Le Sextant (Sex)
Sextans (tis) (314 degrés carrés)
Pauvre
Hévélius ! Son "sextant a brûlé dans
les flammes d'un horrible incendie provoqué par la
méchanceté des hommes", écrit-il. Je
voudrais connaître les détails de l'histoire qu'il ne
raconte que succinctement. Le drame se déroule à Dantzig
où Johannes Hévélius habite. Il avait
installé sur le toit de sa maison son observatoire astronomique.
Ah ! les bons et loyaux services rendus par cet instrument de choix
! Pendant 21 ans !... Avec lui, chaque nuit, l'astronome mesurait
la position des astres sur la voûte céleste. Combien
d'étoiles défilèrent sous son regard
perçant, alors qu'elles s'alignaient dans l'axe de l'alidade ?
1564 sont recensées dans son catalogue, terminé et
publié onze ans plus tard (1690) par son épouse
Catherine (1). "L'incendie a détruit tout ce que je
possédais". Complètement découragé par
cette épreuve qui ruinait ses efforts, Johannes
Hévélius finit quand même par redresser la
tête. Il discerna bientôt dans le ciel une région
sauvage, entre le Lion et l'Hydre, dans laquelle aucune constellation
n'avait encore pris place. "Mon sextant, là, je le vois !", et
de le dessiner sur ses cartes célestes. Le fidèle
serviteur ressuscitait des cendres : douce consolation ! Les
siècles ont passé, et personne jamais ne revint sur ce
choix. Toucher au Sextant d’Hévélius :
sacrilège ! D'autant plus qu'il fut, pendant des
siècles, l'unique instrument de mesure astronomique (avec le
quadrant et l'octant qui marchent sur le même principe) !
"Ce n'est
pas que la disposition des étoiles donne l'idée de cet
instrument...", dit-il. Regardons-y de près. Hum... pas beaucoup
d'étoiles à vrai dire, sinon de magnitudes 5 et 6, (4,5
pour la plus lumineuse : Alpha). En pareil cas, fuyez les
lumières parasites et réfugiez-vous dans les vertes
campagnes de la France profonde. Alors, bien vite, l’appareil
sort de l'ombre : un triangle isocèle, avec l'étoile
Alpha au sommet ; une alidade bien sûr, aux étoiles
Bêta et Delta. Tout ce qu'il faut pour satisfaire notre
astronome, son propriétaire. Pour le trouver, aidez-vous
du coeur de l'hydre (Alpha Hydrae) : il se trouve sur sa droite
immédiate (ouest). L'étoile sommitale du sextant (Alpha)
croise l'équateur céleste.
Que
dis-tu, toi, "Antonio de Rheita", capucin de ton état ? Tu
as vu le "Voile de Véronique" dans cette région du ciel,
avec ton télescope flambant neuf, en l'an 1643 ? Voici que
tu écris : "Le Suaire de Véronique, c'est-à-dire
la Face du Seigneur, est exprimée ici, dans les astres, avec une
très grande similitude". A bien regarder ton dessin, la
ressemblance paraît assez lointaine... mais, après tout,
peut-être... D'autres ont bien vu une Boussole, une Colombe, une
Règle... là où on aurait pu voir bien autre
chose...
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note 1 - Johannes Hévélius est mort en 1687