Né le 1er Janvier 1548 / Décédé le 17 Février 1600



    Giordano Bruno, né Filippo Bruno, était un frère dominicain italien, philosophe, mathématicien, poète et théoriste cosmologique. On se souvient de lui pour ses théories cosmologiques dans lesquelles il proposait un modèle où les étoiles étaient des soleils éloignés entourées par leur propres exoplanètes. Il y émettait l'hypothèse que ces planètes pouvaient abriter une vie propre. Il insista également sur le fait que l'univers est, en fait, infini et n'avait aucun corps céleste en son "centre".

    A partir de 1593, Giordano Bruno fut jugé pour hérésie par l'Inquisition romaine pour le reniement de doctrines centrales catholiques comme:

    - la damnation éternelle
    - la Trinité
    - la divinité du Christ
    - la virginité de Marie
    - la transubstantiation


    L'Inquisition le reconnut coupable et il fut brûlé sur le bûcher au Campo de' Fiori à Rome en 1600. Après sa mort, il devint particulièrement célèbre, surtout au XIXème et au XXème siècle où des commentateurs le considérèrent comme un martyr de la science. Cependant, les historiens ont débattu sur le fait que son procès en hérésie ait pu être une réponse à ses vies astronomiques ou à certains aspects de sa philisophie et théologie. Le cas de Bruno est toujours un repère dans l'histoire de la libre pensée et dans l'émergeance de la science.

    En plus de la cosmologie, Giordano Bruno a aussi beaucoup écrit sur l'art de la mémoire, et les principes mnémotechniques. L'historienne Frances Yates prétend que Bruno fut profondément influencé par l'astrologie arabe, par le Néoplatonisme et les légendes entourant le dieu égyptien Thoth. D'autres études sur Giordano Bruno ont mis l'accent sur son approche qualitative des mathématiques et son application aux concepts spatial de la géométrie du langage.



Les premières années (1548–1576)



    Né sous le nom de Filippo Bruno à Nola en 1548, il était le fils de Giovanni Bruno et de Fraulissa Savolino. La date exacte de sa naissance n'est pas connue ; elle a donc été fixée au 1er Janvier 1548. Dans sa jeunesse, il fut envoyé à Naples pour y être éduqué. Il fut formé au monastère des Augustiniens et suivit des conférences publiques au "Studium Generale".
    A l'âge de 17 ans, il entra dans l'Ordre Dominicain au monastère de San Domenico Maggiore à Naples. Il y prit le nom de Giordano, selon le nom de son tuteur en métaphysique : Giordano Crispo. Il continua ses études au monastère dominicain, y termina son noviciat et fut ordonné prêtre en 1572, à l'âge de 24 ans. Pendant son temps à Naples, il fut connu par ses capacités dans l'art de la mémoire. Il se rendit même à Rome pour y montrer son système mnémotechnique au pape Pie V et au Cardinal Rebiba.

    Alors que Bruno se distinguait pour ses capacités remarquables, son goût pour la libre pensée et les livres interdits lui créèrent ses premiers problèmes. Si l'on considère la controverse qu'il créa durant sa vie, il est étonnant qu'il ait pu rester dans le système monastique pendant 11 ans. Dans son témoignage face à l'Inquisition de Venise, il dit que la machine judiciaire lui reprochait d'avoir enlevé les images des saints, de n'avoir gardé qu'un crucifix et d'avoir recommendé des textes controversés à un novice. Un tel comportement pouvait peut-être ignoré, mais la situation de Giordano Bruno devint bien plus sérieuse lorsqu'on apprit qu'il défendait l'hérésie arienne et qu'on découvrit une copie d'écrits interdits, annotés de sa main, cachés dans sa cellule au couvent. Lorsqu'il apprit que des charges étaient retenues contre lui à Naples, il s'enfuit, quittant l'habit religieux pendant un certain temps.



Les premières années d'errance (1576–1583)



    Giordano Bruno se rendit tout d'abord dans le port de Noli, puis à Savona, à Turin et finalement à Venise où il publia son ouvrage perdu "Sous les signes du temps" avec la permission du Dominicain Remigio Nannini Fiorentino (c'est ce qu'il affirma lors de son procès). De Venise il se rendit à Padoue où il rencontra des Dominicains qui le convainquirent de reprendre l'habit religieux. De Padoue, il se rendit à Bergame et traversa les Alpes en direction de Chambéry et Lyon. Ses déplacements ultérieurs restent incertains.

    En 579, il arriva à Genève. Comme D.W. Singer, un biographe de Bruno, note : "La question s'est parfois posée si Giordano Bruno était devenu protestant, mais il est très improbable qu'il ait adhéré à la doctrine de Calvin". Pendant son procès à Venise, il dit aux inquisiteurs que pendant qu'il était à Genève, il avait dit au Marquis de Vico à Naples "qu'il n'avait pas l'intention d'embrasser la religion de la ville. Qu'il désirait seulement rester à Genève parce qu'il pouvait y vivre en liberté et en sécurité." Pour ne pas être reconnu comme prêtre, Bruno se fit fabriquer un pantalon et le Marqui lui offrit une épée, un chapeau, une cape et d'autres vêtements. Tout se passa bien pour Bruno pendant un certain temps, comme l'atteste son nom dans le Livre du Recteur de l'Université de Genève en Mai 1579. Cependant, sa personnalité ne lui permit pas de rester silencieux bien longtemps. En Août, il publia une attaque sur l'oeuvre d'Antoine de la Faye, un professeur distingué. Bruno et son imprimeur furent rapidement arrêtés. Plutôt que de s'excuser, Giordano Bruno insista et continua à défendre sa publication. On lui refusa les sacrements. Bien que ce droit lui fut rendu, il quitta Genève.

    Il se rendit tout d'abord à Lyon, puis s'installa pendant un certain temps à Toulouse où il suivit un doctorat en théologie et fut élu par les étudiants pour assurer des conférences en philosophie. Il semble qu'il tenta, à l'époque, de retourner au catholicisme, mais le prêtre jésuite qu'il trouva lui refusa l'absolution. Lorsque une guerre de religion éclata dans le sud-ouest à l'été 1581, il déménagea à Paris. Là, il fit 30 conférences sur des sujets théologiques et commença à devenir célèbre pour sa mémoire prodigieuse. Les dons de mémoire de Bruno étaient basés, au moins en partie, sur l'élaboration d'un système mnémotechnique, mais certains de ses contemporains pensaient qu'il était plus simple de lui attribuer des pouvoirs magiques. Ses talents attirèrent l'attention du roi Henri III. Le roi le convoqua à la cour. Bruno raconta plus tard :
    "J'ai eu une telle réputation que le roi Henri III me convoqua, un jour, pour découvrir si ma mémoire était naturelle ou acquise par l'art magique. Je l'ai rassuré en lui assurant qu'elle ne venait pas de la sorcellerie mais d'une connaissance organisée ; suite à celà, il fit imprimer un livre sur la mémoire intitulé "Les ombres des idées". Je le dédicaçais à Sa Majesté. Suite à celà, il m'alloua un poste de conférencier extraordinaire avec un salaire."

    A Paris, Giordano Bruno apprécia la protection de ses puissants employeurs. Pendant cette période, il publia plusieurs ouvrages sur la mnémotechnique dont : "De umbris idearum" (Des ombres des idées), "Ars Memoriae" (L'art de la mémoire) et "Cantus Circaeus" (Le chant de Circé). Tous ces ouvrages étaient basés sur des expériences ou des connaissances organisées grâce à des modèles mnémotechniques. Bruno publia également une comédie, intitulée "Il Candelaie" (Le porteur de lumière), qui résumait ses positions philosophiques. AU XVIème siècle, les dédicaces étaient approuvées à l'avance et étaient donc un moyen de placer un ouvrage sour la protection d'un individu. Sachant celà, Giordano Bruno dédicaça plusieurs oeuvres au roi Henri III, à Sir Philip Sidney, à Michel de Castelnau (Ambassadeur de France en Angleterre), et probablement au pape Pie V. Il apparaît que ce grand voyageur avait atteint un statut très élevé et évoluait dans des cercles puissants.



L'Angleterre (1583–1585)



    En Avril 1583, Giordano Bruno se rendit en Angleterre avec des lettres de recommandation de la part d'Henri III. Il fut l'hôte de l'Ambassadeur de France, Michel de Castelnau, où il rencontra le poète Philip Sidney. Il fit aussi des conférences à Oxford et posa sa candidature pour un poste d'enseignant, mais n'en obtint pas. Ses vues étaient controversées, notamment par John Underhill, recteur du Lincoln College et, de plus, évêque d'Oxford et par George Abbott, qui deviendra, plus tard, archevêque de Canterbury. Abbott se moqua de Bruno parce qu'il soutenait "les opinions de Copernic, qui prétendait que la Terre tournait et que les cieux n'étaient pas immobiles ; alors qu'en réalité, c'était plutôt sa tête qui ne tournait pas rond et que son cerveau n'était pas immobile.". Abbott affirma également que Bruno avait plagié l'oeuvre de Ficino.

    Cependant, son séjour en Angleterre fut fructueux. Pendant qu'il s'y trouvait, Giordano Bruno termina et publia quelques-unes de ses oeuvres principales, les 6 "Dialogues italiens" dont : La Cena de le Ceneri (Le souper du mercredi des cendres en 1584), De la Causa, Principio et Uno (De la Cause, Principe et Unité en 1584), De l'Infinito, Universo e Mondi (De l'Infini, Univers et Mondes en 1584) ainsi que Lo Spaccio de la Bestia Trionfante (L'Expulsion de la bête triomphante en 1584) and De gl' Heroici Furori (De la Frénésie Héroïque en 1585. Certaines des oeuvres que Bruno publia à Londres, notamment "Le souper du mercredi des cendres", semble avoir offensé certaines personnes. A nouveau, les vues controversées et son langage sans aucun tact lui valurent de perdre le soutien de ses amis. John Bossy a avancé la théorie que, pendant qu'il se trouvait à l'Ambassade de France à Londres, Giordano Bruno espionnait des conspirateurs catholiques sous le pseudonyme de "Henry Fagot", pour le compte de Sir Francis Walsingham, Secrétaire d'Etat de la reine Elisabeth.

    Giordano Bruno est parfois cité pour avoir été le premier à proposer que l'univers est infini, mais un scientifique anglais, Thomas Digges, avança cette idée dans une oeuvre publiée en 1576, soit huit ans avant Bruno.



Les dernières années d'errance (1585–1592)



    En octobre 1585, après l'attaque de l'Ambassade de France à Londres, Giordano Bruno retourna à Paris avec Casternau. Il y trouva une situation politique très tendue. De plus, ses 120 thèses contre la science naturelle d'Aristote et ses pamphlets contre le mathématicien Fabrizio Mordente lui attirèrent la disgrâce. En 1586, suite à une violente querelle concernant une invention de Mordente, il quitta la France pour l'Allemagne.

    En Allemagne, il ne parvint pas à obtenir un poste d'enseignant à Marburg, mais fut autorisé à enseigner à Witenberg où il fit des conférences sur Aristote pendant deux ans. Cependant, un changement de climat intellectuel lui valut de ne plus être le bienvenu. En 1588, il se rendit à Prague où il obtint 300 taler de Rudolf II, mais pas de poste d'enseignement. Il assura quelques cours à Helmstedt, mais dû fuir à nouveau lorsqu'il fut excommunié par les Luthériens.

    Pendant cette période, il écrivit plusieurs oeuvres en latin, dédiées à son ami et secrétaire Girolamo Besler, dont : De Magia (De la magie), Theses De Magia (Thèses sur la magie) and De Vinculis In Genere (Un rapport général des obligations.

    En 1591, il se rendit à Francfort pendant la Foire aux Livres de Francfort. Il fut invité à Venise par Giovanni Mocenigo qui souhaitait être instruit sur l'art de la mémoire et qui avait entendu parler d'un poste vacant de mathématiques à l'Université de Padoue. A l'époque, l'Inquisition semblait relâcher son emprise et, comme Venise était l'Etats le plus libéral d'Italie, Giordano Bruno fut tenté de faire l'erreur fatale de retourner en Italie.

    Il se rendit à Padoue, où il enseigna brièvement, et posa sa candidature pour la chaire de mathématiques, mais sans succès. Giordano Bruno accepta l'invitation de Mocenigo à Venise en mars 1592. Pendant environ deux mois, il fut le tuteur à domicile de Mocenigo. Lorsque Bruno annonça à son hôte qu'il voulait quitter Venise, ce dernier, qui était mécontent des enseignements qu'il avait reçu, le dénonça à l'Inquisition vénitienne. Bruno fut arrêté le 22 Mai 1592. Parmi les nombreuses charges de blasphème et d'hérésie retenues contre lui à Venise, on trouve sa croyance dans une pluralité de mondes, ainsi que des accusations de mauvaise conduite personnelle. Giordano Bruno se défendit habilement, mettant l'accent sur le caractère philosophique de ses positions et admettant qu'il avait eu des doutes en matière de dogme. L'Inquisition romaine demanda son transfert à Rome. Après plusieurs mois de tergiversations, les autorités vénitiennes acceptèrent à contre-coeur. Bruno fut envoyé à Rome en Février 1593.



L'emprisonnement, le procès et l'exécution (1593–1600)



    Pendant les sept années de son procès à Rome, Giordano Bruno fut mis en résidence surveillée et termina dans la Tour de Nona. Certains document importants concernant le procès furent perdus, mais d'autres ont été préservés, comme les minutes du procès qui furent redécouverts en 1940. Les nombreuses charges retenues contre Bruno, basées sur certains de ses livres ainsi que sur des rapports de témoins, incluaient le blasphème, la conduite immorale et l'hérésie en matière de thélologie dogmatique. Elles concernaient les doctrines de base de sa philosophie et de sa cosmologie. Luigi Firpo a fait la liste des charges retenues contre Bruno par l'Inquisition romaine :

    - opinions contraires à la foi catholique et discours contre les ministres de la foi.     - opinions contraires à la foi catholique concernant la Trinité, la divinité du Christ et l'Incarnation.     - opinions contraires à la foi catholique en rapport avec Jésus en tant que Messie-Sauveur.     - opinions contraires à la foi catholique concernant la virginité de Marie, mère de Jésus.     - opinions contraires à la foi catholique concernant la Transubstantiation et la messe.     - affirmation de l'existence d'une pluralité de monde et leur éternité.     - croyance de la transmigration de l'âme humaine dans des bêtes.     - utilisation de la magie et de la divination.


    Giordano Bruno se défendit comme à Venise. Il insista sur le fait qu'il acceptait les enseignements dogmatiques de l'Eglise, mais il essaya de préserver les bases de sa philosophie. Il tint particulièrement bon sur ses croyances dans la pluralité des mondes, bien qu'il fut sommé de les abandonner. Son procès fut supervisé par l'Inquisiteur Cardinal Bellarmine, qui demanda une abjuration complète, ce que Bruno refusa.
    Le 20 Janvier 1600, le pape Clément VIII déclara que Giordano Bruno était un hérétique et l'Inquisition prononça la sentence de mort. Selon la correspondance de Gaspar Schopp de Breslau, il semblerait que Bruno ait fait un geste menaçant à l'encontre de ses juges et qu'il ait répondu : Maiori forsan cum timore sententiam in me fertis quam ego accipiam (Il semblerait que vous prononciez cette sentence contre moi avec plus de peur que moi je la reçois).

    Il fut remis aux autorités séculaires. Le 17 Février 1600, au Campo de' Fiori, avec "sa langue emprisonnée à cause de ses mauvais mots", il fut brûlé sur le bûcher. Ses cendres furent jetées dans le Tibre. Tous les ouvrages de Bruno furent placés dans l'Index Librorum Prohibitorum (index des livres défendus) en 1603.



Son apparence physique



    La première représentation de Giordano Bruno est une gravure publiée en 1715 et citée par Salvestrini comme étant "le seul portrait connu de Bruno". Salvestrini suggèren qu'il s'agit d'une re-gravure faite à partir d'un original maintenant perdu. Cette gravure est à l'origine des images ultérieures.

    Les rapports d'emprisonnement de Bruno par l'Inquisition vénitienne en Mai 1592 le décrivent comme un homme "de taille moyenne avec une barbe noisette et semblant avoir 40 ans." Dans un passage d'un de ses livres, George Abbot indique que Bruno était de petite taille.



Les croyances cosmologiques du temps de Bruno



    Dans la première moitié du XVème siècle, Nicolas de Cusa mis en doute les idées d'Aristote en envisageant que l'univers était infini sans centre et sans circonférence et peuplé d'innombrables étoiles. Il prédit également que les orbites n'étaient pas circulaires et que le mouvement des planètes n'était pas uniforme.

    Dans la seconde moitié du XVIème siècle, les théories de Copernic commencèrent à se diffuser à travers l'Europe. Copernic garda l'idée des planètes fixées à des sphères solides, mais considéra que le mouvement apparent des étoiles était une illusion causée par la rotation de la Terre sur son axe. Il garda également la notion d'un centre immobile, mais ce centre était le Soleil plutôt que la Terre. Copernic affirma également que la Terre était une planète qui tournait autour du Soleil en un an. Cependant, il garda l'hypothèse Ptolémaïque qui expliquait que les orbites des planètes sont composées de cercles parfaits et que les étoiles sont fixées sur une sphère extérieure stationnaire.

    Du temps de Giordano Bruno, malgré les nombreuses publications de l'oeuvre de Copernic "De revolutionibus orbium coelestium" (De la révolution des orbites célestes), les catholiques les plus éduqués souscrivaient à la vue géocentrique d'Aristote qui mettait la Terre au centre de l'univers et que les autres corps célestes tournaient autour d'elle. Les étoiles fixes faisaient partie de la sphère céleste, toutes à la même distance de la Terre immobile au centre de la sphère. Ptolémé avait fixé ce nombre à 1 022 étoiles, groupées en 48 constellations. Les planètes étaient toutes fixées à une sphère transparente.

    Quelques astronomes du temps de Bruno acceptaient le modèle héliocentrique de Copernic. Parmie eux on trouve les Allemands Michael Maestlin (1550-1631), Christoph Rothmann, Johannes Kepler (1571-1630), l'Anglais Thomas Digges et l'Italien Galileo Galilei (1564-1642).



Les affirmations cosmologiques de Bruno



    En 1584, Giordano Bruno publia deux dialogues philosophiques importants dans lesquels il argumentait contre les sphères planétaires et affirma le principle copernicien.

    En particulier, dans son livre "La Cena de le Ceneri", afin de soutenir la vue copernicienne, Bruno anticipa certains arguments du principe de relativité de Galilée.

    L'univers infini de Bruno était rempli d'une substance qui n'offrait aucune résistance aux corps célestes qui bougeaient dans leur élan propre. Il abandonna complètement l'idée d'un univers hiérarchique.

    La cosmologie de Bruno distingue, d'une part, les "soleils" qui produisent leur propre lumière et leur propre chaleur et qui ont d'autres corps qui tournent autour d'eux et, d'autre part, les "terres" qui tournent autour des soleils et reçoivent leur lumière et leur chaleur. Giordano Bruno suggéra que certains, sinon tous, les objets, classiquement appelés étoiles fixes, sont en fait des soleils. Selon l'astrophysicien Stenen Soter, il fut la première personne à saisir que "les étoiles sont d'autres soleils avec leurs propres planètes;"

    Giordano Bruno écrivit que les autres mondes "n'ont pas moins de valeur, ni de nature différente à celle de notre Terre" et, comme la Terre, "contiennent des animaux et des habitants".

    A la fin du XVIème siècle et durant le XVIIème siècle, les idées de Bruno furent considérées comme ridicules. Margaret Cqavendish, par exemple, écrivit une série entière de poèmes contre "les atomes" et "les mondes infinis" en 1664. La justification des idées vraies, bien que partielles, de Bruno allait devoir attendre les implication et l'impact de la cosmologie newtonienne.

    La contribution de Bruno à la naissance de la science moderne est toujours controversée. Certains spécialistes suivent Frances Yates qui met l'accent sur l'importance des idées de Bruno concernant le fait que l'univers soit infini et qu'il n'ait pas de structure géocentrique, ceci étant un passage crucial entre l'ancienne et la nouvelle vision de la science. D'autres voient dans ses idées de mondes multiples, la création de possibilités infinies d'un nouvel univers parfait et indivisible ; une interprêtation avant-coureur de la mécanique quantique des mondes multiples d'Everett.



La position récente du Vatican



    Le Vatican a publié peu de déclarations officielles sur le procès et l'exécution de Bruno.
    En 1942, le Cardinal Giovanni Mercati, qui découvrit un certain nombre de documents perdus concernant le procès de Bruno, déclara que l'Eglise avait parfaitement raison de le condamner.
    Lors du 400ème anniversaire de la mort de Bruno, en l'an 2000, le Cardinal Angelo Sodano déclara que la mort de Bruno était "un triste épisode" mais, malgré ses regrets, il défendit les persécuteurs de Bruno et maintint que les Inquisiteurs "avaient eu le désir de servir la liberté et de promouvoir le bien commun et qu'ils avaient fait tout leur possible pour sauver sa vie". La même année, le pape Jean-Paul II fit des excuses publiques pour "l'usage de la violence que certains ont commis au service de la vérité". Cependant, il n'y a eu aucune excuse pour l'exécution de Giordano Bruno.



Un martyr de la science



    Certains auteurs ont qualifié Giordano Bruno comme un "martyr de la science", suggérant des parallèles avec l'affaire Galilée qui commença autour de 1610. Ils affirment que, bien que les croyances thélologiques de Bruno ou leur perception par les autres, furent un facteur important de son procès pour hérésie et que ses croyances coperniciennes et cosmologiques jouèrent un rôle significatif dans l'issue du procès.

    "On ne devrait pas supposer", écrit A. M. Paterson de Bruno et son "système solaire héliocentrique", "qu'il a atteint ses conclusions grâce à des révélations mystiques... Son travail représente une part essentielle du développement scientifique et philosophique qu'il a initié."

    Ingegno écrit que Bruno embrasse la philosophie de Lucretius, qui "visait à libérer l'homme de la peur de la morte et des dieux." Les personnages dans le livre de Bruno "Cause, Principe et Unité" désirent "améliorer la science spéculative et la connaissance des choses naturelles" et atteindre une philosophie "qui fait apparaître la perfection de l'intellect humain et correspond étroitement avec la vérité de la nature."

    D'autres savants s'opposent à de telles vues et affirment que le martyr de Bruno pour la science est exagéré ou carrément faux.



Ses hérésies théologiques



    Dans ses conférences sur "l'Histoire de la Philosophie", Hegel écrit que la vie de Bruno représentait "un simple rejet de toutes les croyances catholiques incarnées par l'autorité."

    Alfonso Ingegno affirme que la philosophie de Bruno conteste le développement de la Réforme, pose la question des véritables valeurs de la Chrétienté dans son ensomble, et affirme que le Christ a trompé le genre humain... Bruno suggère qu'il peut reconnaître la loi universelle qui contrôle le devenir perpétuel de toute chose dans un univers infini."
    A.M. Paterson dit que, alors que nous n'avons plus de copie de la condamnation papale officielle de Bruno, ses hérésies incluaient "la doctrine de l'univers infini et des mondes innombrables" et ses croyance "dans le mouvement de la terre".

    Michael White note que l'Inquisition a pu poursuivre Bruno plus tôt dans sa vie sur la base de son opposition à Aristote, son intérêt pour l'arianisme, ses lectures d'Erasmus et sa possession de textes interdits. White considère que l'hérésie ultérieure de Bruno avait "plusieurs facettes" et a pu résider dans sa conception des mondes infinis. "Ceci était sans doute la notion la plus dangereuse de toute... Il était inenvisageable que d'autres mondes existent et abritent des êtres vivants intelligents."

    Frances Yates rejette ce qu'elle décrit comme "la légende que Bruno a été persucuté parce qu'il était un philosophe, a été brûlé pour ses vues osées de mondes innombrables ou pour le mouvement de la Terre." Yates écrit cependant que "l'Eglise était... parfaitement dans son droit si elle incluait les points philosophiques dans sa condamnation des hérésies de Bruno" parce que "les points philosophiques était complètement inséparables de ses hérésies."

    Selon l'Ensyclopédie de Philosophie de Stanford, "en 1600, il n'y avait pas de position officielle de l'église catholique sur le système copernicien, et ce n'était certainement pas une hérésie. Lorsque Bruno a été brûlé vif comme hérétique, ça n'avait rien à voir avec ses écrits qui soutenaient la cosmologie copernicienne." L'Encyclopédie Catholique affirme que "Bruno n'a pas été condamné parce qu'il défendait le système copernicien d'astronomie, ni pour sa doctrine sur la pluralité des mondes inhabités, mais pour ses erreurs théologiques, parmi lesquelles il y avait les suivantes : que le Christ n'était pas Dieu mais simplement un magicien particulièrement doué, que l'Esprit Saint est l'âme du monde, que le Diable sera sauvé, etc..."

    Le site Web des Archives Secrètes du Vatican affirme : "Dans les mêmes pièces où Giordano Bruno était questionné, pour les mêmes raisons concernant la relation entre la science et la foi, à l'aube d'une nouvelle astronomie et au déclin de la philosophie d'Aristote, seize ans plus tard, le Cardinal Bellarmino, qui contesta les thèses hérétiques de Bruno, convoqua Galileo Galilei pour être jugé par l'Inquisition. Heureusement pour lui, le procès se termina par une simple abjuration."



Les descriptions artistiques



    Après l'annexion, en 1870, de Romme au nouveau Royaume d'Italie et avec la fin du pouvoir temporel de l'Eglise sur la ville, on envisagea d'ériger un monument à l'effigie de Bruno sur le lieu même de son exécution. Le parti clérical s'opposa vivement à ce momunment, mais il fut finalement construit par la Municipalité de rome et inauguré en 1889.

    La statue d'un homme, se tenant sur sa tête, conçut par Alexander Polzin et représentant la mort de Bruno sur le bûcher, fut placé à la station de métro Potsdamer Platz à Berlin le 2 Mars 2008.

    Une version idéalisée et animée de Bruno apparaît dans le premier épisode de la série télévisée "Cosmos : une Odyssée à travers le temps" de 2014. On y montre Bruno avec un look très moderne, sans tonsure et portant la robe cléricale. Cosmos présente Bruno comme un pauvre philosophe qui a finalement été exécuté parce qu'il refusait de renier dans sa croyance en d'autres mondes. Ce portrait a été critiqué parce qu'il était trop simpliste et inexact sur le plan historique.



Les références en poésie



    Algernon Charles Swinburne a écrit un poème en l'honneur de Giordano Bruno en 1889, lorsque sa statue a été construite à Rome.



Ses apparitions dans des fictions



    Bruno et ses théories de "la coincidence des contraires" jouent un rôle important dans le roman de James Joyce "Finnegans Wake". Joyce écrivit dans une lettre à sa protectrice, Harriet Shaw Weaver : "Sa philosophie est une sorte de dualisme. Chaque pouvoir dans la nature doit évoluer vers son contraire pour se réaliser lui-même. L'opposition amène la réunion".

    Giordano Bruno apparaît comme le héros dans une série de romans de crimes historiques de S. J. Parris. Ces romans traitent de l'hérésie, la prophétie, le sacrilège, la trahison et la conspiration.

    Bertold Bredht écrivit une de ses "Histoires de Calendrier" sur Giordano Bruno. Dans "le manteau de l'hérétique", Brecht vante l'honnêteté indéfectible et la recherche désintéressée de la justice de Bruno.

    "La dernière confession" de Morris West est une autobiographie fictionnelle de Bruno, apparamment écrite peu de temps après son exécution.

    En 1973, le drame biographique franco-italien "Giordano Bruno" fut réalisé par Giuliano Montaldo. Gian Maria Volontè y tenait le rôle de Bruno.

    Le jeu vidéo "In Memoriam" met en scène un personnage central qui affirme être Bruno, revenu des morts pour assouvir sa vengeance.

    Bruno apparaît également comme le personnage principal dans les segments historiques de la tétralogie de John Crowley "l'Egypte mystique". L'histoire montre son éducation comme Dominicain et son interrogatoire pour hérésie. Il présente également de nombreuses versions de son exécution sur le Campo de' Fiori.

    Giordano Bruno joue un petit rôle, bien que significatif, dans le roman de Martin Seay, publié en 2016, "Le miroir du voleur".

    Natasha Mostert fait référence à Bruno dans "la saison de la sorcière".



La fondation Giordano Bruno



    La Fondation Giordano Bruno est une fondation à but non-lucratif en Allemagne. Elle vise à "promouvoir l'humanisme évolutionnaire". Elle a été fondée par l'entrepreneur Herbert Steffen en 2004. La Fondation Giordano Bruno est critique à l'égard de la religion qu'elle considère comme préjudiciable à l'évolution de la culture.



Le prix Giordano Bruno



    La ligue SETI décerne un prix annuel en mémoire de Giordano Bruno à une ou des personnes méritantes qui ont apporté une contribution significative à SETI. Le prix fut proposé par le socioloque Donald Tarter en 1995 pour célébrer les 395ème anniversaire de la mort de Bruno. Le trophée décerné s'appelle "le Bruno".



Les objets astronomiques qui portent le nom de Bruno



    Un cratère d'impact de 22 km se situant sur la face cachée de la lune porte le nom de Giordano Bruno.
    Deux astéroïdes, 5148 Giordano et 13223 Cenaceneri ont été nommé en référence à Bruno. Le nom du deuxième astéroïde a été inspiré par son dialogue philosophique "La Cena de le Ceneri" (Le souper du Mercredi des Cendres).




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