La civilisation maya


Christian Nitschelm


Mai 2007; dernière remise à jour, mai 2015




I. Zones de peuplement



Péninsule du Yucatán

Sud Est du Mexique (les Basses Terres)

Guatemala (les Basses Terres au nord et les Hautes Terres au sud)

Belize (les Basses Terres)

Ouest du Honduras (les Basses Terres)

Ouest du Salvador (les Hautes Terres)





II. Chronologie


1. Epoque préclassique


1.1. Préclassique ancien


1600 <=> 1200 avant notre ère


Apparition de la céramique sur le bord du Golfe du Mexique, après plus d'un millénaire de civilisation antérieure, puis essaimage vers le nord du Belize, les Basses Terres et le Yucatán.


1.2. Préclassique moyen


1200 <=> 800 avant notre ère


Civilisation olmèque, qui eut une grande influence sur la culture maya.


1.3. Préclassique récent


800 avant notre ère <=> 300 de notre ère


Déclin de la civilisation olmèque et apparition de la civilisation maya sur trois zones, au Yucatán (au nord), sur les Basses Terres (au centre) et surtout sur les Hautes Terres (au sud). Apparition de l'écriture maya au plus tard en 36 avant notre ère (premières traces connues de l'écriture dans le monde maya).


2. Epoque classique


2.1. Classique ancien


300 <=> 500


Première date du calendrier maya en 292 de notre ère (stèle 29 de Tikal). Malgré l'influence politique de la puissante cité de Teotihuacán (située sur les hauts plateaux du centre du Mexique, non loin de l'actuelle ville de Mexico), la civilisation maya voit l'essor d'une organisation sociale et d'une architecture monumentale propre. Nombreux temples, autels et stèles (Tikal, Copán, Bonampak, Palenque, etc.).





2.2. Classique moyen


500 <=> 650


Ralentissement de l'essor architectural. Généralisation de la figure du prince conquérant et victorieux sur les stèles et début des dynasties guerrières des villes. Développement du commerce (sel, objets précieux, plumes de quetzal, coquillages). Le jeu de balle devient l'un des nombreux rituels religieux (Basses Terres).


2.3. Classique récent


650 <=> 800


Les Basses Terres deviennent de plus en plus peuplées et prospères. Une caste de marchands a pris le contrôle des échanges commerciaux et n'hésite pas à faire de longues expéditions. Séparées par la jungle, les très nombreuses cités états connaissent parfois la richesse et la puissance pendant une ou deux générations avant de disparaître. Les plus prestigieuses de ces cités états, Tikal, Palenque, Copán et Bonampak, ont cependant un rayonnement bien plus long, de plusieurs centaines d'années, et atteignent le plus haut degré de raffinement de la civilisation maya. Le déclin de Teotihuacán, suivit de celui de Monte Albán, permet au monde maya de vivre son âge d'or, économique et commercial, allant jusqu'à cultiver les terres hostiles du Petén.


2.4. Classique terminal


800 <=> 950


La chute de Teotihuacán amène un déséquilibre sur toute la région. Des hordes venues du nord s'attaquent aux hauts plateaux centraux du Mexique. Les villes perdent en très peu de temps la plus grande partie de leur population et les constructions de temples s'arrêtent. Dans le Yucatán comme sur les Basses Terres, le déclin est général.


3. Epoque postclassique


3.1. Postclassique ancien


950 <=> 1200


Depuis leur capitale de Tula (au nord-ouest de Mexico), l'influence toltèque devient générale sur le monde maya. Le guerrier devient plus important que le prêtre au niveau politique. Généralisation des sacrifices humains. Un groupe de guerriers toltèques parvient à prendre le contrôle de la cité de Chichén Itzá, pourtant éloignée de 1400 km de Tula. Chichén Itzá devient alors le centre de la renaissance maya. La brutalité toltèque se mélange avec le raffinement maya. Le culte du dieu Serpent à Plumes devient de plus en plus répandu. Apparition de frises montrant des jaguars dévorant des coeurs humains.





3.2. Postclassique récent


1200 <=> 1500


La fin de la triple alliance Chichén Itzá, Uxmal, Mayapán donne la prépondérance à cette dernière cité aux dépens de Chichén Itzá qui avait dominé le monde maya durant deux siècles. La civilisation de Mayapán essaya de relever les traditions, comme celle des stèles datées ou celle de l'architecture religieuse. Les constructions sont cependant bien moins élaborées qu'auparavant (techniques perdues). Les rituels sanguinaires continuent de plus belle.


3.3. L'invasion espagnole


1517 <=> 1562


L'arrivée des conquérants espagnols ne se fera pas sans heurts avec la population maya, bien au contraire. Après plusieurs tentatives de colonisation le plus souvent brutales (étoffées de plusieurs massacres assez sanglants) et parfois négociées, les espagnols parvinrent à s'installer sur la côte du Yucatán et à imposer un vernis de christianisme aux mayas, qui furent sommés d'arrêter les sacrifices humains (qui apparaissaient totalement inacceptables aux conquérants espagnols, lesquels étaient par ailleurs bien plus barbares et tout aussi sanguinaires que les mayas !!!). Avant tout païens et polythéïstes, les mayas vont ainsi berner les envahisseurs durant plusieurs dizaines d'années en leur faisant croire qu'ils étaient devenus chrétiens et qu'ils avaient arrêté les sacrifices humains. La découverte de la fraude et de la continuation des pratiques des sacrifices humains (par crucifixion pour faire plus "moderne" !) amena, en l'année 1562, l'un des pires autodafés de l'histoire et la disparition par le feu de nombreux ouvrages mayas irremplaçables et, donc, de la science maya.





III. Les découvertes de l'archéologie


Il faudra attendre le milieu du dix-neuvième siècle, bien après la fin de la domination espagnole en Amérique centrale, pour que le monde savant occidental puisse enfin découvrir les merveilles du monde maya, avec la découverte des cités perdues dans la jungle et les premiers travaux d'érudits. Au cours du vingtième siècle, le défrichage des sites des anciennes cités a été systématisé et les découvertes archéologiques ont été nombreuses (sites archéologiques encore inconnus, stèles, tombes, fresques, céramiques, statues, etc.). L'analyse des stèles de l'époque classique, ainsi que celle des rares codex mayas postclassiques (il n'y en a seulement quatre !) non brûlés lors de l'autodafé de 1562 et conservés depuis très longtemps dans des bibliothèques ou redécouverts fortuitement, ont permis de comprendre en grande partie l'écriture maya (à plus de 80%, mais il reste cependant encore aujourd'hui des zones d'ombre dans la connaissance de cette écriture syllabique mélangée avec des dessins représentant des concepts ou des mots, voire des nombres).


Trés religieuse, la société maya était divisée en classes sociales (castes) : nobles, religieux, militaires, artisans, commerçants, paysans et esclaves. Elle était dirigée par des chefs héréditaires, rois, princes, chefs locaux. Les prêtres jouaient un grand rôle et servaient de conseillers aux dirigeants. La terre était divisée en parcelles, chacune d'entre elles étant attribuée à une famille. La structure sociale était complexe et le travail était réparti selon les sexes, comme dans beaucoup d'autres civilisations. Chaque cité d'importance était un état tout à fait indépendant des autres, ce qui, d'ailleurs, facilita la conquète espagnole au seizième siècle.


L'économie maya reposait principalement sur l'agriculture : maïs, coton, haricots, courges, manioc, piments, arbres fruitiers, cacao. Le mot "maya" désignait d'ailleurs celui qui cultivait le maïs. Il n'y avait pas d'animaux domestiques, sinon les chiens, les dindes et les dindons. Les mayas pratiquaient l'apiculture (élevage des abeilles) pour le miel. Les artisans mayas ne travaillaient pas le métal à des fins militaires et les armes étaient fabriquées en pierre (obsidienne, etc.). Les différents peuples mayas entretenaient des relations commerciales avec des cités lointaines et échangeaient de nombreux produits. Les fèves de cacao et des objets métalliques en cuivre servaient de monnaie d'échange et de moyen de payement. Le cuivre était également utilisé à des fins décoratives, comme l'or, l'argent, le jade, les coquillages et les plumes de quetzal.


La fin de la civilisation maya de l'époque classique n'est toujours pas bien comprise à ce jour, et spécialement la ou les raisons de la baisse dramatique de population durant l'époque classique terminale. Plusieurs hypothèses ont été émises, mais aucune n'est vraiment satisfaisante. Des guerres entre les cités auraient pu être responsables du dépeuplement de quelques unes de ces cités, mais certes pas de toutes. Des épidémies auraient pu également faire des ravages, mais tout de même pas à ce point. Une désertification due à la surexploitation des sols et à une sécheresse prolongée (catastrophe écologique) a été également proposée comme explication du déclin rapide de la civilisation maya classique. Il y aurait également pu avoir des paniques religieuses liées à une annonce de l'apocalypse de fin du monde par certains prêtres (sectes apocalyptiques ?).


IV. La cosmogonie Maya


Outre une architecture grandiose principalement à caractère religieux, les mayas ont laissé de nombreuses représentations de leurs divinités, de leurs princes, de leurs prêtres et de leurs guerriers, sous forme de statues et de fresques. Les fouilles archéologiques ont permis de reconstituer en grande partie le panthéon divin maya. L'Univers maya était divisé en trois parties, le monde inférieur, la Terre et le ciel. Le monde souterrain comportait neuf strates sur lesquels régnaient neuf seigneurs de la nuit. Il était le séjour du Soleil, de la Lune et de Vénus lorsque ces astres n'étaient pas visibles au dessus de l'horizon. La Terre maya était plate et avait la forme d'un carré. Chaque pointe de ce carré correspondait avec l'un des quatre points cardinaux. Le ciel était composé de treize strates, chacune de ces strates étant dominée par une divinité.


Les mayas croyaient que le monde était soumis à des réorganisations cycliques et que la non observation des rites religieux pouvait dérégler ces cycles, amenant une fin du monde de manière prématurée. Il fallait faire de nombreux sacrifices pour apaiser les dieux, voire pour permettre la survie même de ces dieux et des humains, et pour permettre au monde de fonctionner normalement. Ces sacrifices nécessitaient l'usage du sang comme vecteur entre les humains et les dieux. Durant l'époque classique, des animaux furent majoritairement utilisés pour faire ces sacrifices et pour offrir leur sang aux dieux, mais l'arrivée des toltèques dans le monde maya à l'époque postclassique amena la généralisation des sacrifices humains et de l'arrachage du coeur des victimes.


V. Les mathématiques et l'astronomie


Depuis le début de leur civilisation et avant même le début de l'époque classique, les mayas ont toujours su compter en base vingt, de zéro (qu'ils connaissaient et représentaient par un symbole particulier) à dix-neuf. Ils écrivaient verticalement les très grands nombres à l'aide des différentes puissances de vingt, représentées par des symboles complexes (des glyphes).





Les astronomes mayas étudièrent les cieux et les mouvements lunaires et planétaires de manière suivie durant plus de mille ans principalement pour des raisons rituelles et religieuses. Consignant leurs observations de génération en génération, ils obtinrent une excellente valeur de 365,2420 jours pour l'année tropique. Ils déterminèrent précisément les valeurs de la lunaison et des périodes de révolution synodique de plusieurs planètes, en particulier celle de Vénus, cet astre étant supposé posséder des propriétés maléfiques.


L'année vénusienne fut découpée en quatre fractions correspondant aux périodes de visibilité ou d'invisibilité de cette planète. Ils découvrirent que huit années solaires de 365 jours équivalaient à cinq années vénusiennes de 584 jours, ce qu'ils utilisèrent à la fois dans leurs calculs et dans leurs cérémonies. Ils ont également été capables de prédire les éclipses sans même savoir que la Terre tournait autour du Soleil. Les mayas ont construit des temples observatoires qui ont servi pour ces études, le plus connu étant El Caracol, à Chichén Itzá.





Les mayas de l'époque classique utilisaient plusieurs calendriers civils et religieux, dont un calendrier lunaire. Le plus employé était un calendrier civil solaire de 365 jours, appelé le Haab. Il était composé de 18 mois, appelés uinal, de 20 jours, appelés kin, ainsi que de cinq jours creux (néfastes), appelés uayeb, où l'on s'abstenait de faire quoi que ce soit.


Les mayas utilisaient aussi une année de 360 jours, nommée le Tun (ou compte long), qui était notée à l'aide de trois digits, appelés baktun (202 = 400 ans), katun (vingt ans) et tun (un an), comptés chacun de zéro à dix-neuf. La date dans le compte long s'écrivait 9.15.10.0.0 et se lisait 9 baktuns 15 katuns 10 tuns 0 uinals 0 kins (année 741 de notre ère). L'usage du calendrier Tun permettait ainsi de donner une chronologie sur des durées très longues, l'origine ayant été fixée un 4 Ahau 8 Cumku, soit le 8 septembre -3113 julien (date la plus probable). Les mayas pouvaient également mesurer le cours du temps sur des durées bien plus longues, par utilisation de plus grandes puissances de vingt, le pictun (203 = 8.000 tuns), le calabtun (204 = 160.000 tuns), le kinchiltun (205 = 3.200.000 tuns) et l'alautun (206 = 64.000.000 tuns), ce dernier correspondant à des durées géologiques.


Un autre calendrier, le Tzolkin, d'une durée de 260 jours, comprenait treize mois de vingt jours et était utilisé principalement à des fins religieuses. L'usage conjugué du Haab et du Tzolkin amenait un cycle de 52 ans pour le retour d'un même jour à la même date de l'année. Ainsi les mayas utilisaient ces périodes cycliques de 52 ans comme nous utilisons les siècles. A l'arrivée des conquistadors espagnols, ce calendrier cyclique était le seul en usage, ce qui a induit quelques problèmes de raccordement avec les calendriers julien et grégorien.


Pour finir, il faut noter que les mayas n'ont jamais prédit une quelconque (et hypothétique) fin du monde pour le 21 décembre 2012 (13.0.0.0.0, constante de corrélation 584282.5) ou pour une quelconque autre date (13.0.0.0.0, autre constante de corrélation)...



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Bibiographie

Castro Leal, M. : 1990, "Le Mexique archéologique", édition française, Monclem Ediciones, Mexique

Coe, W. R. : 1976, "Tikal. A Handbook of the Ancient Maya Ruins", The University Museum, University of Pennsylvania, Philadelphia, USA.

Collectif : Décembre 2006, "Les Mayas. Les mystères d'un monde perdu", Le Figaro hors série, Nevada, Bruxelles, Belgique.

Morales, D. S. : 1976, "The Maya World", Minutiae Mexicana, Mexico City, Mexico.

Nitschelm, C. : 2000, "L'Astronomie de la Préhistoire à nos jours", Editions H. Burillier, Vannes, France.

Nitschelm, C. : 2013, "Histoire de l'Astronomie des origines à nos jours", Nouveau Monde Editions, Paris, France.


Internet

Civilisation Maya (Wikipédia)
The Maya Civilization (Wikipedia)
The Maya civilization and cities: a resource page
La civilisation Maya
Indiens et Barbares (pdf)
Mayan Maps



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