penn

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Messages posté(e)s par penn


  1. En ce dimanche de juillet, je somnolai paisiblement sur une petite plage de la ria d’Etel, un endroit calme, ni snob ni branché, et fréquenté uniquement par quelques familles et les pêcheurs locaux.
    La rivière s’étirait devant moi comme un ruban argenté sous les chauds rayons du soleil, se jetant un peu plus loin en haute mer, après la fameuse barre d’Etel, un banc de sable redoutable et régulièrement meurtrier.

    J’aime la mer et pas la plage, mais j’avais cédé aux supplications de ma fille, et finalement, je ne le regrettais pas.
    Après la nuit d’observation d’hier et donc un manque de sommeil déraisonnable, c’était plaisant de siester, de rêvasser les yeux clos en entendant les cris des goëlands, les discussions des pêcheurs , les rires des plus jeunes et les vagues grignotant tranquillement le sable ...

    Soudain des cris d’enfants me sortirent de ma torpeur. Un des petits avait laissé échapper sa bouée, et celle-ci filait droit vers la mer, le courant étant très fort à cet endroit, surtout à marée descendante.
    Toute ronde, irisée, l’eau dessinait des reflets chatoyants et bleu-verts sur la bouée bien gonflée.
    Je refermai les yeux ... elle me faisait penser à la jolie M57 d’hier soir cette bouée.
    Dans le 250 de Laurent et malgré un ciel d’été un peu blanchâtre, elle se dessinait joliment avec les même nuances bleu-vert d’une mer de beau temps ...

    Ce n’était pas vraiment un ciel de galaxies hier soir.
    Nous avions eu en tout et pour tout une petite heure de ciel un peu sombre entre minuit et une heure.
    Malgré tout, M101 s’était agréablement révélée, on devinait un cœur plus dense, plus lumineux, et les extensions allaient loin.
    M81 et M82 si fades vers minuit s’étaient transformées une heure plus tard ... le fuseau de M82 lumineux et bien marqué, traversé par des veines sombres (plus évidentes en vision décalées) contrastait avec la rondeur et la délicatesse de M81.
    M51 était aussi bien jolie que ce soit dans le 250 de Laurent ou dans mon dobson 200. Je repensai aux deux noyaux vraiment nets, celui de ngc 5195, la plus petite, légèrement plus brillant que celui de sa compagne, les extensions bien tourbillonnantes : de toute beauté !!

    J’avais aimé M94 aussi. Discrète, bien ronde, elle formait comme un triangle rectangle avec deux étoiles peu brillantes mais de magnitude quasiment égale, et le tableau était très beau !
    M63 était curieusement bien dessinée dans ce ciel plus gris que noir. Très jolie, l’extrémité de l’ovale piqué par une étoile brillante comme un diamant, ce contraste entre l’étoile et la soie légère de la galaxie était magnifique.

    Je rouvris les yeux ... deux goëlands traçaient de courbes trajectoires au dessus de l’eau miroitante. En s’éloignant, ils se fondaient en deux fines parenthèses argentées ... un peu comme les deux arcs d’étoiles repérés dans M7 hier : quel superbe amas ... une première chaine d’étoiles bien brillantes, presque rectiligne, et dessous, deux petites parenthèses d’étoiles tout aussi brillantes, comme un gigantesque T tout en courbes.
    Un peu plus loin, M6 m’avait également ravie : un merveilleux papillon, bien dessiné. Je l’avais reconnu de suite : les ailes, le corps, les antennes. Moins brillant que M7, également homogène, et un peu plus spectaculaire. Une beauté.

    J’avais ciblé beaucoup d’amas hier, et je n’avais pas été déçue .
    Dans le Scorpion, M4, étendu, riche, opposait sa blancheur à la couleur flamboyante de sa voisine Antarès. Dans l’oculaire de 34, les deux objets tutoyaient les bords opposés du champ, et les contempler dans ce même champ était un véritable régal.
    Un peu plus haut M80, plus compact, un peu plus éteint, mais joliment entouré était également remarquable. Amusant comme les amas globulaires avaient leurs petits gardes du corps stellaires. M80, à l’instar de M13 formait lui aussi un triangle avec deux étoiles de même magnitude, et ne serait-ce la pâleur et l’aspect plus ramassé de M80, il ressemblait un peu à son collègue herculéen.

    A plusieurs reprises, en passant de M4 à M80, nous étions tombé sur un magnifique système triple : deux superbes étoiles d’un azur profond et une étoile d’un doré pétillant. Malgré des recherches sur le PSA, je n’ai pas encore pu nommer ce magnifique trio... a t-il un nom d’ailleurs ?

    J’avais également ciblé le petit amas Ngc 6624, après lecture du "Celestial Sampler" de Sue French.
    L’amas n’était pas très fier dans ce ciel clair et à cette hauteur, mais j’étais satisfaite de l’avoir déniché pour la première fois.
    Je mis mes pas dans ceux de Sue, en suivant à la lettre sa balade "tea cosy" .
    M69 était un peu plus grand, plus étalé que Ngc 6624 avec une étoile brillante un peu plus bas dans le champ.
    M70 était très ténu, et plus petit, et la présence de 4 étoiles assez brillantes au-dessus soulignait encore plus l’aspect poudré de l’amas.
    M54, était tout petit, mais je l’ai trouvé un chouïa plus lumineux que les autres.
    En remontant un peu, on tombait sur M28, brillant mais assez diffus, puis un peu plus loin, la super surprise de la soirée ... j’en avais perdu mon vocabulaire dès qu’il était apparu dans l’oculaire : M22 : une pure merveille, riche, étincelant, cristallin !
    C’est juré : plus jamais une balade estivale sans une étape sur M22. D’ailleurs vivement la prochaine sortie, je le ciblerai en priorité ... après Albiréo mon autre incontournable trésor de l’été .

    Le truiiiiii truiiiiii lancinant d’une alouette des champs interrompit ma rêverie. Elle devait être là, en vol stationnaire au-dessus des herbes des dunes. La main sur les yeux pour me protéger du soleil, je cherchai, je fouillai l’azur pour la voir, mais rien. Hier soir aussi j’avais scruté longuement le ciel du soir pour apercevoir Véga ou Arcturus qui les premières s’allumaient au plafond céleste ...

    Couvrant peu à peu le cri de l’alouette, un petit ULM passa au-dessus de la plage, lentement, remontant vers la terre. Je le suivis des yeux et cette poursuite involontaire me rappella celle très volontaire d’ISS hier.
    Laurent m’avait interpellée "ce point brillant qui file, ce ne serait pas ISS ?? "
    Je le vis courir vers le 250, et du coup ciblai le point brillant avec Marguerite (mon dob).
    La poursuite fut relativement aisée, la brillance de l’ISS était impressionnante. Mais c’est quand elle perdit petit à petit cette brillance qu’elle devint encore plus impressionnante : on devinait les structures, l’ossature d’ISS, on lui devinait un relief que les reflets puissants renvoyés par les panneaux nous empêchaient de bien voir auparavant ! Elle se perdit peu à peu vers l’horizon ...

    La puce m’appella pour que je "goûte" l’eau ... j’émergeai difficilement de ma rêverie et descendit les quelques mètres qui me séparaient de la mer.
    Une méduse gisait là, sur le sable à quelques petits mètres de l’eau.
    Elle était énorme, et bien que cette espèce de méduse ne soit pas urticante, elle me semblait assez répugnante. Quoique finalement, ce gros tas de gélatine n’était pas si vilain que ça : un rose clair transparent ... à l’intérieur on voyait comme des filets rouges sombres.
    Elle ressemblait à la Trifide admirée hier dans le 250 de Laurent. Elle était elle aussi, ronde, translucide, et traversée par des vaisseaux sombres.

    Après avoir fait trempette, je remontai sur la plage pour continuer ma petite sieste récupératrice.
    Avant de re-sombrer dans une agréable somnolence, je laissais mes yeux courir sur le sable ... les paillettes de mica dessinaient des arabesques ... certaines paillettes, plus grosses, accrochaient davantage les reflets du soleil et ici un coquillage, là une petite algue décoraient ces chaînettes scintillantes.
    Le merveilleux chemin argenté de la Voie lactée ne nous avait pas déçu hier. Malgré un fond de ciel jamais vraiment sombre, elle se détachait nettement, divisant le ciel de ses millions d’étoiles.

    Dans ce fourmillement, M11 nous avait ravit par son éclat, il était en grande forme le canard sauvage, tellement fourni, tellement brillant qu’il était presque globulaire, s’étalant néanmoins dans quasiment tout le champ de l’oculaire.
    M13 nous avait lui aussi épaté par sa luminosité et sa présence. Bien sûr, nous n’avions pas raté M92. Je mets toujours un peu plus de temps à le trouver celui-là, plus discret dans l’ombre de son royal voisin. Par contre, impossible de dénicher la petite galaxie notée par Sue French, Ngc 6207, toute proche de M13, malgré le temps passé sur le champ de l’oculaire, les yeux plissés par l’effort et l’envie de découvrir un objet que l’on ne connaît pas.

    Pour nous consoler, nous avions quand même pu admirer le fameux amas au nom imprononçable noté par Sue à la page 99, le Dolidze-Dzimselejs vili 9 !
    On reconnaissait parfaitement les deux paires d’étoiles brillantes, au nord et au sud de l’amas. Pas transcendant, mais intéressant et particulier ce Do-Dz9 !

    Des cris enthousiastes firent s’évanouir amas et galaxies.
    Un pêcheur avait enfin un poisson au bout de sa ligne. Les enfants s’approchaient du seau où il l’avait plongé. Leurs petites têtes recouvertes de bobs colorés cachaient complètement le seau. Rigolos ces petits chapeaux ... je refermai les yeux ...
    ... rigolo aussi le chapeau de Napoléon, cet astérisme curieux tout près d’ Arcturus. Facile à trouver et caractéristique, j’y faisais un petit tour régulièrement, tout comme d’ailleurs j’aimais donner rendez-vous à Cr 399, l’astérisme du cintre. Autant je n’aime pas sa dénomination, bien trop domestique, autant j’aime sa ligne courbe et régulière, et son allure d’escargot.

    Toujours suivant les indications de Sue French, nous avions pu contempler plusieurs doubles colorées, notamment bêta et mu du Scorpion.
    Bêta Scorpion était une jolie double resserrée, avec une composante blanche assez mat, sans reflet, et une autre composante bleutée plus petite.
    A ce duo, j’avais préféré Mu Scorpion, plus espacée, plus brillante, aux couleurs semblables mais plus lumineuses et transparentes.
    Pas besoin des indications de Sue pour Albiréo et gamma du Dauphin, classiques certes, mais jamais décevantes !

    Des exclamations chaleureuses interrompirent mes rêvasseries ... un véliplanchiste rapportait la fameuse bouée fugueuse à son tout jeune propriétaire.
    Comment avais-je pu imaginer pendant un instant qu’elle ressemblait à M57 !!

    On ne devrait jamais croater à la plage, après une nuit blanche et sous un soleil de plomb !

    [Ce message a été modifié par penn kalet (Édité le 12-07-2010).]