Les Dentelles du Cygne
Marc Salameh,
Les dentelles du cygne sont un
des plus grands & brillants vestiges de supernova intervenue il y a plus de
20.000 ans dans le bras de la voie lactée du cygne.
Autre particularité, ce complexe
nébulaire de la région du cygne* est un des
objets du ciel profond à avoir le plus bénéficié de la « technologie
miracle » procurée par les filtres à bande passante de type OIII ou UHC.
A présent, avec les filtres de
type UHC ou OIII on a l’impression de
multiplier au moins par deux le diamètre de l’instrument, par rapport à
l’observation sans filtre.
Ainsi par exemple, un T200 avec
filtre donnera comme on le verra plus loin les mêmes résultats qu’un T400
utilisé sans ces filtres miracles, merci Dr Jack Marling**.
** Fondateur (PhD Physics) de la
firme Lumicon, qui a été la pionnière dans les années 80 de ce type de filtres,
à présent malheureusement disparue.
Repérage
Contrairement à nombre d’objets
du ciel profond, NGC6960 est traversée en son milieu par l’étoile 52 Cygni visible à
l’œil nu (magnitude 4,2), juste en dessous à gauche de la brillante Eta du Cygne, une des principales composantes de la
constellation de magnitude de 2,5 (identique celle des étoiles de la grande
ourse), avec laquelle elle forme deux des bases d’une petit triangle.
A noter que 52 Cyg, est une étoile double
méconnue, son écart plutôt serré (6’’deux fois moindre que celui de la polaire)
y est pour quelque chose et nécessite au moins un T200 avec plus de 200 X de
grossissement pour être observable dans de bonnes conditions.
Après avoir pris le temps
d’observer la partie qui entoure 52 Cygni, il convient de diriger l’instrument
à plus d’un degré ouest pour tomber sur NGC6992/95.
La partie centrale des dentelles
(NGC6979) qui est aussi la plus
faible, est située à moins d’un demi degré de la partie nord de NGC6960.
Les dentelles du cygne sont
visibles dans de bonnes conditions l’été en 2e partie de nuit, et en
automne en milieu ou début de nuit.
Observations
A la lunette de 120mm et 24 fois
de grossissement, les deux principales parties des dentelles sont visibles à
savoir NGC 6960 et NGC 6992.
Les très bonnes nuits on
remarquera un mince filament (6960) au nord de l’étoile jalon et, selon
l’expérience des observateurs en vision latérale, une vague ligne incurvée
(6992/95).
La partie au sud de 52 Cyg qui, même si elle est la moins
évidente, est plus large et visible parfois sous la forme d’une structure en
éventail.
NGC 6992/95 n’apparaît également que vers le milieu de l’arc
nébulaire légèrement effiloché.
Avec l’utilisation de filtres NGC6960 est bien
vue du nord au sud sur près d’un degré, grâce à un oculaire grand champs (60° et plus) et à
faible grossissement.
La nébuleuse s’étend alors comme
un cours d’eau cheminement du nord au sud avec quelques inflexions, la partie
en delta au sud de la nébuleuse commence à devenir bien visible.
NGC6992/95, belle nébuleuse visible sur plusieurs champs ;
elle s’étend comme une grande arche parcourue par des marbrures et quelques
filaments diffus.
Il est à noter que 6995 est le prolongement sud de 6992,
là où la nébuleuse devient plus large et discontinue.
Sans l’utilisation de filtres, la partie nord de 52 Cyg est bien visible mais avec des
filaments plus fins
La partie au sud est moins bien
visible, on devine le mouvement général de la nébuleuse mais on ne distingue
presque plus la fin qui se sépare en deux branches comme on le verra plus loin.
Pour 6992/95, les choses sont
assez semblables : aspect général (de type boomerang) visible mais avec
moins de marbrures et déchirures dans la nébuleuse.
La partie centrale des dentelles
(NGC 6979) est à peine visible, ce
qui n’est pas étonnant compte tenu du fait que c’est la partie la moins
brillante du complexe nébulaire.
NGC 6960 avec un Panoptic (Nagler) 35mm* et filtre OIII,
s’étend sur plus d’un degré ; la partie au nord est bien brillante, fine
avec des ondulations qui la fait ressembler… à un voile de mariée, ce
qualificatif est celui d’une (charmante) observatrice qui découvrait les
dentelles…
On aperçoit de la matière noire
dans le filament, qui rappelle la bande d’absorption de certaines galaxies vues
par la tranche de type NGC 4565 (ciel de printemps) ou NGC891 (région
d’Andromède).
Le sud de la nébuleuse se sépare
clairement en deux filaments espacés d’un angle de près de 45°, chacun des
filaments ayant une longueur de 10 à
L’utilisation d’un Nagler 20mm*+
filtre OIII apporte des améliorations : la partie nord par exemple devient
plus large elle est traversée en trois endroits par des marbrures.
Le double filament de la partie
sud ressemble à deux cornes de taureau, à tel point qu’un soir m’était venu le rapprochement avec la constellation hivernale du même nom ;
les deux filaments s’étendent encore plus loin, sans doute en rapport avec le grossissement
et la résolution .
La partie gauche des deux cornes
semble légèrement plus longue et dense
que celle l’autre partie.
Au T460+filtres la
différence d’éclat avec les autres dentelles est visible, elle n’en demeure pas
moins aussi brillante que NGC 6992 telle que vue au T280 avec filtres.
Au 35mm + filtres, on remarque
dès la fin de la partie nord de 6960 des nébulosités fines et effilées.
Au 20mm+ OIII, on remarque que NGC 6979 est en fait composée de deux nébulosités : une près du nord de 6960 et l’autre, plus grande (sur près d’un degré) à mi distance avec NGC 6992, elles apparaissent bien visibles tels des nuages ondulés flottants dans un arrière plan très étoilé (nous sommes en pleine voie lactée).
Ainsi, sur 6960 on observe mieux
les deux fourches en fin de la nébuleuse, la partie nord apparaît légèrement
plus dense.
NGC 6979 occupe trois plus de place lorsque
vue en OIII par rapport à l’observation avec l’UHC.
A l’inverse, la différence entre
les deux filtres est moins sensible sur NGC 6992 qui donneront d’aussi bons
résultats l’un que l’autre.
NGC 6992 & 95
Sans filtres, cette partie des dentelles est, comme on peut
s’en douter plus faible on distingue relativement bien le nord de la nébuleuse
(NGC 6992) ; vers son milieu elle est à peine perceptible, elle redevient
visible dans sa partie sud (NGC 6995) mais sans le foisonnement de détails dont
il sera question plus loin.
Avec filtres, elle devient un objet très gratifiant qui fait
régir les observateurs les plus blasés : une arche argentée bien visible
qui s’étend sur près de deux degrés, parcourue d’irrégularités sur toute sa
longueur.
Au 35mm, on peut la suivre sur
deux champs d’optique son trajet et irrégularités.
Au 20mm + filtres on peut
compter jusqu’à 9 cassures dans la nébuleuse avec une partie sud qui se termine
en torsades, NGC 6995 qui occupe alors un demi degré de champs n’est plus continue,
on remarque une dispersion aléatoire de taches claires souvent en marge du chemin
principal apparent de la nébuleuse.
Il est tout à fait vraisemblable
que même sans l’utilisation de filtres, les dentelles auraient été aussi
spectaculaires au T915 qu’au T460 avec filtres.
* 130X, compte
tenu de la focale de plus de
NGC 6960
La partie nord est très
brillante ressortant nettement par rapport à l’arrière plan couleur noir
d’encre ; elle est suffisamment longue pour s’étendre sur plus de deux
champs, nous n’avons plus l’aspect voile de mariée puisque cette partie
apparaît aussi large que 6992.
La partie sud également visible
sur deux champs se dédouble en deux autres dentelles avec de minces filaments qui semblent s’en
échapper à angle droit.
Cette partie de la nébuleuse est
également mieux visible, même si elle à une forme plus diffuse que celle des
deux autres dentelles.
Elle occupe une bonne partie de
l’espace, qu’on croyait vide dans les autres télescopes, situé entre le nord de
6960 et 6992.
En largeur, elle occupe au
minimum la moitié du champs, en la suivant en on l’impression de la parcourir à
l’infini : 4 champs oculaires avec un 35mm coulant 50, et plus de 6 avec
un Nagler 20mm ; son éclat est voisin de celui de la nébuleuse d’Orion
visible dans un T300 +
Les irrégularités, bandes
d’absorptions sont très nombreuses elles
parcourent toute la nébuleuse, donnant un spectacle avec presque trop de
détails pour une description exhaustive ;
On descend
à regret de l’échelle (à plus de
Photographie
NGC 6960 et NGC 6992 au C 14,
L’extension sur plusieurs degrés
des dentelles du cygne en font un des
rares objets du ciel profond (par rapport aux nébuleuses planétaires, amas
globulaires, et la plupart des galaxies) accessibles à un téléobjectif de 300 à
500mm.
De plus, l’installation du
téléobjectif en parallèle du télescope permet un guidage de qualité et une
marge d’erreur de corrections puisque le guidage se fait avec 3 à 10 fois la
focale photographique et ce, sans voir besoin d’équiper son télescope des
méthodes sophistiquées de guidage automatique.
En Photographie argentique, une
pellicule de 800 ou 1000 Asa sensible dans le rouge mais aussi dans le bleu,
compte tenu des différentes longueur d’ondes dans lesquelles émet la nébuleuse,
est préférable avec un temps de pose de 40mn et plus.
La photo numérique donnera un
résultat encore plus satisfaisant avec une dizaine à une trentaine de poses de 2mn.
Une focale de un mètre et plus,
permettra de détailler d’avantage chacune des dentelles, sachant que la plus
facile à repérer et photographier est, comme on l’a vu, NGC 6960 grâce à 52 Cyg qui forme une des bases du
triangle avec notamment Eta Cygni.
Faites nous parvenir vos fichiers de photos, nous serions heureux d'enrichir cet article par vos travaux
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