l (!) et 370 a-l
pour les oreilles ; 1800 a-l et 270 a-l pour les yeux. Couples
optiques.
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