Se constituer sa gamme d'oculaires


Parlons gros sous

    Avant d'aborder le choix des oculaires proprement dit, parlons rapport "qualité / prix". Pour une focale donnée, le prix des oculaires varie du simple au triple, voire plus. Sachez tout d'abord que lors de vos observations astronomiques, la qualité de vos oculaires sera aussi importante que celle de votre télescope. Le meilleur télescope équipé d'un oculaire médiocre donnera une image médiocre. A contrario, rien ne sert d'équiper un télescope médiocre avec des oculaires haut de gamme, qui ne feront que révéler les imperfections de votre optique.
La qualité optique du NexStar est (au moins) très bonne et mérite donc, pour que vous en profitiez pleinement, des oculaires de bonne qualité. Quelle que soit la focale que vous désirez acheter, prenez un oculaire de qualité : Plössl, Super Plössl, Lanthanum, Orthoscopique, etc. Banissez les oculaires bas de gamme (Kellner par exemple).
Autre chose à savoir : la qualité de l'oculaire est d'autant plus importante que sa focale est courte. Pour des focales de plus de 10 mm, des oculaires Plössl classiques feront très bien l'affaire, comme par exemple la gamme d'oculaires NexStar (oui, du même nom que le télescope) chez Celestron (excellent rapport qualité / prix) ou la gamme Super Plössl de la marque Kepler (anciennement Atlas). Pour des oculaires de focale inférieure, mieux vaut investir dans la marque Televue (une référence), voire dans des oculaires très haut de gamme comme la gamme Lanthanum chez Vixen. C'est ce que j'ai fait, et je ne le regrette vraiment pas !

NOUVEAU ! Téléchargez la liste des principaux oculaires du marché (format Excel, 22 Ko).

Petit rappel de physique

    Le grossissement d'un instrument est uniquement en fonction de sa focale. Concrètement, cela signifie que pour deux télescopes de focale différente équipés d'oculaires identiques, le télescope ayant la plus grande focale offrira le plus grand grossissement. Cela se traduit par la formule mathématique suivante :

g = f / f '

où f représente la focale de l'instrument et f ' la focale de l'oculaire.
Le NexStar a une focale de 1250 mm et est livré en série avec un oculaire de 25 mm. En observant derrière cet oculaire, l'image obtenue est donc grossie 50 fois (1250/25).

Il n'y a pas que le grossissement qui compte !  

Tout bon amateur d'astronomie vous le dira : ce qui compte, c'est le diamètre !

    Blague à part, la seule chose qui compte en astronomie c'est ce que l'on VOIT. Or, plus on grossit une image, moins elle est lumineuse et plus elle est perturbée par la turbulence. Il est donc fréquent d'observer plus de détails avec un grossissement moyen qu'avec un fort grossissement, particulièrement pour les planètes. Le grossissement maxi théorique du NexStar est 300x, ce qui correspond à utiliser un oculaire de 4 mm, ou à un 8 mm avec ajout d'une Barlow 2x (selon le modèle, une Barlow est un jeu de lentilles qui double ou triple la focale de votre instrument). En pratique, retenez l'échelle suivante :


Avec d = diamètre de l'instrument en mm.
Le grossissement faible est optimal pour l'observation du ciel profond car on a une image lumineuse et un champ assez large.
Le grossissement moyen permet l'observation planétaire.
Le grossissement fort permet de dissocier des étoiles doubles serrées ainsi que l'observation planétaire, mais uniquement s'il n'y a pas trop de turbulence.
Le NexStar ayant un diamètre de 127 mm, on obtient (en arrondissant) les grossissements suivants : 50, 150 et 250 fois.

Constituer sa gamme d'oculaire

    Si on tient strictement compte des données ci-dessus, cela correspond à des oculaires de 25, 8 et 5 mm. Quelle chance : on dispose du premier oculaire dès que l'on achète le NexStar ! Pour ma part, j'ai choisi cette gamme d'oculaire. En même temps que j'achetais le NexStar 5, je me procurais également un oculaire 8mm de la marque Televue. Puis, voyant que dans de bonnes conditions de turbulence, "on pouvait faire mieux", j'ai craqué peu après pour un 5 mm Lanthanum de marque Vixen. L'avantage de cette gamme d'oculaires, c'est que si on ajoute une Barlow 2x (de bonne qualité), on obtient la gamme de grossissement suivante : 50, 100, 150, 250, 300 (et théoriquement 500 mais ça me semble utopique !). Cette gamme est très intéressante pour le passionné d'observation lunaire. Mais en planétaire (sauf pour la Lune), le 5 mm ne sera que peu d'intérêt car très peu lumineux : il n'est exploitable que dans des conditions de turbulence quasiment nulle.

    Mais d'autres choix sont possibles. Une autre gamme judicieuse serait composée des oculaires suivants : 25, 12 et 6 mm (g = 50, 100 et 200 fois). Cette gamme "monte moins haut" en grossissement mais offre sans doute plus de confort et de luminosité. Cette gamme rend inutile l'achat d'une Barlow 2x, ce qui est une économie mais cela rend la gamme de grossissement un peu plus "pauvre" que la première gamme. Cependant, il vaut mieux grossir 100 fois avec un oculaire de 12 mm plutôt qu'avec un oculaire de 25 mm doublé d'une Barlow. Quant à compléter cette gamme par une Barlow 3x, je n'en vois pas vraiment l'intérêt... Cette gamme est vraiment "passe-partout" et pourra être utilisée à fond même quand les conditions ne sont pas idéales (turbulence modérée).

Autre alternative : une gamme intermédiaire entre les deux premières : 25, 10 et 6 mm (g = 50, 125 et 200 fois).

Enfin, il est toujours possible de panacher ces différentes gammes pour vous faire votre gamme personnalisée...

Et pour le ciel profond ?

    L'observation du ciel profond peut être transcendée par un oculaire donnant un grand champ d'observation : les images sont plus lumineuses et plus contrastées. Vous comprendrez l'intérêt de ceci lorsque vous observerez la galaxie d'Andromède avec un grossissement de 50 fois et un champ de 1° alors que la galaxie s'étend sur plus de 3° !

    Comment calculer le champ de vision d'un oculaire ?
Chaque oculaire possède une valeur dite "champ théorique" (aux alentours de 50° pour les oculaires classiques, et jusqu'à 84 ° pour les oculaires "grand champ"). Pour obtenir le champ de vision réel, il vous suffit de diviser cette valeur par le grossissement que vous donne cet oculaire.

Pour obtenir un grand champ, trois solutions s'offrent à vous :
    - un choix simple et efficace est un oculaire de 40 mm, qui donne un grossissement de 30 fois et un champ de 1,6° (sur le NexStar 5).
    - ou si vous êtes plus fortunés, vous pouvez opter pour un oculaire "grand champ" : ces oculaires offrent, à focale égale, un champ de vision plus important. Il en résulte un plus grand confort d'observation et la possibilité de conjuguer fort grossissement et large champ. Ils ont néanmoins deux inconvénients : ils coûtent très cher et sont très gros donc très lourds (ce qui peut poser des problèmes de glissement du tube optique : voir rubrique "Le problème du bras de déclinaison"). Cependant, ces oculaires subliment les qualités optiques du NexStar, et pas seulement pour le ciel profond : bserver la Lune en entier avec un grossissement d'environ 150 fois est un pur plaisir astronomique ! Avec un oculaire Nagler de 9 mm, vous contemplez le disque lunaire entier à un grossissement de 140 fois : le top ! Par comparaison, un oculaire classique de 15 mm vous offre le même champ mais avec un grossissement de "seulement" 80 fois. Cependant vous ne trouverez pas d'oculaire de ce type qui vous donnera un champ supérieur à 1,3°; à moins de pouvoir adapter des oculaires au coulant de 50,8 mm. Bref, si vous avez les moyens n'hésitez pas ! C'est un investissement à long terme, qui vous procurera de grandes satisfactions sur tous vos instruments astronomiques.
    - En plus de ces oculaires, vous pouvez vous munir d'un réducteur de focale, qui ramène votre rapport f/D de 10 à 6,3.

Barlow or not Barlow ?


    Pour le débutant, la Barlow peut sembler être l'accessoire magique. Pensez donc : doubler ou tripler le pouvoir grossissant de votre instrument pour un prix modique !
Les choses ne sont pas aussi simples, bien sûr. Rappelons d'abord la sacro-sainte règle qui dit : "plus on place d'accessoires optiques dans un instrument, plus on dégrade l'image obtenue". Concrètement, une Barlow va augmenter la focale de votre instrument, au prix d'une importante baisse de luminosité. Et si votre Barlow n'est pas d'une qualité optimale, elle sera à l'origine d'aberrations optiques plus ou moins importantes (chromatisme, etc).
Règle n°1 : pas de Barlow à une seule lentille. Ces Barlow sont inexploitables en pratique. Il faut leur préférer les Barlow à 2 ou 3 lentilles, achromatiques ou -mieux- apochromatiques.
Règle n°2 : une Barlow pour quoi faire ? Avant d'acheter une Barlow, posez-vous la question : "qu'est-ce que je pourrais en faire ?". Si c'est pour obtenir des grossissements supérieurs à 2,5 fois le diamètre de votre instrument, ce n'est pas la peine : vous ne verrez rien ! Une Barlow peut permettre de compléter une gamme d'oculaire (voir la première gamme proposée ci-dessus). En astrophotographie, utilisée seule (sans oculaire), elle peut permettre de beaux clichés lunaires, à condition d'être de bonne qualité.
Règle n°3 : attention aux problèmes de montage ! La Barlow vient s'interposer entre le porte-oculaire et l'oculaire. Cela peut poser problèmes avec des oculaires particulièrement longs ou avec l'usage de un ou plusieurs filtres ajoutés à l'oculaire. Je n'ai pas entendu parler de tels problèmes avec le NexStar mais renseignez-vous quand même auprès de votre vendeur.

    La Barlow Celestron Ultima (2x) semble être d'un excellent rapport qualité / prix. Pour ma part j'ai opté pour l'excellentissime Televue 2x, malheureusement beaucoup plus chère.

Retour à la page d'accueil